Nous partons pour 8 jours de découverte du Japon à travers ses forteresses médiévales.
Mai 2018
8 jours
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Si au départ de Bkk le soleil nous a offert un somptueux coucher pour nous saluer, par contre il était totalement aux abonnés absents à Hakodate. Partis par 35 degrés à Bkk, nous sommes arrivés à Hakodate par une tempête avec vents violents (qu’on a bien sentis à l’atterrissage) et pluie battante: 7 degrés ressentis 3 ! Choc un peu brutal. D’autant qu’après une nuit quasi blanche en avion- je n’ai jamais vraiment dormi dans un avion et Pierre non plus- on n’était pas tout frais.

Mais c’était l’heure du déjeuner et nous étions attendus dans un très bon restaurant local où nous avons fait notre premier vrai repas japonais. Alors les sushis ou autres sashimis connus en France, vous pouvez aller vous rhabiller. Si les goûts peuvent nous surprendre, le raffinement et la légèreté sont très appréciés. Mon plat préféré de ce repas : l’Imumanju ( pomme de terre farineuse en purée épaisse et un peu gluante fourrée au centre avec des champignons et une sauce fumée épaissie) plat typique de la région d’Hokkaïdo.

L’après-midi fut moins idyllique. Les Japonais ne changent pas un programme quoi qu’il advienne donc nous nous sommes retrouvés sous les intempéries à battre le pavé pour se réchauffer les pieds mais à visiter les quelques sites ( moyennement) intéressants de la ville. Historiquement parlant c’est ici que s’est achevé au milieu du XIXe siècle le règne et l’existence même des shoguns et de leurs samouraïs. Ils avaient tenu le pays face à un pouvoir impérial muselé et impuissant pendant près de 250 ans. Et c’est donc ici à Hakodate que les derniers samouraïs, bien affaiblis depuis l’ouverture du pays aux étrangers en 1854, et qui s’étaient progressivement repliés vers le nord, ont définitivement perdu la partie face aux troupes de l’empereur. De cette période ne persiste qu’un parc qui était autrefois occupé par un chateau fortifié. Il ne reste de la forteresse Goryokaku que les douves et le rempart extérieur. Elle avait été bâtie sur un plan en étoile comme les forteresses de Vauban, permettant d’éviter tout angle mort propice à une attaque. Une tour moderne surplombe le site pour permettre de voir ce plan en étoile.

De nos jours Hakodate est un grand port de pêche au sud de l’île d’Hokkaïdo. Il regarde à la fois vers la mer du Japon et l’océan Pacifique.

Demain nous allons expérimenter le bullet train, le TGV local.

A demain donc. On se couche, un peu rompus et lever à 6h demain.

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Aujourd’hui par le même temps pourri qu’hier nous quittons l’île d Hokkaïdo pour rejoindre celle principale de Honshu en empruntant le tunnel ferroviaire qui passe sous le détroit entre les 2 îles: 53,85km, un peu plus long que son collègue sous la Manche.

En 1 heure nous arrivons à Aomori. De là en bus direction Hirosaki où nous allons visiter ce qui reste d’un chateau féodal construit au début du XVIIe s ( la féodalité a duré jusqu’en 1854) et plusieurs fois détruit car en bois. Il reste aujourd’hui une tour d’angle, déplacée il y a deux ans au milieu du parc où était le chateau autrefois, car le mur de soutènement sur lequel elle reposait, menaçait de s’écrouler. Une vidéo montre l’opération de déplacement qui dura deux ans : impressionnant. La tour fut soulevée puis placée sur des rails pour la déplacer d’environ 50 mètres. Le chateau a disparu mais l’espace qu’il occupait est transformé en parc et je ne connais pas de meilleurs spécialistes pour créer un parc que les japonais. Même sous une bonne pluie bien froide et du vent on prend plaisir à y passer du temps.

Après 3 heures de route vers le sud puis en montant dans la région la plus enneigée en hiver, nous avons rejoint Kakunodate, une petite bourgade de 5000 habitants non loin de stations de ski, réputée comme le musée des samouraïs. Plusieurs maisons en bois typiques de l’époque des samouraïs existent encore et l’une d’elles est un petit musée intéressant. Au Japon vous vous déchaussez toujours quand vous entrez dans une maison. Pas de meubles ou presque. Des tatamis au sol et des panneaux coulissants recouverts de papier de riz pour isoler chaque pièce. Dans la salle où on mange un foyer central creusé pour chauffer la pièce, y faire du thé. Pas de lit, ni de tables et encore moins de chaises. Dans une chambre seule décoration: une alcove avec un bouquet très japonais et un poème écrit sur un parchemin accroché au mur. On ne peut pas faire plus minimaliste.

Dans la partie de la maison autrefois réservée à la conservation des réserves, un musée est installé pour expliquer l’équipement des samouraïs: pourpoint avec les emblèmes, armure faite de papier mâché compressé en nombreuses couches collées et les différentes pièces cousues entre elles avec un gros lacet. Une armure aussi résistante à la percée que du métal mais bien plus légère. Et bien sûr le célèbre sabre de samouraï, le katana, tellement aiguisé qu’il peut décapiter quelqu’un d’un seul coup.

