Islande, terre de feu et paradis des oiseaux.

V
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Située à l’intersection des principaux passages migratoires Est-Ouest et Nord-Sud, l’Islande est le paradis des oiseaux.
Juin 2024
7 jours
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Je m'envole pour une toute nouvelle aventure. Cette fois, direction le froid, les volcans, les macareux moines.... L'Islande terre de feu et paradis des oiseaux. Mon périple m'amènera à la découverte des fjords du Nord-Ouest, de la péninsule de Snaefellsness et des oiseaux des fjords et des falaises : macareux moines, guillemots, lagopèdes alpins, sternes arctiques.... où de nombreuses espèces migrent.

Reykjavik, la Capitale de l'Islande est à seulement 3h30 de vol de Paris. Le vol passe rapidement. L'avion commence son atterrissage. C'est une terre désertique et brûlé que mes yeux découvrent. J'ai le sentiment d'arriver en terre hostile où aucune âme de vit.

Le volcan Sundhnúkagígaröðin est entré en éruption une semaine avant mon arrivée. La zone est inaccessible, il ne sera pas possible de l'approcher. Les habitants de Grindavík ont été évacués bien que ce village est entouré de rempart anti-lave. Je prends la route vers le nord-ouest du pays. Sur le chemin entre l'aéroport et la capitale, très loin, mais la vue est très dégagée, le volcan en éruption est visible. Même à des dizaines de kilomètres, j'aperçois la lave rugir du cratère. Que c'est impressionnant.

L'île est en zone jaune/rouge pour tempête. Le vent souffle à plus de 100 km/h. Cette tempête est prévue pour 4 jours. Je trouve qu'il est fort et je suis en zone jaune. Je n'imagine même pas au centre de l'île qui se trouve en zone rouge. La capitale passée, les paysages se dessinent. La route suit la mer à ma gauche. À ma droite, les montagnes s'élèvent rapidement. Je me sens déjà petite.

Première nuit en Islande dans une guesthouse dans le village de Borganes. Je suis toujours étonnée dans les pays nordique de ne pas avoir de volets aux fenêtres. D'autant qu'en ce mois de juin, il fait jour..... tout le temps!!!! Sans une carte, j'ai du mal à me situer sur l'île. Je sais que nous sommes à 2h de la capitale mais 2h ça représente quoi en distance ici??? Le vent siffle, les fenêtres de la cuisine située au 1er étage de la maison laissent passer l'air frais. Je sens que mon bonnet va être mon meilleur ami pendant ce séjour.

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Ce matin, je n'entends plus le vent. La tempête a-t-elle passé son chemin ? Ce ciel est d'un bleu limpide. Quel bonheur ! Je reprends la route en direction de nord.

1er arrêt, à Gerduberg pour une découverte fascinante. Les orgues basaltiques sont fascinants. Comment se sont-elles formées ? Le basalte est une roche volcanique qui se forme à partir de magma surchauffé. Lorsque celui-ci émerge sous forme de lave lors d'une éruption volcanique. La lave basaltique riche en fer et en magnésium se refroidit et se contracte très rapidement une fois exposée à l'air à la surface, provoquant sa solidification. Ce phénomène produit ces orgues impressionnants que l'on peut voir en Islande.

Gerduberg 

Au-dessus de ces formations, trône le cratère d'un volcan. Que je me sens petite face à cette nature. Les vestiges d'une irruption sont présents, recouverts d'une mousse épaisse verte sur laquelle je marcherai volontiers pieds nus, tant la sensation de douceur transperce mes semelles.

Gerduberg 

Reprise de la route vers une petite chapelle au milieu de nulle part, l'église noire de Budir à Arnarstapi. De jeunes mariés, en tenues traditionnelles viennent de célébrer leurs unions en toute discrétion et intimité. Je contourne cette église. Un chemin me mène à une jolie plage où de nombreux oiseaux de rivages se nourrissent (huitrier pie, eiders à duvet..).

Ce lieu est énigmatique. Entourée de lave, la faune me surprend. Un lagopède alpin se confond parfaitement à son environnement. J'aurai pu passer à côté sans le voir.

Lagopède alpin 

Ma dernière escale me mène dans le village de Arnarstapi. Située au sud-est de l’impressionnant stratovolcan Snaefellnessjökull et juste à côté de la petite montagne de tuf de Stapafell, la petite ville d’Arnarstapi est un point de départ idéal pour découvrir la magnifique péninsule de Snaefellnes. Un sentier littoral longe la côte. Des colonies de goélands bourgmestres et de mouettes tridactyles nidifient sur les parois. Les va-et vient incessant des oiseaux avec les vagues venant s'éclater contre les parois font de ce lieu une atmosphère paisible.

mouettes et courlis 
Arnarstapi 

Au bout du chemin, se trouve l'arche de Gatklettur. La marée recouvre et découvre ces amas de roche volcanique qui forme une belle arche. Mer haute, les vagues viennent traverser l'arche.

