À propos

Nous c'est Mel & Arnaud, alias Tous Azimuts. À bord de notre fourgon Totoro, nous sillonnons les routes de la France à l'Asie, à la rencontre des beautés du monde & de nous même.

À la découverte de la Turquie

* Km 10 794 - Km 16 250 * Après avoir passé l'hiver en Grèce, nous voilà arrivés en Turquie où nous passerons le printemps à sillonner les routes vers l'orient. Que de découvertes en perspective !!!
Du 5 avril au 9 juin 2023
66 jours
1
1

05 avril 2023

C’est sous un ciel tout gris et sous la pluie que nous quittons la Grèce et franchissons la frontière Turque. On remet les doudounes et le chauffage, mais nous sommes heureux, impatients et tout excités à l'idée de découvrir durant les 3 mois à venir cet immense pays encore inconnu pour chacun de nous deux, sa culture, ses habitants et sa gastronomie !

2

6 - 10 Avril

On ne va pas vous mentir, Istanbul est bruyante, polluée et surpeuplée… La conduite y est plutôt périlleuse et réclame une attention de tous les instants. La notion de priorité est quelque peu différente de ce dont on a l’habitude : elle est inexistante ! Et en tant que piéton c’est encore pire : même sur un passage clouté et au feu vert, vous risquez de vous faire renverser… Cependant, Istanbul reste incontournable et a su nous émerveiller de ses multiples richesses !

Notre immersion stambouliote débute à-travers les étals colorés et parfumés des marchés de rue et des nombreux bazars tentaculaires. Un incroyable dédale de galeries couvertes et de ruelles à ciel ouvert, envahi d’une marée humaine qui grouille telle une fourmilière…

Des antiquités ottomanes aux souvenirs made in China, des contrefaçons de Rolex aux parfums sous le manteau, des longues robes de soirée pailletées aux hijabs austères, il y en a pour tous les goûts !…

Le raffinement des herbes, thés, épices et pâtisseries orientales se mêlent aux effluves grillées de döner kebab ! Parmi ce brouhaha et cette agitation incessante, nous sommes néanmoins charmés par le soin apporté à chacun des étals, créant de superbes patchworks colorés.

Une première journée stambouliote intense qui nous a bien mis dans le bain... turc ! (haha, elle était facile !)

3

Yeni Cami, La Mosquée Neuve

Construite entre 1597 et 1663, elle n’est pas si neuve que ça !

Elégante et harmonieuse, décorée de faïences bleues jusqu’au dessus des galeries, ses coupoles sont quant à elles ornées de motifs géométriques et floraux peints d'une incroyable finesse.

Déchaussés à l’entrée, nos pieds s’enfoncent dans une épaisse moquette et un immense lustre baigne l’ensemble d’une douce lumière qui participe à l’atmosphère paisible des lieux.

Une véritable merveille pour notre regard qui se perd dans cette impressionnante superposition de coupoles et de demi-coupoles colorées et sculptées de tant de détails.

Et au fond de la mosquée, derrière les persiennes, la zone réservée aux femmes.

Aya Sofia, Sainte Sophie

Un peu d’histoire…

Au VIe siècle, l’empereur Justinien décida d’ériger le plus grand monument de la chrétienté au monde. Pari gagné pendant plus de 1000 ans avec Sainte Sophie, construite en un temps record (5 ans, 10 mois et 10 jours ! ), jusqu’à l’édification de la basilique Saint Pierre de Rome en 1626.

En 1453, quelques heures à peine après la prise de Constantinople, la basilique Sainte Sophie fut transformée en mosquée.

Son audacieuse coupole de 32 m de diamètre culminant à 56 mètres du sol, s’effondra 2 ans après sa construction. Il fallu donc renforcer la structure de l’édifice avec d’imposants contreforts, ce qui donne à Sainte Sophie un aspect extérieur assez massif.

À l’intérieur, on pénètre dans une première salle où nous nous déchaussons, avant d’entrer dans la nef par une immense porte en cèdre du Liban, qui selon la légende, proviendrait de l’arche de Noé !

En pénétrant dans le sanctuaire, notre regard est irrésistiblement attiré vers le haut par la coupole, à laquelle sont suspendus des lustres qui semblent flotter tels des nuages de lumière.

Mais ce que nous voyons aujourd’hui ne donne qu’une faible idée de la splendeur passée. Le pavement de mosaïques, l’autel en or massif incrusté de pierreries et une grande partie des fresques murales ont disparu, suite aux nombreuses croisades qui dépouillèrent les lieux de leur faste.

Dans une aile, derrière les persiennes, la zone réservée aux femmes.


Sultanahmet Cami, La mosquée Bleue

En face de Sainte Sophie, de l’autre côté de jardins fleuris de milliers de tulipes et ornés de bassins, s’élève la majestueuse mosquée Bleue. Placées sur un même axe et se faisant face, les deux architectures semblent dialoguer.

La beauté extérieure de la mosquée Bleue surmontée de ses 6 minarets s’élevant vers le ciel, contraste avec le caractère massif d’Aya Sofia.

Malheureusement, nous ne pourrons pénétrer à l’intérieur pour apprécier la lumière percer à-travers ses 260 vitraux, ni contempler les 21 000 carreaux de faïence d’Iznik à fond bleu tapissant les parois, qui s’ornent ainsi de motifs de roses, d’oeillets, tulipes et cyprès stylisés… Sultanahmet Cami se refait une beauté, et reste fermée pendant toute la durée des travaux… Dommage !

Le saviez vous ?...

La tulipe, cultivée en Perse dès le Xe siècle, s'est ensuite popularisée dans l'Empire ottoman au XVIe siècle, puis en Europe. Aujourd'hui, elle est l'un des symboles de la Turquie, cultivée dans tout le pays, et fleuri au mois d'avril dans tous les parcs turcs ! D'ailleurs, son nom "tulipe" vient du turc "tülbent" ou "türban", et viendrait de cette ressemblance avec les couvre-chefs portés dans l'Empire ottoman !

4

Voilà une visite qui restera gravée dans notre mémoire, un havre de paix hors du temps en plein cœur de ville...

La Citerne Basilique, surnommée le palais enfoui, est une gigantesque citerne souterraine. Construite au VIe siècle pour alimenter le palais byzantin en eau, elle était alors située sous une basilique, dont il ne reste rien aujourd'hui, mais qui lui a donné son nom.

Longue de 140 m sur 70 mètres de large, la citerne peut stocker près de 80 000 m3 d’eau. Ses 336 colonnes de 9 mètres de haut - de styles très variés car provenant de divers temples romains - soutiennent un immense ensemble d'arcs et de voûtes.

Nous déambulons aujourd'hui dans la citerne sur des passerelles qui surplombent l'eau, mais jusqu'à à la fin du XXème siècle on s'y déplaçait en bateau !

Plongés dans une semi obscurité, les lieux sont scénographiés d'une façon très poétique grâce à un habile jeu de lumières et de couleurs changeantes.

Notre parcours est rythmé par des oeuvres d'arts qui semblent surgir des eaux, conférant aux lieux une dimension encore plus onirique et magique.

En se promenant au dessus de l'eau dans cette forêt de majestueuses colonnes, on a du mal à imaginer ce que fut ce lieu, si le rêve n’était troublé par la chute des gouttes d’eau tombant du plafond et nous rappelant que l’on chemine dans un grand réservoir !

Au fond de la citerne, deux têtes de Méduse sculptées dans le marbre soutiennent des colonnes, attirant toute l’attention et alimentant les théories des visiteurs quant à leur orientation... À proximité immédiate, mais quelque peu cachée, un artiste y a judicieusement placé sont oeuvre représentant Méduse médusée contemplant ses deux têtes renversées !

Un voyage souterrain extraordinaire et inoubliable que l'on recommande à tous !

5

Istanbul est une ville tentaculaire aux nombreux visages dont les contrastes d'un quartier à l'autre n'ont cessé de nous surprendre durant les 4 journées passées à arpenter ses rues.

Ambiance "vieux Stambul "

Franchir le pont de Galata, c’est quitter le vieux Stamboul pour l’Istanbul moderne. On laisse derrière nous les mosquées anciennes et les bazars historiques pour découvrir un autre visage de la ville.

