Carnet de voyage

À trois, enfin !

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25 Février, Marina de Pointe-à-Pitre. 18h: Un navire bleu s'amarre au Ponton 15. Deux compères attendent ...(au ponton 2 évidemment) ! 18h15: c'est les retrouvailles... à trois, enfin !
Février 2018
2 jours
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Après le premier bivouac d'une longue série à trois, nous arrivons en Basse Terre, île de Guadeloupe, luxuriante et verte. Première impression : la forêt tropicale étale ses quartiers sur les flans des collines entre la mer et les volcans. Nous errons sous des arbres aux feuilles larges et épaisses, nous glissons sur les sentiers boueux aux paroies moussues et nous baignons dans les vasques des rivières isolées.

Notre niveau culinaire s'appauvrit et nous nous en rendons compte un matin, de la quinoa crue, trempée dans la bouche. Dans notre sac il ne nous reste que de la farine et de la levure qui nous serviront à faire du pain... cuit entre deux grilles sur la braise. C'est ce mode de cuisson (galère) que nous apprivoisons les trois prochains jours !

C'est donc, sentant la fumée, la transpiration et les habits mal séchés que nous nous réveillons sur la plage de Grand Anse un matin.

-"Vous savez quoi les filles ? J'ai envie de me poser, rien qu'un jour, au moins pour vider mon sac et enlever tout le sable qui est dedans !"

Trois heures plus tard, nous rencontrons Cédric.

Riche d'expériences et de voyage, il nous apporte tout ce dont nous avions besoin. Nous nous retrouvons catapultées dans une villa de rêve, sous l'océan ou dans des récits d'explorations. En échange nous l'aidons dans les ménages de ses locations.

Nous découvrons des petits coins de paradis comme lors d'une ballade où nous trouvons un trou d'eau chaude, bien caché derrière les sentiers des touristiques Chutes du Carbet.

Les rencontres que nous faisons sont plus belles les unes que les autres, et nous nous rendons compte du potentiel énorme de générosité des personnes que nous croisons. Chaque jour la Vie nous offre ses opportunités et on est peu à peu gagnées par la conviction que notre voyage trace ses chemins sous une voie lactée de bonnes étoiles!


C'est donc après deux semaine riches et intenses en Basse Terre, dont une bien complète chez Cédric, que nous nous décidons à regagner les Pontons de la Marina de Pointe à Pitre pour nous lancer à la recherche d'un bateau partant vers Cuba. Nous inondons les lieux d'affiches et c'est à grand renfort de "Bonjour, peut être pouvez vous nous aider" lancés pas Olivia que nous nous lançons à la conquête des pontons!

Le stop n'a plus aucun secret pour nous, à tel point que nous expérimentons l'annexe stop pour se faire déposer sur un petit îlet de mangrove, histoire de passer la nuit dans un lieu désert.

Le lendemain, Mercredi 14 Mars 2018, le poisson mord à l'appât: c'est sur le Nausicaa que nous ferons la route jusqu'au Îles Vierges américaines.

-" Bon bah on est bonnes pour aller décrocher la dizaine d'affiches placardées dans toute la Marina!!"

Elles y seront restées moins de 24h ...

Le superbe bateau de Julien semble taillé pour la vitesse et le confort, nous avons déjà pris possesion des lieux, les placards sont remplis, allez, on y va !

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La traversée en bateau s'est bien passée, après un magnifique mouillage aux Saintes, nous avons pris la mer pour 48h! On découvre la plénitude qu'apporte la naviguation, livrées aux vents, à la mer, la beauté d'un levé de soleil sans terres a l'horizon. Et tout ça malgré le mal de mer!

L'atterrissage aux U.S Virgin Islands est difficile :

"Vous ne pouvez pas entrer sur le territoire américain par bateau privé, je vous le répète, pas moyen de rentrer, ou on vous arrête!" tout en mimant avec application la mise des menottes. Nous ne sommes a terre que depuis quelques minutes et nous voilà déjà descendues de notre petit nuage obligées d'affronter la complexité et l'absurdité des papiers américains !

Nous nous retrouvons obligées de prendre un ferry pour rejoindre Tortola, aux Îles vierges britanniques , pour quitter le territoire américain au plus vite!

Pourtant la vie continue de nous sourire et les opportunitées fleurissent : à peine le temps d'arriver, une plage, un bar, une rencontre et poum !! Nous voilà catapultées dans une ONG, a faire du volontariat pendant une semaine: reconstruction des écoles le l'île après l'ouragan. On voulait se sentir utiles, ici on est servies !! Ni une, ni deux, nous leur proposons l'énergie de nos bras et notre enthousiasme d'aider. Il y a énormement à faire, trop même... ça nous fait de belles journées, bien physiques, bien transpirantes, de belles rencontres aussi, et puis pas mal d'exercices d'angais!

