Ce fleuve incroyable qu'est le Mekong, prend sa source en Chine et traverse 7 pays sur 4350 km. Nous allons donc le retrouver au Vietnam, au Cambodge, en Birmanie et au Laos. Il rejoint la Mer de Chine méridionale en se ramifiant en 9 branches principales qui vont se sub-diviser pour devenir un delta. Les alluvions en font une région très fertile. Pêche, culture du riz, maraîchage, vergers avec production de fruits, et bien sûr le transport fluvial, rendent cette région très productive et tournée vers le commerce.
Le delta du Mekong a une histoire mouvementée, rattachée pendant des périodes au territoire Kmer puis de nouveau au vietnam sud lors de l'attaque des vietcong en 1978 contre le régime de Pol Pot. Concrètement cela explique la diversité des origines culturelles avec des Chinois, des Kmers, des Vietnamiens.
Pour rejoindre ce delta du Mekong nous allons voyager en bus et de nous rendre directement à Vinh Long. En Asie les bus longues distances c'est quelque chose ! Toute une organisation efficace. Pour les compagnies haut de gamme, les sièges s'allongent complètement, climatisation, et des amortisseurs qui amortissent vraiment 😉
Nous voilà partis pour un voyage d'environ 4h. 1ère consigne, chacun enlève ses chaussures, les place dans un sac plastique. Et nous voilà au fond du bus en compagnie de charmantes vietnamiennes. Peu de touristes dans le bus et bien évidemment peu de passagers parlent anglais. Les arrêts ravitaillement et pause pipi sont comiques : des tongs pour chacun à disposition en descendant du bus, de quoi se restaurer et beaucoup de monde. Et l'essentiel c'est d'avoir repéré son bus pour être certain de le retrouver 🤔 et de comprendre combien de temps nous avons à disposition. Et tout se passe bien, chacun sera de retour avec ponctualité et nous observons que, malgré la barrière de la langue, les autres passagers se préoccupent de nous. Une véritable expérience... presqu'une aventure !
Arrivés presque reposés à Vinh Long après 4h de route. Nous avons encore un peu de route et un ferry à prendre pour rejoindre une" île" en face de Vinh Long, An Binh. Nous allons loger à "coco riversite homestay".
Le ferry est pratique pour traverser ce bras du fleuve. Il est utilisé par les piétons, les scooters et les voitures. Et pour nous une nouvelle expérience ! Olivier a même le temps d'acheter une glace 😋
Nos hôtes viennent gentiment nous accueillir au port et nous emmener à la "Coco riversite homestay" en scooter, avec nos gros sacs évidemment. Et nous allons circuler sur des chemins étroits et pas vraiment bien entretenus... nous serrons les fesses en passant sur les ponts très très étroits 🤤 Et pourtant ils sont si habiles pour conduire leur scooter que cela en est déroutant...mais eux tiennent la route 😉.
Nous sommes ravis de découvrir ce qui sera notre havre de paix pendant 3 jours et de partager, au quotidien, la vie de famille de Nahm.
Nous observons très rapidement que ce fleuve est une vraie autoroute fluviale ! Le courant est parfois très violent selon la marée. En effet les marées de Mer de Chine sont parfois très hautes, le Mekong lui, coule sur une pente très faible, ce qui provoque un phénomène étonnant : lors des marées hautes l'eau salée remonte jusqu'à 60 km en amont, et SURTOUT le courant alors s'inverse. Et nous l'avons constaté, c'est vraiment étonnant. Les jacinthes d'eau flottent en abondance et sont entraînées par ce courant.
Le spectacle est assez magique et reposant, malgré cette intense activité fluviale. Nous avons la chance d'être aux premières loges en étant dans cette "homestay" au bord d'un des bras du Mekong, le Co Chien.
Les "homestay" c'est également l'occasion de croiser d'autres voyageurs avec qui nous partageons nos découvertes. Nous avons d'ailleurs remarqué que c'est avec les jeunes que la rencontre est plus simple et sympa ! Sauf avec Gérard !!! C'est un des passagers français rencontré dans le bus. Nous allons partager de belles discussions et 2 journées d'excursions. C'est un grand voyageur de l'Asie, et qui profite maintenant de sa retraite pour prendre son temps et continuer ses aventures asiatiques. Les conversations ont fluctué entre culture, politique, sociologie et beaucoup d'humour donc de rires !
