Découverte de la Corée du Sud, sous l’angle de l'histoire et des caractéristiques propres du bouddhisme coréen, à travers Séoul et Gyeongju, ancienne capitale du royaume de Silla.
Mai 2024
6 jours
Partager ce carnet de voyage
1

Appelé improprement « pays du matin calme » par les occidentaux, la traduction de son nom serait plutôt « pays du matin frais ».

Géographie

La péninsule coréenne, longue de près de 900 km, s’avance dans le Pacifique, baignée à l'ouest par la mer Jaune, au sud par le détroit de Corée et à l'est par la mer de l'Est ou mer du Japon. Elle est reliée au reste de l'Asie au nord par l'isthme de Corée. De forme massive, elle s'étire vers le sud sur plusieurs centaines de kilomètres. Son littoral est très découpé et environné d'îles, notamment à l'ouest et au sud. L'intérieur des terres est accidenté avec des paysages de montagnes et de collines culminant à 1 708 mètres d'altitude au Seoraksan et dominant quelques rares plaines côtières : le territoire sud-coréen est composé à 70 % de montagnes, orientées dans l'axe nord-sud, rendant les communications est-ouest difficiles.

La division des deux pays, Corée du Nord et Corée du Sud est marquée par une zone démilitarisée de 238 km de long suivant grossièrement le 38e parallèle nord. A la différence du Japon, la péninsule coréenne est une région géologiquement stable sans tremblements de terre ni volcans actifs.

Il y a environ 50 millions d'habitants en Corée du Sud. La population est surtout située dans les villes, principalement les agglomérations de Séoul et de Busan. Le pays est divisé en 9 provinces. Séoul est la capitale et, depuis 2012, la ville nouvelle de Séjong au centre du pays, ville spéciale autonome, accueille les ministères, la présidence seule demeurant à Séoul.

Séoul, première ville du pays, est située sur le fleuve Han, au nord-ouest du pays, elle compte une population d'environ 11 millions d'habitants intra-muros et 27 625 000 dans son aire urbaine, ce qui fait d'elle la quatrième mégapole la plus peuplée au monde après Tokyo, São Paulo et Jakarta, et donc la plus peuplée du pays. En outre, la ville est le lieu de résidence de plus de la moitié de la population sud-coréenne.

Aperçu historique

La péninsule de Corée est porteuse d’une longue et difficile histoire, prise en tenaille entre deux puissances , la Chine et le Japon.

Si les Coréens font remonter leur histoire à un roi mythique, né d’un dieu envoyé sur terre il y a cinq mille ans, les enquêtes archéologiques attestent de présence humaine durant le paléolithique (entre -700 000 et -400 000 ans ) avec une transition vers le néolithique vers 6000 ans av JC et une première complexification de la société. La fin de la préhistoire est marquée, entre 1500 et 300 av JC par une période dite de céramiques Mumun et l’apparition des premiers bronzes avec la culture du poignard de bronze.

Les premiers états attestés se constituent lors de la période des proto-Trois Royaumes alors que les quatre commanderies de la dynastie chinoise des Han s'installent dans le nord de la péninsule en 108 av JC. La période des Trois Royaumes, qui s'étend du 1er siècle av JC au 7e siècle ap JC, voit émerger les royaumes de Koguryŏ, de Paekche, de Silla, et la confédération de Kaya qui se partagent la région jusqu'à l'unification de la péninsule par les Silla en 676. Ces royaumes captent les influences culturelles de la Chine proche. L'époque voit l'arrivée du confucianisme, du taoïsme, et du bouddhisme, mais aussi la création des premiers systèmes d'écriture coréens comme le hyangchal, le idu ou le kugyŏl.

Le royaume de Koryŏ fondé en 918 par Wang Kŏn met fin à l'instabilité qui caractérise le crépuscule de la période de Silla unifié. Ce régime dirige la Corée jusqu'en 1392, mais la fin de la période à partir de 1232 est marquée par l'invasion puis l'occupation mongole. La période voit l'émergence du bouddhisme Sŏn, mais aussi l'introduction du néoconfucianisme par Ahn Hyang à partir de 1290. C'est aussi à cette époque qu'apparaît la classe sociale des Yangban qui va dominer la pratique politique et intellectuelle du pays.

L'instauration de la période Chosŏn en 1392 par Taejo commence par la fin de la domination mongole du pays. Affaibli par un factionnisme politique important, le régime de Chosŏn est confronté aux invasions japonaises de 1592 et 1598, puis à celles des Jürchen venus de Chine en 1627 et 1637. La Corée bénéficie au 18e siècle d'une période de prospérité marquée par un foisonnement culturel important, avant de devoir faire face au fort déclin du 19e siècle.

Le « Royaume ermite » devient alors la cible des prétentions expansionnistes de la Chine, de la Russie et du Japon. Cette dernière puissance l'emporte, et colonise le pays de 1910 à 1945. Cette colonisation sera très dure, étouffant toute revendication de libéralisation et cherchant à assimiler les Coréens pour en faire des Japonais. Les Coréens fuient en masse vers la Mandchourie durant cette période et la société sort de la guerre en 1945 déstructurée.

A la chute de l’empire du Japon en août 1945, Soviétiques et Américains se disputent la péninsule : le président américain Truman propose une partition de la péninsule le long du 38e parallèle entre forces américaines et soviétiques à Staline qui l’accepte. Dès septembre 1945 les soviétiques installent un pouvoir coréen communiste à Pyonggyang tandis que les Américains au sud refusent la création d’une république coréenne et mettent en place un gouvernement militaire élu.

Ce n’est qu’en 1948 que sera établie une 1ere constitution en Corée du sud et un président coréen, favorable aux Américains, élu. Dès 1948 le gouvernement communiste de Kim il-sung étudie une prise du sud par la force. L’armée du nord est alors plus nombreuse et mieux équipée que celle du sud. La guerre de Corée entre 1950 et 1953 voit d’abord une victoire du Nord et la prise de Séoul puis un repli avec une stabilisation des positions sur la frontière actuelle. La paix n’a jamais été signée entre les deux Corée, il n’y a toujours qu’un armistice entre les deux. La péninsule sort exsangue de la guerre. Le conflit a coûté la vie à quelque 750 000 militaires et 800 000 civils.

Deux états se font face dans la logique bipolaire de la Guerre froide jusqu'en 1991 :

- Au sud une lente reconstruction du pays met en place une économie dirigiste avec un enchaînement de régimes dictatoriaux, une société sous la pression du pouvoir militaire. Les relations internationales restent sous influence américaine. En 1973 l’administration Nixon programme le retrait partiel des troupes américaines de Corée du sud et en même temps un rapprochement avec la Chine communiste . Un certain antiaméricanisme se manifeste cependant de manière grandissante dans le pays lors de nombreuses manifestations, et une certaine défiance s'installe dans la population.

- Au nord les Soviétiques et les Chinois soutiennent la reconstruction : si Kim il-sung sort affaibli de la guerre de Corée, il parvient à consolider son pouvoir dans les années 1960 et à établir sa dynastie familiale. Sur le plan économique la Corée du nord se redresse grâce au soutien soviétique et chinois : l'effort de production se concentre cependant globalement sur l'autosuffisance et favorise la production militaire jusqu'à la fin des années 1960, puis l’économie s’enfonce dans un marasme qui s’aggrave dans les années 1980. La société est très encadrée idéologiquement parlant et militarisée. La Corée du Nord passe l'essentiel de la guerre froide à chercher à exploiter la rivalité entre l'Union soviétique et la Chine maoïste à son avantage.

Les relations entre les deux Corée restent exécrables pendant toute cette période.

A partir de 1991 la disparition de l’URSS fait entrer la péninsule coréenne dans un monde multipolaire :

- Au sud on assiste à une transition démocratique fluide et un essor économique puissant. Le niveau de vie s’élève fortement permettant à la Corée du sud de rejoindre le cercle des pays développés mais dans le même temps la population vieillit et une forte baisse de natalité s’installe (taux de natalité le plus faible du monde : 0,62 enfant/femme). L’industrie, notamment technologique, devient leader mondial, la culture coréenne à travers son cinéma, ses mangas et sa musique s’exporte dans le monde entier.

- Au nord le pouvoir est de plus en plus isolé, son économie dévastée. Une politique de confrontations permet au gouvernement du Nord de négocier des aides en nature contre l'abandon de façade de programmes balistiques ou nucléaires. Des problèmes de corruption et de trafics internationaux dans les hautes sphères de l'État se développent. Kim Jong-un fait procéder à des purges dans les hautes sphères de l'État dès 2013. Le premier essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre 2006, précédé par un test de missile longue portée le 4 juillet de la même année, aboutit dès 2007 à de nouvelles livraisons de pétrole et au dégel de fonds détenus à l'étranger par des proches du régime. De nouveau, lors de la crise des missiles nord-coréens de 2013, puis de 2018, une stratégie similaire est déployée, amenant cette fois au sommet inter-coréen d'avril 2018 lors duquel, pour la première fois, un président américain, Donald Trump, met le pied sur le territoire de Corée du Nord.

Depuis l’élection du nouveau président sud-coréen, conservateur et catholique, Yoon Seok-youl en 2022, les relations entre nord et sud se tendent de nouveau. Tout récemment des tirs de missiles en mer de la part du nord ont déclenché la colère du président affirmant qu’il n’hésitera pas à utiliser la force s’il le faut.

2

Nous arrivons à Séoul par un matin bien frais (12°), brumeux et bruineux, choc thermique avec les 38° au départ de Bangkok. L'aéroport d'Inchéon est situé à une heure et demi de route au sud-ouest de Séoul.

Fondée il y a deux mille ans par le royaume Baekje, l'un des Trois Royaumes de Corée, Séoul est pendant plus de cinq cents ans la capitale du royaume de Joseon. À la fin du 19e siècle, rompant avec une longue tradition d'isolement, Séoul s'ouvre aux étrangers et notamment aux États-Unis : elle est la première ville d'Asie de l'Est à avoir l'électricité, l'eau courante, le téléphone et un réseau de tramway. Occupée par le Japon de 1910 à 1945 et rebaptisée Gyeongseong, la ville devient la capitale de la république de Corée lors de sa proclamation en 1948. Elle sera gravement endommagée lors des conflits de la guerre de Corée, dont la bataille de Séoul fut l'un des évènements majeurs. Reconstruite dans les années 1960 et 1970, avec l'aide des États-Unis, elle connaît une forte industrialisation et devient le visage d'une Corée du Sud en voie de modernisation.

Siège des plus grandes entreprises coréennes (les chaebol), dont Samsung, LG et Hyundai, Séoul est considérée comme une ville globale. Son niveau de vie très élevé et son PIB – le quatrième au monde pour une aire urbaine après Tokyo, New York et Los Angeles – en font l'un des principaux centres économiques au monde. Le quartier branché de Gangnam et la Digital Media City concentrent des entreprises dans les nouvelles technologies. Séoul a organisé plusieurs grands évènements internationaux, dont les Jeux asiatiques de 1986, les Jeux olympiques d'été de 1988, la Coupe du monde de football 2002 et le Sommet du G20 de novembre 2010. En tant que cœur culturel du pays, Séoul est le berceau de la K-pop et de la diffusion de la culture coréenne à travers le monde.

Nous nous installons dans le quartier d'Insadong, situé à proximité du palais de Gyeongbok-Gung. Il regorge d’antiquaires, de galeries d’art, de papeteries traditionnelles, de boutiques d’artisanat, de poterie et de porcelaine, de librairies et de magasins de fournitures d’art. Insadong abrite également de nombreux restaurants traditionnels et maisons de thé avec plusieurs rues piétonnes. Un lieu de promenade agréable.

C'est le moment de notre première expérience gastronomique en Corée dans un petit restaurant du quartier.

Si le Hansik (cuisine coréenne) peut être caractérisé en deux mots, l’un serait fermentation et l'autre équilibre. Les assaisonnements de base traditionnels tels que la sauce soja, la pâte de soja, la pâte de piment rouge et le célèbre Kimchi sont des exemples typiques de nourriture lentement fermentée, tandis que le Bibimbab représente la nature équilibrée du Hansik, complétée par des ingrédients naturels et des méthodes de cuisson nutritives. Ce n'est pas seulement un repas qui satisfait la faim, mais c'est essentiellement une culture alimentaire qui contient la philosophie des ancêtres qui voulaient vivre en harmonie avec l'univers, la nature et le corps humain. Depuis les temps anciens, le peuple coréen pense que la source de ce que nous mangeons et de nos médicaments est la même.

La première caractéristique de la cuisine coréenne, considérée comme une cuisine saine, est son régime végétarien, comme les accompagnements de légumes assaisonnés «namul» et les wraps de légumes «ssam». Le deuxième point fort en matière de santé est la nourriture fermentée. Le «Kimchi» est reconnu comme l’un des aliments les plus sains au monde, que l’on peut manger toute l’année. De plus, les sauces, telles que la sauce soja, la pâte de soja et la pâte de soja à fermentation rapide «cheonggukjang», sont traitées comme des superaliments qui s'adaptent parfaitement à la nature. Ces aliments fermentés ont été confirmés par diverses études comme étant très bénéfiques pour améliorer la santé intestinale. En effet, lors de la transformation des aliments, la fermentation augmente la quantité de bonnes bactéries dans l’intestin qui participent à un bon fonctionnement de notre système immunitaire.

