Oh la la, je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout à jour sur le blog. Vous m'en voyez désolée, mais une grande flemme d'écrire s'est emparée de moi. C'est pas l'envie qui m'en manquait pourtant (ou peut-être que si).
Je suis passée du côté "côte ouest" de la force et plus précisément à Portland, Oregon. C'est bien parce que je connais du monde là-bas que j'y suis, sinon je pense que je n'aurais jamais pensé à visiter un jour Portland, pour la simple et bonne raison que je ne connais rien à la ville. A part quelques manifestations qui y ont eu lieu il y a quelques mois (années ?). Portland, c'est la capitale du bizarre. Je ne plaisante pas, la ville se revendique comme "étrange", c'est son truc. Son slogan, peint en blanc sur fond noir sur un bâtiment, est le suivant : Keep Portland Weird.
Mais avant de vous raconter mon séjour, je vais vous raconter mon vol Montréal-Portland. Un pur délice, comme certains le savent déjà. La veille, je reçois un message de la compagnie aérienne m'indiquant qu'il serait plus prudent que je change mon vol. Avec la vague de froid qui s'est abattue sur Chicago, ils ne savent pas encore s'ils pourront s'y poser pour l'escale. J'ignore ce message et me rends à l'aéroport comme prévu, à 3h45 du matin, pour mon vol prévu à 7h15. Il ne me faudra que 45mn pour passer les douanes et tous les contrôles, contre les 2h annoncées... 7h15, mon premier vol décolle et se pose sans souci. 10h10, mon deuxième vol s'annonce plutôt pas mal : siège côté hublot, le siège du milieu est inoccupé. Et là, le drame. La petite derrière moi se met à pleurer et à donner des coups dans mon siège sans que sa mère n'intervienne. Le bébé à ma gauche décide de s'entraîner pour la prochaine saison de The Voice. Une dame sur la rangée de devant, en diagonale, sort son coupe-ongle pour se faire une french manicure de dernière minute sans doute. Le gamin juste devant ses met à vomir toutes ses tripes. Et on n'a pas encore décollé... Allez, plus que 4h !
Portland est définitivement une ville étrange, mais plutôt dans le sens positif du terme. Chaque quartier a sa propre identité, sa propre architecture, sa propre ambiance. En une rue, on passe du quartier branché de Pearl District aux boutiques de jeunes créateurs et artisans à Chinatown, beaucoup plus populaire. Un petit détail cependant : les rues étaient quasi désertes. Vous pensez bien, il faisait -3°C, une température qu'on ne voit pas souvent là-bas. Il a même neigé ! C'était l'apocalypse ! Les gens se sont barricadés chez eux. Les rares courageux qui osaient mettre le nez dehors n'avaient pas le choix et couraient se réfugier dans le café le plus proche. Ou mieux encore, chez Powell's City of Books, la plus grande librairie des Etats-Unis ! L'avantage de ce froid, c'est que j'ai pu visiter le jardin chinois Lan Su en toute quiétude et profiter de leurs animations (musique traditionnelle et calligraphie) dans une relative solitude, un pur bonheur ! C'est pas le tout, mais il commence vraiment à faire froid, et au coin de la rue, il y a une boutique de donuts qui me tente bien, Voodoo Doughnuts. Au chocolat, au raisin, au sirop d'érable, à la crème, au sirop d'érable ET bacon, à la fraise, végan, en forme de poupée vaudou, de donut traditionnel, de gros beignet, il y en a pour tous les goûts et à un prix tellement dérisoire (entre 1,50$ et 3$) qu'on aurait tort de se priver !
Portland, c'est aussi une ville d'eau. La rivière Willamette coupe la ville en deux et ses ponts sont une attraction locale. On peut les observer depuis le parc qui longe la rivière, où s'installe chaque samedi le Saturday Market. Si vous pensiez y faire vos courses de la semaine, laissez tomber. Le concept de Saturday Market est original : pour obtenir sa place, il faut fabriquer tout ce qu'on vend. C'est donc un grand marché d'art, de bric-à-brac, où vous pouvez être certain de ne trouver que des créations originales. Bon, je l'ai manqué les deux samedis où j'étais dans la région pour cause de vadrouille sur la côte la première fois et de vadrouille à Seattle la deuxième fois. Mais ça reste un incontournable de la ville. Je vous parlais d'eau pour une autre raison. Portland est l'une des premières villes à avoir installé des fontaines à eau publiques un peu partout en ville, grâce au don généreux d'un philanthrope local qui pensait que l'accès à l'eau potable était un droit fondamental. On les reconnaît à leur architecture un peu particulière. Question fontaines, décoratives cette fois-ci, la ville en est truffée. Dans tous les parcs on trouve des fontaines et sculptures où les gens ont le droit de se baigner. En fait, toute la ville est une exposition permanente à ciel ouvert. C'est une ville qui aime l'art et les artistes, sans préférence particulière pour un style ou une personne. Tout le monde est invité à partager ses créations, que ce soit sur un mur, dans une galerie, dans un parc. Pour visiter Portland, il faut visiter le nez en l'air, histoire de ne rien manquer !
