Petite escapade dans "l'autre Chine", Taïwan. Notre but principal est la découverte des collections du Musée National du Palais de Taipei mais aussi de la ville de Taipei.
Mars 2019
3 jours
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En ce samedi 23 mars, pluvieux et frisquet (16°), surtout pour nous habitués aux chaleurs tropicales de Bangkok, nous débarquons à Taipei pour une courte escapade. Première impression : un pays bien organisé, des habitants souriants et sympathiques. Nous logeons dans l'hôtel le plus chinois de la ville, le Grand Hôtel. Dès notre installation, il faut trouver de quoi couvrir mon pauvre Pierre, parti en petit polo estival et sans vêtement chaud: une boutique de vêtements chinois de l'hôtel fera l'affaire. Voilà Pierre transformé en mandarin.

rmi  

Après une bonne nuit, départ vers le Musée National du Palais de Taipei, le but premier de notre voyage. Pourquoi cet intérêt ? Parce-qu'il renferme une grande partie des collections d'art chinois depuis le début de la Chine, et ça ne date pas d'hier, jusqu'à la dernière dynastie régnante du début du XXe siècle, collections qui appartenaient initialement à la Cité Interdite de Pékin. Comment sont-elles arrivées ici ? C'est une aventure rocambolesque qui commence en 1937 quand, devant l'avance des Japonais qui ont envahi la Mandchourie, le général Tchang Kai Tchek décide de déplacer les collections de la Cité Interdite pour qu'elles ne puisssent pas tomber aux mains des envahisseurs: 3 convois qui suivront des chemins et des destinations différentes vers le centre et le sud de la Chine. Près de 650 000 pièces, petites ou grandes, réparties dans des milliers de caisses vont se promener pendant plus de deux ans avant d'arriver à leurs lieux de cachette. Elles y resteront jusqu'en 1948 où, cette fois, devant l'avancée des communistes chinois et craignant que ceux-ci ne les détruisent (version officielle), Tchang Kai Tchek leur fait prendre la mer en direction de Taïwan, qui devient la République de Chine (non communiste) dont il est président. On construit un musée pour accueillir ces pièces dans les années 1950 : c'est le Musée du Palais de Taipei. Depuis, un bras de fer oppose les deux Chine, les communistes souhaitant bien sûr récupérer les collections.

Toutes les pièces ne peuvent bien sûr pas être exposées en même temps. D'autant qu'aux collections de Pékin sont venues s'ajouter d'autres pièces provenant de dons, d'autres musées ou d'achats du musée. Au total un fond de 700 000 pièces dont 1% est exposé en une fois, une rotation de 3 mois permettant de changer les collections présentées. Déjà 1% ça fait 7000 pièces ! De quoi en prendre plein les mirettes ! Il y a tout de même un fond permanent dans les pièces présentées, les pièces maîtresses demeurant toujours là. Aujourd'hui nous avons pu voir des collections d'art bouddhique, de céramiques, de bronzes, de jades et de peintures. Même s'il y a beaucoup de monde, le musée est bien organisé et on a pu voir à peu près correctement les pièces qu'on voulait voir. Mais les groupes de touristes chinois ici comme au Grand Palais à Bangkok sont infernaux.

L'art bouddhique tout d'abord nous a permis d'admirer quelques belles pièces du bouddhisme tibétain, très pratiqué en Chine comme on l'avait vu l'an dernier en Mongolie-Intérieure.

L'art de la poterie est une longue expérience en Chine : dès le Néolithique aux environs du 6e millénaire avant notre ère, on commence à fabriquer des poteries en terre cuite et à polir des outils en jade (comme des haches), qui a l'avantage d'être une pierre extrêmement dure quasi indestructible. La maitrise de ces deux techniques ne cessera de passionner les artisans chinois qui vont acquérir une expertise sans rival dans ces deux domaines. Dès 5000 à 6000 ans avant notre ère il existait en Chine des fours de poterie qui montaient en hautes températures permettant de cuire des pièces à couverte blanche et noire. Il y a 4000 ans on faisait des poteries noires ajourées très fines appelées "coquilles d'oeuf".Les Chinois ont inventé toutes les techniques de céramiques et de porcelaines qui restent encore aujourd'hui parmi les plus belles du monde. Les empereurs chinois ont tous été collectionneurs de belles pièces de leurs époques et la collection du musée est très riche de toutes les dynasties. Les porcelaines les plus connues sont sans doute les porcelaines à motif bleu de la dynastie des Ming.

Les émaux sont aussi une spécialité des artisans chinois et on peut admirer de très beux cloisonnés.

L'art du bronze dès le 2e millénaire avant notre ère s'est aussi développé en Chine, très utilisé dans les objets quotidiens.

Le jade est certainement resté une spécialité chinoise. Employé tant comme outil que pour faire des bijoux ou créer des tablettes gravées de textes rituels, c'est le matériau le plus noble pour les Chinois, avant l'or qu'ils ne dédaignent pourtant pas.

Terminant la journée par l'exposition de peintures, nous n'y avons pas consacré beaucoup de temps, étant fatigués. Néanmoins quelques belles pièces ont retenu notre attention. Les peintures chinoises traditionnelles sont des aquarelles ou des lavis à l'encre, souvent avec des textes calligraphiés.

Demain la météo semble un peu meilleure. Nous allons tenter une visite de la ville.

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Bon, disons-le d'emblée : journée pourrie ! Voilà ce que j'ai vu en ouvrant les rideaux ce matin, malgré un bulletin météo très encourageant !!

