Les Villégiateurs en Europe de l'Est

Au lieu de commencer à travailler dignement, trois de nos Villégiateurs ont décidé de partir en roadtrip dans les balkans et en Europe de l'Est sans attraper (si possible) le coronavirus.
Septembre 2020
25 semaines
Dernière étape postée il y a 1080 jours
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Publié le 7 septembre 2020

Non mais ils déconnent c'est pas possible, ils ont vraiment décidé de repartir ? Certes, le voyage a été raccourci pour certains, mais avec les événements actuels, la moindre des choses serait de rester tranquillement chez soi et attendre patiemment que les choses se calment ! Certains diront que c'est insensé, qu'il y a un temps pour voyager, mais surtout un temps pour travailler et rendre son existence productive vis-à-vis de notre société de consommation. D'autres diront qu'on s'en branle. Ces autres, c'est nous.

Pour avoir été tous les trois en apprentissage pendant trois ans, nous avons pu goûter aux sentiments qu'offrait une vie professionnelle lucrative et stable. Se réveiller à 7h la tête dans le cul, bosser 8h pour un boss qu'on n'aime pas forcément, rentrer fatigué pour finalement ouvrir une canette devant la télé. Eh bien on s'est rendu compte que le concept n'était pas vraiment fait pour nous (sauf pour la canette), donc clairement faut pas trop nous en demander nom de dieu.

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Alors, on repart pour de nouvelles aventures : un tour d'Europe de plus ou moins 5-6 mois, où nos péripéties et nos énormes galères racontées avec soin raviront les grands et les moins grands.

Dans la même veine que le premier article de notre précédent blog, nous allons vous faire un petit topo pas piqué des hannetons pour vous expliquer vite fait bien fait le comment du pourquoi de notre voyage.

Qui ? Sur les cinq Villégiateurs, vous prenez les trois plus immatures, les moins organisés et prompts au ménage pour un cocktail de connerie en tous genres, c'est-à-dire :

  • Sebish, dont la maîtrise de la langue espagnole ne le rend plus aussi indispensable.
  • Lucas, propriétaire du fourgon avec lequel partiront nos trois cocos.
  • Raph, l'homme qui a le courage de dormir six mois sur la banquette avant du fourgon.

Du côté des deux autres Villégiateurs, Vincent et Maelle, le bon sens les a rattrapé et nos deux jeunes tourtereaux rentrent en phase de recherche active de travail.

Combien de temps ? N'ayant pas de billets d'avion retour ou de risque de se retrouver confiné dans un pays à l'autre bout du monde, nous verrons quand on en aura marre ou quand on aura plus de sous. On estime cette durée à environ six mois, pour un départ prévu le mardi 8 septembre.

Pourquoi ? Comme expliqué au début de l'article, parce qu'on en a rien a branler.

Comment ? A bord du fourgon tout nouvellement acheté au papa de Maëlle, un magnifique Fiat Ducato aménagé parfaitement. Un peu serré pour trois personnes, mais les Villégiateurs ont déjà vu pire. Une présentation de notre fier destrier sera réalisée au début du prochain article. D'ailleurs, notre petit véhicule n'a pas encore de nom. Les Villégiateurs n'ont pas trop d'inspiration pour le moment.

Où ça ? Si le covid ne nous complique pas trop les choses (ce qui risque d'arriver), l'idée globale du voyage serait un tour d'Europe comprenant principalement les balkans et l'Europe de l'Est. Même si l'itinéraire sera amené à changer continuellement (on s'organise la veille pour le lendemain donc bon), la carte suivante permet de donner un aperçu de l'itinéraire voulu.

ça fait beaucoup pour six mois en vrai 

Encore une fois, on ne va pas rentrer dans le détail. Je vous invite à suivre nos péripéties de façon extrêmement assidues. Cette fois, on n'aura pas Vincent notre photographe attitré pour des photos de type qualitatives, donc attendez vous à des photos dégueux.

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Comme pour l'Amérique du Sud, les articles seront postés toutes les deux semaines plus ou moins, selon l'envie et le temps.

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Ciao les boloss (ça vous avait manqué, hein ?).

Les trois Villégiateurs survivants.

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Publié le 21 septembre 2020

Avant de commencer l’article : petite précision qui a son importance. Nous sommes le 20 septembre 2020 et deux de nos Villégiateurs (Raph & Lucas) ont malencontreusement perdus leurs téléphones portable. « Comment ça les deux en même temps ? ». Oui, les deux en mêmes temps. « Comment c’est possible ? ». On en sait rien, on y comprend rien, c’est un mystère, un véritable casse-tête, au même titre que le triangle des Bermudes et les femmes. De plus amples explications au prochain article. En attendant, on vous avait prévenu que les photos seraient dégueux (plus de portable = plus de photo), mais vu que ça sera de magnifiques illustrations Google impersonnelles, vous n’aurez pas l’occasion de vous plaindre. Sur ce, bonne lecture !

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Boooooonjour bande de boloss ! La patate ou quoi ? La pêche? La banane ? Aujourd’hui, on ne va pas partir sur une salade de fruit mais sur le premier vrai article des magnifiques aventures que vivent nos Villégiateurs.


Avant toute chose, nous nous devons de vous présenter le quatrième membre de notre clique, j’ai dénommé … Le fourgon ! On vous avoue, le manque d’inspiration pour lui trouver un nom se fait clairement ressentir. Et en plus, on en a marre de devoir dire « fourgon » ou « camtar » à chaque fois qu’on en parle. Alors, si vous avez des idées intéressantes, sortez vos plumes dans les commentaires !


Nous vous présentons donc Fourgon, magnifique Fiat Ducato de 2002, très fiable du haut de ses 162000km d’expérience. Servant à la base d’ambulance, notre ami Fourgon a décidé de se réorienter dans le voyage, et de parcourir monts et merveilles. Magnifique choix n’est-ce pas ? Vous devriez tous faire pareil d’ailleurs. Vivez vos rêves bordel de merde.


Fourgon a donc été judicieusement aménagé pour permettre à deux personnes de dormir à l’aise, de se faire mijoter de bons petits plats français, et même de prendre l’apéro dehors (très important ça). « Mais attendez beaux Villégiateurs, vous n’avez pas dit partir à trois ? ». Si. Mais après l’Amérique du Sud, nous avons appris à vivre une vie de moine, non matérialiste, plus proche de la nature et de ce que représente l’essence même de l’Humain. Du coup Raph dormira soit dehors, soit sur la banquette avant (c’est presque pareil). Étant donné qu’il s’est ajouté à l’aventure en dernier, il sera le premier sur la liste d’attente à se coltiner la banquette avant, où la fraicheur et la lumière matinale le réveilleront tout en douceur. Mais rassurez-vous, Sébastien nous rejoindra après dix jours de voyage, laissant à Raph le temps de se préparer mentalement.


En tout cas, petit Fourgon a l’air significativement plus fiable que notre dernier destrier, qui fut (à priori) abandonné sur un terrain vague en Colombie soit-dit en passant (faut pas déconner avec les Villégiateurs, OK?). Plus de 2500km ont été parcourus depuis notre départ, et à part un roulement abîmé qui siffle joyeusement à notre oreille droite de temps en temps, rien à signaler mécaniquement.

 Court moment de vie chaleureux, avec Sébastien en tant que cuisto 5 étoiles, suivi d'une photo impersonnelle d'un FIAT DUCATO
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Les présentations faites, nous pouvons passer aux choses sérieuses : en ce jour du 8 septembre où deux de nos Villégiateurs ont pris le volant depuis la Bretagne en direction des Alpes... Étant donné que nous adorons faire des rencontres en tout genre, et surtout parce que le diesel coûte la peau des couilles, nous avons publié notre trajet sur un site de covoiturage.


Nous avons donc eu le plaisir d’accueillir Maud, habitante de la Creuse toute gentille et toute polie, et cela avec une heure de retard (l’organisation n’est pas notre point fort, vous le savez parfaitement, faites pas genre que vous êtes choqués). « Désolé Maud du retard, c’est pas du tout dans nos habitudes (lol) ». « C’est pas grave du tout je suis pas pressée » (ça veut dire que ça l’a saoulé en langue des gens polis). « T’aimes bien écouter de la grosse techno qui tabasse ? », « ça va, de temps en temps » (ça veut dire non en poli). Malgré une heure de retard et des acouphènes à vie, Maud nous aura mis un 5/5 sur le site. A droite, une photo impersonnelle de Scarlett Johansson interprétant Maud dans notre blog.

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Première étape donc en plein Auvergne, pays connu pour ses volcans morts depuis longtemps. Premier bivouac le soir du départ au bord d’un joli petit lac. Au cours de cet article, vous allez vous rendre compte d’une habitude proche du délire psycho-rigide : celui de systématiquement dormir au bord d’un point d’eau. Malgré les nuées de moustiques qui viennent nous tenir gentiment compagnie pendant la nuit, dormir auprès d’un lac revêt deux avantages : c’est joli, déjà, et surtout, on peut se baigner et donc en ressortir relativement propre (même si souvent, l’eau vaseuse est dégueulasse). « Mais pourquoi vous n’allez pas dans les campings ou dans des stations services pour vous doucher ? » me demanderiez-vous. Eh bien pour la simple et bonne raison que la Suisse, premier pays de notre voyage, est complètement dépourvu de trucs gratuits et pas chers. Nous reviendrons sur ce point plus tard dans l’article.

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Bref, on arrête de se disperser, veuillez-nous excuser. Première étape du roadtrip au Puy du Dôme, roi des volcans morts, qui domine de toute sa hauteur la ville de Clermont-Ferrand. Après une ascension rapide et efficace, nos deux Villégiateurs aux mollets semi-atrophiés à cause du confinement repartent en direction de Lyon afin de passer dire bonjour à la sœur de Raphael, où nous y dormirons une nuit. Le lendemain, assoiffés de découvrir le patrimoine lyonnais, nous arpenterons de long en large les différents quartiers de la ville, préparant ainsi nos doux mollets pour des randonnées ultérieures. Curieux d’estimer le potentiel festif de la ville, nous avons passé une excellente soirée très covid compatible dans les bars, avant de reprendre la route le lendemain pour Annecy, les yeux vitreux et l’haleine douteuse.

Photos impersonnelles des lieux visités, avec un selfie impersonnel de parfaits inconnus 
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L’étape suivante fut l’occasion de rejoindre notre ancienne coloc et son copain, Alice et Antho ! Ensemble, nous sommes allés jusqu’à l’entrée de la Suisse. Première halte à Yvoire, petit village médiéval au nom tout mignon, puis Thonon-les-bains, ville connue pour ses thermes qui sont bien évidemment hors de prix pour le maigre budget des Villégiateurs. Deux petites haltes sympathiques, mais entre nous, vous commencez à nous connaître, et savez donc parfaitement que les villes, si y a pas la fête, on en a un peu rien à branler. Du coup, direction la nature, où nous décidons donc de partir sur la plus grosse randonnée du coin, le Rocher de Naye, 1000m de dénivelés positifs, afin de souffrir un peu. Et même si les efforts furent importants, la vue au sommet provoqua en nous un sentiment de fierté propre au dépassement de soi et à l’accomplissement d’un objectif difficile... Malgré la horde de touristes, tous venus à bord du funiculaire suisse absolument hors-de-prix. Et c’est le moment de vous parler du grand problème de la Suisse. Ils sont pétés de tune les salauds. Et nous, on est fauchés. Nous avons donc l’honneur de vous présenter le magnifique GUIDE DU PROLÉTAIRE EN SUISSE - EDITION 2020 !

