Carnet de voyage

L'île de beauté

10 étapes
10 commentaires
Mon arrivée en Corse.
Septembre 2022
4 semaines
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Embarquement immédiat

Nous nous sommes levées tôt pour tout de même attendre longtemps alors c'est (re)café et papote sur le quai d'embarquement.  

Nous avons passé la nuit proche de Toulon, sur un petit port de la côte d'Azur, ça nous change de l'ambiance Ardéchoise. On rejoint un copain pour la traversée, 12h de navigation entre Toulon et Bastia, ça va être long mais la mer est calme. Nous aurons peut-être la chance d'observer des cétacés. La nuit avant la traversée est clame, le réveil à 5h est un peu piquant ! On se fait un petit café sur le parking qui nous a hébergé et hop nous voilà parti pour rejoindre le "Corsica ferry".

La traversée se passe sans encombre, grand soleil et mer huileuse ! Nous aurons mémé l'occasion de voir quelques dauphins sauter furtivement à l'horizon. Je me pose au soleil et papote avec deux belges qui comme moi ont prévu de se laisser porter en Corse le mois durant. On échange nos numéros et nos envies de découvertes. A 16h, le devoir m'appelle, je rentre à l'intérieur pour regarder en direct la cérémonie d'hommage à la Reine d'Angleterre, ceux qui me connaissent savent qu'elle avait une place particulière dans mon cœur.

 Le ciel est immense et la mer comme un lac, de très loin nous voyons arriver les premières côtes Corse, déjà du ferry elles sont ...

C'est un fait avéré, sans nul doute, Marcelle a le mal de mer.. Elle me regarde avec des yeux qui en disent long... C'est d'ailleurs une épopée pour les "pissou - cacou" ! Les toilettes canines misent à disposition ne lui disent rien qui vaillent, elle finit par se soulager sur le ponton, un seau d'eau et nous n'en parlerons plus. On terminera par se coucher à l'intérieur, les dernières heures sont longues mais Marçou fait sensation, elle gratte quelques caresses dès qu'elle le peut avec son air de chien battu.

La gueule un peu patraque de Marcelle pendant la traversée, l'enthousiasme de l'île dont tout le monde parle n'est pas vraiment pa...

La nuit est tombée quand nous arrivons à Bastia, fatigués nous décidons de prendre un camping pour passer notre première nuit sereinement. On suit nos amies Belges à 15 minutes de route du port. Nous aurons l'agréable découverte du paysage dès le lendemain. Arriver de nuit n'est pas toujours confortable mais le matin est souvent une agréable surprise ! Comme d'habitude, Marcelle ne sort jamais du lit avant 8heure, moi je prends le temps de déjeuner et d'écrire avec une jolie à un saut de puce de la voiture.

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Notre parcours commencera par le Cap Corse, de Bastia nous prenons la route vers le Nord.

A nous le sentier des Douaniers, itinéraire pétions de 19 kilomètre reliant par le front de mer Macinaggio à Centuri. Nous découvrons une côte sauvage et découpée par les marées, l'eau est cristalline, les espaces sont grands et naturels, nous adorons ça.

Marcelle ne dit pas non à ses premières baignades dans la méditerranée, un morceau de bois et la voilà au paradis canin. Souvent les paysages nous font penser à la Bretagne, avec certes quelques degrés en plus. Nous dormirons à Cannelle, joli village surplombant Centuri. On se fait un petit couscous curry devant le coucher de soleil, c'est un régal.

Deuxième journée en Corse, et une envie de fruits franchement cueillis se fait sentir. Nous traversons les maquis sauvages et découvrons des kilos de figues de barbarie. Une boite dans le sac à dos, je décide de faire une petit cueillette. Très mauvaise idée, me voilà avec une centaine de mini aiguilles dans les doigts ! Impossible de s'en débarrasser. Bon, je me sens un peu bête mais n'ait pas assez de batterie pour demander à Google "Comment retirer les aiguilles des figues de barbarie ?".

Mes figues sur les bras, je traverse le village de Cannelle et tombe nez à nez avec Guy. Né au Cap Corse, il y a construit sa maison et s'engage toujours aujourd'hui (82 ans tout de même) dans des travaux monumentales. Il me remarque figues sur les bars et mains abimées et me lance un " Dis donc, tu ne survivras pas à la prochaine guerre toi ! Je te montre comment manger des figues et peut-être tu pourras te nourrir pendant l'effondrement ! " On rigole. Il me dévoile sa méthode pour ouvrir le fruit de ce cactus.

1) Balayer le fruit avec une branche d'arbre feuillue afin d'en ôter les épines

2) Embrocher la figue avec la branche

3) Couper le fruit dans sa longueur à l'aide d'un canif pour en enlever la peau

4) Déguster son cœur

Autant vous dire que j'étais loin du compte !

Les fameux figuiers de barbaries 

Fier de m'avoir appris quelque chose, il m'invite à visiter sa maison. Nous resterons l'après-midi ensemble à partager un verre de Mauresque accompagné de Canistrelli. Il me glissera la fin du paquet dans mon sac, un "petit remontant" pour mes randonnées futures, bien inspiré, ils ne feront pas long feu.

La maison avec vue sur Centuri de Guy, un petit havre de paix.  

Guy est passionné par les guitares, il en joue et en a plus d'une trentaine. (Dont il me montrera la moitié tout de même). Nous finirons l'après-midi par une cueillette de Caroube suivit d'un saut à la fontaine du village. Nous y rencontrerons un couple de Toulousain passionnés de randonnée venu spécialement pour le désert des Agriates.

 Cueillette de caroube, fruit de Méditerranée en Drôme de gousse à la coque dur. Il est excellent pour les troubles intestinaux. 

C'est le moment de quitter Guy, il me répète à plusieurs reprise que si j'ai le moindre problème sa porte sera toujours ouverte. Un œil jeté à Marcelle il ajoutera "Veille bien sur ton maître l'épagneul !"

Le Lendemain matin, nous prenons le temps de boire un petit café à Centuri. Ce village du Cap est très connu pour son petit port de pêche dont la spécialité est les linguines aux langoustes. Bon, vu le prix, on n'y goutera pas mais nous aimons l'ambiance ! Marcelle se fait un copain du matin qui semble prendre son bain de mer quotidien.

Un petit shot de caféine et la journée peut commencer. On terminera le sentier des douanier devant de magnifiques panoramas.

 Notre deuxième jour sur le sentier des douaniers et la halte au village de Centuri. 
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Le lendemain, nous roulons pour atteindre la plage de Ablo, proche d’un village connu pour ses plages de galets noirs nommé Nonza.