Sur le pont de Galata 

Sur ce pont à l’agitation perpétuelle, des centaines de piétons se pressent parmi les marchands ambulants, cireurs de chaussure et pêcheurs à la ligne. À l’étage inférieur, l’ambiance est au racolage permanent d’une ribambelle de restaurants de poisson attrape-touristes. Et sous nos pieds se succèdent les nombreux vapur transportant les passagers d’un quartier à l’autre. Quel brassage !

Au pied du pont de Galata nous traversons le quartier très populaire de Karaköy à l’ambiance pêcheur, avec son marché aux poissons, ses gargotes de poissons grillés et ses nombreux marchands de filets, hameçons, bouées et autres appâts.

Au fil des rues, le paysage urbain évolue, l'ambiance change et bientôt nous arrivons au pied de la tour de Galata, dans le quartier très vivant de Beyoglu, regorgeant de magasins, restaurants, cafés, cinémas et galeries d’art.

La tour de Galata, la « tour du Christ ».

La ville étant construite sur 7 collines, arpenter les rues d'Istanbul fortifie bien les mollets ! On redescend une colline, on en gravit une autre, et nous voilà à Cihangir. Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce quartier métissant modernité et authenticité, dans une ambiance bohème-chic assez décontractée, où les petites boutiques de jeunes créateurs de mode et de design côtoient les ateliers d’artisans et les antiquaires.

Istanbul est si étendue qu'il nous faut parfois prendre un vapur pour découvrir certains quartiers. On nous a recommandé Ortaköy et on se demande encore pourquoi... Car après un saut à la Mosquée Blanche, rien à faire sinon comme tout le monde : avaler un kumpir insipide au milieu de la foule… Mais qu'est-ce qu'un kumpir ? Une énorme pomme de terre dont la chair est pressée en purée avec du beurre, du fromage, puis fourrée d'une multitude d'ingrédients sortis de boites de conserves et nappée de sauces industrielles... Un étouffe-chrétien que je n'ai même pas pu avaler ! Pourtant ici, tout le monde semble apprécier...

 Le fameux kumpir...

À côté des baraques à kumpir, semblant flotter sur le Bosphore, la petite mosquée blanche de style néoclassique contraste avec les lignes futuristes du pont de Bogaziçi qui relie l’Europe et l’Asie.

La mosquée blanche d'Ortaköy

Mais sans hésitation, notre gros coup de coeur stambouliote va pour le joli quartier de Balat aux maisons traditionnelles ottomanes colorées !

Un quartier-village hors du temps qui nous a permis de découvrir une autre facette de cette ville aux mille visages. Déguster un thé sur l'une des nombreuses terrasses de café rivalisant de créativité, assister à une vente aux enchères enflammée d'un des nombreux brocanteurs du quartier, chiner dans les friperies vintage, ou juste flâner le nez levé pour apprécier l'architecture ...

Balat est un quartier multiculturel à la population mixte : intellectuels et bobos côtoient les familles plus modestes. Tous semblent résister à la modernisation des lieux, conservant un art de vivre et une liberté dont résultent des décors d’exception d’une ruelle à l’autre.

Et pour notre plus grand bonheur, tous les dimanche matin dans le quartier de Şişli, se tient le Ferikoy Antika Pazari : un immense marché aux puces à l'ambiance populaire et bon enfant !

Une petite partie du Ferikoy Antika Pazari.

À la mi-journée, après 2 ou 3 bonnes heures à chiner sans voir le temps passer, il commence à faire faim. Justement, au centre de la halle, un groupe de femmes confectionne de merveilleux et énormes gözleme : la crêpe traditionnelle turque fourrée. Ce sera fromage pour Arnaud, épinards pour moi ! Avec cela, un jus de fruits frais pressés sous nos yeux, parfait ! Un dimanche matin comme on les aime !

 Stand de gözleme traditionnels dans la bonne humeur !

Istanbul est envoutante, étonnante, déroutante, mais aussi tellement bruyante et fatigante qu'elle sera venue à bout de notre motivation après seulement 4 jours alors que nous envisagions d'y passer 1 semaine ! Vous l'avez compris, nous ne sommes vraiment pas (ou plus) des citadins dans l'âme, et si Istanbul nous a charmé, nous avons hâte de retrouver le calme de la nature et de découvrir une Turquie plus rurale !

6

Le centre ville et ses marchés

10 - 14 avril 2023

De prime abord, cette grande ville industrielle bétonnée et sillonnée de larges artères n’est pas des plus accueillantes… Et pourtant, lorsqu’on prend le temps de la découvrir, elle dévoile certains charmes.

Dominée par le mont Uludag et ses forêts, bénéficiant d’abondantes sources thermales et de plusieurs grands parcs, elle porte bien son surnom de « la verte ».

Dans ses quartiers historiques du centre ville subsistent des joyaux de l’art ottoman : mosquées, mausolées, maisons traditionnelles colorées, ainsi qu’un immense bazar animé se déployant autour d’anciens caravansérails.

Située à l’extrémité occidentale de la route de la soie, Bursa était au Moyen Âge un important centre d’élevage de ver à soie, et fut, jusqu’au XVIIe siècle, réputée pour la confection de caftans, coussins, broderies et soieries. Aujourd’hui encore, elle reste spécialisée dans la production de soie et de coton. On trouve d’ailleurs dans le plus beau caravansérail de la ville, le marché de la soie Koza Hani, dont la galerie supérieure abrite les boutiques spécialisées tandis que la cour est envahie de terrasses où prendre le thé.

Comme à notre habitude, nous aimons découvrir la ville par son marché matinal où nous goûtons à la vie quotidienne des habitants. Malgré un temps plutôt maussade, l’ambiance, parmi les stands de fruits et légumes colorés, d’olives et d’épices, y est ensoleillée ! Quel bonheur de remplir nos paniers de produits locaux aussi savoureux que peu onéreux !

Un pont jaune, une mosquée verte et un mausolée bleu … une ville haute en couleurs !

Construit en 1442, le pont Irgandi est l’un des rares exemples au monde de pont couvert abritant des boutiques, comme le Rialto de Venise ou le Ponte-Vecchio de Florence. Bien que peu connu et moins spectaculaire que ces derniers, le pont Irgandi vaut le coup d’oeil avec ses façades jaunes et sa vingtaine de boutiques-ateliers artisanales.

La mosquée Verte

Arrivés à l’heure de la prière, l’entrée ne nous était normalement pas accessible pendant plus d’une heure. Puis le jeune gardien, nous voyant patienter sur un banc alentour, nous a gentiment proposé de nous escorter à l’intérieur, restant toutefois à distance des pratiquants.

Le temps nécessaire pour apprécier le raffinement de cette mosquée du XVe siècle, dotée d’une fontaine de marbre et de baies encadrées de délicates arabesques. La dominante verte du marbre et des faïences fait ressortir la finesse des motifs et la richesse de sa décoration intérieure.

À deux pas de la mosquée, voici Le mausolée Vert.

À vrai dire, il est plutôt bleu, mais bon, le vert est à l’honneur à Bursa la Verte !

Nous avons été impressionnés par la beauté de ce petit bâtiment qui abrite la sépulture du sultan Mehmet 1er, de ses fils et épouses. De forme octogonale, il est habillé de faïences turquoises et surmonté d’un dôme. Nous nous émerveillons de la délicate complexité des motifs sculptés et peints qui ornent la voûte de l’entrée ainsi que l’impressionnante porte en alcôve se dressant majestueusement au fond du mausolée.

En plein centre ville et plutôt discrète, La Grande Mosquée ne rivalise pas quant à elle d’autant de couleurs. Et pourtant, après La Mecque, Médines, Jérusalem et Damas, c’est la 5e plus importante mosquée du monde musulman. Bâtie vers 1400, couverte de 20 coupoles, elle renferme une immense salle de prière ornée de calligraphies et d’un magnifique minbar (chair) en marqueterie de noyer sculpté. Au milieu, un puits de lumière éclaire la fontaine aux ablutions.

Ici, on se rend compte que la mosquée est bien plus qu’un espace de prière : lieu d’enseignement, de rencontre, de recueillement, de passage, de repos… De plus, même si un espace leur est réservé, les femmes n’y sont pas cachées derrière les habituels moucharabiehs et semblent ainsi davantage intégrées à la vie de la mosquée.