 Photos impersonnelles de la Suisse, ainsi que d'un habitant satisfait de vivre dans l'opulence
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A travers des mises en situation cocasses et variées, nous allons vous présenter différentes possibilités d’économie qui s’offrent à des sans-emplois en situation précaire tels que nous.


Premier point, l’alimentation. Ayant eu vent de la radinerie des suisses, nous avons utilisé sciemment nos derniers jours en France pour faire le plein de nourritures riches et variés afin de se sustenter efficacement le temps de notre séjour dans ce pays. Et plus concrètement, nous avons vu nos placards se remplir à craquer de boites de conserves premier prix, aux recettes complexes et aux saveurs travaillées, tels que raviolis, saucisses lentilles et cassoulet. Après une semaine de douleur, nous pouvons dire que nous avons survécu plutôt facilement, malgré les innombrables carences en fer et en vitamines qui rongent notre corps et un début de scorbut mortel. Mais notre belle étoile à dû nous entendre, car devinez quels sont les deux seuls produits moins cher en Suisse qu’en France ? Oui, vous vous en doutez : les canettes de bière et les clopes. Vive la Suisse.


Deuxième point, le transport.

- Tiens, Raph, apparemment il faut payer un sticker à coller sur notre pare-brise pour pouvoir emprunter les autoroutes en Suisse. Ça coûte 39€ je crois.

- 39€ ? En vrai, j’sais pas trop, t’es pressé toi ? Moi plus trop ...

C’est de cette façon que nous nous sommes retrouvés à arpenter des petites routes de campagne passant à travers des cols tortueux et pentus, risquant ainsi l’intégrité mécanique de Fourgon et la santé physique des Villégiateurs. Mais aucun regret de ce côté-là, car nous avons pu traverser des paysages de montagne à couper le souffle qu’aucun suisse pété de tune n’a eu l’occasion de voir.

Du côté de l’essence, nous nous sommes retrouvés à chercher de façon absurde la station essence affichant le prix le moins élevé, quitte à traverser la ville de long en large et cramant ainsi les centimes d’essence durement économisés.

Puis, il y a un truc, il faut qu’on en parle. Après avoir fait plusieurs randonnées en pays suisse, après avoir sué corps et âme sous un soleil de plomb pour arriver au sommet, après avoir donné le meilleur de soit même pour repousser les limites physiques de notre corps, pourquoi il y a toujours des suisses, en belle tenue, pas moites pour un sous, en train de nous regarder monter les dernières marches du sommet d’un air satisfait ? Parce qu’ils sont montés en funiculaire bordel de merde ! Après avoir vérifié les prix, nous avons ainsi constaté que les suisses étaient prêts à vendre leurs âmes corrompues pour la modique somme de 100€ afin de réaliser un aller/retour de 30min au lieu de marcher. Et évidemment, on a pas les moyens nous, sinon croyez bien qu’on l’aurait fait aussi.


C’est sur ces belles paroles que nous clôturons le guide du prolo en Suisse 2020. Profitez-en ! 1 acheté, 1 acheté ! Eh oui, je vous rappelle qu’on est de sacrés prolo, comme si on avait les moyens de vous offrir quelque chose !

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Revenons donc à nos moutons. Après avoir quitté nos amis bretons, nous nous aventurons plus profondément au cœur de la culture suisse. Le dépaysement est palpable. Ou pas. La seule différence, c’est la monnaie utilisée. Eh oui ! Petit cours de géographie et d’histoire : la culture suisse n’existe pas. Mélangez juste une région francophone, germanophone et italophone, ajoutez un petit peu d’identité savoyarde, et bam, vous avez la Suisse. De ce fait, nos deux Villégiateurs peuvent taper la discute à qui le veut avec un français presque irréprochable dans les rues de Montreux, où nous passerons juste un nuit au milieu de la jet-set suisse (imaginez donc le niveau de vie).

Photos libres de droit de Montreux, ainsi que de la drogue qui ravage ce magnifique pays 
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Étape suivante : Lauterbrannen. Ce nom ne vous dit sûrement rien, et c’est parfaitement normal. On en avait pas connaissance avant d’avoir regardé les incontournables à faire en Suisse. Lautermachin est donc connu pour être la vallée aux 57 cascades (houlala), et le point de base pour les montagnes très humblement surnommées « Top of Europa ». La route étant longue (et sinueuse, contrairement aux saletés d’autoroutes payantes), nous faisons une première escale à Gruyère (à cause du fromage), petite ville médiévale pas dégueux où l’accès et la visite du château, attraction principale du coin, est au-dessus des moyens des Villégiateurs (11€).

Nous arrivons donc à Lauterbrunnen le jour suivant. Au programme : grosse rando, vous vous en doutez. Pour une fois, pas de chichi, les photos parleront plus que des mots, car l’endroit fut tout bonnement incroyable, et les points de vues impressionnants, malgré des suisses chiquement habillés nous attendant aux sommets.

Des photos de Lauterbrunnen plus belles que les nôtres, ainsi que d'un suisse nous regardant monter les dernières marches du somme...

Deuxième escale à Thoune, grande ville savamment placée au bord d’un lac au grand plaisir de nos deux compères, pour y visiter la ville et y passer la nuit.

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Le lendemain, les jambes ankylosées et la respiration encore sifflante de la veille, nous partirons en direction de Lucerne, ville surnommée « pot-de-chambre » étant donné qu’il pleut tout le temps là-bas. Bretons que nous sommes, la micro-averse que nous subiront n’affectera pas notre besoin de baignade (douche). Ce sera l’occasion pour nous de visiter tout tranquillement la ville, qui se targue de posséder le plus grand pont couvert d’Europe. Sincèrement, c’est cool, mais ça casse pas trois pattes à un canard. On a beaucoup plus de records en Bretagne !

 Le fameux pont. C'est pas ouf quand même, hein ?
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Le lendemain, nous quittons la partie germanophone de la Suisse et nous nous dirigeons vers Lugano, où le passage vers la culture latine nous dépayse brutalement. En passant simplement un col de montagne, on se retrouve avec pleins de trucs finissant par « i » , comme « pepperoni » ou « tutti cuanti » ou par « a », comme « margarita » ou « bon dia ». Nos amis ritals, malgré leurs récentes prestations au foot, continuent de parler en langage des signes à qui le veut. Après, on en rigole, mais notre compétence en italien étant absolument inexistante, on apprécie de pouvoir communiquer à base de grands gestes ridicules. Cependant, une seule chose nous rappelle tristement que nous sommes en Suisse : le prix. On continuera une dernière journée à survivre à base de conserves hard-discount.

 Illustrations typiques d'un italien

Arrivée donc à Lugano, où nous passerons une journée entière de randonnée à traverser les collines surplombant la ville, passant par des villages « typiques » (remplis de suisses pétés de tune encore) jusqu’à arriver au sommet (devinez qui nous attendaient au sommet?) , offrant un panorama de la vallée particulièrement délicieux.

 Paysages impersonnels de Lugano, ainsi que d'un acteur jouant Raphael escaladant la montagne avec aplomb
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Le lendemain sera un jour important pour nous, car notre troisième compère, le dénommé Sebish, nous rejoindra pour profiter avec nous des dernières rations de survie, et surtout pour continuer le voyage avec nous, en bonne compagnie !


Cet événement va marquer la fin de cet article qui est finalement assez long, étant donné qu’on adore raconter des conneries à tour de bras. Juste pour dire qu’on a bien récupéré l’ami Sebish, frais comme un gardon malgré une nuit blanche dans les bus. Direction l’Italie, pour la deuxième grosse étape du voyage, où nous y passerons une semaine, avant d’aller en Slovénie et en Croatie.

Seb arrivant telle une fleur pour s'incruster, puis Raph et Lucas content d'avoir de la compagnie 

Sur ce, fidèles amis boloss, nous vous souhaitons une magnifique journée ensoleillée.


Stay boloss for life.


La bise.


Les Villégiateurs.

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Publié le 3 octobre 2020

Wesh la famille, bien ou quoi ? Comment ça se passe en France avec vos températures proche du zéro ? Nous sommes en Italie depuis plus d’une semaine déjà, et même s’il n’a pas fait beau tout le temps, la bonne humeur et les jolis paysages ont été au rendez-vous. Reprenons donc où le dernier article s’est terminé, c’est-à-dire à l’ajout du dernier membre d’équipage au sud de la Suisse, j’ai dénommé Monsieur Sebish Le Grand.

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Chargés à bloc d’avoir retrouvé notre chaînon manquant, nous nous sommes dirigés directement en Italie en direction du lac de Côme, tout juste après la frontière suisse. Comme d’habitude, nous nous sommes fait contrôler, preuve que nos trognes de français bourrus et suspicieux ne plaisent pas à tout le monde. Le lac de Côme est connu pour … son lac, évidemment. Nous nous retrouvons donc pour la première fois depuis le début du voyage à payer une prestation touristique : un tour en bateau de quatre heures pour 25€ par personne, nous amenant donc de Côme jusqu’à Bellagio, avec une escale dans le village pas du tout typique de Sernobbio où nous nous sommes encore une fois fait contrôler. Décidément, ce n’est pas une bonne époque pour les tueurs en série.

Réglages de téléphone à la Sebish, d'où le "Shot on OnePlus" en bas à gauche 

Le petit trajet en bateau était tout sympathique, avec une vue continue sur les myriades de bourgades qui bordent le grand lac aux eaux scintillantes, jusqu’à son apogée à Bellagio, petite ville touristique aux étroites rues piétonnes et aux milliers de touristes italiens qui parlent avec les mains. Une belle mise en bouche pour des bretons en soif de culture méditerranéenne.

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Deuxième étape à Milan, plus grande ville du nord de l’Italie, où s’est déroulé l’éventement qui a coûté à Lucas et Raphaël un joli portable de milieu de gamme. Avant de narrer cette fameuse soirée, sachez juste que la journée avait parfaitement commencé : avec beaucoup de chance, nous avons trouvé une place de parking pas cher à deux pas du centre et avons visité de long et en large les quartiers chics de la ville (c’est un euphémisme, nos Villégiateurs avaient l’impression d’être des paysans au milieu de nobliaux mieux apprêtés les uns que les autres). Ci-dessous les photos de l’ami Sebish, seules survivantes de notre soirée à Milan.

Ville de riches et de voleurs de téléphone 

Si vous voulez des détails de la soirée qui suivit, oubliez ça. Sachez juste qu’après moult recherches, nous avons réussi à trouver le quartier où les italiens sortent le soir et avons décidé de nous mêler à la populace locale. Les souvenirs étant aussi flous que nos trois bonhommes, nous savons juste que nous sommes rentrés tous les trois séparément au fourgon au cours de la soirée grâce au GPS de nos téléphones respectifs. Que ne fut donc pas notre surprise quand le lendemain matin, incapables de trouver nos portables, nous nous sommes retrouvés à fouiller de fond en comble notre véhicule, au point même de vider entièrement son contenu (c’est-à-dire pas grand-chose).


Pour Lucas et Raphaël, aucune trace de leur bigot. Ces derniers sont éteints, donc impossible de les localiser. Comment c’est possible alors ? Aucune idée, sachant que Lucas, premier arrivé, se souvient l’avoir posé à côté de lui. La théorie la plus plausible (et la plus inquiétante) serait qu’un petit détrousseur milanais se soit introduit dans nos quartiers et ai dérobé nos précieux cellulaires. Nos sommeils étant lourds comme du plomb et les pas du resquilleur aussi légers que l’air, il n’a sûrement pas été difficile pour lui de se frayer un chemin parmi le bordel ambiant qui couvrait le sol. Ce fut donc une soirée particulièrement chère pour certains de nos Villégiateurs, qui ont racheté fissa un nouveau téléphone le jour suivant après avoir fait le deuil de leurs très chers compagnons. Voici donc la raison pour laquelle nos photos étaient absentes du premier article du blog.