Enfin en soirée pour terminer la journée nous avons goûté dans un restaurant local à une spécialité de la région, le suriyaki: c’est une sorte de fondue. On vous apporte les ingrédients crus: boeuf shabu shabu, champignons, tofu, oignon, herbes, oeuf. Dans un poëllon qu’on chauffe il y a un bouillon dans lequel on met tous ces ingrédients. Et quelques minutes plus tard on déguste avec du riz blanc. Très bon.

Rendez-vous demain en espérant un temps un peu meilleur mais la météo n’est pas encore optimiste. Pour l’instant on se réchauffe et on se sèche !

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Dimanche matin quel plaisir de se réveiller avec le soleil après les 2 premières journées pourries. Même si l’air est encore très frais et l’humidité bien présente, on sent que le soleil va nous réchauffer. Nous partons rejoindre la côte de la mer du Japon que nous longeons sur environ 150 km jusqu’à Sakata, charmante ville côtière qui fut un port important mais a perdu de sa superbe.

Là nous avons rendez-vous avec une vieille famille de marchands très riches , les Honma. Dans le Japon féodal être marchand signifiait qu’on était en bas de l’ échelle sociale mais ça ne vous empêchait pas de vous enrichir. La notoriété vint pour la famille au XVIIIe siècle où l’un d’eux reçut le titre de samouraï de l’empereur. La ville de Sakata a gardé de cette grande famille 3 résidences classiques que l’on visite. La première possède un typique jardin japonais, une merveille.

L’après-midi en allant visiter les deux autres résidences de la famille, nous avons eu la surprise d’arriver pour le défilé de carnaval annuel de la ville. Chaque quartier, école, société, association défile avec un char. Très sympa et il faisait un temps radieux donc idéal.

Après nous avons visité une des résidences plus récentes de la famille où est exposée la tenue de cérémonie de l’ancêtre samouraï quand il se rendait à la cour. Belle maison toujours de même style avec un beau petit jardin

Nous avons même eu l’honneur d’un accueil personnalisé pour notre groupe par la descendante de la famille

Le soir à l’hôtel nous découvrons le confort à la japonaise: futon déroulé au sol : le confort une fois couché est bon mais se lever surtout est plus compliqué.

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Après une nuit au confort cahotique sur nos futons et le dos un peu cassé nous repartons en direction de la côte pacifique avec arrêt à Hiraizumi. La route nous fait traverser des rizières que surplombent au loin des montagnes encore enneigées: paysage d’estampe japonaise. Hiraizumi est connu pour être le siège d’un grand temple bouddhiste de la secte Tendai: Chuson-Ji, fondé en 1124 par une puissante famille qui dirigea la région, le clan Fujiwara. Le temple comptait plus de 40 pagodes et abritait 300 moines. Après maintes péripéties et destructions, il fut reconstruit dans les années 1960. Il est classé Trésor National Japonais.

Nous terminons la journée par une visite reposante dans un joli parc appartenant à un temple, le Motsu-Ji. Les Japonais sont d’excellents jardiniers.

Etape à Matsushima au bord d’une jolie baie donnant sur le Pacifique et dîner en yukata à l’hôtel.


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Notre journée débute par une jolie croisière dans la baie de Matsushima, constellée de toutes petites îles et de 4 plus grandes.

Puis nous allons visiter le temple zen le plus important de la région, situé juste en face du port, le Zuigan-Ji. Ce temple s’enorgueillissait d’une magnifique allée d’accueil faite de cèdres pluri-centenaires. La plupart d’entre eux ont péri suite au tsunami de 2011, celui qui provoqua la catastrophe nucléaire de la centrale d’Okuma dans la province de Fukushima. L’eau pénétra en une vague d’1m50 de haut sur une profondeur d’environ 700 mètres. C’est l’eau salée qui fut fatale aux arbres. Aujourd’hui on replante les arbres mais il faudra de longues années pour retrouver la majesté des grands arbres disparus.

L’architecture du temple associe sobriété et élégance. L’intérieur révèle différents salles réservées à des groupes sociaux différents et à des cérémonies religieuses. Ces salles sont magnifiquement décorées mais dépouillées de tout mobilier. Le temple fut totalement restauré de 2009 à 2016.

Nous reprenons la route vers l’intérieur de la province de Fukushima- une zone de sécurité interdit encore toute approche à moins de 80 km de la centrale - pour rejoindre le dernier bastion des samouraïs du nord qui tombèrent contre les troupes de l’empereur en 1868: le chateau Tsuruga à Aizu. Le chateau lui-même, construit en 1384, changea de mains à plusieurs reprises avant de disparaître après la dernière grande bataille en 1868. Celui qu’on visite est une réplique fidèle de celui qui fut détruit, réplique construite dans les années 1960. Il abrite un intéressant musée sur l’histoire de la fin des samouraïs.