Une virée au ski sur le Mont Ulüdag

Culminant à 2543 m d’altitude en surplomb de Bursa et située à moins de 3 heures d’Istanbul c’est LA station préférée des Stambouliotes !

Quelle chance d’avoir eu cette idée ce jour là, c’est le dernier jour de la saison ! Et même si plus que 2 remontées fonctionnent, quel bonheur de dévaler les pistes, nous avons la station presque rien que pour nous !

En redescendant, nous en profitons pour faire le plein d'eau de source, très prisée des habitants de la région. Trente minutes plus tard et 20 degrés en plus au thermomètre, on troque la doudoune contre les tongs pour un bon nettoyage de Totoro !

Le petit village rural de Cumalıkızık

Cumalıkızık - prononcer [djoumaleukeuzeuk] - est un petit village adossé a une colline qui a su conserver son caractère typiquement ottoman depuis 7 siècles. On le visite à pied, déambulant dans ses ruelles pavées de pierres aux maisons traditionnelles, typiques de l’architecture rurale ottomane. Ses façades, recouvertes d’enduits multicolores, font tout le charme de Cumalıkızık.

Petite leçon d’architecture ottomane …

Au rez-de-chaussée, on entre par une porte de bois qui ouvre sur une cour ou un jardin, à l’abris des regards extérieurs. C’est ici qu’on effectue les tâches domestiques et la cuisine. Le sol est en terre battue ou en pierre, les murs en pierres et poutres en bois.

Les étages s’élèvent sur une ossature bois remplie de briques d’argile et de paille, séchées au soleil. Ils sont le plus souvent « en encorbellement », c’est à dire s’avançant en surplomb de la rue.

Au 1er étage, le salon s’organise autour du poêle à bois. C’est le lieu central de la maison dans lequel toute la famille se réunit et où l'on reçoit les invités. On y prend le thé et les repas autour de tables basses rondes appelées sofra. On s’installe sur des divans placés le long des murs, souvent à même le sol. Des kilims (tapis traditionnels) recouvrent le sol et les murs.

Les chambres, réservées à la vie privée, sont réparties autour du salon ou à l’étage supérieur.

Déambuler dans ce village nous a mis en appétit, d’autant plus que de nombreuses maisons ouvrent leurs portes pour proposer le kahvalti. C’est l’occasion idéale pour goûter à ce fameux petit-déjeuner traditionnel turc ! Au programme, omelette à la sucuk (saucisse sèche de viande rouge épicée et aillée), fromages, olives, purée de tomates confites, miel, bourek, fruits confits, concombres, tomates, gözleme, le tout arrosé de thé à volonté, un vrai régal !

Après la multiculturelle Istanbul, Bursa vaut le détour : on commence réellement à goûter à une Turquie plus traditionnelle… La suite au prochain épisode !

7

15-17 Avril

Pour ces deux prochains jours, nous sommes enchantés de poser Totoro en pleine nature, au bord de la rivière de Kestel, dominée par les vestiges de l'aqueduc romain de la cité antique de Pergame.

Un joli spot au bord de l'eau,  comme on les aime !

Perché sur une colline qui embrasse toute la vallée, l'acropole de Pergame vaut le détour. Nous décidons d'y accéder par le téléphérique puis redescendrons à pied pour profiter de l'étendue du site archéologique.

Au milieu des fragments épars des palais royaux, le temple de Trajan est le premier monument en marbre du site, les constructions antérieures étant en andésite, une roche volcanique.

Le temple de Trajan 

Le sous-sol du temple est percé d'impressionnantes galeries reliées au théâtre. Un peu plus bas, près des soubassements du temple d'Athéna, un tunnel creusé dans la roche conduit au spectaculaire amphithéâtre.

L'une des galeries, le tunnel menant à l'amphithéâtre et la descente raide à travers ses gradins !

L'amphithéâtre de Pergame pouvait accueillir plus de 10 000 spectateurs sur ses rangées de gradins serrés dévalant la pente naturelle du site ... plutôt raide et impressionnante ! Imaginez le rempli d'une dizaine de milliers de personnes ... Quel brouhaha !

L'amphithéâtre et le temple de Dionysos.

Derrière la scène, une vaste terrasse donne accès aux vestiges du temple de Dionysos, aux socles de colonnes gigantesques.

De là, un chemin rejoint plusieurs autres vestiges : l'autel de Zeus, une ancienne voie romaine dallée, deux gymnases, et, juste avant d'atteindre le village, la maison d'Attalus, décorée de fresques et de mosaïques romaines d'une incroyable finesse et en excellent état de conservation.

Les mosaïques de la maison d'Attalus.

Cette visite de l'acropole de Pergame nous a permis de réaliser un chouette petit voyage dans le temps !

La journée s'achève en nature, au son des coassements de grenouilles et des chants d'oiseaux migrateurs mêlés aux cloches des chèvres broutant alentours...

8

20 Avril

Nous voilà à Izmir ... Pour vous donner une idée en quelques chiffres, c'est la 3ème plus grande ville de Turquie, elle s'étend sur 11 891 km², compte dans les 4,5 millions d'habitants, et accueille plus de de 350 000 visiteurs par an...

Vous nous connaissez, nous ne sommes pas attirés plus que ça par ce type de mégalopole, et nous n'y resterons qu'une matinée. Autant vous prévenir, on ne vous montrera rien de touristique dans cet article photo, mais un tout autre visage de la ville que nous avons découvert en gravissant les collines surplombant le centre...

Nous laissons derrière nous les ports et leurs yachts, les avenues commerçantes, les terrasses des cafés et des restaurants bondées et nous aventurons sur les hauteurs d'Izmir qui nous dévoilent un aspect que les guides touristiques passent volontiers sous silence...

Ici, le temps semble s'être arrêté... Quelques femmes discutent sur les marches d'escaliers ou dans les terrains vagues entourant les habitations. Ici et là une chèvre broute, des poules picorent le sable.

Nous sommes une vraie curiosité pour les enfants qui ne voient pas souvent passer de touristes par ici !

Alors qu'en front de mer, la ville s'étend de constructions commerciales et hôtelières rivalisant de modernité, ici les rues de ces quartiers oubliés des pouvoirs publics semblent laissées à leur inexorable destruction ...

Cette visite inattendue nous a beaucoup touchés par le contraste entre sa pauvreté et la sincérité des regards et des sourires échangés.

9

17-19 Avril - Bienvenue à Foça ! C'est d'ici, de l'antique Phocée, que partirent au Ve siècle avant J.-C. les colons qui fondèrent Marseille, la phocéenne.

À 80 km au nord-ouest d'Izmir, Foça (prononcer Fotcha) est aujourd'hui un agréable petit port aux jolies maisons gréco-ottomanes qui a su se préserver du tourisme de masse. Un plaisir de se perdre dans les étroites ruelles de la vieille ville située derrière le port, et de se prélasser à l'ombre des tonnelles des petits restaurants locaux de midye dolma (moules farcies de riz épicé et relevé d'un jus de citron, un régal !).

Pour cette étape de deux nuits, nous trouvons un superbe petit spot au sommet d'une colline juste en face de la baie de Foça, avec en contrebas une petite plage de galets déserte, idéale pour la baignade...

20-24 Avril - Presqu'île de Karaburun

Après notre passage éclair à Izmir, nous arpentons pendant quelques jours la presqu'île de Karaburun qui a su nous saisir par la beauté de ses paysages, ses plages de sable fin, ses eaux dignes des Maldives et ses petits villages aux accents méditerranéens.

What else ?! ... 

Il règne néanmoins dans certains villages comme Çeşme & Alaçatı une atmosphère bobo-chic digne de la Côte d'Azur en plein été !... Heureusement, beaucoup de zones sont encore préservées et trouvons très facilement des coins déserts pour camper. Nous y rencontrons un adorable couple suisse revenant justement d'Inde, l'occasion de leur poser plein de questions pour la suite de notre périple !

En Turquie, les spots de rêve pour passer la nuit ne manquent pas, nous n'avons que l'embarras du choix ! Par ailleurs, depuis notre arrivée, nous sommes agréablement surpris de constater que les turcs sont de fervents adeptes du camping et des pique-nique, et un grand nombre d'entre eux possède un van. Aucune barrière de limite de hauteur, aucun panneau d'interdiction aux campings car, le camping "sauvage" est totalement toléré.