Que faire ? Ne pas se décourager devant l'adversité ! Nous décidons de faire les touristes parfaits en prenant un tour de ville en bus à impériale (couverte aujourd'hui, heureusement !). Avec l'espoir que, puisque la météo ne voyait pas de grosse pluie, voire plus du tout à partir de 11h, nous aurions finalement gain de cause. Que nenni !!!

Premier arrêt à un des temples les plus célèbres de Taipei, le temple Lonshan de Manka. Temple bouddhiste construit au XVIIIe siècle, il est dédié à la déesse de la famille et de la compassion, Guan Yin, la déesse la plus vénérée dans le bouddhisme Mahayana, c'est à dire celui majoritaire en Extrême-Orient. Elle est très vénérée de la population, en particulier des descendants des migrants de la région de Fujian au XVIIIe siècle. Le nom de ce temple fait référence au district originel de cette population émigrée. Ce temple a subi de nombreuses rénovations suite à des tremblements de terre ou des typhons, et fut même reconstruit au début du XXe siècle. En plus de son orientation bouddhiste, il abrite aussi plusieurs autels dédiés à des divinités taoïstes. Il est aujourd'hui classé au registre des monuments nationaux. Il est composé de 3 salles, une principale, dédiée à Guan Yin entourée de deux plus petites, une en avant qui sert d'entrée et l'autre en arrière dédiée à la déesse Mazu, déesse des voyages maritimes, au dieu de la littérature Wenchang et au dieu de la guerre. Le temple abrite les représentations de nombreuses divinités sur décision du gouvernement dans les années 2000 suite à la destruction de plusieurs temples dans le cadre du réaménagement du centre de la ville.

La foule se presse dans le temple en ce lundi matin malgré le mauvais temps et les offrandes de nourriture ou de fleurs sont omnip...
Guan Yin 
Temple taoïste à l'arrière  

Notre deuxième arrêt s'adresse au Mémorial dédié à Tchang Kai Tchek, le "père" de la nation. Situé au fond d'une immense place, appelée Liberty square, c'est un imposant bâtiment blanc au toit bleu qui rappelle les palais impériaux chinois de Pékin. Construit dans les années 1980 à la mémoire du général et président de la république Tchang Kai Tchek. C'est aussi un centre culturel où se tiennent des expositions. Sur Liberty square il y a 3 autres bâtiments, deux jumeaux de part et d'autre du mémorial et le mettant en valeur, le National Theatre et le National Concert Hall, de style chinois. Fermant la place sur le 4e côté la grande arche de la Liberté.

Et en sortant ! Mince ! Des gilets jaunes ici !!! Perplexes, nous penchons (vue la banderolle) pour des adorateurs de Tchang Kai T...

Pierre étant bientôt à tordre et frileux, nous décidons de repartir nous réchauffer à l'hôtel puisque, décidément le ciel ne nous accorde pas sa clémence. Dans notre bus de retour nous passons devant l'emblème de la ville depuis sa mise en service en 2004, la tour Taipei 101, ainsi nommée pour ses 101 étages. Elle fut, peu de temps, avec ses 509,2 mètres de haut la plus haute tour du monde, détrônée en 2010 par la Burj Khalifa de Dubaï. Bien sûr on peut monter tout en haut pour la vue mais franchement aujourd'hui .... aucun intérêt !! Je vous mets une petite photo tirée d'internet car nous, pour l'instant (mais nihil desperandum), nous n'avons vu que le bas.

Espérons que notre dernière journée sera moins arrosée. En tout cas, on a compris au moins une chose : pour venir ici, ne pas oublier un vêtement de pluie !

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Pour notre dernier jour, nous avons la chance de voir enfin le soleil. Et du coup la fameuse tour Taipei 101 sortie des nuages.

Pour cette dernière journée nous avons préféré, devant faire un choix, aller visiter l'un des quartiers les plus anciens de la ville, assez touristique et un peu bobo. Nous avons retrouvé exactement la même ambiance que dans le quartier chinois de Bangkok ce qui prouve bien qu'on est aussi en Chine là-bas. Petites échoppes vendant des produits par spécialité suivant leur emplacement : herbes et champignons séchés,a plantes médicinales, vêtements, quolifichets.... Rien à voir avec les centres commerciaux et d'ailleurs il n'y en a pas dans ce quartier. Ceux-là sont concentrés dans le quartier branché où se situe la tour Taipei 101. Ici c'est la Chine ancestrale avec ses innombrables petits temples, taoïstes, bouddhistes ou les deux ensemble, on est très tolérant et on accepte tout ce qui est bon à prendre de toutes les chapelles. Je ne leur donne pas tort ! J'aime ces temples colorés, décorés avec une profusion de personnages, d'animaux fantastiques: même très chargés, ils sont beaux !

Nous terminons nos visites par le grand temple dédié à Confucius, très différent des autres temples. Si l'architecture des bâtiments reste la même, ici pas de statues ni d'offrandes, seulement des paroles écrites du grand sage. Ce dépouillement donne une sensation de calme et de sérénité à ce temple qui est aussi un centre d'étude confucéen. Nous y avons croisé un jeune couple posant pour des photos en costumes traditionnels.

Voilà c'est déjà terminé !! Malgré le mauvais temps des deux premiers jours, nous avons découvert un pays intéressant auquel on ne pense pas forcément. Ce n'était qu'une petite découverte. Nous reviendrons car l'île de Taïwan recèle bien d'autres centres d'intérêt.