En cette période de Covid, bloqués en Thaïlande, nous nous échappons du tumulte (revenu) de Bangkok pour découvrir la douceur des Iles du golfe de Thaïlande. La plus grande est Kô (ile en thaï) Samui.
Juin 2020
6 jours
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Arrivés dans la matinée par le seul vol de la journée, l’avion à moitié rempli, la température contrôlée une dizaine de fois (heureusement que ce ne sont plus des thermomètres rectaux 😳😅), traçabilité par le téléphone tous les 50 mètres et mains désinfectées au gel alcoolisé une dizaine de fois aussi (ouf! pas d’alcootest !), nous découvrons une île encore très villageoise par certains côtés avec des poules et des coqs partout, même si elle est réputée pour ses parties endiablées jusqu’au bout de la nuit. Celles-ci sont en sommeil aussi en ce moment. On croise beaucoup d’Européens, c’est une des destinations préférées des Français qu’ils soient retraités installés à l’année ou plus jeunes backpackers. On sent tout de suite la douceur de vivre des îles, une circulation beaucoup plus calme qu’à Bangkok. Notre hôtel se situe au nord de l’île, face à l’est. Mais situons l’île sur une carte: Kô Samui est la plus grande des îles du golfe de Thaïlande.

Kô Samui a une longue histoire car idéalement située. En effet elle est en face de la portion la plus étroite de l’isthme de Kra qui relie la Malaisie au continent sud-asiatique. Or à cet endroit dès le 1er siècle avant notre ère, les marins tiraient partie de cette étroitesse. Venant de l’Océan Indien et gagnant la Mer de Chine, ils devaient passer par le détroit de Malacca, un repaire dangereux de pirates de tout temps. Pour le court-circuiter ils organisèrent des routes de portage à cet endroit rétréci de l’isthme. Les bateaux débarquaient les marchandises sur la côte ouest de l’isthme dans la mer d’Andaman, on les passait à dos d’éléphant sur la côte est dans le golfe de Thaïlande où on les rembarquait sur des bateaux. C’était plus sûr et beaucoup plus court. Ce système a perduré jusqu’à l’époque moderne et a même été une des grandes causes de conflit entre Birmans et Thaïs. Si ces routes ne fonctionnent plus, il existe néanmoins un projet que les Chinois voudraient développer et qui est de creuser un canal à l’image de celui de Panama. Mais pour l’instant les autorités thaïes bloquent ce projet.

Kô Samui, toute proche, a toujours été active dans ces échanges commerciaux et nombre d’îliens sont des descendants de négociants chinois.

En arrivant à Kô Samui vous ne pouvez pas manquer à l’atterrissage l’immense statue de Bouddha installée sur une petite presqu’île. Construite en béton et dorée elle mesure 12 mètres de haut, installée au sommet d’un grand escalier. On la voit de loin. A l’entrée le fronton du portail montre la scène du Grand Départ, quand le prince Siddharta quitte le palais princier de son père pour partir devenir ermite méditant. Le style de cette représentation fait plus penser à un chevalier médiéval qu’au futur Bouddha.

Tout proche de ce temple un autre monastère montre l’éclectisme de la pratique bouddhique sur cette île. Loin des canons classiques de Bangkok, on trouve une diversité de déités empruntées à l’hindouisme ainsi qu’un petit sanctuaire taoïste dans l’enceinte du temple.

Demain exploration en voiture car l’île n’est pas si petite. La route qui en fait le tour fait presque 100 km.

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Ce matin, après location d’une voiture, nous partons visiter la plage la plus connue de l’île, celle de Chaweng, la ville principale de l’île. La population résidente à l’année de l’île est d’environ 50000 personnes, mêlant des descendants de Chinois de Hainan arrivés depuis longtemps, des Thaïs bouddhistes et des Malais musulmans et depuis une vingtaine d’années des Farang, des Européens, retraités ou amoureux de plongée qui sont venus s’y installer. Le développement touristique de l’île a commencé dans les années 1970: la route qui ceinture l’île fut construite et à cette époque il n’y avait ni eau courante ni électricité sur l’île. Elle garda donc assez longtemps sa tranquillité et son authenticité. L’aéroport international fut construit dans les années 1980 ce qui ouvrit l’île au tourisme de masse.

