Madagascar, l'île rouge entre Tananarivo et Tuléar

V
Par
A la découverte de la Nationale 7 durant un mois, en mode sac à dos. Une expérience exceptionnelle en solitaire.
Du 13 mai au 11 juin 2010
30 jours
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Après 9h45 de vol, notre avion atterrit à Nosy Be, une île au Nord-Ouest de Madagascar. L’atterrissage fut violent et a causé la rupture du frein arrière. Les passagers à destination de Nosy Be sont débarqués alors que ceux à destination de la capitale, sont confinés à l'intérieur de l'avion.

Déjà la chaleur se fait ressentir par la porte ouverte. Il fait 27 degrés à 9h du matin. Après 4h30 sur le tarmac, nous embarquons les voyageurs en partance pour la France et Antananarivo, la capitale Malgache. Cette attente permet de faire connaissance avec d'autres passagers. Notamment avec un monsieur, qui doit se rendre à Antsirabe en taxi pour rejoindre une association. Il me propose gentiment de me déposer à Ambatolampy où je dois passer ma 1ère nuit à l'hôtel Pineta. J'avoue que cela me soulage de ne pas à avoir à trouver le terminal de taxi brousse pour m'y rendre.

En sortant de Antanarivo, je découvre les premières rizières, les premiers paysages malgaches.

Sortie de Tananarivo sur le RN7 

Il faut environ 2h pour atteindre ma destination. L'hôtel est tenu par des Français qui vivent depuis 10 ans à Madagascar.

Hôtel Pineta 
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7h30 : Réveil matinal. Etant arrivée de nuit la veille, c'est en ouvrant les volets ce matin que je découvre Ambatolampy. Après un petit déjeuner à la française, c'est en compagnie du patron de l'hôtel que je pars découvrir le marché et les locaux. Les "Vazas" fusent dans tous les sens. C'est le nom donné aux blancs ici.

Ambatolampy 

Je pars ensuite pour une balade à travers les rizières. Sur les hauts plateaux, la culture du riz est très présente.

Séchage du riz 
Rizières 

Ambatolampy est connue pour être la capitale de la marmite. La totalité des marmites du pays se fabriquent ici. La ville est également connue pour la fabrication artisanale d’outils, d’ustensiles et d’objets d’art en aluminium. Leur technique artisanale est loin des normes de sécurité française.

Fabrication de marmites 

En fin de journée, je prends le temps de discuter avec les propriétaires de l'hôtel. Ils m'expliquent donner parfois des cours de soutien de français aux enfants de la commune.

Ambatolampy 
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Ce matin, le patron de l'hôtel m'accompagne jusqu'au taxi-brousse direction Antsirabe. Il négocie pour moi le tarif. C'est parti pour 2h30 sur la RN7. Ici quand il n'y a plus de place, il y en a encore.!!!! Les gens montent et descendent au gré des 97 km qui me séparent d'Antsirabe.

Arrivée à Antsirabe, je m'installe "Chez Billy", un hôtel connu par les routards et tenu par une Malgache. La chambre est correcte mais les sanitaires laissent à désirer.

Antsirabe est surnommée la Vichy malgache à cause des nombreuses sources d'eau thermale ou minérale encore exploitées aujourd'hui. La ville a été fondée par le missionnaire norvégien T.G. Rosaas en 1872 en tant que station de montagne, pour servir de centre de retraite, en raison du climat beaucoup plus frais. Les thermes ont été ouverts en 1917. Les sources d'eau thermale et leurs vertus ont été découvertes selon certains par deux missionnaires norvégiens, selon d'autres par le capitaine Roland Cadet en 1900, y ont attiré des personnages illustres. Les souverains eux-mêmes venaient y soigner leurs rhumatismes. Mohammed V et sa famille, dont son fils, le futur roi Hassan II du Maroc, y furent exilés en 1953.

les termes 

La ville est aussi connue pour ses nombreux pousses-pousses.

Pousse-pousse 

C'est au bord de l'un d'entre eux que je pars visiter les ateliers. Je commence par un atelier qui travaille la corne de zébu. Les cornes sont achetées à l'abattoir pour être transformées en bijoux, ustensiles ou autres petits objets. Une fois chauffée, il est plus facile de donner une forme à la corne. Une fois polie, l'objet brille.

