Lofoten & Vesterålen

Il y eut un soir , il y eut un matin.

Mais ils furent très proches.

Coucher et lever de soleil sur Stokmarknes.

Tout au bout de cette petite île, une marche très sauvage vers le sommet du Tanipa et la grotte des chasseurs d'aigles. Quasiment tout hors piste, en suivant parfois des traces de moutons.

Soudain, arrivés au col des chasseurs d'aigles, se dégage la première vision de la longue chaîne des Lofoten, pics acérés, saupoudrés d'un peu de neige, résolument dressés et prêts à subir les attaques de l'Océan Atlantique nord.

Nous avons réservé pour une semaine un rorbu, une cabane "de pêche" sur pilotis, sur un îlot fermant le petit port de Ballstad, tout à l'ouest de l'île de Vestvågøya.

L'avantage c'est qu'on profite de la vue, même la nuit, puisqu'il fait toujours clair.

Les Lofoten viennent à peine de commencer à équiper leurs sentiers de panneaux et marquages mais ça reste très discret. Les habitants se posent beaucoup de questions sur l'équilibre entre leur environnement et l'impact des activités touristiques. Ils ont même établi un code de conduite des Lofoten, basé sur le droit Norvégien ancestral, l'Allemannsretten.

Aujourd'hui, pas de marquage du tout et des sentiers discrets. On commence par le tour de la presqu'île, puis une montée extrêmement raide sur une pente herbeuse, la traversée de la lande de Ballstadheia avant de redescendre juste sur la maison, avec des vues depuis la côte et depuis le haut de la montagne.

Cherchez la différence : 10h51 ou 2h08 du matin.

Notre îlot parait tout petit, mais c'est un super terrain de jeux, plein de surprises.

Derrière chaque île il y en a toujours d'autres, toutes magnifiques!

Un seul faux pas ici, mais il n'est pas norvégien, un bidon de 200L de carburant de la Wehrmacht !

Un certain nombre de navires de guerre ont coulé par ici....

Remarquez que ce n'aurait pas été vrai la semaine dernière...

Coucher de soleil sur la plage de Utakleiv strand, orientée au Nord Ouest, bien sûr.

C'est l'une des rares orientées ainsi sur Vestvågøy, donc elle attire un peu de monde, mais, à la Norvégienne, il reste de la place...

L'avantage des couchers de soleil dans l'été polaire est qu'ils durent plusieurs heures, pour le bonheur des photographes....

Le ciel est un peu plus couvert le lendemain pour une découverte de la côte sud de Vestvågøy, mais une éclaircie bienvenue permet de profiter de la petite plage de Finnhamnen , près de Valberg.

Le temps un peu plus couvert n'empêche pas de prendre un peu de hauteur.

Petite incursion sur Austvågøy pour finir la journée à Henningsvær, une des petites Venise des Lofoten.

Elle est connue en particulier pour son terrain de foot creusé dans une île.

Une petite randonnée par temps couvert sur Offersøykammen. Une façon de voir de plus près les couleurs des rochers, lichens, mousses, baies et fleurs de la belle montagne.

Au Lofotr Vikingmuseum, une reconstitution très bien faite des habitats vikings retrouvés ici, et aussi un petit port avec trois langskip (appelés drakkar par erreur). C'est une belle expérience de naviguer sur ces petits bateaux dont les voiles ont fait trembler l'Europe et découvert l'Amérique.

Aujourd'hui, une longue et belle montée au sommet du Justadtinden et une superbe descente hors sentier dans la lande.

Dernière île des Lofoten accessible par la route, et sans doute la plus magique, haute montagne découpée dans tous les sens par des fjords .

Pour quelques jours, c'est la petite ville carte postale de Reine qui nous accueille.

L'image la plus emblématique de Reine et certainement des Lofoten est à prendre en haut du Reinebringen. Un escalier de 1560 marches vient d'être terminé en Juillet 2019, construit par des sherpas Népalais. Nous n'y sommes pas montés, trop de touristes. D'ailleurs il y a généralement plus de monde ici sur Moskenes que partout ailleurs aux Lofoten.

Du côté de l'Océan Atlantique Moskenes présente quelques magnifiques plages de sable blanc, mais il faut les mériter.

Aujourd'hui Kvalvika, la baie de la baleine. Petite marche facile mais très variée, la haute montagne à 200m d'altitude, et l'océan toujours à zéro (d'altitude, pas de température, quoique...).

Mais que fait donc ici ce navire des garde-côtes Norvégiens? Chassent-ils un sous marin Russe, des contrebandiers de whisky Ecossais, des réfugiés Groenlandais? Non, ils nettoient la plage!

C'est une de leur missions importantes, menée avec entrain et humour. Bravo!

Au bout du bout de la route, plus de ponts ni de tunnels sous-marins (il y en a deux sur le trajet), juste des ferries pour le continent ou pour l'île de Røst, visible au loin. Røst, n'est même pas la dernière des Lofoten, elle est entourée de plusieurs centaines d'îles et îlots très isolés et difficiles d'accès.

Mais au bout de notre route, voici le dernier village, le bout du monde, au nom le plus court du monde : Å

Ça se prononce /Ɔ/ avec un o ouvert (celui de or, pas celui de rose). En tout cas, ça se prononce vite. Et ça veut dire ruisseau.

