De son passé Nakhon Si Thammarat, comme beaucoup d’autres villes du pays, ne gardent que peu de souvenirs. La ville, dans son ensemble, offre le même spectacle de maisons bétonnées de mauvaise facture, qui ont remplacé les maisons traditionnelles en panneaux de bois chevillés pour les plus aisées et en bambou tressé pour les plus pauvres. On peut encore apercevoir de telles maisons dans les villages mais elles sont en voie de disparition. Traditionnellement sur pilotis pour se protéger de l’humidité et des bêtes sauvages (il ne reste plus de tigres dans ces montagnes), aujourd’hui les maisons en parpaing sont construites au sol et subissent fréquemment des inondations.
Nakhon Si Thammarat, malgré la présence d'une population musulmane importante, reste un centre bouddhique de référence et comporte beaucoup de temples bouddhiques dont le plus ancien et le plus célèbre, le Wat Phra Mahathat. Temple royal de première classe, le Wat Phra Mahathat est le temple bouddhiste le plus important de Nakhon Si Thammarat et du sud de la Thaïlande.Construit au moment de la fondation de la ville, il contient comme relique une dent de Bouddha. Le roi de l'époque avait construit une petite pagode pour l'enchâsser en 291 de notre ère. Plus tard un nouveau temple fut construit.
Reconnaissable grâce à son grand chedi blanc de 78 mètres de haut, entouré de 173 chedis plus petits, il figure sur les pièces de 25 satangs, les centimes thaïlandais. c'est dire son importance. Au pied du chedi se trouve une galerie carrée, appelée Wihan Tap Kaset, décorée de nombreuses statues de Bouddha où les fidèles viennent en nombre se recueillir.
Autour de la base du grand stupa de style sri lankais, on retrouve les habituels avant-corps d'éléphants qui sont ici objet de vénération comme les statues du Bouddha et sur lesquels les fidèles collent des petites feuilles d'or.
Presque en face du Wat Mahathat se trouve une belle maison ancienne en teck qui fut la propriété de descendants de la famille royale de Nakhon Si Thammarat: c'est Ban Than Khun Ratthawut Wichan. Construite il y a 108 ans elle est représentative du style des maisons du sud appellées pan yha. Rectangulaire avec deux pièces symétriques en demi-lune entourant une petite loggia, elle est réalisée totalement en teck, tout étant chevillé sans clou ni vis et démontable comme toutes les maisons anciennes du pays. Ces maisons, sur un soubassement en pierre, sont conçues pour assurer une circulation d'air sous la maison et à l'intérieur par une claire-voie en haut des parois pour laisser circuler l'air et s'évacuer l'air chaud. Nul besoin de climatisation dans ces maisons.
Un artiste local, Khun Suchat, est connu pour ses créations de marionnettes de théâtre d'ombres Nang Talung. Il possède aussi une jolie collection de marionnettes anciennes.
Tout comme sa cousine la marionnette dont ils partagent la même structure (le castelet), le théâtre d'ombres a des origines très anciennes. La tradition fait de l'Inde ou de la Chine son lieu de naissance (la fameuse « ombre chinoise »). C'est de là qu'à la faveur des grandes migrations il aurait gagné le Moyen-Orient pour ensuite arriver en Europe. Utilisé d'abord à des fins religieuses (évoquer l'âme des morts) et d'exorcisme, il est rapidement devenu une forme séduisante de spectacle populaire, mettant en scène aussi bien de grands poèmes épiques comme le Ramakien ici en Thaïlande que des satires politiques ou grivoises, comme le célèbre Karagöz de Turquie.
Depuis la période d'Ayutthaya (1350-1767) se sont créés quatre styles différents de théâtre dans le pays: le Khon et le Lakhon avec des acteurs costumés et deux théâtres de marionnettes, le Nang Talung et le Nang yai. Le Nang Yai est un théâtre d'ombres populaire du centre de la Thaïlande, où de grandes marionnettes sont projetées sur un écran blanc et manipulées par des acteurs cachés en dessous de l'écran. Leurs mouvements sont à l'origine des danses dans les théâtres Khon et Lakhon.
Proche du Nang Yai, mais situé dans le sud du pays, le Nang Talung, possède des marionnettes plus petites, dont certaines parties du corps sont mobiles (jambes, bras, bouche...). Les manipulateurs, acteurs et chanteurs, cachés du public, donnent par leurs chants et leur talent d'acteur, aux représentations un tempo saisissant.
La réalisation de ces marionnettes commence par l'utilisation de vélin translucide et raidi que l'on découpe selon la forme du personnage et que l'on colorie ensuite. Les différents éléments sont associés avec du fil et le tout monté sur une tige d'osier maintenue avec du fil.
Nous nous rendons au Pilier fondateur de la ville. C'est une tradition très ancienne qui consiste à consacrer un grand pilier qui représente le centre de la cité et auquel les habitants viennent rendre hommage. Ici il est situé dans un petit sanctuaire entouré de quatre petites chapelles avec des statues de Bouddha aux quatre coins du carré de l'enceinte. Le plier est surmonté d'une représentation de Brahma, le dieu hindouiste qui peut voir dans toutes les directions.
Après la chute d'Ayutthaya en 1767, Nakhon Si Thammarat ne resta indépendante que deux ans puis fut reconquise par le roi Taksin qui restaura le pouvoir thaï et installa la capitale à Bangkok. Une légende veut que ses cendres soient conservées ici dans un petit sanctuaire. Pourquoi ici ? La communauté d'origine chinoise a toujours été importante ici et Taksin était de père chinois. Est-ce vrai ?
Enfin un petit coup d'oeil aux restes de la muraille d'enceinte de l'époque médiévale qui, comme partout dans le pays, est en briques surélevée de créneaux.