À propos

Nous c'est Mel & Arnaud, alias Tous Azimuts. À bord de notre fourgon Totoro, nous sillonnons les routes de la France à l'Asie, à la rencontre des beautés du monde & de nous même.

Déroutante Géorgie !

* Km 16 250 - Km 17 770 * Parcourant ses routes chaotiques envahies d'animaux de tous poils, d'explorations urbaines aux grands espaces sauvages, la Géorgie ne cesse de nous surprendre !
Du 9 juin au 9 juillet 2023
31 jours
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9 juin 2023

Nous voici en Géorgie, pays que nous avions vaguement évoqué en planifiant notre itinéraire, mais sur lequel nous ne nous sommes finalement quasiment pas renseignés. C'est donc en totale découverte que nous faisons nos premiers pas sur cette terre inconnue !

Nous laissons derrière nous le croissant et son étoile, les effluves de thé, de narguilé et de kebap, les mosquées et les 5 appels à la prière quotidiens... et en l'espace de 2 heures et d'une frontière, nous voilà plongés dans un tout autre monde... pour le moins déroutant !

Observation n°1 : Plus de la moitié des véhicules sont accidentés et n'ont plus de pare-chocs... Il faut dire que le géorgien boit beaucoup, roule vite, double sur les lignes blanches et sans visibilité aucune... Ensuite, les pièces de rechange sont trop chères et d'autant plus difficiles à trouver ici.

Observation n°2 (qui explique en partie la 1ere) : En Géorgie, la route se partage avec tous les animaux de la ferme ! Comme il n'y a pas de clôture dans les champs, tout le monde est libre de circuler comme bon lui semble. L'avantage, c'est que les bords de route sont naturellement entretenus par les animaux.

Vaches, chevaux, moutons, chèvres, mais aussi cochons et chiens sont partout sur les routes ! 

Observation n°3 : Il n'y a aucun doute, nous sommes bien en ex union soviétique, comme en témoigne l'architecture...

... ainsi que toutes les vieilles Lada encore en circulation, pour le plus grand plaisir d'Arnaud !

Observation n°4 : Ici, la lessive s'expose et participe à la poésie des paysages urbains. Même si on est bien loin des ambiances italiennes, on adore !

Observation n°5 : Les campagnes semblent figées dans un passé au charme suranné... voire inquiétant !

Bref, après 2 mois en Turquie, nous voilà bien dépaysés, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Car ici flotte dans l'air un je-ne-sais-quoi qui nous plaît, qui nous parle et nous appelle.

On ressort les appareils photos et c'est parti à la découverte de la Géorgie !

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9 - 12 juin

À quelques kilomètres de la frontière turque, au bord de la mer Noire, s'étend la 2e plus grande ville de Géorgie : Batoumi.

Le visage moderne de Batoumi. Au centre, la Tour Alphabet.

Destination touristique très prisée des « novoritchis » (nouvelle bourgeoisie russe post-soviétique), hôtels, casinos et autres gratte-ciel aux architectures aussi modernes qu'audacieuses y ont poussé ces dernières années. C'est la raison pour laquelle Batoumi est très souvent qualifiée de "Las Vegas Géorgienne". Nous nous attendions donc au pire en pénétrant dans cette ville ! Pourtant, c'est sous un tout autre angle que nous avons eu la chance de la découvrir, en nous perdant hors des zones touristiques et des sentiers battus, à la rencontre des quartiers populaires.

Tandis que les "novorichis" déambulent dans les luxueux malls climatisés du centre ville, c'est une toute autre réalité que vit la population locale.

Les petits commerces s'organisent par spécialités et improvisent leurs stands à même les trottoirs ou dans les coffres des fourgons et des voitures.

Niveau mode, la récup, la seconde main et autres friperies sont à l'honneur et pullulent un peu partout (c'est le cas dans tout le pays). Comme en Turquie, on trouve un bazar dans chaque grande ville géorgienne où l'on trouve absolument de tout. Ici à Batoumi, c'est un véritable dédale de ruelles absolument tentaculaire, partiellement à ciel ouvert mais qui s'étend aussi sous terre. Les allées y sont parfois si étroites qu'il est difficile de s'y croiser, et nous avouons s'y être complètement perdus !

À quelques rues des immeubles brinquebalant et des façades de guingois, on pénètre dans le petit centre ancien fondé au VIIIe siècle. L'ambiance qui y règne et son architecture m'ont étrangement fait penser au quartier français de la Nouvelle Orléans : façades agrémentées de terrasses en bois et fer forgé, jolies boutiques et bars branchés. Le soir, des petits concerts ont lieu sur "La Piazza" où familles aisées locales et touristes se réunissent dans une ambiance joviale et bon-enfant. On y mange, on y danse et on y boit... beaucoup !

Cette ville nous a profondément étonnés de par ses contrastes, et ce sera finalement le cas pour toutes celles que nous traverserons lors de notre périple en Géorgie.

Un visage jeune, culturel et créatif tourné vers l'avenir, côtoie un passé que l'on sent lourd et marqué... L'histoire tourmentée de la Géorgie nous a donné l'impression d'une recherche d'identité de sa population. On ressent nettement une animosité envers les russes bien que le pays soit encore très imprégné de la culture soviétique.

... Sinon, comme partout depuis les Balkans, encore un pays à chats (et chiens) !

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13-14 juin

Ce petit pays à l'Histoire mouvementée est truffé de lieux abandonnés au charme mêlé d'inquiétante étrangeté. Au milieu de nulle part, non loin de la petite ville de Senaki, nous tombons sur cette ancienne station thermale où un clan de chevaux semble avoir élu domicile : le sanatorium de Menji.

Notre présence ne leur a pas tellement plu, et c'est au galop qu'on les voit s'échapper, nous laissant seuls pour découvrir les lieux désertés.

La salle de réception, parée d'une colonnade circulaire, est surmontée d'un dôme orné de bas reliefs en stuc et percé en son centre, offrant à la pièce une lumière zénithale.