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Nous avons donc décidé de fuir cette ville du démon pour partir en direction du lac de Garde, 100km plus à l’Est. Vous l’avez bien vu, nous apprécions particulièrement la compagnie des lacs, étant pour nous le seul moyen de prendre une douche convenable.


De ce lac, nous garderons deux principaux souvenirs. Premièrement, nous avons apprécié flâner dans les rues de la ville médiévale de Sirmione, judicieusement placée au bout d’une petite presqu’île, et nous baigner dans les eaux relativement chaudes du lac. Deuxièmement, nous n’avons pas du tout apprécié la météo particulièrement changeante de la région.

Avant le déluge 

Tout commença lorsque nos Villégiateurs, après avoir mis et remis plusieurs fois tous leurs vêtements sales, ont décidé de débourser quelques euros pour une laverie self-service. Malgré plusieurs sessions de séchages, l’immense tas de vêtements était toujours humide. « Pas grave, on va les faire sécher dehors, il fait beau aujourd’hui ». Eh bien, ça leur apprendra à ne pas regarder la météo.


Tranquillement installés sous l’auvent du fourgon, les trois énergumènes virent le ciel se couvrir, puis quelques gouttes de pluie tomber. « C’est pas grave, c’est une petite averse ». Après 5 minutes de déni intense pendant lesquelles la pluie a eut le temps de redoubler d’intensité et le linge d’absorber l’équivalent de son poids en eau, nos compères décidèrent prestement de tout faire sécher dans le fourgon malgré la place inexistante. « C’est pas grave, ça va vite passer». Après une dizaine de minutes où la petite averse mignonne se changea en typhon destructeur, les trois bretons installés sur leurs sièges de campings malgré les bourrasques de pluie leurs arrivants dans la gueule, décidèrent que l’époque du déni devait être révolue. « Lucas, c’est à toi de faire la vaisselle, nous on va se mettre à l’abri dans le fourgon ».


Suivi un moment particulièrement difficile où le pauvre garçon, au milieu des éléments déchaînés, se décida à faire la vaisselle directement sous la pluie étant donné que l’auvent ne couvrait plus rien. Les deux autres « amis », collés aux fenêtres depuis l’intérieur, observaient d’un air inquiet le propriétaire de leur moyen de transport péter littéralement les plombs au milieu des trombes d’eau, détrempé de la tête aux pieds, chantant à tue-tête et frottant vigoureusement les assiettes à même la pluie. Une fois les vaisselles rangées au milieu des dizaines de t-shirts trempés, Lucas, le corps égouttant des hectolitres de flotte à même le sol, perdit au pierre feuille ciseaux et fut donc désigné « volontaire » pour fermer le auvent qui menaçait de rompre à cause du vent et de l’eau entassée sur la toile.


Riant à gorge déployée ou criant des injures innommables contre mère nature, Lucas, à la frontière de la folie, se battit contre l’auvent qui refusait de se fermer pendant de longues minutes avant de rejoindre les deux autres profiteurs installés à l’avant, dans la partie du véhicule la plus épargnée par l’eau. Et ce jusqu’à que Lucas, composé à 99 % d’eau et gloussant nerveusement, les rejoigne précipitamment. La décision fut prise à l’unanimité et sans équivoque de se réfugier dans le prochain centre commercial et laisser Mr Fourgon absorber l’humidité régnante dans chaque molécule de vêtement présent dans le véhicule. Après une demi-journée passée à profiter allégrement de la Wifi du bon vieux Ipermarche du coin, les Villégiateurs revinrent mettre un peu d’ordre dans le bordel humide présent dans le fourgon.

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Décidant encore une fois de fuir les problèmes, nous sommes partis à toute allure en direction de Vérone, étape suivante de notre périple. Nous nous sommes baladés longuement dans la ville, flânant encore parmi les petites rues étroites qui sont propres à l’atmosphère des pays du sud.

 De bonnes têtes de vainqueurs

Mais étant donné que nous sommes avant tout ingénieurs, et que nous prônons l’efficacité et l’utilité (ironie), nous en avons profité pour faire un tour au garagiste pour un diagnostique du véhicule, sachant que ce dernier couine à qui veut l’entendre à chaque virage. Malgré les 4 longues heures passées à patienter lâchement dans le fourgon, nous avons eu la réponse à nos problèmes d’oreilles : le disque de frein est usé, et le soufflet de cardan est percé. Nous avons appris plus tard que ce fameux disque n’était pas à l’origine de notre quasi-surdité, et que le soufflet n’était absolument pas une urgence. Nous en tirant royalement pour la modique somme de 0€ pour un diagnostic, nous sommes repartis la tête haute car il n’y avait absolument aucune urgence à réparer.

 Mr Fourgon chez les médecin
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La prochaine étape du voyage devait être Vénise, grande capitale historique de la république homonyme ayant prospéré pendant la Renaissance. Mais au lieu de directement visiter la ville en amoureux à trois, nous avons passé la journée et la soirée à Chioggia, que nous surnommerons allégrement la « Venise du pauvre ». Au programme : plage, car il y en a des kilomètres et des kilomètres carrés, et visite de la petite bourgade flottante très typique. En tant que bons français, nous avons pu prendre un petit café serré au milieu des vieux italiens attaquant leur 8e demi de la matinée.

Enfin un Venise à la hauteur de nos moyens 
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Vient ensuite la grande, la magnifique, l’exubérante Venise, aux 540 ponts et aux nombreuses tours qui ponctuent l’horizon. Normalement, cette ville est à visiter en amoureux, alors nous nous sommes tous les trois tenus la main à longueur de journée afin de participer à cette ambiance romantique propre à la ville. Et sans déconner, c’est vrai qu’elle est chouette cette ville. Il y a des canaux partout ainsi que de nombreuses petites impasses qui solliciteront constamment le mauvais sens de l’orientation des trois gaillards. Et soit-dit en passant, nous nous sommes encore une fois contrôlés. On a l’habitude maintenant.


Nous avons quand même fait la rencontre des sérénissimes pigeons de Venise, nommés Mr Vaillant et Mr Intrépide, qui essaieront à travers plusieurs raids aériens de voler notre nourriture durement préparées la veille, tandis que nous étions tranquillement assis dans une sombre ruelle à même le sol humide, au contraire des autres touristes pétés de tune qui s’éclataient la panse dans les restaurants chics d’à côté.

Venise en amoureux 
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Avant de quitter Venise et ses environs : trois objectifs.

- Étant donné que nous roulions avec les papiers temporaires du véhicule, nous devions récupérer les papiers officiels envoyés par courrier par la famille. Ces papiers s’avérant prendre leurs temps à être livrés, nous avons décidé d’attendre (comme si nous avions le choix).

- Effectuer quelques bricolages au sein de Mr Fourgon. C’est-à-dire un coup de scotch et un serrage de boulon. Malgré l’aspect enfantin des travaux, nos trois ingénieurs se seront auto-congratulés des heures durant sur la rapidité des tâches effectuées.

- Passer chez le garagiste du coin, afin de changer ce foutu disque qui nous irrite l’oreille droite. Sauf que nous apprenons avec une agréable surprise que c’était un carter qui frottait contre les disques. Monsieur le gentil garagiste devant commander les pièces, nous avons pris la décision de passer quelques jours aux Dolomites, en attendant que la fameuse ferraille et surtout la précieuse lettre arrivent à bon port.

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Direction donc le très connu parc naturel des Dolomites, situé à une centaine de kilomètres au nord de notre position, en plein cœur des Alpes italiennes. Mais avant de vous narrer les magnifiques randonnées que nous avons eu le plaisir de traverser, quelques petites explications sur ce qu’est la vie quotidienne de nos trois loubards au sein de Mr Fourgon.

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Sachez premièrement que Sébastien se prépare toujours une jolie petite salade composée pour le midi, au contraire des deux autres qui s’emballent à chaque fois deux jolis casse-dalle dans du papier allu. Voyant leur collègue s’en tirer pour un coût deux fois moindres, les deux autres radins décidèrent de se convenir au végétarisme, principalement afin de réduire leur émission de CO2. Ainsi, les midis verront les gros tupperware remplis à craquer de salade défiler, tandis que la plancha grillera avec grand plaisir pleins de gros légumes juteux plusieurs soirs durant.


Deuxièmement, une petite habitude crépusculaire fut mise en place : ceux qui ne font pas à manger s’occupent de la petite vaisselle à faire, avant d’enchaîner sur quelques parties de carte, les Villégiateurs tranquillement installés sur les chaises de camping ou les banquettes intérieures du fourgon.


Troisièmement, nous avons appris à ouvrir continuellement le robinet d’eau sale qui se déverse sous le fourgon. Après avoir eu le plaisir immense de constater que le réservoir, une fois rempli, se déversait à même le plancher du fourgon, les Villégiateurs, peu fans de l’odeur de vomi qui émanait de la sombre mixture, n’eurent aucune pitié à polluer allégrement chaque lieu traversé en vidant leurs eaux usées.


Dernièrement, comme vous le savez très bien, nos trois crados prennent leur douche dans les lacs quand la température le permet. Sauf que voilà, que ce passe-t-il lorsque la température baisse subitement de 20 degrés lorsque les Dolomites sont atteints ?


Petite leçon de géographie : Venise, située à une altitude approximative de 0 centimètres, profite d’un climat méditerranéen, c’est à dire chaud. Misurina, première escale en montagne et située à une altitude trop élevée de 1700 mètres, subit un climat montagneux où les températures ne veulent pas dépasser 5 degrés. Maintenant que le lieu est introduit, nous pouvons vous le dire : malgré les énormes randonnées que nous avons faites au cours des trois jours passés dans les montagnes, nous n’avons pas eu l’occasion de prendre de douche. S’étant faits refuser de nombreux hôtels et camping pour avoir demandé juste une douche, seule la possibilité d’un rinçage par nous même à côté du fourgon était faisable. De ce fait, seul le vaillant Sébastien en aura pris courageusement une avec une température ambiante de 3 degrés. Les deux autres n’ayant aucun sang vikings profiteront de cet instant pour boire des bières pour se réchauffer. Même le petit chihuahua qu’on aura croisé à notre arrivée était équipé plus chaudement que nous, avec bonnet et petit gilet ajusté.

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Le programme aux Dolomites fut très chargé et très ambitieux : trois énormes randonnées en trois jours.

 On est pas prêt pour vivre en Sibérie

Première étape au Tre Cime, point de vue le plus connu du parc naturel. Après 3h de montée relativement facile, nous avons pu contempler les trois pitons rocheux particulièrement imposants qui étaient pris en photo simultanément par 100 touristes à la fois. Les Villégiateurs étant toujours à la recherche de visites alternatives et peu connues, nous sommes tombées par hasard sur une grotte pleine de glace et de stalagmites (où Lucas s’éclata magnifiquement la gueule) qui débouchait sur un petit sentier escarpé à flan de falaise, tellement vertigineux que des cordes en métal étaient installés pour prévenir d’éventuelles chutes qui nous seraient fatales. Raphaël, sûrement descendant des singes les plus agiles de leurs générations, escaladait avec une facilité déconcertante le chemin de plus en plus acrobatique, laissant derrière lui ses deux collègues car, je cite, « de toute façon, on va devoir faire demi-tour, pas besoin d’aller plus loin ». Raphaël reviendra vers ses deux copains frigorifiés avec plein d’étoiles dans les yeux et une envie subite de se mettre à l’alpinisme.

