À propos

Nous c'est Mel & Arnaud, alias Tous Azimuts. À bord de notre fourgon Totoro, nous sillonnons les routes de la France à l'Asie, à la rencontre des beautés du monde & de nous même.

Van trip à travers l'Inde #1

*km 27 032 - km 35 200* Après avoir quitté la France il y a 1an et traversé 11 pays, nous voilà enfin en Inde ! Aussi vaste qu'un continent, ses multiples facettes nous promettent tant de surprises !
Du 25 octobre 2023 au 14 janvier 2024
82 jours
Dernière étape postée il y a 262 jours
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Publié le 23 novembre 2023

Passage de frontière Pakistan - Inde

25 - 28 Septembre 2023

Après avoir quitté la France il y a 1an, traversé 11 pays et parcouru plus de 27 000 km, ça y est nous voilà aux portes de l'Inde ! Du côté pakistanais, le poste frontière a des airs de château de parc d'attraction, et à l'intérieur, sous le regard bienveillant du portrait de Gandhi, nous découvrons l'arène où chaque soir se réunissent les foules pour assister à la festive cérémonie de clôture des grilles entre les deux pays. Nous nous gardons ce spectacle pour le chemin retour !

 Wagah border, unique poste-frontière terrestre entre l'Inde et le Pakistan.

Étonnement, c'est le passage de frontière le plus cool et le plus rapide depuis notre sortie d'Europe. En 1h30, toutes les formalités de chaque côté sont réglées, et pourtant, nous arrivons vers midi, juste pour le lunch-break indien pendant lequel tous les bureaux sont à l'arrêt ! Tout le monde est adorable, souriant, et nous nous amusons d'être escortés jusqu'à la grille d'entrée en Inde par un militaire à bicyclette !

Nous pouvons désormais rejoindre notre première étape indienne qui se situe à une trentaine de kilomètres de la frontière : Amritsar.

Fondée en 1577 par le quatrième gourou Sikh, Guru Ram Das, la ville sainte d'Amritsar abrite le sanctuaire le plus sacré de la religion Sikh :

Le Temple d'Or

Au delà d'être un monument absolument exceptionnel, le Temple d'Or est un lieu de vie hors du commun où règne une ambiance spirituelle unique, attirant chaque jour des milliers de pèlerins sikhs, mais aussi de nombreux hindous et musulmans. Hors des sentiers touristiques, il est rare d'y croiser des occidentaux.

Dès notre arrivée sur le parvis de marbre immaculé orné de guirlandes de fleurs colorées, nous nous sentons comme transportés hors du tumulte extérieur et guidés à l'intérieur de l'enceinte par la musique, le son des prières et des chants sacrés ...

Comme dans tout site religieux Indien, nous devons avant de pénétrer dans le sanctuaire, nous couvrir la tête, retirer nos chaussures puis passer par un pédiluve, symbole de purification. L'accès s'effectue par l'une des quatre entrées, signifiant l'ouverture à tous les peuples, de tous horizons et de toutes confessions.

Spirituellement, le centre des attentions est le Bassin au Nectar qui entoure l'édifice central étincelant : l’Amrit Sarovar, dont Amritsar tire son nom.

Encerclé par une passerelle de marbre, ces eaux sacrées auraient des pouvoirs de guérison.

Trônant au centre du Bassin au Nectar, le temple tient son nom des 400 kg de feuilles d’or qui le recouvrent. Pour y pénétrer, il faut emprunter le Pont du Guru, long de 60 mètres, dont la file d'attente s'étend bien au delà... Autant vous dire que nous n'avons pas tenté l'aventure de ces longues heures d'attente au milieu d'un flot humain d'une telle densité !

Le Temple d'Or n'est qu'une infime partie de l'immense complexe qu'est l'Harmandir Sahib ("l'Illustre Temple de Dieu"), ouvert toute l’année 24/7 et dont l'entrée est gratuite, tout comme le gîte et le couvert. En effet, des repas, diverses collations et du chai sont gracieusement offerts tout au long de la journée à plus de 20 000 personnes (et jusqu'à 100 000 lors d'occasions spéciales !). Des dortoirs, douches et toilettes permettent à ceux qui le souhaitent de séjourner gratuitement dans cet incroyable sanctuaire.

Bénévoles à l'atelier épluchage de pommes de terre de la cantine communautaire. 

La confection, comme la distribution des repas se fait de façon très organisée et d'une surprenante efficacité. Après s'être munis d'une assiette et d'un gobelet, nous pénétrons dans une grande salle et prenons place sur des nattes. Des bénévoles passent distribuer l'eau et la nourriture. Nous nous sommes régalés d'un dhaal, de riz, de boulettes de légumes et de naans. Une fois le repas terminé, nous ressortons de façon tout aussi disciplinée, déposons nos assiettes à la plonge et les lieux sont balayés avant l’arrivée des prochains. Une expérience vraiment surprenante à vivre et que nous aurions plaisir à réitérer côté bénévoles !

En constatant l'ensemble des services gracieusement offerts, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : Mais d'où provient l'argent ? Le sanctuaire fonctionne essentiellement grâce au bénévolat, et il est financé par les dons des pèlerins, visiteurs et autres mécènes. Nous apprenons par notre ami du jour rencontré sur place, qu'1/5e du salaire mensuel des indiens de confession Sikh est reversé au Temple d'Or.

La tour de Baba Atal et notre ami-compagnon d'une journée.

Nous aurons passé 2 journées à nous imprégner de l'ambiance hypnotique et sacrée du Temple d'Or, jusqu'à la nuit tombée, lorsque les bâtiments s'illuminent, sublimant encore davantage la magie des lieux ...

À la nuit tombée, nous avons du mal à quitter ce lieu envoutant où règne tant de bienveillance, de paix et de beauté ...

Passées les belles et paisibles allées piétonnes entourant le Temple d'Or, on a vite fait d'être happés par la frénésie urbaine des ruelles de la vieille ville d'Amritsar, dans une surcharge sensorielle visuelle, sonore et olfactive...

Heureusement, passés la cohue des bazars, nous trouvons aussi des quartiers plus paisibles où il fait bon se perdre un peu...

Nous venons juste d'arriver en Inde, mais déjà le charme opère... Hâte d'en découvrir davantage !!!

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29 Octobre - 17 Novembre

Nous ne pouvons commencer ce voyage en Inde sans nous diriger inévitablement sur les pas du Dalaï Lama, en exil depuis 1959 sur les contreforts indiens de l'Himalaya, à Dharamsala. Signifiant "refuge pour les pèlerins spirituels", la ville est divisée en deux zones distinctes : Lower Dharamsala, partie assez urbanisée qui s'étend dans la vallée de Kangra et McLeod Ganj, village perché sur la montagne à plus de 2000 m d'altitude.

 Lower Dharamsala

Loin de la circulation klaxonnante de la ville basse, c'est à McLeod Ganj que nous élisons domicile pour les jours à venir. Après avoir gravit une route étroite et sinueuse au milieu des denses forêts de pins, de chênes de l'Himalaya et de rhododendrons, nous atteignons le village aux toits colorés, avec en toile de fond, le sommet de la chaîne du Dhauladhar : le pic Hanuman Tibba, culminant à 5 982 m.

Vue sur le pic Hanuman Tibba depuis McLeod Ganj.

De la configuration particulièrement abrupte du terrain résulte un drôle de jeu de constructions labyrinthiques aux multiples niveaux, reliés les uns aux autres par des passerelles et escaliers escarpés. Ici, la majorité des balcons sont recouverts de grillages "anti-singes", car la population des macaques dépasse de loin celle des humains !

Depuis que le Gouvernement du Tibet en exil s'est établi là en 1960, plusieurs dizaines de milliers de tibétains se sont installés dans la région où ils ont construits monastères, temples, écoles, ainsi que l'Institut de Médecine et d'Astrologie Tibétaine. Cette petite station de montagne est aujourd'hui devenue un centre spirituel majeur du bouddhisme tibétain.

Lors de nos promenades, nous découvrons l'une des nombreuses traditions bouddhistes : la Kora, une sorte de pèlerinage qui consiste à faire le tour d'un lieu saint. Étonnamment peu connu, le sentier de la Kora de McLeod Ganj, bordé de centaines de moulins et de drapeaux à prières, circule autour de la colline qui abrite la résidence du Dalaï Lama et son monastère.

Sentier de la Kora.

Dans la rue principale du village se dresse une façade chatoyante typiquement tibétaine, d'où nous parviennent les rumeurs des chants graves et répétitifs des moines. Il s'agit du Temple du Kalachakra. Ce nom désigne un mantra bouddhiste complexe censé aider les pratiquants à atteindre l’illumination en purifiant leur esprit et leur corps. Nous avons la chance de pouvoir pénétrer à l'intérieur et d'assister à cette pratique envoutante.

Le Temple du Kalachakra, construit en 1992 par Sa Sainteté le Dalaï Lama.

Un peu plus bas, après avoir passé un humble portail et emprunté une ruelle sans distinctions apparentes, nous pénétrons au sein du Monastère de Namgyal, souvent appelé « temple du Dalaï Lama ». Situé historiquement à Lhassa, il fut réétabli à Dharamsala en 1963 et compte aujourd'hui près de 200 moines (hommes, femmes et enfants confondus).

 À droite, moulins à prières au Monastère de Namgyal.

Le programme des jeunes moines comprend l'étude des textes du Sutra et du Tantra, de la philosophie bouddhiste et la pratique du débat en anglais et en tibétain; l'apprentissage des instruments de musique, des chants et danses rituels, ainsi que la réalisation de sculptures sur beurre, d'offrandes et de mandalas de sable.

Non sectaire, ce monastère est responsable du maintien des pratiques rituelles et des enseignements du bouddhisme tibétain. Il accompli les rituels sacrés établis par les Dalaï Lamas successifs pour les bénéfices temporels et spirituels, la prospérité du Tibet et de son peuple, et pour la paix mondiale en général.