Voici le lien du projet auquel nous avons participé, si vous voulez les soutenir: https://give.allhandsandhearts.org/fundraiser/1367533?is_new=true



Cette semaine Olivia écrira dans son journal:

"Il sufffit juste de poser un pied en dehors du ferry pour ressentir une atmosphère étrange et peu comfortable. On aperçoit des restes de bateaux retournés ou écrasés. "On se croirait dans un film de zombie" annonce Dorothée, le regard panoramique sur cette ville fantôme. Fût un temps, ces îles étaient dignes de cartes postales aux couleurs des publicitées pour lune de miel; ce que nous avons devant les yeux relève plutôt d'une catastrophe naturelle. Naïvement je pensais que les îles vierges avaient été nommées ainsi de par leur paysage hostile. Que neni !

Les habitants témoignent de la rude épreuve dont chacun en garde la cicatrice. Ces îles ont été ravagées par les ouragants successifs de l'automne dernier. Plein de poussière, les tas de voitures et de débris jonchent le bord des routes. D'ailleurs, en 6 mois, une seule a été réparée, toutes les autres étant presque impraticables. Le seul lycée de l'île est fermé depuis Irma, où les vents d'une puissance incroyable ont soufflé pendant des heures. L'oeil du cyclone est passé exactement à l'endroit où nous sommes. Pendant plus de 5 heures des rafalles arrachaient tout, on ne voit que ce qui a survécu à une telle force. C'est une ONG qui déblaye les écoles. Ont été mises en place des tentes précaires pour faire classe où la chaleur est difficilement supportable et où les gouttes passent [...]"


On se rend compte à quel point les autoritées sont différentes des nôtres lorsque nos trois petites têtes souriantes assises à l'arrache à l'arrière d'un pick-up saluent les policiers, tout ça en étant précédées d'un bateau tracté avec passagers et suivis d'une voiture cabossée sans plaques d'immatriculation, bien évidement. C'est ces mêmes sourires que nous lançons aux étoiles, toujours depuis le coffre d'un pick-up, à fond de balle dans la nuit noire, sur les routes escarpées de Tortola. Le vent frais de ces virées en stop se transforme ainsi en brushing forcé. Même les taxis ne résistent pas à cette nouvelle coiffure et nous emmène gratuitement en compagnie d'autres clients !


On se rend doucement compte que le voyage c'est rencontrer des gens incroyables mais aussi leur dire au revoir en permanence. Cédric, Julien, Bastien, Gaël, Ségo, Matt, Swan et Jonathan, autant de personnes qui jalonnent notre route et qui resteront dans nos mémoires.



Pendant ce temps nos petites affiches postées à la marina pour continuer notre route travaillent pour nous et une petite famille d'allemands nous contacte: on peut profiter de leur bateau pour monter jusqu'en République Dominicaine ! On part Mardi! ... Si on arrive à se dépatouiller des formalités de départ du territoire ...

C'est donc comfortablement installées, les fesses assises sur la banquette d'un catamaran, Fountain Pajot, Saba 50, longeant tranquillement les côtes de Puerto Rico qu'on termine ce paragraphe par un p'tit coup de modestie.

En navigation sur le Jajapami 
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Notre premier mouillage sur le territoire dominicain se fait à l'Isla Saona. Le décors ? Plus que paradisiaque : une eau bleu turquoise, des plages de sable blanc remplies de transat', des cocotiers à l'infini... Mais la réalité de l'île nous apparaît differente. Lieux de loisir des touristes aisés, l'eau sent le gasoil, les plages débordent de femmes en bikini, de selfies et de déhanchées sur des musiques latino trois fois trop fortes.

Tous les matins, le ballet commence, 9h, montre en main. Ils arrivent, les uns sur des cata à moteurs, les autres sur des petites embarquations ultra puissantes, lancées à fond de train entre les bateaux au mouillage. Ils disposeront de 5h pour dépenser leur argent au bar, manger local et se dorer la pilule, avant de réembarquer à la file indienne, direction leurs hôtels respectifs. Juste à temps ! Deux minutes plus tard, les moustiques sortent et attaquent tout ce qui reste.

C'est la même ambiance de faste et de débauche qu'on ressentira partout sur les plages touristiques de République Dominicaine.


Après quelques jours de navigation, nous ressentons le besoin de poser pied à terre, d'échanger l'horizon épuré de la mer pour les reliefs et l'abondance de la montagne. Une chaîne montagneuse s'élève dès la sortie des faubourgs de la capitale et s'étend jusqu'à la frontière d'Haïti. On décide de la rejoindre grace a notre moyen de transport favoris, le pouce.

Ici, pour faire du stop, faut une sacrée volontée. "Peligroso ! peligroso !" qu'ils disent tous. Nous on aquiesse, on sourit, et on part un peu plus loin tendre notre pouce. Bon, "péligroso !" ça veut dire "dangeureux", mais ça, chut, il faut pas le dire. Puis ils insistent tous pour qu'on aille au guagua. Mais c'est quoi un guagua ? Un plat local ? On comprend vite que c'est les bus d'ici. Vous l'aurez compris, les conversations qu'on tient dans les voitures ne sont pas tristes : entre nous qui déchiffrons l'espagnol et eux qui ne savent parler que ça, ça se résume à : "No taxi, no guagua, vamos a la montaña".