Nous avons apprécié également les délicieux repas servis ici. Chaque jour différents ( sélectionnés donc selon notre jour d'arrivée) et toujours servis avec le sourire.
Les vélos sont à disposition pour aller nous balader sur l'ile en utilisant tous ces petits chemins qui circulent entre les canaux. Et le challenge est de retrouver son chemin ! Un vrai bonheur de pédaler tranquillement et d'observer la vie quotidienne paisible de ces habitants du fleuve. Nous sommes salués bien amicalement lors de notre passage et c'est plutôt plaisant 😁.
Notre hôte, Nahm, nous propose une sortie bateau demain pour découvrir le marché flottant de Cai Be. C'est un marché flottant qui rassemble les plus gros producteurs de légumes. Le marché de "gros" en quelque sorte. Il faudra mettre le réveil car départ au lever du jour donc à 6 h.
Donc le 12.03 c'est parti pour embarquer du ponton familial, en compagnie de Gérard, d'un autre couple et de 4 jeunes et surtout de notre batelier. Le lever du jour sur le Mekong est magique. Les passages des petits, des gros bateaux, les fermes piscicoles, les jacinthes d'eau partout, c'est la vie sur le fleuve et c'est vraiment à voir !
Nous avons eu droit au petit déjeuner sur notre bateau, puis nous empruntons des canaux plus étroits et surprise 3 barques nous attendent, 3 Vietnamiennes de bleu vêtues nous conduirons habillement, enfin elles vont plutôt ramer avec délicatesse et efficacité. Elles n'ont pas besoin de faire de la gym ! Leurs bras sont bien sollicités et elles restent debout pour anticiper du regard afin de diriger habilement dans ces canaux étroits et empruntés.
Quelle sérénité pendant ce parcours, un vrai bonheur 😁. Merci mesdames, c'était magique.
Notre batelier nous récupère de l'autre côté et nous naviguons sur le Mekong pour atteindre Cai Be.
Une astuce pour identifier les spécialités de chaque bateau et les repérer facilement : un bambou au bout duquel est suspendu le légume ou fruit à vendre. En principe toute la famille vit sur le bateau.
Et nous avons droit à une halte originale. Donc pause café, fruits frais sur le bateau de Madame ...Plutôt sympa et original et le café délicieux 😋
Et ce n'est que le début de nos découvertes ! Nous continuons la navigation puis arrêt dans une ferme apicole avec dégustation.
Notre navigation reprend et au fil de l'eau nous croisons d'énormes bateaux qui transportent tout ce qui peut être chargé. Parfois la ligne d'eau affleure le bord supérieur tant le chargement est lourd.
Et une nouvelle étape où nous allons comprendre comment les gourmandises au riz soufflé et caramel sont élaborées et pleins d'autres ! Vous allez voir combien nous étions passionnés...mais oui absolument !
Pour débuter Le riz style "pop corn" : du sable noir qui chauffe à haute température dans le wok, puis le riz est jeté dans le sable et la magie opère, le riz devient "pop rice" et c'est délicieux ! L'enveloppe du riz non comestible est utilisée pour faire le feu. Rien n'est perdu !
Ce n'est pas fini, maintenant le riz caramelisé est étalé au rouleau pour ensuite être coupé en petite tranche. Nous étions déjà fans mais maintenant encore plus !
Puis le fameux alcool de riz et l'universel alambic ! Cet alcool de riz est ensuite bonifié avec l'aide de précieux reptiles pour le rendre aussi puissant que le viagra d'après notre guide. Il nous a prévenu : les femmes ne peuvent boire le breuvage magique au risque d'épuiser leur mari 😆 En tout cas il était réellement convaincu de l'efficacité aphrodisiaque ! Nous un peu septiques 😉
Pendant ce temps sa mère profitait du hamac et dormait paisiblement au milieu de l'activité...
Et pour finir une nouvelle utilisation du riz : les feuilles de riz, un travail minutieux et donc réservé aux femmes. 😉
Un python nous attendait sagement dans sa cage pour nous attendrir et le faire sortir. Ce fût notre dernière étape, non parce qu'il nous a tous dévoré mais parce qu'il était temps de rentrer !