Il est plus facile de profiter des paysages quand on ne conduit pas ! 

On s'arrête pour la nuit, petit bain de mer, une douche rapide et j'ai fait peau neuve ! En terme d'économie d'eau, on n'est pas si mauvaise ! A peine un litre pour se désaler et se sentir propre c'est plutôt économique.

Mon voisin est un Québécois, il traverse la France à vélo et à pousser l’expérience jusqu’en Corse. Nous décidons de boire l’apéro et finalement de réserver une table à la pizzéria du village. Nous parlerons de "mobilité lente", il me racontera ses expériences des grands espaces Canadien. Nous buvons du vin et échangeons sur nos impressions comme si nous nous connaissions depuis toujours. En tout cas, nous sommes unanime l’ile est sensationnelle (pourtant nous sommes tous deux au début de nos découvertes).

Vincent fait également du woofing, son domaine c’est la boulangerie ! L’idée, pour le moment, c’est acquérir suffisamment de connaissance pour faire du « pain français » à Québec ! J'adore l'idée !

On se quittera le lendemain après un petit déjeuner en musique. J’aurai même droit à un cours privé d’harmonica, je suis toute heureuse. Nos chemins se séparent, je parcours le sentier du littoral jusque Nonza.

 Notre jardin pour les deux prochains jours. La magnifique plage de Nonza . 

Les aurevoirs sont toujours un peu difficiles, le voyage donne un coté intense aux rencontres. Plane toujours le doute de se recroiser ou non, on savoure tous l’incertitude de l’aventure même si parfois nous voudrions avoir plus de contrôle sur les choses. Advienne que pourra, on ne se reverra peut-être pas mais en tout cas, nous resterons en contact. De cette rencontre je serai rechargée de merveilleuses ondes.

La plage est déserte et magnifique, dès que le soleil sort, elle deviendra juste sublime.

Arrivée à Nonza, je visite, je pique-nique puis je pousse la randonnée jusqu’à une chapelle abandonnée face à la mer. Le lieu est intéressant et le parcours très joli. En revenant sur mes pas, je fais le plein d’eau à la fontaine du village. Je crois entendre crier mon nom, je me retourne et là surprise ! Ce sont mes amis Toulousains rencontré la veille à la fontaine de Guy ! Ils m’invitent à boire un café, nous parlons "GR", ils me conseillent vivement de faire le désert des Agriates avant de me lancer sur le GR20, je note et prévois de le traverser.

Le village de Nonza et le joli chemin qui y mène .  

De retour à Ablo, j’organise mon sac et mets mon réveil. Il faudra partir tôt, il y a une heure de route jusque Saint-Florent (point de départ pour les Agriates) marcher le matin permettra de ne pas avoir à porter trop d’eau.

Le réveil à 5h30, un café et on démarre pour le désert des Agriates.  
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Nous débutons la marche à 7h, il fait encore bien frais et Marcelle est aux anges de pouvoir courir en bord de Mer. Nous longeons la côte avec une vue époustouflante sur les montagnes du Cap Corse, Elles sont majestueuses coiffées de leurs nuages blancs. La méditerranée est de couleur turquoise, transparente, elle brille au soleil devant cette carte postale de montagnes. Qu’on se le dise, on n’en revient pas du cadre et surtout on est seule dans ce décor magique !

De crique en crique, on prend le temps de se baigner et de contempler les montagnes. La vue sur la méditerranée et sur les montagnes simultanément me laisse littéralement sans voix.

Il est temps de sortir de l’eau, on sera accompagnées par une armée de guêpes ! Il semblerait qu’il n’y en ai jamais eu autant en Corse. Elles sont bien une trentaine à me tourner autour (On doublera le chiffre quand j’essaierai de manger une pomme). Marcelle retourne à la flotte directement méfiante depuis une piqure à la babine l’été dernier.

Bon, elles ne sont pas agressives, et j’ai appris à garder mon calme mais je me ferai tout de même piquer 3 fois en manquant de vigilance.

On arrive après 2h30 de marche à la Plage de Lotu, elle est absolument sensationnelle, de toutes les plages que j'ai vues elle aura un place privilégiée dans mon cœur. Le sable est en velours, on croirait marcher sur de la mousse, l'eau est chaude et les vagues pleines de légèreté. On se met à l'ombre d'un arbre pour pique-niquer, il n'y a personne, on est seule au monde, c'est un moment magique.

La magnifique plage de Lotu et sa vue imprenable sur le Cap Corse  

Nous arrivons épuisée au camping U Paradisu, l'accueil y est agréable et les chiens gratuits. Je plante la tente et file à la douche. Je m'octroie une petite bière de récompense en bouquinant un peu au soleil. J’apprends au bar que le vent souffle tellement fort que les pistes de 4X4 menant jusque-là sont fermées et les bateaux cloués au port de Saint Florent. Je comprends mieux pourquoi ces plages de rêves étaient si déserte. Tout le monde est bloqué sur place depuis plusieurs jours, ça crée une ambiance particulière. Pour ce qui est des randonneurs, ils sont autorisés à circuler librement, je n’ai pas compris la raison exacte mais ça m’arrange assez bien.

Ce soir-là, je serai à 18h précise devant mon réchaud et à 20h dans mon duvet. Le vent nous montrera ce qu’il a dans le ventre toute la nuit. Après quelques petites frayeurs, je décide de faire confiance en l'encrage de la tente et fini par m’endormir. Je me réveillerai avec le soleil le lendemain matin mais toujours des rafales aussi puissantes.

Marcelle garde la tente avant de sombrer dans un sommeil profond. 

Une jarre de café et un chien crevé, je déjeune et lève le camp.

En partant sac sur le dos, je rencontre Silvio. Il habite Florence, et vient chaque année passer deux semaines sur l’île. En discutant, on se rend compte que nous marchons tous les deux vers Saint-Florent. Tout naturellement, on décide de faire un bout de chemin ensemble.

On fait une halte jus d'orange (avec une vie indescriptible sur le Cap Corse), on plonge dans la méditerranée, on partage un déjeuner sur le sable chaud en échangeant sur nos vies. Quand on voyage seule, on apprécie d'autant plus les rencontres que la vie nous offre. C'est étonnant comme l'on peut devenir intime et proche rapidement. Dans la vie de tous les jours, on prend sans doute moins le temps de vivre et ressentir les rencontres. La profondeur de nos échanges à touché mon cœur, on ne connait l'un de l'autre que ce qu'il y a à connaitre. On marchera dans un silence apaisant qui en dit plus long que n'importe quels discours.