Retraite spirituelle au centre de méditation Tushita

C'est dans ce cadre propice à la spiritualité que nous découvrons le Centre de méditation Tushita. Pendant une semaine, nous nous rendons chaque matin dans son environnement paisible et silencieux pour une pratique de méditation. Nous y passons aussi la journée du 4 novembre, à l'occasion du Lhabab Duchen, l’un des quatre grands jours saints du calendrier tibétain, considéré comme très propice à la pratique. En effet, selon Lama Zopa Rinpoché, les résultats karmiques des actions de ce jour sont multipliés cent millions de fois (on aurait tort de s'en priver !!!).

Le gompa principal de Tushita où nous suivons les enseignements. 

Charmés par la sérénité qui se dégage de ce lieu et la qualité des enseignements qui y sont proposés, nous décidons de participer à la prochaine retraite. Pendant 10 jours, nous suivons un programme aussi intense que passionnant, combinant des cours de philosophie bouddhiste et des pratiques de méditation shamatha. Durant toute la retraite, nous sommes "célibataires" (chacun a sa petite chambre) et nous observons le silence, sauf 1 heure par jour, où nous discutons en petits groupes sur des sujets soulevés en cours. Nous nous faisons facilement à ce silence qui intensifie incroyablement nos perceptions et nos ressentis, tout en favorisant l'introspection. L'absence de tout écran et appareil de communication contribue évidemment aussi énormément à ce calme intérieur retrouvé. Chaque résident participe aux tâches quotidiennes (pour nous la vaisselle de midi), c'est notre "karma yoga" : le plaisir tout simple d'aider et de donner de son temps pour le bien-être de la communauté.

Nous avons la chance d'avoir Glen Svensson comme professeur, qui enseigne depuis 20 ans la méditation et la philosophie Bouddhiste à travers le monde, mettant l'accent sur l'intégration de cette sagesse et de la pratique méditative dans la conduite de la vie quotidienne. Avec une grande clarté et beaucoup de pédagogie, il nous partage les concepts bouddhistes d'interdépendance et d'impermanence de toutes choses, ainsi que différentes techniques pour cultiver la compassion, la sagesse et la pleine conscience, et ainsi œuvrer pour le mieux-être de tous.

 Une belle photo de classe !

C'est profondément heureux, enrichis et remplis de gratitude que nous quittons Tushita, nos professeurs et les 60 belles âmes avec qui nous avons partagé ces 10 jours inoubliables.

Vous pouvez aisément imaginer qu'une fois la retraite officiellement terminée, les langues se sont vite remises à parler et que nous avions soif d'échanger sur ce que nous venions de vivre, mais aussi de se présenter les uns aux autres. Nous y sommes donc restés 2 jours de plus !

 Coucher de soleil après une randonnée avec quelques "étudiants" et notre professeur.
Le pic Hanuman Tibba dont ne nous lassions pas ...

Honnêtement, après ces 10 jours de silence et sans écrans, j'avoue avoir encore un peu de mal à reprendre l'écriture du blog, et pour celles et ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux, vous avez dû vous rendre compte que nous n'y sommes plus très actifs ... C'est une bonne chose (pour nous), mais promis, nous ne vous oublions pas et continuons à vous partager nos aventures !

À très vite pour la suite !

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18 - 22 Octobre

On nous avait prévenu : en Inde, tu ne comptes plus les distances en kilomètres mais en heures de route. En effet, il nous faut 2 jours pour effectuer les 230 km qui séparent Dharamsala et Shimla, avec une vitesse moyenne de 35 km/h !

Cultures en terrasse et vallées luxuriantes entre Dharamsala et Shimla. 

Mais on ne s'ennuie pas, car la route qui traverse les montagnes de l'Himachal Pradesh est absolument magnifique, serpentant à travers les forêts de pins et les cultures en terrasses, ponctuée ici et là par la chute d'une cascade, lacs, vallées, gorges et falaises. Ici, ce ne sont pas tant les vaches, mais les nombreux troupeaux de chèvres et de brebis qui ralentissent notre progression.

Troupeaux de montagnes sur les routes de l'Himachal Pradesh. 

Nous croisons beaucoup plus de vaches sculptées, stoïques gardiennes des temples, que de vraies en chair et en os, à bloquer la circulation comme on l'entend si souvent. Il y en avait tellement plus en Géorgie et en Arménie !

Vache, gardienne des temples hindous. 

Mais revenons en à notre périple... Au détour d'un énième virage, nous atteignons enfin l'ancienne capitale d'été de l'Inde britannique : Shimla. Située à 2 200 m d'altitude, elle reste aujourd'hui une station de montagne très populaire en Inde qui a su conserver son charme d'antan.

Shimla. 

Pour visiter Shimla, mieux vaut avoir de bonnes jambes ! Ses rues sont principalement piétonnes et accusent de forts dénivelés entre chaque niveau. Les ravitaillements se font à dos d'homme et quand tu arrives enfin chez toi après avoir grimpé quelques centaines de marches, mieux vaut ne pas avoir oublié ton chapati pour midi !

Nous sommes fascinés par l'architecture de cette ville qui s'agrippe tant bien que mal à la montagne. Parfois, pour accéder d'une rue à une autre, on emprunte les raccourcis des cages d'escaliers d'immeubles décrépis pour monter ou descendre de quelques étages !

Shimla est un incroyable jeu de Tetris labyrinthique en 3 dimensions où la vie grouille comme dans une fourmilière... un sujet photo passionnant pour mon objectif en quête d'inspiration !

Depuis les rues de la ville, nous apercevons au loin une silhouette rose se détacher du fond vert luxuriant des collines de Shivalik. Après une intense grimpette au milieu de la forêt, nous atteignons le point culminant de Shimla : le Temple Jakhu, dédié au dieu hindou Hanuman, dont la plus grande statue au monde trône en son centre, protégeant la vallée.

Statue du dieu hindou Hanuman.

Le site sacré (comme partout ailleurs en fait) est envahi de singes. On ne se lasse pas de les observer vivre et jouer, sautant d'un arbre à l'autre. Mais ils peuvent aussi être une véritable plaie pour les gardiens des temples si jamais ils pénétraient à l'intérieur ; d'où leur fronde toujours à portée de main.

Ancienne colonie britannique, Shimla peut surprendre par ses mélanges de styles. Face à l'Église du Christ de style néo-gothique côtoyant cette maison à colombages on se croirait téléportés en vieille Europe... Mis à part de beaux vitraux, l'intérieur de l'église est assez triste et sans grand intérêt ; son austérité est sans doute décuplée par le contraste saisissant avec tous les temples aux couleurs chatoyantes qui nous entourent depuis quelques temps.

L'Église du christ, Shimla. 

Du lever au coucher du soleil, Shimla nous a réellement séduits, tant par sa contemplation panoramique qu'en se perdant dans le dédale de ses ruelles au gré de nos explorations.

Pays des Dieux, Domaine de la neige et des montagnes, Panier de fleurs du monde, l'Himachal Pradesh n’a pas volé ses surnoms. C'est l’un des états les plus prospères de l’Inde. Si sa nature luxuriante au relief montagneux est sa carte maîtresse, ses atouts culturels ne manquent pas. C'est une destination attachante dont la visite est un réel enchantement et donne envie d’y revenir !

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Publié le 11 décembre 2023

22 - 26 Novembre

Il est temps de quitter les hauteurs de l'Himachal Pradesh pour redescendre dans les plaines. Malheureusement, on laisse à regret derrière nous le ciel bleu et l'air frais de la montagne pour plonger dans un nuage de pollution mêlé de fumées des brûlis et de gaz d'échappements...

 Paysages de l'Uttar Pradesh noyés dans un nuage de pollution.

Pendant des jours, nous ne voyons plus le ciel, les yeux nous piquent, et plaignons sincèrement la population de ces régions de vivre dans un environnement aussi pollué...

Nous rejoignons la vallée du Gange, dont les scènes de lessives titillent l'objectif de mon appareil photo.

Lessives dans le Gange. 

Puis les eaux du fleuve sacré nous mènent jusqu'à notre prochaine destination au combien désirée : la cité mystique d'Hardiwar. La légende raconte qu'après avoir volé le nectar d'immortalité, l'Aigle royal en laissa échapper quatre gouttes dans le ciel dont une finit sa chute à Hardiwar. Ainsi, des milliers de saints et de pèlerins hindous affluent ici tout au long de l'année, en quête d'un bain purificateur synonyme de salut et de vie éternelle. Malheureusement, pas de bain sacré pour nous : il nous a été totalement impossible de nous garer dans la foule et la frénésie du trafic ici présents. Et c'est donc de loin, stationnés 10 secondes au bord de la route, que nous observons non sans regrets les temples se refléter dans le Gange, sans goûter à la saveur spirituelle des lieux...

Hardiwar ... de loin ! 

Après nos interminables journées de conduite (nous sommes à présent à une moyenne de presque 45 km/h, c'est déjà un peu mieux qu'en montagne !), nous peinons parfois à trouver des coins paisibles où reposer nos roues pour la nuit. Nous repérons un soir un champ de canne à sucre où nous pensons être tranquilles... Mais peu de temps après notre arrivée, les villageois et la police sont déjà là, ayant peur pour notre sécurité (je ne vois pas trop ce qui pourrait nous arriver au milieu de ce champ de canne !).

Le lendemain matin au réveil, nous sommes invités par les habitants à venir visiter leur village, car nous sommes les premiers étrangers à poser les pieds ici ! Après avoir fait le tour des maisons et été filmés et photographiés avec chaque habitant que nous croisons, ce n'est pas 1 mais 2 petits déjeuners auxquels nous sommes conviés, l'un chez notre hôte, l'autre chez son cousin. Nous repartons les bras chargés de présents (sucre de canne de leur production, galettes de pomme de terre et condiments faits maison, confiseries indiennes), bénis de tous leurs voeux de bon voyage.