Il est l'heure de rentrer au bercail ! La journée n'est pas finie. Nous avions besoin d'argent et nous devrons reprendre le ferry pour aller en ville. Nous enfourchons les vélos et en avant Paulette !
D'ailleurs en parlant retrait d'argent, je n'ai jamais évoqué tout le "bazar" que cela représente lorsqu'on est absent longtemps de notre chère contrée. Au Vietnam impossible de retirer plus que l'équivalent de 115 € à chaque fois, et lors de chaque retrait, une commission appliquée pour les banques. Donc dans chaque pays l'objectif est de trouver la banque qui délivre le plus d'argent en un retrait et celle qui prend le moins de commission voire aucune. Et ensuite de choisir la bonne CB visa avec la commission de banque française la plus basse ! Compliqué n'est ce pas ? Et surtout très cher 😉
Notre argent en poche nous profitons d'aller visiter le marché de Vinh Long. Cette région étant grande productrice de fruits et légumes le marché est haut en couleur. Je vous laisse deviner ce qu'il y a dans les paniers...il vous manque les odeurs pour certains, nous vous expliquerons à notre retour !
Nous sommes vraiment bien dans ce lieu et nous n'avons pas vraiment envie de quitter le Vietnam dans 2 jours. Nous avons opté pour le séjour sans visa donc pas le choix nous devons quitter le territoire avant le 15.04. 😣
Lors du "lunch" Nam nous propose un autre "tour" pour demain et nous sommes partants, Gérard également.
Le 13.03 au matin, nous voilà en route avec un chauffeur qui nous conduit dans la region de Sadec à 1h30 de Vinh Long.
Nous débutons par la visite du parc "Xéo Quit". Nous sommes intrigués, Nam nous a évoqué un parc naturel et historique, sans plus. Nous allons pendant cette heure et demi, faire un petit voyage dans l'histoire des Vietcong...
Nous avons un guide qui va nous expliquer (en anglais) comment cette région fut significative du combat difficile des Vietcongs contre les américains et combien leur habileté et la connaissance du terrain leur a donné la supériorité...mais tout cela dans la douleur autant d'un côté que de l'autre. Il nous parle de "the crazy war"...tout est dit. Il était instituteur pendant quelques années puis son père lui a demandé d'être guide pour témoigner de son histoire. En effet, son père fut vietcong dans cette forêt et lui a raconté cette "crazy war"
Le forêt tropicale et les multiples canaux minuscules sont restés intacts ici afin de commémorer la difficile lutte du peuple vietnamien. La région a été au préalable déminée pendant plusieurs années pour être safe. La nature a repris le dessus et les cratères des bombes recouverts en partie mais toutefois bien visibles.
Nous allons commencer par une balade en barque pour prendre connaissance des lieux. C'est incroyable l'atmosphère curieuse qui règne. Une quiétude accompagnée d'une sensation d'être témoins de ce qui reste attestant l'horreur de ce qui s'est passé. Nous repensons au film "platoon" et cela nous donne froid dans le dos même avec la chaleur.
Puis notre guide nous demande de l'accompagner sur les sentiers et il va nous apprendre l'histoire de son père, son oncle, leurs compagnons de combat et les stratégies militaires.
L'objectif des Vietcongs était de survivre dans cette jungle et de combattre l'ennemi en ayant des moyens bien moindres.
Ils se cachaient donc dans des galeries souterraines, ou simple cavité, recouvertes d'une plaque. C'était le moyen de se planquer lors des bombardements. Certaines étaient minuscules et seul un homme y rentrait et sa tête juste en dessous de la plaque. Les GY ayant compris le stratagème, plantaient des pics régulièrement dans le sol dans le but de tuer les Vietcongs planqués. Lors des moussons l'eau arrivaient jusqu'en haut et les Vietcongs utilisaient des bambous pour respirer sans se faire repérer mais coincés dans leur trou. Le père de notre guide s'est justement fait transpercé l'épaule lors d'une planque. Ils succombaient aux morsures de serpents surtout à la saison des pluies. La faim et les maladies s'occupaient de ceux qui avaient survécus aux GY, bref pas gai tout ça...