Silvio est très patient avec moi car même s'il ne l'avouera pas mon anglais est un peu rouillé. On fait l'éloge de la Corse, lui aussi est un randonneur adepte de mobilité lente. On évoque la Sardaigne voisine de la Corse, moins montagneuse et deux fois plus grande. Je mettrai 4heure à regagner la civilisation. C'est l'heure de se quitter, on échange nos numéros dans l'espoir de se recroiser un jour. On ne sait jamais de quoi demain est fait.

On arrive à la voiture reconnaissantes de cette rencontre et de ces moments partagés. On dormira comme des masses le soir venu, avec une vue très jolie sur Saint Florent.

 Jolie vue pour une nuit qui sera réparatrice ! 
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Le soleil est enfin revenu sur la presqu’ile de Porto ! Un petit saut à l’épicerie pour faire des provisions et nous voilà partie vers Piana. La route est superbe, avec le soleil on se croirai presque dans le Colorado Américain ! A chaque tourant, une nouvelle vision s’offre à nous, pour ne pas s’arrêter tous les 100 mètres je gare la voiture et on se fait la balade à pied. Ce qu’il y a de génial avec le mois d’octobre, c’est qu’il n’y a presque plus personne ! La route est à nous.

La route des calanque de Piana  

Nous arrivons à Piana, magnifique petit village, les maisons sont vivantes, les chaises sont dehors et le lingue sèche au soleil. On a l'impression que le temps s'est arrêter et que tout est resté en place. On s’y balade comme si nous y habitions depuis toujours et sur la place de la fontaine Marcelle se fait même un copain !

Le village de Piana  

Pendant que les locaux boivent un petit verre de pastis en terrasse, pour nous l’heure est au lunch et à la baignade. On file à la plage du village "légèrement" en contre bas. Elle est accessible uniquement à pied par une pente de 10% se déroulant sur 5 kilomètres. Je fais le sac du pique-nique, un bouquin et je prévois d’y rester l’après-midi, finalement un peu de soleil après ces jours humides ça ne fera pas de tort.

 La plage de Piana, un peu de soleil, un livre, un chien 

La plage est super belle, disons que le contraire aurait été étonnant. Plongée dans mon livre étalée sur mon drap de plage, je discute avec deux voyageurs. Ce sont deux anciens saisonnier revenu en Corse pour la grimpe. Ils me donnent des petits tuyauts sur la régions et insistent particulièrement sur le "Capo Rosso". Pointe de granite rose, classé au patrimoine mondial de Unesco, qui se jète dans la mer au bout du Golfe de Porto.

La randonnée est réputée pour être magnifique, mais selon eux, le clou du spectacle est le lever du soleil. Les réveils solaires sont cher à mon cœur, et l'idée de me réveiller face à la méditerranée et au Mont Cinto simultanément me donne des papillons dans le ventre. Je trouve qu'il y a dans le début du jour quelque chose de si doucement poétique. Et puis, Il faut dire qu'ils me le vendent très bien. Il y ont dormi hier soir, une ancienne Tour génoise (tour de Turghiu) sert de refuge. Il y a du bois sec, une cheminée et des bougies. Bon, Je ne laisserai pas l’hésitation me gagner longtemps. Avant mon départ, je n'avais encore jamais fait de bivouac seule, ici je troque ma tente pour une tour historique, c'est une expérience que je dois me laisser vivre.

Décision prise, je remonte à la voiture, fait mon sac, quelques croquettes pour Marcou et nous voilà parties pour vivre une nuit insolite.

La randonnée qui mène à la Turghiu est incroyable, la mer se mélange à la montagne. Le regard se perd et les clichés ne rendent rien à la beauté qui s’offre à moi. Je marche, Marcelle devant, truffe au sol, heureuse de courir librement dans le maquis. Au passage je ramasse un peu de petit bois pour lancer ce qui sera mon premier feu.

Après 1h30 de marche et 530 mètre de dénivelé, on arrive à destination. L'endroit est magique, la tour date de 1608. A l'origine, elle protégeait la population des pillards venus de la mer. Dès que les guetteurs apercevaient les voiles des indésirables, ils allumaient un feu au sommet de la tour. Ce feu se répercutait de tour en tour pour alerter les habitants, qui pouvaient ainsi se réfugier en lieu sûr et préparer leur défense.

On s'y s’installe et on profite du spectacle solaire avec un petit apéro que j'avais pris soins de porter jusque-là. Le couché de soleil est à la hauteur de sa réputation, on en perd pas une miette !

La nuit tombée, j’allume le feu et prépare le souper. Je mangerai des épinards à la brousse, rien de dingue mais dans ce cadre tout à plus de saveur. Je lis mon livre au crépitement des braises. L’endroit est apaisant, on entend la mer s'écraser sur la falaise, on dirait qu'elle chante.

N'ayant pas une grande expérience en feu de cheminée, j'étais assez fière de moi  

Dans le doute d'une nuit fraiche, J'autorise Marcelle à venir squatter le sac de couchage. Grossière erreur, je mourrerai de chaud toute la nuit.

A 7h pétante, je sors du duvet ! La nuit a été assez bonne ! Je fonce sur la plateforme pour mon rendez-vous avec le soleil ! Je vivrai l’un de même plus beau levé de jour. Un hymne à la renaissance et au commencement, je sur époustouflée devant le calme de ce spectacle magistral. Je parle à Marcelle qui elle aussi semble sentir la beauté du moment. Le vent souffle doucement, les couleurs changent à chaque instant. Chaque seconde est plus belle que la précédente. Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire.

J'allume le réchaud pour le café du matin, il n’aura jamais eu autant de goût. Je remercie la nature de se suffire à elle-même et de créer tant d’émotions. Devant tant de beauté, tous mes sens respirent un bonheur ultime, je peux presque le ressentir dans chaque petite cellule de mon organisme.

A 9 heure, les premiers randonneur arrivent, c'est le moment de lever le camp et de reprendre notre route.

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Je me suis découvert cet été, une passion pour les lacs d’altitudes. Il y a dans leur présences une mise en valeur des matinées. Ils reflètent le paysage avec précisions, leurre et réalité, les yeux se perdent entre le réel et la fantaisie. Pour moi, ils représentent les pensées tranquillisées par la pénombre de la nuit. C’est un hymne à l’aube que j’affectionne particulièrement. Chaque seconde les rendent différents de par la lumière et le miroir qu'ils nous offrent sur le ciel.

Je me décide donc pour prendre la route, direction le Col di Vergio d’où j’ai prévu de rejoindre le lac de Nino. Il est connu pour ces pozzis, trous d’eau très spécifiques formés de mousse. La route longe la rivière, elle est sensationnelle et vertigineuse. Je me rends alors un peu mieux compte de ce que l’intérieur de l'île a à offrir.

