À propos

Nous c'est Mel & Arnaud, alias Tous Azimuts. À bord de notre fourgon Totoro, nous sillonnons les routes de la France à l'Asie, à la rencontre des beautés du monde & de nous même.

Arrivés au pied du toit du monde... Le Népal !

Le Népal sera l'ultime étape de notre épopée vers l'Asie avant d'entreprendre le chemin du retour. Après les trop-pleins sensoriels de l'Inde, quel bonheur de retrouver ici calme, sérénité et nature !
Du 11 janvier au 9 avril 2024
90 jours
Dernière étape postée il y a 114 jours
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Publié le 22 février 2024

11 janvier 2024

"From France to here". Ces quelques lettres collées sur la carrosserie de Totoro éveillent la curiosité des frontaliers car les européens en van sont plutôt rares par ici. Pourtant si c'est possible et on l'a fait : après 16 mois de voyage et avoir parcouru 35 200 km, nous voilà au Népal !

Post frontière de Sunauli.

Sunauli est un drôle de post frontière grand comme un village, où les bureaux des douanes sont cachés dans les arrières cours et où l'on entre et sort dans un sens et dans l'autre comme dans un moulin... Nous n'avions jamais vu ça, mais le ton est donné : le Népal a l'air très très cool ! Cette première impression se vérifie rapidement et en quelques jours seulement le Népal a conquis nos cœurs.

 Pas peu fiers de notre gros Totoro qui nous a mené jusqu'ici !

Est-ce la beauté des paysages où se mêlent jungle et massifs montagneux ? Est-ce la présence de tous ces torrents, lacs et rivières ? Est-ce la gentillesse naturelle des Népalais, leur sourire sans réserve, leur accueil chaleureux, la simplicité et la sincérité de nos échanges avec eux ? Est-ce le climat : le plaisir des nuits fraîches sous le ciel clair d'une voie lactée que suivent de douces et lumineuses journées ensoleillées ?

 Contempler les plus hauts sommets du monde ...

Est-ce l'ambiance de la vie à la montagne où se côtoient les sports de plein air et la spiritualité des temples et monastères ? Est ce le charme de ces villages perchés où le temps semble s'être arrêté il y a plus d'un siècle ou la délicatesse de l'architecture Newar ? Est-ce le calme retrouvé après l'incessant capharnaüm des villes et des routes indiennes ?

Sans doute un peu tout ça à la fois... bref, le Népal, on s'y sent bien, on adore déjà, et on y restera 3 mois !

 Douceur de vivre à la Népalaise...


Lumbini, sur les traces de Bouddha

Notre première étape se situe à quelques kilomètres seulement de la frontière : Lumbini, le berceau du Bouddhisme. C'est en effet ici, dans la brume des plaines du Téraï que naquit en 623 av. J.-C. Siddharta Gautama. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose, et pourtant vous le connaissez tous, car cet homme n'est autre que celui qui deviendra Bouddha. Mais connaissez vous son histoire ?

 Lumbini, lieu de naissance de Siddhartha.

La naissance de Siddhartha fut accompagnée d'une prophétie selon laquelle il deviendrait soit un puissant roi, soit un grand maître spirituel. Craignant que son fils ne suive la seconde voix s'il est exposé à la souffrance du monde extérieur, le roi décide de l'en protéger derrière les hautes murailles de son palais. Mais à 29 ans, Siddhartha s'échappe quelques jours de sa prison dorée et découvre la vieillesse, la maladie, la mort et la naissance.

Détails du temple allemand, dans la pure tradition tibétaine. 

Il prend conscience que la vie est essentiellement définie par la souffrance due à l'attachement, au désir et à la peur. Il décide alors de se mettre en quête d’un aboutissement spirituel dans lequel les souffrances humaines n’existent plus, en s'essayant à différents types d'enseignements et de disciplines, en vain.

Six ans plus tard, très affaibli dans ses convictions religieuses et par sa vie d'ascète, il décide de se dédier exclusivement à la méditation pour tenter d’atteindre l’Éveil. C'est assis sous un figuier à Bodhgaya en Inde, que Siddhartha aboutit enfin à l’état de suprême pureté, la nature ultime de l’esprit et de la réalité. Ses disciples lui donneront plus tard le nom de Bouddha ("l'Eveillé" ou "l'Eclairé").

L'imposant et superbe temple coréen. 

Si aujourd'hui Lumbini est l'un des lieux de pèlerinage sacré pour les quelques 600 millions de bouddhistes de la planète, il fut longtemps laissé à l'abandon. C'est en 1967, sous l'égide de l'Unesco, que "le plan Lumbini" est lancé, visant la création d'une capitale universelle du Bouddhisme, dans le berceau même où naquit son fondateur il y a plus de 2500 ans.

Chaque pays abritant une communauté bouddhiste a la possibilité de financer et bâtir son monastère, son temple ou sa pagode sur la zone de 5 km2 dédiée au projet. Les premières constructions débutent en 1990 et se poursuivent encore aujourd'hui. Nos photos ne le montrent pas, mais autour de chaque édifice, nous circulons entre tracteurs et pelleteuses sur des allées de terre parsemées de nids de poule, de tas de sable et de briques.

Même si la découverte et l'ambiance méditative des monastères nous émerveille pour la plupart, quelque chose nous déplaît ; il flotte autour de tout ça une organisation et un business qui n'ont pas leur place ici... Au bout d'une heure de promenade, nous commençons à percevoir les lieux comme une sorte de "Bouddha Land" en construction et imaginons dores et déjà le site dans une dizaine d'années, peuplé de centaines de cars de tourisme, de marchands de glaces et de statuettes de Bouddha made in china... Pauvres moines et nonnes...

Nous avions préféré, quelques jours plus tôt, visiter les temples bouddhistes qui peuples le village de Sarnath, à côté de Varanasi, dont les vestiges des anciens temples, stupas et monastères, offrent une expérience beaucoup plus authentique.

Le temple japonais à Sarnath. 

C'est ici même que Bouddha a prêché son premier sermon après avoir atteint l'illumination. C'est également là que la première communauté de moines et de nonnes bouddhistes a vu le jour, suite à l'illumination de ses cinq premiers disciples.

Table d'étude de moine bouddhiste avec certains des objets rituels : dorje, cloche de prière, mantras et riz (offrande). 

Depuis plus de 2500 ans, de nombreuses communautés Bouddhistes du monde entier y sont implantées, mais contrairement au site de Lumbini où tous les monuments sont regroupés en un même ensemble, ils sont à Sarnath éparpillés à travers le village et ainsi totalement intégrés à la vie quotidienne.

Temple et monastère de la communauté tibétaine de Sarnath.

Il est temps de revenir à notre carnet népalais dont le premier chapitre s'achève. Nous quittons Lumbini et reprenons la route direction Pokhara où de belles rencontrent nous attendent...! À très vite pour la suite !

 En route vers Pokhara ...
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Publié le 28 février 2024

Mi janvier - Début février 2024

Nous n'aurions jamais imaginé avoir un si beau temps au Népal en y arrivant mi-janvier, et pourtant dès que les brumes matinales se lèvent, un beau soleil accompagne chacune de nos journées ; quel bonheur de ressortir la table et les chaises pour déjeuner dehors ! Mais ce climat idyllique ne concerne que la vallée, car sur moins de 30 km, l’altitude passe de 1000 m à plus de 7500 m. C’est le seul endroit au Népal où les montagnes s’élèvent aussi vite, et les températures chutent en conséquence : un local de retour d'un trek nous informe qu’il y fait - 20°C, alors qu’ici, nous avons + 20°C !

 Sur les rives du lac Phewa.

Située à 825 m d’altitude, Pokhara jouit d’un cadre plutôt extraordinaire : bordée au sud par les rives tranquilles du lac Phewa, son horizon est encerclé au nord par les sommets enneigés des massifs du Dhaulagiri, de l’Annapurna et du Manaslu culminant à plus de 8000 mètres.

Ill. 1 : le Manaslu culminant à plus de 8000 mètres.