AGRA

Agra est une ville immense surnommée par les habitants de Delhi "4D City" : D comme dirty (sale), dust (poussière), donkey (âne), doctor (en souvenir d'un institut psychiatrique renommé)...

Comme toute ville indienne, Agra est aussi bruyante qu'animée et son trafic y est infernal. Mais dans la cité ancienne, dans le quartier de Taj Ganj, quel bonheur de constater que les véhicules motorisés sont interdits ! (enfin sauf les motos, ça aurait été trop beau !)

Au gré de nos déambulations, les enfants s'amusent de nous voir passer et ne cessent de nous saluer : "Hi !", "Which country ?", "What's your name ?".

Agra a beau être la 1ère destination touristique du pays avec ses 3 à 8 millions de visiteurs par an, la misère semble pourtant être aussi présente ici qu'ailleurs en Inde.

Nous apprécions néanmoins le charme certain qui se dégage de la cité, et tout particulièrement le soir venu, lorsque, le long des berges de la Yamuna, les femmes viennent déposer dans l'eau leurs offrandes ...

 Le Taj Mahal, sur les rives du fleuve Yamuna.

Lever de brumes hivernales sur le Taj Mahal

Loin de la représentation carte postale vue et revue de cette merveille du monde, c'est dans une ambiance feutrée et mystérieuse que nous la découvrons en ce matin d'hiver.

La vision est presque irréelle : à la fois colossal et aérien, le Taj Mahal se dresse au fond d'un long bassin flanqué de jardins accentuant l'effet de perspective, et semble flotter dans la brume comme un rêve de marbre blanc.

Mais si le Taj Mahal est au fil du temps devenu le symbole de l’amour éternel, il porte derrière lui de bien tristes histoires...

L'empereur Shah Jahan ordonna l’édification de ce mausolée suite à la disparition de sa 3e épouse, la belle Mumtaz Mahal (« Bijou du palais »), morte en couche de son quatorzième enfant. Fou de chagrin, il fit voeu de construire un monument à la mémoire de la beauté légendaire de la défunte et à la dimension de la douleur du monarque dévasté.

Ne trouvant pas d'architecte à la hauteur du projet dans son royaume, il fit venir l'architecte perse Ustad Hamed Lahori et tuer sa fiancée, pour que celui-ci puisse comprendre sa douleur et construire un monument dont la beauté égalerait la profondeur de son chagrin. Pour couronner le tout, 17 ans plus tard, une fois l'édifice terminé, l'empereur fit couper les mains et crever les yeux du pauvre architecte afin qu'il ne puisse reproduire un aussi beau bâtiment !

Dans le monde entier, le Taj Mahal est le symbole de l'Inde, au grand dam des nationalistes hindous... Et oui, l'empereur Sha Jhan était Moghol, donc musulman ! Cela ne l’empêche pas d'être aujourd'hui le monument le plus visité du pays, par des indiens de toutes confessions confondues.

J'avoue avoir été submergée d'une grande émotion ce matin en découvrant le Taj Mahal. Mais cela est sans doute dû à l'habile mise en scène architecturale. En effet, le mausolée est dissimulé derrière une immense porte de grès rouge, si bien qu'une fois le passage franchi, on découvre l'édifice avec toute la magie théâtrale d'un rideau qui se lève.

Malheureusement, ce splendide témoignage architectural de l'ère Moghole (17e s.) semble bien menacé par le réchauffement climatique. Déstabilisé par l'assèchement de la rivière qu'il borde et de la nappe phréatique surexploitée, l'édifice se fissure et ses minarets risquent de s'écrouler dans les prochaines années.

Allez, on reprend la route, en espérant rapidement sortir de ce nuage de pollution et retrouver le bleu du ciel !

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27 - 28 Novembre

Érigée au début du XVIIIe siècle au sein de hauts remparts, Jaipur s'organise en grandes avenues bordées de bazars et de somptueux édifices de grès ocres et jaunes ; on la surnomme pourtant "la ville rose".

Quel plaisir pour les yeux de déambuler dans cette ville-musée à ciel ouvert, pénétrant dans les arrières cours où personne ne s'aventure pour découvrir ses trésors cachés...

Les joyaux architecturaux de la vieille ville drainent de nombreux touristes, tant indiens qu'étrangers.

Mais derrière les palais, les boutiques de souvenirs et les beaux restaurants des grandes avenues chatoyantes, on découvre rapidement l'envers du décor...

Malgré son "faste" apparent, Jaipur est, comme toute autre ville indienne, ensevelie sous les détritus et la pauvreté.

Hawa Mahal, le Palais des Vents 

Voici le monument le plus célèbre de Jaipur. Sa façade pyramidale, haute de 15 mètres sur 5 étages ressemble un peu à une gigantesque pièce montée ! Elle est percée de 953 minuscules fenêtres à claustras et volets de bois qui permettaient aux femmes du harem d'observer la rue sans être vues.

 L'incroyable façade du Palais des Vents.

Cette multitude de fenêtres finement sculptées, permettaient également à l'air de circuler à travers l'édifice et de le rafraichir en été, torride dans cette région du Rajasthan, d'où son nom de "Palais des Vents".

Derrière cette incroyable façade, le bâtiment se compose d'un ensemble labyrinthique de galeries, couloirs et balcons menant d'un étage à l'autre. Les innombrables chambres de marbres de différentes couleurs s'organisent autour de cours intérieures, parfois ornées de fontaines.

Le Palais des Vents est une belle illustration de la fusion des architectures rajput (hindoue) et moghole (islamique). Le style rajput est représenté par les dais bombés, les piliers cannelés, les lotus et les motifs floraux, tandis que le style islamique est présent dans le travail des incrustations de pierres précieuses et de verre coloré, les jalis (moucharabiehs) et les arches.

Jal Mahal, le Palais de l'eau 

C'est sans doute la carte postale la plus romantique de Jaipur : un petit palais du XVIIIe siècle flottant sur les eaux du lac Man Sagar, avec les monts Aravalli en toile de fond. Le Jal Mahal n'est pas ouvert aux visiteurs, et seuls les oiseaux ont accès aux superbes jardins paysagers de sa terrasse (vivement la vidéo d'Arnaud pour vous montrer tout ça !).

Jal Mahal. 

Panna Meena ka Kund

Cette ingénieuse construction - qui n'est pas sans rappeler certaines oeuvres d'Escher - est un bâoli ou puits à degrés. D'une profondeur de 200 mètres et comportant huit étages, il permet d'accéder à l'eau à n'importe quel niveau via une volée de marches. Il existe près de 2000 puits à degrés en Inde. Plus qu’une simple ressource en eau, les bâolis sont aussi utilisés pour des raisons religieuses, permettant les ablutions et les bains rituels. C'était aussi par le passé un lieu de rassemblement où les habitants venaient bavarder et se tenir informés de la vie de la cité.

 Bâoli, puits à degrés.

Fort d'Ambert

À une dizaine de kilomètres de Jaipur, dominant la ville et le lac Maothe du haut de sa colline, se dresse l'imposant Fort d'Ambert. Tous les guides touristiques vous le diront : c'est THE place to visit ... Mais on est crevés et on a encore tant de kilomètres à parcourir... Parfois il faut faire des choix, on ne peut pas tout voir !

 Le Fort d'Ambert, que nous ne verrons que de loin !

Alors pour cette fois-ci on fait une impasse, mais un autre superbe fort du Rajasthan nous attend un peu plus loin sur notre chemin... Patience, patience !

 Le soleil se couche sur les toits de Jaipur...
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Publié le 19 décembre 2023

28 - 29 Novembre

Nous poursuivons notre route au coeur du Rajasthan et atteignons l'une des plus anciennes villes de l'Inde : Pushkar. Se reflétant dans les eaux sacrées du lac du même nom, il y règne une atmosphère spirituelle et une sérénité qui nous ont absolument conquis.

Selon la légende, le Seigneur Brahma, considéré par l'hindouisme comme le créateur de l'Univers, triompha d'un démon grâce à une fleur de lotus qu'il fit tomber au sol après la bataille. Un lac apparut soudain à l'endroit même, auquel il donna le nom de Pushkar : "Lotus bleu".

De forme semi-circulaire, le lac est entouré de près de 500 temples et de 52 ghats, ces ensembles de marches typiques des rives des cours d'eau d'Asie du Sud, qui permettent aux pèlerins de descendre se baigner et faire leurs ablutions. Les hindous considèrent le voyage à Pushkar comme le pèlerinage ultime à entreprendre pour atteindre le salut, car venir ici équivaudrait à 100 pèlerinages partout ailleurs !

Pushkar est une petite cité colorée fascinante, notamment de par son héritage architectural intemporel. C'est un bonheur pour nous de déambuler dans cette bourgade à échelle humaine réservée aux piétons, où les moteurs et les klaxons sont proscrits !

La spiritualité est omniprésente : des autels prennent place dans la moindre petite alcôve, des statuettes et offrandes de fleurs ornent les sols ; partout résonnent les chants des prières, tambours, cloches et gongs dans les volutes dansantes d'encens.

Dans les années 60, Pushkar fut l'une des étapes de prédilection de la vague hippy déferlant sur le pays en quête du nirvana. Aujourd'hui, nous y croisons encore quelques nostalgiques de retour, mais aussi toute une génération nouvelle en recherche de développement spirituel et de communion avec l'éternel.

Si nous ne sommes pas de confession hindouiste, la majorité des temples ne nous sont pas accessibles, ce qui est en mon sens une bonne chose : cela préserve le caractère sacré des lieux, tout en respectant le culte des fidèles. Sous le regard parfois voyeur et indiscret des touristes et de leurs smartphones, la magie n'opérerait plus !