Les ustensiles pour manger sont au nombre de 3 : 2 paires de baguettes, l'une en bois pour se servir dans les plats partagés et qu'on ne porte pas à la bouche, 1 paire de baguettes métalliques avec lesquelles on mange, et une cuillère pour les soupes.

Quels sont les plats emblématiques de la cuisine coréenne ?

· Le Kimchi

Plat national qui accompagne pratiquement tous les repas. Il s'agit d'un plat d'accompagnement traditionnel à base de légumes salés et fermentés tels que le chou napa, le radis, l'oignon vert, le concombre, etc. Le goût peut varier en fonction des ingrédients et de la fermentation.

En Corée, la recette familiale du Kimchi est un secret bien gardé. Autrefois, les familles et les voisins se réunissaient pour préparer un an de Kimchi pour chaque foyer à l’approche de l’automne.

· Bibimbap (plat de riz mélangé)

Le Bibimbap est un plat qui présente un bon équilibre des trois macronutriments - glucides, protéines et graisses - dont un corps sain a besoin, il fournit donc la plupart des nutriments en un seul repas. Le Bibimbap utilise des ingrédients de saison qui regorgent de nutriments nécessaires, et des sauces fermentées traditionnelles coréennes, telles que le « gochujang » (pâte de piment rouge) ou le « ganjang » (sauce soja), qui sont également excellentes sur le plan nutritionnel, sont utilisées comme assaisonnement pour le Bibimbap.

Le Bibimbap contient les cinq couleurs : blanc, vert, rouge, jaune et noir. Les cinq couleurs sont basées sur le yin-yang traditionnel et la théorie des cinq éléments du feu, de l'eau, de la terre, du bois, et du métal. Le Bibimbap avec son placage coloré qui ressemble à des fleurs épanouies représente le cercle harmonieux de l'univers, de la nature et du corps humain.

· Le Bulgogi

Découpée en très fines tranches, la viande (bœuf ou parfois porc) est marinée dans une sauce soja avec du sucre, de l’huile de sésame, de l’ail, des pommes ou des poires. Puis elle est grillée et on la déguste en l’enroulant d’une feuille de salade. On peut l’accompagner avec du riz ou avec le fameux kimchi.


· Le Pajeon

Il s’agit d’une grande galette. On le surnomme le « pancake coréen ». Le Pajeon se prépare avec de la farine de blé ou de riz qui forme la galette dans laquelle on ajoute des légumes et des fruits de mer (crevettes, palourdes, calamars, moules…). On trempe les morceaux dans de la sauce soja.



· Le Japchae

Il s’agit d’un plat composé de nouilles de patates douces (Dangmyon) mélangées à de nombreux légumes (champignons, épinards, carottes…) et de la viande de bœuf. Le tout est relevé avec de la saue soja et de l’huile de sésame ! À noter que l’on peut trouver des japchae sans viande.


· Le Samgyetang

Il s’agit d’un bouillon de poulet au ginseng, une racine connue pour ses propriétés énergisantes. Pour réaliser cette recette, un coquelet entier est traditionnellement farci de riz gluant avant d’être cuit dans un bouillon à base d’épices et de ginseng. Les sud-coréens ajoutent également quelques condiments comme des jujubes, des baies de goji, du gingembre, des graines de sésame, de l’ail, des oignons…

· Le Sundubu jigae

Il s’agit d’un plat mijoté à base de tofu soyeux (un tofu doux, frais et non égoutté) et de légumes. Certaines variantes ajoutent de la viande ou des fruits de mer. Le tout est assaisonné par de la sauce soja, de la pâte de soja et parfois relevé par une pâte de piment.



· Le Naengmyeon

Le Naengmyeon est une soupe froide à base de nouilles de sarrazin, de pommes de terre et de patates douces. On peut y ajouter des légumes, des œufs durs et parfois de la viande ou du poisson mariné. C’est un plat particulièrement apprécié des coréens en période estivale.



Dans l'après-midi une visite intéressante au Musée de l'Artisanat d'art situé à proximité nous permet de découvrir la qualité des artisans d'art coréens.

3

De nos jours, le bouddhisme coréen se compose principalement de la lignée Seon. Le Seon coréen est la pratique spirituelle spécifique employée par une école du bouddhisme Mahayana originaire de Chine sous la dynastie Tang aux 5ème et 6ème siècles. Développé plus tard en diverses sous-écoles et branches, le Seon est le nom coréen du bouddhisme chán chinois, appelé thiền au Vietnam et zen au Japon. L'ordre Jogye du bouddhisme coréen en est actuellement son principal représentant. Il aurait été introduit en Corée durant la période Silla (668 - 935). De même que les moines de Shaolin pratiquent un art martial transmis par Bodhidharma, les moines Seon continuent de transmettre un art martial interne: le Sonmudo.

Le bouddhisme Seon met l'accent sur la retenue rigoureuse, la pratique de la méditation, la compréhension de la nature de l'esprit et des choses et l'expression personnelle de cette vision dans la vie quotidienne, en particulier pour le bénéfice des autres. Contrairement au Gyo-jong, qui met l'accent sur la connaissance des sutras et des doctrines bouddhistes, le Seon-jong privilégie la compréhension directe par la pratique spirituelle et l'interaction avec un enseignant ou un maître accompli.

Le Seon continue d'être pratiqué en Corée aujourd'hui dans un certain nombre de temples et de centres monastiques, et est également enseigné à l'université de Dongguk. D'autres sectes, telles que la renaissance moderne de la lignée Cheontae, l'Ordre Jingak (une secte ésotérique moderne) et le Won nouvellement formé, ont également attiré un nombre important de fidèles.

Le temple Jogye-Sa est le siège de l'ordre Jogye du bouddhisme coréen depuis 1936. Le temple a été fondé en 1395, au commencement de la dynastie Joseon. Le temple moderne date de 1910 et s'appelait initialement Hwanggak-Sa. Le temple a été renommé Taegosa pendant la colonisation japonaise et enfin Jogye-Sa en 1954. Un pin Napoléon de 500 ans, le Baeksong, se trouve sur le terrain du temple.

Un temple coréen typique possède plusieurs bâtiments:

1. Iljumun : Un portail à pilier situé à l'entrée du temple – pour marquer la séparation entre le pays de Bouddha et le monde profane.

2. Sacheonwangmun: Porte des Quatre Rois Célestes, en charge des 4 directions cardinales et des quatre saisons - Leurs fonctions incluent la défense du temple et l'écrasement des adversaires démoniaques - pour marquer les limites du temple.

3. Beopdang: La salle du Dharma, utilisée, pour les conférences et les sermons, par les moines qui étudient et pratiquent quotidiennement.

4. Quartiers monastiques: Les quartiers d'habitation comprennent des installations telles que des dortoirs, une cuisine, un coin repas et un entrepôt, non ouverts au public.

5. Jonggo: Sur le côté gauche du hall principal, un pavillon des cloches à deux étages. Quatre instruments à l'intérieur - le tambour du Dharma, le poisson en bois, le gong en forme de nuage et la grande cloche de Brahma - pour rythmer la vie monastique.

6. Daeungjeon: Salle du sanctuaire principal abritant les principales images de Bouddha du temple, centre architectural et spirituel du temple. C'est là que viennent prier les fidèles.

7. Pagode: Stupa, placée devant la salle principale, objet de culte avant la création des images de Bouddha, considérée comme Bouddha et ses enseignements - généralement en pierre. On pratique une circumambulation autour de la pagode.

Les décorations colorées sont caractéristiques des bâtiments coréens importants et cet art est appelé dancheong.

Dancheong fait référence à la décoration richement colorée des toits de bâtiments et d'objets en bois traditionnels coréens. Les motifs et les couleurs des décorations ont une signification symbolique, c'est pourquoi cette décoration est réservée à des lieux importants comme les temples bouddhistes, les palais et les institutions confucéennes.

Dancheong signifie littéralement « rouge et bleu/vert », ce qui fait référence aux pigments utilisés pour créer les couleurs. Bien que vivement colorés, les bâtiments se fondent presque parfaitement dans l'environnement naturel des montagnes dans lesquelles on les trouve si souvent. C'était en fait une démarche très codifiée dans la décoration. Les teintes dans les rouges sont utilisées sur les parties inférieures des bâtiments et les bleu/vert de plus en plus à mesure que l'on s’approche du sommet du toit de façon à imiter un arbre afin de s'harmoniser avec l'espace naturel environnant.

Dancheong peut être retrouvé dès le royaume de Goguryeo, de 37 avant notre ère à 668 de notre ère, puis pendant les royaumes Baekje et Silla, les royaumes Goryeo et Joseon. Sous la dynastie Goryeo, le vert, le rouge, le noir et le blanc étaient les couleurs de prédilection. C'est sous la dynastie Joseon qu'un jaune vif et des couleurs intermédiaires ont été ajoutés au spectre de couleurs ainsi que des détails plus complexes.

En dehors de l’aspect décoratif, le dancheong a deux fonctions : protéger le bois contre les intempéries et les insectes et masquer les défauts du bois. N’importe qui ne peut pas peindre les détails complexes des palais et des temples. Les artisans hautement qualifiés pour peindre les motifs colorés sont appelés dancheongjang. A l’origine chaque artisan ne s’occupait que d’une seule couleur. Il fallait donc de nombreux artisans pour réaliser la décoration d’un bâtiment. Les Dancheongjang sont considérés comme des trésors nationaux vivants en Corée et ont même été classés au patrimoine culturel immatériel national.

Le Dancheong est basé sur 5 couleurs cardinales qui représentent les principes du yin et du yang et la philosophie des cinq éléments.

• Bleu : est, dragon, source et bois

• Blanc : ouest, tigre, automne et or

• Rouge : sud, oiseaux, été et feu

• Noir : le nord, le hyeonmu (un animal imaginaire mi-tortue mi-serpent), l'hiver et l'eau.

• Jaune: centre, les périodes de temps entre les saisons et la Terre

La naissance du Bouddha se célèbre à travers un grand festival des lanternes aussi appelé Yeon Deung Hoe. Ce festival a lieu dans divers temples de la ville, notamment au temple Jogyesa. L'origine du festival date de l'ère Silla Unifié il y a plus de 1300 ans, quand le festival était Daeboreum, un jour célébrant la première pleine lune du calendrier lunaire. Ensuite, sous la dynastie Goryeo (918-1392), Yeon Deung Hoe s'est métamorphosé en festival marquant l'anniversaire du Bouddha. Les lanternes avec les lotus et autres objets traditionnels représentent les vœux de la population. On vient aussi arroser une petite statue de Bouddha enfant d'eau lustrale.

En préparation du festival des lanternes, le temple fait sa toilette complète et ce jour-là les moines, nonnes et autres laïques s'activent au nettoyage de fond en comble des lieux.

Lorsque le bouddhisme fut introduit en Corée en 372, le chamanisme était la seule religion. Comme il n'y avait pas de conflit apparent avec les rites de vénération de la nature, le bouddhisme put se fondre avec le chamanisme. En conséquence, les montagnes qui étaient réputées pour abriter les esprits devinrent les sites d'implantation des temples bouddhistes. Le chamanisme coréen considérait essentiellement trois esprits : Sanshin (l'esprit de la montagne), Toksong (l'ermite) et Chilsong (l'esprit des sept étoiles, la Grande Ourse). Le bouddhisme coréen accepta et absorba ces trois esprits et même maintenant, des sanctuaires spéciaux sont prévus pour eux dans de nombreux temples. L'esprit de la montagne reçoit une attention particulière afin d'apaiser les esprits locaux lorsque le temple se trouve sur une montagne.

Bien qu'il fût initialement largement accepté, formant même la base idéologique du royaume de Goryeo, le bouddhisme fut sévèrement réprimé durant des siècles sous la dynastie Joseon. Pendant cette période, l'idéologie néoconfucianiste était dominante. La persécution s'arrêta seulement après que des moines bouddhistes eurent aidé à repousser une invasion japonaise à la fin du 16e siècle. La situation du bouddhisme ne s'améliora qu'après la chute de la dynastie Choseon et l'occupation japonaise (1910-1945). Après la Deuxième Guerre mondiale, l'école Seon du bouddhisme gagna de l'importance tout comme le christianisme. Actuellement, les bouddhistes représentent 23 % de la population en Corée du Sud.

Nous avons rencontré une bikhuni (une nonne) qui nous a expliqué le mode de vie du monastère : La journée de vie au temple commence par un réveil très matinal (3h30 du matin) puis chant, méditation assise, petit-déjeuner végétarien, méditation de travail, pratique individuelle ou temps libre (méditation assise ou en marchant), déjeuner végétarien, de nouveau pratique individuelle ou temps libre, dîner végétarien, chants du soir, méditation du thé et conversation entre moines (partage du Dharma), coucher à 21h. Les moines et nonnes sont ordonnés et font vœu de célibat. Habillés , hommes et femmes, d'un vêtement croisé ample gris retenu par une ceinture avec un pantalon large retenu aux chevilles, ils ont la tête rasée. En Corée les moines vivent et travaillent dans leur monastère, ils ne mendient pas leur nourriture comme dans le bouddhisme theravada. Les principes confucianistes sont présents dans l'inconscient collectif et un confucianiste ne peut pas mener une vie passive, il doit travailler pour assurer sa subsistance. Les moines ont donc souvent un potager dans leur monastère où ils cultivent les éléments nécessaires à leur cuisine.