À la montaña, on y découvre une autre mentalité. Ici, pas de buildings, pas de routes, pas de touristes. Ici, des hameaux éparses disséminés sur les mamelons, reliés par des sentiers de mules, où les habitants travaillent leurs champs à plusieurs heures de marche de la première route. Les rivières se passent à gué, malgré le courant fort et l'eau jusqu'aux cuisses. Nous rencontrons les habitants au détour d'un chemin. Invitées à l'intérieur de l'une de leurs cases, la sobriété des lieux nous tape à l'oeil. Quatre murs, trois chaises, une lampe à pétrole, un feu, une chambre à coucher et une bible : pas d'électricité, pas de décoration, juste le nécesaire. Les cosses des gandules (petits pois locaux) sont jetées directement sur le sol, et en un coup de balais, hop, c'est déjà dehors picorés par les poules ! L'ensemble : sobre, propre, rangé. À l'aube, les habitants nous amènent du café de leur plantation.

Ces derniers jours, avant que la nuit tombe, nous cherchons un endroit où planter la tente. Ici cela s'appelle casa de campaña. On se retrouve exténuées, au fond d'une gorge, loin du premier terrain plat. Là, on aperçoit un hameau. Ni une, ni deux, on demande à un habitant et nous nous retrouvons à camper sur le bout d'herbe horizontale juste devant sa maison, comme au centre d'une arène, où les habitations nous encerclent du haut de leur piton rocheux. La curiosité qu'ils déploient est vivace : ils décriptent tous nos gestes, fixent nos tentes avec des yeux étonnés et ne peuvent s'empêcher de rester autour de nous à chaque instant. Impossible de se brosser les dents ! Du soir au réveil, le comité d'accueil sera resté dans les alentours pour assister à l'évènement.

Les mots "moquitos" et "palente" nous sont servis à tout bout de champs. Le premier, ça fait clairement référence à l'état désastreux de nos jambes, mais le deuxième, on ne comprend pas et on continue notre chemin. On découvrira plus tard que ça signifie "pâles".


C'est le pays où nous profitons le plus des fruits : pour quelques pièces nous avons les bras remplis de mangues, d'ananas juteux, ainsi que de tomates qu'on nous offre à foison. C'est aussi en République Dominicaine que nous apprenons à cuire les bananes vertes appelées guineos, à la braise, comme les patates!

Après une semaine de découvertes intenses, nous remontons à bord du Jajapami, et reprenons la mer, prochain stop : Haïti.

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Publié le 26 avril 2018


En quittant la République Dominicaine, nous nous lançons dans 48h de navigation, une courte pause à l'île à Vache, Haïti, puis 26h de plus pour rejoindre la Jamaïque.

En navigation, la vie à bord est rythmée par les siestes, la préparation des repas, les couchers et levers de soleil et les quarts de nuit. Nous trouvons rapidement notre place dans le quotidien de cette vie de famille, tentant de faire de notre mieux pour être utiles malgré un mal de mer fluctuant pour deux d'entre nous.



C'est toujours une joie de poser l'ancre dans une baie. Entourées par la mer, il nous suffit de plonger du bateau pour nager et observer de plus près les fonds marins.

A Haïti cela s'avère délicat. Dès son arrivée le bateau est assailli par les hommes du villages, sur leur pirogues en bois, ils tentent de tirer les meilleurs profits de notre présence. Cette sollicitation constante finit par fatiguer la troupe et nous choisissons d'écourter notre séjour.

Nous aurons quand même eu le temps de sentir l'atmosphère de l'île, de découvrir leur langue, un français assez incompréhensible, et de faire un tour au marché où nous échangeons savon, aiguilles et quinoa contre mangues et plats locaux.

Échanger des biens contre des biens, une première pour nous. Le "trade" fait son entrée.

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Publié le 11 mai 2018

"Yeah man, one love, enjoy, take care !" nous voilà débarquées au pays du reggae. C'est d'ailleurs au rythme de cette musique que nous arrivons dans la baie de Port Antonio en bateau.

"Depuis le début de notre voyage, c'est le premier pays que je serais allée visiter de moi-même". C'est aussi la plus grand île que nous rencontrons, avec une culture forte, et des images préconçues. On a bien l'intention de toutes les vérifier et cela crée des attentes, une envie impossible à combler: celle de profiter de chaque instant de notre temps ici pour tout voir, tout entendre et tout comprendre.

De la culture reggae, au rastafarisme, en passant par l'évolution des moeurs vers le dancehall et la vie dans les ghettos.

Pourtant la première chose qui nous frappe à notre arrivée c'est la luxuriance de la nature, des reliefs et des forêts: une sorte de jungle riche en teintes de verts, aux milles formes de feuilles, aux fleurs et aux odeurs dignes d'un jardin d'Eden.

Après quelque jours à Port Antonio nous décidons de rejoindre Kingston, nous traversons les Blue Mountains, le souffle coupé à l'arrière d'un pick-up. Les reliefs et les paysages sont époustouflants. Sur les pentes abruptes la route cabossée serpente entre les plantations de café et les maisons isolées.