Atelier de corne de zébu 

Le deuxième atelier est celui de la soie. Les employés ne travaillent pas le samedi mais la propriétaire me permet de visiter l'atelier et m'explique la manière dont elle travaille la soie. Elle achète aux producteurs locaux des cocons de culture ou naturels. Elle fait bouillir les cocons de culturel pour en récupérer les fils tandis que les cocons naturels sont cuits à feu doux pendant 3 jours pour en obtenir une pelote qui sera ensuite filée. Ce fil de soie est utilisé pour la fabrication de vêtement sur des métiers à tisser.

Je termine mon petit tour de ville par le marché d'Asabotsy. L'affluence m'impressionne.

Obélisque, cathédrale et mosquée
coutures et gare d'Antsirabe 

De retour à l'hôtel, je fais connaissance d'un routard qui me parle de la balade en vélo vers les lacs de la région qu'il a faite. Visiblement l'ascension est difficile. Vais-je tenter l'ascension demain?

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La ville est située près des lacs Andraikiba et Tritriva, d'origine volcanique, respectivement à 7 et 17 km d'Antsirabe. J'enfourche mon vélo de location et fonce direction ses lacs. Après 45 min de pédalage, j'arrive au lac d'Andraikiba. C'est un lac simple.

lac d'Andraikiba 

Après une petite pause, je continue vers le lac de Tritriva. Le chemin se corse. Les pentes sont rudes et très abimées. Je suis obligée de descendre de mon vélo pour affronter les 3 derniers kilomètres que comptent les 10 km séparant les deux lacs.

C'est heureuse et soulagée que j'atteins le sommet du volcan. Je découvre un lac d'un bleu foncé, entouré d'une forêt dense. Le gardien me conte l'histoire du lac dans un français approximatif : Selon la légende, un couple d'amoureux, Rabeniomby et Ravolahanta, s'y suicida après une partie du Fanorona. Ils se sont aimés mais leurs parents n'acceptèrent pas leur union car Ravolahanta étant issue de la famille royale et vu leur classe sociale différente, leur union était devenue impossible. Ils décidèrent alors de se noyer afin de rester liés pour toujours car ils se dirent déjà avant « Faty no isarahana » ce qui veut dire seule la mort peut les séparer mais même la mort n'a pas pu les séparer. On peut observer, sortant de la roche, deux arbres entrelacées, censés représenter leur amour sacrifié.

lac de Tritriva 

Après un repos bien mérité, je redescend les 17 km qui me sépare d'Antsirabe.

Je retrouve le routard de la veille et je lui dis que comme lui l'expédition fût dure. Nous entamons la conversation quand une autre routarde, Dominique, nous rejoint. Nous faisons connaissance et partons tous ensemble voir un concert de chant et musiques traditionnelles à l'école. Les chants me semblent religieux et sermonnant. Le cuisinier de l’hôtel nous explique certains passages. Après cette journée physique, c'est entre routards que nous dînons à l'hôtel.

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Après un petit déjeuner entre routards, je me dirige vers la banque afin de faire du change. L'ouverture de la banque se fait dans 30 min. Je vois que les gens déposent tour à tour leurs passeports ou remises de chèque au guichet. Je m'avance donc pour en faire de même lorsque la guichetière me dit qu'il faut déposer mon passeport à la file. Heureusement le monsieur de la sécurité m'ayant vu entrer avant tout le monde me fait passer en 1ère. Je suis rejointe par mon petit routard. Nous décidons de prendre un taxi jusqu'au stationnement où nos chemins se séparent. Il repart sur la capitale prendre un avion, pendant que moi je me dirige vers le sud.

J'achète ma place dans le taxi-brousse et je patiente pendant au moins 1h30 qu'il se remplisse pour partir. 10 kilomètres plus tard, contrôle de police! Le chauffeur se prend une amende pour surcharge de voyageur. Il faut savoir qu'un taxi-brousse régional n'est pas limité en passager contrairement aux taxi-brousses nationaux comme celui-ci, qui sont limités à 3 personnes par rangée.

Entre Antsirabe et Ambositra, les paysages changent. Des rizières en terrasses, une montagne et un paysage plus boisé se dévoilent. Un enfant fait traverser les rizières à ses zébus.

Arrivée à Ambositra, je m'installe à l'hôtel "Chez Jonathan". Il y a foule dans les rues et de nombreux marchés bordent la route principale. Je flâne autour des magasins pour tâtonner le prix des visites des villages alentour. 80 000 ariary c'est encore trop cher. Je trouve une odeur désagréable à cette ville. La chambre est rupestre et malgré sa salle de bain privée je me sens pas dans un environnement saint. Je vais pour la première fois utiliser mon sac de couchage.