Pushkar fut pour nous un véritable coup de coeur et si nous n'avions pas des visas à durée limitée, nous y serions probablement restés plus longtemps, car c'est tout à fait le type d'endroit propice à l'immersion culturelle et spirituelle du pays. Une destination chaudement recommandée !

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Publié le 3 janvier 2024

1er - 2 décembre

Est-ce parce que nous commençons à nous habituer au rythme effréné des cités indiennes, à leur fourmillement joyeusement chaotique, à leurs rues parfumées d'encens, d'épices et d'égouts ?... ce qui est certain, c'est que Jodhpur ne nous a pas laissés insensibles et que nous sommes tombés sous le charme de la ville bleue.

Jodhpur, la ville bleue. 

Surnommée ainsi en raison de ses innombrables maisons azur, signe distinctif réservé à la caste des brahmanes, le bleu offre aussi l'avantage de protéger de la chaleur et de repousser les moustiques.

Fondée en 1459, Jodhpur était stratégique pour le commerce de l'opium, du café et des épices. La magie de la cité réside aujourd'hui dans les rues animées de la vieille ville qui entourent l'imposant fort de Mehrangarh, en particulier à proximité de l'emblématique tour de l'horloge et du marché de Sardar où nous avons justement pu faire le plein d'épices !

Le marché de Sardar et la tour de l'horloge. En toile de fond, le fort de Mehrangarh.

À la nuit tombée, l'atmosphère des ruelles se métamorphose sous un éclairage quasi cinématographique, sublimant les couleurs des façades poétiquement décrépites.

Dans la pénombre de cet enchevêtrement de rues médiévales sinueuses, multicolores et odorantes, nous perdons tout repère spatio-temporel et déambulons fascinés, tous les sens en éveil, tels des enfants émerveillés devant tant de petits théâtres du quotidien.

Le fort de Mehrangarh

Surplombant la vieille ville, le puissant fort de Mehrangarh se dresse fièrement au sommet d'une colline rocheuse ; un chef-d'œuvre architectural dont la visite nous a elle aussi transportés dans un autre temps.

Au pied de ses remparts de plus de 30 m de haut, l'enceinte semble absolument imprenable, et comme les matériaux de construction ont été taillés dans le rocher sur lequel se dresse le fort, la structure se confond avec sa base et semble prendre naissance de la montagne elle-même.

Il faut franchir sept portes pour pénétrer dans son enceinte. À l'intérieur, la robustesse des remparts laisse place à la finesse des murs délicatement sculptés et des fenêtres en treillis finement décorées. Honnêtement, nous en restons sans voix, rarement dans notre vie nous n'avions pénétré au sein d'une telle merveille architecturale.

Le plan du fort s'organise en de multiples cours intérieures toutes plus belles les unes que les autres. Entre chacune d'elles, un dédale de galeries et d'escaliers, débouchant ici et là sur des palais aux salles richement décorées. Mention spéciale pour le palais de verre (Sheesh Mahal), orné de miroirs du sol au plafond, ainsi que pour la chambre des plaisirs des Maharajas (Phool Mahal), recouverte d'or, de peintures et de bas reliefs.

 Sheesh Mahal et Phool Mahal.

Le fort de Mehrangarh porte incontestablement bien son surnom de "fort magnifique". Dix années auront été nécessaires pour construire l'édifice, réquisitionnant plus de 10 000 ouvriers, ainsi que 500 éléphants pour le transport des matériaux.

Jaswant Thada

En redescendant du fort, dissimulé au milieu de collines rocheuses et surplombant un petit lac, apparait derrière un voile de brume une autre merveille architecturale qui semble elle aussi émerger d'un Conte des Mille et Une Nuits : Jaswant Thada.

Considéré comme le Taj Mahal de Jodhpur par les habitants de la ville, ce superbe mausolée pensé comme un temple est dédié au Maharaja Jaswant Singh II. Entièrement construit en marbre blanc finement sculpté, l'édifice émet une lueur chaude lorsque les rayons du soleil s’y reflètent au levant comme au couchant.

Le mausolée est entouré d'un magnifique jardin à plusieurs niveaux et de petits pavillons de marbre délicatement ouvragés. C'est un endroit paisible et bienvenu après le brouhaha de la ville, d'où la vue sur le fort est superbe.


Les jardins de Mandore

À quelques kilomètres de Jodhpur, les jardins de Mandore valent absolument un petit détour ! Nous les découvrons quasiment seuls dans le calme matinal.

Mandore était l’ancienne capitale du royaume de Marwar, avant que le fort de Jodhpur - plus facilement défendable - ne soit construit et n'en revête les fonctions au XVe siècle.

Ces jardins constituent un véritable musée à ciel ouvert où de nombreux monuments funéraires d’anciens Maharajas de Jodhpur trônent au milieu d'une nature luxuriante et de bassins parsemés de fleurs de lotus.

Leur architecture s’apparente à celle des temples hindous et nous ne nous lassons d'admirer la richesse de leurs sculptures, de leurs piliers et de leurs dômes ornés. Encore une balade dans un autre temps, où l'Inde, loin du brouhaha urbain, se dévoile dans toute sa délicatesse.

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3 - 5 décembre

Le Rajasthan ne cesse de nous séduire... Après les palais colorés de Jaipur, les temples mystiques de Pushkar et les autres merveilles architecturales de Jodhpur, nous poursuivons notre épopée onirique à travers les terres des maharadjahs. Également connue sous le nom de « Ville des Lacs » ou de « Venise de l'est », Udaipur est une cité au charme romantique qui n'est pas sans rappeler la dolce vita à laquelle nous avions goûté lors de notre tour des lacs italiens au début de ce voyage...

Vue d'un quartier d'Udaipur depuis le lac Pichola.

Entourée de collines verdoyantes, la ville compte trois grands lacs dans lesquels se reflètent les élégantes façades de ses nombreux palais, tous plus somptueux les uns que les autres. Le plus célèbre et imposant d'entre eux est sans conteste le City Palace, un enchaînement labyrinthique de palais aux noms évocateurs : le palais de rubis, le palais des femmes, le palais de la joie, le salon chinois, le palais des perles, le palais des miroirs… Mais arrivés à l'entrée, la foule de visiteurs nous décourage et nous décidons de faire l'impasse sur cette visite.

Le City Palace

Nous optons finalement pour une contemplation de la ville plus reposante en voguant sur les eaux paisibles du lac Pichola. Le lac compte quatre îles, chacune abritant un palais de contes de fées qui semble flotter sur l'eau. Ces palais d'été et de loisirs de la famille royale sont aujourd'hui tous reconvertis en hôtels de luxe. Vous imaginez bien qu'on s'est contentés de les observer de loin : une nuit passée dans l'un d'entre eux équivaut à plus de la moitié de notre budget mensuel tout compris !

Jag Mandir (le palais du jardin du lac) & le Taj Lake Palace entièrement construit en marbre blanc.

Autre curiosité rencontrée sur l'un des lacs : un observatoire solaire. Situé sur une minuscule île au milieu de l'eau, les turbulences de l’air y sont moindres que sur la terre ferme, et il est ainsi plus facile d’obtenir des images nettes du système solaire. Mais pour profiter d'une observation précise et de qualité, cela nécessite un ciel dégagé... ce qui n'est pas le cas pour nous aujourd'hui. Tant pis !

Observatoire solaire sur le lac Fateh Sagar.

Sans avoir jamais visité Udaipur, les plus cinéphiles d'entre vous doivent quand même avoir une petite idée de la magie des lieux, grâce à ... James Bond ! C'est en effet dans cette superbe cité lacustre que furent tournées, en 1983, plusieurs scènes d'Octopussy, alors interprété par Roger Moore.

Ça nous donne envie de le revoir du coup, pas vous ?!

9

6 - 7 décembre

Nous quittons le Rajasthan et poursuivons notre route vers le sud, dans l'état du Maharashtra, où une autre espèce de singe nous accueille : le langur des plaines du nord, également connu sous le nom de langur sacré du Bengale. Sa peau est noire, la fourrure des jeunes est brune puis devient gris clair à l'âge adulte, et sa queue peut atteindre une longueur de 112 cm !

Jeunes langurs.

Une halte s'impose dans le village d'Ellorâ, connu pour son incroyable site troglodytique, accueillant parmi les plus beaux monastères et temples rupestres du monde. C'est vrai qu'en comparaison, les sites de Cappadoce sont loin de faire le poids...!

Sur environs 2 km, la colline est creusée de 34 grottes, renfermant de magnifiques temples bouddhistes, hindous et jains, incroyablement bien conservés. Elles ont été creusées entre le 5e et le 10e siècle et témoignent de l'harmonie et de la tolérance qui existaient entre les religions en Inde durant cette longue période.

Nous débutons notre visite du site par le sud où les 12 premières grottes accueillent un sanctuaire et onze monastères bouddhistes. La grotte n°5, creusée au 7e s., consiste en une vaste salle de 37 m de long sur 18 m de large, entourée de petites cellules de méditation dissimulées derrière d'imposantes colonnades. Deux longues rangées de tables taillées dans le roc, utilisées pour l'étude et les rituels, mènent à une statue de Bouddha centrale.

Ill 1 et 2 : Grotte 5 - Ill 3 : Portes menant aux petites cellules de méditation.

Un peu plus loin, nous attendent les superbes façades des grottes 8 et 9, ornées de bas reliefs.

Grottes 8 et 9. 

La grotte n°10 (Vishvakarma) est le temple troglodyte bouddhiste le plus remarquable du site, composé de galeries, de colonnades, de niches, et orné de superbes frises en bas relief. Unique en son genre, sa voûte en berceau et à nervures n'est pas sans rappeler la coque d'un bateau, d'où son surnom : la "grotte du charpentier". Au cœur de cette fantastique chapelle creusée à même la pierre se dresse un Bouddha de 4,5 m de haut. Il semble compter ses doigts : c'est le mudra vyakhyana, la posture d'enseignement des 5 principes bouddhistes.

