Persépolis, les vestiges d'un empire
18 septembre
Aujourd'hui, je vous propose une petite séance d'histoire à l'occasion de notre visite de Persépolis, la principale capitale de l'Empire achéménide. Les Achéménides étaient une dynastie de rois qui ont fondé et dirigé le premier des empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient durant le 1er millénaire av. J.-C. S'étendant sur 7,5 millions de km2 et comptant 5 capitales (Babylone, Persépolis, Suse, Pasargades et Ecbatane), c'est l'un des plus grands empires de l'Antiquité.
Persépolis fait partie d’un vaste programme de constructions monumentales visant à asseoir la légitimité du pouvoir royal et à montrer la grandeur de son règne. Son édification commence en 521 av. J.-C. sous Darius Ier et se poursuit pendant plus de deux siècles, jusqu’à la conquête de l'Empire et la destruction partielle de la cité par Alexandre le Grand.
Reposant sur une terrasse de 450 m sur 300, et 14 m de haut, Persépolis est un vaste complexe de palais aux fonctions protocolaires, rituelles et administratives : audience, appartements royaux, harem, salle du trésor, garnison, etc. Tout autour s’organisent les tombes royales, des autels et jardins.
Son entrée s'effectue par l'imposante Porte de toutes les nations, ou Porte de Xerxès, gardée à l'ouest par deux taureaux de 5,5 m de haut, et à l'est par une paire d'hommes-taureaux ailés, ou lammasus. Chaque entrée était fermée par une porte de bois à deux battants ornées de métaux précieux.
Les historiens ont longtemps pensé que Persépolis ne servait qu’aux cérémonies du nouvel an perse, durant lesquelles le roi recevait les présents des nations assujetties de l’empire. On sait aujourd’hui que la cité était occupée en permanence et tenait un rôle administratif et politique central, grâce aux nombreuses archives écrites sur des tablettes d’argile découvertes dans les bâtiments du trésor.
À l'est du Palais des cent colonnes se dresse le Kuh-e Rahmat (en persan : « le mont de la Miséricorde »), dans la paroi duquel sont creusées les sépultures royales qui surplombent le site.
Chaque sépulcre est entouré de sculptures à colonnades représentant des façades de palais, surplombées de gravures. On y retrouve le Faravahar, l’un des symboles préislamiques les plus connus d’Iran. Malgré sa nature traditionnellement religieuse (représentation du dieu Ahura Mazda), il est aujourd'hui devenu un symbole laïc et culturel. Le Faravahar est une représentation du Fravashi, ou esprit personnel. Il symbolise les principes de base de la religion zaroastrienne : les bonnes pensées (pendār-e nik), les bonnes paroles (goftār-e nik) et les bonnes actions (kerdār-e nik). Durant notre séjour en Iran, nous avons à de multiples reprises entendu mentionner ces principes qui semblent accompagner et guider le quotidien des iraniens.
Le clou de la visite est probablement l’escalier est, remarquablement préservé, dont les bas reliefs illustrent l’arrivée des délégations provenant de vingt-trois nations assujetties, alternativement conduites par des guides perses et mèdes, menant le délégué de tête par la main.
Ce défilé présente près de 250 personnages et 40 animaux. Les caractères ethniques sont méticuleusement reportés, et les détails sont ouvragés avec finesse. La distribution par registres en rangs définis et la raideur des sujets répondent aux impératifs fixés par le roi : mise en valeur de l’ordre et de la rigueur !
L’escalier comporte de multiples symboles de fertilité (arbres, graines, germes et fleurs de grenade), tandis que le lion dévorant un taureau symbolise Norouz, le renouveau du nouvel an (le 21 mars dans le calendrier persan), et donc le début de l’activité agricole après l’hiver. Deux autres motifs prédominent dans l'ornementation de Persépolis : la fleur de lotus, symbole de paix et d’amitié, et le cyprès, symbole d’immortalité. Selon une légende persane, ce serait le premier arbre à avoir pousser au paradis.
Malgré ces nombreux symboles protecteurs, son faste et sa monumentalité, Persépolis ne dispose pas de solides défenses. En 331 av. J.-C., on fait porter à Alexandre le Grand, dont l’armée approche, une lettre de reddition l’invitant à se rendre à Persépolis en vainqueur. La chute de Persépolis est suivie du massacre de ses habitants et du sac de ses richesses. À l’issue d’une journée de beuverie en l’honneur de la victoire, Persépolis est incendiée sur ordre du roi aviné. Les écrits anciens mentionnent les regrets exprimés plus tard par un Alexandre honteux de son geste.
La destruction de Persépolis marque la fin du symbole de la puissance achéménide. Le premier empire perse disparaît complètement avec la mort de Darius III, dernier empereur de sa dynastie.
Shiraz, cité des poètes
19-20 Septembre
Shiraz ne manque pas de surnoms : ville des roses, des rossignols, des jardins et des poètes, c'est une étape incontournable de tout voyage en Iran. Ses nombreux qualificatifs nous donnent un avant-goût de l’atmosphère magique qui règne dans la ville...
Malheureusement, en cette fin du mois de septembre, la chaleur y est encore accablante et nous ne profiterons finalement pas de la ville autant que nous aurions pu le faire au printemps.
Pour les végétariens que nous sommes devenus, le choix au restaurant devient très restreint. On a heureusement découvert le kashke bademjan, une sorte de purée d'aubergines crémeuse qui accompagne merveilleusement bien le traditionnel riz basmati au safran. Malgré la chaleur, nous goûtons aussi quelques soupes. Ici, la soupe ash-e jo (sans poulet) à l'orge et au yaourt, dans laquelle on adore tremper notre lavash. Pour accompagner tout ça, rien de mieux qu'un doogh, une boisson salée à base de yaourt de brebis fermenté.
Visite du mausolée de Shah Cheragh
Tristement connu pour l'attaque terroriste revendiqué par l'État islamique qui s'y teint le 26 octobre 2022, tuant 15 personnes, c'est l'un des sanctuaires et lieux de pèlerinage les plus importants d'Iran.
Dès le portique menant vers la vaste cour, nous sommes subjugués. Partout où se pose notre regard, ce n'est que beauté, finesse et savoir-faire : mosaïques colorées, stucs, marbre ouvragé, panneaux d'argent martelés, etc.
Mais en pénétrant à l'intérieur de la sépulture, c'est une explosion de lumières et de scintillements ! J'ai omis de vous dire que les hommes pénètrent par la grande porte dorée, tandis que les femmes par la petite porte "de service" à droite. À l'intérieur, les espaces sont également séparés par des paravents.
Le "côté femmes" n'occupe qu'une infime partie du mausolée, et c'est donc Arnaud qui témoigne de ce qui se passe derrière, côté hommes : des plafonds d'or et de miroirs sur lesquels se reflètent la lumière des lustres de cristal et du soleil à travers les vitraux polychromes... On peut dire que ça brille de mille feux !
Finalement, nous profitons davantage de Shiraz à la nuit tombée, une fois que la chaleur se dissipe un peu. À la lueur des échoppes, les rues s'animent des Shirazis qui aiment se balader en famille ou entre amis, dans une ambiance joviale et légère. C'est ici que nous dégustons notre première glace au safran... Hummmmmmm !!!!
En ces 2 journées caniculaires passées ici, nous n'avons qu'une infime idée des richesses et beautés de Shiraz. Une seconde visite s'impose donc au printemps, pour prendre le temps de vagabonder au grée de ses rues et jardins parfumés de fleurs d’oranger fraichement écloses (je vous avais bien dit que c'était la ville des poètes...!).