Retour à Reine pour manger et profiter de la vue.

On mange ici beaucoup de poisson, en particulier du stokfisk, la morue séchée à l'air libre. Elle arrive dans les eaux des Lofoten vers la fin de l'hiver donnant lieu à des scènes de pêche miraculeuse. Elle est mise à sécher immédiatement de février à mai , sur les treillis en bois qu'on voit partout, puis stockée et vendue.

Sur place, mais surtout au Portugal (pour le bacalhau) et en Italie (stoccafisso). D'ailleurs beaucoup d'Italiens visitent le musée du Stoccafisso d'Å. C'est aussi le seul endroit où les panneaux sont écrits en Italien.

Par ailleurs TOUS les restaurants traditionnels ont à la carte au moins un plat de baleine! Malgré la curiosité, nous avons courageusement résisté. Avec l'Islande et le Japon, la Norvège continue à braver l'interdiction de pêche, sous couvert de pêche "scientifique" ! J'ai du mal à voir quel intérêt scientifique mettrait la baleine au menu de tous les restaurants de Norvège. Le seul (très) mauvais point pour ce pays, par ailleurs magnifique.

Bunesstranden . La marche du jour se fait au bout du fjord, et on n'y accède que par bateau-bus. Tous les hameaux autour du fjord sont desservis ainsi, sauf quand la mer est gelée... ce qui n'est pas le cas, pour l'instant. Mais pas loin quand même.

Comme tous les soirs, le soleil se couche sur Reine, et c'est beau !

Le lendemain, le soleil se lève. Et c'est beau. Mais alors c'est tous les jours?

Disons... presque. Il y a quelques congés:

Le service de coucher de soleil est arrêté entre le 26 mai et le 17 juillet.

Le service de lever de soleil est arrêté entre le 10 décembre et le 2 janvier.

La randonnée du Munkan (16 km, 1100m de dénivelé), quoique très connue aussi, est loin d'être bondée, même par une météo excellente. C'est une enfilade de lacs, à differentes altitudes, jusqu'au sommet du Munkan qui surplombe le Reinefjord. Vue à 360° sur l'Atlantique, les fjords de l'île, l'immense Vestfjorden et les dizaines de lacs.

Comme sur un sommet, quand on arrive au bout d'un archipel, il faut faire demi-tour.

Nous repartons donc vers le Nord.

Nous avons remonté toute la route du Roi Olav V (Kong Olavs veien) jusqu'à quitter les Lofoten.

Nous voici tout au nord des Vesterålen sur l'île d'Andøya, à Andenes. C'est le point le plus au nord de notre voyage, et le point le plus au nord où nous ayons jamais été à la surface de la terre. 69°18' N. C'est la latitude du Nord de l'Alaska.

Mais d'ici, on fait décoller des fusées !

Andenes est le siège du Centre Spatial Norvégien. C'est ici le lanceur de fusées le plus septentrional du monde et cette particularité est intéressante. En collaboration avec beaucoup d'autres Agences Spatiales, on y étudie en particulier les aurores boréales.

Les aurores se produisant entre 90 et 180 km d'altitude, les fusées lancées ici sont étudiées pour atteindre ces altitudes et y récolter des mesures avant de retomber en mer. Il n'y a pas actuellement au monde d'autre site de lancement qui puisse le faire.

Habituellement, les visiteurs sont accueillis avec une attraction ludique autour des aurores boréales. Celle-ci étant en cours de remaniement, nous avons l'occasion unique de visiter les pas de tirs, au cœur de l'action. Ça donnerait presque envie d'aller visiter Cap Canaveral prochainement ... (affaire à suivre).

Mais les fusées ne sont pas les seuls oiseaux exceptionnels sur cette belle île.

Depuis le petit port voisin de Bleik, on part vers l'île mystérieuse, Bleiksøya, un des rares endroits en Norvège où l'on peut trouver ces petits oiseaux si particuliers, clowns de mer colorés, adorables, courageux, au vol faussement maladroit, nageurs émérites, pêcheurs miraculeux, vivant en haute mer toute l'année mais pondant leur œufs dans des terriers, nourriture miraculeuse pendant des siècles pour les Norvégiens qui ont même créé une race de chiens juste pour les attraper quand ils nichent, nourriture aussi pour des nuées d'aigles de mer, mais oiseaux tenaces, rapides, agiles et magnifiques, ils ont pour nom Lunde: les macareux.

Les aigles de mer sont en fait de mauvais pêcheurs et des chasseurs assez médiocres.

Ils ne peuvent plonger dans l'eau et ont du mal à attraper des poissons. Pour prendre un poisson mort jeté à la surface de l'eau, un aigle a dû s'y prendre à trois fois (scène vécue en direct). Leur tactique de pêche favorite est d'attendre qu'une sterne ou une mouette ait pêché un poisson pour essayer de le lui voler. Quant à la chasse, ils attendent les petits macareux à la sortie du terrier. Pas glorieux, les aigles.... A la réflexion, les empires ayant choisi l'aigle comme emblème ont-ils des comportements si différents?

On voit partout ces images d'un aigle attrapant un macareux en vol. C'est extrêmement rare, les macareux étant bien plus agiles en vol.

On l'aura compris, entre aigles et macareux, j'ai choisi.