De part et d'autre de cette pièce s'étendent deux ailes comprenant les chambres et les bains.

Il règne en ces murs une atmosphère particulière, et nous avons plaisir à nous imaginer les lieux une centaine d'années en arrière, peuplés de résidents et de soignants vaquant à leurs occupations. Cette époque est belle et bien révolue...

Avant de reprendre la route, nous prenons la pose dans sous ce singulier abribus qui nous a bien plu, comme tant d'autres ici en Géorgie ! Je me disais justement que ce serait un bon sujet photo: les abribus géorgiens de l'ère soviétique... Je ne croyais pas si bien dire, le sujet a déjà été amplement traité par de nombreux photographes et je n'arrête pas depuis, de tomber sur des publications à ce propos !

Si bon nombre d'établissements thermaux avaient autrefois fleuris dans cette région, c'est grâce à ses sources d'eau minérale riche en soufre et en sodium. Utilisée en bains, cette eau magique a des pouvoirs curatifs dans certaines maladies des articulations, du système nerveux, gynécologique et cardiovasculaire. C'est donc avec grand bonheur que nous découvrons un peu plus loin ce SPA naturel et sauvage : les sources chaudes de Nokalakevi.

En amont de la rivière s'écoulent les eaux sulfureuses qui ont avec le temps formé cette grotte minérale qui n'est pas sans rappeler les châteaux de nuages de Pammukale ! L'eau qui s'y écoule est vraiment très très chaude (plus de 80°C !) et nous n'avons même pas essayé de nous installer à l'entrée de la grotte. Mais cette eau bouillante s'écoule le long de la plage, formant de petits ruisseaux au milieu des galets, jusqu'à la berge. Il suffit alors de creuser sa piscine le long de la rivière, avec une arrivée d'eau chaude en amont, et une bien fraîche en aval... Quel pied !

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15 - 17 juin

La visite de Tskaltubo est l’un des points forts de notre périple en Géorgie, tant par l’ambiance qui s’en dégage que d’un point de vue purement photogénique, pour les amoureux de l’urbex que nous sommes !

Pour appréhender au mieux les photographies que nous y avons réalisées, il est nécessaire de vous conter la tumultueuse histoire de cette petite ville thermale.

Vue aérienne de Tskaltubo dans les années 50. 

Les premiers bains publics et sanatoriums ouvrent leurs portes entre 1870 et 1925. En 1931, Tskaltubo est désigné comme LE centre de balnéothérapie du gouvernement soviétique et devient l'un des lieux de villégiature préférés de Staline.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les hôtels sont utilisés comme hôpitaux ; mais après la guerre, leur popularité augmente et dans les années 80, la ville devient l'une des destinations touristiques les plus prisées de l'Union soviétique. On comptait environ 5 000 lits dans la vingtaine d’hôtels et sanatoriums construits autour du Parc Aquatique Minéral de Tskaltubo, où se concentrent tous les bains et sources thermales du site. À son apogée, des milliers de personnes y affluaient de toute l'Union soviétique, et jusqu’à quatre trains quotidiens s’y rendaient depuis Moscou !

À l’époque, un séjour au spa n'était pas réservé qu’aux riches. Il s'agissait d’une pause annuelle prescrite et obligatoire, le «droit au repos» étant inscrit dans la constitution russe. Ainsi, sous le régime communiste, une visite chez le médecin pouvait aboutir à être envoyé dans une des nombreuses villes thermales de Lettonie ou de Géorgie comme Tskaltubo, ou encore en Azerbaïdjan pour se baigner dans du pétrole brut chaud (si si, je vous assure ! Ce curieux traitement est d'ailleurs encore pratiqué et très en vogue là bas !)...

 Images d'archives du magnifique sanatorium Medea.

L'indépendance de la Géorgie en 1991 et la chute de l'Union soviétique fin décembre 1991 ont marqué l'effondrement de l'industrie thermale de Tskaltubo. Sans clients, la plupart des sanatoriums et hôtels ont été contraints de fermer leurs portes.

Pendant le conflit Géorgie-Abkhazie de 1992/1993, plus de 200 000 personnes ont fui la région séparatiste d'Abkhazie et 8 000 à 9 000 d'entre elles ont trouvé refuge dans les chambres des hôtels abandonnés de Tskaltubo. Cela devait être un arrangement temporaire, mais trois décennies plus tard, ces appartements de fortune sont devenus les résidences permanentes des 1 100 familles encore sur place. L'état des bâtiments est insalubre et bien que les services publics de base soient connectés, les normes de sécurité sont inexistantes et aucun fonds n’est alloué pour l'entretien des parties communes.

Au détours des couloirs du sanatorium Gelati.

Ces dernières années, Tskaltubo est devenu une destination très populaire pour les amateurs d'exploration urbaine. Évidemment, par respect pour les personnes déplacées qui y vivent encore, nous n'avons exploré que les parties abandonnées des bâtiments.

En montant aux étages du sanatorium Medea.

À son apogée, jusqu'à 1 500 personnes par jour prenaient des traitements à Tskaltubo. Aujourd’hui, plus qu’une poignée de visiteurs profitent des quelques établissements thermaux encore en fonction. Le gouvernement géorgien recherche des investisseurs pour aider à restaurer la ville à la grandeur de ses jours passés, mais ce processus est lent. Certains des sanatoriums ont été vendus aux enchères et commencent à être rénovés, mais l’ensemble de la ville n’en reste pas moins dans un bien triste état.


Sanatorium Gelati

Le Sanatorium Gelati est une belle et grande propriété divisée en deux parties. L'aile ouest et les pièces entourant la cour centrale sont occupées par des personnes déplacées, tandis que l'aile est est complètement abandonnée.

Une immense salle de bal aux plafonds hauts de 6 ou 7 mètres s'ouvre sur la campagne environnante.