 Les Villégiateurs congelés mais contents
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Deuxième étape au Lago Di Sorapiss, point de vue magnifique sur un lagon bleu turquoise au milieu des cimes enneigées atteignable après une randonnée normalement plutôt facile. C’était sans compter le sens de l’orientation toujours aussi précis des trois loubards, qui, au lieu de continuer par le sentier bien balisé, décidèrent d’escalader le lit d’une rivière dont la pente devenait de plus en plus raide avant de déboucher sur un cul-de-sac qui les obligera à faire demi-tour et à reprendre le sentier normal. Cette petite balade supplémentaire aura tout de même quasiment doublé le temps prévu pour la randonnée.


Raphaël, motivé par une quelconque envie suicidaire, se lança seul vers l’ascension du pic enneigé voisin tandis que les deux autres feignants retournèrent au fourgon se prélasser au soleil. L’aventurier en manque de sensation forte escalada de manière déraisonnable le flan de la montagne sur un itinéraire prévu plus pour de l’alpinisme que de la randonnée. S’invectivant lui-même au cours de la descente, le garçon reviendra finalement sain et sauf au fourgon, retrouvant les deux autres innocemment en train de se relaxer.

 C'est aussi beau qu'en photo on vous rassure
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Dernière étape au Lago Di Coldai, et là, il y a plus de choses à dire. La randonnée, si nous la prenions par l’itinéraire prévu, était censée être plutôt longue mais accessible aux plus grands mondes. Mais sachant qu’encore une fois on n’aime pas faire les choses comme les autres, nous avons emprunté un petit sentier étrangement court qui nous faisait passer par l’autre côté de la montagne.


Vous avez déjà lu des romans d’aventuriers qui escaladent des montagnes telles que le K2 à la force de leurs bras et au péril de leurs vies ? Et bien c’était nous. Le sentier avait bien commencé pourtant, malgré qu’on ai perdu sa trace à plusieurs reprises tant sa fréquentation était faible. Mais arrivés au pied de la montagne et voyant l’immense dénivelé restant à franchir, nous avons vite compris que le dernier kilomètre n’allait pas s’apparenter à une promenade de santé.


Dispersés sur le flanc de la montagne, nous avons chacun lutés séparément pour notre propre survie, en escaladant des énormes rochers à flanc de falaise, se hissant à la force de nos bras sur des prises risquées, avant de souffler quelques instants, le cœur battant et les jambes tremblotantes. Mention spéciale à Lucas qui a rapidement perdu de vue les balises censées signaler l’itinéraire le moins mortel. Le malchanceux s’est retrouvé à avancer le long d’une corniche en gravier instables, sans aucune prise, un vide d’une centaine de mètres sous lui. Mi-terrorisé par l’imminence de la fin de sa vie, et mi-satisfait d’avoir pris une assurance voyage en béton, le malchanceux retrouvera finalement le cours du sentier relativement heureux d’être encore en vie.


Comme si nos trois aventuriers n’avaient pas encore eu leur dose d’adrénaline respectifs, ils décideront de façon absurde d’atteindre le sommet voisin. Encore une fois, la première portion était plutôt calme, avec de jolis panoramas sur les paysages aux alentours. Avant qu’encore une fois le sentier prenne des allures d’escalades, où la survie individuelle et le chacun pour soit prit le pas sur la solidarité et le bien-être collectif. Seul Raphaël arrivera au sommet avec une vue à 360 degrés sur la région, laissant derrière lui ses deux collègues fragiles qui justifieront leur abandon par « J’ai peur qu’il fasse trop froid en haut », ou encore « Je préfère la vue d’ici ».

Quelques panoramas pris au péril de nos vies 
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Cette dernière randonnée de l’extrême clôtura notre aventure aux Dolomites. Le jour suivant fut dédié à la route pour revenir à Venise afin de récupérer les papiers du véhicule et de faire quelques réparations sur ce dernier. Tout s’est déroulé comme sur des roulettes : nous avons récupéré les papiers à la poste vénitienne entre deux attaques des sérénissimes pigeons, et avons réparé quelques broutilles sur le fourgon avant s’être fait alléger notre bourse de 250€. D’ailleurs, le bruit est toujours présent. Tant pis, on continue notre route.


L’idée de base était de continuer le voyage en Croatie car la Slovénie imposait des restrictions importantes aux voyageurs venant de l’étranger : un test covid négatif datant de moins de 48h, ce qui pour les Villégiateurs demandait beaucoup trop d’organisation et d’anticipation. Cependant, les restrictions d’entrée en Slovénie se sont allégées au dernier moment, permettant à la troupe de visiter ce magnifique pays montagneux.


Le prochain article sera donc dédié à la Slovénie, pays aux multiples virages en tête d’épingles et à la pluie persistante.


Nous vous souhaitons bon courage pour ne pas vous faire emporter par la tempête Alex.


Que le boloss en vous dicte chacun de vos gestes.


La bise.


Les Villégiateurs.

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Publié le 22 octobre 2020

Buenos dias chers lecteurs assidus, ça va bien ? Tranquille ? La famille se porte bien ? Le petit chien aussi ? Le taf ça va ? ça se passe bien ? Fin bref, répondez pas on s’en fou, c’est juste de la politesse de surface, on en a rien à carrer.


Qui dit nouvel article des Villégiateurs, dit nouvelles aventures et conneries. C’est parti pour un joli petit récit concocté avec le cœur sur nos deux dernières semaines de voyage.

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Nous vous avions quitté lors du passage de la frontière entre l’Italie et la Slovénie. Le sort nous ayant été favorable pour une fois, nous avons pu nous introduire en toute discrétion dans ce petit pays pas très connu. A la base, nous y avions prévu un maximum d’activités extraordinaires à base de canyoning, de rafting, de visiting, de trekking, et de drinking. Au final, nous n’avons pu seulement faire que ces trois dernières.


En partant en roadtrip pendant la meilleure saison de l’année, nous nous attendions bien évidemment à une certaine météo maussade et capricieuse. On nous avait pourtant dit « Ouaaais, vous allez voir dans les balkans il fait plutôt doux et sec, l’hiver c’est comme l’été chez nous, bla bla bla ». Vous vous foutez de notre gueule ? Sérieusement ? Vous nous avez encouragés dans l’optique qu’on soit trempé tout le temps ? On a beau être breton, la pluie ça mouille, surtout quand vous vous prenez averses sur averses dans la gueule. Bref, le coup de gueule passé, vous comprenez maintenant le titre de l’article.


Première chose à savoir donc pour le personnes voulant visiter la Slovénie début Octobre : il pleut sa race. Nous avons débarqué comme des princesses prêtes à goûter aux joies de la nature de la région, sauf que nous en sommes ressortis trempés et humides. Vous voyez à quoi ressemble à un chaton mouillé ? C’est mignon et triste. Nous, nous étions justes tristes, parce qu’on est pas mignons, juste ronchons.

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Trêve de conneries, nous avons quand même fait preuve d’un courage immense en sortant du fourgon malgré des pluies de mousson dignes de l’Asie du Sud-Est. Après avoir rayé « canyoning » et « rafting » de notre courte to-do-list, nous sommes partis à fond les ballons dans les Alpes Juliennes (c’est le nom donné aux montagnes du coin). Normalement, le parc naturel du coin se fait en une bonne semaine, tant il y a de randonnées à faire, de sommets à escalader et de cascades à contempler. Nous l’avons fait en 2h48min37sec exactement. Étant donné que nous sommes les descendants directs de chatons humides et tristes, nous n’avons pas demandé notre reste quand, arrivés à de magnifiques points de vues cachés par les nuages, nous nous sommes pris des rafales d’eau glacées dans la gueule. « ça vous dit on descend un peu vers le sud ? Il fera peut-être meilleur ».


Sauf que parler du Sud de la Slovénie, c’est comme parler du Sud de la Bretagne. S’il pleut comme vache qui pisse au Nord, il va pleuvoir pareil au Sud (si c’est pas plus). On vous le rappelle, la superficie du pays est particulièrement insignifiante, un peu comme le courage et la persévérance des trois gaillards.


Direction donc le « centre » du pays, c’est-à-dire à 25km à vol d’oiseau. Évidemment, vous l’aurez parfaitement compris, on va pas vous faire de dessin, mais les Villégiateurs ont du faire preuve de stratégie, d’optimisme et d’opportunisme pour profiter pleinement de la région. Cela se traduit notamment à : rester dans le fourgon à jouer au « Chibre d’or » (nous demandez pas pourquoi on a appelé le jeu de carte comme ça, on est juste de gros gamins, celui qui gagne la partie est le mieux pourvu des trois pendant 24h) jusqu’à qu’un des trois remarque par hasard que la pluie a cessé. A partir de là, alerte générale : en deux temps trois mouvements, les affaires sont prêtes pour pouvoir profiter de ce court rayon de soleil. En adoptant cette technique extrêmement poussée, nous avons pu visiter la région de Bled et de Bohinj.

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Le premier est reconnu pour son lac pourvu de la seule île de Slovénie, ainsi que d’un château surplombant le tout, tandis que le deuxième est visité pour son joli lac entouré de montagnes aux cimes enneigées. Mention spéciale notamment au tour à pied de ce dernier lac : ce qui devait s’avérer être une ballade légère et printanière s’est transformée en un parcours du combattant sous une pluie diluvienne où nous avons dû traverser une rivière gelée aux flots tumultueux. Les chaussures de rando attachées autour de la tête et les pantalons remontés jusqu’aux cuisses, nous avons combattu le froid engourdissant nos pieds et nos jambes avant d’atteindre courageusement l’autre rive. A savoir que les rivières de Slovénie font une température d’environ -50 degrés (estimation donnée à chaud par Lucas, le plus frileux des trois). C’est également par cette température avoisinant celle du cercle polaire que Raph et Seb ont décidé de se laver dans le lac. L’eau aura eu raison de leur petit corps frêle et fragile à tel point que Raph finira par enlever le reste du shampoing du haut du ponton, la tête dans l’eau et les pieds retenus par Seb.

Entre deux averses 

Avant de descendre vers la capitale, nous nous décidons à atteindre un sommet avoisinant offrant à priori un panorama superbe sur la chaîne de montagne. Le pauvre ami Sebish ayant une douleur au tendon d’Achille gauche, il laissera les deux autres escalader la montagne en deux temps trois mouvements tels des allemands habitués à de l’alpinisme de haute montagne. Et au final, le panorama à l’arrivée était stupéfiant. Après un passage sur une crête vertigineuse, Raph et Lucas arrivèrent sur sommet offrant une vue à 360° sur le massif montagneux enneigé.

Sacré point de vue hein ? 

Étape suivante à Ljubljana, capitale de la Slovénie. On vous voit devant votre écran à galérer à prononcer correctement le nom de la ville. Ça se dit Loubiana, tout simplement. Les Slovènes (et tous les autres pays des Balkans) ont la fâcheuse habitude de caler des consonnes à tout bout de champ. A l’oreille ça sonne correctement, mais à l’écrit, leur langue est un joyeux bordel.


Ljubljana n’est finalement pas une grande ville du tout, malgré un joli petit centre ville où nos trois Villégiateurs resteront mystérieusement bloqués dans une rue en particulier, les empêchant de visiter tous les autres points d’intérêts de la ville. On parle bien évidemment de la rue des bars. Quelle bande de poivrots ces trois-là.