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Notre étape d’aujourd’hui nous mène plein sud par les plateaux du centre de la province de Fukushima à celle de Tochigi. Notre premier arrêt dans une petite bourgade, Mashiko, est pour visiter une jolie maison traditionnelle au toit de chaume ayant appartenu à un célèbre céramiste, Shoji Hamada, qui y habita avec sa famille et ses artisans jusqu’à sa disparition en 1978. Il était l’un des 3 fondateurs du mouvement mingei (l’art populaire) mouvement artistique japonais, principalement de poteries et céramiques, inspiré par le mouvement anglais Arts & Crafts, qui voulait revaloriser l’artisanat populaire de longue tradition. Après sa mort sa maison fut transformée en musée pas uniquement de ses oeuvres mais aussi de céramistes locaux.

Puis nous sommes remontés vers le nord-ouest d’environ 60 km pour atteindre Nikko, 85000 habitants, dans un paysage de forêts et de montagnes, bel écrin pour le mausolée du grand shogun Ieyasu Tokugawa, seigneur de guerre à l’origine du shogunat du clan Tokugawa qui arbitra le pouvoir pendant plus de 250 ans. Si un ermitage bouddhiste y existait depuis le VIIIe siècle, ce lieu n’acquit de célébrité qu’après qu’on y eut placé le mausolée de Ieyasu Tokugawa, sanctuaire shintoïste, en 1617. C’est son petit-fils Iemitsu Tokugawa qui en fit en 2 ans le superbe mausolée que l’on peut admirer aujourd’hui. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Quel contraste après le Chonsu-Ji si sobre vu hier ! Ici nous sommes dans une exubérance architecturale très chinoise. Le tout dans un parc avec de très grands cèdres magnifiques.

Demain nous atteindrons Tokyo.

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Dernière étape routière de notre voyage: de Nikko nous avons rejoint ce soir Tokyo. Première impression : une grande métropole comme tant d’autres. 14 millions d’habitants pour la ville , 30 pour la métropole. L’arrivée montre toujours les mêmes aspects: des immeubles, des échangeurs avec une circulation dense. Le centre de la ville, le quartier de Ginza ressemble à tous les quartiers commerciaux des grandes villes: centres commerciaux luxueux où se déclinent toutes les grandes marques internationales du luxe. Rien de bien original. Il reste néanmoins des petites rues où se concentrent de petits restaurants.

Je suis restée scotchée devant cet abribus faisant la promo .....d’Anne Hidalgo. C’est pas la meilleure image de la France à expor...

Dans l’après-midi nous sommes allés assister à une représentation de théâtre Kabuki, théâtre traditionnel japonais. Intéressant pour les costumes et le jeu de scène mais -malgré un résumé en anglais de l´intrigue- on n’a rien compris. Et ça dure 4h ! A l’entracte au milieu, on s’est sauvés préférant marcher à la nuit tombante dans le quartier. Nous y avons découvert un grand temple bouddhiste, de la secte majoritaire au Japon dite de la Terre Pure: curieux car il fait plus penser à une gare qu’à un temple bouddhiste.

Demain dernière journée de visite de Tokyo avant le retour à la maison.

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Pour cette dernière journée, nous allons voir la transition entre l’ancienne Edo, capitale des shoguns, devenue Tokyo, c’est à dire la capitale en japonais, lors de la restauration du pouvoir de l’empereur en 1868. Pour cela direction le palais impérial ou kyoko en japonais pour une visite guidée. Nous attendions beaucoup de cette visite et nous sommes déçus. De l’époque Edo il ne subsiste que les remparts de la citadelle impériale et les douves qui les entourent. A l’intérieur tout le palais a été entièrement détruit déjà par un incendie en 1873 puis par les bombardement pendant la guerre. Seules persistent de l’époque Edo 2 tours de guet. La reconstruction a fait naître à la place un pavillon en béton et métal sans âme qui fut terminé en 1968, et qui porte bien la marque de son époque. De toute façon on ne fait que le voir de loin. Donc visite de peu d’intérêt. On aurait aimé au moins un peu de style architectural classique japonais. Pas du tout. Difficile d’imaginer le palais qui existait avant. Une peinture du XVIIIe siècle montre ce qu’était la résidence des shoguns Tokugawa.

Et pour terminer notre évocation historique du pays nous visitons le sanctuaire shintoïste dédié aux esprits déifiés de l’empereur Meiji et son épouse l’impératrice Shoken. Le sanctuaire ne contient pas la tombe de l’empereur qui est à Fushimi-momoyama au sud de Kyoto. Mais nous sommes surpris de découvrir un bel échantillonnage des meilleurs crus de vins de Bourgogne, offerts par les vignerons bourguignons pour la consécration du sanctuaire. On aurait bien aimé goûter ces merveilles !

Enfin pour clore ce voyage un passage par le Food Market de Tsukiji où on trouve tout ce qu’il faut pour cuisiner japonais, à commencer par le marché aux poissons superfrais qui donnent envie de les manger immédiatement.

Et pour terminer quelques vues de Tokyo à la tombée du jour sur la route de l’aéroport. Ce pays nous a beaucoup plu: par la beauté de ses paysages, la propreté de ses villes et campagnes, la gentillesse des gens, son histoire singulière. Nous y reviendrons.