L'ambiance à Pokhara est très cool et plutôt tournée vers les activités sportives. Le camp de base de l'Annapurna se situant dans la région, la plupart des étrangers viennent ici pour le trekking. Nombreux sont aussi les parapentistes à s’envoler au dessus du lac avec vue sur la chaîne de l’Himalaya. Les amateurs de rafting, canyoning et kayak ne sont pas en reste, Pokhara se situant à la croisée de plusieurs rivières propices à ce type de sports en eaux vives. Bref, ici on respire et on adore !

Notre spot fétiche en face de Pokhara, sur le lac Phewa. 

Restant au pays de l’Everest pendant 3 mois, nous attendons les prémices du printemps pour partir à l’assaut des montagnes où il fait encore trop froid. Ça tombe bien, nous avons plein d’autres projets !

Reiki : "the healing touch"

Parallèlement à notre pratique de la méditation, nous souhaitons profiter de notre séjour au Népal pour explorer différentes techniques énergétiques. L'une d'entre elles éveille plus particulièrement notre intérêt car tous deux ayant été par le passé efficacement soignés grâce à elle : le Reiki.

Reiki ? Késako ?

Pour la faire (très !) simple, le Reiki est une technique de soin énergétique aux bienfaits physiques et émotionnels : réduction du stress, aide à la guérison, soulagement de la douleur, amélioration du sommeil, etc. Le praticien n'est qu'un canal ouvert pour l'énergie (un peu comme un tuyau d'arrosage pour l'eau) qui, tout naturellement, pénètre dans le corps traité et va agir là où il en a besoin !

Dr Mikao Usui : maître de méditation japonais, fondateur du Reiki.
 Photo de classe du niveau II, devant le portrait du Dr Mikao Usui, maître de méditation japonais, fondateur du Reiki  (1922).

Après avoir suivi l'enseignement des niveaux I et II, nous sommes tous deux bluffés de constater comme le Reiki peut instantanément rééquilibrer notre état émotionnel, améliorer notre santé ou nous fournir un regain d'énergie. Depuis, nous continuons chaque jour à développer cette technique parallèlement à notre pratique de méditation ; l'une et l'autre étant très complémentaires.

Un grand MERCI à nos maîtres Reiki, Kandra et son père Nanda, pour ces précieux enseignements, ainsi qu’à toute la famille pour leur accueil si chaleureux et leurs coeurs au combien généreux !

Pour en savoir plus : https://www.gnreiki.org.np/

Les bols chantants de Maya

Avez vous déjà pris un bain vibratoire et sonore ? Maya propose ce type de soin énergétique en employant la technique ancestrale des bols tibétains. Ces bols dits "chantants" sont faits d'un alliage de 7 métaux, correspondant aux 7 centres d'énergie (chakras). Chaque bol, selon sa taille et sa forme produit un son et une vibration différente.

La douce Maya et ses bols chantants.

Accompagnés de chants, cloches, gongs et bâton de pluie, ils sont placés tout autour du corps pour former un bain vibratoire et sonore visant à rééquilibrer et harmoniser l'énergie des chakras. Les bols sont aussi parfois placés en contact direct avec le corps, ce qui procure une sensation de massage vibratoire très intense. Une expérience multisensorielle absolument unique et très bénéfique que nous recommandons vivement !

Pour en savoir plus : https://mayasingingbowl.com/ 

Comparée à Kathmandu, la capitale trépidante, poussiéreuse et animée du Népal, Pokhara est une véritable oasis de calme, l'endroit idéal pour nous détendre après nos 3 intenses mois en Inde. Nous n'y avons rencontré que des personnes douces, souriantes et bienveillantes (comme partout au Népal !) et prévoyons déjà d'y revenir dans 1 ou 2 mois.

Après s'être si bien rechargés de bonnes énergies, nous voilà fin prêts à découvrir ce magnifique pays !

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Un matin, alors que nous campons au bord du lac Phewa, un vieil homme souriant, ancien sherpa, vient nous parler des beautés de son pays et nous incite vivement à aller découvrir la région montagneuse du Mustang. De Pokhara, nous devons emprunter la route qui rejoint la Chine. Ni une ni deux, nous voilà partis pour les hauts plateaux népalais ! Enfin, c'est ce que nous croyons ... mais d'autres surprises nous attendent en chemin !

On quitte la vallée de Pokhara, direction les hauts plateaux du Népal !

Très rapidement, l'urbanisation et la modernité (toute relative) de Pokhara laisse place à la vie quotidienne paysanne. On croise en chemin de nombreux porteurs à pieds, soutenant à même le front ces typiques hottes de pailles, mais toujours un smartphone en main, un des seuls détails qui nous rappelle qu'on est bien au XXIe siècle.

Une chaise en plastique, un smartphone, un sweat imprimé : quelques détails qui semblent presque anachroniques ici.

La route ne cesse de grimper et de rétrécir. Le bitume n'est plus qu'un vieux souvenir. Nous avançons à 15 km/h sur une piste de sable chaotique et prions à chaque mètre de ne pas nous enliser. Finalement, tout se passe bien et nous atteignons sains et sauf le beau petit village de Dhampus... et sa vue incroyable !

Panorama sur le toit du monde...

Là, sous nos yeux aussi émus qu'émerveillés se déploie la chaine de l'Himalaya... on commence vraiment à réaliser que nous sommes arrivés au Népal ! Nous dénichons un joli petit spot à l'entrée du village, et restons ici quelques jours pour nous imprégner de ce cadre enchanteur.

 Petit café matinal au Népal !

Les habitants de cette région appartiennent à la tribu des Gurungs, un groupe ethnique des montagnes. L'agriculture est leur principale activité et ceux qui ont de plus grandes maisons proposent le gîte et le couvert aux quelques randonneurs de passage. Dhampus est un village typique des campagnes népalaises, à l'architecture de pierres sèches, bois et toits de lauzes.

 Architecture typique népalaise.

Même si le village est petit, il a la chance de compter une école, accueillant les enfants des communes alentours. Chaque matin, nous croisons les écoliers venir à pieds, parfois de loin, pour assister aux leçons. Ils sont très curieux de nous voir et nous demandent du chocolat, des stylos, ou 10 roupies.

Nous quittons Dhampus et continuons tant bien que mal notre périple vers le Mustang, sur des pistes qui ne cessent d'empirer. En chemin, nous traversons Beni, une jolie petite ville représentative de l'urbanisation "moderne" à la népalaise : façades multicolores et pont de singe.

Dans les rues de Beni.

La route s'engouffre ensuite dans une gorge et après de longs kilomètres escarpés à flanc de ravin, nous arrivons à Tatopani. Là, nous décidons de ne pas continuer plus loin car nous avons vraiment trop peur d'abimer le camion sur ces pistes infernales... Nous n'aurons pas atteint les hautes régions du Mustang, mais je vous disais qu'une autre surprise nous attendait...

À Tatopani (qui se traduit littéralement par "eau chaude"), vous l'avez deviné, il y a bien évidemment ... des sources chaudes ! Vraiment très très chaudes d'ailleurs, mais quel bonheur de s'y relaxer après ces heures de route ! Et c'est dans ce grand bain que nous faisons la connaissance de deux autrichiens: Stéfanie, "marraine" d'une école de campagne au Népal et Heinz, un artiste qui peint des ciels étoilés phosphorescents plus vrais que nature. Il est justement ici pour réaliser deux plafonds dans l'école que Stefanie parraine. Sa performance sera médiatisée et le directeur de l'école espère ainsi récolter de nouveaux fonds (l'école est privée et l'état ne la subventionne pas). Pour cela, il a besoin de photographes (ça tombe bien!) et nous voilà gracieusement invités à les accompagner passer deux jours dans cette école.

Rencontre avec Heinz aux bains de Tatopani. 