Nous arrivons au col en fin d’après-midi, j’organise les sacs pour un bivouac en autonomie de 4 jours. Je regarde les couleurs changer sur les sommets des montagnes à côté de la voiture, un peu de lecture et au lit, le réveil sonnera à 5h le lendemain. La nuit a été fraiche, le réveil est piquant, on déjeune à la frontale. Ca nous permettra de marcher avec les lumières matinales.

L’étape n’est pas technique mais elle est magnifique, le paysage se déroule sous nos yeux entre sommet et mer au loin. La visibilité est impressionnante et la vue à couper le souffle. On arrive au Lac de Nino en fin de matinée, il est unique et ravissant. Les vaches et chevaux pâturent en liberté, le silence est maître d’orchestre. Marcelle se dégourdi les pattes sans son sac et en profite pour se rafraichir. La pause est agréable, je prends le temps de lire un peu et de dîner avec une vue somptueuse. On reprend la route sans trop de dénivelé, on traverse une plaine pour atteindre le refuge de Mangalu ou l’ambiance est top et les douches chaudes !

Je prends l’apéro avec des Canadiens, papote avec des Bretons et rencontre Elisa. Elle aussi voyage seule avec son chien. On décide de partir ensemble le lendemain, il semblerait qu’il y ait des passages délicats pour les poilus sur la deuxième étape alors à deux ça passera peut-être mieux.

La nuit sera froide, mes orteils peinent à se réchauffer dans le duvet. Je prends Marcelle dans la tente mais sa chaleur corporelle ne changera pas grand-chose. A 3h du matin, je regrette le thé ingéré à 20h30, j’hésite et me retourne dans tous les sens. Bon, si je veux dormir, je dois vider ma vessie et sortir de mon de mon sac de couchage. Je m'extirpe de là en maudissant la situation. Je serai néanmoins récompensée par une voie lactée immaculée ! Le ciel est rempli de flocon de neige lumineux qui dessinent précisément les sommets qui m’entoure, c’est magnifique et encore le mot semble tellement dérisoire.

Elisa me réveille à 6h, un café, un petit déjeuner, on se réchauffe comme on peut avant de replier le campement. Marcelle tire une tête jusque par terre, ça fait rire les randonneurs, décidément elle n’a pas la patte matinale. On prend la route, elle se réveille et aborde la montée avec des facilités que nous lui envions ! Arrivé au sommet 3 heures plus tard, la montagne offre la récompense de l'effort. On découvre le lac de Melo et de Capitello, enclavé entre les montagnes, la vue est subjuguant presque irréelle.

Passé ce col, les choses commencent à devenir un peu plus technique. Une chaine de 20 mètres est à flanc de montagne pour permettre la descente vers les lacs. C’est l’itinéraire que nous devons prendre mais Marcelle n’est pas vraiment de cet avis. Impossible de gérer la chienne et mon sac en même temps. C'est un problème et faire demi-tour n'est pas une option que j'envisage. Problème/solution, un groupe d’Israélien se proposent pour donner un coup de main. Tous formeront une chaîne et se passeront mon épagneul par le harnais jusqu’en bas de la descente. La vision de Marcelle suspendue passant de main en main me fait sourire. Je me demande ce que je lui fais vivre pour des aventures.

Arrivées au bord du lac Capitello, nous remontons vers la Brèche de Goria, elle monte bien raide et n’est balisée que par de Cairnes. Marcelle ouvre la route et m’impressionne pour trouver les endroits stratégiques pour se hisser. L’ascension ressemble plus à de l’escalade qu’a de la randonnée mais on atteint le col assez facilement finalement. Le lac de Goria est certainement un des plus beaux lacs que j’ai vu jusqu’à présent. Isolé, turquoise et entouré de pic. Il est aussi majestueux qu'innasescible, disons qu'il se mérite vraiment.

On dinera au bord du lac, une boite de conserve que j’aurai un peu de mal à digérer... Seule avec un chien au milieu des montagnes, je ne juge pas bon de perdre trop de temps à me plaindre. On atteindra la bergerie de Vaccaghia vers 16h. Exténuée mais fière de nous et de merveilleuses étendues d’eau dans la tête.

Je plante ma tente, prend une douche bouillante, fait connaissance avec mes voisins belges, français et suisses. Les bergers me proposent de me réchauffer au coin du feu, je saute sur l'occasion et fonce à l'intérieur. Je fais alors la rencontre de Janice, une voyageuse allemande qui avant son stage de médecine au Brésil fait un tour de France en stop. On papote, les bergers m’offrent des crêpes et de l'alcool de myrte en abondance. Je passe un moment très agréable autour de la table. Ce soir-là, le feu ouvert (et l’alcool) aidant je pourrai dormir les pieds en éventail sans le moindre frisson.

Lendemain matin 5 heure, j'aide pour le petit déjeuner des randonneurs. Le deal avec les bergers, j’aide le matin et je peux rester au refuge autant de nuits que je le souhaite. Avec Janice on est aux anges, on donne un petit coup de main pour l'organisation et on va randonner dans les alentours. Il y a vraiment une ambiance agréable et bienveillante. Le troisième soir, on accueil une randonnée organisée de femmes, le groupe est encadré par Magali. ( Guidée de randonnée en montagne depuis quelques années et devenue célèbre depuis sa participation à "Rendez-Vous en Terre Inconnue" #gr20_Corse, sur Instagram) On passera une soirée au coin du feu, Martin à la guitare accompagnera le souper par des chants traditionnels Corse.


La Bergerie, la plaine gelée et le ravitaillement du muletier. Un métier absolument magique qui n'apporte pas que des pas uniqueme...

C'est déjà le moment de quitter ce lieu unique, j’ai l’impression de partir de la maison. En quelques jours seulement, j’avais déjà des petites habitudes. Je fais mon sac, range mes affaires, échange mon numéro avec Janice, et décolle pour une longue marche vers Cortes. Je mettrai 10 heure pour traverser les superbes gorges du Tavignano et atteindre la ville.

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Enfin arrivées à Corte, j'ai les jambes comme sur un petit nuage ! Je fonce à l’office du tourisme afin de savoir où je peux poser la tente et payer le moins cher possible. On me renseigne un camping toujours ouvert en cet fin de saison, il est au bord du Tavignano. Il semblerait que ça soit le plus proche, je traverse la ville et y arrive. L’ambiance de Cortes me séduit directement, posée là au milieu des hauts sommets, elle est dynamique et tranquille en même temps.