Arche de Gatklettur 

Une très belle journée qui se termine par l'observation d'une colonie de sternes arctiques. C'est la période de nidification. Les mâles offrent des poissons aux femelles. Bien qu'ils passent la plupart de l'année séparés, les couples de sternes arctiques sont unis pour la vie et retournent s'accoupler et nicher au même endroit, chaque printemps. Le mâle offre des poissons à la femelle et tourne autour d'elle avec la queue étalée et les ailes pendantes, voletant souvent avec un poisson dans le bec. Le couple construit son nid au sol, grattant une cuvette que mâle et femelle garnissent de quelques végétaux.

Sternes Arctiques 

Ce soir, notre logement se situe au milieu de rien entre la mer et le glacier de Jules Vernes.

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Durant la nuit, l'intensité lumineuse baisse mais pas au point d'avoir une nuit noire. Il fait jour H24 en cette période de l'année. Un grand périple m'attend pour rejoindre l'extrême ouest de l'Europe.

Je profites des belles lumières du matin pour faire des photos sur un petit lac. Je fais connaissance du Phalarope à bec large. Pour une fois, la femelle est plus colorée que le mâle. Ce petit limicole des rivages niche dans la toundra.

Phalarope à bec large 

Ensuite, c'est un couple de plongeon Catmarin qui nage à la surface du lac. Le plongeon catmarin, oiseau mince et gracieux, a le bec légèrement retroussé. En plumage nuptial, le dessus du corps est brun foncé soutenu, la tête et le dessus du cou sont grisâtres, avec une tache rouge sur le devant du cou. Le dessous blanc qui contraste remarquablement avec le manteau foncé. Sa queue est noire. C'est un oiseau que je trouve très élégant.

Plongeon Catmarin 

Une colonie de sternes arctique nichent également sur ce petit lac. Attention à vous ! En période de nidification, n'approchez pas trop prêt sous peine d'être pourchasser par l'ensemble de la colonie. Je me régale à faire des photos de ces sternes en vol sur fond blanc.

Sterne Arctique 

Très belle matinée ornithologique avant de rejoindre la ville de Stykkisholmur. Une bonne occasion de découvrir la vie Islandaise et ces supermarchés. J'aime voir les rayons des pays étranger. Parfois on y découvre de belles surprises et des choses étonnantes. Après cette ville, je n'aurai plus accès à un commerce à des kilomètres à la ronde.

Embarquement sur le ferry pour rejoindre la ville de Flokalundur. Ensuite 1h30 de route m'attend pour rejoindre Ashgarden. La pointe à la plus à l'ouest de l'Europe. Quel chemin ! La route bétonnée laisse place à une route de terre. Le paysage est lunaire, rocheux et désertique. Le véhicule longe le fjord. Plus j'avance, plus je me sens au bout du monde. Le ciel est sombre, la neige tombe. Peu d'habitation, une route de terre… où vais-je atterrir ?

Dans un hôtel dans une baie loin de tout entourée de falaises et champs verts. Le no man's land mais également le paradis des Macareux moines à quelques kilomètres d'ici. Le vent souffle très fort encore aujourd'hui. Je m'installe dans ma chambre en préfabriqué. Par la fenêtre, je vois un animal courir. Comme un mouton ayant été tondu à moitié avec sa laine volant à chaque pas. Mais….. quelle surprise ! Il s'agit d'un renard arctique avec dans sa gueule un oeuf. La rencontre a été furtive et craintif lorsqu'il m'a aperçu. Le lieu est mystique.

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Malgré les 2 heures de décalage horaire, je me réveille très tôt le matin. Je me lève faire un petit tour dans le marais qui entoure l'hôtel avant le petit déjeuner. Le vent est glacial. Les oiseaux sont peu actifs. Je marche jusqu'au bord de plage. Une plage très longue avec des pierres polies d'un noir profond. Le sable clair contraste avec la couleur des galets. Cette baie est spectaculaire.

Le vent souffle encore très fort. Il doit souffler à 80km/h environ. Ce vent est abrutissant. La sortie sur les falaises de Latrabjarg va être compliquée. Il faut être attentif et ne pas se laisser distraire au péril d'être déséquilibré et de faire une mauvaise chute. J'aperçois mon premier macareux furtivement. Le matin, ils sont tous partis en mer pour la journée à la recherche de nourriture.

Falaises de Latrabjarg 

En bas des falaises se prélassent les veaux-marin qui attendent sagement au soleil sur leur rocher que la mer remonte pour aller pêcher.