Mais avant, il faut d'abord rentrer sur Pokhara en empruntant de nouveau cette horrible piste... et bim ! Notre frein arrière gauche, bricolé une première fois au Pakistan, puis en Inde nous lâche à nouveau ! Évidemment, nos plaquettes n'existant pas au Népal, il va encore falloir trouver quelqu'un qui nous les fabrique artisanalement. Mais les petits garages que nous croisons en route ne peuvent rien pour nous... C'est donc sur 3 freins que nous redescendons tout doucement sur Pokhara (en fin de compte, on roulera comme ça jusqu'à Kathmandu !).

Encore au garage !... 

Deux jours plus tard, nous retrouvons Heinz, Stefanie et le professeur principal de l'école. Heureusement qu'on nous emmène, car Totoro n'aurait jamais pu supporter la piste que nous empruntons pour parvenir au hameau où se situe l'école, perché quelque part sur le chemin de l'ABC, le camp de base de l'Annapurna.

École élémentaire Shree Bhume Annapurna.

Enseignants et élèves ont organisé une véritable petite fête pour accueillir Heinz et Stefanie, avec colliers de fleurs fraîches, discours, musique et danses traditionnelles népalaises !

On nous offre même un mug pour nous remercier de notre présence !

L'école accueille 80 élèves de 3 à 13 ans, dont certains habitent beaucoup trop loin pour rentrer chaque soir, ou même le week-end (qui ici au Népal ne se résume qu'au samedi). Ainsi, une vingtaine d'élèves habitent à l'école en compagnie des 4 professeurs qui gèrent les cours comme la vie quotidienne, la cuisine et les activités extra-scolaires (2 des 4 enseignants sont bénévoles !). C'est une réelle petite communauté - je dirais même une grande famille - dont nous avons fait la connaissance à l'école élémentaire Shree Bhume Annapurna.

Bien que les constructions soient récentes, les salles de classe sont des plus sommaires, sans électricité, ni isolation, ni carreaux aux fenêtres.

Située sur le toit du bâtiment principal, la cuisine a le luxe d'avoir l'eau courante. La plupart des maisons népalaises en campagne ne l'ont pas. La vaisselle, comme la toilette d'ailleurs, se fait au robinet extérieur. Matin, midi et soir, on ne déroge pas au plat traditionnel Népalais : le dal bhat (riz blanc et soupe aux lentilles), accompagné de verdure cuite, curry de pommes de terre et petits pickles.

 La cuisine et le réfectoire sur le toit de l'école (les jours de pluie, on mange en classe).

La vingtaine d'élèves internes à plein temps dorment dans deux pièces de l'école transformées en dortoir. Les filles et une enseignante dorment dans la salle informatique à même le sol. Dans la "chambre" des garçons, il y a 2 lits pour les professeurs, les enfants quant à eux dorment par terre. Ils ont beau reposer sur des plaques de mousse isolante, les matelas sont fins et le sol est très froid ! À l'instar de toutes les maisons népalaises, il n'y a pas de chauffage et à l'heure du coucher, il ne fait que 6°C à l'intérieur, à peine plus qu'à l'extérieur... Je suis heureuse d'avoir pensé à prendre mon sac de couchage grand froid !

La chambre des filles. 

Heureusement, nous nous sommes bien réchauffés au coin du feu, pour le plus grand bonheur des enfants qui, sortis des salles de classes où ils font étude jusqu'à 22h, en profitent eux aussi.

Le bonheur simple d'un feu autour duquel se retrouver ... et se réchauffer ! 

Le lendemain, nous partons visiter l'ancienne école, un peu plus haut dans le hameau, qui était encore en fonction il y a quelques années, avant que les nouveaux locaux ne soient construits. Observez ce tableau noir sur la façade qui permet de faire cours à l'extérieur : j'adore !

L'ancienne école.

Ayant été enseignante, ces deux journées à l'école m'ont profondément touchée et m'ont fait relativiser quant aux conditions de travail et d'étude, si différentes d'un pays à l'autre. Ici, même si les critères occidentaux de confort ne sont pas réunis, élèves et professeurs cohabitent et oeuvrent ensemble avec autant d'enthousiasme que de sérieux et sans compter les heures. Ils ont immensément conscience que c'est une réelle chance de pouvoir étudier et ainsi choisir de quoi sera fait leur futur. Encore une belle leçon de vie !...

Épilogue

De retour sur Pokhara, pour nous remercier d'avoir gracieusement couvert l'évènement en photo, Heinz nous a fait la surprise de nous offrir un magnifique ciel étoilé sur le plafond de Totoro ! Depuis, chaque nuit, une voie lactée au réalisme saisissant se déploie sous nos yeux... Fantastique ! Malheureusement, trop difficile à photographier pour vous montrer ça, il faut le voir en vrai !

Pour en savoir plus : https://www.starseed.at/

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Février 2024

Nous quittons Pokhara direction la capitale népalaise Kathmandu, où nous devons faire la demande de nos prochains visas indiens. Seuls 200 km séparent les deux villes, mais la route est en travaux et il faut compter près d'une douzaine d'heures pour les parcourir ! Plutôt que d'avaler ce trajet chaotique et éprouvant en une fois, nous préférons prendre notre temps en effectuant quelques agréables étapes qui confirmeront notre amour pour le Népal.


La sérénité des rives du lac Begnas

Première halte d'une nuit sur les rives du Lac Begnas. Malgré ces paysages idylliques propices au tourisme, nous trouvons ici à cette période de l'année un véritable havre de paix. Dès que les brumes matinales se dissipent, les sommets alentours se reflètent sur ses eaux limpides. Hormis le chant des oiseaux, le cri des coqs et le sifflement des cigales, le calme règne en maître.

La sérénité des rives du lac Begnas. 

Quelque part un peu plus loin, second arrêt que nous n'avions pas prévu... Un fort cliquetis au niveau des roues arrière gauche nous inquiète : une des deux colonnettes de l'étrier de frein a disparu ! Le dernier garagiste que nous avions consulté au retour de Tatopani a mal remonté l'étrier et la pièce est tombée... Il ne manquait plus que ça ! Dans notre "malheur", la chance nous sourit quand même : on s'est arrêtés à dix mètres d'un garage qui nous bricole quelque chose le temps d'arriver à Kathmandu !

Les galères mécaniques continuent ! 

Bandipur, le coeur chaleureux du Népal

Le rafistolage a l'air de bien tenir, et nous atteignons sans encombre le beau village de Bandipur, surnommé « le cœur chaleureux du Népal ». Perché à plus de 1000 mètres d'altitude sur une montagne à la végétation luxuriante, il embrasse un panorama grandiose sur les sommets himalayens.

Du fait que la circulation soit fermée dans les rues principales, y compris aux 2 roues, nous goûtons ici à une tranquillité qui nous laisse tout le loisir d'arpenter ses voies piétonnes pavées et ornées de magnifiques bougainvilliers.

Quel plaisir de découvrir au fil de nos calmes promenades cette belle architecture traditionnelle de bois et de briques, typique de la culture Newari...

Malgré un tourisme que nous supposons grandissant (vu le nombre de terrasses de café-restaurants et de chambres à louer), il règne encore à Bandipur un réel parfum d’authenticité.

Outre ses attraits culturels, ce petit village perché offre un air pur et frais idéal pour recharger notre esprit et nos poumons.

Et évidemment, un formidable panorama sur Langtang, le Ganesh Himal, Manasulu et la chaîne de l’Annapurna... Inoubliable !...


Le lac Markhu : notre spot préféré !

C'est un local qui, au détour d'un chemin, nous parle de ce lac. Peut-être est-ce parce qu'il est artificiel qu'aucun guide touristique ne le mentionne ? En tous cas, c'est pour nous un gros coup de coeur où nous avons séjourné à deux reprises.

Pas mal la vue non ?! Le seul bémol, c'est la route - que dis-je... la piste chaotique ! - pour y arriver... qui nous aura quand même coûté deux pneus : une crevaison à chaque visite !

Mais quel calme, quelle vue, quelle sérénité une fois arrivés ! Nos seuls voisins sont une famille de 4 personnes, 3 chiens et 1 chiot, quelques poules et une dizaine de chèvres.

Arnaud après avoir gratté la boue du camion !
On se fait très vite un nouveau petit copain canin... trop chou !