Nous arrivons épuisées, je monte la tente dans le premier emplacement libre et je file à la douche. Elle me fait un bien incroyable, l’eau chaude coule sur mon corps sale et j'ai conscience du luxe qu'une douche représente. Cela dit, faute de vêtements propres, Je les remets sales, je suis presque habituée à l’odeur, elle ne me dérange plus vraiment.

 Un petit bout de route pour arriver à la ville

Je fais un petit sac, embarque Marcelle, et hop, on reprend la route pour le centre-ville. Ce soir, on se fait plaisir en s’attablant au restaurant ! Ca me fera le plus grand bien. Je commande un verre de rouge et un plateau de charcuterie, ça m’arrive très peu mais ce soir-là j'en ai vraiment envie. Puis, il faut dire que la Corse est réputée pour la qualité de ses produits. Les cochons sont élevés en pleine aire et se promènent absolument partout dans les montagnes. Je dévore mon plat, il est copieux et me régale. Je fais la connaissance de Cathy ma voisine de table, elle a 52 ans et sort du GR20 qu’elle a réalisé en 15 jours. Cette femme est incroyable, elle me racontera ses voyages en stop en Alaska et son itinérance en Finlande, une personnes inspirante. Après avoir trinqué à notre rencontre, nos routes se séparent. Je me demande si elle se rend compte de la liberté qu'elle dégage.

Après une bonne nuit de sommeil, je lève le camp pour aller déjeuner les célèbres beignet au brocciu. Je les mangerai dans un café PMU, partageant journal et papote avec les locaux. Marcelle fait sensation en Corse et elle me permet de rencontrer du monde.

Je quitte le bar et décide de me mettre en route pour récupérer ma voiture. J'ai entendu parler d'un bus qui me ramènerait au Col Di Vergio. Seulement voilà, après plusieurs renseignements, ce bus n’est plus en service. Il n’assure la liaison que durant la haute saison... Et ça pour moi à pied à Corte c'est un fameux problème. Je peux évidement prendre un transport privé mais cela ne me coutera pas moins de 80 euros… Je reste dubitative au guichet de la gare. Une autre solution ? Oui, il y en a une. Faire du stop de Corte à Castirla pour ensuite lever le pouce sur la D84 avec l’espoir que quelqu’un me monte à Calacuccia. De Calacuccia je ne devrai pas avoir de difficulté à trouver un voiturant montant à Di Vergio. La dame de la gare me fait une jolie pancarte en carton, et m'assure que en Corse le Stop marche du tonnerre. Avec l'odeur que je véhicule et un clébard, j'ai une intuition plus mitigée mais Let's see.

J'embarque la pancarte et la remercie pour son aide. En vérité, j’espère vraiment que ça va fonctionner vite, je suis épuisée et pressée de renter à la voiture. La rareté des transports publics fait de la Corse une île qui se parcours très facilement en stop.

Souvenir de ma pancarte qui m'a amenée à bon port ! Je l'ai gardée en souvenir.  

Me voilà au bord de la départementale, les voitures passent mais personne ne s’arrête. Il fait chaud, mon sac est lourd et j’ai 5 jours de randonnées dans les jambes. Pour être honnête, moralement je ne suis pas au top de ma forme. Je décide de marcher le pouce en l’air, priant pour que quelqu’un qui aime les clebs finisse par s’arrêter. Ma demande à l’univers est très vite récompensée, une voiture s’arrête, Lucie et sa maman me charge ! (C'est le prénom de ma sœur, ça me fait sourire) Elles n’ont d’yeux que pour Marcelle qui est la méga star de la voiture. Elles sont Corses toutes les deux et rentrent à la maison. Elle me propose de me déposer à un endroit stratégique où tout qui passe va forcément à Calacuccia. Je suis hyper heureuse, je les remercie d’un large sourire, Marcelle se laisse embrasser et nous revoilà sur le bas-côté.

Première voiture et première arrêt, Bernard met le chien dans le coffre de la voiture et on est parti. Nous discutons, je lui explique mon voyage, mon chemin sur le GR20. C'est mon jour de chance ! Il va à Porto et passe par justement par le Col de Vergio. Je serai à ma voiture 1h30 plus tard. J’ai appris énormément de chose pendant ce trajet avec lui. Selon lui, la Corse est si sûr car le côté insulaire tient énormément les gens. Tout le monde surveille le voisinage, cela peut avoir des côtés positifs mais les revers de la médaille c’est que l'on ne peut pas faire ce que l’on veut. C'est un gros village ou tout le monde sait tout sur tout le monde. Il me salue, me souhaite le meilleur et me donne un conseil, " Surtout ne marie jamais un Corse"... C'est pas vraiment au programme, mais je suis amusée par la réflexion et note le conseil.

Nous arrivons à la voiture avec un sentiment d’accomplissement très plaisant. Je suis fière d’y être arrivée et je remercie ma bonne étoile. J'ai beaucoup réfléchis à la pratique du stop au féminin, je le développerai plus tard (peut-être) mais c'est un sujet qui m'intéresse particulièrement. Sa diabolisation a sans doute permis le maintien des femmes à distance d'elle-même au nom d'un danger réel mais utilisé de manière totalement déraisonné.

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Direction Calvis, le soleil brille, la journée est douce, je me sens accomplie. Marcelle ronfle sur le siège passager, elle mettra quelques jours à récupérer sa forme. En arrivant, je me gare directement devant le centre de plongée, le lieu est vraiment chouette. Ce qui m'a amené ici, c'est l'épave du B17 immergé dans les profondeurs de la bai. Magnifique cadeau reçu de ma sœur, que je remercie au passage ! Grâce à elle, je vais pouvoir explorer les merveilles cachées de l'île.

Le centre est tenu par une Liégeoise avec qui j'ai beaucoup de connaissances en commun. (Le monde n'est pas si vaste !) Elle vit en Corse depuis 5 ans. Ça met directement une bonne ambiance, je me sens à l'aise, heureuse d'être là. Je rencontre Alex, Léo et Michel avec qui je vais explorer ce Bombardier Américain. Le temps est magnifique, la visibilité sous l'eau incroyable, je me régale ! Nous sommes le seul groupe sur le site, ça donne une sensation de découvertes et de privilèges unique.

Festival de murènes, mérous géants et écrevisses en n'en plus finir, la corse est belle sous toutes les coutures.

Pendant ce temps-là, Marcelle m'attend gentiment sur la terrasse du club, sa petite tête dépassent des balustrades. J'ai vraiment de la chance, pas un son ne sortira de sa bouche, sage comme une image ce breton.

