Août 2017. Canada. La nature en grand.
Pour nos 30 ans, avec mes amis, nous nous sommes organisés un séjour de 15 jours en terres québécoises.
Nous nous sommes fait un programme riche en découvertes : nous voulions voir des villes et la nature. Nous avons fait quelques jours à Montréal, puis à Québec, nous sommes allés voir les baleines, nous avons profité de la vie et du paysage sur les hauteurs du Saint-Laurent... et surtout nous avons fait une randonnée de trois jours en canoë dans la réserve faunique La Vérendrye et ces quelques 4000 lacs !
Pour nous y rendre nous louons deux voitures (nous sommes 7) et quittons Montréal le matin, tranquillement (trop tranquillement ?). C'est parti pour 3 jours en pleine nature canadienne entre rando en canoë sur les lacs et camping dans des tentes au milieu de la nature !
Nous roulons sur ces grandes routes droites typiques de l'Amérique du Nord, traversant les grands espaces et quelques villages. Les kilomètres défilent et les heures aussi.
Nous arrivons enfin à la Réserve faunique de La Vérendrye en fin d'après-midi. Certains d'entre nous regarde l'heure... (peut-être qu'on aurait dû partir plus tôt).
Une employée checke avec nous le matos que nous devons emporter (tentes, cordes, gilets de survie, gamelles, bidons étanches...) Et tout ça prend un temps fou ! Nous chargeons la bouffe, les tentes et les fringues dans les bidons étanches... ils sont affreusement lourds ! Trop de bouffe, trop de fringues !
Nous récupérons nos canoës, lourds eux aussi, et, à l'aide d'une carte et d'une boussole (oubliez le GPS et le téléphone, il n'y a pas de réseau), nous cherchons à travers les lacs notre première étape. C'est notre emplacement pour la nuit et l'heure tourne plus vite qu'on ne rame. Nous nous perdons au milieu des lacs et après quelques errances et une relecture de la carte, nous finissons par retrouver notre route. Notre randonnée du jour comporte deux portages (partie du parcours où il faut porter les lourds canoës et les lourds bidons). C'est à ce moment que nous nous rendons compte que nous ne savons pas voyager léger ! Que nos vies de citadins nous collent à la peau ! Peur d'avoir un peu faim, d'être un peu sales...
Et la nuit qui approche à grand pas. C'est la course contre la montre. Pas le temps de faire des photos, mais la nature est tellement belle et immense. Je ne sais pas où regarder tant il y à voir. Et je dois rester consacrer à ma tâche (ramer !).
Nous courons sur le dernier portage qui comporte un dénivelé, ramons le plus vite possible. La nuit est tombée. Nous allumons nos torches frontales. Un canoë part devant en éclaireur. Nous sommes seuls au milieu des lacs, nous ramons et nous nous guidons à la voix et aux torches.
Nous arrivons tous au campement, mais pas le temps de se poser pour autant. Un groupe monte les tentes, un autre se charge d'allumer un feu et de préparer le repas. Pour une première expérience en canoë, je trouve que ce jour n'a pas été des plus faciles (et j'ignore que ça peut être "pire").
Après avoir avalé notre repas nous partons nous coucher sous nos tentes, nous sommes déjà exténués et ça n'a été que le premier jour. Il nous reste 2 jours de canoë. Si ce n'est pas la première fois que je dors sous une tente, c'est tout de même la première fois que je dors au milieu de la nature. Je garde cette impression du temps qui se fige soudain et reprend un rythme lent. J'entends ses bruits, doux et feutrés qui me bercent.
Quand le jour se lève, tout est silencieux, paisible. Je me lève aussi, j'aime ces ambiances. Je prends mon reflex et je vais me promener dans le campement. Tout le monde dort. J'ai l'impression que la nature s'offre à moi.
Avant que la pluie, ne rompe le silence et ne réveille le campement, j'ai le temps de reconnaître les lieux. Nous tendons une grande bâche et rapatrions dessous tous nos bidons et prenons le petit déjeuner tous ensemble. La bonne humeur est au rendez-vous !
Devant ce sale temps, nous décidons de ne pas poursuivre la rando et squattons l'emplacement toute la journée.
L'après-midi, un soleil timide se montre enfin. Et quelques-uns d'entre nous partent se promener en canoës. J'en profite pour faire quelques photos.
Un gros orage éclate et nous oblige à rentrer au campement ; la promenade paisible s'achève en une course contre la météo ! Notre soirée sera sous la pluie.
J'écoute la pluie tombée sous la tente et l'orage qui gronde.
Le lendemain, l'air est humide, il a plu toute la nuit. Nous rangeons le campement et attendons un temps un peu plus clément pour repartir ; nous faisons le chemin inverse du premier jour... un orage éclate alors que nous sommes au milieu d'un grand lac !
Le vent souffle en rafale et la houle se lève et nous fatigue. Nous sommes pris dans un mauvais courant, impuissants pour rejoindre nos amis qui ont réussi à passer, que nous regardons partir. L'eau sombre fait maintenant des vagues et me terrifie. Je n'ai plus de force dans mes bras et la peur s'empare de moi. Je sais nager, mais l'eau sombre et le courant m'effraient. Un de nos amis est aussi en difficulté. Nous nous laissons déporter pour le rejoindre.
Nous sommes trois a nous échoués. Nous décidons alors d'attendre : et ma panique n'est pas redescendue, l'orage est toujours au dessus de nous. Nous attendons abrités : attendre de l'aide, attendre que l'orage se calme pour repartir... L'aide vient de nos amis qui ont réussi à passer le mauvais courant. Ils reviennent nous chercher pour nous remorquer, la lutte nous a fatigué. Les binômes sont refaits et ils me demandent de rester allonger dans le canoë pour ne pas voir le courant, ni l'eau noire. L'orage est toujours sur nous.
Quand le beau temps se lève enfin, nous défaisons nos liens et j'aide mon ami à ramer.
Nous arrivons au point de départ, l'orage est parti loin, nous nous sommes croisés. Le soleil brille. Nous croisons d'autres canoéistes souriants et confiants (moi, j'étais juste au bout de ma vie !).
En voyage, cette expérience a été la plus dure pour moi à ce jour ; la petite toulousaine qui faisait de temps un temps une rando pédestre dans les Pyrénées. Première fois que je dormais en pleine nature, première fois que je faisais du canoë, première fois où je subissais les lois de la nature et de la météo.
Aujourd'hui je raconte cette expérience en riant avec mes amis, elle garde une place particulière, pas à cause de mes peurs, mais pour l'entraide et la solidarité que nous nous sommes portés les uns au autres. Avec le recul, en y pensant, je ressens beaucoup d'émotions et toute leur amitié.
Lien vers mon carnet de voyage sur notre séjour au Québec