Pour parfaire le tableau, nous avons à disposition une source d'eau fraiche dévalant en direct de la montagne, et des réserves de bois mort à profusion pour faire du feu. Outre de rares promenades en barques, le lac est principalement utilisé pour la pisciculture.

Un matin, un bêlement un peu plus fort et différent se fait entendre... J'ai à peine le temps de tourner la tête en direction de la chèvre s'égosillant, qu'elle expulse son cabri sous mes yeux ébahis !

Je me précipite chez les voisins pour les alerter. Une fois le petit nettoyé, il s'agit à-présent de le faire téter. Mais sa maman refuse, se débat et finalement s'enfuit !

Heureusement, 4 jours plus tard, nous les retrouvons côte à côte : la maman et son petit semblent enfin s'être apprivoisés !

Là on craque !...

La vallée de Pharping 

Le monastère de Guru Rinpoche

Guru Rinpoché (précieux maître), également connu sous le nom de Padmasambhava (né du lotus), est un maître bouddhiste du VIIIe s. considéré comme l'un des fondateurs du bouddhisme tibétain. C'est ici, dans une grotte à une vingtaine de kilomètres de Katmandou, qu'il entra dans une profonde méditation et acquis la connaissance du Mahamudra, autrement dit l'illumination, l'Éveil.

Pharping est donc devenu un lieu saint et revêt la même importance pour les bouddhistes népalais que Bodhgaya, la ville indienne où Siddhartha atteint l'Éveil et devint Bouddha. Aujourd'hui, de nombreux monastères y sont érigés, accueillant une importante communauté de moines du bouddhisme tibétain. L'un des plus impressionnants est probablement celui-ci, surmonté d'une immense statue haute de 40 mètres, représentant Padmasambhava sous la forme du bouddha de médecine.


Vous prendrez bien une petite dose d'adrénaline pour finir ?

Au Népal, au-dessus de chaque vallée, de chaque cours d'eau, se balancent des milliers de ponts suspendus : autant de lignes de vie pour les villages les plus reculés.

En plus de permettre aux population locales de se déplacer et de s'approvisionner, ils aident également les randonneurs à atteindre les sommets de l'Himalaya.

Le pont suspendu au-dessus de la vallée de Pharping est assez impressionnant... Pour terminer cet article, en voici une petite idée vertigineuse en vidéo !

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Publié le 14 avril 2024

Février-Mars 2024

Katmandou … Katmandou …

Depuis mes 15 ans, ce nom m’a toujours fait rêver… D’abord à la lecture des Chemins de Katmandou de Barjavel, plus tard, du récit de voyage de Charles Duchaussois, Flash ou le Grand Voyage, beaucoup plus trash… Les sons seventies des vinyles de mon père et de ma mère avaient cette subtile saveur psychédélique à laquelle j’associais oniriquement cette ville au nom exotique et doux : Katmandou…

La très vénérée statue noire de Kala Bhairava à Durbar Square.

L’aventure de ces hippies quittant l’Europe – la plupart en stop, quelques uns en van – pour rejoindre la cité mystique et ouvrir les portes de leur perception me fascinait. J’éprouvais même une certaine frustration d’être née trop tard ! Bref, notre arrivée à Katmandou résonne en moi comme un pèlerinage, tel un présent offert à cette adolescente rêveuse et un tantinet rebelle que je fus.

Plus de 60 ans se sont écoulés depuis que la vague hippie chevelue et enfumée a déferlé sur la ville. Le Katmandou dans lequel nous pénétrons a probablement bien changé de visage depuis. Si elle a su garder sa ferveur et ses traditions, c'est aussi une cité très vivante, aussi chaotique et anarchique qu’accueillante et fascinante.

Fondée au Xe siècle, elle demeure la capitale politique et religieuse du pays ; avec ses 1,5 millions d’habitants, c’est la ville la plus peuplée du Népal. Trouver où poser paisiblement (et gratuitement) nos pénates le temps de réaliser nos démarches administratives (obtenir nos prochains visas pour l'Inde) et visiter la ville n’est pas une mince affaire. C’est finalement perchés sur une colline, au pied du temple de Swayambunath que nous élisons domicile.


Swayambhunath

Du haut de sa colline, Swayambhunath est considéré comme l’un des premiers sanctuaires bouddhistes au monde, c’est aussi le plus ancien des stupas de la vallée de Katmandou.

20 kg d'or ont été nécessaires pour rénover le stupa en 2010 (financé par le Centre de méditation tibétain Nyingma, Californie). 

Dans le symbolisme bouddhiste, le dôme blanc formant la base du stupa représente le monde et les treize anneaux qui constituent le pinacle de l'édifice marquent les treize étapes de réalisations spirituelles que les êtres sensibles doivent passer pour atteindre l'illumination. Les grandes paires d'yeux mi-clos peintes sur chacun des quatre côtés du stupa représentent la sagesse et la compassion, ce sont les Yeux de Bouddha, aussi appelés Yeux de Sagesse.

Chaque jour, de l'aurore jusqu'au soir, des centaines de pèlerins s’y rendent, empruntant le gigantesque escalier partant du pied de la colline. 365 marches plus haut, c'est essoufflés, mais émerveillés que l'on arrive au sommet, embrassant l'ensemble de la ville et de la vallée.

Accompagnés par les chants et la musique sacrée des fidèles, on se joint aux déambulations autour du stupa (attention, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre !). Ici et là, on remarque la présence de temples et de divinités hindous incorporés dans ce site bouddhiste : un beau témoignage de l'harmonie religieuse existant depuis des siècles au Népal.

L’autre nom de ce sanctuaire est Monkey Temple, on comprend rapidement pourquoi : une grande colonie de singes vit sur cette colline, ils sont absolument partout. Nous ne nous lassons pas de les observer dans leurs jeux, leur vie quotidienne et leurs interactions. Habitués à la présence humaine, ils ne sont pas agressifs et même plutôt sociables. Notre pare-brise devient un toboggan rigolo, et certains d'entre eux sont heureux de grignoter chaque jour nos épluchures et quelques biscuits au creux de notre main !


Durbar Square

Cette place est le cœur historique et religieux de Katmandou. Son nom, Durbar Square (place royale en anglais), correspond à la zone des anciens palais royaux du Népal. Car avant l'unification du pays au XVIIIe siècle, le Népal était constitué de petits royaumes indépendants dont les places Durbar sont les vestiges. On compte trois Durbar Square dans la vallée de Katmandou, appartenant aux trois royaumes Newar qui s'y trouvaient avant l'unification : à Katmandou, Patan et Bhaktapur (on vous fera découvrir les deux derniers dans les prochains articles). Ces sites ont subi des dommages importants lors du tremblement de terre dévastateur de 2015, mais la plupart des structures subsistent ou ont été reconstruites.

Durbar Square, Katmandou.

Durbar Square est bien plus qu'un lieu historique et touristique : il reste encore aujourd'hui le centre névralgique de la capitale où hommes, femmes et enfants se retrouvent quotidiennement sur les marches des lieux de cultes et à l'ombre des arbres sacrés centenaires.

Taleju Temple

Construit en 1564, c'est le plus beau et l'un des plus anciens temples du site. Derrière sa porte d'entrée ornée de décorations en terre cuite et gardée par deux lions, se cache un temple de trois étages de toits de cuivre s'élevant à plus de 36 mètres. Malheureusement, il ne se visite pas, seul les népalais peuvent pénétrer dans le sanctuaire principal une fois par an. On peut néanmoins l'admirer dans son ensemble depuis le toit-terrasse d'un petit café juste en face !

Taleju Temple.

Le Palais Hanuman Dhoka

Datant du XIVe siècle, cet édifice complexe, à la fois religieux, politique et administratif, est composé de plusieurs ailes comprenant chacune une dizaine de cours intérieures. Il fut grandement abîmé lors du tremblement de terre et nous ne pouvons en visiter qu'une partie.

Néanmoins, c'est le nez en l'air que nous parcourons ses coursives, émerveillés par la délicatesse de l'architecture Newari. Nous sommes fascinés par la richesse des motifs sculptés sur les portes et les fenêtres, le tout assemblé sans clou ni colle !