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La nuit a été dure. Impossible de digérer le plat de la veille et je me sens patraque. Je décide de descendre prendre mon petit déjeuner. Décision que je regretterai vite. Sur les coups de midi, une fois un peu plus en forme, je m'aventure vers les quartiers des boutiques artisanales, trouver un cyber pour consulter ma messagerie (15 min pour atteindre la page d'accueil de ma messagerie) et boire un verre au grand hôtel où un guide me laisse un mot doux sur une feuille avec son numéro de téléphone. Je crois avoir eu au moins 3 ou 4 demandes en mariage depuis le début de la journée!

Je finis de m'aventurer sur des petits chemins qui me ramènent en contrebas de la RN7. Sur le chemin, je rencontre un vieux monsieur, ravi de faire quelques mètres en ma compagnie pour le plaisir de parler Français. Cet homme était professeur.

Ambositra 

Les soirées sont longues. La nuit tombe vers 17h. Les rues n'ont pas d'éclairage et ce n'est pas très recommandé de se balader dans les rues. Il serait vite fait de se faire renverser par un véhicule ou agresser.

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Située dans les hautes terres de la grande île, Ambositra se distingue des autres villes notamment sur le plan culturel. Anciennement appelée la « ville aux roses », elle a utilisé ses ressources forestières pour se démarquer et devenir maître dans la marqueterie malgache. Elle est reconnue comme étant la source d’un savoir-faire artisanal ancestral : l’art zafimaniry

Excellente journée. Départ de l'hôtel matinal. 500 mètres plus loin, je rencontre Eric. Un guide dont m'avait parlé le routard de "Chez Billy". Nous entamons une discussion et partons en balade en direction des villages avoisinants à la découverte des artisans. Le premier arrêt est dans un atelier de pierre. Le mari taille la pierre en bas de la maison pendant que sa femme polit la sculpture à l'étage.

La prochaine maison est une case locale. Petite et sombre, construire en terre, le rez de chaussé est prévu pour accueillir le bétail tandis que l'étage est l'habitation de la famille. En haut de l'échelle, c'est une petite pièce de moind de 10 mètres carrés que je découvre. Il n'y a pas beaucoup de place entre le feu, le lit.

Les maisons des hautes terres Malgaches 

Nous continuons vers d'autres habitations jusqu'au Palais du roi. Le Palais Royal est la dernière résidence du roi Betsileo du nord, Mpanalina II, défait par les troupes Merina de Radama Ier en 1811. Elle était entourée de plusieurs fosses circulaires et comprenait la maison du souverain (Tranovola), celle des conseillers (Tandapa), d'une sorte d'agora commune (Kianja) et de deux tombeaux. Aujourd'hui, les ruines n'ont rien d'exceptionnel, mais la balade est jolie à travers rizières.

Les rizières 

Nous redescendons vers la ville et traversons pour aller à la rencontre des artisans en marqueterie. Le travail est beau. Nous continuons notre chemin à travers les rizières et atteignons un énième village. Chaque famille fabrique des objets différents qu'ils revendent sur les marchés de Tananarivo ou d'Ambositra. Les gens sont gentils. Ils n’incitent pas à acheter leur fabrication. La plupart d'entre eux travaillent sur commande. Lorsqu'ils n'ont pas pas de commande, ils produisent pour les marchands locaux ou aux vazas de passages. 5h de balade sympathique et de conversations instructives.

Au retour à l'hôtel, je retombe sur Dominique, la routarde d'Antsirabe. Quelle belle surprise. Depuis ma chambre, j'entends des chants religieux. Une messe se tient au rez de chaussé de l'hôtel. Les voix sont belles et pleines d'énergie.

Ce soir, c'est la première fois que je mange à l'extérieur une fois la nuit tombée. Nous croisons l'un des compagnons de voyage de Dominique dans les Tsingy. L'ambiance nocturne est pesante et austère. Demain départ pour fianarantsoa.

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Départ ce matin pour la ville de Fianarantsoa pour y retrouver un couple d'amis qui vit ici avec leurs 3 enfants depuis quelques années. La ville est fondée en 1831 par la reine Ranavalona Ire pour en faire la capitale de la partie sud de l'île. La colline de Kianjasoaétait le premier site choisi mais la nouvelle ville, nommée Fianarantsoa, est finalement bâtie sur la colline voisine, Ivoneana, qui est beaucoup plus protégée. Le premier gouverneur de Fianarantsoa est Rafaralahindraininaly qui dirige de 1831 à 1842.

Après 4h de route, l'arrivée au stationnement est agitée. ça grouille de monde ici! Sabrina vient me chercher dans son 4x4 rouge. Après un déjeuner avec les enfants, nous partons nous balader en haut de la Sainte vierge d'où il y a un super panorama sur la ville.