L'abondance de sa végétation luxuriante, ses cascades, temples bouddhistes résument en eux-mêmes un petit paradis tropical. Koh Samui est couverte d'arbres à durians, bougainvillées, ramboutans et jardins de cocotiers dont on trouve toutes les espèces rencontrées en Thaïlande. Sa principale richesse est d'ailleurs l'exportation vers Bangkok des millions de noix et des produits dérivés.

Paradis tropical sans aucun doute mais avant le passage du coronavirus ! Si la vie commence à reprendre une allure presque normale à Bangkok, ici c’est la désolation. Pas un seul touriste puisque le pays reste fermé. Toutes les activités touristiques sont stoppées. Chaweng est une longue plage de sable fin de 7 km Ponctuée de resorts, restaurants de plage, bars de plages, boutiques: tout est vide. Et si on déplore souvent le trop plein de touristes, là c’est l’excès inverse. Nous avons remonté la rue principale de la station balnéaire à midi et n’avons croisé aucun être humain ! Quelques chiens seulement ! Tout est fermé, resorts, boutiques, agences de voyage, même supérettes ou pharmacies ou encore banques ! Une impression de tristesse nous a envahi. Nous avons difficilement trouvé un petit restaurant thaï qui ne proposait qu’un plat au menu, le basique Khao Phad Mou c’est à dire un riz frit avec du porc. Nous étions les seuls convives bien sûr. La plage si réputée pour ses animations jusqu’au bout de la nuit n’accueillait personne. Vision de fin du monde ou plutôt de fin d’un monde. Car l’économie locale aura sans doute du mal à repartir: beaucoup de commerces affichent A vendre ou A louer. Plusieurs chantiers de construction de resorts sont arrêtés. Les quelques locaux que nous avons rencontrés nous regardaient un peu surpris, manifestement déshabitués de voir des touristes. Un stupa en haut d’une colline en face de l’aéroport nous a offert une jolie vue générale sur Chaweng avec son lac en fer à cheval.

Nous avons fait le tour de l'île en voiture: ce n’est pas très long puisque l’île fait 25 km nord-sud et 22 d’est en ouest. Même les sites naturels comme des cascades sont fermés. Seule l’une d’entre elles était ouverte et accueillait quelques baigneurs dans la piscine naturelle au pied de la chute d’eau.

A l’extrême sud de l’île marqué par une pagode, plusieurs petits îlots alentour offrent une jolie vue.

L’ouest de l’île nous a paru un peu plus vivant. Moins dédié au tourisme que l’est, c’est plus une vie locale avec deux petits ports où l’activité semble réduite aussi.

Au nord de l’île un petit village, anciennement de pécheurs, est devenu un village pour touristes: déserté également.

Les plages sont magnifiques et désertes.

De retour à notre resort en fin de journée, nous avons apprécié le coucher de soleil toujours spectaculaire sur la mer qui est vraiment turquoise.

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Ce court séjour prend fin. Nous en profitons pour explorer à pied l’extrême nord-est de l’île où est situé notre hôtel. Plusieurs belles petites criques d’accès très discret avec des plages de sable blanc. Très peu de monde, quelques locaux. Même une plage naturiste dans un endroit discret tout au nord de l’île mais bien sûr interdite en cette période covid. Quoique pourquoi finalement ?

Notre hôtel, le Ritz Carlton, est un des rares ouverts. Encore n’offre-t-il pas toutes les activités habituelles, en particulier nautiques. Il n’accueille en ce moment qu’une quarantaine de clients pour une capacité maximale d’environ 500 ! C’est dire si nous fûmes au calme ! C’est un très bel établissement avec des chambres dans de petits immeubles ou des villas privatives. Construit à flanc de colline, il permet de faire de la marche sportive avec quelques belles pentes bien raides.

Retour à Bangkok où l’aéroport est vide. Surprenant de voir tous les avions de Thai Airways cloués au sol avec leurs bâches sur les réacteurs.

Les autorités venant d’annoncer que les frontières ne rouvriraient pas comme prévu au 1er juillet mais peut-être au mois d’août, nos espoirs de retour en Europe cet été s’amenuisent de jour en jour. Espérons que nous pourrons au moins bouger dans la région.