20 - 29 juin
Vous nous connaissez, il est rare que nous restions plus de 3 ou 4 jours dans une même ville, aussi intéressante soit elle. Et bien c'est contre toute attente que nous avons séjourné une dizaine de jours dans l'étonnante petite capitale Géorgienne : Tbilissi.
Comme toutes les villes géorgiennes que nous avons visitées, Tbilissi est surprenante de par son hétérogénéité architecturale. De part et d'autre du fleuve Koura se côtoient églises orthodoxes orientales, bâtiments art nouveau richement décorés et immeubles modernistes soviétiques. D'un quartier à l'autre, on croit changer de ville et parfois même être en pleine campagne ! Cette petite sélection d'images représente assez bien ces contrastes :
Pour cette dizaine de jours, nous avons élu domicile juste derrière la Cathédrale de la Sainte-Trinité, sur une des collines surplombant la ville. C'est un spot où de nombreux voyageurs du monde entier se retrouvent. Nous avons eu la chance d'y rencontrer plusieurs français (mais pas que !) et nous avons adoré ces moments de partage entre nomades !
Cathédrale de la Sainte-TrinitéEnchevêtrement de fils électriques, conduites du gaz de ville aériennes, maisons au charme décrépit où rien n'est à angle droit... plusieurs quartiers de la capitale sont vraiment dans leur jus. On adore !
Mais il suffit de changer de rue pour se retrouver dans une ambiance totalement différente, aux façades proprettes et colorées qui donnent parfois le sentiment de déambuler dans un décor de film, voire de parc d'attraction.
Les artères principales sont bordées de prestigieux édifices datant de la fin du XIXe siècle-début XXe, tel que le théâtre national Roustavéli construit en 1901 et qui accueillait jadis la Société Artistique de Tbilissi.
À droite, le théâtre national Roustavéli.Tbilissi est très verte et compte de nombreux parcs. Au milieu de bosquets nous découvrons des bâtiments remarquables aux boiseries délicates et sophistiquées du 19ème. Dans les arrières cours on peut dénicher de belles surprises, comme cet escalier dit "en kaléidoscope", ou cette curieuse tour de l'horloge d'où sortent chaque heure des marionnettes animées mécaniquement.
Dans le centre ville, certains anciens hôtels particuliers transformés en immeubles d'habitation ou en musées cachent de somptueuses entrées et montées d'escaliers aux murs peints...
À gauche et au centre : le Musée du Livre - À droite, l'ancien Hôtel London.Le quartier des thermes
Petite ville dans la ville, Sulphur Bath ou Abanothubani en géorgien, est le quartier historique de Tbilissi dominé par la forteresse de Narikala. C'est ici, autour des sources chaudes, que les premiers bâtiments de la ville furent construits (Tbilissi signifie «endroit chaud»). Aujourd’hui, on y trouve une dizaine d’établissements thermaux. En s'aventurant au cœur de ce quartier, quelle surprise de se retrouver dans un petit canyon où coule une rivière et en la remontant, de découvrir en plein centre ville une cascade d'une vingtaine de mètres de haut !
Le 28 juin, pour l'anniversaire d'Arnaud, je nous offre une petite séance thermale à l’Orbeliani Bathhouse, dont la superbe façade en mosaïques bleues rappelle celle de certaines mosquées. Au programme : bains chauds et froids, sauna puis gommage intégral. Pour finir, chacun a eu droit à une agréable séance de massage. Un pur moment de détente qui fait du bien après tout ce temps sur la route et nettoie autant le corps que l'esprit.
Séance détente à l'Orbeliani Bathhouse.Tbilissi culturelle et créative
Si l'ensemble de la Géorgie est d'une manière générale encore très ancré dans son passé et semble peiner à se moderniser, Tbilissi tire son épingle du jeu en tant que capitale culturelle et créative dont l'esthétique colorée et l'esprit bohème nous ont résolument charmés.