Malheureusement, le revers de la médaille est l'état déplorable dans lequel nous trouvons les lieux... Quotidiennement, nous ramassons plusieurs sacs de détritus avant de nous installer... Et pourtant ce n'est pas les containers à poubelles qui manquent...

10

24 Avril

Sur la route d'Éphèse, nous faisons une petite halte à Selçuk pour visiter la basilique Saint Jean et la forteresse d'Ayasuluk.

La porte de la Persécution 

L'accès à la basilique se fait par la porte de la Persécution, survivante de la forteresse byzantine du VIIe siècle. Entre deux tours carrées, son linteau est composé d'éléments récupérés sur le site d'Éphèse, comme cette pierre tombale ornée de cupidons (photo de droite).

Nous déambulons ensuite entre les pans de murs de la nef composés de briques d'argile et de marbre, surmontés de chapiteaux, de stèles et de colonnes gravées de symboles chrétiens.

Au centre de ce qui fut le coeur de la basilique trône la tombe (supposée) de Saint Jean l'Évangéliste, constituée d'une grande dalle de marbre entourée de quatre colonnes de marbre. On aperçoit encore des fragments de somptueuses mosaïques qui recouvraient les sols. Au nord de la basilique, on pénètre ensuite dans un baptistère de forme octogonale au centre duquel on descendait dans les fonds baptismaux par 2 petits escaliers de 3 marches.

 Le tombeau de Saint Jean et le baptistère

Une maquette nous permet de nous rendre compte de l'édifice dans son ensemble et de ses dimensions gigantesques : 145 m de long sur 40 m de large !

De là, notre visite se poursuit en gravissant la colline jusqu'aux vestiges de la forteresse d'Ayasuluk. Partiellement restaurée avec les matériaux d'origine, elle compte notamment une petite mosquée, un hammam et une citerne.

La forteresse d'Ayasuluk.
11

25 Avril

Bienvenue dans la cité antique d'Éphèse, le Pompéi turc ! Quand on pense que 150 ans de fouilles n'ont déblayé que 20 % de la surface de la ville ancienne... Nous commençons notre visite de la cité en descendant la rue des Courètes (les officiants du culte d'Artémis). Se succèdent les vestiges de divers monuments remarquables : la fontaine de Trajan, le prythanée (l'hôtel de ville), des thermes, ou encore l'odéon de 5000 places qui servait tour à tour de théâtre et de salle de réunion du conseil.

L'odéon et son entrée. 

À notre droite, le temple d'Hadrien à l'élégante façade composée de quatre colonnes corinthiennes surmontées d'une voûte finement sculptée et d'un tympan orné d'une figure rappelant l'énigmatique Méduse et de frises relatant la fondation d'Éphèse.

 Le temple d'Hadrien.

En face, les étonnantes latrines collectives, où les Éphésiens aisés disposaient d'un siège réservé ... Bonjour l'intimité !

Les latrines collectives.

La rue aboutit à la superbe bibliothèque de Celsus. Fondée au IIe siècle, elle contenait des milliers d'ouvrages. S'étageant sur 2 niveaux, sa magnifique façade est ornée de gracieuses colonnes ioniques et corinthiennes, de baies surmontées de frises et de frontons finement sculptés.

la bibliothèque de Celsus.

Quatre niches renferment des statues emblématiques des qualités de Celcus : fortune, sagesse, savoir et vertu.

À droite de la bibliothèque, l'entrée de l'immense agora supérieure dont les ruines remontent au 1er siècle avant J.-C.. D'une superficie de plus de 12 000 m2, elle était au cœur de la vie d'Ephèse : agora civique d'état, centre de la municipalité, c'est là où se débattaient les questions importantes de la cité. Elle était entourée d'un portique abritant des boutiques d'alimentation et d'artisanat.

 Les vestiges de l'agora civique.

Puis plus bas, en empruntant un petit tunnel, nous accédons aux tribunes du grand théâtre (Tiyatro). Remanié et agrandi plusieurs fois, il est considéré comme le plus grand théâtre antique au monde : il pouvait accueillir jusqu'à 25 000 spectateurs ! Des combats de gladiateurs s'y déroulaient et on a une pensée pour eux en jetant un oeil au long couloir en contrebas de l'arène, dans lequel ils attendaient leur funeste destin (photo de droite)...

Le grand théâtre.

Juste en contrebas, la majestueuse voie Arcadiane reliait l'ancien port au grand théâtre. On a du mal à imaginer cela, mais à cette époque, la mer arrivait jusqu'ici ! Depuis, les terres ont gagné une dizaine de kilomètres sur la mer. Couverte de marbre blanc et mesurant 11 m de large sur 500 m de long, cette rue était autrefois bordée d'échoppes et dotée d'éclairages urbain.

La voie Arcadiane.

Sur l'une des extrémités du site, voici l'Église de la Vierge (Meriem Kilise), où se tinrent au Ve siècle deux conciles majeurs de la chrétienté qui statuèrent, entre autre, de la filiation de Jésus avec Dieu le Père... Rien que ça !

 L'église de la Vierge et son baptistère.

Enfin, sur la rue des Courètes, sur près de 4000 m2 protégés par une vaste toiture, nous découvrons les maisons en terrasses. L’entrée est payante en supplément … Mais nous ne regrettons pas car la visite vaut vraiment le coup !

Un réseau de passerelles surplombe les riches vestiges de 6 demeures dont l’exceptionnel état de conservation nous permet d’imaginer la vie quotidienne des éphésiens à l’époque romaine.

Organisée autour d’un péristyle, chaque maison était alimentée en eau courante (on voit les canalisations) et dotée d’élégants halls de réception.

Le plus luxueux, dans l’opulente maison du consul, était entièrement couvert d’un plaquage de marbre dont les 120 000 fragments en cours d’assemblage constituent l’un des plus grands puzzle du monde !

Cette demeure comportait également des thermes privés ainsi qu’une basilique qui a conservé une partie de sa voûte peinte.

Sur les terrasses supérieures, on aperçoit de nombreuses mosaïques à décors géométriques ou figuratifs (comme le beau portrait de Méduse et Dionysos) ainsi que des salles parées de gracieuses peintures murales, comme celle des muses.

Le site d'Éphèse, par ses dimensions, la richesse de ses vestiges et son état de conservation et de restauration, mérite de s'y attarder. Sans nul doute la plus belle visite de site archéologique que nous ayons faite depuis le début de notre aventure !

12

25-27 Avril

Nous laissons derrière nous l’agitation côtière pour s’enfoncer dans les terres, à la découverte d'une région plus sauvage et peu fréquentée, à l’étonnante topographie composée de blocs de granit. Nous atteignons les abords du lac Bafa, qui fut autrefois un golfe ouvert sur la mer Égée.

Ici le temps semble s’être arrêté. Hormis quelques bergers et pêcheurs, nos seuls voisins sont des oiseaux, essentiellement des pélicans. Nous élisons notre domicile provisoire au bord de l'eau...

Le site est idéal pour combiner randonnée et culture. La première cité, Latmos, fut fondée en 1000 avant J.-C., sur les hauteurs du village actuel. 600 ans plus tard, nait Heraklée, alors située sur un golfe maritime. De cette longue histoire subsistent les vestiges de la cité antique : un acropole, quelques temples, des fortifications, ainsi qu’une grande nécropole.

C'est aussi l'occasion pour nous de rencontrer plein d'animaux sur notre chemin (la tortue étant la première d'une longue série en Turquie) !

C’est un jeune turc rencontré au bord du lac qui nous conseille de continuer notre route sur les hauteurs du mont Latmos, jusqu’à Bağarcık, où se trouve, selon lui, l’une des plus belles randonnées de la région. Il n’avait pas tort !...

Bordée ici et là de ruches, la route sinueuse s’enfonce dans des paysages de plus en plus oniriques, composés de pins parasols et de blocs de granit aux formes inédites.

Au détour d’une épingle à cheveux, un petit monsieur saute littéralement dans Totoro pour qu’on l’emmène une dizaine de kilomètres plus haut, à Bagarcik. Heureusement pour lui, car il n’y a vraiment pas beaucoup de passage sur cette route qui s’arrête d’ailleurs dans ce tout petit village du bout du monde.