Nous apprenons enfin à fabriquer une petite lanterne en forme de lotus pour le festival.

Le temple stay est un programme qui vous permet de séjourner dans un des nombreux temples traditionnels en Corée afin d’y observer et de vivre le quotidien des moines bouddhistes. Vous y ferez également des activités afin d’en découvrir un peu plus sur la culture traditionnelle coréenne ainsi que sur le bouddhisme. C’est également un voyage spirituel et d’introspection qui peut aussi bien durer une journée que plusieurs jours.

Nous revenons au temple dans la soirée pour le voir illuminé. Il est ouvert 24h sur 24. Il a retrouvé sa sérénité, le ménage étant terminé. On y apprécie le calme.

4

Durant cette journée monastique, nous expérimentons la cuisine de temple ou Sachal Eumsik.

Qu'est-ce que la cuisine de temple ?

La cuisine coréenne des temples bouddhistes a été conçue par des moines et des moniales il y a de cela plus de 1700 ans. Végétarienne, elle change au rythme des saisons et regorge de merveilles qu’offre la nature, tout en bannissant la viande ainsi que cinq légumes au goût piquant et potentiellement perturbateurs de la méditation : ail, poireau, ciboulette, oignon boule et oignon sauvage.

C’est avec le principe selon lequel « on devient ce qu’on mange » que peut être abordé l’esprit de cette tradition culinaire. En effet, celle-ci se fait le véhicule de l’esprit et des valeurs spirituelles du bouddhisme, dont les clés sont la réalisation de la compassion, la recherche incessante de paix et d’harmonie, ainsi que l’éveil de l’âme.

Plus qu’un simple moyen de se nourrir, l’art culinaire bouddhique est le fruit d’une rencontre entre divers ingrédients végétaux et des modes de préparation créatifs, avec prédominance du soja et des légumes qui en font une cuisine riche en nutriments sains pour le corps et l’esprit (protéines, huiles végétales et acides gras insaturés pour l’un, vitamines, minéraux et fibres pour les autres). Suscitant au fil des années de plus en plus d’attention, les recettes des temples bouddhistes font beaucoup parler d’elles par les ingrédients mis en œuvre, ces derniers renfermant quantité de propriétés bénéfiques pour la santé, voire médicinales pour certains d’entre eux.

Cuisiner fait donc partie de l’enseignement spirituel, et c’est aussi une façon d’exprimer sa reconnaissante envers Bouddha, de remercier ceux qui ont préparé le repas, et de faire montre d’un profond respect envers l’environnement. La recherche d’une coexistence paisible entre la nature et les hommes fait d’ailleurs partie intégrante de la culture culinaire bouddhique. En outre, savoir apprécier l’importance de tous les êtres vivants étant l’un des grands principes du bouddhisme, cette pensée se reflète donc naturellement dans les plats préparés par les moines et les moniales, faisant de chaque recette une quête d’harmonie.

Enfin, la culture culinaire des temples soulève des questions fondamentales sur lesquelles nous sommes de plus en plus amenés à nous pencher : la restauration rapide, la nourriture industrielle et ses nombreux composants artificiels peuvent-ils nous satisfaire et nous rendre heureux ? Nos modes de consommation modernes sont-ils réellement adaptés à notre corps, à notre esprit, en accord avec la nature ?

Non seulement savoureuse et saine mais aussi profondément empreinte de philosophie, la cuisine des temples bouddhistes a ainsi pour vocation de nous aider à retrouver un équilibre à la fois physique et psychique, une sorte de paix intérieure par l’assiette, et nous donne rendez-vous avec l’environnement, les saisons et leurs trésors gustatifs.

Elle a séduit jusque des grands chefs étoilés qui ont contribués à la faire connaître à l'étranger. Certains moines sont reconnus comme des grands chefs et des restaurants de temple sont étoilés au guide Michelin. L'une des stars de la cuisine de temple est la nonne Jeong Kwan, du temple de Baekyangsa, situé dans les montagnes au sud de Séoul.

A l'heure du déjeuner nous allons dans un petit restaurant du quartier tenu par un ancien moine, le restaurant Sanchon, qui propose de la cuisine de temple. Difficile de vous expliquer le nom des plats, tous végétariens donc, mais l'expérience est concluante et nous nous sommes régalés.

Pour le dîner nous sommes invités par l'ancien ambassadeur de Corée en Thaïlande, S.E.Mr Seounghyun Moon, le mari de Myung-Ji, notre organisatrice, dans un restaurant de temple (dépendant du temple Jogyesa), classé 1 étoile au Guide Michelin de Corée, le Balwoo Gongyang. Situé dans un centre d'études appartenant au temple, en face de celui-ci, nous sommes accueillis dans un petit salon privé. Puisque la cuisine de temple est délicate, on joue beaucoup avec les textures, les arômes naturels et les couleurs pour mettre les convives en appétit. Les différentes températures de la nourriture permettent aussi de faire de l’effet en bouche. Une fois encore nous sommes séduits par cette cuisine raffinée, très digeste, qui anime nos papilles avec des goûts insolites. Une vraie réussite qui mérite son étoile au Michelin.

5

Le Musée National de Corée est le principal musée d'art et d'histoire en Corée du Sud. Par sa superficie totale de 137 201 m², il est l'un des plus grands musées du monde. Entouré d'un grand parc, il a ouvert ses portes en 2006. Les collections du musée retracent l’histoire du pays depuis la préhistoire jusqu’à nos jours et comporte de nombreuses pièces d'exception. Bien que peu connu à l'étranger, ce musée mérite vraiment une visite.

Restant centrés sur notre étude du bouddhisme coréen, nous n'avons pas tout vu et de toute façon une visite complète demande plusieurs jours.

La Pagode du Temple Gyeongcheonsa (Corée du Nord) à 10 étages en marbre

La première pièce majeure que nous rencontrons est une grande pagode à 10 étages, haute de 13,5 m, qui provient d'un temple situé aujourd'hui en Corée du Nord, le temple Gyeongcheonsa. C'est une des rares pagodes en marbre, les sculpteurs coréens préférant généralement le granit. Elle date de 1348 et est de style caractéristique de l'époque Goryeo avec des influences chinoises de la dynastie chinoise Yuan. Volée par les Japonais pendant la colonisation, elle fut rendue au pays en 1918. C'est un des trésors nationaux de la Corée.

Sur sa base un relief retrace le voyage ardu du moine bouddhiste Xuanzang de la dynastie chinoise des Tang d'Inde jusqu'en Chine pour apporter les écritures bouddhiques. Le corps de la pagode du premier au quatrième niveau est gravé de scènes d'assemblées bouddhistes composées d'arhats et de boddhisattvas. Des animaux comme des lions décorent aussi la pagode.


Le Gwaebul du Temple Yeongsusa, Jincheon: La Grande Assemblée du Pic des Vautours

Le musée accueille pour quelques mois une pièce exceptionnelle provenant du temple Yeongsusa, Jincheon: un grand rouleau bouddhiste, un Gwaebul, représentant la Grande Assemblée au Pic des Vautours. Seize ans après son illumination c’est à Rajgir (Inde), au Pic des Vautours, que le Bouddha enseigna la Perfection Transcendante de Sagesse (Prajna Paramita) à une assemblée qui comptait 5.000 moines, nonnes et laïcs ainsi que d’innombrables bodhisattvas. On appelle cet enseignement la Deuxième Mise en Mouvement de la Roue du Dharma qui comporte notamment le Saddharmapuṇḍarīkasūtra (le Sūtra du Lotus). C'est aussi le lieu où Sariputra atteignit l'éveil.

Au centre du grand tableau se trouvent le Bouddha Shakyamuni et Sariputra, qui est bien assis devant lui tout en écoutant l’histoire de l’illumination du Bouddha. Plusieurs disciples, arhats, bodhisattvas et êtres célestes les entourent alors qu’ils entendent les enseignements du Bouddha.

Cette œuvre magnifique est l'un des Trésors Nationaux de la Corée du Sud.

Statuaire bouddhique de l'ère des Trois Royaumes

Le musée possède une belle collection de statuaire bouddhique datant des 8e-9e siècles donc de la fin du Royaume du Silla unifié. Ces pièces en bronze ou autre métal et en pierre représentent plusieurs Bouddhas dont l'un des plus importants est le Bouddha Vairocana, "Le Grand Irradiant", celui qui répand la lumière en tous sens dans l'univers. Dans les temples de Corée, sa statue est la plus grande ou son autel est placé plus haut que celui des autres Bouddhas.

Le Bouddha de médecine Bhaishajyaguru est aussi fréquemment représenté dans les temples coréens, central dans le bouddhisme tantrique himalayen. Il combat les maladies mais aussi l'ignorance. Il délivre les humains des calamités et tient traditionnellement dans sa main gauche un bol destiné à des potions. On trouve des représentations en granit, souvent de grande taille ou en bronze de plus petite taille.

Les Bodhisattvas pensifs

Un bodhisattva pensif est une figure importante du culte bouddhiste dans toute l'Asie, et ces statues ont été produites en grande quantité. En Corée, ce type de représentation de l’icône bouddhique s’est imposé au cours des 6e-7e siècles, en particulier dans les royaumes de Baekche et de Silla. Cette représentation assise figure parmi les plus spectaculaires. Elle est empreinte d’une énergie subtile mais palpable, exprimée par des détails comme les doigts et les orteils souples, à la position si naturelle. C'est le bodhisattva Maitreya qui est représenté en méditation. Maitreya est le Bouddha en devenir dont l'aire viendra après la fin de celle du Bouddha Shakyamuni.

Ces deux boddhisattvas se ressemblent mais diffèrent par l'expression de leur visage, leurs vêtements, leur taille ainsi que leur date de production.

Le bodhisattva de gauche date de la fin du 6e siècle. Il se caractérise par un nez pointu, des yeux bien définis, des ornements somptueux et une draperie sobre.

Celui de droite est plus sobrement vêtu et paré mais avec aussi beaucoup d'élégance, datant très probablement des débuts du Royaume de Silla unifié au 7e siècle.

6

A peu de distance à pied de notre hôtel, nous nous rendons par une belle matinée ensoleillée au Palais Royal Gyeongbokgung. Presque entièrement détruit par le gouvernement japonais au début du 20e siècle, l’ensemble du palais retrouve petit à petit sa grandeur originelle.

Le palais de Gyeongbokgung, "le palais grandement béni du ciel", a été construit en 1394 et continuellement étendu pendant le règne du roi Taejong, ainsi que durant celui du roi Sejong le Grand. Malheureusement il fut en grande partie incendié durant l'invasion japonaise de 1592-98. Un palais secondaire , Changdeokgung, fut reconstruit et servit de palais principal, tandis que Gyeongbobgung restait à l'abandon pendant 250 ans. Finalement reconstruit en 1868, il se composait de 500 bâtiments sur un terrain de plus de 40 hectares. Il fut détruit en grande partie une seconde fois par les Japonais durant l'occupation de 1910-45. Les Japonais avaient détruit le grand portail d'entrée et construit à l'emplacement un bâtiment pour le gouvernement colonial. Un effort de restauration est entrepris depuis 1990 avec, notamment la destruction du bâtiment japonais et la reconstruction de la grande porte principale. En 2010 environ 40% des structures originelles avaient été restaurées ou reconstruites et les travaux pour mener le projet à bien estimés à 20 ans. Il fut le plus vaste des 5 palais royaux de Séoul construits sous la dynastie Joseon.

Il est encadré par deux collines, le mont Bugaksan à l'arrière et le mont Namsan à l'avant, un site de bon augure selon la pratique de la géomancie. Devant l'entrée principale se trouve la place Gwanghwamun.

La place Gwanghwamun est une place publique de Sejongno. Servant d'espace public et parfois de route pendant des siècles d'histoire coréenne, elle revêt également une importance historique en tant que point central de la ville et emplacement de bâtiments administratifs royaux, connus sous le nom de Yukjo-geori ou rue des six ministères, aujourdhui Sejongno. Négligée pendant la période coloniale japonaise, endommagée pendant la guerre de Corée, elle fut ensuite l'emplacement d'une route à 16 voies au 20e siècle. Un projet de réhabilitation dans les années 2000 aboutit en 2009 à l'inauguration d'une nouvelle place piétonne qui fut doublée en 2022. Elle est toujours le siège de plusieurs ministères.

Une nouvelle statue du roi Sejong (1397-1450), 4e souverain de la dynastie Joseon, fut installée au début de la promenade. Ce souverain est l'un des plus importants de la dynastie: il est à l'origine du "hangeul", l'alphabet coréen destiné à remplacer le système d'écriture chinois trop complexe. Le hangeul se fonde sur une analyse très précise de la phonologie de la langue, et la précision de cette écriture, sa parfaite adéquation à la langue coréenne, font que le hangeul est souvent présenté comme le meilleur alphabet du monde. On lui attribue aussi l’invention d’une mesure des pluies, d’une horloge à eau et d’un cadran solaire. Tous ces objets sont développés dans son palais par l'inventeur Jang Yeong-sil.