Je sympathise bien avec Alex et Léo les moniteurs. On décide de se rejoindre le soir pour prendre l'apéro. L'ambiance me fait penser à la belgique, le cadre en plus, ici on trinque vue sur mer ! C'est plaisant d'avoir des connaissances à rejoindre dans un bar ! Je me sens intégrée ça me fait du bien. Je teste le vin rouge corse, sans trop de modération... mais tant pis on aura bien rigolé.

Je me plais à Calvis, du coup, je décide de rester un petit peu. Faut dire que ma place de parking à côté de la plage avec vue sur la baie est époustouflante. Je peux rejoindre la ville à pied, aller courir et prendre des bains de mer, que demander de plus ?

J'habiterai cet endroit pendant une semaine, j'y fait la connaissance de Cathy, cinquantenaire qui voyage seule en camion. On prendra l'apéro ensemble chez elle, elle a l'électricité et de la moresque ! Les journées sont de plus en plus courtes, je regrette de ne pas avoir de panneau solaire. Cathy vient d'auvergne, elle connait bien la corse et me refile plein de bons plans. Elle est comique, on s'échange nos numéros pour que je puisse venir lui dire bonjour au Puy du Dôme.

C'est déjà le moment de continuer ma route, on se fait un resto d'aurevoir avec le club ! Je commande du poulpe délicieux ! La vision de cette grande table pour mon départ me réchauffe tout le cœur. Je ne suis pas encore partie et pourtant j'ai déjà hâte de revenir ! Gros coup de cœur pour Calvi !

Je poursuis ma route en longeant la côte. Rythmée par le bruit de la mer, je dors le long de plages incroyables, je les ai rien que pour moi. Bain de mer, yoga au réveil, jogging sur la plage, je savoure la solitude et le calme qu'elle m'apporte. Je prends le temps d'écrire, de lire, mes pensées sont lentes, je me sens terriblement bien. Dans cette petite bulle de bien être, je rencontre Lucille. Elle voyage en break pendant deux semaines avant d'avoir une location proche de Propiano ( petite ville plus bas sur la côte).

Je l'invite à prendre l'apéro du soir et le café du matin, ça match très bien entre nous. Lucille fait les saisons, elle bouge beaucoup entre Montpellier et La Plagne.

La météo va se dégrader, ils prévoient une petite semaine de pluie et en van ou en break ça rend les choses un peu plus compliquées...je prends son numéro, on reste en contact, un peu de soutien pour essuyer une météo belge c'est sans refus.

La pluie est bel et bien arrivée sur l'ile. On se réfugie dans un camping, il pleut du soir au matin et du matin au soir. J'essaie de garder l'intérieur de la voiture au sec. Un art quand on a des infiltrations d'eau, les fuites du toit me rende la vie dur. J'ai le moral dans les chaussettes, tout est trempé, l'humidité et la chaleur la nuit rende tout moite... Mes pieds sont tout fripé le matin, ce qui sur le coup ne me fait pas vraiment rire. Ajoutez une petite odeur chaude de chien mouillé et c'est le combo gagnant pour avoir la forme... Je téléphone souvent à Lucille, à deux dans la même galère, on arrive à rire de la situation.

Pour passer cette petite déprime, Je vais faire de bonnes courses, m'installe sur la terrasse d'un resto fermé et commence à écrire.. (le blog verra le jour ce soir-là).

Entre deux gouttes (ou presque) je sors l'épagneul Breton. Le sortir est un grand mot car on ne rentre jamais véritablement mais disons qu'on découvre un peu les alentours.

Nos sorties entre les gouttes, Marcelle est ravie ...  Pour ma part, j'ai vu un arc-en-ciel ma journée n'est pas si mal !

Je regarde tomber la flotte en surfant sur internet, par hasard une je vois les offres d'emplois de la région. Un ranch recherche une "Accompagnatrice de Tourisme Equestre", je n'avais encore jamais entendu parler de ce métier mais il m'émerveille ! Hop, je téléphone, on me propose de me présenter, dans la foulée j'accepte le jour d'essai. Il faut dire que je n'ai pas grand-chose à perdre. Au mieux, j'ai un boulot de saisonnière au pire deux magnifiques balades à cheval dans le maquis Corse gratuites ! Il pleut encore mais mon petit soleil intérieur a repris du poils de la bête !

Mon jour d'essai est arrivé, je me lève et prends mon petit déjeuner. L'organisation du matin dans 3 mètres carrés, c'est marrant mais alors, quand on est attendu quelque part c'est encore mieux. Marcelle sent que quelque chose se trame, j'ai peut-être l'air de flâner moins que d'habitude...

J'arrive au Ranch CLG Sagone, l'ambiance y est plutôt bonne. J'accueille les touristes présents pour la randonnée, monte en selle et c'est parti. J'en réaliserai deux, l'une dans le maquis, la seconde sur la plage. Ca me permettra de me rendre compte de la difficulté de transmission de l'équitation mais également l'importance de la création d'un lien de confiance entre les randonneurs et les encadrants.

Ranch CLG Sagone  

J'ai passé une journée épuisante mais extraordinaire, un petit déclic intérieur peut-être. J'aime l'extérieur, les chevaux, la randonnée alors être accompagnateur de randonnée à cheval c'est l'idée du siècle. Il existe une formation, je prendrai des renseignements plus tard.

A suivre, je suis dans une réserve de recrutement, la vie nous racontera la suite...

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Je quitte la côte pour m'enfoncer dans les terres, destinations Moca Croce. Un village de 200 habitants à flanc de montagne, je vais y poser mes valises une dizaine de jours.

Le village et la place de la fontaine  

J'arrive sur la place complètement épiée par les villageois. Tous réunit sur un muret en rand d'oignon, j'attise la curiosité générale. Moca Croce n'est pas le village le plus visité de Corse, qui plus est, en octobre, les plaques étrangères semblent encore plus rare ! Bon, mon B-1TGF019 aura fait sensation. J'essaie de me garer discrètement et ne gêner personne (démarche de base bienveillante)... Et bien détrompez-vous ! Ca aura fait pire que bien. Le lendemain à l'aube, un fermier me menacera de dégager la Dacia au tractopelle... (Au grand maux les grands moyens) Bon, j'ai sorti mon plus grand sourire coiffé d'un brin d'humour "à la belge", ça a détendu l'atmosphère, ouf. Il était moins une tout de même.

Dorénavant je suivrai scrupuleusement la règle de "l'Epi". Ca me vaudra une certaine notoriété, mes sublimes "créneaux épis belges", ils sont marrant ces corses !

