À propos

Nous c'est Mel & Arnaud, alias Tous Azimuts. À bord de notre fourgon Totoro, nous sillonnons les routes de la France à l'Asie, à la rencontre des beautés du monde & de nous même.

Un été en Arménie... toujours en belle compagnie !

* Km 17 770 - Km 19 911* En franchissant la 9ème frontière de ce voyage nous découvrons en Arménie une nature sauvage et préservée, et un peuple aussi authentique que généreux !
Du 9 juillet au 2 septembre 2023
8 semaines
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9 - 13 juillet 2023

Kargad Géorgie ... Barev Arménie !

Comme entre la Turquie et la Géorgie, seul le conducteur peut passer avec le véhicule. Les passagers, pour sortir de Géorgie puis entrer en Arménie, doivent s'enregistrer à pied. Et les files d'attente sont longues ! Passée la frontière, ne pas oublier d'aller faire assurer son véhicule dans l'une des nombreuses bicoques installées au bord de la route. Chanceux comme nous sommes, ils sont même allés nous acheter des glaces ! Cet accueil chaleureux nous laisse présager de la générosité des arméniens...

En route pour Alaverdi 

À quelques kilomètres de la frontière géorgienne nous attend la toute première ville arménienne de notre périple : Alaverdi. Mais il semble que notre GPS nous joue des tours... 23 minutes pour parcourir moins de 8 km ?! Et oui, on se rend vite que ce n'est pas une blague en constatant l'état des routes !

Nichée au fond d’un canyon, cette ancienne ville minière soviétique exploitait un gisement de cuivre jusqu'en 2018. Mais l'usine, incapable de s’adapter aux nouvelles normes environnementales, a dû fermer, mettant au chômage ses six cents derniers employés.

On avait pris l'habitude des vaches, brebis, chèvres et chevaux sur les routes , maintenant les cochons s'y mettent aussi !

Aujourd'hui, les bâtiments désertés et autres vestiges de l'activité minière de la ville vieillissent lentement, tel ce funiculaire suspendu entre les deux versants du canyon.

Au pied de l'ancienne fonderie (dans laquelle nous n'avons malheureusement pas réussi à pénétrer), nous découvrons une véritable petite caverne d'Ali Baba d'antiquités de l'ère soviétique... Mais avec la démarche minimaliste dans laquelle nous sommes, on ne chine plus, on regarde juste !

Rendez-vous à Haghpat

Non loin d'Alaverdi, nous montons jusqu'au petit village d'Haghpat où nous avons rendez-vous avec Marc et Rebecca, un couple suisse-allemand rencontrés fin Décembre à Athènes et qui reviennent d'Iran.

Haghpat 

Une fois n'est pas coutume, c'est dans une sorte de petit camping à flanc de colline que nous passons 2 jours en leur compagnie, au rythme de discussions sur nos voyages, ballades culturelles, jeux... et apéros !

Visite du Monastère de Haghpat

Ce monastère fortifié était un important centre culturel et spirituel au Moyen-âge, composé de trois églises, plusieurs salles de cultes et plus de 50 khatchkars (stèles arméniennes sculptées). Il est inscrit depuis 1996 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Sourp Nshan, l'église principale, fut commanditée par la reine Khosrovanouch pour assurer la longévité et la prospérité de ses fils : les futurs rois Smabt II et Gourgen 1er, qui achevèrent sa construction en 989. Sur l'une des façades de l'église, on peut remarquer un bas-relief représentant les deux rois soutenant une maquette de celle-ci.

Au centre, un khatchkar / À droite Smat et Gourgen soutenant la maquette de l'église.

Sourp Nshan est une église cruciforme encastrée dans un bâtiment rectangulaire ; elle est surmontée par un dôme monumental soutenu par quatre piliers reliés par des arcades ogivales. Bien que des fresques aient été réalisées à deux reprises, il n'en reste malheureusement que peu de traces.

La salle aux jarres et le gavit (narthex) de l'église principale.

Les différents espaces et passages du monastère servaient aussi de tombes et il est très étrange de déambuler en marchant sur les nombreuses pierres tombales qui recouvrent le sol. Dans l’un des édifices, le vin était conservé dans des jarres enterrées à même le sol.

Les pierres tombales et les jarres de vin enterrées .

Lac Tsover

Après ces belles retrouvailles, il est temps de reprendre la route. Tandis que Marc et Rebecca repartent vers la Géorgie, nous nous dirigeons vers l'un des joyaux naturels de la région de Lori : le lac Tsover, réputé pour avoir été le lieu de prédilection de célèbres écrivains arméniens.

La route pour y arriver est absolument superbe et nous commençons réellement à prendre conscience combien l'Arménie est un pays encore sauvage, aux milieux naturels préservés et très variés : semi-déserts, forêts, zones humides, steppes et prairies de montagne.

Saviez-vous que 90% de sa surface se trouve à plus de 1 000 mètres d'altitude ?

Trouver le lac n'a néanmoins pas été une mince affaire... Après une dizaine de kilomètres de piste cahoteuse, nous garons Totoro au bord d'un chemin pour continuer notre repérage à pieds. Nous passons à côté d'une cabane à pique-nique (il y en a absolument partout en Arménie !) et nous faisons alpaguer par un groupe d'hommes entrain d'y manger... et boire probablement depuis quelques heures vu leur état d'ébriété avancé !

Mais quel après-midi nous avons passé ! Nous n'avions pas le temps de terminer nos assiettes et nos verres qu'ils étaient de nouveau pleins ! Chaque phrase échangée, chaque pensée partagée, était l'occasion de porter un toast !

Ce jour là, nous avons appris qu'en Arménie "l'invité est un don de Dieu" et compris que l'hospitalité et la générosité des arméniens est sans pareil.

Nous avons aussi senti combien ce peuple a connu une histoire tumultueuse et douloureuse, et que le génocide du siècle dernier était encore présent dans toutes les mémoires.

Ce jour là, nous sommes vraiment arrivés en Arménie.