C’est au bout d’une petite piste, isolés sur les hauteurs du hameau, que nous campons. Quel calme, quelle sérénité… Nous tombons sous le charme de cette nature luxuriante que nous découvrons davantage le lendemain lors d’une grande randonnée… Il paraît que des fresques néolithiques s’y cachent !

Les photos parlent d’elles-même, la randonnée fut magnifique ! En revanche, impossible de trouver les fameuses peintures néolithiques !…

13

28-30 avril

Loin de l'agitation de Bodrum que nous décidons d'éviter et oublié des guides de voyage, le petit village de Kıyıkışlacık, construit sur site de l’antique Iasos, a tout pour nous plaire !

Pour la petite Histoire, Iasos fut de tous temps convoitée de par son emplacement stratégique. La cité prospéra grâce à la pêche et au marbre rouge et blanc des collines voisines. Évêché byzantin du Ve au IXe siècle, elle fut finalement abandonnée au XVe siècle.

Aujourd’hui, face aux quais de pêche, les murailles de l’acropole se dressent à flanc de colline. En contrebas, on découvre entre autres, les vestiges d’un bouleutêrion (conseil de la ville), un joli petit amphithéâtre, une agora et un temple romain d’Artémis.

De superbes sols composés de mosaïques en excellent état de conservation sont visibles dans une villa romaine.

Malheureusement, à travers les siècles, une partie de ces ruines ont été déplacées à Istanbul pour la construction de différents édifices, et le site (l’un des rares que nous ayons visité gratuitement), fait d’avantage office aujourd’hui de champ pour faire paître les vaches !

14

30 Avril

Après quelques dizaines de kilomètres à travers des paysages plantés de pistachiers et d’épaisses forêts de pins, une majestueuse chaine de montagne en toile de fond et une plongée dans les eaux turquoises à chaque virage, nous arrivons en Lycie.

Loin des excès commis sur la côte de la mer Egée, il reste encore ici de très nombreux secteurs vierges, où se succèdent beautés naturelles, golfes sauvages, villages oubliés, sites archéologiques et détours en montagne…

Passage éclair à Fethiye pour découvrir les étonnants tombeaux lyciens* creusés dans la falaise entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C. Parmi elles, le tombeau d’Amintas (notable de la ville), qui présente une façade grecque monumentale dont le fronton est soutenu par deux colonnes ioniques.

Afin de renforcer l’aspect monumental de la sépulture, les bâtisseurs avaient recours à l’utilisation de fausses portes dont seule une petite partie ouvre sur le tombeau à proprement dit.

* Mais qui sont les lyciens? Peuple de navigateurs probablement originaires de Crète, ils s'installent dès 1400 avant J.-C. dans la région montagneuse entre Antalya et Fethiye. Ils fondèrent beaucoup de villes mais laissèrent peu de vestiges, mis à part leurs nombreux tombeaux et nécropoles si caractéristiques.


Eski Kayakoï, une ville grecque abandonnée

L’histoire du site remonte au IIIe millénaire avant J.-C., mais le village, désormais en ruines, date de la seconde moitié du XIXe siècle et il s’est développé jusque dans les années 1920, après l’indépendance de la Turquie. À cette époque, les grecs qui habitaient le village furent échangés contre des turcs résidant en Thrace orientale.

Abandonné après la guerre de 1922, il ne reste plus que les ruines des 400 maisons qui constituaient le village, qui est aujourd’hui devenu une véritable ville fantôme. Parmi les bâtiments remarquables, deux églises du XVIIe siècle, deux chapelles et une école sont encore visibles.

L’ensemble dégage une grande poésie teintée d’une certaine tristesse. On constate néanmoins au bout du village que certaines maisons commencent à être rénovées et croisons quelques artisans y ayant installé leurs ateliers-boutiques. À voir dans 10 ans si Eski Kayakoï n’est pas devenu un village de boutique-hôtels…

Ce soir nous craquons et nous offrons un délicieux dîner dans une belle maison traditionnelle reconvertie en restaurant et cave à vin…

15

1er mai

On reprend la route, arrêt pique-nique sur la plage d’Olünediz. Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu faire cette photo sans rien dans le ciel alors que la zone aérienne est totalement saturée de parapentes…!

2 mai

En nous levant ce matin motivés pour randonner dans les gorges de Saklikent, nous étions loin de nous imaginer ce qui nous attendait ! Ce canyon de 5 m de large sur 18 km de long abrite une quinzaine de grottes et quelques cascades. Notre objectif n°1 : atteindre la 1ère cascade, à 1,5 km du départ... Facile !

À l'entrée du canyon, on progresse d'abord sur une passerelle en bois jusqu'au point où, plus le choix, on enfile nos chaussures d'eau et commençons à remonter la rivière à contre-courant dans l'eau glacée !

Dans un premier temps, c'est plutôt vivifiant, mais bientôt, nos pieds sont absolument congelés et meurtris par les cailloux. Au moment de la photo, on a encore le sourire, mais on commence vraiment à avoir hâte d'arriver à la cascade !... Nous ne la prendrons malheureusement pas en photo, ayant peur de sortir nos téléphones dans ces conditions plutôt extrêmes : le courant à cet endroit était beaucoup trop puissant, nous avions de l'eau jusqu'aux cuisses, et n'avions qu'une hâte, rentrer se réchauffer !

Nous retrouvons un peu de réconfort au sortir du canyon où nous attend un bon çay (thé en turc) sur d'adorables petites terrasses colorées au bord de l'eau ! Bilan de cette aventure : sportive, vivifiante, grandiose au niveau des paysages, mais bon, il faut être motivés !


Petite étape sur la plage de Patara. S'étirant sur près de 18 km, c'est l'une des plus longues plages de Turquie. Un immense site antique la longe sur sa partie ouest, riche de nombreux sarcophages lyciens, d'un arc de triomphe à trois arches datant de l'an 100, d'un théâtre à 33 gradins, et d'un odéon, entre autres merveilles... Forcément, ça donne envie !

Mais quand au sommet de la colline descendant au site, nous tombons sur un péage à 450 TL par personne (un peu plus de 20€), on préfère faire demi tour... et chercher un autre accès à la plage tant convoitée !

Tant pis pour le site antique qui est à présent à plus de 15km à pied... mais en contrepartie, à l'extrémité est de la plage, nous avons la chance de tomber sur cet improbable petit village de pêcheurs fait de bric et de broc. Pour celles et ceux qui connaissent ma fascination pour les cabanes et autres habitats sommaires et insolites, je suis comblée !

3 mai

Après avoir passé la nuit dans une jolie clairière, nous retrouvons la fraîcheur forestière au bord d'une petite rivière. L'occasion d'une lessive et d'un bain d'eau fraîche (évidement au savon 100% naturel !).

Ce qui nous amène dans cette forêt est assez hors du commun. Après une heure de marche à grimper dans les bois, nous débouchons sur une aire rocheuse creusée de plusieurs petits foyers d'où surgissent des flammes sorties de terre ! On les nomme Chimaera : les Chimères

Ce phénomène naturel serait dû à des émanations de méthane. Nous n'avons pas résisté à prendre nos pics à brochettes et un paquet de chamallow pour profiter de ces petits barbecues naturels face à la pleine lune se levant au dessus de la mer...

16

Cette nouvelle étape de notre périple turc, nous l’attendions avec impatience !…

Mais en remontant en direction de « la terre promise », le temps se gâte. Nous retrouvons des températures plus fraiches accompagnées d’averses. Il nous faudra donc encore patienter quelques jours entre le camion, les stands de gözleme et les cafés-wifi jusqu’au retour du soleil. L’occasion pour moi de rattraper le retard pris sur les articles du blog. Et oui, dites vous que si je publie, c’est qu'on est probablement sous la pluie ! (C'est d'ailleurs le cas à l'instant où je vous écris : après avoir atteint la Cappadoce à 41°C, il fait aujourd'hui 11°C et je regarde la pluie tomber sur le petit village de Ortahisar !...)

Stand typique de gözleme, ces délicieuses crêpes fourrées aux herbes et au fromage !