Sanatorium Medea

L'approche du Sanatorium Medea par sa longue allée déclenche un inévitable « wouahou ! » quand nos yeux se posent sur sa majestueuse façade à colonnes qui s'ouvre sur une terrasse aux proportions tout aussi impressionnantes.

Mais si l'extérieur n'a que peu perdu de sa superbe, l'intérieur en revanche ...

Une grande partie de ce bâtiment fut occupé par les personnes déplacées et on trouve encore quelques meubles et effets personnels laissés sur place. Même si nous avons eu l'impression qu'il était aujourd'hui complètement abandonné, nous n'en sommes pas tout à fait sûrs car certaines portes étaient cadenassées.

La cour intérieure, envahie de végétation et ainsi baignée d'une certaine poésie vaut aussi le coup d’oeil.

Sanatorium Metalurgi

Il nous a été assez difficile d’explorer le sanatorium Metalurgi car l’une de ses ailes est habitée et une femme peu accueillante veille au grain et a voulu nous soutirer quelques billets pour nous laisser accéder aux salles inoccupées. Nous parvenons malgré tout à faire un détour pout nous frayer un chemin ! L’extérieur du bâtiment, de style classique de l'Empire stalinien, est remarquable, mais l’atmosphère qui émane de ses espaces intérieurs l'est encore plus.

Avec ses grands balcons, ses salles de bal et de concert, ses volées d’escaliers, ses colonnes de marbre et l'immense lustre suspendu au plafond, Metalurgi est probablement le sanatorium le plus évocateur du faste qui régnait à Tskaltubo à son apogée.

Sanatorium Imereti

Avec ses impressionnantes volées d’escaliers, ses colonnes de marbre et les vestiges d'une rotonde majestueuse, le Sanatorium Imereti est un des édifices les plus remarquables de Tskaltubo.

Mais passées les salles de bal et de réception, en montant à l’étage, nous découvrons des chambres qui semblent avoir été désertées y a peu de temps. Ici et là s’entassent de nombreux effets personnels, des restes de nourriture, des vêtements, cahiers d’écoliers et peluches… L’ensemble est emprunt de désolation et d’une grande mélancolie.

Bathhouse Number 8 

Ce bain public était probablement davantage destiné au prolétariat qu'à l'élite du parti. Son architecture circulaire et l’immense lucarne centrale lui confèrent une certaine allure d'OVNI. Sur les cloisons séparant les différents quartiers des bains organisées en étoiles, on distingue encore des reliefs représentant des scènes pastorales où courent des faons.

Bains n°8 

Hôtel Savane

L'hôtel Savane, construit en bordure du parc pour les employés du ministère de la Défense de l'Union soviétique, est complètement abandonné et menace de s’effondrer.

Hôtel Sinatle

Malgré sa vétusté, l'hôtel Sinatle est encore occupé par des personnes déplacées; nous ne nous y sommes donc pas plus aventurés.

Hôtel Samgurali

L'extérieur de ce bâtiment construit en 1974 met en évidence les difficultés que doivent endurer les déplacés de Tskaltubo. Utilisant des matériaux de récupération, de nombreux résidents ont fermé leurs balcons pour augmenter leur surface intérieure.

Si nous repassons par Tskaltubo au retour, j'avoue que ce serait avec grand plaisir, car il nous reste de nombreux autres superbes sanatoriums à explorer ! Certains sont bien cachés, envahis par la nature partout présente ici, dont de nombreux gigantesques magnolias...

Cette petite vidéo intitulée Tskaltubo : la station balnéaire abandonnée de Géorgie que les réfugiés appellent « chez eux » propose un bon résumé de l'histoire de cette ville. Vous y reconnaitrez certains des édifices que nous avons explorés.

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18 -19 juin

Bien que Kutaisi ne soit pas à la hauteur d'autres destinations que nous avons visitées en Géorgie, elle ne manque toutefois pas d'intérêt, notamment pour son ambiance authentique, ses différents types d'architectures et d'autres vestiges de son passé.

C'est dans le jardin d'un "kutaisien" que nous élisons notre domicile pour ces 2 nuits. Notre hôte nous informe qu'un festival de musique se tient justement encore ce soir, au parc de Kutaisi, en plein cœur de la ville. C'est donc dans une ambiance jeune et festive que nous la découvrons tout d'abord !

Les jours suivants, nous avons plaisir à déambuler dans cette ville aux contrastes architecturaux saisissants... D'immenses barres d'immeubles résidentiels typiques de l'ère soviétique côtoient d'autres bâtiments plus anciens de style Staline-Empire, ainsi que des maisons de bois et de torchis aux toits de taule. Cet ensemble hétérogène et authentique a su nous charmer et nous avions davantage la sensation de visiter un gros bourg plutôt qu’une ville de 200 000 habitants.

La très jolie fontaine Colchis, monument remarquable de Kutaisi, est située sur sa place centrale. Elle représente des modèles agrandis de bijoux anciens découverts sur le site archéologique du même nom (j'y reviens juste après). La fontaine s'organise sur quatre niveaux, ornée de statues d'animaux de style naïf dont les reflets d'or contrastent avec les mosaïques bleues de leurs socles.

Le Green Bazaar

Le mur entier de l'entrée ouest du Green Bazaar, le marché couvert de Kutaisi, est décoré d'un panneau de terre cuite fantastiquement orné intitulé "Kolkheti", ou plus communément "Colchis" : région préhistorique (17e s. avant J.-C.) de la côte de la mer Noire. Associée aux Argonautes, elle est souvent considérée comme le berceau de la nation géorgienne. Des preuves archéologiques suggèrent que Kutaisi aurait été le centre politique et la capitale du royaume de Colchis.

Ce panneau monumental fut créé dans l'atelier de l'artiste géorgien Bernard Franz Nebieridzeby entre 1980 et 1985. Le sculpteur décède en 1987 et grâce aux efforts de sa famille et au soutien de la municipalité, le bas-relief est érigé sur la façade ouest du marché en 1995.

