Cette nuit-là nous avons mal dormi. Je ne sais pas si ce sont les coups de soleil de la veille qui me tenaient chaud ou le fait que notre aventure toucherait à sa fin le lendemain mais j'ai mal dormi. On n'avait pas envie que ça se termine. Au fur et à mesure que l'on avançait on revenait vers la civilisation. Bien qu'étant une "fille de la ville" j'étais mieux au milieu de nulle part, entourée de paysages sauvages et escarpés que de gens.
On a pris une douche vite fait et armées de nos sacs à dos on est allée prendre notre petit-déjeuner. Même s'il était copieux et savoureux, un vrai Scottish Breakfeast on n'était pas dedans du tout. On se sentait bizarre. À la table d'à côté il y avait le couple frano-allemand avec lequel on avait partagé le logement la veille. Ils sont tellement gentils et nous ont donné envie de visiter la forêt noire et d'y faire de la randonnée. Le mélange qu'il créait était génial et atypique. On leur a dit bonjour et sommes parties mettre nos sacs dehors. Il faut que Maud m'aide à chaque fois à mettre mon sac sur mon sac. Au même moment, nous avons recroisé les garçons avec qui nous logions à Tyndrum. Ils n'étaient plus que trois. On s'est demandé ce qui était arrivé au 4ème. On n'a pas osé demander. Mais en nous voyant, ils nous ont salué chaleureusement et ont commencé à avancer. Nous étions encore en train de mettre à disposition dans nos sacs nos provisions pour la journée.
Nous avons aussi recroisé les deux française rencontrées le premier jour de la randonnée. On se suivait et c'était tellement sympa de recroiser des gens sur le sentier. Comme si on était une famille de randonneurs. Une sensation qu'il est difficile d'expliquer.
Aujourd'hui, nous savions que cette journée allait s'avérer compliquée. Déjà il y avait vraiment beaucoup de monde sur le sentier au départ de Kingshouse mais nous allions aussi affronter The Devil's Stairs. Dans nos guides ils disent que le nom fait plus peur qu'autre chose...Ouais....enfin le nom est quand même largement mérité.
Glencoe et The Devil's StairsLa montée s'est avérée aussi pénible que celle de Conic Hill et pareil pour la descente. Il y avait énormément de monde et pas uniquement des randonneurs de la WHW mais aussi des coureurs ou des touristes qui visitaient la région. Le monde et la peur du vide ajoutée à un terrain en serpentin rocheux et pas toujours évident ont été une véritable épreuve pour moi. Voilà pourquoi quand nous sommes arrivées en haut, avec Maud nous sommes descendues un peu plus bas pour manger. On ne voulait pas être entouré de gens et profiter du calme qu'apporte la montagne et la satisfaction d'avoir réussi.
Après une montée pénible sous un soleil de plomb la descente de The Devil's Stairs très raide a été difficile. Cette fois-ci, encore, le poids des deux sacs a été un lourd inconvénient. Me poussant vers l'avant. Plus la peur de tomber, le vertige reprennant le dessus, les cailloux fragiles sous mes pieds. Je dois dire que cette partie de la WHW porte bien son nom.
Descente de The Devil's Staircase Même si la montée et la descente très raide ont été difficile, elle permet de jouir d'un panorama exceptionnel. Juste de la nature sauvage et pas de civilisation à perte de vue. Juste sublime. Les photos ne rendent pas hommages à ce qu'on a ressenti sur place.
Une fois la descente terminée, j'ai besoin de faire une pause. J'étais épuisée et je savais qu'on avait fait le plus dur de la journée. Une pause bien méritée. Je me suis assise sur un rocher avec mes deux sacs sur le dos le temps de souffler. Mais quand il a fallu que je me relève cela s'est arrivé très compliqué. A ce moment là, sorti de nulle part un homme, environ trente ans, m'aide à me relever d'un coup sans s'arrêter. Avec Maud on n'a pas eu le temps de le remercier qu'il était déjà reparti. Maud m'a demander si je pouvais mettre de la musique pour nous redonner de l'énergie. Alors, en écoutant à fond London Calling des Clash nous sommes repartis.
Nous avons recroisé quelques mètres plus loin l'homme qui m'avait aidé à me relever. C'était un français. Il avait parcouru la veille 30 kilomètres en une journée. Au lieu de s'arrêter à Bridge of Orchy il s'est arrêté directement à Kingshouse. Nous avions réfléchit à les faire ces 30 km d'un coup mais on ne les sentait pas.
Nous sommes arrivées tranquillement au logement aux alentours de 16h. Pile l'heure du gouter. Durant la longue descente vers Kinlochleven on a recroisé le blond avec sa musique et ses 90L sur le dos croisé la veille. Non ! Nous n'avions pas halluciné !! Il était réel !! Même le français l'avait aperçu.
Une fois arrivées à l'auberge de jeunesse, on a pris une bonne douche bien méritée, inspectée l'état de nos pieds et sommes allées déguster un cappuccino accompagné d'une part de gâteaux au café du coin.
Le soir, après avoir fait des provisions pour la journée qui nous attendait le lendemain, on a mangé (encore) des pâtes. Les deux françaises et le français se sont joins à nous pendant qu'on préparait notre repas. On a appris qu'elles avaient fait le Pérou, l'Islande et d'autres treks. Le français aussi avait fait l'Islande et la Suède.
Une fois notre repas terminée nous leur avons dit au revoir et qu'on les verrait le lendemain sur le sentier. Et nous sommes allées nous coucher.