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14 - 20 Juillet

Bien que l'Arménie n'ait pas accès à la mer, elle jouit en revanche de l'un des plus grands lacs d’altitude au monde : le lac Sevan. D'une superficie de 1400 km2 et recevant les eaux de 28 rivières, il a tout d’une mer intérieure; et lorsque l'on se trouve d’un côté, il est n'est pas rare de ne plus apercevoir la rive d’en face. Situé à 1900 m d'altitude, ses eaux sont pourtant très douces et nous ne souffrons pas de la canicule qui sévit dans les plaines : c'est donc pour nous le lieu idéal pour passer une partie de l'été !

Sur les rives du lac Sevan, l'eau à perte de vue... 

Nous découvrons le lac du nord au sud et d'est en ouest, ponctuant notre parcours par quelques étapes sur des spots tous plus beaux les uns que les autres... Alors, prêts pour un petit tour du lac Sevan ?!

Shorza

Notre première étape se situe non loin du village Shorza, au bout d'une piste cahoteuse, sur un petit bras de terre s'avançant sur le lac. Derrière une pinède s'étend la lande puis la plage à perte de vue ... et cerise sur le gâteau : nous sommes seuls ! Après une journée et une nuit sur place, ce lieu idyllique nous inspire et nous paraît absolument parfait pour réaliser (enfin !) notre van-tour (vidéo de présentation du fourgon). Mais avant tout, il faut rendre Totoro présentable, car il est plus gris que blanc avec toute la poussière que l'on ramasse sur les chemins arméniens !

 Totoro avait vraiment besoin d'une bonne douche !

Lorsque nous terminons notre grand nettoyage extérieur et rangement-ménage intérieur, et que nous sommes fin prêts à commencer l'enregistrement du van-tour, deux voitures, musique à fond, viennent se garer à 2 mètres de nous et installent leur campement (pourtant la lande est longue et la place ne manque pas !) ... Bref, notre projet vidéo tombe à l'eau pour cette fois, mais ce n'est que partie remise. En attendant, nous préférons quitter ce spot pour en trouver un autre plus au calme !

Un spot idyllique ... 

Tsapatagh

Le principal souci sur la majeure partie du territoire arménien est le manque d'arbres et il est très difficile de trouver des campements à l'ombre. Nous apprenons d'ailleurs que la majorité des zones boisées ont été plantées par l'homme. En effet, lorsqu'on observe les rives du lac Sevan, on s'aperçoit qu'il n'y a des arbres qu'autour des habitations et des petits villages. La végétation sur le reste des terres est quasi inexistante et se résume à quelques petits buissons secs. Il nous faut donc chercher un bon moment pour trouver ce deuxième lieu ombragé.

Et ça en valait vraiment la peine ! Tous les ingrédient sont réunis pour passer de bons moments : mini plage pour la baignade, du bois mort pour faire le feu et de cette rive, nous avons de superbes couchés de soleil...

Plutôt romantique non ? 

Nous y recevons la visite de Sam, en train de cueillir des champignons. Cet enseignant à la retraite vit dans le village un peu plus haut et nous invite le lendemain matin à partager le (petit) déjeuner. Pas si petit que ça ... plutôt gargantuesque : champignons de sa cueillette, lavash, fromages, miel délicieux, fruits, café, et bien sûr ... vodka d'abricot ! Et même à 10h du matin, on n'a pas le droit de refuser... dur dur ! Ce jour là, j'ai appris à faire semblant de boire pour ne jamais avoir un verre vide (car il serait automatiquement rempli !).

Chez Sam. 

Karchaghbyur

Nous voilà arrivés à l'extrémité sud du lac Sevan. Depuis Shorza, nous n'étions qu'à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau de l'Azerbaïdjan, juste de l'autre côté de la montagne !

Nous continuons à nous étonner que le lac ne soit pas plus investi et fréquenté. Nous sommes en plein mois de juillet et nous ne croisons pratiquement personne ... Finalement pour notre plus grand bonheur photographique !

L'église Saint Gevorg ou Gevork

L'Arménie compte plus de 30 églises, chapelles et monastères dédiés à Saint Georges, martyr du IVe siècle. Celle-ci, datant du XIIIe siècle, est probablement la plus petite et la plus mignonne de toutes !

Elle est entourée d'un cimetière de khatchkars (littéralement "pierres à croix"), ces stèles sculptées si spécifiques de l'art arménien. De forme arquée ou rectangulaire, elles sont décorées d'une ou de plusieurs croix accompagnées souvent d'un décor ornemental, parfois de figures humaines et d'inscriptions.

Ces ouvrages ont une fonction votive, commémorative, ou de protection. Elles incarnent l'Église apostolique arménienne, en ce qu'elles ne représentent pas la mort du Christ mais sa nature divine, en un arbre de vie.

Les premiers khatchkars dateraient du IVe siècle, et depuis 2010, « l’art des croix de pierre arméniennes, le symbolisme et savoir-faire des khachkars » figure sur la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO.

Cette petite église a beau être isolée de tout, on constate en pénétrant à l'intérieur qu'elle est régulièrement fréquentée et entretenue. À l'extérieur, dans son enceinte il y a même une de ces typiques tables de pique-nique arméniennes où se retrouver en famille ou entre amis. Il y en a absolument partout dans le pays : au bord des routes, des fontaines, des stèles commémoratives, des églises, en pleine nature ... Partout !

À parler pique-nique, tout ça nous met en appétit ! Ça tombe bien, nous repérons tout près d'ici sur la carte un point qui éveille notre intérêt gustatif : la fromagerie Mikayelyan Family Farm. Nous nous attendions à arriver dans une ferme rurale et authentique, les pieds dans la boue et entourés d'animaux... Et bien non, nous voilà dans une boutique en sous sol, design, aseptisée et climatisée. une sorte de guide commence à nous réciter un speech et nous demande 20€ par personne pour goûter le fromage (ce qui est une somme énorme ici en Arménie)... Ce n'est pas vraiment ce que nous avions imaginé et déclinons. Mais nous nous sentons un peu obligés d'acheter un morceau de fromage (sans le goûter)... Je demande 250g (car ils sont absolument hors de prix !), on nous coupe plus de 500g... Et il n'est même pas exceptionnel... Bref, quelle déception, on s'est vraiment sentis plumés comme des touristes !