Avec une bonne volonté et une curiosité insatiable, nous avons donc visité tous les bars de cette rue-là. Nous avons fait la rencontre du mystérieux slovène dans le coin fumeur d’un des bars, qui, entre deux bouffées de cigarette, chuchotait des déclarations politiques et économiques banales avec une voix grave et un regard sombre perdu dans l’horizon, les Villégiateurs enivrés buvant ses paroles. Dans le bar d’à côté, nous avons croisé le chemin d’un groupe d’Erasmus très sympathiques composé d’allemands, d’italiens et de quelques français. Grâce à eux, nous avons eu le plaisir de profiter d’un bar de nuit clandestin extrêmement bien caché. Dans le dernier bar, nous nous sommes rendus compte que nous sommes partis sans payer après avoir consommé un certain nombre de verres. Dans ce dernier bar, nous n’y reviendrons pas.


C’est en quittant la ville que, interloqués, nous nous sommes rendus compte qu’on avait rien vu de Ljubljana. Pour faire bon genre, nous avons pris quelques photos rapides de l’endroit où on est. Elles sont un peu floues, pas forcément intéressantes, mais c’est tout ce qu’on a. Chipotez pas s’il-vous-plaît on fait de notre mieux, OK ?

 On vous avait prévenu qu'on avait pas beaucoup de photo
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Direction ensuite vers l’attraction la plus visitée de Slovénie : la grotte de Postromachin (y a trop de consonnes c’est dur de retenir). Cette grotte est considérée comme un bijou de spéléologie, tant elle s’aventure profondément et tant elle est pourvue en stalagmite et stalactite. Étant arrivés en avance, nous avons consommé quelques cafés de trop. Malgré une envie d’uriner persistante pour les trois compères durant toute la visite, nous avons apprécié le petit trajet en train électrique, la ballade entre les nombreuses sécrétions rocheuses improbables, et les buissons à pipi cachés derrière le parking.

Sacrés sécrétions rocheuses, n'est-ce pas ? 

Ce que nous avons retenu de notre court séjour en Slovénie : la pluie, le slovène mystérieux, et cette drôle d’habitude qu’ont les habitants à attendre que le feu passe au vert pour les piétons même quand il n’y a aucune voiture à l’horizon.

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A partir de là, nous quittons la Slovénie pour continuer le voyage en Croatie, pays des automates au bord des routes et à l’efficacité surhumaine des caissières au Lidl. Seul point en commun : l’écriture est toujours illisible. Saleté de slaves. Direction Pula, première étape dans ce pays, après un passage en douane assez long. On l’a compris à force, nos sales têtes de français mal rasés n’inspirent pas la confiance.


Pula est humblement reconnue pour son parc naturel situé sur une presqu’île. Nous avons réalisé un petit circuit en longeant la côte à pied, passant de petite crique en petite crique afin de faire un peu de plongée, et croisant ainsi le chemin d’innombrables nudistes. Nous avons remarqué de ce fait que les croates ont une drôle d’habitude : se foutre complètement à poil, les fesses blanches à l’air, et bronzer ou pécher en tenue d’Adam jusqu’à choper un coup de soleil sur les attributs. Les Villégiateurs, complètement immatures, poufferont discrètement de rire à chaque nudiste croisé, « t’as vu le petit zizi bronzé du monsieur ? ».

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En soif d’activité sportive, nous sommes partis le lendemain vers le gigantesque sommet de la Croatie, Vojak, atteignant l’incroyable altitude de 1400m. Étant habitués à des randonnées extrêmes mettant nos vies en danger, cette balade de 3h nous a à peine fait transpiré. Avec du recul, nous justifierons notre manque de sudation plus par les températures quasi-négative et les rafales de vent à 100km/h que par notre excellente condition physique. Cependant, la vue au sommet était des plus impressionnante : le temps étant dégagé, nous pouvions apercevoir le nord de la Slovénie, ainsi que la chaîne des Alpes à l’horizon, tandis qu’au Sud, les myriades d’îles constellaient une mer adriatique illuminée par le soleil.

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Prochaine étape : l’île de Krk, accessible via la voie terrestre. Après avoir galéré un certain temps, nous avons appris que l’île se prononçait Klreurque, et pas KRK (oui, nous prononcions juste les lettres). Nous quittons la végétation assez dense du continent pour trouver ici un paysage aride, avec des petits villages installés dans des criques à l’abri du vent. Après un passage au village de Krk et un arrêt dodo à Baksa au bord d’une mer très agitée, nous partons pour une longue randonnée à travers les paysages secs de Krk. Nous aurons le plaisir de croiser nos amis moutons au regard aussi vide que leur cerveau, des grosses araignées mutantes, ainsi que quelques zizis bronzés au bord de mer. Dédicace personnalisée aux forêts de cailloux, qui ont mis à rudes épreuves nos pauvres chevilles fragiles à longueur de journée. Cette randonnée de 17km terrassera les Villégiateurs qui se relaieront pour les trois heures de route de nuit leur permettant de rejoindre Plitvice.

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Cet endroit est peut-être le lieu le plus connu de Croatie : une quinzaine de lacs en terrasse à des altitudes différentes se déversent les unes dans les autres via une quantité incroyable de rapides et de cascade. Pendant que Raph et Lucas arpenteront la partie Nord du site, l’ami Sebish, le plus sérieux des Villégiateurs, passera sa matinée à réaliser des entretiens d’embauche dans Mr Fourgon pour des postes d’ingénieurs au Canada. On ne sait pas si c’est à cause d’un manque évident de préparation ou à cause du très bruyant véhicule de nettoyage qui a fait 50 allers/retours devant le véhicule, mais le pauvre Sebish avouera avoir plutôt bien loupé un des deux entretiens en présentant la mauvaise entreprise à son interlocutrice. Tant pis, comme d’habitude on oublie les problèmes et on part faire la deuxième partie du parc, cette fois-ci au complet.

ça fait beaucoup d'eau 
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Le lendemain à Zadar, Raph et Lucas ont pu récupérer leurs nouvelles cartes SIM envoyées depuis la France par la famille. Comme vous vous en rappelez, les deux compères ont malencontreusement égarés leurs cellulaires à Milan. Entre temps, ils ont compté sur la gentillesse du troisième compère pour réaliser des partages de connexion le plus souvent possible. Quelque soit la situation, le petit Sebish est continuellement indispensable pour la survie des deux autres.


Et c’est le moment choisi pour vous annoncer une terrible nouvelle : une grande partie de la suite du voyage ne sera faite qu’à deux… Nous vous expliquons la situation : Sébastien compte partir travailler au Canada dès Février prochain grâce au programme des VIE (Volontariat International en Entreprise) afin de perfectionner un anglais déjà irréprochable et de pouvoir se battre contre des ours polaires. Seulement, l’agenda du voyage étant tout le temps complet, notre ami Sebish n’a pas le temps de vérifier les nouvelles offres, de postuler en adaptant les lettres de motivation, et encore moins de réaliser des entretiens téléphoniques de bonne qualité. Ce dernier a donc décidé de retourner en France quelque temps pour se mettre à fond dans ses recherches, et dégoter le contrat de travail parfait pour Février. Dès que les papiers seront signés, notre indispensable compère reviendra au sein de Mr Fourgon finir le voyage en compagnie de ses meilleurs amis pour la vie.


La question qu’il faut se poser à présent c’est : à présent que trois des cinq membres de base que comptent les Villégiateurs ne sont plus là, laissant ainsi les deux moins organisés et débrouillards seuls, comment ces derniers vont-ils réussir à survivre ? On ne se doute pas que la suite du voyage sera chargée en péripéties et galères à raconter, tant Raph et Lucas sont cons comme leurs pieds.

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Cette nouvelle tristement digérée, nous partons à Krka (se prononce évidemment Keurqua, et non K-R-K-A) découvrir les grandes cascades visitables après un tour en bateau. Les Villégiateur ont eu la magnifique idée d’y aller en jogging-basket le jour où le fleuve est en crue et les sentiers trempés. La balade sur les pontons s’apparentera finalement plus à un parcours acrobatique, étant donné que les trois boloss devront escalader les barrières pour ne pas tremper leurs si belles chaussures.

 oui on aime les cascades
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Direction ensuite Split, une des plus grandes villes de Croatie. Après avoir pris en photo le monument principal de la ville ayant servi au tournage de la série Game of Thrones, nous nous sommes inexorablement dirigés vers les bars de la ville. Nous avons essayé de lutter quelques instants, mais c’était peine perdue … Soirée arrosée donc à Split pour fêter nos 1 mois et demi de voyage (on arrive à trouver des prétextes à chaque fois).

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Dernière étape de ce récit sur l’île de Hvar (prononcé Rvar, ça n’a aucun sens), la plus connue de Croatie, où l’article est actuellement rédigé. Nous avons trouvé le meilleur spot au bord de mer de l’histoire de l’humanité. A l’ombre des pins, sur un sentier isolé, avec la mer transparente propice au snorkelling et surtout un magnifique ciel dégagé. Elle n’est pas belle la vie ? Les quatre jours passés sur cette île seront l’occasion pour nous de décompresser (comme si l’on en avait besoin) au bord de la mer, passant de crique paradisiaque en crique paradisiaque sous un temps parfaitement ensoleillé. Au final, ce séjour représente exactement ce pourquoi les Villégiateurs sont partis pendant l’hiver : pendant que vous vous gelez les miches en France, nous, nous sommes tranquillement en train de bronzer au bord de la mer.

vous êtes jaloux 
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Le prochain article sera l’occasion de vous raconter nos dernières aventures en Croatie, ainsi que la traversée du Monténégro. Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que le covid casse encore pas mal les pieds actuellement. De ce fait, les législations au niveau des passages de frontière sont un bordel sans nom : la Grèce et le Monténégro ont fermé leurs frontières à l’Albanie, nous redirigeant donc vers la Macédoine du Nord. Adieu l’Albanie. De plus, impossible d’aller en Grèce par la Macédoine : détour donc obligatoire en Bulgarie, où nous devrons présenter un test PCR de moins de 72h. De plus, les relations entre la Grèce et la Turquie étant relativement sensibles ces derniers temps, le passage par Istanbul est très largement remis en question. Nous verrons évidemment comment la situation évoluera en Europe. La suite du trajet passera donc par les pays suivants : Monténégro, Kosovo (on va mourir là-bas), Macédoine du Nord, Bulgarie et Grèce. Si on est encore vivant à ce moment du voyage, on entamera le chemin du retour.


Très chers lecteurs, nous vous souhaitons une magnifique journée.


Bolossement votre, vos Villégiateurs préférés.


La bise.

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Bonjour à tous assemblée de boloss confinés que vous êtes ! Alors pas trop dur la vie ? Comment ça se passe votre télétravail ? Pas trop difficile de ne pas pouvoir aller plus loin qu’1km de chez soi ? Oui, bon, on arrête. Vous l’aurez compris, nous avons pris la meilleure décision de notre vie en fuyant la France et son confinement total, car ici, au Monténégro, ils en ont rien à carrer de tout ce charabia. Sauf dernièrement, mais comme on va vous l’expliquer cela n’a pas trop impacté notre voyage.

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Nous vous avions quitté plusieurs semaines auparavant lorsque nous quittions l’île paradisiaque de Hvar en direction de Dubrovnik. A savoir que cette dernière est située sur une portion de territoire enclavée dans la Bosnie. Pour y accéder, vous n’avez pas d’autres choix que de devoir traverser deux postes frontières en moins de 20 km (sauf en prenant le ferry, mais on est pauvre n’oubliez pas). Sachez que l’on a été heureux de ne pas rester plus longtemps dans ce pays, car leur manière de nous accueillir nous a particulièrement refroidie.


