Le centre ville et ses marchés
10 - 14 avril 2023
De prime abord, cette grande ville industrielle bétonnée et sillonnée de larges artères n’est pas des plus accueillantes… Et pourtant, lorsqu’on prend le temps de la découvrir, elle dévoile certains charmes.
Dominée par le mont Uludag et ses forêts, bénéficiant d’abondantes sources thermales et de plusieurs grands parcs, elle porte bien son surnom de « la verte ».
Dans ses quartiers historiques du centre ville subsistent des joyaux de l’art ottoman : mosquées, mausolées, maisons traditionnelles colorées, ainsi qu’un immense bazar animé se déployant autour d’anciens caravansérails.
Située à l’extrémité occidentale de la route de la soie, Bursa était au Moyen Âge un important centre d’élevage de ver à soie, et fut, jusqu’au XVIIe siècle, réputée pour la confection de caftans, coussins, broderies et soieries. Aujourd’hui encore, elle reste spécialisée dans la production de soie et de coton. On trouve d’ailleurs dans le plus beau caravansérail de la ville, le marché de la soie Koza Hani, dont la galerie supérieure abrite les boutiques spécialisées tandis que la cour est envahie de terrasses où prendre le thé.
Comme à notre habitude, nous aimons découvrir la ville par son marché matinal où nous goûtons à la vie quotidienne des habitants. Malgré un temps plutôt maussade, l’ambiance, parmi les stands de fruits et légumes colorés, d’olives et d’épices, y est ensoleillée ! Quel bonheur de remplir nos paniers de produits locaux aussi savoureux que peu onéreux !
Un pont jaune, une mosquée verte et un mausolée bleu … une ville haute en couleurs !
Construit en 1442, le pont Irgandi est l’un des rares exemples au monde de pont couvert abritant des boutiques, comme le Rialto de Venise ou le Ponte-Vecchio de Florence. Bien que peu connu et moins spectaculaire que ces derniers, le pont Irgandi vaut le coup d’oeil avec ses façades jaunes et sa vingtaine de boutiques-ateliers artisanales.
La mosquée Verte
Arrivés à l’heure de la prière, l’entrée ne nous était normalement pas accessible pendant plus d’une heure. Puis le jeune gardien, nous voyant patienter sur un banc alentour, nous a gentiment proposé de nous escorter à l’intérieur, restant toutefois à distance des pratiquants.
Le temps nécessaire pour apprécier le raffinement de cette mosquée du XVe siècle, dotée d’une fontaine de marbre et de baies encadrées de délicates arabesques. La dominante verte du marbre et des faïences fait ressortir la finesse des motifs et la richesse de sa décoration intérieure.
À deux pas de la mosquée, voici Le mausolée Vert.
À vrai dire, il est plutôt bleu, mais bon, le vert est à l’honneur à Bursa la Verte !
Nous avons été impressionnés par la beauté de ce petit bâtiment qui abrite la sépulture du sultan Mehmet 1er, de ses fils et épouses. De forme octogonale, il est habillé de faïences turquoises et surmonté d’un dôme. Nous nous émerveillons de la délicate complexité des motifs sculptés et peints qui ornent la voûte de l’entrée ainsi que l’impressionnante porte en alcôve se dressant majestueusement au fond du mausolée.
En plein centre ville et plutôt discrète, La Grande Mosquée ne rivalise pas quant à elle d’autant de couleurs. Et pourtant, après La Mecque, Médines, Jérusalem et Damas, c’est la 5e plus importante mosquée du monde musulman. Bâtie vers 1400, couverte de 20 coupoles, elle renferme une immense salle de prière ornée de calligraphies et d’un magnifique minbar (chair) en marqueterie de noyer sculpté. Au milieu, un puits de lumière éclaire la fontaine aux ablutions.
Ici, on se rend compte que la mosquée est bien plus qu’un espace de prière : lieu d’enseignement, de rencontre, de recueillement, de passage, de repos… De plus, même si un espace leur est réservé, les femmes n’y sont pas cachées derrière les habituels moucharabiehs et semblent ainsi davantage intégrées à la vie de la mosquée.
Une virée au ski sur le Mont Ulüdag
Culminant à 2543 m d’altitude en surplomb de Bursa et située à moins de 3 heures d’Istanbul c’est LA station préférée des Stambouliotes !
Quelle chance d’avoir eu cette idée ce jour là, c’est le dernier jour de la saison ! Et même si plus que 2 remontées fonctionnent, quel bonheur de dévaler les pistes, nous avons la station presque rien que pour nous !
En redescendant, nous en profitons pour faire le plein d'eau de source, très prisée des habitants de la région. Trente minutes plus tard et 20 degrés en plus au thermomètre, on troque la doudoune contre les tongs pour un bon nettoyage de Totoro !
Le petit village rural de Cumalıkızık
Cumalıkızık - prononcer [djoumaleukeuzeuk] - est un petit village adossé a une colline qui a su conserver son caractère typiquement ottoman depuis 7 siècles. On le visite à pied, déambulant dans ses ruelles pavées de pierres aux maisons traditionnelles, typiques de l’architecture rurale ottomane. Ses façades, recouvertes d’enduits multicolores, font tout le charme de Cumalıkızık.
Petite leçon d’architecture ottomane …
Au rez-de-chaussée, on entre par une porte de bois qui ouvre sur une cour ou un jardin, à l’abris des regards extérieurs. C’est ici qu’on effectue les tâches domestiques et la cuisine. Le sol est en terre battue ou en pierre, les murs en pierres et poutres en bois.
Les étages s’élèvent sur une ossature bois remplie de briques d’argile et de paille, séchées au soleil. Ils sont le plus souvent « en encorbellement », c’est à dire s’avançant en surplomb de la rue.
Au 1er étage, le salon s’organise autour du poêle à bois. C’est le lieu central de la maison dans lequel toute la famille se réunit et où l'on reçoit les invités. On y prend le thé et les repas autour de tables basses rondes appelées sofra. On s’installe sur des divans placés le long des murs, souvent à même le sol. Des kilims (tapis traditionnels) recouvrent le sol et les murs.
Les chambres, réservées à la vie privée, sont réparties autour du salon ou à l’étage supérieur.
Déambuler dans ce village nous a mis en appétit, d’autant plus que de nombreuses maisons ouvrent leurs portes pour proposer le kahvalti. C’est l’occasion idéale pour goûter à ce fameux petit-déjeuner traditionnel turc ! Au programme, omelette à la sucuk (saucisse sèche de viande rouge épicée et aillée), fromages, olives, purée de tomates confites, miel, bourek, fruits confits, concombres, tomates, gözleme, le tout arrosé de thé à volonté, un vrai régal !
Après la multiculturelle Istanbul, Bursa vaut le détour : on commence réellement à goûter à une Turquie plus traditionnelle… La suite au prochain épisode !