Ça donnait quand même drôlement envie tout ça ! 

Le monastère d'Hayravank

Ce joli petit monastère a été érigé sur un piton rocheux situé sur la rive occidentale du lac Sevan.

Des fouilles archéologiques ont révélé à proximité la présence d'une colonie remontant à l’âge du bronze. La construction du monastère date du IXe siècle ; il n'en subsiste plus que le cimetière, l'église et le gavit dont les murs intérieurs sont gravés de croix. Des khatchkars ont été incorporés à la façade tandis que d'autres se dressent autour du monastère.

Sevan

Nous terminons notre tour du lac en atteignant Sevan, petite agglomération d'une vingtaine de milliers d'habitants qui a eu du mal à survivre à la chute de l'URSS, la fermeture des industries soviétiques, la crise économique et l'exode de la population. Entourée de terrains vagues, on y retrouve toujours ce même type d'immeuble de pierre rose, que l'on voit partout en Arménie. On a parfois l'impression que les agglomérations arméniennes ont été construites par le même architecte qui n'avait que 2 ou 3 plans de bâtiments sous le coude... C'est assez tristounet !

Depuis quelques années, la ville s'ouvre peu à peu au tourisme estival grâce à ses plages sur le lac, ainsi qu'à son petit monastère très prisé par les touristes : Sevanavank.

Le monastère de Sevanavank et sa vue sur la presqu'ïle.

Le monastère surplombe le lac et de là haut, nous avons un belle vue sur la presqu'île où nous passerons 3 semaines... mais ça on ne le sait pas encore !!!

Car pour l'heure, il est temps de nous rendre à Erevan, la capitale d'Arménie, récupérer à l'ambassade nos visas pour l'Iran.


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20 - 30 juillet

Rapide passage à Erevan pour notre mission visas iraniens. Grâce à Tap Persia, l'agence par laquelle nous sommes passés, tout s'est déroulé pour le mieux, et nous voilà visas iraniens en poche !

Fondée en 782 avant J.-C., Erevan figure parmi l’une des plus vielles cités du monde. Pourtant, elle ne possède pas réellement de centre historique et ne nous a pas vraiment charmés. Succession de blocs d'immeubles de l'ère soviétique, grandes avenues encombrées et bruyantes, l'ensemble sous un nuage de pollution en pleine canicule... Voilà le souvenir (très subjectif) que nous en gardons !

La Cascade d'Erevan vue de la place Tamanyan. 

Mentionnons cependant la place Tamanyan, bordée de jolies terrasses de cafés fleuries et ornée de sculptures contemporaines. Ici trône la célèbre Cascade d'Erevan, composée de 572 marches, de jardins en terrasse et de fontaines sculptées. L'édifice abrite depuis 2009 un centre d’art contemporain.

Les températures avoisinant les 40°C, nous décidons de ne pas prolonger d'avantage notre exploration de la capitale pour aller nous mettre au frais... Direction le mont Aragats !


Sur le mont Aragats

Le mont Aragats est un volcan éteint dont le sommet, à 4 095 mètres d'altitude, est le point culminant de l'Arménie. Pourtant, si l'on pose cette question à un arménien, il ne sera pas de cet avis et affirmera que son pays culmine à 5 165 m, du haut du mont Ararat... Alors vrai ou faux ?

Cet ancien volcan situé à la frontière entre la Turquie et l’Arménie - et qui selon les écrits, aurait accueillit l’Arche de Noé après le Déluge - fut longtemps source de discorde entre les 2 pays. La Turquie se l'est finalement totalement approprié, menaçant les arméniens de retirer Ararat de leurs armoiries, sous prétexte qu’il ne se situe pas sur leur territoire. Ce à quoi l’Arménie a répondu : « la lune se trouve t-elle en Turquie ?… alors pourquoi est-elle sur votre drapeau ? » !

 Sur les pentes du mont Aragats.

C'est donc du plus haut sommet officiel Arménien, l'Aragats, que nous contemplons au loin, coiffé de ses neiges éternelles, son plus haut sommet de coeur, l'Ararat.

Au bout de la route qui nous mène sur l'Aragat, nous faisons halte sur les rives du paisible petit lac Kari aux eaux turquoises, principalement alimenté par la fonte des neiges. Mais à cette altitude, nous ne pensons même pas à la baignade !

Vue sur le mont Ararat - Le lac Kari.

Sur les pentes de l'Aragats, nous croisons les campements d'été des bergers Yezidis, ces tribus nomades qui arpentent les terres du Caucase du sud depuis le XIIe siècle.

Le yézidisme, minorité religieuse kurde, découle du dualisme spirituel selon lequel le monde est créé grâce aux forces de la lumière et de la nuit. Le soleil (force divine, Dieu-Soleil) est vénéré autant que le feu, source de vie sur terre.

Le peuple yézidi compte près d’un million de personnes dispersées entre le nord de l’Iraq, l’est de la Turquie et la Syrie ; quelques uns se trouvent au nord de l’Iran et près de 200 000 en Arménie, Géorgie et Russie.

Victime de nombreuses persécutions et répressions au fil des siècles, cette communauté n’a cessé de se déplacer à-travers le Moyen-Orient et le Caucase. Séparée de ses congénères et coupée de son contexte culturel, elle a néanmoins réussi à conserver sa langue maternelle : le kurmanjî, parlé par plus de la moitié des kurdes.

Les conditions de vie des Yézidis d’Arménie sont loin d’être idylliques. Depuis les années 1990, la politique de privatisation des terres a considérablement appauvrit les paysans, ce qui a provoqué un nouvel exode rural. Les bergers yézidis ont perdu une grande partie de leurs troupeaux ovins alors qu’ils étaient les seuls à assurer et à maintenir les traditions de la transhumance en Arménie.