Kumari Ghar, ou la prison dorée d'une petite fille...

Dans cette maison du XVIIIe siècle gardée par deux lions colorés, habite la Kumari : une jeune fille considérée comme l'incarnation de la déesse hindoue Durga, aussi nommée Taleju Bhawani, tueuse de démons. Il existe environ 11 Kumaris à travers le Népal, mais la Kumari Devi (déesse royale) à Katmandou est la plus importante.

L'origine de cette vénération remonte au XVIIIe siècle sous le règne du dernier roi népalais : Jayaprakash. Ce dernier avait l'habitude de rejoindre chaque soir cette déesse hindou pour jouer aux dés tout en discutant de questions politiques et lui demander conseil. Mais une nuit, la reine, méfiante et jalouse, le suivit dans l'espoir de dévoiler son infidélité. Au lieu de cela, elle ne réussi qu'à irriter la déesse qui s'enfuit à tout jamais. Elle réapparu au roi dans un rêve, pour lui confier que s'il voulait un jour la revoir, il devait chercher sa réincarnation dans une petite fille. Le roi établit pour cela une liste de 32 critères et partit à sa recherche ; la jeune fille possédant toutes ces qualités serait dès lors considérée comme réincarnation de la déesse.

Il faut faire une offrande pour voir apparaitre la déesse 3 secondes au balcon mais il est interdit de la photographier.

Ainsi, depuis le XVIIIe siècle, un groupe de moines hindous étudie toutes les petites filles de 3 à 5 ans éligibles et détermine celle qui pourra incarner la déesse. Parmi ces critères, elle doit appartenir à une caste précise, être pourvue d'un corps sans défaut, avoir un horoscope compatible à celui du roi, les même cils qu'une vache, les cuisses d'un cerf, une voix douce et claire, etc. Elle doit aussi réussir une série d’épreuves comme rester calme dans une pièce sombre entourée de têtes de buffles décapités.

Après avoir rejoint sa nouvelle maison (prison), la fillette n’a le droit d'en sortir que pour les cérémonies officielles, mais toujours portée car il lui est interdit de poser le pied à terre. Quelques évolutions des conditions de vie des Kumaris sont apparues ces dernières décennies : le droit de marcher au sein de sa maison (mais uniquement lorsqu’elle est seule), ses parents déménagent avec elle au Kumari Ghar (il lui était avant interdit de revoir sa famille), le droit d'avoir quelques amis (choisis parmi ceux de sa caste) et l'accès à l'éducation (par le passé, elle restait analphabète).

Représentation du roi Jayaprakash et de la déesse Taleju Bhawani.
Sculpture de la déesse Taleju Bhavani.

La Kumari incarne la déesse jusqu’à ses premières règles, mais dès que survient la première goutte de sang, l'esprit de Tulaju sort de son corps et elle redevient une enfant "normale". Elle quitte alors le palais dans lequel on l'a enfermée depuis près de 10 ans et doit affronter le monde extérieur dont elle n'a aucune idée. Le changement est brusque et sans accompagnement. S'intégrer à la société est alors extrêmement difficile pour une enfant que tout le monde a traité comme une déesse depuis ses 4 ans. Elle a souvent des problèmes pour se déplacer car ses jambes n’ont que très peu servies. Pour couronner le tout, elle reste la plupart du temps célibataire car une légende prédit que quiconque épouse une Kumari mourra l'année qui suit... Pauvres petites filles...

Les Kumari, incarnations de la déesse Taleju. 


Bon, quittons ces pauvres petites Kumaris, et retournons nous promener dans les rues de Katmandou.

De Durbar Square au quartier touristique de Thamel, en passant par les bazars d'Indra Chowk et d’Asan Tole, les conducteurs de rickshaws à pédale bavardent ou piquent un petit somme en attendant le client. Un peu trop post-colonialiste à notre goût, nous préférons marcher, c’est si bon de se perdre dans les ruelles et d’y dénicher des trésors cachés !

 Les rickshaws à pédales de Katmandou.

Des minis « épiceries-fenêtres » ouvertes sur la rue aux étals de fruits et légumes sur les trottoirs ; des bijouteries de pacotille clinquante aux boutiques d’artisanat d’art de belle facture ; des fringues néo-hippies de soie bariolée aux (belles) contrefaçons North Face ... À Katmandou, on trouve de tout : cachemire, papier népalais, tissus multicolores, objets de culte, mandalas et thangkas (peintures), instruments de musique, masques de bois, bronzes, cuivres, et j’en passe…

Et au milieu de ce joyeux capharnaüm urbain, le mysticisme est partout présent : petits temples à chaque coin de rue et cachés en arrières cours, stupas trônant au centre des places, offrandes d’encens et de fleurs dans les moindres recoins des ruelles, fidèles récitant mantras et sutras et faisant retentir gongs et clochettes...

Des temples à chaque coin de rue.
Les stupas, monuments circulaires bouddhistes abritant des reliques sacrées associées au Bouddha ou à d'autres saints.
À l'est de Katmandou, le stupa du sanctuaire de Bodnath, Buddha stupa (XIVᵉ s.), est l'un des plus grands au monde.

À l'écart de l’effervescence des monuments historiques et des zones touristiques, on adore se perdre dans les quartiers plus populaires, arpenter l'incroyable réseau de ruelles tortueuses et capturer en image ces tranches de vie colorées...

Lors de nos déambulations urbaines, ce qui nous a fasciné par dessus tout, ce sont tous les commerces ouverts sur la rue, dont les devantures et les intérieurs sont comme autant de petites scènes du théâtre de la vie quotidienne.

Petites scènes du théâtre de la vie quotidienne.

Passer du temps dans une grande ville, qui plus est une capitale, n'est pas ce que nous préférons dans le voyage. De plus, on nous avait dépeint Katmandou comme une ville bruyante et irrespirable remplie de smog, un agglomérat de briques et de béton où pas un seul arbre ne pousse. Encore une fois, laissons de côté les on-dit.

Comparée aux grandes villes indiennes, Katmandou est bien plus douce, moins sale et bien moins misérable. Les Népalais de la capitale sont tout aussi agréables, polis et souriants que dans le reste du pays, et nous sommes toujours accueillis avec un sourire chaleureux accompagné d'un Namaste, les mains jointes en position de prière et de respect.

La beauté est partout présente : des monuments historiques aux devantures des magasins et des étals éclatants de couleurs ; des hommes portant les chapeaux topi à motifs de Dhaka, aux femmes en sari ou en kurta et parées de bijoux traditionnels ; des volutes d'encens émanant des temples aux effluves épicées des gargotes populaires ; moulins à prières, cloches et gongs ; pigeons, singes, vaches et chèvres...

Katmandou est un labyrinthe sensoriel chargé d'une richesse humaine sans pareille, qui chaque jour n'a cessé de nous émerveiller.

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Entre la traversée du Pakistan (pas vraiment le contexte idéal pour l’écriture !) et l'Iran où les trop faibles connexions et autres restrictions internet ne m’ont pas permis de charger les images, voilà plus d’un mois que le blog est resté silencieux… Mais je ne vous avais pas oublié et chaque jour j’y ai pensé ! C’est finalement d’Arménie que je vous écris aujourd’hui pour vous conter enfin la suite de notre découverte du Népal… (Erevan, 24 mai 2024).

Jardin de Bhandarkhal et son bassin surmonté d'un petit pavillon de méditation

L'enchantement ne s'arrête pas à Katmandou, ses alentours nous réservent aussi de belles surprises. Il suffit par exemple de traverser la rivière Bagmati pour trouver sur la rive opposée l'ancienne ville royale et capitale des arts Lalitpur, « La cité de la beauté », plus connue sous le nom de Patan.

Cité bouddhique la plus ancienne d’Asie, elle était autrefois un centre d’enseignement majeur du bouddhisme, comme en témoignent les nombreux monastères et temples disséminés dans la ville qui ont donné à Patan son surnom de « ville aux mille toits dorés ».