À Kingston nous sommes logées dans un hostel tranquille en échange de quelques heures de peinture par jour. On nous apprend certaines réalités sociales régissant la ville.

Celle-ci est composée de quartiers bien délimités qui divisent la population selon leurs classes sociales. En Jamaïque on en découvre trois: Uptown, Downtown et Countryside.

La partie Uptown est aisée et sécurisée, c'est là que tous les touristes arrivent et sont poussés à rester. Ces quartiers s'étendent au nord de la ville et grimpent sur le contrefort des montagnes. Le mode de vie là bas y est très américanisé, entre les grosses voitures et les résidences. Dans les supermarchés nous retrouvons les mêmes produits qu'aux BVI (importés directement des USA).

C'est aussi dans ce milieu que nous sommes logées, et dont nous éprouverons les plus grandes difficultés à sortir, ne serait-ce que le temps d'une journée. Malgré la forte envie de découvrir downtown (et ce qu'on pense être la vraie Jamaïque) les personnes que nous rencontrons s'interposent et nous mettent des bâtons dans les roues. Ils nous déconseillent d'y aller, nous demandent de prendre des taxis, un guide, ne pas se balader seules, de ne pas sortir des zones sécurisées... Tant de choses qui nous paraissent inconcevables. Nos excursions dans Downtown seront donc assez brèves mais nous en retenons un aperçu. Certains quartiers, Trench Town ou le marché populaire où nous avons pu aller, nous sont vivement déconseillés, pourtant nous y trouvons une atmosphère suffisamment accueillante pour s'y promener sans ennuis. Cependant, lorsqu'une détonation retentit, le mouvement de foule est immédiat, chacun court se mettre à l'abri. Nos coeurs battent la chamade: ce n'était qu'un ballon. C'est la première fois qu'on voit une aussi vive réaction.

Dans nos nombreuses tentatives d'aller dans des soirées sound systèmes down town, on se fait emmener par des amis de notre hôte, on se retrouve catapultées dans un monde de talons aiguilles, de strass et beaux décolletés. On côtoie la jeunesse aisé de Kingston, un peu embarrassées dans nos habits tachés et nos chaussures de marche. L'ile vibre au son de Bob Marley, et nous rencontrons régulièrement des gens ayant côtoyé le célèbre reggaeman.

Pour s'évader un peu de l'atmosphère électrique de la ville nous allons randonner dans les Blue Mountains. Une des seule piste connue est l’ascension du plus haut pic de la chaine à une altitude de 2256m.

Réveil à 2h du mat, vite vite on range les toiles de tentes encore trempées de rosée et c'est parti ! On a moins de 4h pour parcourir les 10km et 1000m de dénivelé qui nous séparent d'un beau levé de soleil au pic, -"tranquille !!" . Quel bonheur de sentir ses muscles travailler tandis que la nature s'éveille doucement autours de nous. On se sent toujours un peu privilégiée quand on assiste à ce spectacle, comme si nous avions la chance de surprendre cette grande dame au sortir du sommeil . Soudainement, aux premières lueurs, les chants d'oiseaux abondent de tous côtés, nous sommes au milieu d'un concert. La végétation qui entoure le sentier est aussi époustouflante que la vue que nous offre le sommet. Là où le premier nous montre la multitude de formes et de couleurs des différentes espèces végétales, le deuxième nous donne l'impression de voler entre montagne, villes et océan .


Nous allons passer la semaine suivante dans une reproduction d'un camp Taïnos (tribu Caraïbe, premiers habitants de l'île), qui se trouve isolé dans la campagne. Ce retour à des gestes simples, une "vie sauvage", nous fait le plus grand bien. Au programme: désherbage d'un champs d'ananas, douches et lessive dans la rivière, cuisine au feu de bois et nuit en hamac. C'est entourées de lucioles magnifiques que nous passons nos soirées.

La vie dans la campagne jamaïquaine agréable, les jamaïcain sont très amicaux, franc avec un grand sourire et un accent digne de reggaeman ils s'arrêtent dans la rue juste pour s'assurer que tout vas bien, que tu "enjoy" la Jamaique, que tu n'as besoin de rien.

Le bien-être est un principe fondamental de la Livity, ce mode de vie promu par le rastafarisme. Ils cuisinent ital, nourriture vegan et beaux plats pour trois fois rien.

On note quand même une sorte de paranoïa, les gens que l'on rencontre nous mettent en garde. Randonner en forêt sans guide? Trop dangereux ! Voyager seules (sans hommes )? Vous êtes folles? Marcher 10minutes de nuit dans la campagne ? Vous m'inquiète faites très attention ! Faire du stop? IMPOSSIBLE ! Beaucoup trop dangereux! Faire du bateaux stop ? - les commentaires s’arrêtent, on a dépassé la limite, ils nous considèrent avec des yeux effarés .