 La grotte n°10 dite "du charpentier". 

Derrière de hauts blocs apparait ensuite le Tin Thal (grotte n° 12), un immense monastère de 3 étages dont l'austérité de la façade a un petit quelque chose de l'ère soviétique ou de l'esthétique des film de Denis Villeneuve, comme le dernier Dune ou Blade Runner 2049...

Tin Thal. 

On découvre à l'intérieur de ses nombreuses galeries et de ses immenses salles une iconographie appartenant au bouddhisme comme à l'hindouisme.

 Iconographie hindouiste.

Au 3e et dernier étage, une statue de Bouddha est flanqué de deux séries de 7 Bouddhas : ceux de gauche sont en position de méditation, alors que ceux de droite sont en position d'enseignement, ayant atteint l'éveil, l'illumination.

Le Bouddha, flanqué de ses multiples incarnations et états d'éveil.

Les grottes suivantes sont hindoues et proposent de magnifiques ensembles sculpturaux. La grotte n°14, "La demeure de Ravana", fut d'abord utilisée comme monastère bouddhiste avant d'être reconvertie en temple hindou. On y trouve de belles représentations de la déesse Parvati, Ganesh, Shiva et Vishnou.

La demeure de Ravana.

La grotte aux 10 avatars (n°15), réuni les représentations de 10 différentes incarnations du dieu Vishnou sous le regard bienveillant et protecteur d'une vache sacrée.

On vous a gardé le meilleur pour la fin... Le temple de Kailasa (grotte n°16), entièrement taillé dans la paroi rocheuse, est l'une des architectures monolithiques la plus sophistiquée au monde. Outre ses dimensions et sa beauté, c'est une véritable prouesse architecturale dont la construction débute au 7e siècle. 150 ans furent nécessaires pour achever cette merveille, et il est difficile d'imaginer les tonnes de gravats que les bâtisseurs ont dû extraire !

 L'ensemble mesure environ 90 m x 55m au sol et 33 m de haut !

Nous sommes frappés par le contraste entre la masse de la roche brute et la finesse des constructions et de leurs décors qui y ont été taillés et minutieusement ciselés. On a devant les yeux une véritable encyclopédie de l'hindouisme : toutes ses figures religieuses et ses plus célèbres scènes y sont représentées.

Galeries, chapelles, corridors, cours et porches composent ce merveilleux ensemble architectural. Imaginez un peu les lieux tels qu'ils étaient à l'époque : chaque mur, chaque colonne, chaque élément de décor, entièrement peint de couleurs chatoyantes !...

Au fond, face à une rangée d'immenses éléphants hissant l'un des édifices du temple sur leur dos, nous passons sous un énorme surplomb de 80 000 tonnes de roche sans aucun soutien, qui ne semble pas avoir bougé depuis ces 1300 dernières années !

Dans cet ensemble mesurant 90 m x 55m au sol et 33 m de haut, le changement vertigineux des échelles rend sensible l'écart entre le sacré et le monde des hommes...

De nouveau parachutés dans une autre époque, nous ne voyons pas le temps passer... Arrivés à l'ouverture du site, c'est la fatigue, la soif et la faim qui nous font nous rendre compte en début d'après midi que nous explorons les lieux depuis au moins 5 heures ! Une journée entière aurait été nécessaire pour découvrir la totalité des grottes, mais n'ayant plus d'eau ni prévu de pique-nique, nous nous arrêtons à la grotte n°21 et faisons l'impasse sur les 13 suivantes (et oui quand même !).

Bref, un site époustouflant absolument hors du commun, que nous conseillons vivement de visiter ! (arriver à l'ouverture, prévoir la journée, un pique-nique, beaucoup d'eau, un chapeau et de bonnes chaussures).

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Nous sommes aujourd'hui le 11 janvier 2024.

Quelques dizaines de kilomètres nous séparent de la prochaine frontière que nous nous apprêtons à traverser pour entrer au Népal.

Mais ce carnet de voyage indien est loin d'être terminé. Des longues plages de la côte ouest, aux mystiques berges du Gange de Varanasi, en passant par les plantations de thé du Kerala, j'ai tant de choses à vous raconter encore !

Alors même si nous disons au-revoir à l'Inde aujourd'hui, nous vous y retrouvons très vite dans le prochain article !

Merci de nous accompagner à-travers votre fidèle lecture et vos si gentils messages qui nous font chaud au cœur !

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9-16 décembre

Voilà un bon moment que la santé de Totoro nous inquiète. La mauvaise qualité du gasoil depuis l'Iran y est pour beaucoup : le système d'injection et le catalyseur sont complètement encrassés. Résultat, nous peinons à démarrer, le moteur perd de sa puissance et émet des vibrations anormales ... bref, rien de très rassurant...

En plus de ça, nous avons un soucis de parallélisme : le pneu avant droit est déjà tout lisse (nous les avons changés en Iran) et pour couronner le tout, la plaquette de freins arrière changée au Pakistan (fabriquée artisanalement car introuvable dans cette partie du monde) est déjà usée...

Depuis notre arrivée en Inde, nous enchainons les garages, mais même les certifiés Renault et Nissan refusent de mettre le nez dedans et nous renvoient à une autre adresse, en vain... C'est grâce à un appel à l'aide aux voyageurs sur les réseaux sociaux que quelqu'un nous conseille un atelier mécanique sur Mumbai. Nous n'avions pas du tout prévu cette mégalopole sur notre itinéraire, mais là il n'y a pas le choix, la poursuite de notre aventure en dépend.

Nous élisons donc domicile dans la sombre ruelle d'Excel Automotive, entre ateliers de ferrailleurs et entrepôts de chips : on ne pouvait faire plus glamour !

Autant profiter de cette pause forcée pour partir à la découverte de cette ville immense et de ses 20 millions d’habitants, où les quartiers d’affaires opulents surmontent les bidonvilles densément peuplés.

À Mumbai, les déplacements en train sont les plus économiques. 

Après une bonne heure de train, en descendant aux abords de l’esplanade de l’Oval Maiden, nous ne sommes plus très sûrs de nous trouver encore en Inde... Tout autour de nous se déploie un ensemble de bâtiments de style néo-gothique victorien nous évoquant une promenade londonienne en plein mois d'Août. Il faut dire qu'au XIXe siècle, le port de Bombay est le plus influent sur le marché mondial, et pour marquer son influence sur les Indes, la Grande-Bretagne y érige de nombreux édifices extravagants. C'est le cas par exemple de la gare Victoria, où arcs-boutants, dômes, tourelles, flèches, colonnes corinthiennes et gargouilles créent un décor digne d'Harry Potter, emprunté chaque jour par 6 millions d’usagers !

 La gare Victoria.

Mais passé cet îlot du centre historique, ce sont bien les rues indiennes aux façades décrépites que nous retrouvons, toujours plus animées, encombrées et pétaradantes, où nous peinons parfois à nous frayer un chemin. Piétons, 2 roues, marchands à charrette, étals de fruits et légumes, street food et cireurs de chaussures occupent chaque centimètre carré de rue, chaque bout de trottoir.

Dhobi Ghat : le quartier des blanchisseurs

Sur fond d'édification du Mumbai du 21ème siècle, en bordure de la voie ferrée du quartier Mahalaxmi, se déroule chaque jour depuis 150 ans un étrange ballet, un immense "work in progress" incessant mettant en scène la plus grande blanchisserie non mécanisées et en plein air du monde.

Environ un millier de Dhobis - membres de la caste inférieure des blanchisseurs - se sont regroupés en corporation dans ce bidonville urbain en effervescence. Chaque jour, ce sont plus d'un million d'articles qui sont triés, lavés, essorés, séchés à l'air libre, repassés et pliés ici avant d'être retournés aux entreprises faisant appel à eux. Si le lavage manuel perdure depuis le XIXe siècle dans des bacs cimentés, des lave-linges et essoreuses commencent à faire leur apparition.

Le Dhobi Ghat offre des panoramas impressionnants sur des milliers de draps et de vêtements suspendus aux fils. Aucun des articles n'est jamais égaré ou échangé accidentellement avec un autre, car chaque pièce est méticuleusement répertoriée en y attachant un bout de tissus marqué d'un code à l'encre indélébile. Quelle organisation pour un pays qui semble de prime abord si chaotique !

Il nous faudra attendre une semaine avant de pouvoir reprendre la route, car après des jours de recherche et de démarches, impossible de trouver les pièces d'origine pour les remplacer, ni de les commander (importations drastiquement taxées en Inde).

Notre filtre à particules malade !

Notre filtre à particule étant complètement encrassé, les gaz d'échappement ne s'évacuaient plus bien. En France il aurait été remplacé par un neuf, mais ici, il est introuvable... Un nettoyage avec un produit et un karcher n'aurait fait que reporter le problème à plus tard : la mauvaise qualité du diesel depuis la Géorgie est la cause de cet encrassement anormal. Notre mécanicien à donc procédé à une opération à cœur ouvert du filtre pour en extraire tout le contenu. Il nous faudra le remplacer dès que nous traverserons un pays dans lequel il est disponible.

Faisal et son équipe ont été aux petits soins, nous accueillant comme des amis et nous expliquant tout ce qu'ils faisaient à Totoro. Faisal (à droite) nous a même accueilli deux fois chez lui pour un chai puis un dîner avec toute sa famille, suivi d'une visite de Mubai by night ! Merci à eux pour leur générosité et leur dévouement. Nous pouvons à présent reprendre la route sereinement.