C'est donc avec beaucoup d'émotion et de respect que nous observons ces derniers bergers nomades d'Arménie, héritiers d'une tradition séculaire.

Le télescope radio-optique d'Orgov

En redescendant des hauteurs d'Aragats, nous faisons halte à Orgov, petite commune rurale qui abrite une curiosité scientifique, vestige de l'ère soviétique : ROT54. Ce télescope radio-optique, également connu sous le nom de radiotélescope à miroir Herouni, fut construit entre 1975 et 1985 et actif entre 1986 et 1990 avant d'être interrompu. Il a de nouveau fonctionné jusqu'à son arrêt en 2012.

Parmi les observations les plus conséquentes de la fin des années 1980, une explosion de la géante rouge (l'étoile jumelle de la constellation des Gémeaux) a été enregistrée. De nombreux articles ont été publiés dans des revues scientifiques en URSS et à l'étranger à ce sujet.

Aujourd'hui, en graissant la patte du gardien, nous pouvons observer les anciennes installations extérieures, et pénétrer dans les immeubles d'habitation du personnel scientifique.

Malheureusement pour nous, les postes de contrôle, dignes des meilleurs James Bond, sont depuis peu inaccessibles. D'après ce que nous avons compris, des équipes sont en train de tout démonter en vue de tourner un film. Je me permet de vous publier tout de même quelques images de ce qui n'est plus, provenant d'autres auteurs, car l'esthétique en vaut vraiment la peine !

Non sans quelque déception de n'avoir pu découvrir les salles de contrôle, nous redescendons au village. Orgov est traversé par une jolie rivière bordée de nombreuses tables de pique-nique. Nous sommes dimanche, il fait chaud, et bien évidemment, tout le village occupe les rives. Il est 15h et nous peinons à trouver un endroit où nous installer. Jusqu'à ce qu'on arrive au bout d'un chemin, où du haut d'une terrasse, un groupe nous fait de grands gestes et nous invite à les rejoindre...

Vous l'avez deviné, c'est reparti pour une après-midi de repas bien arrosé ! Heureusement que nous n'avions pas encore déjeuné !

Les incroyables tablées dominicales !

Une rencontre mémorable : Poncho, l'homme qui voulait vivre sa vie

Nous poursuivons notre route jusqu'à trouver en bordure de rivière un paisible petit oasis de sérénité, au pied du Monastère Hartavan Astvatsnkal, littéralement "Dieu-Réceptif".

Un joli petit coin bucolique ...

Sourire aux lèvres, pieds nus, vêtu d'un short et d'un chapeau, un homme vient à notre rencontre et se présente sous le nom de Poncho, c’est comme ça que tous le monde l’appelle ici...

Poncho, c'est Vahagn Simonyan... Clown dans sa jeunesse, musicien, chanteur, acteur, il n'a cessé de parcourir le monde en tant qu'artiste. En 2013, au festival international du film de Beijing, il obtient même la récompense du meilleur second rôle pour le film "If only everyone".

Il y a 3 ans, à 60 ans, Poncho décide de tout quitter pour revenir sur les terres de son grand-père et d'y construire une hutte en bois et en paille. Ici, il vit de peu, le lever et le coucher du soleil rythment sa vie, au plus proche de la nature. Les collines s'offrent à la cueillette d'herbes médicinales et de baies comestibles, la rivière lui procure du poisson et le lave. Les villageois et autres admirateurs touchés par son histoire lui apportent régulièrement des provisions. Pour se déplacer, il a bricolé un drôle de side-car, en assemblant le moteur d'un motoculteur à une boite de vitesse de moto. Ce qui en fait probablement l'unique deux roues fonctionnant au diesel !

En nous contant sa vie, Poncho nous a offert de longues et belles discussions riches d'enseignements. Car aujourd'hui, il se sent riche de toutes les beautés que la nature lui apporte, remercie chaque jour d'être en Vie et Libre. Heureux et libre de vivre la vie qu'il a choisi.

Merci Poncho pour ta générosité, ton grand coeur et tous ces beaux moments partagés !

Avec Poncho, devant sa hutte en paille et son side-car diesel.  

Gyumri

Nous voilà à l'extrémité nord-ouest du pays, à quelques kilomètres seulement de la Turquie, dans 2e ville d'Arménie après la capitale : Gyumri.

Sa vieille ville, Kumaïri, avec ses centaines d'édifices datant des XVIIIe et XIXe siècles, est l'un des seuls endroits du pays où il est possible de visiter une ville arménienne typique de cette époque ; car c'est l'une des rares zones à avoir résisté aux deux derniers grands séismes.

Le plus récent et le plus marquant est celui de 1988, d'une magnitude de 6,9 sur l'échelle de Richter, dont les secousses ont détruit 60 % des bâtiments de la ville. À l'échelle du pays, il a provoqué la mort de 30 000 à 100 000 personnes (les chiffres varient énormément selon les différentes sources...), et laissé 530 000 personnes sans-abri.

 Contraste entre le Gyumri du XVIIIe s. et les abris de fortune devenus résidences permanentes.

En effet, les quartiers plus modernes construits sous l'ère soviétique, ont dû être entièrement reconstruits. Cependant, à cause de la lenteur des travaux et du manque d'argent, le principal problème des habitants de Gyumri reste toujours la pénurie de logement et certaines personnes vivent encore aujourd'hui dans des abris de fortune. Nous ne pouvons nous empêcher alors d'avoir une pensée émue pour les récentes victimes turques dont le calvaire risque de durer de nombreuses années ...

Les jolies portes style Art Nouveau de la vieille ville.

Dans les années 1850, une église arménienne catholique et une église grecque orthodoxe furent construites au centre de Gyumri. Les fidèles de l'Église apostolique arménienne, qui constituaient la majorité de la population de la ville, se sentirent insultés et décidèrent de construire une nouvelle église juste entre les deux autres, plus grande et plus imposante : l'église du Saint-Sauveur.

L'église du Saint-Sauveur. 