Les Vietcongs utilisaient les propriétés innombrables du bambou. Un bambou coupé en biais devient alors transpercant tout en gardant sa résistance naturelle. Donc de nombreux fossés, au fond desquels été plantés des bambous bien affûtés, furent pour les GI leur dernière demeure. Sur les photos vous pouvez identifier des sortes de torches en fibres naturelles dans les champs, c'était un symbole pour repérer les fosses mais pas de flamme car risque d'être repérés par les GI.
D'ailleurs les Vietcongs ne faisaient jamais de feux pour ne pas être repérés et donc pas de cuisson pour la nourriture ...
Le guide nous a parlé de sa famille et combien la guerre a eu des impacts ( comme partout dans le monde d'ailleurs). Son oncle avait été convaincu par le gouvernement de Saigon et avait rejoint les combattants pro américains. Il a même bombardé le sol sur lequel son frère combattait. Réfugié aux US après la guerre, il n'a plus jamais remis les pieds sur le sol vietnamien, ni revu sa famille... tragédies humaines 😔
Pour changer de sujet, il nous a évoqué la culture vietnamienne. Il nous a expliqué pourquoi il a attendu 9 années pour avoir l'autorisation de se marier avec la femme qu'il aime. Son père avait choisi une autre femme pour lui et a résisté 9 ans pour donner son accord 😞. Pourquoi alors attendre si longtemps et ne pas se marier outre l'avis du père ? il aurait été exclu totalement de sa famille et à jamais...
A chacun sa conclusion 😉
Pour terminer la visite une douceur florale dans ce monde de brutes. La nature fait bien les choses, les fleurs de lotus renaissent des marais boueux ...
Bien, après cette visite instructive mais reflétant ce qu'il n'y a pas de meilleur en l'Homme, nous allons parler d'Amour !
Nous partons à Sadec, visiter la "maison bleue" évoquée par Marguerite Duras dans son livre "l'amant". Elle a passé son enfance dans cette petite ville du delta.
Une charmante guide vietnamienne parlant un français parfait nous a apporté les explications. Marguerite Duras n'a jamais mis les pieds dans cette maison car la relation était tout sauf officielle ! Son amant, Huynh Thuy Le, était d'origine chinoise et fils de mandarin, donc pas d'union possible.
La police a occupé cette maison pendant de nombreuses années et la conservation est pratiquement intacte. Cette demeure est magnifique, elle reflète l'architecture de l'époque et est maintenant un musée. Le carrelage est d'origine francaise et vient d'Ardèche 😀 Par contre le film de Jean-Jacques Annaud à été tourné ailleurs.
Retour sur Vinh Long en milieu d'après-midi pour profiter de notre dernière soirée avant de prendre demain le bus pour le Cambodge.
Nam a organisé notre voyage en bus pour Hà Tiên, ville à la frontière du Cambodge. Nous ne savons pas vraiment comment nous allons passer la frontière mais nous devons y arriver avant demain soir 😊.
Le 14.04 Petit déjeuner d'au revoir avec Gérard et adieu à la famille de Nam. Nous étions si bien chez eux ! Et en route pour un voyage de 8h en bus.
Un trajet pas ordinaire pour rejoindre le Cambodge ! Le bus tombe en panne. Tentative de réparation...
Pendant ce temps nous avons le temps d'observer l'environnement. Je vous ai épargné les reportages photos de la pollution plastique mais tout de même il faut voir ça...
Et le coin repos, pas mal non ?
Le bus ne repartira pas, mais "mutuelle Vietnam assistance" est très efficace et un minibus s'arrête pour nous récupérer. Notre voisine de bus nous a tout expliqué en vietnamien et nous avons tout compris 😉. Et c'est reparti avec 30 mn de retard...la navette pour passer la frontière ne nous auras pas attendus 😊.
Heureusement ici rien n'est un problème. Arrivés à Ha Tien nous partons chacun sur un scooter qui nous emmènera à la frontière à 8km. La course un peu chère mais bon c'est le jeu !
Le poste frontière est désert, tous les touristes sont déjà passés 😆. Visa cambodgien en un temps record , avec 5 $ en plus pour le douanier, corruption oblige, et pas envie de se battre après cette longue journée.
Bonjour Cambodge !
Le seul taxi qui reste est correct, il nous piste depuis le poste de douane 😉 et nous partons pour Kampot, 1h30 de route. Finalement pas compliqué !