Suivant les principes du néo-confucianisme, Sejong est également un roi humaniste, qui introduisit trois degrés de justice, avant que le jugement soit définitif, et qui interdit les punitions brutales ou cruelles, comme la flagellation. Ses écrits sont également estimés.

Plus bas sur la place une statue de l'amiral Yi Sun-sin (1545-98), célèbre pour ses victoires contre la marine japonaise. La place abrite une fontaine en l'honneur des réalisations de l'amiral Yi Sun-sin. Elle est nommée la Fontaine 12.23, en hommage aux 23 batailles qu'il a menées avec 12 navires de guerre lors des invasions japonaises de la Corée de 1592 à 1598.

La porte Gwanghwamun: La porte extérieure du complexe palatial fut plusieurs fois détruite. Récemment, après avoir démantelé en 1995 le bâtiment colonial du gouvernement japonais construit entre la porte et la salle du trône, elle fut reconstruite à l'identique. A l'époque où le palais était résidence royale, seul le roi pouvait l'emprunter. Dignitaires et gens du peuple devaient entrer par d'autres portes latérales.

L'accès au palais est gratuit pour les personnes habillées de la tenue traditionnelle coréenne, le hanbok. Vous pouvez en louer un dans des boutiques autour du palais.

Qu'est-ce que le hanbok ?

Afin de se protéger du froid hivernal et de la chaleur estivale, les Coréens ont exploité une variété de matériaux tels que le chanvre, le lin, le coton et la soie, et ont créé leurs propres styles vestimentaires. Des vêtements en soie ou en coton matelassés de ouate de coton pour l’hiver, et à base de chanvre et de lin pour l’été sont des exemples représentatifs. Cet ensemble d’habits traditionnels s'appelle le hanbok.Le vêtement indigène coréen, le hanbok, a conservé ses composantes de base tout au long de ses 5 000 ans d'histoire, tandis que ses styles et ses formes ont évolué de différentes manières en fonction du mode de vie, des conditions sociales et du goût esthétique de son époque. Depuis la période des Trois Royaumes de Corée (jusqu'au 7e siècle apr. J.-C.) le design basique du hanbok a très peu changé. Mais de nombreuses influences étrangères sont venues modifier des détails de l'habit coréen le rendant toujours plus complexe. La modification la plus significative est provenue de l'empire Mongol au 13e siècle.

Le hanbok des femmes : À partir de la dynastie de Joseon, et en particulier durant le 16e siècle, le hanbok est devenu un véritable phénomène de mode, propagé par les dames de la cour royale. On note des changements de couleurs, toujours plus vives, et de taille, en particulier concernant la veste de la femme ("jeogori"), qui au fil des périodes, est devenue de plus en plus courte tel un boléro. La jupe ("chima"), elle, était alors portée au niveau de la poitrine (au-dessus ou en dessous).

Une nouvelle sorte de hanbok plus légère et pratique a vu le jour afin de faciliter son port durant les journées de travail et lors des périodes de forte chaleur. Ainsi le hanbok est encore porté de nos jours, et sans cesse actualisé de façon à suivre les tendances dans un pays qui sait allier modernité et traditions. Depuis quelques années les concepteurs de hanbok, qui réinterprètent des motifs traditionnels pour les mettre au goût du jour, se font un nom sur la scène internationale. Et, grâce aux séries télévisées historiques telles que Dae Jang Geum (Un bijou dans le palais) qui a remporté un vif succès dans le monde avec la vague coréenne, de plus en plus d’étrangers s’intéressent au hanbok et le portent même, attirés par sa beauté éternelle.

Le hanbok des hommes: Le hanbok pour homme se compose d’une veste courte (magoja) et d’un pantalon, appelé « baji », ample, mais attaché aux chevilles. Ces deux ensembles peuvent se porter avec un long manteau de coupe unisexe, appelé « durumagi » . Le chapeau qui l'accompagne, au fond haut et droit, s'appelle un « gat ».

En passant la porte Gwanghwamun, on entre dans une première grande cour dénuée de bâtiments qui donne accès à une seconde porte, la porte intérieure Heungnyemun, qui ouvre sur une vaste cour centrée par le bâtiment principal du complexe, celui de la salle du trône appelé Geunjeongjeon.

Geunjeongjeon est la salle principale du palais Gyeongbokgung. Ce lieu était utilisé par les rois pour diriger les affaires de l’État, organiser des cérémonies nationales et recevoir des envoyés étrangers. Les fonctionnaires s’y rassemblaient pour souhaiter aux rois une bonne année. Il a été construit en 1394. Son nom, Geunjeong, désigne littéralement une politique diligente, née de la conviction que plus les dirigeants sont diligents, mieux ils dirigent l'État. Il a été incendié lors de l'invasion japonaise en 1592 et reconstruit en 1867. Très dévasté lors le l’occupation japonaise de 1910-45, il a été récemment restauré à l’identique. Geunjeongjeon est un bâtiment à deux étages qui contiennent 5 pièces chacun. Le toit est en forme incurvée sur le côté. Les plates-formes en pierre devant la salle sont sculptées d’animaux des 12 signes du zodiaque chinois. Le trône est centré vers le fond de la salle. Derrière le trône se trouvent un paravent et un baldaquin protège le trône. Plusieurs piliers en bois soutiennent les toits. De petites pièces pour les domestiques des deux côtés de Geunjeongmun encerclaient celui-ci. Geunjeongjeon dans le palais Gyeongbokgung montre la dignité du royaume et est un magnifique bâtiment.

Dans une petite cour à l'arrière de la cour du Geunjeongjeon, se trouvent 3 bâtiments dont le plus grand central s'appelle la salle Sajeongjeon.

La salle Sajeongjeon était utilisée comme bâtiment principal du bureau exécutif du roi pendant la dynastie Joseon. Situé derrière la salle du trône principale (Geunjeongjeon), le roi utilisait ce bâtiment pour ses fonctions officielles et pour rencontrer des représentants du gouvernement. Comme dans la salle Geunjeongjeon, nous voyons une peinture derrière le trône avec le soleil et la lune représentant le roi et la reine, ainsi que les montagnes de Corée.

Dans la cour suivante à l'arrière de la précédente se trouvent 5 bâtiments : un grand bâtiment central flanqué de 2 petits de chaque côté. Le grand bâtiment est la salle Gangnyeongjeon.

Il s’agit du bâtiment qui abritait les appartements du roi. Celui-ci se distingue des autres bâtiments du complexe sur le fait qu’il est dépourvu d’une arrête de toit blanc appelé localement yongmaru. Tout comme le Geunjeongjeon, le Gangnyeongjeon a lui aussi été construit au temps du roi Taejong. Il renferme plusieurs couloirs ainsi que quatorze chambres rectangulaires, dont chacune est répartie en sept suivant un agencement semblable à un damier. Le souverain dormait dans la chambre centrale tandis que les préposés à la cour s’installaient dans les chambres latérales.

Derrière la cour du Gangnyeongjeon, résidence du roi, se trouve une cour plus petite où se dresse la résidence de la reine, le Gyotaejon. Sa construction date du 15e siècle, soit durant le règne du roi Sejong le Grand. Tout comme le Gangnyeongjeon, ce bâtiment ne possède pas non plus de yongmaru.

Enfin situé à gauche des pavillons de résidence royale se trouve un petit lac artificiel au milieu duquel un bâtiment, construit sur une ile se reflète, c'est le Gyeonghoeru. Cet élégant pavillon était principalement utilisé pour accueillir les banquets organisés par le roi. Le premier bâtiment a été édifié en 1412, soit durant le règne du roi Taejong. Il fut victime des flammes pendant l’invasion japonaise en 1592 et n’a été reconstruit qu’en 1867 sous le règne du roi Gojong.

A l'arrière des résidences se trouve enfin un grand jardin où sont disséminés plusieurs autres petits bâtiments.

7

Il s'agit d'un petit musée situé dans le quartier très résidentiel de Seongbuk-Dong, village situé au nord de Séoul, niché dans les collines surplombant la ville. Nous nous intéressons à la partie du musée exposée à l'extérieur dans les jardins et qui compose le Stone Art Museum.

Pendant de nombreux siècles, les sculptures en pierre en Corée ont représenté les valeurs du peuple coréen et son désir de transcender à la fois le temps et l'espace. Dans une tentative sérieuse de découvrir et de mettre en lumière les valeurs culturelles et la beauté esthétique de ces sculptures en pierre, la Fondation coréenne de l'art de la pierre a créé le Musée coréen de l'art de la pierre à Seongbuk-dong. Il a ouvert ses portes en 2015.

Le président de la Fondation écrit : "Comme le dit le proverbe : chaque bloc de pierre contient une statue à l'intérieur, et c'est au sculpteur de la découvrir. Il y a environ 40 ans, j’ai découvert pour la première fois le monde étonnant de l’art de la pierre. Je suis devenu fasciné par la puissance et la simplicité des sculptures en pierre coréennes, j'ai donc commencé à collectionner ces innombrables trésors disséminés dans le monde entier. Bien que ces sculptures en pierre ne soient pas encore considérées comme des biens culturels représentatifs de la Corée, le fait qu'elles embrassent les joies et les peines du peuple coréen ne peut passer inaperçu. L'une des missions du Musée coréen d'art de la pierre est donc de dévoiler et de mettre en lumière la signification culturelle de ces sculptures en pierre et de redécouvrir un autre aspect de la sensibilité esthétique de la Corée.


 Tigres de pierre

Les Muninseok sont des sculptures de pierre de forme humaine conçues pour protéger les tombes contre les mauvais esprits. Ils sont représentés portant des chapeaux officiels et tenant un Hol, objet tenu par les courtiers lorsqu'ils s'adressaient au roi. La coutume remonte à la dynastie Han en Chine et a gagné la Corée durant le royaume de Silla et a perduré durant la dynastie Joseon. Celles exposées ici datent des 14e et 15e siècles.

Les Janggunseok sont des statues d'officier militaire, gardien de tombe également portant armure et casque. Elles étaent érigées pour protéger des tombeaux royaux ou nobles. Cette coutume remonte au royaume de Silla unifié (7e-10e siècles).

De nombreuses statues bouddhiques sont aussi exposées le long du jardin: bodhisattvas et bouddhas.

Les Dongjaseok de l'île de Jeju sont des pierres tombales d'apparence enfantine dans des poses diverses

Pagode de pierre à trois étages, datant du 8e siècle. Un bodhisattva porteur de lotus est sculpté sur le premier étage.

8

Le temple Gilsangsa est un temple bouddhiste de l'ordre Jogye situé dans le quartier résidentiel de Seongbuk-dong. Il a été créé en décembre 1997, construit à partir d’un ancien restaurant, Daewongak. C’était autrefois l'un des principaux yojeong, un lieu où des hommes puissants se réunissaient discrètement avec des courtisanes pour les distraire. Le temple porte le nom de la propriétaire des lieux, une gisaeng (une courtisane) nommée Kim Yeong-han. Après avoir lu l’ouvrage "Non-Possession" du Vénérable Beopjeong Sunim, elle insista pour faire don de sa propriété au Vénérable. Celui-ci rejeta d'abord sa demande, puis décida en 1995 de l’accepter et de transformer les bâtiments en temple. En conséquence, le temple dégage une atmosphère très inhabituelle car il a conservé bon nombre de ses caractéristiques d’origine. Le temple est très apprécié pour son implication dans les échanges culturels avec d'autres religions et ses programmes visant à aider les visiteurs à découvrir le bouddhisme.

Il est célèbre pour avoir été la dernière résidence du maître zen Beopjong qui pratiquait le musoyu (« non-possession ») et les visiteurs peuvent visiter sa demeure très simple dans le parc. Sa tombe, très sobre dans le petit jardin de sa résidence ne porte pas de pierre tombale.

Qui était le Vénérable Beopjeong Sunim? Né en 1932, à Haenam, province du Jeolla du Sud, il commence à suivre sa voie de moine en 1955, à la suite d’une rencontre avec un moine zen. Il mena une vie d'un moine reclus, vivant seul pendant 17 ans, à partir de 1975, dans le temple Songgwangsa situé sur le versant ouest du mont Jogye et connu pour être l'un des joyaux du bouddhisme coréen. Il devint célèbre à partir de 1976 lorsqu'il publia son livre à succès, Musoyu, « non-possession ». C’est un recueil de 35 nouvelles pour illustrer la vanité de la possession et exhorter à se détacher des biens matériels. Cet ouvrage remporta un grand succès de librairie. Ses autres recueils d'essais ont également eu du succès. A sa mort en mars 2010, il a quitté ce monde sans possession. Ses obsèques se sont déroulées de la manière la plus simple qu'il souhaitait. Il ne voulait même pas de cercueil ou de linceul. Il a laissé deux notes dans lesquelles il demandait aux éditeurs de ne plus publier ses écrits. La mort du vénérable Beopjeong, l'un des chefs spirituels respectés du pays, a provoqué une réaction inhabituelle : les personnes en deuil se ruèrent vers les librairies, désespérées de se procurer les derniers exemplaires des livres du moine avant qu'ils ne soient en rupture de stock définitivement. Les rumeurs disent qu'il a toujours été conscient des critiques du cercle bouddhiste selon lesquelles il s'était trop rapproché du monde laïc en écrivant des livres à succès qui généraient beaucoup d'argent. Bien qu'il ait reversé tous ses bénéfices à une organisation bouddhiste, le vénérable Beopjeong a peut-être voulu racheter sa carrière d'écrivain en cessant la publication de ses livres. Cependant, dès que son testament a été révélé, les derniers livres imprimés ont été l’objet d’une spéculation . Son livre, « Non-possession », est instantanément devenu un objet inestimable après que l'éditeur l’ait retiré de la vente et pourtant, le livre se vend toujours entre 13 000 et 500 000 won sur Internet.