Sûrement car nos têtes de français à l’hygiène douteuse devaient ne pas leur revenir, Messieurs et Mesdames les douaniers au service de la république de Bosnie-Herzégovine ont décidé de fouiller l’intégralité de Monsieur Fourgon. Ce choix a aussi été motivé par la découverte d’un paquet de feuilles à rouler caché au-dessus du frigo. Malgré leur avoir dit plusieurs fois que nous fumions du tabac à rouler en France car c’est moins cher, les douaniers ont passé presque une heure à foutre tout sans dessus dessous à l’intérieur du véhicule, espérant ainsi trouver des kilos de marijuana habilement planqués dans notre cachette à drogue. Sauf qu’il n’en a rien été. Mais les douaniers n’ont pas dit leurs derniers mots.


Un par un, nous nous sommes retrouvés amenés dans une petite salle obscure sans aucun témoin à l’horizon. Nous ne savons pas encore si c’était par conscience professionnelle ou plutôt par vengeance de leur avoir fait perdre du temps, mais ces saletés de slave ont décidé de fouiller la quasi-intégralité des trois Villégiateurs à tour de rôle. Au final, ne vous inquiétez pas : pas de violence sexuelle ou de toucher rectal semi-consenti. Seuls Raph et Seb, étant nus sous leurs maillots de bains, ont pu prouver de façon concrète qu’ils ne cachaient rien sur eux. Après ce moment d’humiliation (transformé en fou rire, vous l’imaginez bien), nous avons traversé la portion restante du pays sans demander notre reste avant de repasser en Croatie.

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Pour une de nos dernières soirées tous les trois, nous avons trouvé le spot parfait pour dormir. Une petite crique cachée avec de l’eau écarlate propice au snorkelling et quelques canettes pour fêter ça. Sauf que l’on a été d’abord dérangé par le chien Bilou l’Envahisseur, qui a voulu défendre son territoire en pissant sur toutes les affaires que nous avions sorti, puis par le vieux Michou, un local qui nous a dit que nous ne pouvions pas dormir ici car c’était réservé à un hôtel. Nous avons donc fini sur un parking sale au bord d’une route fréquentée, mais tout de même avec nos canettes pour étancher notre tristesse.

 Derniers instants à trois
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Étape suivante à Dubrovnik, ville touristique et incontournable de la Croatie. Notre séjour d’une journée s’est résumé en deux étapes : d’abord, une visite consciencieuse et enrichissante de la vieille ville fortifiée ayant notamment servi au tournage de la série Game of Thrones, ce qui explique les centaines de boutiques souvenirs à l’effigie de la série. Ensuite, la deuxième partie de la visite commença vers 17h, heure propice pour aller dans les bars, et fêter dignement notre dernière soirée à trois.

On se croirait au moyen-âge 

A la base, nous avions prévu de rentrer à trois dans un logement pouvant accueillir deux personnes pour des raisons évidentes d’avarice, ce qui soit-dit en passant est détestable de la part de trois occidentaux pleins aux as se permettant de voyager à travers l’Europe. La tête haute, nous vous répondrons que de toute façon le vieux propriétaire surveillait l’entrée de son logement, empêchant Lucas de rejoindre ses collègues dans leur demeure. Ne voulant pas forcément dormir dans la rue avec Bilou et le vieux Michou, il se décida à prendre un lit dans une auberge de jeunesse, ce qui s’avéra être la meilleure décision de la soirée. En effet, qui dit auberge de jeunesse dit forcément fête à gogo, et qui dit fête à gogo dit Villégiateurs épanouis et satisfait, qui plus est quand la propriétaire de l’établissement rinça à ses frais l’alcoolisation (modérée) des trois compères.

 On est sobres

Le lendemain matin, la mine grise et l’haleine suffisamment chargée de vapeur d’alcool pour assommer un bœuf, nous retournâmes au fourgon afin de découvrir joyeusement que le pneu arrière droit était crevé.

« - Il est où ton pneu de rechange Lucas ?

- Je sais pas.

- Comment ça tu sais pas ? »

En cherchant l’origine de la crevaison en rampant sous le camion, nous fîmes deux découvertes : tout d’abord, un magnifique clou avait décidé de se blottir gentiment dans le pneu de Monsieur, et surprise, ce dernier était finalement doté d’une roue de rechange planquée discrètement sous son châssis. Après une bonne tranche de rire, nous partîmes en deux temps trois mouvements au garagiste réparer le pneu crevé, puis déposer l’ami Sebish à l’aéroport après de longs adieux déchirants. Ce jour-là, une page de notre voyage s’est tournée. Les Villégiateurs avaient perdu un tiers de leurs membres, et plus de la moitié de leurs matières grises.

Quelle surprise 

Nous souhaitons ainsi à notre valeureux guerrier Sébastien plein de courage pour sa recherche de travail au Canada et tout le bonheur pour sa future vie dans ce pays, en espérant qu’il puisse y rester suffisamment longtemps pour que nous puissions squatter chez lui un de ces jours.

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Afin de changer d’air et éviter tout souvenir douloureux pouvant leur rappeler la perte d’un être cher, les deux survivants Raph et Lucas, décidèrent de traverser la frontière pour aller au Monténégro, pays suivant de leur périple.


Aaaah le Monténégro. Je suis sûr que la majorité d’entre vous n’en avait jamais entendu parler. C’est normal, il est tout riquiqui et situé en plein cœur des Balkans. Cependant, nous nous attendions à être plutôt dépaysés, et ce ne fut pas vraiment le cas. La monnaie courante est l’Euro, alors qu’ils ne font pas partie de l’Union Européenne, l’architecture globale des villes est similaire à la Croatie, au même titre que la langue qui est toujours aussi incompréhensible et chargée en consonne.


La première étape dans ce pays fut les bouches de Kotor, région la plus prospère et la plus touristique du pays, notamment grâce à sa particularité géographique : une immense baie en forme de T entourée de falaises et de montagnes.

Qué lindo, hein ?

Lors de nos premières courses, que ne fut pas notre surprise quand arrivés dans le rayon boucherie, nous sommes tombés sur des énormes morceaux de bœuf à des prix dérisoires. Après un bref accord tacite réalisé à travers un subtil échange de regard, nous avons littéralement chié sur nos résolutions éphémères de diminution de notre consommation de viande. Après être sorti avec un demi-kilo de viande rouge, un demi-kilo de viande blanche et quelques légumes (histoire de nous voiler la face), nous avons fêté notre entrée dans le pays en faisant une énorme plancha au bord de l’eau.


Ensuite, nous avons visité Kotor (la ville, pas le lac), dont la vieille ville a la particularité d’être entourée par de grandes murailles montant très haut en altitude à flanc de falaise, jusqu’à un fort surplombant la ville et sa baie. Le lendemain, nous avons effectué une petite randonnée mignonne sur les montagnes faisant face à la ville, offrant un panorama à 360° sur la région. La randonnée s’est clôturée par l’exploration d’un très gros fort abandonné datant de la première guerre mondiale. Mention spéciale aux araignées cachées sous le plafond qui obligea Lucas à ramper à même le sol.

 Visites culturelles (pour une fois)
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Pour quitter le coin, nous avons décidé de prendre la route la plus dure, c’est-à-dire celle aux 40 virages en épingle qui permet d’accéder à une des plus grande montagne du pays. Tous les deux concentrés, nous avons lentement, mais sûrement monté les 1500 mètres de dénivelé qui nous séparaient du fameux Mausolée installé au sommet du pic. Le panorama là-haut était grandiose : une vue impressionnante sur tout le pays.

Les photos ne rendent malheureusement pas justice au paysage 
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Nous sommes ensuite redescendus de l’autre côté du massif pour visiter Budva, deuxième ville la plus touristique du pays. L’occasion pour nous d’arpenter les petites ruelles typiques de la vieille ville, de se promener sur les longues plages du coin, et de donner généreusement un peu d’argent aux bars du coin. Car oui, les Villégiateurs sont tout d’abord dans le social et sont heureux d’aider les pauvres petits commerçants monténégrins touchés de plein fouet par la crise économique actuelle.

 Dernier moment sur la côte avant un moment ...
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Nous sommes ensuite allés au sud du pays, au bord du très grand lac Skadar. Nous pensions seulement y passer une demi-journée avant d’atteindre directement la capitale du pays, mais c’était sans compter l’intervention de Francisco, qui à l’aide d’un français douteux et après nous avoir offert une bière chacun, nous a gentiment persuadé de prendre une excursion à 40€ pour 2h de bateau à travers les eaux du lac. Et étant lancés dans notre élan de générosité humanitaire, nous avons même dépensé quelques euros dans un camping très typique du Monténégro, avec la compagnie de Marguerite la vache, décidée à bousculer le fourgon pendant la nuit en broutant les quelques précieux brins d’herbes cachés sous les roues du véhicule.

Merci au camping de nous avoir laissé séché notre linge 

Le lendemain, après être passés par une foule d’intermédiaires monténégrins pour nous faire embarquer sur le bateau, nous avons donc profité d’une très belle excursion à travers l’immense lac aux eaux scintillantes. Cet endroit est normalement considéré comme un paradis pour les ornithologues, mais étant donné qu’on en a rien à carrer de ces saletés de piaf, nous avons juste apprécié de se relaxer devant la vue très calme du lac.

 Un peu de douceur dans ce monde de brute
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Escale rapide ensuite à Podgorica, capitale du Monténégro. Au programme pas grand-chose, si ce n’est un rapide détour dans un garagiste afin d’effectuer la vidange de Monsieur, après avoir roulé la magnifique distance de 7000km depuis notre départ ! En soit, la ville n’a pas d’intérêts particuliers, et étant plus attirés par l’émerveillement que procure la vue d’un splendide panorama, nous sommes partis à toute allure en direction du parc naturel des Dormitor, au nord du pays. Nous avons cependant appris ce soir-là que certaines villes du pays allaient être confinées le soir même à cause du coronavirus. Raison de plus de s’exiler dans la campagne afin de ne pas être embêtés par la maréchaussée.

Nous faisons cependant une escale au très connu monastère d’Ostrog, grand lieu saint de la religion orthodoxe du Monténégro. L’occasion pour nous de monter en haut de la fameuse église troglodyte et de rencontrer le temps de quelques secondes d’authentiques moines orthodoxes à la barbe touffue.

Amen 
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Arrivés dans les montagnes, nous nous rendons rapidement compte que la température a légèrement baissé. Ayant perdu 20 degrés en une heure et demi de trajet, nous prîmes l’habitude de nous réchauffer les mains en soufflant dessus et de dormir entièrement habillés dans nos pauvres duvets.

Au programme du séjour : deux ballades effectuées le même jour, et trois grosses randonnées (c’est un euphémisme vous allez voir) les trois jours suivant.

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D’abord, ballade dans une forêt au bord du gigantesque canyon de Tara, véritable plaie béante dans le paysage déjà montagneux de la région. Ce que nous avons retenu de la marche n’est pas la vue, mais la rencontre particulière de Bilou le Bienheureux. Un petit chien tout joyeux et tout gentil nous a accompagné durant toute la marche, alternant entre guide improvisé à travers la forêt et demandeur de grosses grattouilles dans le dos. Les deux Villégiateurs étant très sentimentaux, ce fut un véritable déchirement de le voir partir à regret rentrer chez son maître, étant donné que les deux naïfs s’étaient déjà préparés à l’idée d’accueillir un troisième membre au sein du fourgon afin de remplacer Sebish.