Vue de la Sainte Vierge 

Retrouvaille le soir autour d'un dîner avec Joseph. C'est très agréable de retrouver des visages connus.

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Après avoir déposé les enfants à l'école, petit tour du centre-ville. L'endroit est authentique et paisible car le centre de la ville est accessible uniquement à pied. Nous partons au grand marché acheter quelques fruits et légumes pour le déjeuner. Sabrina a appris le malgache et il est facile pour elle de faire ses courses.

Après le déjeuner, nous partons au studio de Pierrot Men. Ce photographe Malgache a parcouru Madagascar pour en faire de magnifiques clichés de vie. J'admire son travail dans son laboratoire.

Ce soir, dîner entre adultes "chez Dom" où les hamburgers malgaches sont copieux.

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Toute la famille part ce matin en direction du parc national de l'Andringitra. Nous roncontrons de nombreux convois de zébu sur la route. Nous quittons la RN7 pour une piste en terre direction Maeva Camp. Il faut passer le poste de garde pour payer une taxe d'entrée (attention certains sont frauduleux, ce sont les locaux qui tentent de faire payer les touristes).

Le parc national d'Andringitra est un parc national du centre-sud de Madagascar. Il a été initialement créé en 1927 en tant que réserve naturelle intégrale puis classé parc national en 1999. On décompte à ce jour dans ce parc national plus de 190 espèces d’insectes, plus de cent espèces d’oiseaux, une cinquantaine d’espèces de lémuriens et de reptiles, ainsi que sept espèces de crustacés et plus de 70 espèces d’amphibiens. Les espèces florales ne sont pas en reste car le parc est un véritable lieu d’observation pour les botanistes. Plus d’un millier d’espèces de plantes y sont recensées avec un fort taux d'endémisme .Le parc national abrite le pic Boby, le plus haut sommet accessible de Madagascar. Le parc national d'Andringitra est aussi le lieu de vie du peuple Bara. Éleveurs de bovins, ils peuvent parcourir durant plusieurs semaines les terres arides de la grande île, à la tête d’immenses troupeaux à la recherche de nouveaux lieux de pâturages. Le parc naturel, irrigué de nombreux ruisseaux est un lieu privilégié et vital pour cette ethnie.

Considérés d’origine Bantoue, les Bara seraient, selon l'histoire orale, les descendants d’un africain dénommé Rabiby, venu en expédition dans le sud de Madagascar avec plus d’un millier d’hommes.

Le campement est full. Nous nous partageons 2 vieilles canadiennes de l'armée pour 6. Le dîner se fait dans la petite cabane à la lueur de la bougie. Deux groupes de touristes sont attablés avec nous. Le repas en abondant. La soirée est conviviale et chaleureuse. Un villageois vient faire une animation musicale.

La nuit a été longue et peu reposante.

Aujourd'hui nous partons pour une randonnée de 2h30 pour atteindre le Caméléon. La balade commence doucement à travers les hautes herbes et la forêt.

Le caméleon 

Après une petite halte le long d'un ruisseau pour nous rafraîchir, nous entamons la montée vers le Caméléon.

Randonnée vers le Caméléon 

Nous piquons niquons en route à l'ombre d'un rocher avant t'atteindre le rocher et avoir une vue magnifique sur la vallée.

La descente vers le camp est plus difficile. Nous rentrons assoiffés au camp où le silence règne car nous sommes les seuls touristes.

Coucher de soleil dans la vallée de Tsaranoro 

Le lendemain, nous emmenons les enfants sur les blocs d'escalade. Le parc est connu pour ses murs d'escalade. Les enfants sont heureux.

Vallée de Tsaranoro 

Après le déjeuner nous repartons pour Ambalavao où me déposent mes amis pour continuer mon périple vers le sud tandis qu'eux repartent chez eux. Après une rapide installation, je décide d'aller visiter la fabrique de papier d'Antemoro mais l'atelier est fermé. J'y retournerai demain matin avant de partir pour Ranohira.