Au bout de 4 jours, le soleil et la chaleur sont de nouveau au rendez-vous et nous voilà partis à la découverte de la fameuse cité antique de Hierapolis et de l’extraordinaire site géologique de Pamukkale !

 Pamukkale, vue d'en bas, puis d'en haut.

Hiérapolis, station thermale créée au IIᵉ siècle av. J.-C., fut constamment embellie et développée par les Romains et les Byzantins qui lui reconnaissaient un effet miraculeux de guérison, et servait également de cure de beauté aux dames de la cour impériale. À l’époque Romaine, la ville abritait 100 000 habitants !

Visualisation de Hierapolis au 3e s. avt J.-C. , d'après Jean-Claude Golvi
Visualisation de Hierapolis au 3e siècle avant J.-C. , d'après Jean-Claude Golvin.

Les malades affluaient donc à Hierapolis dans l’espoir d’y être guéris. Hélas ! tous n’obtenaient pas la réalisation de leurs vœux… Ainsi, ceux qui succombaient à leurs blessures ou à leurs maladies étaient enterrés sur place. Ceci explique l’immense nécropole que nous parcourons sur près de 2 kilomètres en entrant sur le site par la porte nord.

Près de 1000 tombes sont disséminées sur la colline, créant une fascinante succession de tumulus, sarcophages, et tombeaux à frontons. Avec le temps, certaines tombes ont été prises au piège du calcaire, créant des scènes des plus poétiques et surréalistes.

Nous franchissons la porte de Domitien, ouvrant sur l'imposante voie principale qui s’étire sur 1 km, où nous découvrons les vestiges de latrines publiques, des colonnes et d'anciennes fontaines.

Ici, le dessin de projection s'avère bien utile pour imaginer ce qu'avait autrefois été cette partie du site dont il ne reste plus grand chose !...

En revanche, en remontant vers le nord-est, il nous est tout à fait possible de nous projeter à l'époque antique, en pénétrant au sein de ce superbe théâtre en parti restauré qui s’appuie sur la colline.

Construit après le séisme de l’an 17, il fut remanié maintes fois. La scène, ornée de colonnades, de sculptures et de nombreux bas-reliefs est de loin la plus belle de toutes celles que nous avons visitées. Une visualisation 2D nous informe que le fond de scène comptait à l'époque 3 étages de colonnades, ce qui devait être absolument grandiose ! Ses 46 rangées de gradins pouvaient accueillir près de 15 000 spectateurs ! Remarquez, au centre des tribunes, le « carré VIP ! ».

La ville étant dédiée aux divinités Pluton et Apollon, nous atteignons en contrebas du théâtre, deux temples : l'Apollonium (temple d'Apollon) et le Plutonium (temple de Pluton), qui consiste en une cavité pavée d'où se dégagent des vapeurs toxiques. Bâtis l’un en face de l’autre, ils représentaient l’unité de la vie et de la mort.

Rebutés plus par la foule que par le coût de l’entrée en supplément, nous renonçons à pénétrer dans l’enceinte de la célèbre piscine sacrée de l'antiquité, dite de Cléopatre, où l’on peut profiter d’un bain d’eau thermale à 35 degrés... Aucun regret, car un peu plus loin, nous pénétrons enfin sur l’extraordinaire formation géologique de Pamukkale : « le château de coton » !

Le site de Pamukkale - que l’on appelle dans le jargon géologique une tuffière - est un chef d’oeuvre de la nature qui fait penser de loin à un glacier, et de plus près à des nuages de coton.

Mesurant 2700 m de long sur 160 m de haut, elle est formée de 17 sources d’eau chaude composées de sels calcaires qui jaillissent de la montagne etfaçonnent une multitude de terrasses et de vasques d’une blancheur éclatante. C’est si beau que ça en paraît presque artificiel !

Depuis que le site de Pamukkale est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, les règles sont plus strictes afin de protéger au maximum ce fragile paysage. On arpente la colline sur des chemins balisés et des passerelles de bois pour observer les vasques de près sans les abîmer.

Une zone est néanmoins autorisée pour s’y promener les pieds dans l’eau, voir s’y baigner. Autant vous dire qu’elle est surpeuplée d’instagrameurs et qu’il faut faire preuve d’une certaine dose de patience et d’adresse afin de pouvoir réussir un cliché sans personne alentours !… Mais cela peut aussi donner des résultats plutôt cocasses (voire en arrière plan de notre dernier selfie !)

Si vous passez en Turquie, le combo Hierapolis-Pamukkale est un must, mais choisissez un jour de semaine hors vacances scolaires et allez-y très tôt le matin ! Ce sont les conditions dans lesquelles nous l'avons fait et nous n'osons imaginer la fréquentation du site l'après-midi en plein été !...

17

Après en avoir pris plein les mirettes à Pamukkale, nous reprenons la route. Un peu plus de 400 kilomètres nous séparent de notre prochaine destination : Konya. Mais avec un 3,5T sur les routes et les pistes sinueuses des montagnes turques, nous prenons le temps de les parcourir. SLOW LIFE !

8 mai : Pammukale - Lac d'Egirdir

Nous parcourons un peu plus de 200 km à-travers une région plutôt sauvage parsemée de lacs et entourée de montagnes. Le soir, nous faisons halte au bout de la presqu’île d’Egirdir qui étend son bras de terre au dessus d’un immense lac (le 4e de Turquie par sa surface : 48 km de long sur 3 à 17 km de large !)

9 mai : Lac d'Egirdir - Beysehir

Nous choisissons d’emprunter une petite route de montagne pour rejoindre, après moult virages, Beysehir. Nous sommes absolument seuls sur la route, entourés d’une végétation luxuriante sur fond de cimes enneigées, et traversons quelques rares villages d’altitude intemporels.

Nous faisons halte à Beysehir, pour admirer l’Esrefoglu Cami, l’une des rares mosquées en bois miraculeusement préservées depuis le XIVe siècle. En effet, à cette époque, on utilisait essentiellement le bois pour construire les mosquées dont on sculptait les piliers.

Nous passons la nuit au bord du lac de Beysehir, au son entêtant des grenouilles, en compagnie d’un drôle de chien fou-fou aux yeux vairons qui semblait bien partant pour nous accompagner à l'aventure !

10 mai : Beysehir - Sille

Escale à Sille, ancien petit village grec troglodyte aux airs cappadociens, caché dans un canyon. Même si nous apprécions alors jouer les aventuriers dans ces anciennes maisons creusées dans la roche, nous sommes bien loin des merveilles qui nous attendent en Cappadoce !… (patience, patience, l’article arrive sous peu !)

18

11-13 mai

Nous voilà arrivés au centre des steppes de l’Anatolie, à 1000 mètres d’altitude : Konya.

Ultra conservatrice, entourée de banlieues sur-bétonnées et comptant plus d’1 million d’habitants, Konya n’a pas vraiment les atouts pour nous plaire !… Nous souhaitions pourtant découvrir cette ville sainte chargée d’histoire. Non pas parce que selon la légende elle aurait été la première cité construite après le déluge, mais parce que c’est la capitale des derviches tourneurs !

Fondé au XIIIe siècle par le poète mystique de culture perse Djaläl al-Dïn al-Rümï, surnommé Mevlana, « notre maître », l’ordre soufi des mevlevi, appelés communément derviches tourneurs, se répandra dans toute l’Anatolie, la Syrie et l’Egypte. Il n’est plus présent aujourd’hui que dans 2 villes, Konya et Istanbul, où il reste quelques tekke (couvents) en activité. Le nom derviche vient du mot persant « darwich » qui signifie « pauvre ».


Le Musée de Mevlana 

Ce très beau musée est situé dans un ancien couvent de l’ordre des derviches tourneurs. Autour d’une cour, s’organisent plusieurs petites cellules dans chacune desquelles sont exposés des objets ayant appartenu aux mevlevi à-travers les âges : instruments de musique, vêtements, accessoires, corans enluminés…

Certaines des salles mettent en scène des tableaux de la vie quotidienne des derviches, agrémentées de statues de cire très réalistes qui font leur effet. On s’est fait surprendre à plusieurs reprises en croyant qu’ils étaient vivants ! (Par contre, le chat, c'est un vrai !).