Pour la petite histoire, à Moca Croce, l'église est désacralisée. La raison ? Le Curé s'est pris une balle en pleine tête pendant la messe... Une histoire d'amour qui s'est mal terminée.. Personne n'a été condamné pour cet acte si ça n'est qu'il n'y aura plus de messe par la suite...

Lors de mon arrivée chez Inge, je ne suis pas seule. Deux jeunes arrivent à vélo, ils sont chargés comme des mulets. Un couple de Lyonnais, Côme et Marie ! Ils traversent la Corse et la Sardaigne à deux roues. On partage une bière le temps qu'Inge arrive avec son 4x4 géant. Elle nous charge dans la ben de la voiture et on file à la ferme. "Filer" n'est pas tout à fait le terme exacte, disons que 20 minutes de piste en pente raide nous sépare du village. Nous voilà perdu dans la montagne, entouré d'une basse cours bien peuplée ! Chiens, chats, poules, canards, oies, il y en a pour tous les goûts !

 Mon petit Rambo d'amour !

Mon coup de cœur c'est Rambo, le chien à câlins, une véritable boule d'amour. On s'installe, Marcelle découvre son nouveau jardin et commence déjà à courser les chats... Je m'époumone mais ça n'a pas beaucoup d'impact. Une chance, Inge est amusée par la chienne et ne semble pas inquiète pour ses poilus.

 Quelques photos qui permettent de percevoir l'ambiance générale

De mon côté, c'est la Dreams-life, j'ai un lit, l'électricité et de l'eau chaude ! Que demande le peuple ! Bon, mon lit est dans un passage vers la salle de bain et mon coussin à côté de la couveuse à poussins mais franchement ça me convient très bien!

On dîne tous ensemble, la table est belle et chaleureuse ! Ca me réchauffe le cœur après ma semaine sous la flotte ! On aura même droit à un merveilleux fondant au chocolat en dessert. Ce genre d'ambiance me manquait, ça fait presque un peu Noël. Côme et marie sont extraordinaires, on rigole bien, ils m'apprennent beaucoup de choses sur les éco-lieux. On s'échange nos bons plans, c'est agréable de passer du temps avec eux. Ils resterons finalement deux jours de plus, pour quelques belles larmes de rire ! Faut dire que Inge adore les structures bois vitrés et s'est construite des WC avec vue !

Elles sont super agréables et l'intimité est garantie (selon elle) moi je serai plus mitigée. De mon expérience personnelle, je peux dire que les chasseurs ne respectent pas les chemins... ça me fera une petite anecdote comique à raconter!

WC et chambre avec vue, on aime !  

Le menu Knedle m'a valu, avec Marie, un fou rire incontrôlable. En un regard à table, on s'est comprise comme si l'on se connaissait depuis toujours. Le voyage rend les rencontres intenses et profondes. Nous nous sommes rencontrées il y a deux jours et pourtant j'ai l'impression que ça fait plusieurs vies ! La spécialité allemande de Inge est un plat antigaspi de pain sec. Gustativement parlant, c'est pas mal mais disons que celui qui mange avec les yeux n'aura pas un appétit d'ogre!

J'ai hâte de les refaire en Belgique pour rire un peu ! " Ma recette de Boulettes allemandes des montagnes Corse ". 

Côme et Marie continue leur route. Dans la foulée, on accueille Marion, ancienne woofeuse qui redescend du GR20.

Le temps passe vite, ça me fait du bien de me poser. Je finirai la semaine seule avec Inge, on s'occupera de la basse cours, du potager, des nouvelles constructions en bois et de la transformation des tomates. On traversera la Corse en 4x4 pour aller sauver des poules pondeuses ! Mission longtemps rêvée qui devient réalité! Je nommerai la canne rescapée Esméralda, elle est magnifique et plait beaucoup au canard qu'elle sortira de la solitude !

J'apprends plein de choses de Inge, son humour et sa rigueur allemande (parfois un choya désagréable) me font beaucoup rire. On mangera des plantes sauvages, ça me permettra de devenir incollable sur la tarte au rumex ! Je participerai aussi à un anniversaire pique-nique / plage avec des gens formidables ! Je l'adore, c'est une force féminine puissante. On passe nos soirées à jouer aux cartes et à boire de la tisane. Elle me racontera sa vie et me transmettra pas mal de choses dont je me servirai dans le futur.

Le réveil sonne à 6h, je vais avoir la joie de découvrir les "petits" cadeaux de voisinage. Impossible d'ouvrir la porte du jardin, je force un peu, je suis à moitié réveillée mais clairement quelque chose bloque… j'abandonne et fais le tour par la cuisine. J'arrive de l'autre côté, horreur malheur, il s'agit d'un énorme cadavre de sanglier. Je reste un peu callée sur l'image, tasse de café en main et bonnet sur la tête… On est loin de l'appart à Grivegnée… Marcelle me tire de mes pensées en aboyant sur la carcasse comme une cinglée…

C'est un cadeau des chasseurs, Inge est aux anges, ça lui permettra de manger une grande partie de l'hiver. Elle va tourner ragout de sanglier ! J'apprendrai les bases de la découpe et de la conservation de la viande, tant de savoir qui se perde alors qu'on est plus carnivore que jamais en occident.

Il est déjà temps pour moi de reprendre ma route, je repars les bras chargés de plumes, tomates et confitures. Je quitte Mocca pour rejoindre Propriano ou Lucille m'attend, je suis hyper excitée à l'idée de la revoir !

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Je rejoins Lucille dans sa location face à la mer et face à montagne (oui c'est possible), proche de Olmeto. Je suis heureuse de la retrouver ! Elle est bien soignée et toute bronzée ! Moi, qui rêve d'une douche où l'eau coule plus que tiède, l'excitation est à son paroxysme à la vision de la salle de bain. En soit, elle est "classique", carlée, douche à l'italienne. Pourtant, elle d'éclanche en moi une émotion euphorique ! Miroirs, électricité, ciel de pluie, je ne sais plus où donner de la tête.

Dans la foulée, je nous concocte un apéritif magistral, il faut bien mettre les petits plats dans les grands pour rivaliser avec l'environnement. Je me lance dans la narration de mon expérience à Mocca, Lucille est pendue à mes lèvres et morte de rire ! Ces moments de partage, tant sur les évènements que sur les émotions, sont vraiment important pour moi.

Le coucher de soleil me volera la vedette, il est somptueux. Eclat de rire sur éclat de rire, nous filons au lit. C'est exactement le genre de moment et de personne qui resteront dans mon cœur. Ah, j'oubliais, pendant ce temps, Marcelle joue à la balle de tennis sur le sable et dans la mer, comme ça tout le monde nage dans le bonheur ! Voilà un bel Happy-End.