On a particulièrement apprécié le coeur ancien de la cité, principalement piéton et à l'architecture de briques rouges cernée de boiseries sombres typiquement newar. Ici et là, les artisans spécialisés dans la sculpture du bois et du métal vaquent à leur tache créative et minutieuse, fier héritage de nombreuses générations.

Comme dans toutes les anciennes capitales royales du Népal, le Durbar Square qui trône en son centre regroupe un ensemble de monuments historiques témoignant d'un somptueux travail de la pierre, du bronze et du bois.

  • Le temple de Vishnu

Son entrée est gardée par deux cavaliers à dos d'éléphants qui écrasent sous leurs grosses pattes le malin qui voudrait profaner les lieux. À sa droite, une haute colonne est surmontée d'une sculpture de Garuda priant. Homme-oiseau fabuleux de la mythologie hindouiste puis bouddhiste, c'est la monture du dieu Vishnu.

 Le temple de Vishnu?
  • Temple de Krishna

Il fut construit au XVIIIe siècle pour commémorer le sacrifice des femmes du roi Yoganarendra Malla selon le rite du sati. Ce rite, aujourd’hui aboli au Népal mais se déroulant encore parfois en Inde malgré son abolition en 1829, veut que la veuve s’immole vivante dans le bûcher de crémation de son mari…

Le temple de Krishna. 
  • Temple Bhimsen

Du haut de son toit pagode pendent deux longues bandes de pataka qui symbolisent une échelle permettant aux divinités de descendre de leur demeure céleste. Ses poutres de bois sculpté offrent de superbes représentations des divinités de l'hindouisme comme Shiva, Parvati, Bhairava et Ganesh.

  • Kwa Bahal, ou Le Temple d'Or

Certains des plus beaux trésors de la cité sont bien cachés et il est très aisé de passer à côté sans les voir. C'est le cas du Temple d'or (XII e s.), un monastère bouddhiste au triple toit pagode recouvert d'or, dissimulé derrière les hautes façades d'une ruelle commerçante. Une fois passée une porte cochère, on pénètre dans une courette qui mène au sanctuaire...

Le dorje sacré de Kwa Bahal.

Une fois à l'intérieur, un immense dorje accueille le visiteur. "Dorje" signifie "foudre diamant" en tibétain. Il représente la nature indestructible de l'éveil bouddhiste, qui est aussi solide et impénétrable que le diamant. Le Dorje est également associé à la foudre, symbolisant la capacité de la sagesse à illuminer l'ignorance et les pensées négatives.

Ici, tout n'est que beauté et recueillement : chaque détail de ce temple bouddhiste est finement gravé ou sculpté, et une ambiance religieuse profonde y règne, invitant certains à la prière, d'autres à la méditation.

Nous apprenons non sans étonnement que le prêtre principal du Temple d'Or est un enfant de moins de 12 ans, issu de la caste des Shakya. Il occupe cette fonction pendant un mois avant d'être remplacé par un autre jeune garçon.

Jeune prête du Temple d'Or

Le soir venu, places et ruelles se vident curieusement de toute présence humaine et sous les faibles éclairages urbains, l’architecture se pare d’un voile de mystère et de magie.

Nous avons presque le sentiment d’avoir voyagé dans le temps et qu’à tout instant, une de ces grandes portes sculptées s’ouvrira sur la silhouette imposante d’un roi, d’une déesse personnifiée ou d’un bonze d’une autre ère psalmodiant un mantra sacré.

Et sous nos yeux contemplatifs, déesses et divins amants semblent reprendre vie chaque nuit, éternellement...

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Mi février 2024 - Bienvenue à Bhaktapur, un véritable musée à ciel ouvert !

Capitale royale du Népal du XVe au XVIIIe siècle, Bhaktapur est une superbe ville peuplée principalement d’artisans, parsemée de palais, de temples et de magnifiques demeures dont certaines ont servit de décor à Bertolucci pour y tourner des scènes de Little Buddha (à voir !).

Berceau de la culture newar, ses fondations remontent au VIIIe siècle. Édifiée sur un plan en forme de mandala, elle est incluse dans un « triangle magique » formé par les 3 temples de Ganesh situés à l’extérieur de la ville qui la protègent symboliquement.

 Ici, les plus âgés ne parlent pas le népalais mais le Newari le plus pur que l’on puisse encore trouver au Népal.

Chaque quartier de la cité s’articule autour d’une place centrale munie d'un autel religieux ainsi que d'un puits, d'une source ou d'un grand bassin. C'est d'ailleurs au bord du plus grand d'entre eux, le Siddha Pokhari, dans lequel nagent des carpes et des poissons-chats sacrés, que nous élisons notre domicile temporaire.

Bassins, fontaines, puits : l'eau est partout présente à Bhaktapur.

Comme nous l'avons constaté un peu partout au Népal, l’harmonie religieuse entre hindous et bouddhistes uni les habitants.

Offrandes aux dieux dans les rues de la cité.

Quelque soit leur religion, tous participent avec enthousiasme à chaque festival et évènement culturel, qui à Bhaktapur sont nombreux : fêtes, rituels, daftas (prières de groupe), et danses traditionnelles composent le patrimoine vivant de la ville, transmis de génération en génération.

Car ici, plus que partout ailleurs, tout est régi par les dieux ; le sacré est omniprésent dans la vie quotidienne de cette "ville-temple", longtemps appelée « la cité des dévots ».

Danseur Lakhe au masque orné de queues de yack pour les cheveux, exécutant des mouvements sauvages au rythme des percussions.

Bhaktapur est réputée pour être la plus belle ville de la vallée (on confirme !) et on ne peut qu'être profondément touchés par l'atmosphère traditionnelle et fervente qui s'en dégage. L'art et l'artisanat sont aussi partout présents. On s'émerveille devant les échoppes où masques, marionnettes, statuettes et bijoux rivalisent de beauté ... c'est dur de ne pas craquer à chaque coin de rue !

Les galeries d'arts sont aussi nombreuses et l'ex-prof-d'arts-plastiques que je suis s'émerveille devant la finesse des réalisations d'un groupe de jeunes filles étudiant l'art du mandala. J'apprend que pour devenir un peintre de Thangka accompli (art tibétain traditionnel), une formation d'au moins dix ans est requise sous la supervision constante d'un maître !


Durbar Square

"S'il n'y avait d'autre au Népal que la Place Durbar de Bhaktapur, cela vaudrait encore la peine de parcourir la moitié du globe pour la voir."

E. A. Powell, La dernière demeure du mystère, 1929.

Pour les touristes étrangers, le droit d’accès aux durbars squares des villes royales est payant. Alors qu'il s'élève à 1000 Npr (7€) à Katmandou et à Patan, celui de Bakhtapur est prohibitif : 1800 Npr, ce qui représente 12,5€/personne (une somme importante au Népal). Mais lorsque l’on arpente les rues propres et dallées de pierre comme au Ve siècle, admirant ses façades et ses temples multicentenaires, la beauté des lieux et la qualité des restaurations aident à faire passer la note, aussi salée soit-elle.

Le palais aux 55 fenêtres

Car le montant de cette recette est utilisé pour la préservation de la culture et du patrimoine, le nettoyage de la ville (elle figure parmi les 10 villes les plus propres d’Asie !), la construction et le développement des infrastructures, l’éducation et la formation de la main d’oeuvre.

La Porte d’Or
La Porte d’Or

La municipalité distribue également des subventions pour le bois, les briques et les tuiles traditionnelles afin d’encourager les habitants à construire ou à rénover dans le style newar.

Si nous ne devions visiter qu'un seul des 3 Durbar Square de la vallée, ce serait sans hésiter celui de Bhaktapur. Une collection de petits bijoux architecturaux vous y attend : la Porte d’Or ouvrant sur le temple de Taleju, le Palais aux cinquante-cinq fenêtres, le musée de Bhaktapur, les différents temples et Pattis (lieux communautaires ouverts servant aux jeux et aux discussions), les escaliers flanqués de sculptures toutes plus belles les unes que les autres, les façades de bois ouvragés...