Après de brèves, très brèves, recherches d'un bateau pour nous amener à cuba, on en trouve un ! Mais voilà il part dans plus de 15 jours, notre visa expire dans une semaine, et puis merde on a envie d'y arriver à Cuba! " première destination de notre voyage ". Maintenant il pleut des trombes chaque jour, avec des orages annonçant le début de la saison des ouragans. Très peu de bateaux naviguent par ici en cette période. On s'envole donc aujourd'hui, vendredi 11mai 2018 pour La Havane, en avion ! On notera quand même que c'est un des 7 trajets qu'on doit payer depuis le début de notre voyage ( bus et taxis compris, bien entendu ).

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Publié le 12 juin 2018

Et boum, arrivée à la Havane. Tout nous paraît grand, propre et construit. On se sent tout de suite à l'aise dans ces grandes rues bordées de maisons à l'architecture inqualifiable et ponctuée de parcs aux arbres imposants. De l'air, enfin ! ça respire la tranquillité! Ce qui nous change de l'atmosphère électrique et surchargée des autres villes des caraïbes. Les styles se mélangent, néo-classique, victorien... mais souvent ces façades aux colonnes majestueuses ne cachent que des ruines. L'Etat donne à chaque famille une maison mais les restaurations coûtent cher, pas envisageables pour une partie de la population qui vit donc dans des espaces délabrés. On reste scotchées devant les voitures, aux milles couleurs et aux formes plus que "vintage", toutes semblent sortir des années 50. Ici, la culture tient une place importante, promue par l'Etat. L'éducation est gratuite et l'on trouve de nombreux musées et lieux culturels.

On retrouve avec joie Jonathan un ami voyageur rencontré en Guadeloupe et concurrent direct dans la course aux bateaux pour rejoindre Cuba. Il a gagné, évidemment, et partage avec nous toutes ses connaissances acquises au cours des trois semaines qu'il a passé à Cuba avant notre arrivée. Il nous présente aussi ses amis cubains dont la compagnie nous enchantera. Ces locaux partagent avec nous leur vie de tous les jours: préoccupations quotidiennes comme grandes réflections politiques. Par exemple, ici certains produits essentiels sont parfois temporairement totalement absents du marché, comme le papier toilette, introuvable pendant un mois. Le simple fait de chercher une ampoule ou des oeufs se transforme en véritable mission. On appelle cela "résoudre". On ne dit pas acheter de la farine ou de la levure mais résoudre des oeufs, car la tâche prendra sans doute une journée de marathon dans la ville. Et cela pour des choses essentielles: clou, ventilateur, matelas... Certains autres produits comme les graines (à planter), ou une scie, sont juste absents du marché. Ils nous expliquent aussi comment marchent les transports : "Vous vous mettez sur le bord de l'autoroute et vous arrêtez le premier truc qui passe" Cela nous amène à monter dans des transports pour le moins incongrus: bus, camion aménagé, taxis collectifs (à 8 dans la vieille voiture) ou charette à l'ancienne.

(Olivia) Au cours du voyage à Cuba, j'aurai essayé différents types de stop, dont la voiture de police qui m'amène à 6h du matin au commisariat, après m'avoir fait lever le camps d'où j'avais planté ma tente. J'étais pas très fute-fute lorsque la veille, exténuée et aux portes de la grande ville d'Holguin, j'ai posé mon campement devant une entreprise de produits laitiers. Les employés se relayant la nuit pour faire tourner l'usine avaient dû me dévisager comme une folle tombée du ciel. Bref, au moins, je n'ai pas payé le trajet jusqu'en centre ville !

Pour la première fois dans les caraïbes on se lie rapidement d'amitié avec des locaux. On se retrouve dans leur amour de la bonne cuisine, de la nature, des gestes simples, une nuit passée à manger, discuter et jouer aux cartes.. On est aussi séduites par la tranquillité avec laquelle ils prennent la vie, les choses se règlent une à une, au jour le jour. Pourtant leur vie n'est pas dorée, l'Etat exerce un grand contrôle sur la population: interdit d'héberger un étranger dans sa maison, de tuer une vache sous peine de 25 ans de prison, de monter sur un bateau ne serait-ce que pour une heure, et plus que difficile d'obtenir des visas pour quitter le pays. Les affiches de propagande politique remplacent les publicités dans la rue et certains salaires sont incroyablement bas, 20c.u.c/$ par mois (environ 18€), le prix d'une nuit en gîte. Les différentes crises qu'ont connu les cubains les poussent à apprécier les choses simples. À vivre le moment présent. Aussi quand un jour au moment de servir on demande si Untel veut de tout dans son assiette, on nous répond, étonné par la question "Évidemment, si c'est possible" à Cuba on ne peut pas être difficile! Une impression grandit, celle que l'aspect communiste du régime politique influence leur façon de fonctionner : on discerne chez nos amis une grande écoute des autres, chacun a sa place de façon égale, peu importe l'âge, la nationalité ou l'expérience. Chaque cigarette allumée est partagée, et on divise jusqu'aux dernières bouchées des plats. Ces amis nous emmènent une semaine dans une petite ferme perdue dans les montagnes cubaines. Cela fait trois ans qu'ils ont fait l'acquisition de cette propriété de 30 hectares, avec une petite maison en bois et d'un boïo (construction 100% végétale, avec le toit en palme, qui servira de cuisine). La plus grande partie du terrain est sauvage, jungle de lianes et d'arbres fruitiers, avec une petite plantation de café qu'ils entretiennent, récoltent, torrifient et vendent à la Havane. L'eau courante vient de la rivière, l'électricité d'un petit panneau solaire et la cuisine se fait au feu de bois. Leur projet est de monter une petite ferme autosuffisante, biologique, avec un maximum de permaculture, dans le respect de la terre et des plantes. Le tout est encore en construction et nous les aidons, un jour à construire un chemin de pierre, l'autre à faire une façade de bois, l'autre encore à tresser des lianes qui serviront à construire un pont pour traverser la rivière, même en temps de crue et d'accéder à la ferme. Pour nous c'est un petit bout de paradis ! Tout nous y convient: pour les fruits ? Il suffit de sortir et de le cueillir directement à l'arbre. La nourriture ? Parfaite, un mélange de riz, haricots noir cuisinés, des légumes et une banane, on boit le café de la ferme 6 fois par jour. Le paysage ? Plus que magnifique, la nature verte, forte et variée. Aucune trace d'action humaine. Les fermes avoisinantes sont reliées par des petits sentiers ou les Caballeros se déplacent à cheval; la première route est à 7 kilomètres.



