Par Woofie
Un joli séjour en baie de Somme avec Cécilia. On a même aperçu les phoques !
Octobre 2021
5 jours
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Partis pour cinq jours en baie de Somme, rien ne presse et nous faisons donc halte au Tréport, à l'heure du déjeuner. Après un excellent repas chez Papa Poule - ça ne s'invente pas - nous partons à la découverte de cette charmante petite station balnéaire. Le Tréport a pour particularité d'être la ville côtière la plus proche de Paris - ce qui en fait, bien sûr, une destination très prisée des habitants de la capitale.

Eglise Saint-Jacques
Eglise Saint-Jacques
 Le Tréport

Nous flânons sur la belle plage de galets, dominée par d'impressionnantes falaises de craie. Cécilia se la joue "détachée"... On est bien...

Fresque murale
Fresque murale
La plage du Tréport 

A quelques kilomètres du Tréport, nous faisons une nouvelle halte à Mers-les-Bains, pimpante station balnéaire dont le front de mer se pare de superbes villas, héritage de la mode des bains de mer des années 1860. Elles témoignent, comme vous pouvez le constater, de nombreuses influences : anglo-normande, flamande ou encore en lien avec l’Art Nouveau ou l'Art Floral.

Borne frontière
Borne frontière
Mers-les-Bains 

Dernière halte sur la route de la baie de Somme : Ault et ses impressionnantes falaises de craie. " Cet endroit est beau. Je ne pouvais m'en arracher ", écrivait Victor Hugo à sa femme en 1837. Comme on le comprend.

Falaises de Ault 
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Nous consacrons la première journée de notre séjour en baie de Somme à la visite de Saint-Valery - sans accent, avec une prononciation à l'avenant. Pour nous y rendre, nous empruntons le train à vapeur de la baie de Somme, qu'une association de passionnés maintient en activité depuis le début des années 1970. Retour en enfance garanti pendant tout le trajet, qui dure une heure et laisse ainsi tout le temps d'admirer les beaux paysages de la baie.

En gare du Crotoy 

Après un verre pris dans un bar, le temps que la pluie cesse, nous commençons la visite de Saint-Valery par une balade sur la jetée qui borde la baie. Nous marchons paisiblement quand Cécilia, sentant une présence derrière nous, se retourne vivement. C'est avec stupéfactions et incrédulité que nous découvrons alors que nous sommes suivis par... un sanglier !! Surpris et pas rassurés par la taille de la bête, nous tâchons de nous en éloigner sans faire de geste brusque, afin de ne pas l'apeurer. Mais notre inquiétude n'est pas justifiée car ce sanglier s'avère n'être qu'un bon gros pépère, bien placide et sans une once d'agressivité. En fait il est comme nous, en balade - probablement à la recherche de quelque reste à se mettre sous la dent. Il nous dépasse bientôt et poursuit son chemin comme si de rien n'était. Nous le retrouverons un peu plus tard, dans un pré, occupé à dévorer les épis de maïs destinés aux deux chevaux qui occupent les lieux.

La promenade en bord de baie
A l'horizon : Le Crotoy
A l'horizon : Le Crotoy
Copains... comme cochon
A l'horizon : Le Crotoy

Arrivés en pleine campagne...

... nous découvrons la belle chapelle des marins, havre de paix surplombant la baie au milieu des prés. Bâtie en 1878 dans le style néo-gothique, elle respecte la tradition locale des murs en damier, avec une alternance de blocs de calcaire et de silex taillés. Détail surprenant : son clocher n'est pas surmonté d'un coq, mais d'un... goéland !

Chapelle des marins 

A quelques encablures de la chapelle, on dispose d'un beau panorama sur l'embouchure de la Somme. Avec un rayon de soleil, c'est encore plus beau.

A l'horizon : Le Crotoy
L'embouchure de la Somme 

Saint-Valery est une paisible petite cité de 2 500 habitants. Au Moyen-Age, sa position stratégique sur la route de Rouen à Boulogne, ainsi que la possibilité de passer l'estuaire de la Somme à gué à certaines heures de la journée, en firent un lieu de transit important. C'est de son port que Guillaume, duc de Normandie, s'embarqua avec son armée à la conquête de l'Angleterre, en septembre 1066.

On se croirait à Londres
Porte Guillaume
Eglise Saint-Martin
Eglise Saint-Martin
Porte de Nevers
Saint-Valery-sur-Somme 

Après cette belle journée de balade, il est temps de rejoindre la gare...

Et c'est reparti pour un voyage dans le passé, avec le spectacle du soleil couchant sur les grands espaces de la baie... Que du bonheur !

En voiture ! 

Au Crotoy, nous regagnons notre jolie chambre de la Maison bleue - une belle demeure tout entière décorée de toiles de toutes tailles aux couleurs vives - la maitresse de maison est aussi artiste-peintre. On s'y sent bien, comme chez soi. Je vous recommande l'adresse.