À l'intérieur du bazaar, on déambule et on se perd à travers un labyrinthe de ruelles sombres semi couvertes et parfois souterraines où se succèdent de minuscules boutiques de babioles, vêtements (principalement de seconde main), maroquinerie (de contrefaçon), etc.

On ne sait trop comment, mais nous débouchons sur le marché où les vieilles dames vendent leurs épices, herbes, fruits et légumes pour presque rien. Un endroit riche en couleurs et en arômes.

Autre curiosité de Kutaisi : son téléphérique datant de l’ère soviétique. Construit dans les années 50, l'infrastructure n'a pas changé et ce sont toujours les mêmes petites cabines branlantes qui transportent les passagers.

Le téléphérique enjambe la rivière Rioni et nous emmène au sommet d'une colline qui domine la ville. Nous nous retrouvons alors dans une espèce de parc d’attraction à l'ambiance très étrange : Le Besik Gabashvili Amusement Park... Malgré le beau temps, les manèges, dont la plupart datent de l'ère soviétique, sont quasiment vides. Mais ce qui nous saisi par dessus tout, c'est qu'il n'y a pas un brin de musique et que les seuls sons que l'on entend sont les grincements réguliers des installations foraines vieillissantes... Difficile de décrire cette singulière atmosphère, nous aurions dû la filmer !

 La roue du Besik Gabashvili Amusement Park rappelle étrangement celle encore debout de Tchernobyl...

Monument à Galaktion Tabidze

Né en 1892, Galaktion Tabidze était un célèbre poète géorgien, dont l'oeuvre a grandement inspiré la poésie contemporaine géorgienne. Même si Galaktion survécu à la Grande Purge de Staline (1936-38), cette période de terreur le plongea dans le désespoir : alcoolisme, dépression, il s'est finalement suicidé dans un hôpital psychiatrique de Tbilissi en 1959. Ce monument en sa mémoire fut créé par le sculpteur George Shkhvatsabaia en 1990, au moment où l'Union soviétique était sur le point de se disloquer.

Voilà pour terminer cette petite visite de la ville, une photographie qui représente pour moi tout à fait la Géorgie. Ce magasin et réparation de chaussures à domicile est typique des commerces improvisés par les habitants. Il suffit d'avoir une fenêtre ou une porte qui donne sur la rue !

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20 - 29 juin

Vous nous connaissez, il est rare que nous restions plus de 3 ou 4 jours dans une même ville, aussi intéressante soit elle. Et bien c'est contre toute attente que nous avons séjourné une dizaine de jours dans l'étonnante petite capitale Géorgienne : Tbilissi.

Comme toutes les villes géorgiennes que nous avons visitées, Tbilissi est surprenante de par son hétérogénéité architecturale. De part et d'autre du fleuve Koura se côtoient églises orthodoxes orientales, bâtiments art nouveau richement décorés et immeubles modernistes soviétiques. D'un quartier à l'autre, on croit changer de ville et parfois même être en pleine campagne ! Cette petite sélection d'images représente assez bien ces contrastes :

Pour cette dizaine de jours, nous avons élu domicile juste derrière la Cathédrale de la Sainte-Trinité, sur une des collines surplombant la ville. C'est un spot où de nombreux voyageurs du monde entier se retrouvent. Nous avons eu la chance d'y rencontrer plusieurs français (mais pas que !) et nous avons adoré ces moments de partage entre nomades !

Cathédrale de la Sainte-Trinité

Enchevêtrement de fils électriques, conduites du gaz de ville aériennes, maisons au charme décrépit où rien n'est à angle droit... plusieurs quartiers de la capitale sont vraiment dans leur jus. On adore !

Mais il suffit de changer de rue pour se retrouver dans une ambiance totalement différente, aux façades proprettes et colorées qui donnent parfois le sentiment de déambuler dans un décor de film, voire de parc d'attraction.

Les artères principales sont bordées de prestigieux édifices datant de la fin du XIXe siècle-début XXe, tel que le théâtre national Roustavéli construit en 1901 et qui accueillait jadis la Société Artistique de Tbilissi.

 À droite, le théâtre national Roustavéli.

Tbilissi est très verte et compte de nombreux parcs. Au milieu de bosquets nous découvrons des bâtiments remarquables aux boiseries délicates et sophistiquées du 19ème. Dans les arrières cours on peut dénicher de belles surprises, comme cet escalier dit "en kaléidoscope", ou cette curieuse tour de l'horloge d'où sortent chaque heure des marionnettes animées mécaniquement.

Dans le centre ville, certains anciens hôtels particuliers transformés en immeubles d'habitation ou en musées cachent de somptueuses entrées et montées d'escaliers aux murs peints...

 À gauche et au centre : le Musée du Livre - À droite, l'ancien Hôtel London.

Le quartier des thermes

Petite ville dans la ville, Sulphur Bath ou Abanothubani en géorgien, est le quartier historique de Tbilissi dominé par la forteresse de Narikala. C'est ici, autour des sources chaudes, que les premiers bâtiments de la ville furent construits (Tbilissi signifie «endroit chaud»). Aujourd’hui, on y trouve une dizaine d’établissements thermaux. En s'aventurant au cœur de ce quartier, quelle surprise de se retrouver dans un petit canyon où coule une rivière et en la remontant, de découvrir en plein centre ville une cascade d'une vingtaine de mètres de haut !

Le 28 juin, pour l'anniversaire d'Arnaud, je nous offre une petite séance thermale à l’Orbeliani Bathhouse, dont la superbe façade en mosaïques bleues rappelle celle de certaines mosquées. Au programme : bains chauds et froids, sauna puis gommage intégral. Pour finir, chacun a eu droit à une agréable séance de massage. Un pur moment de détente qui fait du bien après tout ce temps sur la route et nettoie autant le corps que l'esprit.

Séance détente à l'Orbeliani Bathhouse.

