Vágar est certainement l'île la plus spectaculaire des Féroé. Les photos des Féroé postées sur les réseaux sociaux ou les sites de voyage sont souvent prises ici. Nous y finissons donc notre séjour en beauté.
Vágar n'est pas totalement nouveau pour nous, puisque c'est là qu'est situé l'aéroport des Féroé. La piste passe entre deux montagnes, commence au dessus du port de Sørvágur et finit au dessus du lac Leitisvatn. Il ne faut pas se rater.
Mais pour l'instant, c'est l'héliport qui nous intéresse. Il n'y a que deux hélicoptères sur l'île. L'un d'eux est dédié aux opérations de secours éventuelles. L'autre sert principalement au transport de passagers entre les îles sur 11 héliports différents. A des tarifs très bas pour les Féroïens, et plus élevés pour nous autres, il sert à désenclaver des îles ou des villages isolés. Un jour par semaine, il fait des vols à la demande, pour transporter des passagers et ou du matériel dans des zones isolées.
Exceptionnellement, une fois par semaine en été, il propose un tour de Vágar pour les touristes. Et c'est parti:
Trælanípa
Justement, on y arrive, à ce fameux cap Trælanípa, où les perspectives se confondent, l'océan devant, le lac au dessus, l'océan derrière, ou l'inverse?
En tout cas, les falaises sont à la fois terrifiantes et magnifiques.
Sørvágur
Sørvágsfjørður , le fjord féérique.
Sans aucun doute le plus beau fjord des Féroé. Depuis le joli port de Sørvágur où nous dormons dans une ancienne maison de pêcheurs, jusqu'à l'île de Mykines aux myriades de macareux, en passant par Bøur, le village aux toits herbeux, Gásadalur hameau isolé avec la cascade la plus photogénique des Féroé, et côté Sud, l'arche des îlots Drangarnir et la très mystérieuse île de Tindhólmur
Gásadalur
Gásadalur, la vallée des oies, est situé dans un cirque formé par les plus hautes montagnes des Féroé.
Le petit hameau était totalement isolé du reste de l'île, accessible uniquement par un sentier très escarpé franchissant un col à plus de 400m d'altitude vers Bøur. Pas de port, juste un débarcadère scabreux et un escalier construit en 1940 et maintenant abandonné. Pas d'église. Ni de cimetière jusqu'en 1873, avant cette date, les personnes décédées devaient être portées à dos d'homme par le col jusqu'à Bøur.
L'arrivée de l'hélicoptère en 1983 a considérablement aidé la dizaine d'habitants qui vivent encore ici. Mais surtout, le percement en 2003/2004 du tunnel routier à fini de désenclaver ce joli bout du monde.
Mykines
Mykines, l'île la plus occidentale de l'archipel est connue pour être la citadelle des macareux. Il y a un tout petit hameau et un sentier de promenade vers la partie sud de l'ile et son phare. Malheureusement depuis quelques temps ce sentier est fermé à cause d'un fort risque d'éboulements qui nécessite des travaux autour du pont qui relie les deux parties de l'île.
Nous avions donc décidé de ne pas nous y rendre. Mais, habitant à 100m de l'embarcadère de Sørvágur, nous avons finalement changé d'avis et pris le dernier bateau de la journée pour faire juste l'aller retour, sans débarquer.
Le trajet est épique. Arrivant à l'entrée du port de Mykines, le capitaine attend une grande vague qui nous pousse jusqu'à l'abri de la falaise. Une fois à quai, nous levons les yeux vers les nuages de macareux et de mouettes qui nous entourent.
Ah non, ce sont juste des touristes qui veulent rentrer chez eux par le dernier bateau.
Vatnsdalsvatn
Le lendemain, le soleil est revenu est le Styx semble bien plus calme. Tant mieux, aujourd'hui une grande randonnée est prévue vers le Vatnsdalsvatn, le lac de la vallée du lac, surnommé plus joliment le lac Cœur.
Depuis la route du fjord, on monte hors sentier presque tout le temps jusqu'au lac puis, en se laissant porter par le hasard, vers deux sommets très beaux l'Eindalsfjall et le Vatnsdalsfjall , puis une redescente vers l'est dans la grande lande sauvage de la vallée de Hálsur et retour vers Sørvágur.
Trøllkonufingur
Nous commençons ce dernier jour aux Féroé, par une petite marche dans les prés sous un ciel somptueux tout à l'est de Vágar. Depuis le petit village de Sandavágur dont l'église semble faite en Lego, nous allons voir le doigt de la femme troll : Trøllkonufingur
Tindhólmur
Enfin, comme un dessert après un excellent repas, nous reprenons le bateau pour aller poser le pied dans le décor du dernier film de Peter Pan : Tindhólmur.
Nous visitons l'île avec un guide, instituteur dans le civil. Les montagnes et îles que nous voyons sont des formations volcaniques datant d'environ 62-54 millions d'années. A cette époque, ce qui deviendra les Féroé fait partie du plateau du Groenland. En s'approchant de la dorsale médio-atlantique, l'archipel Féroïen est séparé du Groenland et peu à peu l'Islande s'est formée entre les deux. Depuis ces temps très anciens, les Féroés se sont éloignées de l'Amérique du Nord et n'ont plus connu d'épisodes éruptifs. En revanche, ce sont les forces de l'érosion qui se sont mises à sculpter le paysage.
Sur le site de Tindhólmur, le côté nord, dans le fjord de Sørvágur, a été enfoncé et raboté par un glacier au quaternaire alors que le sud de l'île s'est soulevé puis a été coupé quasiment à la verticale par l'érosion marine. Ce sont cette déformation et cette double érosion qui ont créé ces formes si spectaculaires.
Côté faune, ici aussi, en dehors des moutons que leurs propriétaires élèvent uniquement pour leur propre consommation, on trouve bien sûr les macareux et les sternes arctiques qui nous ont accompagnés durant notre séjour aux Féroé.
Quelle belle façon de finir ce voyage, au soleil sur cette île qui est un peu la quintessence des Féroé : née du feu, et formé par la glace, le vent et l'eau, horizontale et verticale, sauvage et fière d'être libre.