Et click, lever de soleil merveilleux ! Devant une vue pareil, on s'empresse de sortir du lit pour aller solennellement observer le spectacle. On prend le petit déjeuner en douceur, café chaud avec vue sur la méditerranée. Souvent, j'ai envie que le temps se fige ! Le ventre plein, je saute dans mon jogging et fonce me dépenser un peu. Disons que les ragoûts de sanglier me donnent une sensation de lourdeur que j'ai hâte de voir disparaître. Je resterai avec Lucille trois jours, c'est hyper agréable de se sentir entourée.

Lever de soleil  sur Olmeto, un petit hymne à l'amour. 

Lulu prend le ferry pour rentrer sur le continent le lendemain. Nous, nous continuerons notre route vers la pépite de la Corse "Bonifacio" ! J'ai d'ailleurs du mal à comprendre comment dans un environnement si beau, il existe une "pépite".

"Pépite: Chose dont l'exceptionnelle qualité attire l'attention." (Voilà la définition exacte de Bonifacio)

J'ai le cœur gros en quittant Olmeto, je remercie la vie d'avoir placé cette rencontre sur mon chemin! On se quitte en se donnant deux "laisser-passer". Elle pour la Belgique, moi pour La Plagne.

Nous faisons route vers le Sud dans un panorama sublime. La méditerranée dévoile ses plus beaux visages, chaque col est une surprise et chaque vue un véritable cadeau. Les kilomètres défilent de manière si poétique qu'on se surprendrai à avoir une petite larme à l'œil.

A cette période de l'année, l'ile est presque vide, sa beauté sauvage n'en est que amplifiée.

Nous suivons les conseils de Lucille et allons nous installer sur le bord d'une plage proche de la pointe Sud. L'eau est turquoise, le sable blanc, les montagnes se jettent dans la mer et les cormorans se dispute leurs butin de pêches. Dans ces moments, je me sens faire partie d'un tout, d'un monde qui s'organise autour du vivant et non seulement autour de l'homme. Cela doit être une des sensations les plus fortes que j'ai eu depuis mon départ de Belgique.

Je passerai une semaine dans cet endroit magnifique. Yoga à l'aube, bain de mer, marche le long des falaises, trempette dans les criques, harmonica sur le sable, lecture, ma vie est simple, il ne me manque rien. Mon esprit est d'un calme olympien, je peux m'y appuyer sans avoir peur d'être gagnée par le doute. C'est rare et super confortable !

"Seule sur le sable" avec ma chienne, je me sens entournée d'amour.

En trainant un peu dans le village, nous nous ferons inviter plusieurs fois par les commerçants, un verre de vin par ci, une planche de charcuterie par là. Décidément, on est bien reçu en Corse.

La spécialité de Bonifacio c'est (roulement de tambours) les aubergines " à la Bonnifacienne"! Elles sont pannées et farcies au fromage Corse... une dinguerie !

Au bout d'une semaine, je commence à connaître les promeneurs de chiens, se crée rapidement une ambiance de village qui me rappelle la maison. (Et ça j'adore !)

 Les falaises qui entourent la ville sont magnifiques et par temps claire, on voit la Sardaigne... 

Dernière randonnée plage sous un soleil radieux, les poissons sont nombreux et je regrette de ne pas pouvoir faire un peu de plongée.. A noter pour l'année prochaine ! Il semblerai que les ile Lavezzi sont un paradis sous la mer. J'ai l'intuition qu'en corse on n'exagère pas sur le beauté des choses alors je l'ajoute dans ma " To do list".

C'est le moment de rentrer sur le continent, je suis un peu mélancolique et en même temps j'ai l'impression de ne pas en avoir fini avec cette ile. Elle m'appelle, j'y reviendrai c'est certain ! Pour le moment, d'autres aventures nous attendent, on fonce faire des emplettes pour que les 15 heures de ferry nous semblent moins longues. Impossible de passer à côté de la pénurie d'essence sur le continent, celle-ci n'atteint pas la corse (l'ile est approvisionnée par l'Italie) mais risque de nous embêter en France. Avec mon petit réservoir de 45 litres, je vais être limitée dans mes mouvements. Je décide de prendre un bidon en plus, bloqué pour bloqué autant se payer le luxe d'avoir un rayon de 20km pour choisir l'endroit.

Cette merveilleuse idée ne plaira pas du tout à Corsica Ferry et me vaudra un contrôle minutieux de la voiture par la douane... Honnêtement, Je faisais pas trop la maligne. Menaçant de me confisquer mon bidon (que je voyais comme un grâle), m'ordonnant de montrer mes papiers, les douaniers ont eu raison de mon sang froid. Résultat: voix qui tremble et les larmes aux yeux !

Fragilité et plaque belge m'ont sorti de cette situation ! Mathématiquement, un plein complet ne me permettait pas de remonter à la maison et ça, ça a changé la donne. Personne ne pouvait deviner que ma première halte était l'Ardèche ! Le chef de la douane m'autorise à monter à bord, soulagement, je prends mon sac et m'installe pour la nuit.

 On est pas mal installée, Marcelle s'étale de tout son long et déclanche pas mal de réaction des passagers.

Objectif, chopper une prise de courant ! Je sors un film, un plat cuisiné, un verre de vin entre deux balustrades. C'est que je suis bien installée sur mon pallier ! Marcelle dort à point fermé, je fais de même sur fond de " Oh regarde le petit chien". Le jour se lève, je prends mon petit déjeuner et range mes sacs.

Nous arrivons à Toulon, les gens débarquent, les gens oui mais moi non... Impossible de me souvenir où j'ai garé la voiture. Je passerai plus d'une heure à la chercher dans les cales du ferry ! Ca me rend folle mais j'essaie de le voir comme un exercice pour les nerfs. C'est de ma faute, je me suis garée sans faire attention, mais bon ici c'est pas le parking de bel île ! Grâce au vidéo de surveillance que je récupère mon habitat dans un soupir de soulagement !

je rejoints marine pour un café sur le port de Toulon ! On s'est rencontré chez Inge et ses parents ont une petite maison en bord de mer. On se met au soleil en se racontant les dernières nouvelles de route ! Je passe faire un peu de stock au marché avant de prendre la route vers le 07 !

Après 15 heures de bateaux, la petite balade sur le port sera pour Marcelle une délivrance ! Elle s'arrête tous les 10 mètre pour se soulager au pied des terrasses ensoleillées... Les clients en polo bleu marine se bouche le nez... Moi j'hésite entre l'amusement et la honte, sans doute un mélange des deux !

On saute dans la Dacia et on reprend la route prochaine étape le Pays Basque.