En 1988, elle fut gravement endommagée lors du tremblement de terre et fit l'objet d'un processus de rénovation complet depuis 2002 jusqu'à il y a peu. Aujourd'hui, de nombreuses familles arméniennes viennent ici en pèlerinage se recueillir sur le monument aux morts érigé sur le parvis de l'église.

Gyumri nous a autant séduits par le charme des rues pavées de sa vieille ville, que touchés par son histoire tragique dont elle garde aujourd'hui encore les traces douloureuses. Personnellement, c'est la ville arménienne dans laquelle nous avons eu le plus plaisir à déambuler.

Elle respire à la fois un renouveau - démographique, culturel et artistique - mais reste aussi profondément ancrée dans son histoire ... Bref, une étape agréable et intéressante à ne pas manquer lors d'un séjour en Arménie !

Les petites échoppes typiques en Arménie... Au centre la boulangerie, à droite la pharmacie attenante au bureau de tabac. 

En cette fin du mois de juillet, nous reprenons tranquillement la route en direction du lac Sevan où nous avons bientôt rendez-vous avec des copains voyageurs à l'occasion du Sevan Music Festival.

Nous ne nous lassons pas de découvrir cette Arménie rurale, sauvage et hors du temps...

Au beau milieu de la campagne se dresse ici ou là ce type d'immeuble, que l'on croirait abandonné, mais qui ne l'est jamais vraiment tout à fait...

Il n'est pas rare de trouver au sommet des poteaux électriques des nids de cigognes, et chaque soir de se reposer dans des paysages bucoliques comme celui-ci.

Partout à flanc de collines sont garés d'anciens bus reconvertis en... ruches !

Et bien sûr, des monastères, encore et toujours !...

Un bus-ruche - Monastère de Marmashen 
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31 juillet - 16 août

Nous voilà de retour sur les rives du lac Sevan, où nous passons 3 jours sur un superbe spot... Au programme, farniente, lecture, bronzette et baignade ! Nous comprenons pourquoi les arméniens le surnomment "la beauté aux yeux bleus". Ses eaux sont d'une couleur si indescriptible que cela nous questionne...

C'est dans un article d'Armenpress du 09/07/2019 que nous trouvons nos réponses. Cette teinte turquoise serait due à la propagation des algues, conséquence du réchauffement du lac, de la montée de son niveau et du déversement des eaux usées. On a tout de suite un peu moins envie d'aller se baigner...

URBEX : Complexe hôtelier inachevé LNPO Avangard

Les rives du lac Sevan n'ont pas été épargnées par les projets de constructions tout en démesure de l'ère soviétique, et vous savez combien ces lieux nous fascinent, tant pour l'excitation de l'exploration, que pour les photographier...

Ces ruines de béton oubliées nous attirent... Nous sommes à l'affut des clichés de ce patrimoine souvent à l’abandon, en perdition, ce qui à nos yeux leur donne ce charme, cette beauté mélancolique, et qui fait souvent oublier le contexte dans lequel ils ont été construits.

SEVAN MUSIC FESTIVAL

Il est temps de rejoindre des copains voyageurs à proximité de la ville de Sevan où se tient tout le week-end un festival de musique ! Nous formons un campement de 4 fourgons, 2 camping-car, 5 camions, 1 4x4 et 2 vélos, comptabilisant au total 29 humains, 12 chiens, 1 chat et 1 serpent !

Le spot n'est pas des plus bucoliques et manque cruellement d'ombre; néanmoins nous sommes à 2 pas du festival et de la plage ; et en prime un terrain de pétanque tout terrain (les "marseillais" ont vaincu les normands !).

Le premier soir est plutôt rock. Nous y découvrons "NoMad", un projet musical porté par le romancier et musicien suisse Christophe Meyer et en principale collaboration avec Clive Deamer, qui n'est autre que le batteur de Portishead et Radiohead ! Dans les années 90, sous le nom "Fou", Christophe Meyer signe avec le prestigieux label EMI. Il est le premier musicien étranger à jouer en Yougoslavie au cours de la guerre.

Christophe Meyer et Clive Deamer.

Avant le concert, sur le campement, nous avons eu la chance de recevoir la visite de ces deux sacrés bonshommes, qui malgré leur réussite et popularité respectives, n'ont rien perdu en humilité, curiosité, échange et générosité. Quelles rencontres !

La petite tribu nomade avec son spécial guest : Clive Deamer !

La programmation du lendemain se tourne vers les musiques du monde et nous avons grand plaisir à découvrir un super groupe de Grenoble, "Desert Street”, avec qui nous continuons la soirée en compagnie d'Arméniens autour d'un grand feu. De leurs chants, guitares et percussions nous proviennent les rythmes et les notes du désert marocain revisités. Un jeune groupe très prometteur à écouter sans tarder !

Desert Street 

2 semaines de vacances...

Le festival terminé, nous allons tous élire notre campement sur la presqu'île de Sevan dont je vous avais parlé dans un précédent article. Pendant 2 semaines, nous prenons le temps de mieux nous connaitre, d'échanger sur nos voyages respectifs, de jouer, et tout simplement de vivre ...

... Et bien sûr de cuisiner et de partager de délicieux repas !

Un nouveau tatouage ...

Arnaud songeait à ce tatouage depuis plus de 3 ans, mais le tatoueur auquel il pensait étant surbooké, il devait attendre 1 an pour obtenir un rendez-vous, et cela l'avait découragé. C'est en rencontrant Marie qui voyage depuis 2 avec Maxime à vélo, et en découvrant son style tout en finesse, que la décision se prend, ici à Sevan, sur notre petit camp de nomades ! Après 3 heures de travail, le résultat est superbe... Merci Marie ! (pour suivre leur tour du monde à vélo : @bike_circle / pour découvrir les créations de Marie : @marietattoocool)

Toutes les bonnes choses ont une fin, et chacun(e) se décide petit à petit à reprendre la route... Beaucoup d'entre nous partent pour l'Iran et allons donc se revoir très vite; d'autres rentrent vers l'Europe et c'est avec beaucoup d'émotion que l'on se quitte. Mais cela fait aussi partie du voyage...