Street Art
Comme dans de nombreux anciens pays soviétiques, le street art est un phénomène relativement récent en Géorgie, car ce type d'expression artistique aurait été mal vu en URSS et les auteurs auraient probablement été punis. Les choses sont différentes aujourd'hui et le street art fleurit dans toute la Géorgie, tout particulièrement à Tbilissi où se tient chaque année depuis 2017 un festival d'art mural.
On trouve de belles oeuvres dans le quartier de la Fabrika, une ancienne usine de couture soviétique considérée aujourd'hui comme l'un des lieux les plus cool de la ville. On y trouve une auberge de jeunesse, un bar animé et populaire dans la cour, un espace de co-working où nous avons pu travailler une journée pluvieuse, ainsi que de nombreux ateliers d'artistes.
Fabrika, espace co-working et façade Cosmic Girl & (?), quartier Fabrika / Fille chat par CASE Maclaim, réalisée à l'occasion du Tbilisi Mural Fest 2020.Il y a beaucoup de peintures murales à grande échelle, mais aussi de plus petites au pochoir qui passent facilement inaperçues.
Les nombreux passages souterrains sous les axes principaux de la ville offrent aussi de grands supports au street art.
Le marché aux puces de Dry Bridge
Chaque jour, sur l'un des nombreux ponts reliant les 2 rives de la ville, un marché aux puces témoigne assez bien de la chute de l'URSS. En effet, lorsque l'empire soviétique s'effondre en 1991, la Géorgie (comme ses voisins) tombe dans une grave crise économique. Pour s'en sortir, les géorgiens n'ont d'autre choix que de vendre tout ce qui peut s'acheter : livres, radios, vaisselle, etc. Aujourd'hui, la tradition de ce marché perdure et c'est l'endroit parfait pour chiner des souvenirs datant de l'époque soviétique.
Stands du marché aux puces de Dry Bridge. Le pont de la Paix
Symbole du chemin de Tbilissi du passé vers l’avenir, le Pont de la Paix relie depuis 2010 la vieille ville au nouveau district. Cette passerelle piétonne aérienne d'acier et de verre, s'illumine chaque soir : toutes les heures, 30 000 ampoules écrivent en morse les noms des éléments chimiques qui composent le corps humain !
Le Pont de la Paix. Home Kitchen
Imagine toi marcher dans une ruelle peu éclairée le long de la voie ferrée. À l'angle de la rue, tu descends quelques marches et tu tu retrouves dans un appartement en entre-sol où sont disposées 4 tables, et à gauche une petite cuisine ouverte. En fond sonore, la télé passe des séries locales, entrecoupées de chansons russes et géorgiennes d'autrefois, tandis que la déco te rappelle étrangement "La mère à Titi" de Renaud... Bienvenue chez "Home Kitchen" !
Bienvenue chez Home Kitchen ! Chez elles, les mamies-soeurs Inga et Isa offrent une véritable immersion dans la culture géorgienne mêlée d'un voyage dans le temps. Tout est fait maison, minute et en énormes portions ! Ici, pas de chichi, on te sert carrément la poêle sur la table et tu te débrouilles ! C'est de loin le meilleur restaurant que l'on a fait en Géorgie et probablement le moins cher, d'autant plus qu'on repart avec la moitié des plats en doggy-bag qui nous feront le dîner du lendemain.
Alors certes, le concept et l'ambiance ne peuvent pas plaire à tout le monde, mais si comme pour nous, le mot "authentique" ne te fait pas peur, alors c'est vraiment the place to eat !
Au menu ce soir : Chashushuli et Soko kecze (j'y reviendrai dans un prochain article sur la cuisine géorgienne !)Conclusion : on reviendra !
Nous avons beau avoir passé 9 jours à arpenter les rues de Tbilissi (en gardant une honnête moyenne de 21 000 pas / jour !), je me rends compte en rédigeant cet article que nous n'en avons découvert qu'une infime partie... Voilà une excellente raison pour revenir à Tbilissi, réel coup de coeur, sur le chemin du retour !