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17 - 26 décembre

Après cette parenthèse mécanique urbaine, nous reprenons enfin la route, l'esprit plus serein... Une sérénité somme toute éphémère : 200 km après Mumbai, le tuyau d'admission d'air du turbo qui vient tout juste d'être remplacé se fend ! À peine sortis d'un garage que nous voilà à la recherche d'un autre... Nous réussissons finalement à trouver la pièce, la remplaçons, mais 100 km plus loin, rebelote, le nouveau tuyau se fend lui aussi... Nous parvenons, en roulant tout doux, à trouver un spot tranquille où passer la nuit, réparons avec les moyens du bord la pièce défectueuse afin de pouvoir continuer la route le lendemain jusqu'à trouver une meilleure solution...

Un joli petit spot à côté d'un temple de campagne et notre satané tuyau d'admission ...

Notre réparation est plutôt efficace et arrivons jusqu'à l'état de Goa sans problème, mais surtout sans trop appuyer sur l'accélérateur ! Entre temps, nous contactons Faisal à Mumbai pour lui expliquer la situation, et un heureux hasard fait qu'il doit se rendre à Goa dans quelques jours pour un mariage. D'ici là, il nous promet de trouver le tuyau adapté à la puissance de Totoro et de nous l'apporter.

(C'est chose faite, et depuis nous n'avons plus aucun soucis de ce côté là. Ouf !)

Goa

Nous avons été étonnés que notre publication de notre arrivée à Goa suscite autant de critiques sur les réseaux sociaux !!! Certes, ce nom est souvent associé à l'image de plages surpeuplées et de fêtes techno-trans sous psychotropes... Mais de cela, nous n'avons absolument rien vu ! Même si Goa est le plus petit état de l'Inde, son littoral s'étend quand même sur 120 km et il est très facile d'éviter les quelques plages festives pour se retrouver seuls au monde, même en cette haute saison de Noël.

En chemin, nous retrouvons la famille Belge "Waffles World Tour", que nous suivons depuis plus d'un an sur la toile. Ils étaient en avance sur nous de quelques mois, et nous voici réunis ! Nous rejoignons ensemble Ruffus et son fils Raph qui voyagent depuis l'Angleterre dans un beau Mercedes vintage.

 Un campement nomade comme on les aime !

Mises à part les méduses qui n'ont pas épargné Anaïse et les 3 enfants, ces quelques jours furent idylliques ! Ça faisait si longtemps que nous n'avions passé du temps avec d'autres voyageurs... Ces moments sont précieux.

Avec les Waffles : Anaïse, Nico, Livia, Santiago et Esteban.  

Old Goa, « la Lisbonne de l'Orient » 

Nous profitons de cette escale pour découvrir le vieux village de Goa, où les 450 années de domination Portugaise ont laissé quelques traces architecturales assez dépaysantes, comme ces nombreux clochers blancs surgissant ici et là dans une nature tropicale luxuriante. Ici encore, nulle trace d'un tourisme de masse, le calme règne à l'ombre des bougainvilliers et des palmiers ; la vie quotidienne des villageois et des pêcheurs suit paisiblement son cours le long de la rivière, à l'abri des vents marins.

La cathédrale Sainte-Catherine de Goa (XVIe s.).

Le Karnataka

Gokarna

Nous continuons tranquillement notre route vers le sud en longeant la côte ouest et pénétrons dans le Karnataka, dont les longues plages de sable blanc n'ont rien à envier à celles de Goa. Notre première escale nous a été suggérée par un couple de voyageurs suisses rencontré dans l'une des grottes d'Ellora.

Plage de Gokarna.

Le village de Gokarna ne manque pas de charmes : d'immenses plages égayées par les couleurs des pirogues de pêcheurs, des ruelles bordées de maisons traditionnelles en bois et de nombreux temples d'où les pèlerins entrent et sortent nuit et jour en un fervent ballet permanent ... Car figurez vous que c'est ici même que Shiva serait né, sorti tout droit de l'oreille d'une vache ! (d'où le nom du village, Gokarna signifiant littéralement "oreille de vache").

Gokarna.

Chaque jour, une nouvelle plage nous accueille et nous offre la sérénité de son horizon sur la mer d'Arabie.

Malpe Beach.

En cette fin décembre, haute saison touristique, nous n'imaginions pas goûter à la solitude sur des spots aussi paradisiaques les uns que les autres !

Kizhunna beach. 

C'est dans ce cadre idyllique que nous ne fêtons pas le réveillon de Noël ... Et oui, une intoxication alimentaire me cloue au lit pendant 48h, du 23 au 25 Décembre ! Notre glacière ne supporte plus les fortes températures et un œuf avarié a eu raison de mes intestins !

Kadikkad - Andathode beach

Heureusement que ces petites misères sont rares et restent éphémères ; nous voilà vite repartis à profiter de chaque jour avec joie et appétit !

 Baignade au mois de décembre dans la mer d'Arabie.

Après avoir parcouru quelques 900 km de côtes, nous arrivons enfin aux portes du Kerala dont je vous conterai nos belles découvertes dans le prochain épisode ! À bientôt !


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Publié le 29 janvier 2024

26 - 29 Décembre

Parmi les 12 états indiens que nous avons traversés, le Kerala est celui que nous avons préféré en termes d'ambiance, relations humaines, qualité de vie et cuisine. Sa nature est généreuse et variée, les Kéralais sont très aimables et souriants ; il règne ici sérénité et douceur de vivre que nous avons rarement trouvé ailleurs dans le pays.

De plus, le taux d'alphabétisation du Kerala est le plus élevé de l'Inde : plus de 95% de la population est lettrée, femmes incluses. Un modèle éducatif qui souhaitons le, s'étendra au reste du pays. Car malheureusement encore aujourd'hui, dans certains états comme le Bihar, plus de 45 % des femmes, mariées très jeunes et privées de scolarité, ne savent ni lire ni écrire...

Kochi (Cochin)

Fruit de plusieurs siècles de cohabitation entre hindous, chrétiens, juifs et musulmans, Kochi séduit par sa diversité de styles, d'ambiances et d'architectures. Constituée de 3 presqu'îles et de plusieurs petites îles, c'est à Fort Cochin, la presqu'île la plus ancienne, que nous élisons domicile.

Dans les petites rues calmes et proprettes de Fort Cochin, nous avons du mal à croire que nous sommes encore en Inde. D'autant plus qu'à cette période de l'année, les décorations de Noël apportent à la nuit tombée un charme tout particulier aux façades illuminées.

L'une des curiosités de la ville sont les chinese fishing nets : d'immenses filets de pêche fixes, suspendus sur de longues perches de bambou, vestige des relations commerciales avec la Chine remontant au XIVe siècle.

Le soir venu, nous croisons ici et là le long des berges des pêcheurs dont le lancé de filet, aussi technique que poétique, nous impressionne.

Profitant des derniers rayons du soleil, nous contemplons se découper sur l'horizon les navires prendre le large et les familles indiennes venues se promener le long de la plage dans une ambiance bon enfant.

Les Backwaters

Toute une partie du Kerala est sillonnée d'un vaste réseau de voies aquatiques navigables qu'une digue naturelle isole des flots de la mer d'Oman : les Backwaters. Ici, rivières, lagunes, canaux et lacs remplacent les avenues, les rues et les carrefours ; fini les voitures et les klaxons ! Alors que les plus fortunés préfèreront passer la nuit à bord d'un kettuvallam (houseboat) tout confort, c'est à bord d'une petite péniche que nous choisissons de découvrir cette région pendant quelques heures au fil de l'eau .

En Malayalam, kerala signifie littéralement "pays des cocotiers" et ce n'est pas peu dire ! Mêlés aux couleurs chatoyantes des habitations et embarcations se reflétant sur les eaux calmes des backwaters, ce sont des paysages de cartes postales qui défilent devant nos yeux.

Sur le rivage, nous apercevons les habitants vaquer à leurs occupations quotidiennes : les enfants rentrent de l'école, un vieil homme balaie devant sa porte, tandis que sa voisine pèche à la ligne.

L'eau courante étant inexistante dans la plupart des habitations, c'est à l'extérieur, dans le canal, que toutes les tâches ménagères s'effectuent : vaisselle, lessive, cuisine...

Portés et reposés par cette tranquille et belle promenade aquatique, une autre journée s'achève. Demain, nous reprenons la route pour découvrir l'intérieur des terres du Kerala.

Munnar, la "vallée des thés"

Nous quittons la côte et prenons de l'altitude en nous enfonçant dans l'arrière pays kéralais où ses routes escarpées nous guident au sein d'une nature luxuriante. Le paysage se transforme peu à peu, la jungle laissant place aux reliefs montagneux.

Il nous faut quand même plus de 5 heures pour parcourir les 150 km qui nous séparent de notre prochaine destination ; mais on commence à avoir l'habitude, et ça en valait vraiment la peine ! Sur les hauteurs de la chaîne des Western Ghats, à 1600 mètre d'altitude, le village de Munnar s'étend telle une langue multicolore sur les pentes verdoyantes.

Les plantations de théiers façonnent de leurs feuillages les rondeurs du paysage, laissant apparaître ici et là les silhouettes colorées des cueilleurs.

Le thé est sans conteste "l'or vert" de la région, mais bien d'autres trésors gustatifs poussent dans les nombreux jardins d'épices des monts Kéralais : cannelle, clous de girofle, poivre, cardamome, sans oublier caféiers et cacaotiers.

Cette petite virée dans la vallée des thés de Munnar fut une jolie parenthèse au grand air, ressourçante et vivifiante, bienvenue après les fortes chaleurs de nos dernières semaines indiennes !

Nous devons malheureusement déjà quitter la beauté et la douceur de vivre du Kerala. Nous n'avons plus que 2 semaines pour remonter la totalité du pays avant la fin de notre visa, et à une vitesse moyenne de 30 à 45km/h, ça en fait des jours de routes qui nous attendent !...