Fulmar Boréal et Pingouin Torda 

Abrutis par le vent, je rentre à l'hôtel pour prendre un peu de repos et profiter de la baie. Avant de retourner aux falaises ce soir, notre guide nous a confectionné une soupe de poisson succulente. De quoi reprendre des forces et de la chaleur.

En fin de journée, les Macareux moines rentrent sur la falaise. Qu'ils sont mignons ! On dirait une peluche miniature avec ces 36 cm de hauteur. Ils acceptent ma présence très près. Les détails du plumage me sautent aux yeux. C'est impressionnant. Le clown de mer, est l'un de ses surnoms. Dès qu'il se met à marcher ou déployé ses courtes ailes, il est très maladroit. Ses ailes sont plus pratiques pour lui permettre de nager sous l'eau à la rechercher de petits poissons. Il passe le plus clair de son temps en haute mer. Seule la reproduction le contraint à se rendre sur la terre ferme en cette saison formant des colonies.

Macareux moines 

Quelle rencontre !

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Dernière journée dans cette baie hostile. Depuis ma chambre, jumelles sur le nez, j'observe un renard polaire rechercher de la nourriture. Il s'agite dans les herbes à la recherche de nid et d'oeuf. Je profite de ce spectacle pendant de longues minutes.

Ce matin, le vent souffle encore fort. Je pars de l'autre côté de la baie. Un fermier donne l'autorisation de naviguer sur son terrain pour faire de la photo d'oiseau. Il est heureux de nous montrer sa ferme et ses moutons. La laine est utilisée pour la confection de pulls, gants, écharpes. Un petit agneau vient tout juste de naître. L'odeur de son étable me rappelle mon enfance. Son jeune chien est heureux de nous suivre dans les champs et le long de la plage où il s'amuse à courir après les oiseaux.

Bécasseau et sterne arctique 

Le vent et le froid me glacent. Je rentre à l'hôtel quelques heures pour me réchauffer et me reposer.

Ce soir, les macareux moines sont au rendez-vous. Plus nombreux encore que la veille. Tantôt en train de se nettoyer le plumage, tantôt en train de couper des herbes pour la confection de leur nid ou encore à creuser leur terrier. Ils peuvent occuper le même terrier plusieurs années de suite. Il est profond d'environ 60 cm à 1,20 mètre. Le nid est tapissé de plumes, herbes ou algues. La femelle dépose un seul œuf rond et blanc, taché de brun, entre juin et juillet. L'incubation est assurée par les 2 partenaires pendant 39 à 43 jours. L'adulte coince l'œuf sous une aile, et appuie son corps de ce côté. Le poussin est nourri de petits poissons que les adultes stockent préalablement, coincés dans le bec, lors de la pêche. Les parents repartent en mer au bout de 40 jours, laissant le petit seul, et ne reviendront qu'en mars l'année suivante.

Macareux Moine 

La lumière est belle ce soir. Le vent est tombé, mais le froid persiste.

Lagopède alpin femelle 
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Le ciel est bleu, le vent est tombé. Il fait chaud en Islande ! hihihihi Je pars de ce bel endroit pour rejoindre demain soir la capitale. Un premier arrêt me fait découvrir la plage de Milane. Un très bel endroit où le sable devient rouge en fonction des marées et de la luminosité. La plage est immense. Un phoque curieux montre sa tête entre deux vagues.

Plage de Milane 

Qu'il est bon de pique-niquer au soleil ! Finalement il peut faire chaud en Islande. Je commençais à en douter.

Reprise de la route pour se rapprocher de la capitale. 2h30 entre montagne et bord de mer. La neige est encore présente par endroit avec parfois une couche d'une épaisseur très impressionnante.

Ce soir, c'est dans une Guest house près d'un marais que je dors. Petit tour dans le marais à la découverte des oiseaux (chevalier, courlis, canard….etc) et des fumées provenant de sources chaudes. L'odeur de soufre n'est pas très agréable.

Plongeon Catmarin, Pluvier doré, paysages et Chevalier gambette

Le lendemain, reprise de la longue route jusqu'à Reykjavik. Quelques arrêts le long de la route pour voir des cascades et des phoques.

Arrivée à Reykjavik, petit arrêt au phare de Grotta. Une partie de la plage est interdite aux piétons. Il s'agit d'un site de nidification.

Phare de Grotta et sterne arctique

Après un repas sur le port, je rentre en France par le vol de nuit. Quelle aventure ! J'ai vu des paysages de fou, je me suis sentie petite devant tant de grandeur. J'ai vu la côte ouest et ses fjords, mais je sais qu'un jour, je reviendrai voir les grandes cascades du sud et les glaciers.