Dans tous les lieux que nous aurons visité les paysages de la campagne cubaine nous aurons époustouflé; une terre rouge, de la végétation opulente, des roches nues et escarpées, des champs de tabac, maïs et café...

Nous avons le sentiment que notre séjour à Cuba nous aura gonflées à bloc, les partages ont été riches et intenses, c'est fou comme les relations humaines peuvent nous épanouir, à quel point la générosité nous touche, nous remplit de gratitude, et illumine notre rapport à la vie.

Olivia reste encore une semaine de plus à Cuba et elle note dans son carnet 《 J'ai reçu beaucoup durant ce voyage à Cuba. Entre un verre de jus, des fruits, des locaux m'offrant le trajet de bus ou un café sur la plage par les pêcheurs au petit matin, j'ai été choyée. Et lorsque que je demandais quelle en était la raison, ils me répondaient que la solidarité et l'entraide font partie de leur façon de vivre. De la même façon, j'ai été souvent accompagnée, car ici le fait d'être seule n'est pas compris. Pour passer des bons moments, les cubains se doivent d'être entourés, en groupe ou entre amis. J'attrape un camion pour aller en province, il tombera trois fois en panne sur la route, ça n'a l'air d'affecter personne. Tout le monde se couvre car l'air frais de la nuit et les gouttent de pluie passent à travers les fenêtres qui ne ferment pas.

Sitôt arrivée à Guantànamo, je me rend compte que je n'ai plus mon sac de couchage, il me manque des affaires. Ni une, ni deux, j'enfourche une mobylette et le chauffeur part à toute berzingue dans la ville "Vous n'avez pas vu un camion passer ?" "Un gros camion comme ça!" "Oyé toi, tu sais où habite le chauffeur du camion qui vient de la Havane ?" "Tu connais son cousin? Ahh, on peut l'appeller alors?" Et là, j'aperçois la carcasse orange bringballante dans laquelle j'avais passé 15h pour tuer les 940 kms qui nous séparaient de la capitale. Le chauffeur me rend mes affaires et me paye le transport pour continuer mon chemin vers Baracoa. Je me rend compte qu'avec ma mentalité d'occidentale j'ai pensé qu'on m'avait volée. Mais ici, il y a comme une sorte de respect des autres, veiller à son prochain, être aimable et honnête. De même, il n'y a pas de ceintures dans les transports, c'est une façon de montrer sa confiance au chauffeur me dit-on. Un homme tombe devant nous ? Nous nous arrêtons directement, l'emportons à l'hôpital et faisons toutes les démarches avec lui... Cette générosité désintéréssée me boulverse. Ce que je découvre est intriguant. D'un côté, je n'ai jamais rencontré d'hommes plus courtois : dans les transports, pour manger ou porter un sac cela va de soi, c'est même plus qu'une habitude. Mais d'un autre côté, il y a un culte de l'homme fort, le Macho, qui sera servi en plus grandes quantités, qui est responsable et vénéré.

À Baracoa, ville dont la seule route d'accès terrestre est récente, j'ai l'impression de faire tâche car il n'y a pas un chat, pas un blanc, pas un touriste. La ville respire lentement, au rythme des siestes, des éventails qui remuent l'air chaud et de l'ombre des maisons sur les trottoires de la vieille ville. C'est là bas que je verrai un petit crocodile d'une trentaine de centimètres se faufiller entre mes jambes lorsque je me baigne. 《Eh oui, faut bien partager les bons plans avec tout le monde》 me dis-je même si cette nuit là, je ne serai pas rassurée de dormir seule en tente sur la berge, ne sachant pas si les parents crocodiles vivaient aussi dans les environs...