Avec Nana, Alex, Mani & Sha (namums_ohm) & jeanbaptistepremat

Durant ces deux semaines passées entre nomades, nous avons beaucoup appris, nous nous sommes nourris et avons repris plein d'énergie pour la suite des aventures. Que de belles et riches rencontres... MERCI !!!

Avec Camille et Nico (16_pattes_sur_6_roues)
Avec raf_cramatte, Mia (wanderingtrotters), Neus & David (aternative_pink
Avec Mark, Vera & Michel
Avec Max & Marie (bike_circle)
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17 - 21 Août

Après 15 jours d'échanges et de partages dans la petite tribu de voyageurs improvisée, nous reprenons la route direction la région d'Ararat, au centre-est du pays, regorgeant de beautés naturelles et historiques...

Lac Azat

Nous faisons halte au sommet d'une presqu'île dominant le lac Azat. Chant des grillons, envols d'oiseaux, brise légère, et quelques pêcheurs comme voisins... Le calme règne !

20 août

Aujourd'hui nous retrouvons une partie des copains pour visiter la vallée de Garni. Au programme : monastère, curiosité géologique et antiquités romaines ...

Tous Azimuts, Gwen & Vincent, Les Overlandais, Baptiste & Suzon, Bike Circle.

Monastère de Gherart

Le monastère de Gherart et la Haute vallée de l’Azat abritent de nombreuses tombes et églises, la plupart troglodytiques. L’ensemble, situé dans un paysage naturel d’une grande beauté, illustre l’apogée de l’architecture médiévale arménienne. Le complexe est entouré de hautes falaises sur son flanc nord, tandis qu’une muraille défensive l’encercle sur ses autres flancs.

Édifié entre le 4e et le 13e siècle, le monastère était à l'origine appelé Ayrivank (monastère rupestre) en raison de sa construction troglodytique. Il aurait été fondé par Saint Grégoire l’Illuminateur, suite à l’adoption du christianisme comme religion d’état en Arménie.

 Vue aérienne du monastère de Gherart.

L'une des plus belles chapelles inférieures creusée dans la roche est une tombe princière de la dynastie Proshyan. Leurs armoiries y sont gravées : deux lions surmontés d'un bœuf, ainsi qu'un l'aigle enlevant dans ses serres un agneau.

 Tombe familiale des princes Proshyan.

À l'étage supérieur, on pénètre dans la première église rupestre, entièrement creusée dans la roche, dont le plan est celui d’une croix grecque. Ses murs et colonnes portent des inscriptions gravées.

Principal centre culturel et ecclésiastique d’Arménie, il compte, outre ses bâtiments religieux, une école, un scryptorium, une bibliothèque et de nombreuses cellules destinées aux prêtres, creusées dans la roche. Aujourd'hui encore, les fidèles s'y pressent quotidiennement pour assister aux messes, portées par de magnifiques chants liturgiques.

À proximité immédiate du monastère, disséminées dans les bois de l'autre côté de la rivière Azat, de nombreuses grottes remplies de centaines de tertres, font aussi office de lieu de recueillement et de prière.

La symphonie des pierres, gorges de Garni

Dans la province de Kotayk, non loin du village de Garni se trouve l'un des monuments naturels les plus connus et les plus beaux d'Arménie : la Symphonie des Pierres.

Le monument est constitué d’immenses colonnes de basalte mesurant près de 50 mètres de haut. Ces pierres suspendues ressemblent à un orgue, ce qui explique pourquoi on les appelle aussi « tuyaux d'orgue de basalte ».

Le temple païen de Garni

À pied et sous un soleil de plomb, nous remontons depuis le fond des gorges jusqu'au sommet du village où se situe le temple de Garni. Il fut construit par le roi Tiridate au premier siècle après J.-C. pour honorer le dieu solaire Mihr, qui, dans l'ancienne mythologie arménienne, est la divinité de la lumière et de la vérité. C'est le seul bâtiment à colonnades gréco-romaine encore debout en Arménie et dans l'ex-Union soviétique. Malgré son histoire et bien que ce soit l'une des principales attractions touristiques d'Arménie, nous ne lui avons pas trouvé plus d'intérêt que ça, si ce n'est la vue sur l'ensemble des gorges de Garni.

Temple de Garni et vue sur les gorges.

Par contre, à proximité, se trouvent des bains romains du 3e siècle qui valent le détour, avec un sol en mosaïque en partie conservé. Ces vestiges nous donnent une bonne idée du système de chauffage de l'eau mis au point à l'époque.

Bains romains du 3e siècle. 

Nous terminons la journée en visitant le joli petit village de Garni et sa minuscule église Mashtots Hayrapet, construite au XIIe siècle sur le site d'un sanctuaire païen. Si vous mesurez plus d'un mètre cinquante, attention à la tête!

L'église Mashtots Hayrapet.

Monastère de Khor Virap

Parmi les vignobles et les vergers fertilisés du fleuve Araxe, perché sur une colline face au mont Ararat, Khor Virap est le premier monastère arménien de l’ère chrétienne (VIIe siècle).

D’après une légende, à l’intérieur de la chapelle se cache un puits dans lequel Grégoire Lousavoritch fut emprisonné durant treize ans, avant de devenir Saint Grégoire l’Illuminateur, père de l’Eglise et de la nation arménienne. C’est à partir de ce moment que le christianisme devint une religion d’Etat en Arménie, une première dans l’histoire de l’humanité.

Pour une fois, je n'ai pas pas pris beaucoup de photos... Mais ne vous inquiétez pas, Arnaud est en train de concocter une très belle vidéo pour vous présenter les joyaux d'Arménie !

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À l'heure où je publie enfin cet avant-dernier article de notre carnet arménien, nous sommes le 14 septembre. Nous sommes entrés en Iran il y a 2 semaines, et depuis, nos possibilités de se connecter à internet ont été assez restreintes... d'où le retard pris sur le blog.