Bilou nous manque énormément 
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Deuxième partie de la journée autour du lac noir, très joli point d’eau entouré par les montagnes environnants, avant de rentrer à la nuit tombée, c’est-à-dire à 16h30. Car à partir de cette heure-là, le soleil se cache derrière l’horizon, et les températures déjà fraîches deviennent glacées, mettant même en péril la santé déjà fragile des deux bretons en train de claquer des dents. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour nous de nous rendre compte que le coronavirus nous affectait aussi : à cause du « confinement », pas de bar ou de restaurants ouverts pour réchauffer les mains gelées des deux frileux, ce qui n’empêchait pas les locaux de discutailler en nombre dans le centre de la ville.

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La journée suivante fut dédiée à la visite d’une grotte cachée à l’abri d’un des monts, qui a la particularité d’être rempli de sécrétions glacées, telles des grosses stalagmites et d’énormes plaques de glace propices aux chutes. Bien évidemment, nos Villégiateurs au pied sûr arriveront sans aucun mal à descendre au fond de la grotte en faisant du rappel improvisé, et se prendront même pour des aventuriers des temps modernes pendant quelques minutes.

 Appelez nous Indiana Jones
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La deuxième randonnée fut plus sérieuse : l’ascension du sommet le plus haut du coin, le dénommé « Bobotov Kuk » ! Arrivés au pied de la montagne et ayant encore 400m de dénivelé à franchir, nous avons vite compris que la randonnée n’allait pas être de la tarte. Cependant, Raphaël devant et Lucas traînant non loin derrière arriveront sans encombre au sommet, après une fin de randonnée que Raphaël désignerait comme « aérienne » et Lucas comme « risquée ». Malgré les quelques sueurs froides, le panorama était effectivement au rendez-vous. On vous laisse juger avec les photos prises au sommet.

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La dernière randonnée était l’occasion pour nous de finir notre séjour dans le parc naturel en beauté. Et ce fut en effet le cas. Au programme : ascension « rapide » d’un des monts, puis « course de crête » à travers les sommets voisins jusqu’à « descendre » par l’autre versant. Nous avons décidé de mettre ces trois termes entre guillemets, car le ressenti perçu par nous deux fut légèrement différent. Nous vous expliquons.


Alors, pourquoi ascension « rapide » ? Arrivés au pied de la montagne, nous comprenons rapidement que la montée n’allait pas être des plus aisées (groos euphémisme). « Seulement » 300 mètres de dénivelé en 500m horizontaux d’après le GPS. Si vous êtes pas trop dégueux en calculs mentaux, on arrive à une pente moyenne de 60 %. Tiens, 60 % ça commence à faire, non ? Oui, en effet. Imaginez devoir monter 60cm tous les 1m, et cela sur 500m. En résumé, cette portion de la randonnée se rapprochait plus de l’escalade que de la marche, avec certains endroits « tranquilles » avec une pente seulement de 50 %, et d’autres endroits proches des 70-80 %, c’est-à-dire presque à la verticale, et cela avec un vide de 250m sous nos fesses.


On va pas vous faire de dessins, mais sachez juste que tout s’est finalement bien passé pour nous deux : imaginez juste deux pauvres français en train de lutter pour leur propre survie, grignotant centimètres par centimètres une falaise abrupte indiquée comme « randonnée » sur internet, le cœur battant à tout rompre dans leurs oreilles, et les molécules d’adrénaline présentes dans chaque parcelle de leurs corps. Nous n’avons évidemment pas pris de photo de ce moment particulièrement décisif de notre vie, mais nous pouvons cependant vous proposer une photo du parcours d’alpinisme réalisé que nous avons trouvé sur internet. La seule différence est qu’il ne neigeait pas. Encore heureux.

Oui oui oui 

Arrivés au sommet, les deux survivants s’étaleront dans l’herbe sans échanger un mot pendant de longues minutes, avant d’être rejoint par un couple de français tous frais comme des gardons, qui eux, ont effectué l’ascension du côté tranquille. « Je pense que vous avez fait le plus dur, maintenant il ne reste plus que la course de crête ».


Alors, qu’est-ce qu’une course de crête nous demanderiez-vous ? Cela correspond à une randonnée sur la crête d’une montagne, c’est-à-dire avec la présence d’un énorme précipice des deux côtés de la marche. Heureusement pour nous, des cordes en métal étaient installées à des endroits « stratégiques » (risqués, voire impossibles selon certains), afin de pouvoir « tranquillement » traverser la crête nous séparant de la fin de la randonnée. Les deux autres français s’avérant finalement des professionnels chevronnés de la randonnée, nous les avons laissés partir devant. Tandis que nous traversions certaines parties de la crête sur les fesses, les deux autres sautillaient avec aisance de rocher en rocher malgré le vide intersidéral des deux côtés.


Après les avoir rattrapés et dépassés pendant leur pause repas à la fin de la partie « la plus dure », nous avons entamé la descente qui s’avérait être une prolongation tout à fait fidèle de la « course de crête », c’est-à-dire de magnifiques points de vue sur un énorme précipice à 10cm de nos chaussures. Après 45 minutes de descente en enfer et après s’être encore une fois fait dépassés par le même couple de randonneurs, nous finirons enfin la randonnée sur le plancher des vaches, à l’abri d’une chute qui aurait pu avoir raison de l’intégrité physique de nos deux sportifs de l’extrême.


Arrivés en bas et après débriefing, l’un des deux Villégiateurs qualifiera la randonnée comme « challengante », « sportive » et « inoubliable », tandis que l’autre la désignerait plus comme « suicidaire », « mortelle » ou « insensée ».


La soirée s’est donc terminée par un joli apéro ayant eu lieu au sein de Monsieur Fourgon avec les deux « français-bouquetins » rencontrés sur le chemin, nous permettant de nous détendre un peu après ce « petit » moment de stress.

 C'est plus vertigineux que sur les photos en vrai
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Nous quitterons donc dignement le Monténégro après l’avoir visité de large et en travers, ce qui n’est pas difficile au vu de sa superficie à peine plus grande que celle de l’Île de France.


Du Monténégro, nous retiendrons :

- la culture à mi-chemin entre slave et européenne

- les jolies plages dans la continuité de celles de Croatie

- les gros précipices

- les canettes et les clopes encore moins chères que la Croatie


Direction donc l’Albanie. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous avons déjà beaucoup avancé dans ce pays, et il y a énormément de chose à dire comme vous allez voir dans le prochain article. Le programme pour les mois à venir est aussi flou que notre avenir professionnel : après l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Bulgarie et la Roumanie, c’est-à-dire les derniers pays qui ne sont pas encore confinés. Ensuite, nous verrons bien où le vent nous portera.


Sur ce, bande de boloss, en espérant que notre récit vous aura fait voyagé un peu, nous vous souhaitons bien du courage pour cette fin de confinement.


La bise mouillée sur le front.


Les Villégiateurs (enfin, ce qu’il en reste).

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Publié le 14 décembre 2020

OK, cet article a au moins deux trois semaines de retard. Et alors ? C’est nous qui décidons. Et puis on est gens occupés, et surtout toujours prêts à repousser nos responsabilités le plus longtemps possible (comme la recherche de travail par exemple). Bref, bonne lecture !

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Wesh bande de confinés, ça se passe toujours bien chez vous ? J’espère que vous vivez bien le confinement, à priori il n’en reste pas pour très longtemps alors on vous envoie plein de bisous de courage depuis l’Albanie !


« L’Albanie ? Ça existe ? Qu’est-ce que vous foutez là-bas? C’est pas craignos ? ». Tout va magnifiquement pour le mieux ici, ne vous inquiétez pas pour nous. Avant de vous narrer nos aventures, nous allons d’abord faire une grosse description du pays parce qu’il y a beaucoup de chose à dire ici. Et en plus, nous sommes sûrs que vous n’êtes pas qu’une bande d’occidentaux ethnocentrés confortés dans votre routine rassurante, mais surtout des êtres humains avides d’étancher leur curiosité insatiable du monde à travers des récits de découverte culturelle (qui sont très bien écrit soit dit en passant).

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Avant toute chose : la religion. L’Albanie est un pays majoritairement musulman avec cependant une grande présence chrétienne au Sud et au Nord du pays. « Mais du coup, c’est pas le bordel entre eux ? Ils s’entretuent pas ? ». Que dalle, et voici pourquoi : le pays a vécu sous un régime communiste très autoritaire (Corée du Nord grosso modo) qui prône entre autre la laïcité à outrance. Les habitants ont ainsi vu durant 45 ans leurs mosquées et églises détruites au fur et à mesure, et ont dû caché leurs pratiques de leur foi aux yeux du gouvernement. De ce fait, aujourd’hui, les musulmans ne portent pas de voile, les chrétiens pas de croix, et tous pratiquent leur religion exclusivement dans leur cercle privé sans embêter les voisins. Voici pourquoi il y a une telle harmonie dans le pays d’un point de vue religieux.


Quand on se promène dans les villes albanaises, on a l’impression d’être sur un autre continent : les rues sont ultra vivantes, avec des échoppes de fortune sur les trottoirs et des hommes qui fument en buvant leur quinzième café de la journée à l’extérieur ou même à l’intérieur des millions de bars présents en Albanie. Ça parle fort, ça rigole, ça joue aux échecs dans le parc, pleins d’animaux traversent les rues, la vie grouille dans tous les sens. Bref, on est enfin arrivé dans un pays où le dépaysement est total, et les Villégiateurs se délectent des moments de vie captés sur le vif à chaque coin de rue.


D’un point de vue conduite, c’est un peu plus compliqué car c’est la loi du plus fort qui règne. Étant pourvus d’un magnifique Fiat Ducato qui en impose de par sa taille et sa prestance, nous avons vite pris le pas en forçant le passage sur les ronds points ou dans les carrefour. Et ce qui est curieux, c’est que personne ne va s’énerver en face tellement il y a d’harmonie dans le chaos. « OK, tu m’as coupé la route, mais c’est pas grave vu que je viens de le faire il y a trente secondes à peine ».


Une dernière chose à mentionner vis à vis du pays est la présence de la mafia dans les quatre coins de l’Albanie. Nous avons pris soin de surnommer ces organisations sous le doux quolibet de « Famille », dans l’optique de ne pas finir égorgés dans une ruelle sombre à force de les mentionner à outrance quand on discute en marchant. Ainsi, la Famille est aisément reconnaissable dans les bars ou cafés, vu qu’ils sont apprêtés comme des rois, avec leurs chemises repassées et leurs lunettes de soleil Ray-Ban. Mais le plus flagrant est sur la route : il arrive fréquemment de croiser un énorme Hummer aux vitres teintées au milieu des vieux tacots pris dans les bouchons. La différence du niveau de vie est tellement énorme qu’elle en est absurde.


Maintenant l’environnement introduit, commençons sérieusement cet article.

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Juste au moment de passer la frontière, nous entendons un bruit inédit venant du moteur de Monsieur Fourgon. Une sorte de claquement régulier qui s’accélère au même rythme que le moteur. Les Villégiateurs appréciant voyager l’esprit serein, ils augmenteront de façon notable le volume de la musique pour le reste du périple. Problème résolu avec succès. Auto-congratulation des deux compères.


Nous déboulons donc du Monténégro par le lac Skadar, avec pour première étape la ville de Shkoder. Pour nous, ce fut surtout l’occasion de nous imprégner une bonne fois pour toute de la culture albanaise en nous promenant tranquillement dans les rues, et en visitant pour la première fois depuis longtemps les bars. Nous sommes d’autant plus heureux car plus nous avançons dans notre périple, moins les clopes et les bières sont chères. Malgré une hygiène de vie très contestable, les deux Villégiateurs sont épanouis.


