Le canal des Pangalanes est un canal de l'est de Madagascar construit au xxe siècle. Long de près de 700 kilomètres, il relie Farafangana à Toamasina, ville portuaire constituant son débouché. Sous l'ère coloniale, le général français Joseph Gallieni lança le projet d'un canal longeant la côte est pour exercer un meilleur contrôle administratif et militaire sur la région. Les travaux débutèrent en 1896, pour créer une voie navigable de 665 km entre les lacs, les lagunes et les rivières, de Foulpointe à Farafangana. Pour ce faire, Gallieni s'appuya sur le régime de l'indigénat, qui contraint au travail les populations locales. Trois cents personnes creusèrent sans relâche le canal dans de terribles conditions. Il sera achevé en huit ans, en 19041.
Sa construction permettait de pallier les problèmes de navigation fréquemment rencontrés par la marine marchande et militaire sur la côte est de l’île de Madagascar : le cabotage y était en effet très dangereux à cause de la présence de récifs, de courants importants et de hautes vagues formées par la rencontre de l’Océan Indien et du continent africain. À cet endroit, épaves et requins se comptent en grand nombre, rendant dangereuse la baignade le long de la côte sud-est, baptisée « la côte des cyclones ».
À travers les marécages sinueux, le canal offrit une voie de transport rapide pour les marchandises ce qui entraîna l’installation de nombreux villages sur ses rives. Après l’époque coloniale, son entretien ne fut pas poursuivi et le canal, creusé dans le sable, s’effondrait régulièrement. La voie d’eau s’est alors rapidement retrouvée envahie par de larges nénuphars, des jacinthes d’eau, couvrant en partie sa surface et rendant laborieuse l’avancée des embarcations. Il sombra pendant 20 ans dans l’oubli, ses ponts et voies ferrées furent laissés à l’abandon.
Ce matin, je pars en pirogue avec Jean-Marie, mon guide, et son équipage pour visiter le canal de Pangalane et ses villageois. Le beau temps est au rendez-vous. Nous nous arrêtons dans 2 villages de pêcheurs. Les habitations sont sommaires, construites de planche de bois et/ou de branche d'arbre du voyageur. Les villageois sont présents mais distants. Les enfants aiment voir les Vazas et adorent se faire photographier.
Les bordures du canal sont encore plus sauvages et magnifiques. Je suis troublée par le manque d'animaux. Après un déjeuner à l'ombre d'un arbre sur la plage, nous continuons notre navigation dans des canaux plus étroits et un paysage encore vierge. Il y a beaucoup d'arbres du voyageur. Pourquoi ce nom? Une histoire raconte qu'une famille de voyageur se retrouva dépourvue d'eau. Le fils quasiment mort de soif, à planter son couteau dans la tige d'un de ces arbres et l'eau a jailli. Depuis il est nommé "Arbre du voyageur" J'ai tenté l'expérience et effectivement beaucoup d'eau en sorte.
Au bout de 26 km, nous atteignons une embouchure où se trouve un village de pêcheurs. C'est ici que je vais passer la nuit. La nuit tombe et les familles se rapprochent de la mer. Elles attendent le retour de leurs hommes partis en mer pêcher. Il fait presque nuit, les familles s'inquiètent, lorsque l'on aperçoit les 4 hommes dans leur pirogue revenir. Une forte odeur de poisson se dégage. A l'intérieur de la pirogue, il y a de nombreux poissons dont de petits requins...
La nuit tombée, en attendant le dîner, les enfants du village se réunissent autour de moi pour chanter, mimer et danser.