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C'est la plus horrible journée de mon périple.... Je pars très tôt le matin pour aller visiter l'atelier de fabrique du papier d'Antamoro avant de prendre le taxi-brousse pour Ranohira. La visite est très instructive. Il utilise la 2ème écorce d'un arbre appelé Avoha qu'ils font bouillir dans un chaudron pendant des heures afin d'obtenir une pâte qui sera ensuite malaxée et taponnée pour obtenir une pâte lisse et longue. Cette pâte humide est posée sur un tatami pour enlever l'excédent d'eau. Chaque matin, les femmes récoltent les fleurs du jardin afin de les incruster à la pâte encore humide. Une fine couche de pâte est rajouté au-dessus pour fixer les fleurs avant de mettre les toiles à sécher au soleil. Les feuilles sont ensuite pliées et cousues selon ce que l'on souhaite en faire (lettre, enveloppe, porte dragées...etc) Voici une vidéo que j'ai trouvé sur youtube qui illustre le travail : https://www.youtube.com/watch?v=yUHCUVJETb8

Après cette visite c'est une longue matinée d'attente. J'achète ma place dans le taxi-brousse direction Ihosy. Ici les taxis-brousses ne partent que lorsqu'ils ont vendu toutes les places. En début d'après-midi c'est le départ. Youpi!!!!! Avant la sortie du village, nous embarquons un nouveau passager à l'avant à mes côtés. Il s'agit d'un gendarme qui va comme moi à Ranohira. C'est une grande chance de l'avoir à mes côtés car il me prend sous son aile pour le changement de taxi-brousse à Ihosy, m'indique le tarif...etc

Ambalavao 

La route est longue. Les paysages s'enchaînent. Des montagnes nous passons aux vagues plaines jaunies où nous déposons parfois des passagers au milieu de nulle part. Nous rencontrons beaucoup de troupeau de zébus à destination du marché d'Ambalavao du mercredi.

A l'arrivée à Ranohira, il fait nuit noire. Je ne suis pas très rassurée mais le gendarme dont c'est également le terminus m'accompagne sur le chemin de terre, non éclairé qui mène à mon hôtel. Un 4x4 croise notre chemin et le chauffeur gentiment me dépose à l'hôtel "Chez Alice" L'endroit semble sublime mais je ne vois rien, même pas mon bungalow. Malgré cette journée pénible, je garde le sourire et j'ai bénéficier de la gentillesse des Malgaches.

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Réveil pluvieux et venteux. Ce début de matinée est maussade mais je décide tout de même d'aller à l'ANGAP chercher un guide pour visiter le parc de l'Isalo avec l'espoir que le temps s'améliore. C'est avec Rémy, que je pars pour une randonnée pour la piscine bleue, la piscine noire et la cascade des nymphes. Le chemin est boueux et glissant après la pluie.

L'isalo 

Qui revient... dois-je rebrousser chemin?! Je prolonge le chemin jusqu'à la cascade des nymphes. Magnifique lieu. Le chemin est sinueux et glissant mais le jeu en vaut la chandelle.

cascade des nymphes 

Nous continuons vers un sommet pour avoir une vue d'ensemble du parc. L'horizon est grandiose. On se croit dans un décor de Far West géant avec une savane en fond.

Nous descendons ensuite vers les piscines bleues et noires. A cause de la pluie, elles ne portent pas leur nom aujourd'hui. L'eau est trouble.

Piscine bleue et noire 
Piscine naturelle 

Nous poursuivons la randonnée le long de la rivière, où j'ai la chance de voir un martin-pêcheur, pour arriver dans un lieu où je peux observer les lémuriens Makis. Ils sont agiles.

Martin pêcheur et Makis 

De retour à l'hôtel, un rabatteur tente de me vendre un billet pour Tuléar.... il essaie de m'arnaquer sur le prix que je me fais confirmer par la propriétaire de l'hôtel. C'était bien tenté! La vue de l'hôtel est splendide. On y voit la chaîne montagneuse du parc.

Mauvaise nouvelle! Un guide de passage m'informe que Tuléar est sous les eaux! Il va falloir vérifier l'information demain pour continuer ou non mon chemin vers le sud. Ce soir, je partage ma table avec un couple et son guide. Le rhum coule à flot, la musique résonne... chez Alice, c'est festif 😀

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Ce matin départ à 7h30 pour le canyon des Makis avec mon guide Rémy. Plus de 9 km aller pour atteindre ce canyon. Nous traversons au moins 8 km de savane avant d'arriver à l'entrée du canyon. Encore plus étroit qu'hier, nous escaladons les rochers le long de la rivière pour atteindre la piscine de la reine. L'endroit est frais et humide.

Canyon des Makis 

Retour en début d'après-midi à l'hôtel pour un repos bien mérité. J'en profite pour aller acheter mon billet de taxi-brousse pour le lendemain en direction de Tuléar. Je profite de l'après-midi pour converser avec les employés de l'hôtel. Ce lieu est calme, reposant avec une vue fantastique. Les gens sont très gentils.