Tbilissi culturelle et créative

Si l'ensemble de la Géorgie est d'une manière générale encore très ancré dans son passé et semble peiner à se moderniser, Tbilissi tire son épingle du jeu en tant que capitale culturelle et créative dont l'esthétique colorée et l'esprit bohème nous ont résolument charmés.

Street Art

Comme dans de nombreux anciens pays soviétiques, le street art est un phénomène relativement récent en Géorgie, car ce type d'expression artistique aurait été mal vu en URSS et les auteurs auraient probablement été punis. Les choses sont différentes aujourd'hui et le street art fleurit dans toute la Géorgie, tout particulièrement à Tbilissi où se tient chaque année depuis 2017 un festival d'art mural.

On trouve de belles oeuvres dans le quartier de la Fabrika, une ancienne usine de couture soviétique considérée aujourd'hui comme l'un des lieux les plus cool de la ville. On y trouve une auberge de jeunesse, un bar animé et populaire dans la cour, un espace de co-working où nous avons pu travailler une journée pluvieuse, ainsi que de nombreux ateliers d'artistes.

Fabrika, espace co-working et façade 
Cosmic Girl & (?), quartier Fabrika / Fille chat par CASE Maclaim, réalisée à l'occasion du Tbilisi Mural Fest 2020.

Il y a beaucoup de peintures murales à grande échelle, mais aussi de plus petites au pochoir qui passent facilement inaperçues.

Les nombreux passages souterrains sous les axes principaux de la ville offrent aussi de grands supports au street art.

Le marché aux puces de Dry Bridge

Chaque jour, sur l'un des nombreux ponts reliant les 2 rives de la ville, un marché aux puces témoigne assez bien de la chute de l'URSS. En effet, lorsque l'empire soviétique s'effondre en 1991, la Géorgie (comme ses voisins) tombe dans une grave crise économique. Pour s'en sortir, les géorgiens n'ont d'autre choix que de vendre tout ce qui peut s'acheter : livres, radios, vaisselle, etc. Aujourd'hui, la tradition de ce marché perdure et c'est l'endroit parfait pour chiner des souvenirs datant de l'époque soviétique.

Stands du marché aux puces de Dry Bridge. 

Le pont de la Paix

Symbole du chemin de Tbilissi du passé vers l’avenir, le Pont de la Paix relie depuis 2010 la vieille ville au nouveau district. Cette passerelle piétonne aérienne d'acier et de verre, s'illumine chaque soir : toutes les heures, 30 000 ampoules écrivent en morse les noms des éléments chimiques qui composent le corps humain !

Le Pont de la Paix. 

Home Kitchen

Imagine toi marcher dans une ruelle peu éclairée le long de la voie ferrée. À l'angle de la rue, tu descends quelques marches et tu tu retrouves dans un appartement en entre-sol où sont disposées 4 tables, et à gauche une petite cuisine ouverte. En fond sonore, la télé passe des séries locales, entrecoupées de chansons russes et géorgiennes d'autrefois, tandis que la déco te rappelle étrangement "La mère à Titi" de Renaud... Bienvenue chez "Home Kitchen" !

Bienvenue chez Home Kitchen ! 

Chez elles, les mamies-soeurs Inga et Isa offrent une véritable immersion dans la culture géorgienne mêlée d'un voyage dans le temps. Tout est fait maison, minute et en énormes portions ! Ici, pas de chichi, on te sert carrément la poêle sur la table et tu te débrouilles ! C'est de loin le meilleur restaurant que l'on a fait en Géorgie et probablement le moins cher, d'autant plus qu'on repart avec la moitié des plats en doggy-bag qui nous feront le dîner du lendemain.

Alors certes, le concept et l'ambiance ne peuvent pas plaire à tout le monde, mais si comme pour nous, le mot "authentique" ne te fait pas peur, alors c'est vraiment the place to eat !

Au menu ce soir :  Chashushuli et Soko kecze (j'y reviendrai dans un prochain article sur la cuisine géorgienne !)

Conclusion : on reviendra !

Nous avons beau avoir passé 9 jours à arpenter les rues de Tbilissi (en gardant une honnête moyenne de 21 000 pas / jour !), je me rends compte en rédigeant cet article que nous n'en avons découvert qu'une infime partie... Voilà une excellente raison pour revenir à Tbilissi, réel coup de coeur, sur le chemin du retour !

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30 juin - 5 juillet

Comme il commence à faire très très chaud à Tbilissi (nous avons avoisiné les 40°C), nous quittons la capitale fin juin pour aller chercher un peu de fraicheur et nous mettre au vert dans les montagnes du Caucase : direction Stephantsminda, à une dizaine de kilomètres de la frontière russe.

Nous remontons la rivière Aragvi jusqu'au lac de Jinvali, dominé par la forteresse d'Ananouri et son joli petit monastère orthodoxe du XVIe siècle. Les lieux sont emprunts de paix et de sérénité, l'endroit idéal pour faire étape. Nous y passons 1 journée et 2 nuits très calmes... mais le 2e jour, notre tableau idyllique se trouve soudain métamorphosé. Alors que nous prenons tranquillement notre petit déjeuner, plusieurs 4x4, musique à fond, viennent se garer sur la plage, déversant des dizaines de paddles et autant de jeunes russes de Tbilissi, bières à la main (il doit être 10h du matin). En 2 temps 3 mouvements, nous voilà encerclés et plutôt mal regardés : clairement, on les gène et ils nous le font bien comprendre en venant squatter, boire et parler (très fort !) juste devant nous.

Étrange situation de dominant-dominé, de jeu de pouvoir et de territoire qui nous met mal à l'aise... Finalement, nous remballons nos affaires et partons.

Le joli lac de Jinvali et le monastère d'Ananouri.

La route qui relie le lac de Jinvali aux monts caucasiens est absolument superbe, serpentant de vallées en collines, de prés verdoyants en forêts. Les massifs se dessinent et s'affirment à mesure que nous montons au coeur de la vallée dite du diable !...