Statue du roi Bhupatindra Malla perchée au sommet d’un monolithe de pierre.

Place Taumadhi

temple de Bhairav.

A quelques minutes de la place royale nous attendent l’imposant temple de Bhairav, ainsi que le fameux temple à cinq toits de Nyatapola, le monument religieux le plus haut du pays, dédié à la déesse tantrique Siddhi Laxmi.

Temple à cinq toits de Nyatapola.

Place Dhattatreya

Cette place au parfum moyenâgeux bordée de maisons traditionnelles se situe dans la partie la plus ancienne de la ville. Elle accueille l’un des plus vieux temples de Bhaktapur, qui fut construit avec le bois d’un seul et même arbre.

Place de la poterie Talako

Bhaktapur est réputée pour ses nombreuses spécialités artisanales comme le fameux yaourt Juju Dhau, ses chapeaux traditionnels et ses saris noirs bordés de rouge, mais aussi pour sa poterie. Une jolie place est exclusivement consacrée à cette activité.

Madhyapur Thimi

Mais un peu plus loin, en repartant de Bhaktapur, ce n'est pas une place, mais tout un village de potiers que nous découvrons ! Moins riche que sa voisine, la vie y est plus simple et aucun touriste ne semble s'aventurer par là. Un homme coiffé du chapeau traditionnel nous invite dans sa courette pour nous faire une petite démonstration de son savoir-faire en échange de quelques roupies.


Nous terminons notre exploration de la vallée de Katmandou à Nagarkot. Situé à 2175 mètres, c'est point le plus haut de la vallée qui offre une vue panoramique sur la chaîne de l'Everest. Malheureusement pour nous, les nuages ne se sont pas dissipés durant deux jours passés à scruter l'horizon...

Nous avons atteint ici le point le plus à l'est de ce voyage. À partir de là, nous emprunterons le chemin du « retour » vers l’ouest … non sans, je dois vous l'avouer, un pincement au coeur !

Pour terminer cet article, quelques portraits des enfants de Bhaktapur, juste pour le plaisir de se souvenir de ces rencontres éphémères ...

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Un mois mémorable s’est écoulé dans la vallée de Katmandou, qui nous a ébloui tant par la richesse de son histoire et de son architecture que par la beauté de ses habitants et de leurs traditions, hautes en couleurs et en ferveur.

Mais avant de prendre le chemin du retour vers l'ouest et de retrouver la douceur de vivre des rives du lac Phewa à Pokhara, une dernière mission nous attend dans un petit village accolé à Katmandou...


Dans les coulisses de "Himalayan Handicraft"

Vous vous souvenez de notre rencontre avec Heinz, l’artiste autrichien ? (cf. chapitre 3 de ce carnet). Et bien quelques jours après son retour en Autriche, il nous a mis en relation avec une de ses amies qui souhaite commercialiser des chaussons en laine feutrée produits ici même.

Pour son site internet, elle a besoin de photos de l’atelier de production et nous propose une petite rémunération pour le shooting. Parfait, cela va couvrir les frais de nos prochains visas indiens, et nous allons découvrir les secrets de fabrication de cet artisanat made in Népal !

L'atelier Himalayan Handicraft crée toute sorte d'articles en feutre 100% laine de mouton, comme ces chaussons entièrement fabriqués à la main. Après que la laine ait été lavée, séchée, triée, cardée puis teinte, on obtient des couches de laine en ‘’nuage’’ qui est alors prête à être transformée en feutre.

Afin d’obtenir un chausson d’une seule et même pièce sans couture, un patron plat en forme de pied est enveloppé de plusieurs couches de nuages de laine, collées l'une à l'autre à l'eau savonneuse.

Une fois que l'enveloppe du chausson est suffisamment épaisse et solide, on commence à le mouler, toujours à l’eau et au savon, ce qui permet aux fibres de la laine de s'agglomérer les unes aux autres : c’est ainsi que l’on fabrique le feutre. Le façonnage dure jusqu'à une parfaite tenue des fibres entre elles.

On façonne ensuite l’intérieur du chausson en y insérant un moule en forme de pieds, et à l’aide d’une espèce de petit rouleau à pâtisserie, on donne la forme définitive au chausson.

Les chaussons doivent ensuite sécher dans leur moule pour ne pas rétrécir en séchant. Pour terminer, les semelles sont dessinées puis découpées dans du cuir de chèvre ou de mouton, puis cousues aux chaussons. Et voilà, vous savez tout !


Retour à Pokhara

De la vallée de Katmandou à Pokhara, les cultures en terrasse confèrent un relief et des couleurs bien particulières au paysage. Ce sont la plupart du temps des rizières, mais lorsqu'on prend de l'altitude, le sarrasin et les pommes de terre succèdent au riz. Jusqu'à 2000 mètres d'altitude, le paysage se pare de ces immenses terrasses verdoyantes qui semblent avoir été taillées par des géants. Ici et là, d'immenses ponts suspendus au dessus du vide relient les montagnes.

Cultures en terrasses et ponts de singe rythment les paysages.

Arrivés sur notre spot préféré au bord du lac Phewa, quelle bonne surprise de rencontrer d'autres voyageurs en van, ça faisait si longtemps (depuis décembre à Goa quand même). An et Yves de Belgique et Alex, Clem et leur chienne Bagan de France (qui nous rejoignent d'ailleurs bientôt en Arménie !). L'occasion de partager nos expériences respectives, nos coups de coeurs, nos bons plans, nos galères aussi...! L'un des bons plans, c'est cette fabuleuse fromagerie du centre ville (pas donnée, mais de qualité) ainsi que les délicieuses galettes de la French Crêperie tenue par une bretonne... on y fera quelques visites gourmandes !...

Cette fois ci, on découvre la face française de Pokhara avec ses galettes bretonnes et sa fromagerie-cave à vin !


Holi Festival, la fête des couleurs

À l'instar de sa voisine l'Inde, le Népal est souvent en fête, on dit même que l'on y compte plus de fêtes que de jours dans l'année ! Aujourd'hui, 25 mars, on célèbre à Pokhara comme partout au Népal, en Inde et ailleurs sur la planète, l'un des festivals les plus populaires : Holi.

Fête hindoue originaire de l'Inde existant depuis l'antiquité, Holi marque la fin de l'hiver, accueille le printemps et célèbre la fertilité.

Pendant ces quelques jours, les barrières sociales tombent : hommes et femmes sont égaux, toutes les castes, toutes les générations, toutes les religions se mêlent et s'unissent dans la joie du renouveau.

Au delà de son aspect festif, Holi est le moment de l’année où chacun doit pardonner les erreurs du passé, mettre fin aux querelles ou encore payer ses dettes.

Le festival se déroule sur deux jours. La première nuit, un grand feu est allumé pour célébrer la victoire du bien sur le mal en rappelant la crémation de Holika, une démone brûlée par Vishnu (Holi signifie « brûler » et vient du nom Holika). Les pigments de couleurs remplacent aujourd'hui les cendres, dont les hindous se recouvraient le visage.

Le lendemain, les gens s'habillent en blanc et déambulent à travers la ville en s'aspergeant d'eau et de poudres colorées dans une ambiance bon enfant. Chacune d'elles a une signification bien précise : le vert pour l'harmonie, l'orange pour l'optimisme, le bleu pour le calme et la vitalité, le rouge pour la pureté, la joie et l'amour, et le jaune pour la foi.

La musique est omniprésente, adultes et enfants dansent, chantent et rient sans limite du qu'en dira-t-on !

Bagan, la chienne de nos nouveaux amis, n'a pas échappé à la poudre colorée !

Et si vous ne l'aviez pas encore vue, voici une petite vidéo souvenir pour mettre dans l'ambiance !

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Laissant les montagnes derrière nous, nous reprenons la route pour découvrir les basses terres du Teraï et le parc national de Chitwan, dont les forêts denses, les plaines herbeuses et les paysages fluviaux constituent l'un des derniers refuges du rhinocéros unicorne d'Asie et du tigre du Bengale...

