Pour se rendre aux Trois cités, il nous faut prendre une première navette jusqu'à La valette...
... puis traverser la capitale maltaise dans sa largeur - nous prenons le temps de visiter l'église Sainte-Marie de Jésus sur le chemin - pour arriver face au bras de mer de l'autre côté de la ville, après avoir franchi l'impressionnante Porte Victoria. Puis une seconde navette nous dépose à destination.
Les Trois cités - comme vous avez pu le voir sur les photos prises hier depuis les jardins de Baracca - font donc face à La Valette, dont elles sont séparées par un bras de mer, comme le sont Gzira et Sliema de l'autre côté. Birgu et Isla sont bâties sur deux éperons rocheux s'avançant dans le bras de mer, tandis que Bormla se trouve en retrait.
Nous commençons nos pérégrinations par Isla - "île" en maltais - dont le nom est sans équivoque : le lieu fut en effet une île, avant d'être relié à Bormla par un pont de terre.
Isla est également connue sous le nom de Senglea, de Claude de la Sengle, qui fut grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de 1553 à 1557. L'entrée d'Isla est défendue par l'imposant bastion Saint-Michel.
A l'extrémité de la presqu'île que forme Isla se trouve le jardin de Gardjola, qui offre de belles vues sur La Valette et sur le fort Saint-Ange, qui se trouve lui à l'extrémité de Birgu.
Après nous être quelque peu attardés dans le jardin de Gardjola, nous longeons le quai du port de plaisance. En face Birgu nous offre ses charmes.
Nous nous perdons ensuite dans les ruelles de Bormla, qui est donc située en retrait des deux presqu'îles que forment Isla et Birgu.
Nous visitons ensuite le musée Malte en guerre, qui se trouve à l'intérieur même des impressionnantes fortifications qui défendaient Birgu. Ce musée relate l'histoire du siège de Malte par les forces de l'Axe durant la Seconde guerre mondiale. Je vous rappelle que Malte était à l'époque possession de l'Empire britannique, alors en guerre contre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. De par sa position géographique, Malte constituait une menace pour les convois de ravitaillement de l'Axe vers l'Afrique du Nord, où Mussolini tentait d'agrandir son empire colonial : l'aviation anglaise y était déployée et bombardait cargos et pétroliers ravitailleurs. Le siège dura plus de trois ans, du 10 juin 1940 au 17 août 1943. Plus de 1 700 raids aériens - qui détruisirent les trois quarts des habitations de l'île !! - ne firent toutefois pas céder les Maltais qui vécurent trois ans de terreur et de privations ; le propre ravitaillement de l'île étant rendu quasiment impossible par l'aviation et les sous-marins allemands et italiens.
Le musée est intéressant. On peut y voir de nombreux uniformes, armes et objets du quotidien de l'époque. On accède également aux souterrains - équipé d'un casque de chantier ! - creusés dans la roche pour servir d'abris antiaériens à la population ; un véritable dédale de boyaux conduisant à de multiples abris familiaux - chacun pouvait en effet creuser une cavité au pic et à la pioche pour y abriter ses proches - ou à des salles affectées à divers usages : "pièce à vivre", infirmerie...
A la sortie du musée nous pénétrons dans Birgu, qui devint capitale de Malte en 1530, à l'arrivée des Hospitaliers - au détriment de Mdina, située à l'intérieur des terres et qui ne convenait donc pas aux exigences de la guerre navale. Birgu est célèbre pour avoir résisté, lors du Grand siège de 1565 - décidément Malte fut très convoitée à toutes les époques !! - à l'armée ottomane du général Mustafa Pacha, forte de quelques 25 000 hommes. Les forces turques, cinq fois plus nombreuses que les Hospitaliers et les défenseurs maltais, se cassèrent les dents de début juillet à début septembre sur les fortifications de Birgu et Isla. Grâce à cette défense héroïque et aux énormes pertes infligées à l'assaillant turc, une armée de secours chrétienne menée par le vice-roi de Sicile, don Garcia de Tolède, parvint à défaire l'armée ottomane affaiblie et démoralisée par son échec. Cette victoire eut alors un énorme retentissement dans toute l'Europe chrétienne et valut à Birgu le surnom de Citta Vittoriosa - la "cité victorieuse". Le Grand maître Jean de Valette décida toutefois, après cette épreuve, de bâtir une nouvelle capitale sur la péninsule de Xiberras, moins exposée aux attaques, donnant naissance, comme vous l'avez lu plus haut, à La Valette.
A Birgu nous visitons le palais de l'inquisiteur, qui fut construit dans les années 1530 - soit dès leur installation à Malte - par les Hospitaliers pour abriter le tribunal civil des lieux. C'est en 1574 qu'il devint tribunal de l'Inquisition, ce qu'il restera jusqu'à la dissolution de cette funeste institution par Napoléon Bonaparte en 1798.
Puis nous visitons le fort Sain-Ange, qui joua bien entendu un rôle primordial lors du Grand siège ; ses canons coulèrent notamment neuf galères ottomanes. Le fort que nous visitons n'est toutefois pas le fort héroïque de 1565, car celui-ci fut entièrement reconstruit dans les années 1680. Nous profitons également de la vue sur Isla et la marina. A noter que l'un des énormes et luxueux yachts arrimés dans le port de plaisance se nomme... Plan B !!! On n'ose imaginer la taille du... Plan A !!!
Puis, comme nous l'avons fait à Isla, nous remontons vers Bormla en longeant le port de plaisance.
Nous flânons ensuite à nouveau dans les ruelles de Bormla, avant de nous poser en terrasse place Vittoriosa, le temps de boire une bière bien fraiche.
Il est maintenant temps de prendre la navette du retour, ce qui nous donne l'occasion de prendre encore quelques photos de ces si belles cités.
Une super journée ! A tout point de vue : architecture, histoire ou tout simplement balade dans les ruelles agrémentée de pauses en terrasse dans un cadre superbe... les Trois cités sont un lieu hors du temps et si paisible qu'elles combleront le touriste le plus grincheux.