La maison bleue 
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Pour découvrir la baie, nous avons opté pour une balade guidée. Nous gagnons donc le point de rendez-vous pour 9h et nous joignons au petit groupe de touristes, venus des quatre coins du pays. La baie a une superficie de 70 km carrés et se partage entre vasières, recouvertes par la mer au rythme éternel des marées, et mollières, qui ne se trouvent sous les flots que lors des grandes marées. Notre guide est une jeune naturaliste qui prend plaisir à partager ses connaissances avec nous. Elle nous fait découvrir la flore locale et nous invite à goûter les plantes comestibles, telle la bien connue salicorne.

Plaque de spartine de Townsend

Nous avons la chance d'apercevoir les plus célèbres habitants de la baie : les phoques - ils sont environ 600 à profiter de ses eaux poissonneuses. Ces animaux craintifs ne se laissent pas approcher. Mais, prévoyants, nous avons pris soin de nous équiper d'une paire de jumelles qui nous permet de les observer à distance pendant quelques minutes avant l'arrivée du mascaret, cette vague formée par la marée montante qui envahit la baie. Bien que de taille modeste, le phénomène est assez spectaculaire pour qui sait apprécier les petits riens qui ponctuent les balades en pleine nature. Comme, en Loire, le spectacle d'un héron attendant patiemment qu'un poisson passe à portée de son long bec.

Notre guide nous apprend que la baie s'ensable inexorablement. Une plante, la spartine de Townsend, contribue très fortement à ce phénomène en colonisant les vasières puis en y retenant le sable.

Après cette belle et instructive balade, nous gagnons la pointe du Hourdel, qui marque la limite sud de la baie. Nous longeons la belle plage de galets. A l'horizon, on aperçoit les maisons blanches du Crotoy. Nous atteignons finalement le phare, construit en béton armé à la fin des années 1940.

Vestige de blockhaus
A l'horizon : Le Crotoy
Pointe du Hourdel 

Sur la route du retour, nous faisons halte à Cayeux-sur-Mer. Malgré le beau temps, nous sommes quasiment les seuls à profiter de la promenade qui permet de déambuler confortablement sur l'immense plage de galets. Il est ici utile de dire ce que ne peuvent rendre compte les photos ensoleillées ci-dessous : la plage est battue par un vent fort et... "rafraichissant" dirons-nous. D'où, sans doute, le peu de promeneurs... Les absents ont toujours tort...

Phare de Brighton
Cayeux-sur-mer 

De retour au Crotoy, cette belle journée se clôt pour le mieux par un délicieux dîner au Mascaret, où je découvre à 48 ans la saveur du homard. Je n'avais jamais eu auparavant l'occasion de savourer la délicate chair de ce noble crustacé. Une bien belle soirée partagée avec ma douce Cécilia.

Velouté de potiron au lard fumé et carpaccio de Saint-Jacques
Fricassée de homard et Saint-Jacques - Riz crémeux à la mimolette
Régalade au Mascaret 
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Après un excellent petit déjeuner englouti à la Maison bleue, nous quittons Le Crotoy. Direction : Amiens.

La maison bleue - Le Crotoy 

En route, nous faisons halte à Abbeville, petite sous préfecture de 25 000 âmes environ, qui connut une belle prospérité au Moyen-Age. La Somme permettant alors la navigation de gros tonnages jusqu'à son port, le commerce maritime s'y développa et fit la fortune de la cité. Pour preuves l'imposant beffroi bâti au début du XIIIème siècle, ce qui en fait l'un des plus anciens du pays, ou la belle collégiale Saint-Vulfran, chef d'œuvre de l'art gothique flamboyant.

Hôtel de ville
Collégiale Saint-Vulfran
Beffroi
Abbeville 

Nous flânons dans le parc d'Emonville - classé jardin remarquable - qui abrite de superbes arbres, dont certains sont plus que centenaires.

Recto...
... et verso
Parc d'Emonville - Abbeville 

Après cette halte sympathique, nous reprenons la route et parvenons 45 mn plus tard à Amiens, capitale historique de la Picardie, chef-lieu du département de la Somme et... ville natale du président Macron. L'agglomération compte aujourd'hui plus de 180 000 habitants. La tour Perret - du nom de son architecte - est l'un des emblèmes de la ville. Bâtie en béton entre 1949 et 1952, culminant à 1O4 m de hauteur, elle fut le premier gratte-ciel français. Mais elle ne suscita pas pour autant l'enthousiasme des Amiénois et resta ainsi quasi vide pendant... dix ans - sa démolition pure et simple fut même envisagée. Elle abrite aujourd'hui des bureaux ainsi que des logements dont, au dix-neuvième étage, un appartement de grand standing qui offre une vue à 360 degrés sur la ville.