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Publié le 31 janvier 2024

31 décembre 2023 - 01 janvier 2024

Je n'arrive toujours pas à croire que nous avons réussi à remonter les 900 km qui séparent Munnar de Hampi en seulement 2 jours ... Autant vous dire que ce fut intense ! Mais loin de nous l'envie de passer le nouvel an au bord d'une route poussiéreuse au son des klaxons tonitruants des camions... C'est donc épuisés mais heureux que nous trouvons ce superbe petit spot au milieu des rizières du Karnataka le 31 décembre. Spot dont nous nous ferons virés vers 22h par les gardes forestiers car à la nuit tombée la zone est fréquentée par les éléphants et les guépards... pas de bol ! C'est finalement bien au bord d'une route que nous passerons la nuit...

Aux premières heures du jour, retour à la rizière. Une superbe journée nous attend pour ce 1er jour de l'année au cœur d'une région empreinte de légendes. Selon les écrits sacrés de l'hindouisme, le Dieu singe Hanuman régnait ici sur un royaume peuplé de macaques, en des temps où l'être humain était encore peu évolué. Des millénaires plus tard, Shiva, le fameux dieu à peau bleue, se serait plongé ici même dans une méditation si profonde que seule la beauté de la déesse Parvati réussi à le tirer de sa contemplation.

Tout autour du village archéologique d'Hampi, s'étend une nature tropicale parsemée de cocotiers et d'immenses roches arrondies couleur sable, le tout parcouru d'une rivière - évidemment sacrée - que nous traversons en barque pour rejoindre la cité.

Haut lieu de pèlerinage pour les hindous, les berges des eaux sacrées sont peuplées de villageois et de pèlerins effectuant leur toilette, leurs rituelles ablutions ou encore la lessive de leurs longs saris de soies colorées.

Serti dans ce magnifique écrin naturel, le site de Hampi est un véritable joyau architectural comptant près de 400 temples dispersés sur 30 km2. En 1336, la cité fut choisie comme capitale royale et devint peu après, avec ses 500 000 habitants, la deuxième plus grande ville au monde après Pékin !

Les voyageurs portugais de passage à Hampi aux XVe et XVIe siècle n'ont pas manqué de témoigner du faste de la cité alors à son zénith : l'or coulait à flot et lorsque l'empereur revenait de guerre sur son éléphant de combat, il jetait des poignées de pierres précieuses à ses soldats vainqueurs ...

Mais en 1565, jaloux de tant de richesses, cinq sultans du nord de l'Inde s'allient pour prendre Hampi et affrontent l'empereur hindou épaulé de 100 000 hommes et de 5500 éléphants. C'est une victoire pour les musulmans, mais après avoir pillé et incendié la cité, ils l'abandonnent, faute du soutient populaire de cette région, majoritairement hindouiste.

Il faudra attendre plusieurs centaines d'années pour que Hampi renaisse de ses cendres. Aujourd'hui inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, c'est une destination prisée par les touristes principalement indiens, mais qui a su garder son charme et d'où se dégage encore le faste et la spiritualité d'antan.

 Richshaws indiens.

On peut choisir de découvrir le site en empruntant un rickshaw, mais nous avons préféré marcher (à l'allée du moins, la chaleur ayant eu raison de notre témérité pour le retour !). En chemin, nous parcourons une nature prolifique où se cachent, loin du monde et hors du temps, quelques temples abandonnés et nous croisons ici et là des paysans au travail dans les champs de canne à sucre.

Ces incroyables vestiges sont baignés d'une atmosphère particulière et magique au sein de laquelle on s'attendrait presque à voir apparaître l'empereur à dos d'éléphant, tant certains temples sont bien conservés.

Sous le soleil du Karnataka, la pierre blonde sculptant temples et statues monolithes des dieux hindous se pare de teintes chaudes variant du rose à l'or.

Disséminés sur une vaste plaine, les ruines du complexe royal témoignent de la puissance et de la richesse de l'ancien royaume du Karnataka : harem, bains privés de la Reine, étable des 800 éléphants favoris du roi, temple royal, salle d'audience, chambre secrète... et j'en passe !

En cette fin du mois de décembre, pleine saison des pèlerinages hindous, le site est plutôt fréquenté, et nombreuses sont les familles indiennes à venir prier, ajoutant un certain folklore au charme inhérent des lieux.

Hampi est l'une des parenthèses magiques de notre roadtrip en Inde. Amateurs d'histoire, de spiritualité et de beaux paysages, c'est une destination à ne surtout pas manquer lors de votre séjour au Karnataka !

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Publié le 14 février 2024

06 - 09 janvier

1750 km et plus de 30h de route plus tard, nous atteignons les rives du Gange où se déploie l'une des plus anciennes villes du monde : Varanasi, le coeur palpitant de l'hindouisme.

Habitée depuis au moins 1800 avant J.-C., Varanasi est l'une des plus anciennes villes vivantes de la planète.

Point de rencontre pour les croyants du monde spirituel et du monde physique, Varanasi est le plus grand lieu sacré de l'hindouisme, l'équivalent de la Mecque pour les musulmans ou du Vatican pour les catholiques.

Dans le vieux quartier du Chowk, nous retrouvons les ruelles sombres, étroites, colorées et décrépites typiques des agglomérations indiennes, auxquelles nous sommes à présent habitués. Mais il flotte ici un je-ne-sais-quoi difficile à définir, une ambiance à nulle autre pareille...

Est-ce cette architecture hétéroclite où les palais défraichis et abandonnés côtoient les constructions de briques et de broc ?...

La beauté romantique d'un temple prisonnier des sables... ou encore ces scènes de pêche hors du temps ?

Le temple Ratneshwar Mahadev.
Le temple Ratneshwar Mahadev.

C'est en tous cas au bord du Gange, en arpentant les marches des 88 ghats qui suivent la courbe du fleuve sur plusieurs kilomètres, que l'on peut ressentir et toucher ce qui rend Varanasi si unique... Il faut pour cela se laisser happer par l'activité palpitante qui y règne, car Varanasi ne se visite pas, elle se vit.

On déambule au milieu de la foule dans l'effervescence d'un folklore local coloré, sonore et olfactif : charmeurs de serpents, enfants aux pieds nus tantôt jouant tantôt mendiant, hommes peinturlurés venus suivre l'enseignement de leurs gourous, le tout entouré de montagnes de déchets d'offrandes, au son des cloches, tambours, rumeurs des sutras et autres mantras.

Dans ces flots humains, quelle surprise de croiser Morgane, une québécoise rencontrée lors de notre retraite de méditation bouddhiste ; le monde est vraiment tout petit ! Nos fronts n'échappent pas à la bénédiction d'un sage !

Ces kilomètres d'escaliers de granit sont avant tout un lieu de vie qui semble ne jamais se reposer et où les petits métiers de toutes sortes affluent. Dès les premières lueurs du jour, de jeunes charpentiers s'attellent à la construction et à la réparation des embarcations, au milieu des vendeurs à la sauvette, masseurs, nettoyeurs d'oreilles, astrologues, barbiers, étals d'offrandes et de bondieuseries ...

Jeunes charpentiers de bateaux. 

C'est aussi ici que l'on fait la lessive de son linge, mais aussi des draps, taies d'oreillers et serviettes d'hôtels, étendus à même les marches... là on tique un peu quand même !

Car le Gange, fleuve certes le plus sacré de l'Inde, est loin d'être "pur", hygiéniquement parlant ... Ses eaux foisonnent de bactéries (cadavres mal incinérés, excréments non traités) et de produits chimiques (engrais, déchets industriels). Depuis 40 ans, les plans de dépollution se succèdent, en vain. L'argent est détourné, les stations d'épuration non entretenues, les WC inutilisés ; ajoutons à cela l'explosion démographique : la situation est toujours aussi alarmante...

Pourtant, cela ne semble déranger personne : outre que d'y faire sa toilette et sa lessive, plus de 60 000 pèlerins viennent y effectuer chaque jour leurs ablutions rituelles pour laver leur âme de toutes les fautes accumulées au cours de leurs précédentes incarnations. Pour atteindre cet état de pureté tant convoité : se baigner en 5 endroits différents du Gange en prononçant le mantra sacré, s'immerger complètement 3 fois de suite et boire une gorgée de cette eau...

Vu sous cet angle, ça parait si simple de se libérer de sa charge karmique ! Mais étant donné l'état du fleuve, aussi sacré qu'il puisse être, nous n'avons pas tenté de troquer nos péchés contre un staphylocoque doré, préférant de loin le spectacle des familles venues faire leurs pujas pour honorer les dieux : bains, chants, offrandes de fleurs et de bougies de ghee flottantes.

Mais ces rives sont aussi la scène d'un théâtre plus macabre, celui des crémations dont on voit s'élever les fumées nuit et jour. On estime que 200 à 300 corps y sont incinérés quotidiennement, et les hindous viennent de loin pour s'éteindre ici, car selon leurs croyances, toute personne qui meure à Varanasi se libère enfin du samsara (cycle des réincarnations) et atteint le moksha, l'équivalent du nirvana pour les bouddhistes.

Après avoir été enduit de divers onguents, le corps du défunt est emmailloté dans un linceul, recouvert de fleurs et hissé sur un brancard. La procession se rend jusqu'au bord du Gange où le corps est aspergé d'eau pour le bénir avant d'être transporté au bûcher pour être purifié par le feu. Il faut entre six et neuf heures pour que le corps devienne cendres. C'est à ce moment-là, selon la tradition hindouiste, que l’âme quitte l'enveloppe charnelle pour s'élever vers un niveau vibratoire supérieur. Les cendres et les restes d'os sont recueillis puis jetés dans le fleuve.

 Manikarnika Ghât.

En haut du ghât de crémation se trouve la flamme éternelle qui nourrit tous les bûchers depuis plus de 3500 ans ! Car les crémations ne s'arrêtent jamais dans la ville sainte, que certains indiens surnomment Maha Shmashan Puri : "le feu qui ne s'arrête jamais". J'avoue qu'enveloppée de ces fumées à l'odeur lourde s'élevant des brasiers, une forte émotion m'envahit et je garde de cette expérience une grande leçon de vie.