Le hall principal, Geungnakjeon ,à l'intérieur duquel se trouve une statue du Bouddha Amitabha, le Bouddha de la Lumière Infinie était une grande salle de restaurant auparavant.

Derrière le hall principal un bâtiment, Seolbeopjeon, abrite une statue de Shakyamuni et, derrière elle, 1 000 petites statues de Bouddha en méditation. Ce bâtiment est l'endroit où ceux, qui viennent participer à un séjour dans le temple, restent méditer, se prosterner et dormir.

Le temple abrite aussi Gilsang Sunwon, qui sont des salles de méditation spéciales pour les moines bouddhistes. Le temple Gilsangsa n'est pas réservé qu’aux bouddhistes mais est ouvert à tous les visiteurs qui peuvent participer au programme de séjour au temple géré par le temple Gilsangsa, qui comprend une visite du temple, une cérémonie du thé, des repas au temple et du temps pour la méditation zen.

Plus haut se trouvent les quartiers d'habitation et les bâtiments de méditation utilisés par les moines qui vivent sur place.

Ce temple gère un collège bouddhiste, ainsi qu'un centre de méditation zen. Conformément à la mission initiale de la propriétaire, le temple apporte réconfort à la communauté.

Une pagode se trouve sur le côté du bâtiment principal. Le soubassement est décoré de quatre lions atlantes : 2 d'entre eux ont la gueule ouverte, symbole de connaissance, et 2 ont la gueule fermée, symbole de l'ignorance. Au centre du soubassement le pilier de soutènement est sculpté sur ses 4 faces d'images du Bouddha Amitabha. Elle comporte 8 niveaux et est couronnée par un bouton de lotus. La tradition veut que les fidèles font une circumambulation de trois tours dans le sens des aiguilles d'une montre en priant.

Près de l'entrée du temple a été installée une jolie statue de la Vierge Marie, offerte par les Chrétiens au temple.

9

L'ambitieux projet de rénovation de la rivière Cheonggyecheon qui traverse la ville de Séoul d'est en ouest a été un enjeu écologique, politique et social important entre 2003 et 2006 et a depuis servi d'exemple à de nombreux autres projets dans d'autres grandes villes du monde. Mais l'importance de cette rivière ne s'arrête pas là et elle a joué, depuis la naissance de la capitale en 1394, un rôle majeur dans son organisation et connu plusieurs destinées.

La capitale, qui s'appelait alors Han'yang, était située au nord du fleuve Han'gang mais était arrosée par le Cheonggyecheon, la « rivière aux eaux claires ». Quatorze ruisseaux, souvent asséchés, en dehors de la fonte des neiges et des pluies de saison, alimentaient le Cheonggyecheon, lui-même soumis à de fortes variations de débit. Le Cheonggyecheon était le centre de gravité de Séoul pendant la dynastie Joseon (1392-1910). La rivière, non navigable contrairement au fleuve Han, servait encore de lavoir dans les dernières années du 19ème siècle. Déjà, à l'époque, elle était aussi plus ou moins considérée comme un égout, comme en témoignent certains de ses noms, tel Takgyecheon (« rivière aux eaux sales »), révélateur de la pauvre qualité de son eau.

Au début du 20e siècle, Cheonggyecheon marquait traditionnellement la frontière entre les quartiers influents du nord de la capitale et les quartiers pauvres du sud de la ville. L'importance de Cheonggyecheon pour la vie de la capitale se reflète dans les efforts réguliers déployés par les autorités de Séoul pour nettoyer la rivière. Pas moins de 80 ponts de pierre et passerelles ont été jetés sur le cours de la rivière. Cheonggyecheon servait de terrain de jeu pour les enfants, de lavoir, mais aussi d'égout, ce qui donne une idée des conditions d'hygiène de l'époque. La période de colonisation japonaise (1910-1945) n'a pas amélioré la qualité de l'eau du Cheonggyecheon, alors que Séoul avait vu sa population multipliée par quatre.

Après la guerre de Corée, la rivière était particulièrement insalubre, un égout bordé de bidonvilles, sujet à des périodes de crues et à de nombreux problèmes de santé pendant la saison des pluies. Il fallut le couvrir et ouvrir une avenue au-dessus. Entre 1955 et 1966, la rivière fut progressivement recouverte et le réseau d'égouts amélioré jusqu'en 1984.

Le « miracle économique coréen » a permis une élévation du niveau de vie de la population coréenne et un accès massif aux transports modernes. L'augmentation du trafic automobile entraîna des difficultés de circulation et il fut décidé de doubler l'avenue par une autoroute au-dessus, construite entre 1967 et 1971.

Au début des années 1990, un rapport de la municipalité fait état d'une grave dégradation des infrastructures du Cheonggyecheon : le réseau d'égouts, dont les structures présentaient des traces de corrosion et l'extrême fragilité des piles de l'autoroute. Dans son ensemble, l'avenue devenait dangereuse. La zone entourant l'autoroute urbaine présentait plusieurs problèmes environnementaux et sociaux, notamment une mauvaise qualité de l'air, la pollution sonore et les îlots de chaleur urbains, ainsi que des problèmes de santé pour les résidents entourant l'autoroute. A mesure que la zone proche de la rue Cheonggye générait un sentiment d'insécurité, le nombre des entreprises locales diminuait et les résidents migraient vers d'autres quartiers.

Dans un premier temps, la municipalité interdit l'accès de l'autoroute aux gros véhicules, mais en 2000-2001, il était devenu indispensable d'effectuer des travaux de restauration importants et très coûteux avant que l'autoroute ne s'effondre. En 2003, un important projet de réhabilitation de la rivière urbaine, destiné à modifier complètement la configuration du quartier, sans toutefois détruire le bâti existant, ni perturber le réseau routier, est lancé. Cependant, cela ne s’est pas déroulé sans heurts avec des associations de quartier et les commerçants, souvent modestes, qui ont finalement été relocalisés dans le quartier de Dongdae-mun. Des marchés entiers ont ainsi été délocalisés.

A partir de juillet 2003, les infrastructures sont ouvertes et le réseau d'égouts détruit. Nous sommes en 2004 lorsque la construction commence. Certains ponts anciens, comme celui de Gwangtong-gyo, ont été entièrement restaurés, réhaussés ou déplacés, pour s'adapter à la nouvelle configuration des lieux, et notamment à la localisation actuelle des rues. Finalement, la rivière fut mise en eau le 1er juin 2005. En octobre, le Cheonggyecheon était parfaitement « opérationnel », et rencontra un grand succès auprès des habitants de Séoul.

Cependant une pollution importante a été constatée à certaines périodes dans les eaux prétendument «claires» du fleuve. Ces contaminations (principalement par Escherichia coli) apparaissent de manière récurrente, en raison de la structure du réseau hydrologique voisin et du système de collecte des eaux usées existant. Malgré les systèmes de prévention des blocages annoncés dans divers documents. , ces pollutions bactériennes apparaissent lorsque les égouts, gonflés par les pluies, débordent, certains d'entre eux déversant leurs eaux usées dans le Cheonggyecheon. Pourtant, des systèmes de délestage ont été prévus pour préserver la qualité de l'eau de la rivière mais qui se sont révélés insuffisants à l'usage, notamment lors des fortes pluies estivales. Les contaminations bactériennes ou autres ont causé de graves dommages environnementaux. De plus les rejets d'hydrocarbures sauvages et les dépôts clandestins d'ordures ménagères ont contribué aussi à la pollution de l'aval du fleuve, dans une section non restaurée avec la munificence des 6 kilomètres qui sont le symbole du nouveau Séoul, moderne et convivial. Les associations bénévoles qui collectent parfois des ordures sont impuissantes face à ces comportements indélicats, qui mettent non seulement en danger l'image de la rivière, mais aussi la santé de ses usagers.

Les projets de restauration des rivières à Séoul s'inscrivent dans la continuité du succès de Cheonggyecheon. Pas moins de dix-sept cours d'eau font actuellement l'objet de travaux de rénovation. restauration ou études dans le but de redonner à Séoul son réseau hydrographique d'origine. Certaines de ces rivières sont des affluents du Cheonggyecheon, tandis que d'autres se jettent directement dans le fleuve Han. Ces projets font partie du plan de rénovation de Séoul, dans lequel le fleuve Han joue un rôle important. Le très ambitieux projet Han River Revival vise à améliorer l'image de Séoul en Asie et dans le monde.

Cette réhabilitation des « espaces bleus » s'accompagne de l'aménagement d'espaces verts, notamment de la forêt de Séoul (Seoul sup'), un grand parc inauguré en 2005 face à l'embouchure du Cheonggyecheon, mais aussi du réaménagement majeur du quartier de Yongsan, de l'autre côté de la ville, sur la rive nord. En réalité, avec les collines préservées du centre-ville et le parc Bugaksan, au nord du palais royal de Gyeongbokgung, c'est une véritable ceinture verte qui se dessine au cœur du Grand Séoul et tend à développer des espaces d'écologie et de détente.

Ces « poumons » sont censés garantir des zones plus fraîches lors des fortes chaleurs de l’été coréen. Face à des étés caniculaires et humides (75 à 80 % d'humidité pour 35 à 38 degrés), la population apprécie la fraîcheur perceptible dans le « Parc Cheonggyecheon » et dans les rues avoisinantes, où l'on remarque une accélération de la force des vents. En moyenne, les températures relevées sur le trajet sont inférieures de 3 degrés à celles enregistrées ailleurs dans la ville. Le développement de nouveaux « poumons bleus » semble donc une avancée remarquable dans le réaménagement de Séoul.

Le succès fut populaire, mais les manifestations, illuminations et festivals variés qui se déroulent à Cheonggyecheon et ses environs cachent cependant une forme de tromperie, puisque la majeure partie de la rivière est artificielle. Il est clair que le caractère rectiligne du parc, contraint par l'espace des rues et des voies de circulation en surface, et enfoui dans une tranchée profonde de 4 à 5 mètres sous le niveau de la rue, ainsi que la rectitude du cours de la rivière, malgré des courbes très artificielles, forment plus un canal aménagé qu’une rivière naturelle à proprement parler.

Par ailleurs, 120 millions de tonnes d'eau sont pompées quotidiennement dans le fleuve Han, à la sortie des stations d'épuration, pour être ensuite réinjectées dans la cascade qui marque la « source » symbolique de la rivière.

Si un grand nombre d'améliorations de la qualité de vie (pollution, circulation, bruit, etc.) sont présentées comme des gains directement apportés par le projet Cheonggyecheon, il faut garder à l'esprit que le projet s'est accompagné d'importantes réformes des transports publics, ce qui a permis d’atteindre ces objectifs. Le coût total du projet, y compris ces réformes, s'élèverait à environ un milliard de dollars américains, mais serait entièrement compensé par les avantages pour la santé ainsi que par la valeur du terrain.

Sur le plan économique, le Cheonggyecheon a stimulé l'activité commerciale dans la zone environnante et, pour la première fois dans l'histoire moderne de Séoul, a relié efficacement le nord et le sud de Séoul tout en réduisant la pression du trafic sur le quartier central des affaires et en augmentant la capacité de transport des bus et des métros. Le projet démontre clairement qu'une conception urbaine coordonnée peut catalyser le développement économique, renforcer le lien avec l'environnement naturel et améliorer la qualité de l'état urbain pour les résidents et les visiteurs.

La rivière Cheonggyecheon a depuis très longtemps été le lieu de défilés, festivals et notamment le festival des lanternes marquant la fête de la naissance du Bouddha.

Le festival des lanternes en lotus, Le Yeondeunghoe, est une célébration qui a une longue histoire. Il faut remonter à la période de Silla (1e millénaire de notre ère) pour découvrir le début de l’histoire des lanternes. Durant le royaume de Goryeo (918-1392), le bouddhisme est devenu une religion d’Etat et l’événement une fête nationale.

Cependant, lors de la période de Joseon (1392-1910), le confucianisme prit une grande importance et le bouddhisme fut rejeté par l’Etat. Le Festival des Lanternes de Lotus a donc été supprimé, mais il a su perdurer grâce au peuple.

Le Yeondeunghoe que l’on connait aujourd’hui, a débuté en 1955. C’est en 1975 que le jour de la naissance du Bouddha, le 8e jour du 4e mois lunaire, est devenu officiellement férié. Depuis, le nombre de participants à cet événement n’a cessé d’augmenter.