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Au revoir "chez Alice", je prends ma place au bord du taxi-brousse national pour Tuléar à 7h15. La route est belle et nous traversons de jolies plaines. Quelques baobabs apparaissent et des nuages d'insectes volants. A chaque arrêt du taxi-brousse, les vendeurs de gâteaux et pattes de poulet accourent. L'odeur de poulet grillé embaume le taxi-brousse.

Après 4h de route, je m'installe à l'hôtel "Chez Lalah" et visite rapidement Tuléar. La ville a peu d'intérêt. Je réserve mon bateau pour Anakao le lendemain.

Le soir à l'hôtel, je suis choquée et mal à l'aise. Cet hôtel est le RDV des résidents français cherchant une aventure, une passe. De vieux français sont en compagnies de jeunes malagaches qui ne doivent pas avoir plus de 15 ans. Ici le tourisme sexuel est existant. Le rapport au sexe des Malgache est bien différent du nôtre. Lorsque ses jeunes filles partagent le voyage ou quelques nuits avec ses touristes, elles peuvent nourrir leurs familles plusieurs mois.

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La nuit a été un peu agitée. J'ai quelques compréhensions de naviguer sur un petit bateau à moteur. Départ à 9h30 à bord d'une charrette à zébu pour atteindre le large et le bateau. L'expérience est un peu déroutante. La charrette n'est pas stable et j'ai la sensation qu'elle va tomber en mille morceaux à tout moment.

Tuléar 

Surprise, je voyage à bord du même bateau que le directeur de l'hôtel où je vais séjourner. Durant la traversée, nous avons croisé de nombreuses pirogues à voile. Le peuple de la région, les Vézos, survivent grâce à la pêche.

Pirogue Vézos 

A l'arrivée, le directeur me donne les clefs d'un bungalow avec vue sur mer. A peine installée, je pars vers le village voisin. Je me fais sans cesse accosté par les marchands ambulants, les rabateurs ou les vendeurs de poissons et langouste 😦 c'est pénible et décourageant! Je finis donc l'après-midi sur la plage de sable blanc de l'hôtel pour assister au magnifique coucher de soleil.

Plage d'Anakao 
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Proche d’Anakao, l’île de Nosy Ve offre une plage superbe presque déserte. L’île abrite une colonie d’oiseaux uniques à Madagascar, nommés phaétons à queue rouge. L’île de Nosy Ve est également un des seuls sites de nidification connu, avec La Réunion, dans l'hémisphère sud. C'est en pirogue locale que je navigue direction cette petite île. La pirogue avance à la force du vent grâce à sa voile.

Avant d'atteindre l'île, petit arrêt sur un massif de corail pour faire du snorkeling. Panique complète car le courant est fort et je dérive loin du bateau. Je doute également que le piroguier sache nager 😦

Nous amerrissons sur l'île où, seule au monde, je me balade à la rencontre des oiseaux. Je suis très étonnée de voir une queue longue et très fine de couleur rouge. Les oiseaux ne s'envolent pas à mon arrivée.

phaétons à queue rouge 

Retour au village pour déguster au village un poisson grillé avant de retourner à l'hôtel pour une fin de journée farniente. Ici c'est le paradis de la langouste. Les pêcheurs et les hôteliers en proposent à tout va, jusqu'à faire choisir celle que l'on veut manger. Dernier coucher de soleil sur la plage d'Anakao et dernière nuit avec les gros cafards et les guekos.

Anakao 
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Sous le soleil levant, je prends le départ en pirogue à moteur avec le patron de hôtel pour retourner à Tuléar. Au cours de la traversée,nous affrontons des vagues de 3m de haut. Je ne suis pas très fière et au fil du voyage je me retrouve complètement trempée. Arrivée à Tuléar, c'est à nouveau en charette à zébu que je mets pied à terre pour prendre le taxi que m'a réservé la compagnie maritime pour me rendre au stationnement.

Ce sont 9 heures de route pour rejoindre Fianarantsao en taxis-brousse à travers les paysages que j'ai déjà parcourus avec un arrêt d'1 heure à l'Ihosy. Sur le chemin, je revois les nuées de criquet au niveau de l'Isalo. Les campements de nomade sont encore présents. Les regroupements m'impressionnent par leur nombre. Une fois la nuit tombée, je suis désorientée et je n'ai aucune notion d'où nous nous trouvons. Circuler de nuit à Madagascar n'est pas très recommandé. Les taxis-brousses essaient au maximum de se regrouper pour faire le chemin ensemble et pouvoir se défendre en cas d'attaque de bandit. Heureusement à l 'arrivée à Fianarantsao, mes amis sont là pour venir me chercher. Une semaine que nous nous sommes séparés et j'ai pourtant l'impression que cela fait plus de temps.