De l'autre côté de la cour, nous pénétrons dans un superbe mausolée en longeant les tombeaux des disciples et membres de la famille de Mevlana, avant d’arriver face au plus grand des tombeaux devant lequel se recueillent de nombreux fidèles : celui de Djaläl al-Dïn al-Rümï, coiffé du turban du saint homme.

La salle du samâ, où tournaient les derviches, présente quelques vêtements, livres et tapis ayant appartenu à Mevlana. Une douce musique soufi baigne les lieux, renforçant l'émouvante ambiance chargée de spiritualité qui s'en dégage...


La mosquée d’Alâaddin 

Perchée sur une petite colline au milieu d’un parc, la mosquée d’Alâaddin, construite en 1220, est la plus ancienne de la ville. À l’intérieur, sous un plafond de bois, nous déambulons à-travers une forêt de 42 colonnes antiques surmontées de chapiteaux romains.

Au fond, nous découvrons de fantastiques mosaïques, ainsi qu’un superbe minbar en bois sculpté dont la fabrication a pris pas moins de 30 ans !


Cérémonie Mevlevi

Voilà arrivé le soir tant attendu ! En effet, chaque vendredi à 20h30 au centre culturel de Konya, se tient une cérémonie Mevlevi, ouverte à tous et gratuite. La cérémonie dure environ 1 heure et nous avons apprécié la présence d'un écran qui explique en turc et en anglais chaque étape du rituel et sa symbolique. Une expérience unique, envoûtante et d'une grande poésie...

Mevlana disait : « Plusieurs chemins mènent à Dieu, j’ai choisi celui de la danse et de la musique. »

On raconte en effet que passant un jour par le bazar où l’on frappait l’or en cadence, Mevlana se senti soudain pris par le rythme tandis qu’une violente émotion s’emparait de lui. Il se mit alors à tourner dans un mouvement d’élévation, tant et tellement que, se rapprochant du ciel, il se sentit merveilleusement proche de Dieu. Convaincus des vertus de cette danse, le sema, ses disciples l’adoptèrent pour communier avec le Tout-Puissant.

La danse rituelle fait se mouvoir en demi cercle et en deux temps. Le premier symbolise la création (arc descendant, procédant de Dieu) et le second, lorsque le derviche tourne dans l'autre sens, symbolise la communion spirituelle (arc ascendant).

Cette danse s'effectue avec la paume d'une main tournée vers le haut et l'autre tournée vers le bas. La première main reçoit la parole de Dieu et la seconde la transmet aux croyants.

Enfin, la tête est penchée vers l'épaule droite, ce qui maintient la circulation du sang centrifugée dans la partie supérieure du cerveau.

Accompagnées de musique soufi, les poésies mystiques chantées pendant le samā associent les thèmes de l’amant et de l’aimé, de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie de la séparation de l'être bien-aimé ou encore de notre divine essence. Ces états intérieurs accentués par la danse sont les effets de l’ivresse spirituelle qui se traduit par une sensation de submersion et un oubli de soi-même dont l’aboutissement est l’extinction dans la présence divine. Ainsi l’audition mystique agit-elle comme un remède pour les âmes et une nourriture pour les cœurs !... Magique non ?!

19

13 mai 2023

Nous avons quitté Konya et prenons la direction de la Cappadoce. Sur près de 300 km, nous traversons les steppes d'Anatolie par une route pour le moins monotone !...

Mais une belle surprise nous attend en chemin : Le caravansérail de Sultanhanı !

Caravansérail comme issu d’un Conte des Mille et Une Nuits, ce mot aux saveurs d’orient m’a toujours fait rêver … C’est l’occasion aujourd’hui de découvrir l’histoire et le fonctionnement de ces lieux.

Ancienne voie des caravanes de la route de la soie reliant Konya à la Perse, elle est jalonnée d’une centaine de caravansérails plus ou moins ruine. Ils s’échelonnent entre 5km en montagne et 30km en terrain plat, ce qui correspond à la distance parcourue quotidiennement par les chameaux. L’Anatolie est une région aride où les pluies sont rares en été et les hivers sont rudes. Il était donc indispensable, pour assurer le transport des marchandises sur de longues distances, de construire des lieux sûrs où passer la nuit sans craindre d’être pillé par les nomades et où trouver de la nourriture et de l’eau. À la nuit tombée, l'unique porte était fermée et le restait jusqu'au matin, à moins qu'une caravane vienne tardivement y demander refuge.

Construit en 1229, le caravansérail de Sultanhanı est l’un des plus grands et des mieux conservés d’Anatolie. Après avoir franchi une lourde porte richement décorée, nous pénétrons dans une vaste cour bordée de portiques, au centre de laquelle se dresse une petite mosquée qui permettait à chacun d'effectuer ses obligations religieuses.

Sur le côté gauche, des salles accueillaient un hammam et des chambres pour les hommes. On doit imaginer les lieux recouverts de tentures et de tapis colorés...

À droite, une galerie à arcades pouvait abriter 200 bêtes ainsi que les marchandises.

Les chameaux étaient logés dans la grande salle du fond aux allures de cathédrale.

Exemple des salles sur la gauche réservées aux voyageurs.

Le caravansérail de Sultanhanı était luxueux : les chambres et la salle à manger étaient chauffées par un brasero et éclairées de bougies. Hommes et bêtes y étaient nourris, entretenus et soignés au besoin, jusqu'à 3 jours et gratuitement, aux frais du Sultan !

 C'est ici qu'on parquait les chameaux ! 

Ainsi, pour accueillir au mieux les caravanes, ce caravansérail comptait toutes sortes de métiers: forgeron, sellier, maréchal-ferrant, cordonnier, médecin, vétérinaire, imam, cuisinier mais aussi musiciens, montreurs d'ours, troubadours et même des danseuses !

Toujours l'espace pour les chameaux, c'est absolument immense ! 

Le jour levé, les hommes se restauraient et chargeaient leurs marchandises. Avant que les portes s'ouvrent, chacun devait compter ses bêtes et ses ballots et assurer le responsable du lieu que le compte était bon, faute de quoi les portes restaient fermées jusqu'à ce que le voleur ait avoué.

Un beau modèle d’auto-gestion !

20

Nous voilà en Cappadoce !!! Pas encore dans le parc national de Göreme et des sites rupestres mais on s'en approche, la preuve par ces paysages qui se font de plus en plus enchanteurs !… Arrivés à Selime, c’est dans une jolie prairie en bordure de rivière que nous posons nos roues en cette fin de journée et profitons de la vue sur le site avant de le découvrir le lendemain.

Figurez vous que cet étrange rocher abrite le plus grand ensemble troglodyte religieux de Cappadoce qui servait de séminaire pour la formation des moines et des prêtres. Construit à flanc de falaise, taillé directement dans le tuf volcanique, le monastère de Selime daterait du VIIIe ou IXe siècle.

Le site abrite néanmoins les traces de nombreuses civilisations qui se sont installées ici au fil des âges: hittites, perses, romains, premiers chrétiens, byzantins, turcs seldjoukides et ottomans.

Offrant une vue dominante sur la vallée, cet emplacement était en effet facilement défendable et donc idéal pour s’y installer en toute sécurité.

Nous sommes impressionnés par l’immensité du complexe, constitué d’une multitude de tunnels et de salles troglodytes. On y trouve entre autres une cathédrale, une chapelle, des écuries, de nombreuses chambres, une cuisine, des salles de réunion et une étable pour les mules, qui constituaient alors le principal mode de transport.

Au pied de la falaise, on monte à travers un long tunnel qui renforçait la sécurité des lieux, pour atteindre une première cour qui contient les principaux espaces de vie, des bains, celliers et réserves, ainsi que la cuisine.

La cuisine 

D'un plan de 8 x 8 m au sol, elle est surmontée d'un immense plafond pyramidal percé d’une cheminée centrale qui permettait à la fumée de s’échapper. La haute rangée de niches servait d’étagères. Le pain était cuit dans des fours creusés dans les murs, tandis que les marmites chauffaient sur le feu qui brûlait dans des fosses creusées dans le sol. La fente latérale oxygénait le feu et permettait d'attiser les braises. Plusieurs pièces s'étendent derrière le mur du fond, dont une contenait un métier à tisser qui permettait à la communauté de produire ses textiles.

Un peu plus haut, on accède à une deuxième cour desservant les 3 plus grandes salles du château : le monastère, la salle de réception et la cathédrale.