Les habitants, munis de lanternes fabriquées à la main, se rassemblent dans les rues où sont suspendues des lanternes colorées en forme de lotus pour participer à un défilé. Chaque année, le début des festivités est marqué par un rituel consistant à verser de l’eau sur une représentation de Bouddha enfant pour célébrer sa naissance. Vient ensuite une procession publique d’individus munis de lanternes, après laquelle les participants se réunissent pour prendre part à des activités récréatives et des jeux collectifs. Les habitants peuvent participer à la fête en portant des lanternes qu’ils ont fabriquées pour exprimer leurs souhaits pour eux-mêmes et leur famille, mais aussi pour leurs quartiers et l’ensemble du pays. L’allumage des lanternes symbolise aussi l’éveil spirituel des individus, des communautés et de toute la société par la sagesse du Bouddha. Les connaissances et les savoir-faire liés à l’élément sont principalement transmis par l’intermédiaire des temples bouddhistes et la communauté. Par ailleurs, l’Association de sauvegarde du Yeondeunghoe joue un rôle remarquable en organisant des programmes éducatifs. Cette fête est un moment de joie pendant lequel les clivages sociaux sont temporairement effacés. Durant les périodes marquées par des difficultés sociales, elle contribue à l’intégration des citoyens et les aide à surmonter leurs problèmes quotidiens. En 2020, le Yeondeunghoe a été désigné par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel.

Cette année, le festival s’est déroulé sous une pluie battante …ce qui, somme toute, est bon pour la rivière et n’a pas entamé l’enthousiasme des Séoulites.

Nous terminons la journée par une petite visite à une cloche célèbre de la ville : Bosin Gak

Bosingak est un grand pavillon abritant une cloche situé sur Jongno à Séoul. C'est de la cloche de Bosingak que Jongno, littéralement « rue de la Cloche », tire son nom. Le pavillon d'origine a été construit en 1396 mais a été détruit de nombreuses fois par le feu et les guerres. Le nom Bosingak lui a été attribué par l'empereur Gojong en 1895.

Sous la dynastie Joseon, cette cloche était le centre de la ville intra muros. On la sonnait pour annoncer l'ouverture et la fermeture des quatre portes de Séoul : trente-trois fois à quatre heures du matin et à dix heures du soir. Elle était aussi utilisée comme alarme pour avertir d'un incendie.

Aujourd'hui on ne sonne la cloche qu'à minuit le réveillon du jour de l'an. Les Séoulites s'y rassemblent nombreux pour venir fêter la nouvelle année.

10

Située dans l'un des plus beaux quartiers de Séoul, la gare centrale est la seule gare de cette grande ville. Une première gare fut construite en 1925 pendant l’occupation japonaise par un architecte japonais dans le style japonais de l'époque par l'utilisation de briques rouges et un intérieur utilisant abondamment la pierre comme le granit au sein d'un bâtiment symétrique. L'édifice de la gare fut désigné site historique de la Corée du Sud en 1981. Ayant perdu sa fonctionnalité reliée aux transports au fil du temps, il subit de nombreux réaménagements à partir de 2007. Il fut rouvert en 2011 en tant qu'« espace artistique et culturel pour divers échanges et créations».


La gare moderne fut construite en 2003 : elle est le point de départ des grandes lignes de train à grande vitesse, le KTX, qui ressemble beaucoup à nos TGV nationaux. Elle est aussi reliée à l’aéroport international d’Incheon. La gare de Séoul compte une moyenne de 100 000 passagers empruntant quotidiennement les trains. On y trouve également le grand magasin Galleria et un supermarché Lotte.

Le KTX que nous empruntons relie Séoul et Gyeongju en 2h 40mn avec plusieurs arrêts. Le long du trajet qui comporte un nombre impressionnant de tunnels (16 ), ce qui confirme la nature montagneuse de l’intérieur du pays, nous longeons des banlieues avec des barres d’immeubles très semblables à celles de Chine et des campagnes cultivées, rizières ou cultures en pleine terre, et un grand nombre de cultures sous serres.

Faiblement dimensionnée, l’agriculture coréenne souffre de la globalisation. Les productions légumières et fruitières sont toutefois celles qui s’en sortent le mieux, en particulier les cultures sous serres.

Pays aux trois-quarts couvert de montagnes, la Corée du Sud a perdu plus de 20 % de ses terres arables depuis 1990. Elles ne couvrent plus que 1,46 million d’hectares, soit un maigre 0,03 ha par habitant. C'est la conséquence d’une urbanisation galopante et de la diminution du nombre d’agriculteurs confrontés à une hausse des importations due à l’Uruguay Round et à des accords de libre-échange conclus avec divers pays. Si les productions légumières et fruitières n’ont pas échappé à ce déclin, elles sont devenues les principales cultures du pays (171100 ha) après le riz (227800 ha). L’accroissement et la diversification de la demande, liés à la hausse du niveau de vie des Coréens, font que ces productions demeurent un débouché rémunérateur pour les agriculteurs. Les spécificités du marché local en légumes portent essentiellement sur des produits frais. Le chou chinois reste ainsi le plus cultivé en plein champ car il est le composant de base du plat national coréen, le kimchi. Entrent également dans sa composition piment rouge et ail, puis carotte, oignon et poireau. Les cultures sous serres se sont par ailleurs fortement développées dans les années 90 à l’initiative de l’Etat qui a largement subventionné leur acquisition. En effet, la production de plein champ est limitée par des contraintes climatiques. Le pays connaît des hivers secs et très froids avec des températures matinales avoisinant 0°C jusqu’au début avril. Quant à l’été, il est caniculaire et ponctué de fortes pluies, parfois de typhons.

Entre 1990 et 2000, les surfaces de serres ont plus que doublé pour atteindre plus de 100 000 ha tous secteurs confondus avant de revenir autour de 85 000 ha suite à l’arrêt des aides. Un tassement qui n’a pas affecté les légumes qui, en 2017, occupaient plus de 55 000 ha de serres à 99 % en plastique et pour 20 % automatisées. Les cultures les plus importantes sont les légumes feuilles, tomate, piment vert, mais aussi pastèque, fraise et melon jaune. Initiée il y a 10 ans, la production de poivron ne couvre que 712 ha mais compte pour plus de la moitié des exportations de légumes du pays, essentiellement vers le Japon. Le nombre d’exploitations a chuté de près de 234 000 à 125 000 entre 2000 et 2015, avec une diminution de 60 % de celles de moins de 0,2 ha tandis que celles de plus de 1,5 ha ont plus que doublé. Le contexte très concurrentiel créé par les importations impose en effet une taille minimale pour dégager un revenu décent et de nombreux d’agriculteurs ne trouvent pas de successeurs. Or 40 % ont plus de 65 ans. Pour améliorer leur compétitivité et attirer les jeunes, les autorités misent sur les serres intelligentes, surveillées par des capteurs et pilotables à distance par smartphone. Elles prodiguent aux agriculteurs conseils, formations et subventions. A ce jour, 1 235 d’entre eux, totalisant 920 ha, se sont engagés sur cette voie. En tête, 320 producteurs spécialisés dans la culture du poivron ont suivi ce chemin, ainsi que des producteurs de fraises, de tomates.

Si l’on excepte l’île de Jeju, les fruits les plus cultivés en Corée sont la pomme, dont une partie de la récolte est exportée en Asie du Sud-est, le kaki avec plus de 7 % de la production mondiale, le second rang derrière la Chine, le raisin Kyoho et la pêche. Jadis très populaire, la poire Shingo ne cesse de décliner car était historiquement cultivée près des villes, des terres grignotées par l’urbanisation. Sa culture demande en outre plus de travail et les agriculteurs âgés, peinant à trouver de la main-d’œuvre, s’en détournent au profit de la pêche, de la prune et du kiwi. Jouissant d’un climat subtropical, l’île méridionale de Jeju a, depuis des siècles, une importante production de mandarines. Un nombre croissant d’agriculteurs la produit hors saison pour obtenir de meilleurs prix. Elle est devenue la principale culture fruitière sous serre du pays avec 4 000 ha sur un total de 7 800 ha. Le reste est occupé par le raisin (2 240 ha), la banane (environ 500 ha), et une myriade d’autres fruits tropicaux et exotiques tels que le fruit de la passion, la goyave, la mangue, le yusu, le kumquat et la figue. Des cultures qui se développent à Jeju mais aussi dans d’autres régions en raison du réchauffement climatique. En particulier près des grandes villes, ce qui facilite la commercialisation de ces productions de niche.

11

Gyeongju est une ville de 250 000 habitants, située au sud-est de la péninsule coréenne, dans la province du Gyeongsang du Nord. C'était la capitale de l'ancien royaume de Silla (57 av. J.-C. – 935 apr. J.-C.) qui contrôlait la plus grande partie de la péninsule du 7e au 9e siècle. À cette époque, sa population était estimée à 1 million d'habitants. Un grand nombre de sites archéologiques et culturels datant de cette période ont été conservés. Gyeongju est donc souvent présentée comme un « musée à ciel ouvert ». Plusieurs sites de la ville ou des environs sont classés au Patrimoine mondial de l'Unesco.

L'histoire de Gyeongju est étroitement liée à celle du royaume de Silla dont elle était la capitale. Silla fut fondé en 57 av. J.-C. par la réunion de six petits villages de la région de Gyeongju. Après l'unification de la péninsule en 668, Gyeongju devient le centre politique et culturel de la Corée. C'était le lieu de résidence de la cour et de la majorité de l'élite du royaume. En 682, au début du règne du roi Sinmun, l'académie confucéenne nationale y est créée sous le nom de Gukhak. La prospérité de la ville devient légendaire et est mentionnée jusqu'en Perse dans le « livre des Routes et des Royaumes ». La majorité des sites les plus célèbres de la ville datent de la période du Silla unifié (57-935). La ville perd son statut de capitale au profit de Kaesong au début de la période Koryo (918-1392). Elle perd graduellement de son importance et finit par perdre son statut de capitale provinciale en 1601.

Durant ce long déclin, les monuments subirent de nombreux assauts. Au 13e siècle, les Mongols détruisirent une pagode en bois de neuf étages à Hwangnyongsa. Pendant les invasions japonaises au 16e s., la région de Gyeongju fut un champ de bataille très disputé et le temple de Bulguk-sa fut brûlé par les forces japonaises. Au début de la période Choson, ce sont des extrémistes néoconfucianistes qui cassèrent les bras et les têtes des sculptures bouddhistes de Namsan.

Dans les dernières années de l'occupation japonaise, Gyeongju se retrouve à l'intersection de deux lignes de chemins de fer, ce qui entraîne un développement de la ville et un accroissement de population. Des industries métallurgiques et chimiques, installées dans la région dans les années 1970, ont contribué au développement de la ville.

Même si Gyeongju a l'image d'une ville touristique, l'économie est assez diversifiée. Les équipementiers automobiles jouent un rôle particulièrement important ; la centrale nucléaire de Wolseong, à quelques km de Gyeongju, mise en service en 1983, fournit 5 % de l'électricité de Corée ; la pêche est importante dans les villages de la côte (ce secteur est en déclin à cause des difficultés de transport et du manque d'infrastructures. Une grande partie des prises se retrouve directement dans un des nombreux restaurants de Gyeongju).

70% des terres cultivables sont des rizières. L'orge, le blé, les haricots, les pommes, les nashis, le chou de Chine et le radis chinois sont aussi cultivés. La ville joue un rôle important pour la production coréenne de bœufs et de champignons. Enfin il y a une industrie minière avec 46 carrières en activité qui extraient notamment le kaolin, la fluorite et la pagodite.

Gyeongju est la destination principale pour l'héritage culturel de Silla et pour l'architecture de la dynastie Choson. La ville possède 31 trésors nationaux.

De la Préhistoire, des objets de la poterie Mumun ont été trouvés dans des villages voisins qui possèdent aussi des dolmens.

Il y a 35 tombes royales et 155 tumulus dans le centre de Gyeongju ainsi que 421 tumulus en dehors de la cité. En particulier, la tombe de la couronne en or (Geumgwanchong) et la tombe du cheval céleste (Cheonmachong) méritent une mention particulière comme représentantes de la culture de Silla.

La ville est encore un centre important du bouddhisme coréen. À l'est du centre-ville se trouve Bulguksa, un des plus grands temples du pays ainsi que la grotte de Seokguram, un ermitage célèbre et les restes de Hwangnyongsa, le temple du dragon doré. De plus, Gyeongju est le lieu où est né le cheondoïsme, une religion d'origine locale basée sur le chamanisme, le taoïsme et le bouddhisme avec quelques éléments empruntés au christianisme.

12

Le temple Bulguk-sa

Le temple Bulguksa ("Temple des terres du Bouddha") est un lieu de pèlerinage important pour les bouddhistes. Il fut construit sous le règne du roi Gyeongdeok à partir de 751 pour abriter des reliques sacrées du Bouddha et être un centre spirituel.