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Après une journée détente à Finarantsoa, je prends le taxi-brousse pour me rendre à Manakara, ville côtière calme et paisible est aussi connue pour ses paysages naturels et son exceptionnelle biodiversité, ainsi que pour son patrimoine historique et culturel hérité de la colonisation française.Sur la côte sud-est de Madagascar, Manakara se situe à proximité de l’embouchure de la rivière de Manakara. La ville dispose d’un petit port et est traversée par le canal des Pangalanes. Les plages bordées de cocotiers sont magnifiques, mais ne sont pas propices à la baignade en raison des forts courants et des requins.

Je suis très surprise de voir le taxi-brousse à moitié vide mais visiblement, il se remplira au fur et à mesure du périple. Je traverse des paysages verdoyants, sauvages et une forêt abondante au fur et à mesure des lacets de la montagne. Les paysages sont époustouflants. Ici les maisons sont faites de planches de bois alors que dans le sud, elles étaient faites de branches fines. Après quelques heures, le taxi-brousse s'arrête dans une petite gargote pour déjeuner. Un unique plat est proposé poulet en sauce avec du riz pour 3000 Ar

A partir de là, le paysage change. Je traverse des vallons verts avec peu d'arbres. Le stationnement de Manakara se situe loin du centre-ville. A bord d'un pousse-pousse, je pars à la recherche d'un hôtel. Au bout du 3ème j'atteri au centre ville dans un hôtel simple "Le flamboyant". Ici les moustiques et le chikungunya sont présents, je m'asperge d'anti-moutisque. La ville a un air de ville fantôme. Elle est très étendue et le nombre de piétons est peu élevé.

Manakara 

Très belle soirée orageuse et pluvieuse avec la rencontre de 3 "Vazas" dont 2 repartent avec le même vol que moi pour la France le 12 juin prochain.

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Le canal des Pangalanes est un canal de l'est de Madagascar construit au xxe siècle. Long de près de 700 kilomètres, il relie Farafangana à Toamasina, ville portuaire constituant son débouché. Sous l'ère coloniale, le général français Joseph Gallieni lança le projet d'un canal longeant la côte est pour exercer un meilleur contrôle administratif et militaire sur la région. Les travaux débutèrent en 1896, pour créer une voie navigable de 665 km entre les lacs, les lagunes et les rivières, de Foulpointe à Farafangana. Pour ce faire, Gallieni s'appuya sur le régime de l'indigénat, qui contraint au travail les populations locales. Trois cents personnes creusèrent sans relâche le canal dans de terribles conditions. Il sera achevé en huit ans, en 19041.

Sa construction permettait de pallier les problèmes de navigation fréquemment rencontrés par la marine marchande et militaire sur la côte est de l’île de Madagascar : le cabotage y était en effet très dangereux à cause de la présence de récifs, de courants importants et de hautes vagues formées par la rencontre de l’Océan Indien et du continent africain. À cet endroit, épaves et requins se comptent en grand nombre, rendant dangereuse la baignade le long de la côte sud-est, baptisée « la côte des cyclones ».

À travers les marécages sinueux, le canal offrit une voie de transport rapide pour les marchandises ce qui entraîna l’installation de nombreux villages sur ses rives. Après l’époque coloniale, son entretien ne fut pas poursuivi et le canal, creusé dans le sable, s’effondrait régulièrement. La voie d’eau s’est alors rapidement retrouvée envahie par de larges nénuphars, des jacinthes d’eau, couvrant en partie sa surface et rendant laborieuse l’avancée des embarcations. Il sombra pendant 20 ans dans l’oubli, ses ponts et voies ferrées furent laissés à l’abandon.

Ce matin, je pars en pirogue avec Jean-Marie, mon guide, et son équipage pour visiter le canal de Pangalane et ses villageois. Le beau temps est au rendez-vous. Nous nous arrêtons dans 2 villages de pêcheurs. Les habitations sont sommaires, construites de planche de bois et/ou de branche d'arbre du voyageur. Les villageois sont présents mais distants. Les enfants aiment voir les Vazas et adorent se faire photographier.