La seule particularité de la ville résidait dans le château vénitien qui surplombait la ville, que nous avons apprécié arpenter de long et en large malgré le fait qu’il ne restait plus grand-chose depuis longtemps. Nous avons aussi fait la rencontre de Dave, américain exilé de sa patrie voyageant seul, que nous aurons le plaisir de recroiser après.

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Petite escale ensuite à Dürres, deuxième plus grande ville d’Albanie, qui après vérifications par nos soins, n’a effectivement rien de spécial, si ce n’est deux trois morceaux de ruine difficiles à trouver.

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Direction ensuite Tirana, grande capitale du pays, où après avoir joué du pare-choc pour se faire une place dans les immenses bouchons. Nous trouverons une place pas très loin du centre pour visiter la ville. La plupart des gens qui sont passés par là indiquaient que la ville ne valait pas spécialement le coup, mais nous avons vraiment apprécié notre petit séjour. Le premier jour, nous avons marché parmi les monuments restants de l’ère communiste et de l’occupation par l’Italie fasciste, avec une halte forcée dans le quartier festif, histoire d’observer la populace locale au plus près.

Le lendemain, après une quinzaine de minute de téléphérique en direction du parc naturel voisin, petite ascension du sommet offrant une vue panoramique sur la ville, puis une fois redescendus, visite du musée Bunk’Art. Ce dernier n’est rien d’autre que le plus grand bunker du pays construit pendant la dictature communiste. En effet, pendant son règne, Hoxha (le nom du petit despote albanais) a été pris d’une fièvre paranoïaque vis-à-vis des occidentaux, et a donc construit environ 168 000 bunker à travers le pays. Certains, comme celui que nous avons visité, suffisamment gigantesques pour abriter une garnison entière, d’autres, plus modestes, utilisés comme poste de tir couvert pour mitrailler les méchants capitalistes qui oseraient s’aventurer sur leurs terres.

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Les jours suivants, lassés que nous sommes des grandes métropoles grouillantes d’activités, nous décidons de partir vers le Sud en longeant la côte, là où la nature est reine et le climat agréable. Sachez juste qu’avant de partir vers le Sud, nous espérions visiter un parc naturel au Nord-Est du pays ainsi qu’un lac sur le chemin, sauf qu’il y a un gros problème : les routes sont merdiques, et même si Monsieur est polyvalent et extrêmement sexy, il est dans l’incapacité de nous amener à notre destination. De ce fait, nous barrons ces deux étapes de notre To Do List. Liste qui par ailleurs est constamment peu pourvue étant donné que nous prévoyons notre voyage la veille pour le lendemain, voire à l’heure du café du matin pour dans une heure.

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Bref, escale ensuite aux ruines grecques (ou romaines on sait plus) d’Apollinia. Nous commençons à avoir l’habitude des villages cassés, avec leurs ruines et leurs panneaux d’explication imbuvable en anglais. Ne voyant personne à l’entrée pour encaisser nos petro-dollars d’ingénieurs libéralistes, nous fonçons à l’intérieur du site avant de croiser la route de l’ami Didier, jardinier en chef du coin, qui nous encaissa personnellement avec un plaisir non dissimulé, notre flouz finissant discrètement au fond de la poche de son pantalon.

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Nous installons ensuite notre bivouac pour la nuit au bord d’une lagune, non loin d’une très jolie île occupée par un monastère que nous visiterons le lendemain. Mais lorsque Lucas, dévoré par ses pulsions habituelles de nicotines, décida d’aller dehors afin de s’en griller une, que ne fut pas sa surprise quand il tomba nez à nez sur des centaines de moustiques attendant patiemment contre la porte coulissante de Monsieur. A l’intérieur, Raph souhaita à contre-coeur la bienvenue à environ 150 autres moustiques, spécifiquement regroupés autour des lumières du plafond. « Gros c’est chaud, on aura plus de sang d’ici demain matin ». Mais étant avant tout des ingénieurs de profession, nous prîmes la décision de nous garer à côté d’un lampadaire plus loin dans les terres, d’ouvrir les portes, et d’attendre que la nuée d’insecte s’en aille avec le temps. Chanceux que nous sommes, il y avait comme par hasard un bar juste à côté, où nous pourrions attendre patiemment autour d’une bonne binouze.


Le lendemain, comme prévu, nous visitons l’île en prenant soin de nous imbiber de lotion anti-moustique, et ramenons en auto-stop par la même occasion Dave, l’américain croisé quelques jours plus tôt.

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Nous partons ensuite à Llogara, un petit parc naturel dans les montagnes où nous fîmes deux randonnées. La première, sympatoche, nous a permis de marcher sur les montagnes surplombant la mer avec pleins de nuages défilant à toute vitesse autour de nous à cause du vent particulièrement fort ce jour-ci.

La deuxième, plus sportive, prévoyait une ascension abrupte de 1000m de dénivelés en 3,3km. Mais probablement parce que nous nous sommes forgés des guibolles en métal renforcé, ce fut presque considéré comme une ballade de santé. Cependant, l’arrivée fut décevante car les nuages encore plus présents ce jour-là nous empêchèrent de voir à plus de 10m de distance, alors que nous étions sur le plus haut sommet de la région.

Tant pis, nous ravalons notre frustration, et partons en parapente le lendemain. Oui, vous avez bien lu. Nous avons payé une agence pour faire un petit tour parmi les nuages. Raphaël, partit le premier, profita d’un vol tout en douceur, avec un atterrissage réussi avec brio par le professionnel venu nous accompagné en tandem. Lucas, habitué à tomber systématiquement sur le mauvais cheval, profita d’un décollage extrêmement rapide avec le sol déroulant à toute berzingue à quelques centimètres sous ses pieds. L’atterrissage fut encore plus sportif car il consista en un simple « splash » à toute berzingue dans la plage, les jambes par-dessus la tête et du sable plein la bouche. Malgré tout, l’expérience fut exceptionnelle pour les deux : la sensation de voler à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol permis aux deux Villégiateurs de se sentir supérieur aux autres durant une petite quinzaine de minutes.

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Continuons ensuite notre direction vers le Sud avec une étape à Sarandë, ville la plus australe du pays, où nous louâmes un appartement pour une nuit afin de prendre une grosse douche et de faire une lessive bien méritée. Cela faisait déjà quelques jours déjà que notre propre odeur corporelle devenait particulièrement forte, au point même de nous incommoder personnellement.


Nous profitons le lendemain de notre dernier jour au bord de la mer Méditerranée, avec un bivouac au bord de l’eau, après avoir risqué la vie de Monsieur en atteignant un parking accessible via une piste (trop) pentue.

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Le lendemain, étape à un autre site archéologique de renommée mondiale, où nous fîmes une halte de 10 minutes maximum. Le temps de nous rendre compte que le prix (6€) était au-delà de nos moyens, surtout pour voir d’autres maisons cassées. A partir de ce moment-là, nous quittons le climat doux et sec de la côte pour partir vers les terres, notamment pour rejoindre le très fameux Blue Lagoon, site géologique très fascinant. Il consiste en un cratère au fond d’une rivière dont la profondeur n’a jamais été estimée tant il est profond et tant le débit d’eau sortant empêche d’y plonger.

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Nous continuons notre route vers l’Est, puis le Nord, pour rejoindre des bassins thermales présents sur notre route. Petite mention au village homonyme qui ne se situe pas bien loin mais qui est très difficile d’accès tant la route est digne du moyen-âge, et qui aura occupé les Villégiateurs une bonne heure durant, avant qu’ils ne se rendent compte qu’ils étaient sur la mauvaise piste. Cette escale fut aussi l’occasion de faire une petite randonnée bien sympathique à travers le paysage sec et montagneux du coin, et ainsi traverser des petits villages typiques albanais d’un autre temps dont les habitants d’un âge avancé furent très surpris de nous voir débarquer.

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Grosse étape ensuite à Bérat, où le premier jour fut dédié à la visite de la ville et de son château fort délabré surplombant la ville, ainsi que d’un passage à l’office de tourisme afin de savoir si la montagne d’à côté était accessible. Tomorr, le sommet en question, est un lieu de pèlerinage pour les musulmans du pays. Cependant, pour accéder au point de base de la randonnée, nous devrions traverser une vingtaine de kilomètres de piste à travers les monts environnants. A l’office de tourisme, notre interlocuteur, après moult hésitations, nous a assuré très confiant que « Oui, c’est faisable avec votre véhicule, mais prenez votre temps quand même. »

Étant donné que nous tenons quand même particulièrement à notre maison roulante, nous avons exploré les débuts de la piste à pied, pour nous rendre compte que « Oui, c’est faisable avec notre véhicule si on prend notre temps, mais qu’on a quand même 50 % de chance de le tuer sur la route ». Objectif donc du surlendemain (la météo étant plus clémente) : monter une partie de la piste en auto-stop avant de finir à pied et atteindre le sommet, puis demi-tour rapide car il fait environ -10 degrés une fois la nuit tombée.


En attendant cette ascension, nous prenons la décision d’atteindre une cascade à côté. Nous ferons la rencontre de Bilou la Persévérante, chienne très affectueuse qui nous aura cependant peu charmé aux premiers abords. Après avoir vu qu’elle avait la patte droite ouverte et qu’elle adorait se rouler dans des cacas d’humains frais de la veille, nous avons été un peu réticent à lui accorder notre amour et à la caresser. Cependant, au fil de la randonnée, un lien s’est progressivement crée. Elle nous a suivi sur les pitons rocheux difficiles d’accès surplombants la vallée, et a même joué le rôle de diplomate avec un énorme molosse qui voulait nous engloutir vivant. Une fois de plus, la séparation fut difficile, sachant qu’elle n’avait à priori aucun autre maître que les deux Villégiateurs rencontrés le matin même, et qu’une fois lavée et soignée, elle aurait fait une parfaite compagnon pour le reste de notre voyage.

Une fois les larmes séchées, nous partons le lendemain pour Tomorr, le pouce en l’air et le visage candide en espérant monter dans l’une des très rares voitures qui montent là-haut. Cependant, contre toute attente, nous fûmes pris au bout d’une dizaine de minutes par deux gaillards, dont le plus jeune fut très désireux de perfectionner son niveau d’anglais. Après s’être cognés contre tous les coins du pick-up, les Villégiateurs et leurs visages tuméfiés arriveront à bon port au départ de la randonnée, et atteindront le sommet avec aisance. L’ascension fut cependant un peu décevante à cause de la piste présentant peu d’intérêt, le froid et le vent qui furent omniprésents au sommet, et l’odeur des organes de montons sacrifiés en décomposition qui embaumait les Villégiateurs pendant l’heure du casse-croûte. C’est pas grave, nous sommes habitués avec l’odeur de nos pieds.

Au retour, la chance nous sourit une seconde fois : nous croisons la route d’un pick-up qui assure descendre d’ici cinq minutes. Après 1h15 d’attente dans le froid, nous commençâmes la descente et nous retrouvons donc dans la même situation où les deux aventuriers doivent s’agripper à tout ce qui est possible pour ne pas se taper une commotion cérébrale.

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Cette petite escapade en milieu sauvage fut notre dernière véritable escale en Albanie avant notre passage en Macédoine du Nord. Après une dizaine de degrés de température perdus et une autre fouille complète du véhicule (décidément), nous changeons de pays et laissons derrière nous tous les petits détails qui rendirent ce pays si attachant.


En espérant que ce petit article vous aura plus, nous vous souhaitons une excellente journée !


Gros bisous baveux partout.


Les Villégiateurs (qui ont froid maintenant).