Allons nous rencontrer l'un de ces rares spécimens ?

La brume dévoile petit à petit les innombrables bras d’eau de la rivière Rapti.
 Sortez vos jumelles, en route pour 3 jours de safari !

Arnaud et moi avons toujours eu une certaine réticence par rapport aux safaris, imaginant de gros 4x4 bruyants tant par leur moteur que leur surcharge de touristes, sillonnant la brousse et dérangeant les animaux dans leur milieu naturel. C'est sur les conseils d'Alex et Clem, que nous nous laissons tout de même tenter par l'expérience, et n'avons aucun regret !

Nos guides adorés de pères en fils : Khagendra et Mangara.

Car nous embarquons dans cette aventure de 3 jours aux cotés de Kagendra et de son papa Mangara qui a grandi et vécu 30 ans dans la jungle. Leur expérience de la forêt, leur connaissance de la faune et de la flore, leurs ouïes fines associées à 4 yeux de lynx nous assurent de belles surprises et de nombreux enseignements. Avec eux, le silence est d'or et l'essentiel du safari se déroule à pied, en prenant le temps de s'immerger en plein cœur de la jungle : observer, écouter, ressentir... Une expérience humaine et sensorielle unique bien loin des conditions que nous redoutions !

 Observer, écouter, ressentir ...

Chitwan, qui signifie littéralement "au coeur de la jungle" porte bien son nom puisque le parc se compose de forêts tropicales et subtropicales qui abritent de nombreuses espèces animales à l'état sauvage : outre les derniers rhinocéros d'Asie et majestueux tigres du Bengale, hyènes, léopards, éléphants, chats sauvages, macaques ou encore ours lippus peuplent ces forêts.

 Au coeur de la jungle, tout est géant, comme ces chenilles et ces termitières. Et vu l'empreinte, le tigre n'est pas loin !

Une grande population de cervidés vit également ici, nous n'en avions jamais vu autant, ils sont partout et se sont avérés très utiles dans notre recherche du tigre. En effet, Kagendra nous a appris à identifier le son qu'émettent les cerfs et les biches lorsqu'un prédateur rôde alentours : une sorte de sifflement alertant le groupe du danger.

De nombreuses espèces d'oiseaux vivent aussi dans le parc : cormorans, grande aigrette, rollier indien multicolore, martin pêcheur, hérons de toutes sortes, bergeronnette indienne, paon, etc... Nous avons même eu la chance d'observer un kétoupa roux, le grand hibou d'Asie !

Grands cormorans séchant leurs ailes après la pêche
De gauche à droite : cormorans, grande aigrette, rollier indien, kétoupa roux.
Envol d'un héron pourpré. 

Une partie du safari se déroule au fil de l'eau, à bord d'un canoë traditionnel népalais sculpté d'une pièce à la main dans un tronc d'arbre.

Naviguer ainsi silencieusement sur la rivière Rapti est la meilleure façon d'observer les crocodiles de plus près, en pleine sieste sur les berges.

De retour sur la terre ferme, d'autres surprises nous attendent. Après avoir observé des traces de griffes d'ours sur l'écorce d'un arbre, nous en croisons un, de retour de sa baignade : l’ours lippu des régions tropicales asiatiques, aussi appelé ours à miel ou encore ours paresseux.

Celui-ci ne semble pas agressif, et a probablement plus peur de nous que nous de lui. Mais n'oublions pas que dans la jungle, nous ne sommes pas sur notre territoire et il est essentiel de connaitre quelques règles de sécurité. En cas de rencontre avec un ours : faire du bruit pour lui faire peur ; avec un rhinocéros : se cacher derrière un arbre ou grimper dessus ; avec un tigre : reculer doucement.

L'ours Lippu. 

Et ces précieux conseils nous furent bien utiles le deuxième jour... Alors que nous marchons silencieusement dans la plaine, des mouvements se font sentir dans les hautes herbes, à une dizaine de mètres seulement. Serait-ce le tigre ? Non, c'est un rhinocéros ! Et il n'y en a pas qu'un mais trois : une femelle et deux mâles se disputant ses faveurs. L'un tourne la tête vers nous : il nous a repérés et commence à se diriger dans notre direction, suivi des deux autres.

À ce moment, nos guides nous indiquent un grand arbre : vite, courez vous y cacher ! Nous prenons nos jambes à notre cou et allons se faire tous petits derrière ce tronc dont la circonférence n'est pas suffisamment grande pour nous dissimuler ! Un grand moment d'adrénaline : nous sommes partagés entre la peur et l’excitation. Mais nous ne pouvons rester là, il faut s'éloigner des 3 pachydermes manifestement contrariés par notre présence.

 Lorsqu'ils ne sont pas en rut, les rhinos sont plutôt tranquilles et il est fascinant de les observer.

Depuis des siècles, ces grands herbivores sont malheureusement victimes de la cupidité des hommes car leur corne est réputée pour posséder de puissantes vertus médicinales. Sa corne vaut désormais plus que de l’or : le prix du kilo se négocie sur certains marchés asiatiques à 50 000 US$ ! L’espèce a frôlé l’extinction au début du XXème siècle : il restait moins d'une centaine d'individus en Inde et au Népal. Au cours du siècle, la situation s’est lentement améliorée avec l’institution de réserves, l’arrêt de la chasse sportive et la lutte contre le braconnage.

Les éléphants et leurs cornacs. 

Malgré les nombreuses mesures mises en place par le gouvernement pour éradiquer le braconnage du tigre et du rhinocéros, celui-ci persiste encore dans la région et vient fragiliser la préservation de ces deux espèces. C'est pourquoi il n'est pas rare de croiser des gardes armés à dos d'éléphant arpentant la forêt.

À chaque éléphant son cornac, qui est à la fois maître, guide et soigneur. On est cornac de génération en génération et on ne s'occupe en général que d'un seul éléphant tout au long de sa vie. Le cornac s'assoit sur le cou de l'animal et communique avec lui à l'aide de mots (une cinquantaine), de gestes et de mouvements de pieds. Cette relation entre l'homme et l'animal est particulièrement développée en Asie où l'éléphant reste un moyen de transport de matériaux dans les zones difficiles.

Un vieil éléphant "à la retraite" rejoignant tranquillement son abri à la tombée de la nuit.  

Nous croisons quotidiennement les pachydermes chargés d'herbes hautes et de fagots de bois : leur repas et le combustible pour le faire cuire. En fin de journée les cornacs vont baigner les bêtes à la rivière, qui semblent tant apprécier ce moment de toilette, de jeu et de détente rafraichissante !

Le troisième et dernier soir du safari, une belle surprise attend : nous allons passer la nuit dans une tour d'observation en plein coeur du parc national ! Située à la lisière de la forêt, non loin d'un cour d'eau et surplombant une grande plaine herbeuse, c'est l'environnement idéal pour contempler la faune en cette belle et douce fin de journée.

Après le balai des cervidés, ce sont trois rhinocéros qui nous font l'honneur de leur présence sous nos regards émerveillés. Ils passerons une grande partie de la nuit à paitre tranquillement ici.

Nous passons la nuit à entendre les sifflements d'alerte des cerfs, indiquant la présence du tigre. Mais finalement, nous ne l'aurons pas vu, resté caché, dissimulé, camouflé dans les fourrés... Pourtant, au petit matin, ses traces sont bien fraiches autour de la cabane et sur le sentier que nous empruntons pour retourner à la civilisation !...

Ces quelques jours dans le parc national de Chitwan nous ont permis de découvrir encore une autre facette du Népal, nous confortant dans notre amour profond pour ce pays. Malheureusement, nos visas touchent déjà à leur fin, et nous devons (à regret) quitter les terres népalaises.

Il est trop difficile pour moi de trouver les mots pour terminer ce carnet de voyage que je n'aurais jamais voulu clore !... Ces quelques merveilleux mois en Inde et au Népal, aux folklores si hauts en couleurs, senteurs, sons, toujours chargés de spiritualité, me semblent déjà appartenir à un songe...