Pour les mêmes raisons, je risque de ne pas pouvoir publier rapidement un carnet de voyage sur l'Iran... Nous tentons néanmoins de vous tenir informés sur les réseaux sociaux dès que nous le pouvons !

Sinon, tout va bien pour nous. Ce pays est absolument merveilleux et son peuple d'un accueil, d'une hospitalité et d'une générosité incomparable ... Un mois en Iran sera beaucoup trop court à notre goût !

Mais pour l'heure, revenons en Arménie !


22 - 26 Août 2023

Sur la route du Mont Armaghan...

Mont Armaghan

L’arménie est une terre volcanique et compte pas moins de 6 volcans. Aujourd’hui, nous partons à la découverte de l’un d’entre eux : l’Armaghan, culminant à 2 840 mètres d’altitude.

 Le volcan Armaghan et son environnement sauvage.

Nos 6 roues ne parviennent pas à nous hisser au sommet et nous élisons domicile à flanc de volcan, à 2 km du cratère, surmonté d'une petite chapelle en basalte.

Du haut de l'Armaghan, notre Totoro est minuscule dans cette immensité désertique ! Nous profitons de l'air frais de l'altitude et de ce calme olympien pour passer deux journées et deux nuits ressourçantes.

L'autre jour, ma mamie me questionnait au sujet de l'eau, qui est en soit notre quête principale en tant que nomades. Jusqu'en Géorgie, tout s'est bien passé, nous n'avons jamais manqué d'eau et en avons toujours trouvé facilement. L'Arménie est le premier pays où nous devons souvent chercher, alors quand au pied du volcan, on tombe sur cette source claire alimentant un abreuvoir, on se réjouit !

Caravansérail de Selim

Nous poursuivons notre route du nord au sud du pays en empruntant l'ancienne route de la soie qui reliait le monde arabo-persan aux pays du Caucase. Nous faisons halte dans le plus célèbre et le mieux conservé de ses caravansérails : Sélim, exemple exceptionnel de l’architecture profane arménienne du Moyen-Âge. Au-dessus de la porte se trouve un tympan conique décoré d’inscriptions d’origine seldjoukide, et de part et d'autre, un taureau et une chimère sculptés surveillent l’entrée du caravansérail.

Nous pénétrons dans le bâtiment par une première pièce, prolongée d'une longue salle voûtée divisée en trois nefs par des colonnades. Les deux allées latérales plus étroites étaient utilisées pour les marchands et leurs produits tandis que les animaux étaient gardés dans l’allée centrale. Des auges en pierre ont été aménagées pour l’alimentation des animaux et pour fournir de l’eau. La lumière et la ventilation se font par de petites ouvertures dans le toit mais l’intérieur reste assez sombre.


Monastère de Noravank

Dans les gorges de la rivière Amaghou, dominant le canyon et encerclé de roches rouges se dresse l'un des plus beaux monastères d'Arménie : Noravank. Célèbre pour sa belle architecture, son histoire et les paysages qui l’entourent, il se compose de deux églises, d'une chapelle, plusieurs khatchkars et de remparts.

Le monastère de Noravank est un chef d'oeuvre de l’architecture médiévale arménienne. On le doit à l'architecte-sculpteur-enlumineur Momik, dont les réalisations sont aussi reconnues que révolutionnaires à son époque, mélangeant le style traditionnel arménien à celui du Moyen-Orient.

L'intérieur des églises et des chapelles abrite de nombreuses tombes, dont celle de Momik, ou encore celle, ornée d'une figure féline, du prince Élikum Orbélian qui avait la réputation de rugir tel un lion au combat.

Pierre tombale d'Élikum Orbélian

Jermouk

À l'époque soviétique, Jermuk était une destination prisée des ressortissant de toute l'Union, notamment pour ses sources minérales aux pouvoirs thérapeutiques, mais aussi pour ses paysages alpins, ses cascades et son air frais. Mais tout a changé dès 1991 après la dissolution de l'Union soviétique et la crise économique post-indépendance qui a frappé l'Arménie par la suite. Sa population, qui s’élevait à 10 000 habitants à la fin des années 1980 est tombée à moins de 5 000 au début du XXIe siècle. Aujourd'hui, Jermuk connaît un renouveau en tant que destination touristique et thermale.

Vue du pont de Jermuk - Immeubles typiques de l'ère soviétique - Ancien théâtre. 

L’une des curiosités de la ville est sa galerie des eaux : une vaste allée à colonnades disposant de cinq vasques en pierre alimentées en eau minérale dont les températures varient de 30°C à 53°C. Chacune est censée avoir des propriétés curatives différentes, notamment le traitement des problèmes d'estomac et de foie, des maladies cardiaques et du cancer.

La galerie d'eau minérale.

Les ruines d’une forteresse datant du 1er siècle et d’une basilique du VIIIème siècle témoignent que les sources de Jermuk sont depuis longtemps convoitées. Aujourd’hui, l’eau embouteillée de Djermuk est l’eau minérale la plus populaire d’Arménie.

 La galerie de l'eau et ses fontaines curatives.

Il reste encore à Djermouk une poignée de bâtiments de l'époque soviétique, fermés ou complètement abandonnés. Le plus important d'entre eux est l'ancien centre sportif et culturel de la ville, un grand bâtiment conçu dans le style classique du modernisme soviétique, qui comprenait une piscine, une bibliothèque, un théâtre/salle de conférence de 800 places et un café.

Après l’éclatement de l’Union soviétique, le complexe a été acheté par un homme d’affaires arménien qui s’est engagé à la restaurer. Mais il a rencontré des difficultés financières et le projet n’a jamais vu le jour. Depuis, le bâtiment reste là, se dégradant d’année en année. Dans ces décombres entourés d'eau et de verdure , nous avons retrouvé l'ambiance post-apocalyptique de certaines villes thermales géorgiennes...

Encore merci de suivre nos aventures et à très vite pour le dernier article de notre périple en Arménie !

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27 août - 2 septembre 2023

Nous imaginions qu'en descendant vers le sud de l'Arménie, nous allions trouver des paysages de plus en plus désertiques et arides... Que nenni !