La vallée du diable. 

Disséminés sur les plateaux alentours apparaissent ici et là quelques villages isolés, ainsi que ces drôles de restaurants-campements improvisés au milieu des prés, en bord de route.

Mais quel est au loin cette étrange structure à la forme circulaire qui attire autant les foules ?... Il s'agit du monument à l'amitié russo-géorgienne construit en 1983 pour célébrer le bicentenaire du traité de Gueorguievsk et l'amitié continue entre la Géorgie soviétique et la Russie soviétique. La face interne de ce monument de pierre et de béton est recouverte d'une immense fresque de mosaïques représentant des scènes de l'histoire géorgienne et russe.

Monument à l'amitié russo-géorgienne. 

Vers 2 200 m, au niveau du col de la Croix, nous traversons la station de ski Gudauri (d'ailleurs ça a l'air superbe de skier en Géorgie en hiver...), et nous arrivons enfin à Stephantsminda, petite bourgade située au pied du mont Shani dont le sommet culmine à 4491 m. De l'autre côté de la chaine de montagne, nous sommes en Russie !

Le mont Shani.

Si de loin, on peut aisément imaginer trouver ici un mignon petit village à la suisse, lorsqu'on pénètre dans les rues boueuses et non asphaltées de Stephantsminda, il n'y a aucun doute, nous sommes toujours en Géorgie !

Stephantsminda. 

Nous dénichons facilement un magnifique spot avec une vue fabuleuse sur le village au loin, la campagne et les montagnes environnantes... Tout simplement grandiose !

Pour agrémenter le tout, nous avons la chance le soir venu, de voir redescendre des montagnes des moutons par centaine qui viennent passer les dernières heures du jour à paitre dans le pré où nous nous sommes installés !

On adore !!!

Gare aux gros patous qui veillent sur leurs troupeaux (celui-ci faisait bien plus d'un mètre de haut !), mais aussi à certains moutons à la mine plutôt patibulaire !...

Sur une hauteur proche du village, nous atteignons l'église de la Trinité de Guerguétie, haut lieu de pèlerinage du pays depuis le XIVe siècle, qui est devenue l'une des principales cartes postales de Géorgie.

 Église de la Trinité de Guerguétie

Elle offre un superbe panorama sur le plus haut mont du Caucase oriental encore enneigé : le mont Kazbek (5 047 m), trônant fièrement au milieu des collines et des vallées verdoyantes. Partout alentours, les vaches et les chevaux en liberté subliment cette parfaite image d'Épinal...

Nous savourons avec bonheur l'air frais de la montagne... Mais depuis hier, une étrange odeur émane de la cabine de Totoro... Et en allumant cet après midi la ventilation, le tableau de bord se met à tambouriner dans tous les sens... Il y a manifestement un souci, mais nous ne savons pas encore lequel... Nous décidons alors d'écourter notre séjour montagnard pour regagner Tbilissi à la recherche d'un garage.

Et ce n'est pas chose facile... Aucun garage ne veut nous prendre dès qu'on leur expose le problème ! Finalement, nous tombons enfin sur une bonne âme qui nous prend en pitié et qui pense savoir d'où vient le problème : une souris serait morte coincée dans la ventilation ! En effet, ça explique le bruit... et l'odeur... (sans mauvais jeu de mot !).

Il nous donne rendez-vous pour le lendemain matin, avant l'ouverture de son garage en ne nous promettant rien, sinon qu'il va se renseigner sur internet ce soir et qu'il fera son possible. Du coup, de notre côté, on se renseigne sur les forums, on questionne sur les réseaux et ça paraît plutôt mal barré : il faudrait à-priori démonter l'ensemble du tableau de bord, volant compris pour accéder au ventilateur... Arnaud se lance, on se dit que ce sera toujours ça de fait pour demain matin...

Pour se remonter le moral, et surtout s'éloigner du camion dont l'odeur devient réellement pestilentielle, on s'offre un bon petit resto ! Mais la soirée finit dans la véranda sous des trombes d'eaux, ce qui signifie qu'il est impossible d'aérer Totoro, et nous passons ainsi la nuit bercés dans de sirupeux relents de mort...

Le lendemain matin, retour au garage avec une lueur d'espoir : il y aurait un accès au ventilateur par l'avant du véhicule. Et en effet, il ne faut pas bien longtemps à Arnaud et au gentil garagiste pour mettre la main sur la fameuse petite souris ! C'est fou comme une si petite chose peut autant sentir mauvais !!!

 R.I.P petite souris ...!

Il nous faudra encore quelques jours pour purifier les conduites de ventilation avec un produit spécifique et se débarrasser totalement de la fétide odeur... Quelle histoire !

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05 - 09 juillet

En route vers le parc national de Vashlovani, nous découvrons la région la plus orientale de Géorgie : La Kakhétie.

Sighnaghi, la petite Toscane géorgienne.

Perché sur une colline face au Caucase enneigé qui se profile au loin, Sighnaghi est, à notre goût, le village le plus mignon de Géorgie. Réputée pour être la capitale géorgienne du vin, elle surplombe les vignobles de la Kakhétie s’étendant à perte de vue dans la vaste vallée d'Alazani.

On apprécie déambuler dans ses jolies rues pavées, bordées de maisons en galets et terre cuite, aux balcons de bois sculpté et colorés. Datant des XVIIIe et XIXe siècles, cette architecture typique, à la touche vaguement toscane, en fait une destination prisée du tourisme. Elle a malgré tout su conserver son charme simple et reste un endroit calme et agréable à visiter.

Le soir venu, nous faisons halte dans les collines, à proximité d'un ranch qui propose une petite restauration maison. Au menu ce soir, houmous, pommes de terre à l'aneth et tolmas : feuille de choux blanc cuit à la vapeur farcie de viande hachée de porc et de mouton. Une cuisine familiale et savoureuse dans un cadre champêtre... Tout ce qu'on aime !