Le temple fut rénové sous les dynasties Koryŏ et Chosŏn. Pendant la guerre Imjin (1592-1598) les Japonais incendièrent le complexe, détruisant les édifices construits en bois. On commença sa reconstruction et expansion après 1604, suivi d'environ 40 rénovations jusqu'en 1805. Pendant l'occupation japonaise (1910-1945), le temple tomba en ruines et des trésors disparurent du temple. On procèda à une restauration partielle en 1966. Après une enquête archéologique, on fit de grands travaux de restauration entre 1969 et 1973, amenant Bulguksa à l'état dans lequel on le voit aujourd'hui. Des édifices de l'époque de Silla, il ne reste que les structures en pierre.

Le portail d'entrée est flanqué de chaque côté par les rois gardiens des 4 directions, classiques des temples mahayanistes.

Une allée mène du portail à l'entrée du temple en passant par un petit pont de pierre qui enjambe un ruisseau et symbolise le passage du monde terrestre au monde divin.

L'entrée du temple, Sokgyemun, a un escalier en deux sections et un pont qui mène à l'intérieur du complexe. L'escalier a 33 marches, correspondant aux 33 niveaux vers l'illumination spirituelle. La section inférieure, Cheongungyo (« Pont du nuage bleu ») est longue de 6,3 m et a 17 marches. La section supérieure, Baegungyo (« Pont du nuage blanc »), est longue de 5,4 m et a 16 marches. L'escalier mène à la Jahamun (« Porte du brouillard mauve »).

Accédant à la cour principale après la Jahamun, on peut voir deux pagodes dans le complexe.

La Dabotap (« pagode des trésors abondants ») mesure 10,4 m de haut et est dédiée au Bouddha des trésors mentionné dans le Sūtra du Lotus. La pagode possède une base carrée bordée de quatre escaliers au sommet desquels se trouvent quatre lions en pierre, symboles de sagesse. Sur cette base reposent quatre piliers qui soutiennent une plate-forme carrée, surmontée d'une structure octogonale. On pense que la Dabotap a été construite en 751 au moment de la construction du Bulguksa.

La Seokgatap (« pagode Sakyamuni »), de trois étages en pierre, mesure 8,2 m de haut et est du style traditionnel coréen aux lignes simples. Elle date de la même époque que la Dabotap.

Seokgatap se distingue par sa simplicité, l'équilibre de ses proportions et la grâce de ses éléments décoratifs. Sa simplicité est renforcée par l’absence de gravures et de sculptures sur ses façades. De forme carrée, elle repose sur une plate-forme de deux étages et s'élève sur trois niveaux dont les dimensions suivent un rapport 4:3:2 et dont le bord est légèrement relevé. Elle est surmontée d’un fleuron superposant notamment de manière classique le bol de rosée, une série d’anneaux, la flamme d’eau, le véhicule du dragon et le joyau sous la forme d’une perle. À sa base, elle est entourée par huit dalles rondes au décor de lotus qui marquent les huit principaux points cardinaux. La construction de la pagode est faite par un assemblage de grandes pierres taillées de granit local.

Seokgatap, la pagode de l’ouest, représente le Bouddha du présent tandis que Dabotap, la pagode de l’est, représente le Bouddha du passé. Ensemble, elles illustrent un passage du sutra du Lotus.

Le Daeungjeon (« Hall de l'illumination spirituelle ») est la salle principale. Les pagodes Dabotap et Seokgatap sont situées devant lui. Le hall abrite le Bouddha Shakyamuni et fut construit en 681.

Derrière le hall principal on trouve le Museoljon (« Hall sans paroles »), où le célèbre moine Uisang (625-702) enseignait le Sutra Avatamsaka. C'est l'un des édifices les plus anciens du complexe, datant probablement d'environ 670. Incendié en 1593, il fut reconstruit probablement au 17e siècle, puis rénové au 18e siècle avant de finalement s'effondrer dans les années 1910. Le bâtiment actuel fut reconstruit à l'identique en 1969-73.

Il abrite la statue du moine Kim Gvo-gak (696-794) : né dans la famille royale Silla, il devint moine et partit à Tang (Chine) pour y mener une vie ascétique et altruiste. Il fut considéré par les fidèles comme une réincarnation du bodhisattva Ksitigarbha.

Ce hall abrite aussi une statue du Bouddha offerte par la famille royale thaïlandaise en 2007 à l’occasion du 80e anniversaire du roi Bhumibol, Rama IX, exprimant son vœu pour la paix mondiale.

A l'arrière du Museoljon se trouvent deux petites cours avec chacune un bâtiment.

Celui de droite, le Gwaneumjon («Sanctuaire d'Avalokitesvara ») abrite une image de l'Avalokiteshvara, le bodhisattva de la Parfaite Compassion, et est situé sur la partie la plus élevée du complexe.

Celui de gauche, le Birojeon (« Hall du Bouddha Vairocana »), abrite une image du Bouddha Vairocana (« Grande Lumière »)

Enfin, à l'ouest de la cour principale, une petite cour renferme le Geungnakjeon (« Hall de félicité suprême »), construit en 1750. Il abrite un Bouddha Amitabha, le bouddha du « Paradis de l'Ouest », en bronze doré.

Toutes les statues de ce temple sont des trésors nationaux de Corée.

Le temple lui-même est classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1995.

L'ermitage de Seokguram

La grotte de Seokguram est un ermitage du complexe constitué autour du temple Bulguksa, à quatre kilomètres à l'est. Elle se situe à 750 m d'altitude sur le mont Toham. Elle est également proche de la côte est de la Corée, sur la mer du Japon. En 1962, la grotte est désignée 24e trésor national, et en 1995 est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO conjointement avec le temple Bulguksa.

Cette grotte aurait été construite à l’apogée du royaume de Silla en 751 par le premier ministre du royaume Silla d'alors, Gim Dae-seong, et son nom originel fut Seokbulsa (« Temple du Bouddha en pierre »). C'est en Inde que naît la tradition de tailler des images du Bouddha dans la roche, ainsi que des icônes religieuses et des stupas. Cette pratique s'est ensuite répandue partout en Asie. La géologie de la péninsule Coréenne, abondante en granit, ne se prête pas à des sculptures. Ainsi, Seokguram est une grotte artificielle taillée dans le granit de la roche-mère. Sa taille plutôt petite est probablement due à son usage réservé aux membres de la famille royale de Silla.

La grotte symbolise le voyage spirituel jusqu'au Nirvāna. Les pèlerins devaient commencer leur pèlerinage au Bulguksa ou au pied du mont Toham, sacré pour les bouddhistes de Silla. Il y avait une petite fontaine à l'entrée du temple pour que les pèlerins puissent s'y reposer et se rafraîchir.

Devant le portail d'entrée du site se trouve une tour avec une cloche de bronze, classique de la tradition Silla. Faire sonner la cloche demande un peu d'énergie pour lancer le battant.

La grotte comprend une entrée cintrée qui mène à une antichambre rectangulaire, puis un corridor étroit décoré de bas-reliefs qui mène à la rotonde principale. L'antichambre et le corridor représentent la Terre et la rotonde, le Ciel. Au centre de ce sanctuaire, se tient une grande statue en ronde-bosse, un majestueux Bouddha assis en bhumisparça mudra (geste de l'appel de la Terre à témoin), sur un trône en lotus. Dans la grotte, on trouve quarante figures illustrant des principes bouddhiques. La grotte a été construite autour de ces statues pour les protéger des intempéries. Le plafond de la grotte est décoré de demi-lunes, et le sommet de la rotonde d'une fleur de lotus.

La grotte est faite de plusieurs centaines de roches de granit. On n'y a pas utilisé de mortier ; les pierres sont maintenues par des rivets de métal. La construction de la grotte utilise également un système de ventilation naturelle avec un interstice entre les murs de la rotonde et son plafond en demi-lune..

Les dévots étaient nécessairement debout, progressaient vers la statue et pratiquaient la circumambulation, pour ressortir par le vestibule, unique accès. Le socle de la statue comporte trois parties : la première et la seconde sont décorées de pétales de lotus tandis que le centre consiste en huit piliers.

Accompagnant le Bouddha, en ronde-bosse, on trouve trois bodhisattvas, dix disciples, et deux dieux hindous, en bas-relief sur la paroi de la rotonde. Dix autres bodhisattvas sont placés dans des niches au-dessus des bas-reliefs. Les dix disciples sont des disciples de Shakyamuni ; il y en a cinq de chaque côté de l'Avalokiteshvara, qui est placé derrière le Bouddha. Leurs traits suggèrent une influence de l'« art gréco-bouddhique ». Les deux bodhisattvas, quant à eux, sont Manjusri et Samantabhadra. Les deux dieux hindous sont Brahma et Indra. Des copies de ces statues sont exposées au musée de Gyeongju.

La grotte est aujourd'hui fermée au public, visible de l'extérieur seulement à travers une paroi vitrée en raison des problèmes de dégradation suite à une trop forte fréquentation du site.

13

Le palais Donggung et l'étang Wolji

Le palais Donggung fait partie du complexe palatial de Silla qui a été incendié en 935. Il était la résidence secondaire de la famille royale. Le palais accueillait les invités de marque ainsi que les réceptions royales, les banquets et les festivals. Le palais Donggung a été construit en 679 après l’unification du pays (676). Laissé à l’abandon peu à peu, le site est tombé en ruine après la chute de Silla.

D’après les annales des trois royaumes, le roi Munmu a fait construire un grand étang artificiel dans l’enceinte du palais en 674. Il était constitué de trois îlots et de 12 collines. L’étang était connu sous le nom « Anapji » (qui veut dire « étang des oies et des canards sauvages ») au cours des périodes Goryeo et Joseon. Dans les années 1980, les chercheurs ont découvert un morceau de poterie sur lequel était gravé le mot « wolji » (signifiant « un étang qui reflète la lune ») On supposa alors qu’il s’agissait du véritable nom de l’étang. Après cette grande découverte, le site a été rebaptisé « palais Donggung et l’étang Wolji ». Les artefacts retrouvés au cours des fouilles sont sauvegardés au Musée national de Gyeongju. Entre 1975 et 1986, des travaux de rénovation ont été entrepris pour tenter de faire renaître la splendeur d’origine de l’étang Wolji.

Dans la partie ouest de l’étang Wolji, se trouve le « Imhaejeon Hall », le bâtiment le plus remarquable dans le palais de Donggung. Les réunions et les rassemblements festifs se déroulaient généralement dans cette salle pendant la dynastie de Silla. Une fois à l’intérieur, vous aurez le loisir de scruter les rares objets qui ont été préservés dans le château. Quant à la structure du bâtiment, elle est presque intacte. Une fouille archéologique a permis de découvrir plusieurs bâtiments et cinq tours dans la partie la plus à l’ouest du site. Certains bâtiments ont été restaurés, d’autres ont été laissés tel quel, ne laissant apparaître que les pierres angulaires. C'est au crépuscule, lorsque les bâtiments s'illuminent et se reflètent dans l'étang que le site est le plus beau.

Le pont Woljeong

Pont à l’architecture traditionnelle, Woljeong Bridge est une merveille de Gyeongju.

Construit sous le règne du roi Gyeongdeok de Silla, le pont Woljeong a été incendié sous la dynastie Joseon. Il a été rénové en 2018 et est, à ce jour, le pont de bois le plus large de Corée. Le choix de reconstruire le pont en bois s’est décidé suite aux recherches dans les archives.

14

Ses fonds sont en grande partie consacrés aux reliques du royaume Silla, dont Gyeongju était la capitale. Il est proche du complexe palatial de Donggung. La collection de ce musée est particulièrement importante car elle permet de comprendre l'essor de la civilisation dans le sud-est de la Corée.

La cloche du roi Seongdeok

Cette cloche, trésor national, fut fondue en mémoire du roi Seongdeok (702-737) de Silla au 8e siècle, pour le temple Bongdeoksa de Gyeongju. Après la destruction de celui-ci elle a changé d'emplacement plusieurs fois et est maintenant hébergée au musée national de Gyeongju.

La cloche divine du roi Seongdeok est la plus grande cloche coréenne préservée. Sa hauteur est de 3,75 m et elle présente un diamètre de 2,27 m avec 11 à 25 cm d'épaisseur. Son poids est de 18,9 tonnes.

Le tube situé au-dessus de la cloche permet au son de résonner, c'est une des caractéristiques essentielles des cloches coréennes. Le yongnyu, est l’anneau qui permet d'accrocher la cloche, il est décoré d’une tête de dragon. Des motifs en arabesque décorent le haut de la cloche (épaule de la cloche) et l’endroit où l’on frappe la cloche est en forme de lotus. Cette œuvre témoigne de la qualité artistique de la période de Silla unifié. Plus de mille caractères chinois sont gravés sur la cloche. Depuis 1 300 ans, la cloche divine du roi Seongdeok est parfaitement bien conservée. Le son de la cloche d'un temple est comparé au son de l'enseignement du Bouddha. Un motif de divinité agenouillée , qu'on retrouve sur toutes les cloches de ce type, signifie que le ciel et de la terre sont reliés à travers le son de la cloche.

La tombe royale de la couronne d'or, Geumgwanchong

Le tombeau de la couronne d'or ( Geumgwanchong ) est un tumulus de la période Silla. Considéré comme datant du 5e ou 6e siècle de notre ère, le tombeau a été fouillé en 1921. C'est la première tombe dans laquelle a été trouvée une couronne en or du royaume de Silla, elle demeure la plus grande couronne de ce type connue à ce jour. Plus de 40 000 autres artefacts ont été excavés de ce tombeau, notamment des vaisseaux en or, en argent et en bronze, des armes en or et en argent, des armures en plaques de bronze doré, des récipients en grès, 20 000 perles indopacifiques principalement bleues et des accessoires pour chevaux. Il est probable que tous ces objets étaient destinés à la classe dirigeante de Silla.