Autre rive, autre ambiance. Mississippi Avenue a un petit côté Nouvelle-Orléans, avec ses devantures colorées, son ambiance de petit quartier populaire, et ses boutiques farfelues. Si vous voulez manger les meilleurs tacos de la ville, c'est à Por Que No ? qu'il faut vous rendre, sur cette même rue. Un brunch toute la journée, toute la semaine, c'est chez Gravy. Des cristaux, des herbes, une bactérie pour faire votre propre kombucha ? Mississippi Avenue a tout ce qu'il vous faut. En parlant de kombucha, je vous invite à faire votre propre recherche et à militer activement pour que cette boisson arrive en France, c'est un délice. Un peu plus au nord-est, il y a Alberta Street, aussi connue comme Alberta Arts District. C'est une rue vivante, où on reconnaît de nombreuses influences étrangères du fait de l'immigration. C'est l'un des plus vieux disctricts de Portland et il mérite le coup d’œil. Des festivals de nourriture et d'art sont régulièrement organisés, mais si rien n'a lieu lors de votre visite, ne vous en faites pas, il y a de quoi manger et admirer rien qu'en se baladant. Et si vous êtes un peu fatigué, vous pouvez vous arrêter à Tiny Cart Massage, pour vous détendre un peu (et ça fait un bien fou !).
Chaque pancake fait la taille de ma main. Chez Gravy. Plus que deux paragraphes et je vous laisse retourner à vos vies, promis. Vous avez surement remarqué que le titre de cette étape mentionne les food carts. Kézako ? Eh bien, c'est un peu comme les food trucks, sauf qu'ils ne se déplacent pas. Il y a des coins de rue entiers occupés par ces food carts qui servent à peu près tout ce que la cuisine internationale à offrir, tant que c'est facile à transporter. Autant dire qu'il faut oublier la raclette et se mettre plutôt au banh mi. En fait, on pourrait visiter Portland en mangeant. Vous venez de terminer votre pad thai à emporter ? Pas de souci, un autre food cart à quelques blocs s'occupe du dessert. A moins que vous ne soyez plus traditionnel et préfériez un endroit où vous posez. Auquel cas, il existe une boutique qui ne vend que de la pâte à cookies comestible, servie en pot ou en cornet comme une glace. Autant vous dire que j'ai bien mangé et pour pas cher !
Bon... une chose que j'ai gardée pour la fin : la pluie. Vous voyez dans Grey's Anatomy quand un nouveau personnage débarque et qu'il se plaint de la pluie, que tout le monde rigole en mode "Haha, ben oui mon gars, c'est Seattle, il pleut, c'est connu, tu vas t'y faire", ben c'est pareil à Portland. Sauf qu'on s'y fait pas à moins d'avoir un parapluie qui ne plie jamais et une bonne paire de bottes en caoutchouc du plus bel effet. Alors vous imaginez que quand il s'est arrêté de pleuvoir, j'en ai profité pour aller me balader un peu à Washington Park, à quelques minutes de mon auberge. C'est là que se trouve le zoo, la plus ancienne maison de Portland et son belvédère, la roseraie et le jardin japonais. J'ai zappé le zoo et le jardin japonais (un peu cher à mon goût) pour faire un tour dans la roseraie. J'avais vu des photos magnifiques et puis ça allait me changer un peu de la grisaille (vous le sentez venir ?). SAUF QU'EN HIVER, Y'A PAS DE ROSES ! Mais ça, c'est évident quand on fait fonctionner un minimum son cerveau ! Le mien était en mode-off jusqu'à ce que j'arrive devant le panneau m'indiquant que "si, si, c'est bien ici la roseraie, t'es juste idiote et pis c'est tout". J'ai pas vu de roses du coup... J'ai donc entrepris de marcher jusqu'à Pittock Mansion, la vieille maison qui surplombe Portland. En bottines de ville. Dans les bois et les collines. Après deux jours de pluie (vous voyez où je veux en venir ?). Bref, dans la boue, la gadoue. Ah ben c'était vraiment une réussite cette balade, merci moi ! Heureusement que la vue en valait la peine.
Ainsi s'achève cette étape à Portland. Un peu parce que j'ai certainement oublié certains détails, beaucoup parce que cet article est déjà assez long comme ça. La prochaine étape devrait être Seattle ou la côte. Ou les deux. On verra.