Dedoplistskaro

À une trentaine de kilomètres seulement de l'ambiance dolce vita de la belle Sighnaghi, on déchante un peu en arrivant à Dedoplistskaro, la ville du bout du monde...

Construite à l'époque soviétique dans le paysage lunaire des portes de la steppe pour exploiter les mines et les carrières, elle a été en grande partie peuplée par les populations déportées du Grand Caucase et relocalisées ici.

Les anciens camions soviétiques servent à tout : transport d'animaux, de marchandises, d'essence, d'eau, etc. 

On ne va pas vous mentir, cette petite ville est probablement l'une des plus tristes que nous ayons traversées en Géorgie... Mais c'est ici que s'effectuent les démarches pour obtenir le laisser-passer pour visiter le Parc National de Vashlovani, et ce n'est pas une mince affaire !

Au milieu de nulle part, le poste de police des frontières. 

Vous connaissez les 12 travaux d'Astérix ? Et bien c'est à peu près ça !

Tout d'abord se rendre au bureau du Parc National. Pas de chance, la personne qui s'occupe des enregistrements n'est pas là, on attend 2 heures son retour de pause. Ensuite, elle enregistre nos passeports et notre carte grise et on attend... Elle nous délivre alors une lettre d'autorisation de circuler dans le parc ainsi qu'un formulaire à remplir. Puis nous allons dans un autre bureau pour payer (il y a des frais par jour, par personne et par véhicule). Mais ce n'est pas terminé !...

Lettre d'autorisation et formulaire en main, direction à présent le poste de police des frontières. Là, à la barrière, un agent en treillis nous donne de nouveaux formulaires de plusieurs pages, et nous indique la petite guérite verte à droite sur le parking, où nous pouvons les remplir. Chose faite, on donne toute notre paperasse à l'agent qui rentre dans le bâtiment... et on attend de nouveau, jusqu'à ce que quelqu'un ressorte avec l'autorisation finale. Ça y est, nous avons enfin le sésame pour aller sillonner les pistes de Vashlovani !

La Gorge de l'Aigle

Une jolie randonnée surplombant d'abord un canyon calcaire pour ensuite s'engouffrer dans les bois. Nous repérons sur la carte un petit lac au bord duquel nous prévoyons de pique-niquer puis de passer l'après-midi à se baigner, car la chaleur est accablante aujourd'hui. Malheureusement, nous devons renoncer à nos espérances face à la zone marécageuse et boueuse que nous trouvons en guise de plage... Nous remontons sur l'un des versants jusqu'à une tour d'observation, car ici, en plus des nombreux aigles, vivent plus de soixante espèces d'oiseaux dont 2 rares : la cigogne noire et le vautour fauve que nous avons la chance de voir planer au loin.

La Gorge de l'Aigle.

Lac Kochebi

Avant de prendre la route pour Vashlovani, nous faisons une paisible étape au bord de ce petit lac salé.

La base aérienne soviétique abandonnée de Shiraki

Parfois, il vaut mieux écouter le GPS plutôt que notre logique : "cette route est plus courte, ce sera forcément plus rapide"... Et bien non ! Et 2h30 à travers champs et pistes cabossées, ça use !

Au bout de cette interminable piste, au milieu des steppes de Kakhétie, apparaissent peu à peu des dizaines de monticules de terre et quelques immeubles abandonnés...

Construite vers 1950, cette base aérienne militaire soviétique, connue sous le nom de Greater Shiraki, abritait le 178e Régiment de l'aviation de chasse qui a participé à la guerre soviéto-afghane.

Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, les hangars de la base aérienne sont utilisés comme lieux de stockage par les agriculteurs locaux. Il règne aujourd'hui ici une étrange ambiance de fin du monde au bout du monde...

Vashlovani, on oublie !

Après ces 2h30 de pistes pour n'avoir parcouru que 30 km, on commence à déchanter... On est encore à plus de 50 km de pistes de l'entrée du parc national... Finalement on renonce, d'autant plus que des orages sont annoncés, ce qui n'arrangera pas l'état des pistes !

Du coup, retour vers l'ouest pour une dernière nuit en Géorgie au bord du fleuve Koura... Demain nous partons en Arménie !

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Avant de refermer ce carnet de voyage, laisse moi te présenter quelques unes des spécialités culinaires géorgiennes !

Le tchourtchkhela

En arrivant sur les premiers marchés, nous nous sommes demandés ce que pouvaient bien être ces drôles de choses colorées... Et bien c'est LA confiserie traditionnelle géorgienne, inscrite au patrimoine culturel du pays : un enfilement de noix, trempées dans du jus de raisin épaissi avec de la farine, et séché au soleil. Honnêtement, on n'a pas trouvé ça sensationnel !

Le tchourtchkhela.

Le pain Géorgien

Le pain traditionnel géorgien, appelé puri ou shoti, est cuit dans un "ton", gros four en forme de volcan. Les pâtons sont façonnés en une forme oblongue ou d'oeil percé, puis collés à la main contre la paroi intérieure du four. 10 minutes plus tard, c'est cuit et absolument délicieux: croustillant à l'extérieur et moelleux à l'intérieur... On l'adoooore (et nous sommes si heureux d'en retrouver en Arménie) !

Pkhali*

Pour accompagner le bon pain géorgien, rien de tel que cette délicieuse tartinade d'épinards aux noix ! Retrouve en bas de cet article, cette recette simple et originale qui apportera une petite touche géorgienne à tes futurs apéritifs dînatoires... Tu m'en diras des nouvelles !

Les puris, cuits dans le ton traditionnel et le pkhali.

Khinkali

De gros raviolis typiques de Géorgie qui peuvent être fourrés aux légumes ou à la viande. Ils sont cuits à l'eau et leur farce est très savoureuse. On en trouve partout !