Cascade de Shaki

En cette fin du mois d'août, nous sommes comblés de trouver un peu d'ombre et de fraicheur sur de très jolis spots au bord des nombreux cours d'eau qui serpentent dans le sud du pays.

Au fond des gorges de la rivière Vorotan, des coulées de lave basaltique se sont solidifiées pour former une corniche de 18 mètres de haut d'où tombe la cascade Shaki. Aussi courageux que téméraire, Arnaud s'est offert une douche des plus tonifiantes ! Et sur le chemin du retour, nous nous sommes de nouveau retrouvés dans un guet-apens à l'arménienne ...!

Goris

Avec les fortes chaleurs estivales, voilà bien longtemps que nous n'avons randonné. C'est sur les abords de la ville de Goris que nous reprenons du service en partant à la découverte d'un étonnant décor naturel aux airs de Cappadoce...

Partant du cimetière de la commune, nous laissons les tombes derrière nous pour arpenter la colline au milieu des cheminées de fée. En chemin, nous découvrons une minuscule chapelle ouverte, construite autour d'une source.

Ce singulier paysage de pierres, que l'on pourrait facilement considérer comme une simple curiosité géologique, est en réalité l'ancien village troglodyte de Goris. Au sommet, une vue plutôt pas mal nous attend, et bien sûr, l'incontournable table de pique-nique, comme partout en Arménie !

Monastère de Tatev

Nous poursuivons notre route en direction de l'Iran et les reliefs sont de plus en plus grandioses... Il n'est pas difficile de trouver chaque soir des spots aux vues aussi spectaculaires les unes que les autres.

Après quelques kilomètres sur une route pour le moins sinueuse (voir dernière photo), nous parvenons au monastère de Tatev, qui, du haut de la falaise, domine le canyon de Vorotan.

Étant l'un des sites les plus fréquentés d'Arménie, nous choisissons de le visiter juste avant sa fermeture. À part un groupe de militaires, nous sommes absolument seuls, chose à-priori rarissime ici !

Perché à 1537 m d'altitude, le monastère de Tatev fut fondé au IVe siècle. Entouré de remparts pour se protéger des invasions, il se compose de plusieurs bâtiments : 3 églises, cellules monastiques, réfectoire, cuisine, boulangerie, bains et grange. Certaines des salles exposent de remarquables exemplaires de khatchkars anciens, ainsi que d'autres antiquités telle que cette belle porte de bois sculptée.

En panne !!!

Nous sommes le 1er Septembre, nous ne sommes plus qu'à quelques dizaines de kilomètres de l'Iran. Nous passons la frontière demain, et par précaution nous faisons le plein à Kapan. Mais quelques kilomètres après la pompe, Totoro commence à perdre de la puissance, jusqu'à s'arrêter complètement et refuser de redémarrer ... Nous voilà bien embêtés !

La qualité du diesel n'étant pas la même en Arménie qu'en France, nous pensons d'abord que cela peut provenir de l'encrassement du filtre à gasoil. Heureusement, nous en avons un d'avance et le changeons au bord de la route. En effet, il était vraiment sale ! Mais au moment de remettre le contact, le moteur refuse toujours de démarrer. En pompant manuellement et après plusieurs tentatives, nous y parvenons enfin, et faisons demi-tour direction le 1er garage.

Les mécaniciens passent 2 heures à chercher la cause de la panne, en vain... À force de réflexion et en repensant au fil des événements de la journée, je constate que le problème est survenu juste après avoir fait le plein... et si le pompiste s'était trompé de carburant ?! Et bien oui... il suffit d'ouvrir le réservoir et de mettre le nez dedans pour reconnaitre l'odeur de l'essence...

C'est parti pour une vidange intégrale à l'ancienne qui prendra plus de 4 heures... Au moins, on fait un heureux : un habitant passant par là récupère nos bidons 50% diesel / 50% essence pour faire son plein et repart avec le reste des bidons dans son coffre. Ces vieilles Lada semblent pouvoir rouler à n'importe quel mélange !

Cette mésaventure nous a quand même coûté près de 100 € de vidange, sans compter le prix du plein perdu... En fin de journée, nous décidons de retourner à la fameuse station service de ce matin, afin d'expliquer l'histoire, photos à l'appui, au vieux pompiste qui ne veut rien entendre. Il fini par appeler son patron, qui à la nuit tombée, voudra finalement bien nous rembourser ce plein d'essence...

On peut enfin reprendre la route, vite oublier cette histoire et demain... nous serons en Iran !


L'Arménie, c'est...

Une nature grandiose, sauvage et préservée et ses pistes chaotiques !

La beauté et le calme du lac Sevan

Les petites stations services d'un autre temps... mais toujours en fonction !

Les abris bus défoncés au milieu de nulle part.

Les vieilles Lada abandonnées, ou recyclées en poulaillers, ou en clôtures ...

Les bus so vintage !

Les vendeurs de bord de route

On s'est longtemps demandé ce que pouvait bien être cette étrange matière blanche aux airs de polystyrène remplissant les seaux ... Jusqu'à ce qu'on en trouve en fin de maturation : des cultures de champignons ! Nous avons aussi testé un de ces jus de fruits, mais ils sont imbuvables car ils fermentent du matin au soir en plein soleil... Et une des spécialités arméniennes, la gata, un pain sucré aux noix assez bourratif rappelant un peu notre galette des rois.

Le lavash

Le fameux pain arménien cuit dans le tonir (four traditionnel creusé à même le sol).

La mémoire partout présente

Des cabanes à pique-nique où trônent des messages et/ou des plaques funéraires à la mémoire des disparus, aux murs des villes peints à l'effigie des soldats morts au combat, on sent que l'Arménie est un pays meurtri, en deuil.

"La bataille a tué tout le monde, même ceux qui sont restés en vie."

Mais aussi et surtout, la gentillesse et la générosité de ce peuple, aussi accueillant que touchant ... MERCI !

Ce carnet arménien touche à sa fin

On vous dit à très vite pour le prochain

Qui cette fois-ci sera iranien !

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