Le foyer de la flamme éternelle, gardé depuis plus de 3000 ans.

Scène d'une Inde hors du temps, les bûchers de Varanasi représentent cependant un travail éreintant pour la communauté des Doms (caste des intouchables) qui en a la responsabilité. Déplacement des corps, puis des cendres, entretient des bûchers, la mort est leur unique moyen de subsistance.

Et oui en Inde, même dans la mort, il est encore question de caste : les intouchables brûles sur la rive du fleuve, et les brahmanes sur les terrasses qui le surplombent avec même le luxe de quelques bûches de bois de santal. Mais certaines personnes venues mourir ici n'ont pas assez d'argent pour payer les 360 kilos de bois nécessaires à leur crémation et doivent s'en remettre à la charité ...

Le foyer de la flamme éternelle.
Les Doms ont la charge de tout le processus de crémation, tâche considérée comme impure. 

Tous venus s'éteindre à Varanasi dans l'espoir de se libérer du cycle de la renaissance et de voir leur âme s'élever au delà, Sadhous, sages, vieillards et mendiants se retrouvent ici en une cour des miracles colorée où la grandeur spirituelle se marie à la misère, l'illumination au renoncement.

À Varanasi plus qu'ailleurs, la vie côtoie tout naturellement la mort, dans une forme de sérénité...

C'est une bonne chose à mon sens d'avoir fait connaissance avec cette incroyable ville après 3 mois passés en Inde (et 16 sur les routes) car j'imagine quel choc émotionnel ce peut être en débarquant ici après tout juste 12h d'avion depuis l'Europe ! Quoi qu'il en soit, on ne peut repartir indemne de cette ville sainte où l'essence même de la culture et de la religion indienne nous envahi intérieurement.

Varanasi est une invitation à laisser notre âme vaquer à la contemplation et s'immerger d'un sentiment d'éternité...

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Publié le 18 février 2024

Notre premier carnet de voyage en Inde touche à sa fin. Malgré notre fatigue, ces trois mois sur les routes indiennes sont passés trop vite. Ils nous ont néanmoins permis d'embrasser ce fabuleux pays dans toute sa complexité, et d'apprécier chaque instant les beautés naturelles, artistiques et spirituelles qui en émanent.

Je vous partage le bilan qu'Arnaud a rédigé quelques jours avant notre entrée au Népal, accompagné d'un petit retour en images sur ces dernières semaines de découvertes.

 La magie sacrée du Temple d'Or à Amritsar.

« L’Inde, tu adores ou tu détestes »… C’est avec cette petite phrase entendue de la bouche d’autres voyageurs que nous entrons en Inde au mois d’octobre 2023. Ce pays est celui qui a motivé notre changement de vie : tout quitter et aller en Inde et au Népal approfondir notre pratique de la méditation. Mais l’excitation de la découverte est tempérée par une certaine appréhension.

Plongée dans le bouddhisme tibétain à Mcleod Ganj.

Au-delà de cette phrase toute faite, nombreux sont les avertissements négatifs qu’on nous a répété à de nombreuses reprises sur la route : "n’y allez pas avec un van", "la circulation est impossible", "les indiens sont tellement curieux qu’ils ouvrent les portes de ton camion", "ils frappent à ta porte à n’importe quelle heure de la nuit pour un selfie avec toi", "ils te parlent à 10 cm du visage", "ils te touchent sans arrêt", "ils vont monter à 10 dans ton van et ouvrir tous les placards", etc…

Rivières, cultures en terrasse et vue de Shimla : le bon air frais de l'Himashal Pradesh.

Malgré notre motivation à ne pas laisser la peur nous toucher et aller de l’avant en confiance et positifs, nous ne réussissons pas à pénétrer dans ce mystérieux pays en toute sérénité. Si bien qu’au Pakistan, nous faisons imprimer de petits stickers de panneaux symbolisant : « Pas de photo », « Ne pas frapper à la porte », « Nous dormons durant la nuit » et « Ne pas ouvrir la porte ».

 Lever de brumes sur le Taj Mahal.

Nous décidons pourtant de ne pas les coller immédiatement : l’expérience nous a montré que chaque voyageur ressent un pays avec une perception qui lui est propre et qu’elle est souvent très différente de la mienne ou de celle de Mélanie. De plus, ces mesures de précaution nous mettent mal à l’aise et nous craignons qu’elles n’offensent les indiens.

Jaipur, la ville rose du Rajasthan.

Après le passage de la frontière, nous entrons donc dans ce pays grand comme l’Europe. Il est difficile de décrire un ressenti général de l’Inde car les régions varient les unes des autres, aussi bien dans leurs paysages que dans leurs agglomérations, leurs ambiances et leurs habitants, même si beaucoup de points communs les unissent. Mais je découvre vite que ce n’est ni tout noir ni tout blanc : je n’adore pas et je ne déteste pas non plus.

Douceur de vivre autour du lac sacré de Pushkar. 

Il y a une multitude de raisons de détester l’Inde mais plus encore de l’apprécier. Le plus difficile est la fatigue qui s’accumule constamment, sans temps mort. Les constructions, les gens et le trafic dense sont partout, les villes s’enchaînent le long des routes, animées d’une circulation incessante de piétons, vaches, chiens, chèvres, vélos, motos, tuk-tuks, voitures, camions et cars dans un concert de klaxons trafiqués assourdissants.

Déambuler dans un conte des mille et une nuits à Jodhpur.

Je pense que c’est le bruit qui m’a le plus fait souffrir, au point de me déplacer en ville muni de bouchons d’oreilles. La conduite n’est pas insurmontable et on s’habitue à ce rapport de force pour s’imposer au passage d’un carrefour car il n’y a absolument aucune règle. Cela demande une attention de tous les instants et peut jouer sur les nerfs selon son état de fatigue.

Les palais flottants d'Udaipur.

Le second écueil est la saleté et les odeurs. Les rares trottoirs sont souvent impraticables car jonchés d’ordures déposées sauvagement dans lesquelles nous surprenons parfois des mouvements furtifs de rats gros comme des chats. En se promenant, on peut, sur quelques mètres, passer de l’odeur de transpiration à celle d’ordures, d’eau croupie, puis de cadavre d’animal en décomposition.

Le sanctuaire de pierre des grottes d'Ellora.

Heureusement, cela n’est pas constant, loin de là, et certaines régions sont bien plus accueillantes que les autres de ce point de vue. Malgré tout, la saleté est omniprésente et la quasi-absence de poubelles nous a posé pas mal de souci pour jeter nos déchets : nous refusons catégoriquement de jeter nos détritus dans les cours d’eau ou au bord des routes comme c’est d’usage là-bas.

On retrouve les plaisirs de la "vanlife" à Goa.

Le dernier écueil est le rapport compliqué avec certains indiens qui ont un tout autre rapport au civisme que nous : loin des visions alarmistes qu’on nous avait répété, leur comportement est surprenant au début. Ils sont très curieux, regardent dans le véhicule ou demandent des selfies sans même dire bonjour ou sourire. Mais il faut plusieurs semaines et échanges avec eux pour comprendre qu’il n’y a pas d’incivilité derrière tout cela. Les indiens ont su garder une âme d’enfant que nous, occidentaux, avons enfoui sous des formules de courtoisie et de ce que nous appelons « savoir-vivre ». Ce rapport humain innocent et naturel ne choque plus au bout d’un moment et j’en suis venu à penser que ce sont eux qui sont dans le rapport du cœur.

Noël sur les plages du Karnataka. 

Ce constat par écrit me fait comprendre pourquoi d’autres personnes détestent ce pays. Si tu arrives en avion depuis la France, le choc est énorme et il doit être difficile d’apprécier tout ce qu’il y a au-delà, surtout pour un séjour de quelques semaines. Mais nous avons la chance d’avoir du temps et de nous habituer progressivement au décalage que nous avons trouvé en Inde. La saleté et les ordures dans la nature sont notre quotidien depuis la Turquie, la conduite compliquée depuis la Géorgie, la curiosité des gens et le fossé culturel depuis l’Iran, la cacophonie ambiante depuis le Pakistan… tout cela nous a préparé. De plus, étant dans le voyage depuis plus d’un an, nous avons probablement acquis une plus grande adaptabilité et une plus grande patience.

Au fil de l'eau sur les backwaters du Kerala.

Les jours et les semaines passent et nos stickers restent au fond d’un placard. Et en regardant au-delà des nuisances, nous découvrons les richesses naturelles et humaines inouïes de l’Inde. Malgré la présence de l’homme, la nature est omniprésente si l’on met à part les plus grosses agglomérations. La beauté et la variété des paysages sont grandioses et s’étendent parfois à perte de vue.

Dans les plantations de thé de Munnar (Kerala).

Les monuments et sites historiques sont d’une finesse incroyable et leur taille parfois démesurée, au point de ne pouvoir en faire le tour en une seule journée. Les indiens avec lesquels nous avons pu partager du temps sont profondément amicaux et bons. Ils savent donner de leur temps sans rien attendre en retour et font tout pour aider et s’assurer que nous ne manquons de rien.

 Le fabuleux site naturel et historique de Hampi. 

Ces trois mois laisseront une profonde empreinte dans mon esprit et m’ont enseigné une grande leçon sur le jugement que nous portons sur les gens trop différents de nos usages et de nos cultures. Je suis soulagé de retrouver du calme au Népal, mais je suis heureux à la perspective d’y retourner dans quelques mois…

Arnaud, Janvier 2024


Aujourd'hui, le 18 février, voilà un peu plus d'un mois que nous découvrons le Népal et en sommes littéralement tombés amoureux... hâte de vous raconter tout ça dans le prochain carnet de voyage qui ne saurait tarder ! Où que vous soyez, prenez soin de vous. Namasté !