Tour Perret - Amiens 

Il fait un temps tout à fait estival en cette fin d'octobre et nous en profitons pour partir à la découverte des hortillonages - "hortillon" signifiant "petit jardin" en dialecte picard. Mais "kézaco" me direz-vous ? Eh bien il s'agit d'une vaste étendue de marais entrecoupés de canaux, où l'on pratique la culture maraîchère depuis le Moyen Age.

Hortillonages - Amiens 

Ce coin de campagne à deux pas du centre ville d'Amiens est un petit bout de paradis où le temps semble s'être arrêté il y a un siècle.

 Hortillonages - Amiens

S'étendant sur environ 300 hectares - contre 10 000 à leur apogée - les hortillonnages sont formés d'une multitude d'îles alluvionnaires - les aires - bordées par 65 kilomètres de voies d'eau - les rieux - et de fossés servant au drainage et à l'irrigation.

Hortillonages - Amiens 

De nos jours, les cultures de légumes ont plutôt laissé place à de beaux jardins d'agrément, voire même à des résidences secondaires - il reste une dizaine d'exploitations maraichères contre 900 au début du XXème siècle.

 Hortillonages - Amiens

Après cette belle et bucolique balade au milieu des hortillonages, nous regagnons le centre-ville, très animé ce samedi soir. Les terrasses du quai Belu, qui regroupe à lui seul la plupart des bars et restaurants de la ville, sont bondées. Amiens est une ville étudiante et ça se voit - l'université de Picardie accueille ainsi plus de 30 000 étudiants.

Quai Belu
Quai Belu
Amiens 

La cathédrale Notre-Dame, bien plus encore que la tour Perret, est le monument phare de la ville. Je ne vous dis pas plus pour le moment, car il se fait tard et nous la visiterons donc demain matin.

Cathédrale Notre-Dame - Amiens 

Après un bon dîner au Quai - quai Belu bien sûr - nous flânons dans les rues redevenues plus tranquilles. La nuit est particulièrement douce et propice à faire de belles images.

Cathédrale Nore-Dame
Hôtel de ville
Tour Perret
Tour Perret
Amiens 

Une bien belle journée ma foi.

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Nous sommes décidément chanceux car c'est une magnifique journée qui s'annonce encore sur la Picardie. Nous en profitons pour terminer la visite d'Amiens. Si le président Macron y est né, Jules Verne - auteur de 20 000 lieues sous les mers ou du Tour du monde en 80 jours - y est mort. Sachez que sa maison est ouverte à la visite.

Maison de Jules Verne
Eglise Saint-Leu
Pierre l'ermite
Devant l'entrée de l'Université !

Comme vous pouvez le voir, Amiens est une ville agréable dont la Somme est "l'artère de vie". Elle compte nombre de quartiers pittoresques où il fait bon se promener pour en découvrir toute la richesse.

L'homme sur la bouée
Beffroi

Nous terminons la visite d'Amiens par son joyau : la cathédrale Notre-Dame, la cathédrale de tous les superlatifs. Quelques chiffres : la voute atteint une hauteur de 43 m, la flèche - en bois et plomb d'origine - culmine quant à elle à 112 m, la longueur totale de l'édifice est de 145 m et le volume intérieur est le double de celui de Notre-Dame de Paris ! C'est la plus vaste cathédrale de France - ce qui en dit long sur la prospérité d'Amiens au XIIIème siècle - et le plus vaste édifice gothique du Moyen Age. Les dimensions exceptionnelles de ce monument laissent le visiteur bouche bée par deux fois : lorsqu'il se tient devant son imposante façade, puis lorsqu'il pénètre à l'intérieur et fait face à son époustouflante verticalité.

Sculpture du Beau Dieu - XIIIème siècle
Cathédrale Notre-Dame 

La première pierre est posée en 1220 - par la volonté d'Evrard de Fouilloy, évêque d'Amiens - et le gros œuvre achevé une cinquantaine d'année plus tard seulement ; ce qui donne à la cathédrale une grande homogénéité architecturale. De style gothique classique, dans la lignée des grandes cathédrales françaises du XIIIème siècle - ses immenses vitraux occupent presque toute la surface latérale et le chœur est baigné de lumière. L'édifice dégage ainsi une saisissante impression de transparence qui devait, à n'en pas douter, laisser sans voix le simple croyant du Moyen Age. Une merveille.

Cathédrale Notre-Dame 

Un beau séjour dans une bien belle région, et encore une fois à quelques heures de route seulement... Les petits bonheurs ne sont jamais bien loin.

P.S. un grand merci au Petit futé et à Wikipédia, les deux sites internet dont j'ai encore abusé pour écrire les commentaires de ce carnet.