Les cubains sont très portés sur la bonne apparence. Rasés de près, les hommes prennent soin d'eux, et les barbes et cheveux longs sont inexistants! Je comprends que le poil est un ennemi national : dès la plus jeune adolescence, les femmes s'épilent et pendant le voyage, je n'en ai pas aperçu un, alors qu'on me regardait avec insistance.

Je ressens la grandeur du problème de l'émmigration. C'est le premier sujet abordé tant soi avec nos amis qu'avec les locaux me prennant en stop. Sortir du territoire est un rêve pour beaucoup mais le labeur bureaucratique et les sommes pharaoniques demandées sont tout simplement impossibles à réunir. Les nombreux fonctionnaires gagnent un salaire mensuel équivalent à 20 €. Pour obyenir un visa touriste pour la France pour 15 jours, il faut réunir 3 000 Euros. Abbération ? Protection ? Même les possibilitées de se déplacer à l'intérieur du pays sont au dessus de leurs moyens. Par contre, aucun ne meurt de faim et il n'existe pas de sans-abris. L'état offre à tous les citoyens une maison et un carnet de rationnement avec les produits de base pour la famille. De nombreuses personnes vivent donc (modestement mais) aux frais de l'État sans travailler de leur vie. Dans un pays si spécial il faut avoir plusieurs cordes à son arc si on veut s'en sortir tous les jours. Travailler en free-lance dans divers domaines pour pouvoir répondre à la demande du moment fait partie du quotidien de la "génération débrouille" née dans les années 90'.

Sans facilités d'accès à internet, les gens se retrouvent chaque jour pour discuter, autour d'un 'cafécito'. On argumente, on débat, on hausse la voix très vite pour imposer son avis, les conversations accélèrent : on est à Cuba. Mes amis me parlent beaucoup du choc des générations car entre celle de leurs parents, la leur et celle qui arrive, les changements sont radicaux. Les premiers ont connu le communisme avec ses avantages amenant les idéaux d'une nouvelle société. La génération des 90' a vécu les années spéciales, de restrictions et de grands manques. Le genre d'années où certains étaient prêts à manger des serpillères marinée dans du jus de citron pour calmer leur faim. Ils en tirent une force incroyable dans leur créativité de solutions avec les moyens du bord et l'utilisation de leur intelligence : je les appellerai volontiers la 'génération débrouille'.

Ils se préoccupent des jeunes d'aujourd'hui, nés avec l'aisance financière qui n'existait pas avant, grandissant avec la technologie qui semble les abrutir.

Question d'abrutissement, ce ne sont pas les publicités (inexistantes) qui enkylosent la pensée mais bien les affiches et peintures gigantesques de propagande qui bordent le long des routes. Les "Vive Fidel" et autres exemples d'héroïsme national décorent chaque coin de rue, même dans les villages de terre battue. Il reste des relents de communisme mais les jeunes désillusionnés, n'y croient plus et veulent un nouveau modèle.

Et ce qui est sûr, c'est qu'on y reviendra, à Cuba !

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Publié le 4 juillet 2018

"¿Que Onda ? -¡Todo bien, buena onda !"

J'apprends vite que c'est leur façon de se saluer; si on en fait la traduction littérale, ce serait plutot :" Comment ça roule ? Ça roule ma poule!" dans un espagnol lent et bien prononcé.

Bienvenue au Mexique !

Lieux touristiques  bondes et endroits secrets se cotoient sur la Riviera Maya

Débarquant, seule, de Cuba, je suis sous le choc et je prend une bonne semaine à m'adapter. "Mais c'est quoi toutes ces voitures et ces magasins ? Et le cours du dollar, il est à combien ? -Aucune idée !" Le tourisme s'en donne a coeur joie dans la région du Yucatán. Presque trop (de ce que j'ai pu entendre) comme a Cancún, destination privilégiée pour faire la fête depuis la sortie de l'aéroport jusqu'à l'entrée dans l'avion retour, quelques jours plus tard. Les immenses hôtels "all inclusive" se bousculent sur le front de mer pour offrir à leurs clients une chaise longue sur la plage. Le sable blanc s'étire à perte de vue, les parasols de chaque résidence délimitent cette étendue en parcelles de couleurs, collées les unes aux autres sous le soleil accablant. Ah oui, j'allais oublier de mentionner la chaleur et l'humidité atteignant des taux records et que finalement au bout d'un moment, on se décontracte et on se dit que c'est normal de suer des litres, tout comme son voisin ou son pote d'à côté.