Khachapuri 

Le Khachapuri est l'icône de la gastronomie géorgienne. Sur une pâte à pain façonnée en forme d'oeil, on rajoute beaucoup de fromage sulguni, beaucoup de beurre et un œuf. C'est FAT... mais c'est BOOOON !

Khinkali et khachapuri.

Tolmas 

Une feuille de choux blanc cuite à la vapeur et farcie de viande hachée de porc et de mouton, relevée d'herbes et d'épices. On la déguste en Géorgie avec du yaourt aigre. C'est l'équivalent du dolma turc et arménien ou de la sarma des Balkans.

Baklagani s orehami (roulés d'aubergine aux noix)*

Les aubergines sont cuites en tranches puis fourrées d'une sauce crémeuse à base de noix hachées, d'ail, de khmeli suneli* et de coriandre. Agrémentés de graines de grenade, ces roulés sont servis en mezze ou en accompagnement, un vrai régal !

Tolmas et baklagani s orehami.

Soko Kecze

Une recette simple et savoureuse de champignons farcis au fromage Sulguni, cuits au beurre dans un plat traditionnel en terre cuite appelés « ketsi » (ou directement à la poêle comme chez Home Kitchen).

Chashushuli

Ce plat typique géorgien assez relevé est un ragout combinant plusieurs viandes (veau, boeuf, poulet), mijoté dans une sauce à la tomate et aux poivrons rouges. Miam miam !

 Soko kecze et chashushuli chez Home Kitchen à Tbilissi

Le sel de Svanétie (svanuri marili)*

Produit dans la région montagnarde de Haute Svanétie, au nord ouest de la Géorgie, ce sel est relevé d'un mélange de 8 épices et herbes sauvages récoltées entre 1 800 et 2 400 m d'altitude. Moi qui pleurait d'avoir terminé mon pot d'Herbamare, quelle joie de découvrir le svanuri marili ! Le goûter, c'est l'adopter !


Bien évidemment, ceci n'est qu'un maigre aperçu de la cuisine géorgienne. Il y aurait encore beaucoup à dire tant celle-ci est gourmande, variée et riche d'influences orientales comme occidentales. Mais attention aux kilos !!!

Pour terminer ce carnet, une petite devinette... Qu'est-ce-que c'est ? :

Tu ne rêves pas, c'est bien un débit de bière en bord de route ! On en trouve un peu partout en Géorgie : il suffit de tendre la main depuis la voiture pour repartir avec une petite pression bien fraîche ...! On en trouve aussi dans tous les supermarchés, en général à côté des fruits et légumes, si jamais tu as une petite soif pendant tes courses ...

La Géorgie est en effet bien déroutante sur plusieurs points, mais nous en gardons un super souvenir et ne nous sommes vraiment pas ennuyés durant ce mois passé à la découvrir !

Allez, à tout de suite en Arménie pour de nouvelles aventures... Et encore un grand MERCI de nous suivre !!!


RECETTES

Pkhali (tartinade d'épinards aux noix)

- 500 g de feuilles d’épinards lavées et ébouillantées pendant 5 mn dans un grand volume d'eau salée puis refroidies et hachées menues

- 130 g de cerneaux de noix finement hachés ou en poudre + 2 gousses d'ail pressées + 1/2 oignon rouge haché + 1/2 botte de coriandre ciselée + 2 cs de vinaigre de cidre + 1 cs d'eau + 1 cc de coriandre en poudre + 1 cc d'estragon séché + 1/2 cc de curcuma + 2 pincées de piment de Cayenne + 2 cs de jus de citron + Saler et poivrer au goût.

Au restaurant, le pkhali est généralement façonné en forme de boulettes, parsemées de graines de grenade. Mais servi dans un petit bol à tartiner, c'est parfait aussi !


Baklagani s orehami (roulés d'aubergine aux noix)

Préparation de l'aubergine (pour 2 personnes) :

Laver une aubergine, en ôter le pédoncule et la couper en tranche d'environ 1 cm d'épaisseur. Huiler chaque tranche d'un peu d'huile d'olive à l'aide d'un pinceau sur le recto et le verso. Poser les tranches d'aubergines sur une feuille de papier sulfurisé et mettre au four à 200°C (th. 6-7) pendant environ 20 minutes. Il faut que les tranches soient cuites, tendres et même légèrement dorées.

Préparation de la sauce aux noix :

Hacher finement 2 grosses poignées de cerneaux de noix. Ajouter 1 gousse d'ail hachée + 2 cs de coriandre fraîche ciselée + 2 cc de khmeli suneli + 1 cc de sel. Ajouter de l'eau (1/3 de verre) en remuant avec une spatule jusqu'à ce que le mélange ait la consistance d'une mayonnaise ou d'une crème fraiche épaisse. Ajouter enfin une cs de vinaigre blanc et mélanger. La sauce aux noix est prête.

Prendre une tranche d'aubergine cuite et étaler dessus une grosse cuillère à soupe de sauce au noix, puis la rouler en commençant par le côté le plus petit. Servir bien frais décoré de coriandre et de graines de grenade.


Khmeli-suneli

Le Khmeli-suneli est un mélange d'herbes aromatiques séchées qui sert à parfumer de nombreux plats : ragoûts, marinades, sauces de salades, etc. C'est une préparation saine et très parfumée.

2 cs marjolaine + 2 cs aneth + 2 cs sarriette + 2 cs menthe + 2 cs persil + 2 cs coriandre moulue + 1 cs fenugrec (feuilles) + 1 cc fenugrec (graines) + 2 cc pétales de souci (calendula) + 1 cc poivre noir + 2 feuilles de laurier broyées.


Le sel de Svanétie 

Ingrédients pour 500g de mélange : 2 cs coriandre séchée +1 cs aneth séchée + 1 cs fenugrec bleu + 1 cs paprika + 1 cs fleurs de souci + 1/2 cs graines cumin sauvage + 6,5 cs gros sel + 150g ail

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