La couronne d’or trouvée dans cette tombe est remarquable pour son capuchon intérieur en métal ajouré complexe contenant des images d'ailes d'oiseaux, ce qui est symbolique des pratiques chamaniques. L'ornementation de la couronne est simple et équilibrée, présente des formes de cœur, d'écailles de poisson et de losanges. Un ornement de diadème représente un oiseau sur le point de s'envoler. Sur les ailes de la couronne, un motif de dragon est gravé.

Des ornements de ceinture en or et en argent ont été excavés en même temps que la couronne d'or. Ils sont faits d'une fine bande d'or ou d'argent et comptent 17 pendentifs de formes variées.

Une ceinture dorée mesurant 109 centimètres de long est composée de 39 plaques, avec 17 chaînes suspendues à la ceinture principale. Elle est un autre symbole important de la royauté et ne se trouve que dans les tombes royales.

Les armes trouvées comprenaient des épées en or et en argent et des casques et armures en or et en bronze.

On a trouvé enfin beaucoup de vaisselle, poteries, récipients en bronze, en argent ou en or et aussi de la vaisselle en verre qui était considérée comme aussi précieuse que l'or. La plupart des récipients en verre trouvés dans ces tombes sont vraisemblablement des pièces romaines ou sassanides produites en Méditerranée orientale.

La statuaire bouddhique

Le bouddhisme, né en Inde au 5e siècle av JC, a été introduit en Corée au 4e siècle de notre ère pendant la période des Trois Royaumes. Au début du 6e siècle il acquit une reconnaissance officielle dans le royaume de Silla. La sculpture a été un élément fondamental du bouddhisme coréen dès ses débuts, introduite en même temps que les Ecritures bouddhiques. La production par les artisans locaux s’appuyait sur les critères iconographiques venus d’Inde. Les divinités gardiennes sont bien représentées, protectrices du royaume.

L’un des trésors de cette collection est un grand Bouddha Baishajyaguru du temple Baengnyulsa, incarnation de l’école de la Terre Pure à Silla.

15

La pagode du temple Bunhwangsa

Bunhwangsa (« Temple impérial parfumé ») est un temple de la période Silla ancien qui aurait été construit en 634 sous les auspices de la reine Seondeok. Aujourd'hui, le temple est encore utilisé par un petit groupe de fidèles, mais à son apogée, le temple couvrait plusieurs hectares et était l'un des quatre temples principaux du royaume de Silla. Les ruines du temple Hwangnyongsa se trouvent à proximité. Il fait partie des zones historiques de Gyeongju, classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Une ruine remarquable du temple est la pagode Bunhwangsa, la plus ancienne pagode datée du royaume de Silla, classée Trésor national. La pagode est basée sur des prototypes de la dynastie Tang en Chine. Cependant, contrairement aux pagodes Tang qui étaient fabriquées en brique, les architectes de Silla ont utilisé des pierres d'andésite noire taillées comme de la brique. Elle est composée d’une base plate quadrangulaire et de trois étages, de taille dégressive. Le toit de chaque étage est réalisé en plaçant des briques à la manière d'un escalier. Aujourd'hui, il ne reste que trois niveaux de la pagode. Des documents anciens indiquent que la pagode comptait à l'origine neuf étages.

Bien qu’autrefois creux, les étages effondrés de la pagode ont rempli le centre de la pagode de débris. Lors d’une restauration partielle en 1915, les Japonais ont découvert une sarira, un reliquaire en pierre, contenant des objets précieux tels que des ornements en or et en pierre, des pièces de monnaie, des ciseaux et une aiguille, ce qui indiquait qu'une femme de sang royal, peut-être même la reine Seondeok elle-même, avait autrefois possédé ces objets. Chaque côté de la pagode possède ce qui aurait pu être autrefois des portes donnant sur l'intérieur de la pagode. Deux personnages gardent chaque porte et sont connus sous le nom de Geumgan-yeoksa (« vajra-yakṣa »), gardiens du canon bouddhique. Chaque coin de la plate-forme basale abrite une statue de lion gardien. Des fleurs de lotus en granit ornent également la pagode.

Le site du complexe de Hwangnyongsa

Hwangryongsa était le centre du bouddhisme parrainé par l'État pendant les époques Silla ancien et Silla unifié, qui étaient des phares culturels du bouddhisme à l'époque. Son nom signifie « Temple de l'Empereur/Dragon Impérial ».

Hwangnyongsa fut construit pendant la période Silla, sous le patronage de la famille royale, sur une plaine entourée de montagnes près de l'enceinte du palais royal de Banwolseong (palais de la demi-lune). La construction a commencé en 553 sous le règne du roi Jinheung et n'a été entièrement achevée qu'en 644. Le roi Jinheung avait initialement prévu que le site soit un nouveau palais, mais lorsqu'un dragon a été vu sur le site en chantier lors d’un violent orage, le roi y vit un présage et fit transformer les plans pour faire du site un temple. Hwangnyongsa a été conçu pour être un lieu de prières pour le bien-être de la nation en demandant la protection divine du Bouddha et un moyen d'impressionner les dignitaires étrangers. Plus tard la reine Seongdeok fit construire une pagode en bois de neuf étages sur le site. Les neuf étages représentaient le Bouddha. Elle était entièrement chevillée, sans clous et avait une hauteur totale de 80 m, ce qui en faisait l'une des structures les plus hautes d'Asie de l'Est au moment de sa construction.

Tout a aujourd'hui disparu en dehors des pierres de soubassement. Les fouilles archéologiques, commencés en 1976, se poursuivent aujourd'hui. Le temple était centré sur la pagode et comportait trois grands bâtiments autour de la pagode. L’ensemble du complexe occupait un espace d’environ 8 hectares. Les ruines du temple contiennent également des pierres de piédestal destinées aux statues bouddhiques monumentales. Une statue du Bouddha Sakyamuni mesurait cinq mètres de haut.

On peut aujourd’hui voir une maquette au 1/10e de la pagode présentée dans un centre touristique organisé près du site. Un projet de reconstruction à l’identique de la pagode fait actuellement polémique en raison du coût exorbitant du projet.

16

De retour à Séoul par notre KTX, nous allons admirer le coucher de soleil du haut de la N Seoul Tower. Construite en 1975 et ouverte au public en 1980, la tour mesure 236,7 m. Elle est située au sommet de la colline de Nam-san, au centre géographique de la ville. On y accède à pied ou en téléphérique. Le principal attrait de la N Tower de Séoul est son observatoire. La terrasse d’observation principale permet de profiter de la vue à 360 degrés sur la ville. Mis à part une visite de la terrasse d’observation, l’une des principales activités pour les couples à la N Tower consiste à accrocher un cadenas à la clôture autour de la place. Les couples inscrivent leurs noms, leurs initiales ou même un court message sur les serrures avant de les attacher à la clôture comme symbole de leur amour éternel. L’activité est communément appelée «cadenas d’amour» et est populaire parmi les habitants et les touristes.

Le pavillon octogonal du parc Namsan

Au pied de la Tour se trouve le parc Namsan avec un joli pavillon octogonal, un "palgakjeong". Initialement connu sous le nom de Pavillon Unamjeong, le pavillon a été construit en 1959 pour commémorer le premier président de Corée du Sud, Rhee Syngman. Comme il s’agit d’un endroit privilégié pour observer le premier lever de soleil de l’année, le festival annuel du lever du soleil a lieu chaque Nouvel An.

Les palgakjeong sont traditionnellement construits dans les jardins de maisons nobles et dans les temples bouddhistes. Ils symbolisent l'harmonie entre le ciel et la terre. Ce sont des lieux de repos et de méditation, considérés comme des œuvres d'art architecturales et souvent décorés de motifs et couleurs traditionnels. Le nombre 8, associé à la forme octogonale, rappelle l'octuple sentier de la loi bouddhique. Il est aussi associé au samsara.

17

La cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception, située dans le quartier de Myeong-dong au cœur du centre-ville de Séoul, a été fondée par des missionnaires catholiques français des Missions étrangères de Paris (M.E.P.), et elle est le siège de l'archidiocèse de Séoul. Elle est le point de départ de la première route de pèlerinage des Sentiers du pèlerinage catholique, un sanctuaire international de l'Église catholique.

En 1784, la première communauté catholique coréenne se rassemble sur le lieu qui s'appelait alors Myeong-Nae-Bang. La construction de l'actuelle cathédrale de Myeongdong dure de 1892 à 1898. La première pierre est posée par le père français Eugène Jean Coste, M.E.P. (1842-1897). La cathédrale est consacrée le 29 mai 1898 par le vicaire apostolique de Corée Mgr Gustave-Charles-Marie Mutel, M.E.P, le père de l'Église catholique en Corée, et elle est dédiée à la Vierge Marie de l'Immaculée Conception.

Dans les années 1970 et 1980, la cathédrale de Myeongdong sert de point de ralliement au mouvement pour la démocratisation du pays et pour la défense des droits de l'homme. Elle joue toujours aujourd'hui un grand rôle dans la prière et dans l'activité missionnaire.

Au cours de son voyage en Corée du Sud, en août 2014, le pape François célèbre, le 18 août 2014, en la cathédrale de Myeong Dong, une « messe pour la paix et la réconciliation » en appelant à la réconciliation des deux Corées.

La cathédrale, sur les plans de l'architecte français Pierre-Marie Alexis Daveluy, présente un style néo-gothique caractérisé par ses arcs en ogive, ses voûtes d'ogives et ses arcs-boutants. Elle est construite en deux types de briques, roses et grises. C'est un très bel exemple d'architecture religieuse en Corée. Le plan est en croix latine avec deux bas-côtés et un toit haut de 23 mètres. Le clocher culmine à 45 mètres.

Une statue commémore, dans le jardin autour de l'édifice, le martyre du père St André Kim Dae-geon, premier prêtre coréen martyrisé en 1846, béatifié en 1925 et canonisé en 1984. Depuis 1900, dans la crypte de la cathédrale, reposent les reliques des martyrs des persécutions de 1839 et 1866, transférées du séminaire de Yong-San.

18

Par un temps de nouveau très venteux et pluvieux, nous traversons le quartier de Myeong-dong pour un dernier déjeuner en groupe et une dernière promenade.

Déjeuner au restaurant JinSa

Promenade dans le quartier très animé de Myeong-dong

Nous terminons par une petite visite à un site emblématique du nouveau Séoul, le DDP ou Dongdaemun Design Plaza.

Inauguré en mars 2014, le Dongdaemun Design Plaza, ou DDP, c’ est un gigantesque complexe multifonctions situé dans le quartier branché et touristique situé près de la porte Dongdaemun.

Construit sur le terrain d'un ancien stade de baseball, son apparence néofuturiste présente de puissantes formes courbes et allongées caractéristiques de l'œuvre de son architecte, Zaha Hadid. À la fois temple du design et centre de congrès et de divertissement, il abrite huit salles d'exposition, des amphithéâtres, des espaces de conférence, des boutiques proposant des œuvres de designers ainsi que des laboratoires de création qui servent de bancs d'essai pour la commercialisation de nouveaux produits. Conçu sur quatre étages et trois sous-sols, il abrite également des festivals et des concerts.

L'édifice, qui a coûté près de 500 millions de dollars et que le New York Times a comparé à « un vaisseau spatial argenté », est situé au cœur du pôle de la mode et d'une destination touristique populaire de la Corée du Sud : Dongdaemun. Il est divisé en quatre parties principales : Art Hall, Design Lab, Parc et Musée. Des expositions d'art coréen sont également visibles au second étage et l'on peut se promener sur son toit végétalisé.

"Le DDP constitue un seul bâtiment, mais l'idée était de créer des formes irrégulières qui permettent du mouvement autour et dans le bâtiment", a expliqué Patrik Schumacher, l'un des partenaires de la firme Zaha Hadid Architects. "La vue ne ​​cesse de changer à mesure que s'ouvrent une nouvelle perspective et de nouvelles formes. C'est ce que l'on ressent lorsque l'on se déplace à travers un paysage inconnu et inhabituel", a précisé Schumacher. "Ce qui importe, ce sont le revêtement, l'apparence monolithique et la structure homogène. Ce que nous avons fait est quelque chose de très original. Nous sommes très conscients qu'il y a eu des doutes et des inquiétudes parce que le projet semblait si étranger. Maintenant, cependant, je pense que l'accueil est en train de changer à mesure que les idées et l'extraordinaire beauté du projet se font de plus en plus apparentes. Nous connaissons toujours cette expérience. Lorsque nous travaillons avec quelque chose de très original et insolite, il y a d'abord des doutes et puis, plus tard, les gens développent une affection pour le bâtiment", a-t-il ajouté.

Le DDP a permis à Séoul de devenir la Capitale mondiale du design en 2010.

C'est sur ce lien entre modernité et traditions que nous refermons le livre de ce voyage.