Playa Del Carmen et Isla Holbox 

Je rentre vite dans le quotidien des locaux en habitant avec un ami d'ici. J'ouvre les yeux sur les subtilités du pays. "Cuidarte, cuidarte" c'est ce qu'on me dit à chaque fois, une sorte de "Fais attention à toi". J'apprend que la mafia, très présente dans cette partie du Mexique, contrôle tranquillement Playa del Carmen, là où je réside. Prélevements d'impôts sur chaque commerce, de mêche avec les policiers corrompus, plaque tournante de drogues, les Narcos n'hésitent pas à sortir les armes si la fin est lucrative. Et puis, en réponse à ma curiosité sur une forme de justice qui pourrait règler cela, on me dit qu'il existe la police circulant sur les routes nationales, et une autre sur les routes municipales. Il suffit donc, pour éviter une course poursuite, de passer de l'autoroute à la municipale de temps en temps, et personne ne pourra te suivre ! Quel bon conseil ! Avec des billets, tout se règle. Par ici, on paye, et rare sont ceux qui trouvent à profiter de beaux endroits de la côte, de la Riviera Maya, sans sortir le porte-monnaie. L'endroit regorge de beautés de la nature qui deviennent attractions à touristes. Quelle différence donc avec mon expérience de Cuba ! Ici, je suis mélangée à la foule de touristes vennant se prendre en selfies avec les ruines Maya. Au même temps que le Moyen-Age fleurissait en Europe, la civilisation Maya prennait une ampleur de plus en plus grande sur le territoire mexicain.

Ruines de Coba 

Certaines villes, maintenant en ruines, enfouies sous le tapis vert de la jungle, étaient aussi importantes à leur apogée que Londres ou Paris à l'heure actuelle. C'est par une journée de pluie battante, les bus n'étant pas encore arrivés par cette heure matinale, que je gravis la pyramide des ruines de Cobá pour y voir la gravure d'une divinité. Ressemblant à une abeille, il représente l'abondance du miel (seule source de sucre pour la population) et le Roi, du haut du temple, avait l'honneur de boire du chocolat, nourriture des Dieux. Atteindre le haut de la pyramide était une chose rare si l'on n'était ni prêtre, ni un sacrifié. De leur culture disparue, reste le dialecte maya, encore parlé par une majeure partie de la population, se dissipant d'une génération à une autre. Je prends du plaisir à m'imaginer cette civilisation disparue mais les vieilles pierres restent des vieilles pierres et après la visite de quelques ruines je n'y trouve plus grand intéret.

La sargasse, un fleau qui impacte fortement le tourisme de la cote mexicaine, 

Au cours de mes virées en stop, c'est la jungle épaisse et la mangrove que je vois, sur des kilomètres. Un village ou une ville surgit puis la nature très sauvage reprend. Les scorpions se balladent sur les trottoirs, les serpents mortels vivent proches des habitations et je rencontre quasi tous les matins un cafard gros comme ma main sous le lit. La faune est riche, j'aperçois chaque jour une nouvelle espèce. Des majestueux flamants roses aux énormes iguanes, en passant par les raies panthères frôlant presque mes pieds, cette partie du Mexique abrite des trésors. Mais tout cela ne me convainct pas de sortir des sentiers battus.

Une faune dense et diversifiee 

La Région, constituée de roche calcaire et d'une nappe phréatique gigantesque abrite de nombreuses grottes souterraines ainsi que de magnifques "cenotes", émergences d'eau douce et cristalline dans les failles du terrain. La réalité témoigne d'une différence avec les brochures aux photos avantageuses. On ne montre pas la couche de crème solaire à la surface de l'eau, et il est rarement question de l'extinction des espèces vivantes dans cet écosysteme. Le cas est similaire au nord de la péninsule du Yucatán, où durant les deux mois d'été on peut voir au large des côtes les requins-baleines, animaux les plus grands au monde. À force de tourisme intensif, la peau de ces mamifères se détériore ainsi que leur envirronement.

J'arrive sur l'île d'Holbox, une réserve naturelle de biosphère habitée par un village rempli d'infrastructures touristiques. Plage de sable blanc et eau turquoise jusqu'aux genoux, qui aurait pensé qu'il y a 20 ans en arrière ce n'était qu'un village de pêcheurs. L'ambiance y est tout de même singuliere car il n'y a que des voiturettes de golf et des vélos circulant sur les artères de terre battue. Il y a un peu de vie le matin, mais tout commence réellement lorsque l'air du soir rafraichît les terrasses. Je me fais embaucher dans un petit restaurant où nous sommes plus de personnel que de clients. Je sers pieds nus, en short et T-shirt et je vais admirer chaque soir le coucher de soleil, le menu en main, distribuant des promotions.

Anthropologiquement parlant, le fait de vivre avec des mexicains et de partager leurs repas picants me révèle une réalité sociale qui passe inaperçue aux yeux de nombreux touristes. L'attitude et les droits des travailleurs envers les patrons me sont nouveaux. "Quoi mais ils ne te payent pas tes heures sup'? -Figure toi qu'au Mexique, c'est pour ta pomme. -Wow, ok" Le mot 'exploitation' n'est pas le bon pour définir ce que je vois mais il s'en rapproche. Surprenant aussi, l'interdiction qui rend illégale la vente d'alchool pendant les 48h précédent les éléctions présidentielles. Les mexicains boivent beaucoup, c'est une affirmation. Mais le pays avait l'air d'avoir une autre priorité que les éléctions de ce dimanche : le match de leur pays à la coupe du monde de foot. Ils en deviennent fous !

Holox, un paradis de couleurs 

Finalement, le Mexique perd contre le Brésil mais éli un président progressiste après des années de gouvernance conservatrice. Une nouvelle erre commence ?


Olivia