Les bordures du canal sont encore plus sauvages et magnifiques. Je suis troublée par le manque d'animaux. Après un déjeuner à l'ombre d'un arbre sur la plage, nous continuons notre navigation dans des canaux plus étroits et un paysage encore vierge. Il y a beaucoup d'arbres du voyageur. Pourquoi ce nom? Une histoire raconte qu'une famille de voyageur se retrouva dépourvue d'eau. Le fils quasiment mort de soif, à planter son couteau dans la tige d'un de ces arbres et l'eau a jailli. Depuis il est nommé "Arbre du voyageur" J'ai tenté l'expérience et effectivement beaucoup d'eau en sorte.

La vie le long du canal de Pangalane 

Au bout de 26 km, nous atteignons une embouchure où se trouve un village de pêcheurs. C'est ici que je vais passer la nuit. La nuit tombe et les familles se rapprochent de la mer. Elles attendent le retour de leurs hommes partis en mer pêcher. Il fait presque nuit, les familles s'inquiètent, lorsque l'on aperçoit les 4 hommes dans leur pirogue revenir. Une forte odeur de poisson se dégage. A l'intérieur de la pirogue, il y a de nombreux poissons dont de petits requins...

Village de pêcheurs 

La nuit tombée, en attendant le dîner, les enfants du village se réunissent autour de moi pour chanter, mimer et danser.

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Réveil à 5 h du matin. Mais pourquoi les piroguiers se lèvent si tôt??? Je comprends quelques heures plus tard, qu'ils ont tué et plumé le poulet qui était à bord de notre embarcation 😦 Serait-ce mon déjeuner?!

Il fait à peine jour et les pêcheurs tentent déjà de partir en mer pêcher. La mer est agitée et il y a des vagues importantes. Les vagues frappent les rochers de bord de mer et repoussent sans ménagement les pirogues. Après plusieurs essais, une embarcation finie par quitter l'embouchure et partir au loin. La bataille des pirogues fasse à la mer est impressionnante et me montre l'importance pour eux d'aller en mer chaque jour pour pouvoir manger.

Sortie en mer 

Après le petit déjeuner, nous rebroussons chemin pour retourner à Manakara. Le long du chemin, je visite un militaire, une distillerie d'huile essentielle, une plantation de vanille et la stèle de la commémoration. Lors d'une pause, l'un des piroguiers en profite pour me faire comprendre que mon guide Jean-Marie, les payait moins qu'habituellement car il leur a dit que j'étais étudiante. Au lieu de 10 000 Ariary, ils seront payés 4 000 ariary. Une somme dérisoire au vu de la somme que j'ai dépensée pour ses 2 jours. Je suis choquée et je décide de leur donner un pourboire à la fin du périple pour les remercie de leurs efforts. Je me suis posée la question de savoir si on me manipulait ou non. Mais lorsque j'ai vu leurs yeux brillants, leurs joies et leurs sourires au moment où je leur ait donné le pourboire, j'ai su que je ne m'étais pas trompée en le faisant.

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Après une journée à flâner dans Manakara sur le marché et les bords de mer, je prends le train pour retourner à Fianarantsoa. C'est un trajet de 11 h environ à travers les collines et des paysages sauvages. Le train doit rouler entre 10 et 30 km/h. A son passage, les Malgaches arrêtent leurs activités pour le regarder passer.

A chaque station, un arrêt de 20 à 40 minutes permet aux commerçants de sortir leurs marchandises du train ou au contraire de les monter à bord. Les vendeurs ambulants de fruits, légumes ou viandes affluent. Ce manège est assez drôle à voir. Le passage du train quotidien permet de vivre les familles habitant le long des rails du chemin de fer. Chaque wagon est différent et original comme si chacun avait été récupéré de lieux différents et rassemblé ensemble.

Le commerce le long des rails 

Ce voyage en train peut être galère en cas de problème technique, et plus ou moins long mais il est très intéressant. Les paysages s'enchaînent entre cascades, montagnes, vallée et les villages. Très belle expérience.

Train Manakara - Fianarantsao 
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Après une jour de repos à Fianarantsoa, une nuit à Ambositra et une galère de taxi-brousse réservé partit sans moi, me voici arrivée à la capitale.

Dernier jour à Madagascar et première expérience de taxi-be. Je ne suis pas très rassurée de savoir où je dois descendre mais encore une fois c'est grâce à un malgache qui m'aide que j'arrive à bon port.

Une expérience drôle et pas chère pour me rendre au marché de la "digue" pour faire mes achats de souvenirs. Ici, le long d'une grande allée, les artisans vous sautent dessus. Il faut négocier les prix.

Madagascar est un pays magnifique, surprenant. La pauvreté est bien présente mais la gentillesse également. Les paysages sont variés et je n'ai qu'une envie..... revenir 😀