La salle du monastère

La salle du monastère mesure 14m sur 8m et s’élève sur deux niveaux. La partie inférieure comporte six alcôves avec un banc pour s'asseoir et dormir. On accédait à la partie supérieure par un petit escalier taillé dans la roche. On se laisse aller à imaginer l'activité sociale qui animait autrefois cette salle, se représentant des moines assis sur les bancs, d'autres regardant depuis la galerie supérieure et le chef de la communauté trônant dans l'abside voûtée.

La salle de réception

Reliée à la salle du monastère par un petit tunnel, la salle de réception est encore plus impressionnante : 17m de profondeur, 6m de large et 8m de haut. C'était la salle principale pour recevoir les visiteurs et organiser les repas de cérémonie. La partie supérieure était réservée aux membres les plus honorés. Au fond se trouve une pièce en forme de croix au plafond sculpté, ainsi qu'un tunnel qui accueillait des toilettes privées. Elle était autrefois munie de grandes portes battantes qui permettaient au chef d'avoir de l'intimité, mais qui lui assuraient aussi une entrée cérémonieuse dans le hall principal.

Toujours dans la cour supérieure, l'église de style basilical appelée la cathédrale, est l'une des plus grandes et les plus élaborées de Cappadoce.

La cathédrale 

Elle possède deux arcades divisant trois nefs, alternant piliers carrés et colonnes rondes, l’ensemble surmonté de chapiteaux et d'un plafond voûté en berceau. L'allée centrale est enduite de plâtre et d’images peintes en assez mauvais état dont il ne reste que de faibles contours. On devine néanmoins des représentations de Jésus, de Marie et des apôtres, ainsi que des motifs en pique soulignant l’architecture.

 La cathédrale 

Nous terminons notre découverte du monastère en empruntant des passages étroits montant à travers une cheminée de fée aménagée de 3 chambres aux murs ornés de décors sculptés, tels ces deux oiseaux en miroir ou ce symbole de fertilité.

Dans la salle la plus haute, plutôt cachée et assez difficile d’accès, nous découvrons un magnifique plafond à coupoles nervurées et un étage composé d'arcades aveugle. De là haut nous embrassons toute la vallée dont les allures lunaires auraient, dit-on, servi d’inspiration à la saga Star Wars.

Car le château-monastère de Selime n’est que la pièce maîtresse d'un bien plus grand ensemble. Parfois reliées par des tunnels et sur plusieurs niveaux, de nombreuses autres salles, maisons et églises troglodytes, s'invitent dans presque chaque cheminée de fée et alvéolent toute la falaise !

Ici, en arpentant ces paysages lunaires à la découverte de ces trésors architecturaux sculptés dans la roche, on sent vraiment revivre son âme d’enfant-aventurier !

Les plus riches maisons troglodytes présentent des façades à quatre étages ornées de sculptures témoignant du statut social des habitants. Plusieurs de ces demeures possède sa propre église.

Située à l'intérieur d'une cheminée de fée, une petite église en croix nommée Derviş Akın se dresse parmi d'autres constructions.

L'Église de Derviş Akın

Plusieurs fresques ornent les murs, et parmi elles, un poème byzantin: "Pourquoi vous efforcez-vous en vain, ô peuple, dans cette courte vie ?".

… À méditer !…

Nos premiers pas en Cappadoce nous enchantent... Et ça ne fait que commencer !... À très vite pour la suite !

21

Aujourd’hui, une superbe randonnée nous attend ! Dans un profond canyon à la végétation luxuriante au milieu duquel coule la rivière Melendiz, se cachent ici et là plusieurs églises troglodytes peintes. Dès nos premiers pas dans la vallée d'Ihlara, je la surnomme la vallée des merveilles !

Les premières églises furent creusées dès le Vie siècle, ils y en avait une centaine. La plupart sont en ruine et une quinzaine seulement se visitent aujourd’hui. Encore faut-il les trouver, car elles ne sont pas toutes indiquées... Mais surtout être en forme car il va falloir grimper plusieurs centaines de marches pour y accéder ! Cet article présentera nos 5 églises préférées des 10 que nous avons trouvées sur notre parcours.

La première que nous visitons Agaçalti Kilise (l’église sous l’arbre), est couverte de jolies fresques multicolores peintes sur fond blanc.

Agaçalti Kilise (l’église sous l’arbre)

Un peu plus loin, Sümbüllü Kilise (église aux Jacinthes), fait partie d’un monastère à deux étages du Xe s. Elle comporte deux chapelles latérales au fond d’une desquelles est peinte la Vierge à l’enfant entourée des archanges Gabriel et Michel.

Sümbüllü Kilise (église aux Jacinthes)

Nous continuons sur l’autre rive pour découvrir, 100 marches plus haut, Yilanli Kilise (L’église au serpent). Datant du IXe s., c’est l’une des plus anciennes églises de la vallée. Ses fresques sont plutôt bien conservées et d’une grande richesse chromatique. À l’entrée, une petite nécropole de quelques tombes est surmontées d’une fresque.

 Yilanli Kilise (L’église au serpent)

On redescend les 100 marches, puis quelques dizaines de mètres plus loin, ce sont 150 marches qui nous attendent pour accéder à la nécropole de St Georges (XIIIe s.). Son église ressemble plus à une grotte recouverte de fresques. Tout autour, dans les parois sont creusées des dizaines de tombeaux. De là haut, la vue sur la vallée est plutôt pas mal !...

La nécropole de St Georges

Plus loin, dans le fond du canyon, nous arrivons au petit village de Belisirma. Les parois de la gorge atteignent ici jusqu’à 100 m de haut et il faudra remonter la falaise pour découvrir Ala Kilise. C’est la plus vaste des églises de la vallée d’Ihlara.

Ala Kilise

À droite de l’église, nous découvrons deux un grands pressoirs ottomans dont l’un servait à extraire l’huile de lin.

 Les pressoirs à huile

La vallée d’Ihlara nous en a mis plein les yeux, tant par la beauté de ses paysages naturels que par les trésors architecturaux et picturaux qu’elle renferme. Plein les pattes aussi! C'est sans compter le chemin du retour avec pour finir l’immense escalier de 350 marches par lequel nous sommes descendus ce matin au fond du canyon, et encore quelques kilomètres de côte avant de retrouver Totoro sur le plateau !

Dernière falaise à remonter avant d'accéder au plateau. 
22

La Cappadoce compte de nombreuses villes souterraines, incroyables dédales de pièces et de couloirs creusés sous terre sur plusieurs étages. Celle que nous visitons à Derinkuyu comptait plus de 10 étages sur 85 m de profondeur, 52 cheminées d’aération et pouvait accueillir jusqu’à 20 000 personnes avec leurs réserves de bétail et de nourriture ! Aujourd’hui, seuls 8 étages sont partiellement accessibles, représentant moins de 30% de la ville.

Un peu d'Histoire...

- Au IV es., Derinkuyu servit de refuge aux premiers chrétiens grecs face aux persécutions de l'Empire romain.

- À partir du VIIe s., elle fut de nouveau utilisée pour protéger les chrétiens orthodoxes grecs de la région face aux clans musulmans sunnites, et par la suite contre les Turcs ottomans occupant l'Asie Mineure grecque.

- Les grecs y vécurent jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale, où ils furent expulsés du pays (sinon pire) pendant le régime Turc de purification ethnique.

Au 1er étage, on trouve des étables avec mangeoires et abreuvoirs, des pressoirs et une salle de classe au plafond voûté. Les niveaux suivants abritent habitations, réserves alimentaires, cuisines et puits. Au 7e étage, on découvre une petite église en forme de croix. Le 8e niveau ne comporte qu’une seule pièce munie d'une cheminée d’aération descendant 56 m sous terre. Ce système de ventilation très efficace permettait notamment aux habitants de survivre lorsque les attaquants cherchaient à les asphyxier en les enfumant.

À droite, la salle de classe 

À chaque niveau, une porte coulissante en forme de meule permettait de bloquer la progression des assaillants potentiels. Les couloirs sont si étroits qu’on ne peut s’y croiser, et si bas qu’il faut parfois même s’accroupir pour avancer ! Pas évident pour les 1,85 m d'Arnaud ...

 À droite, un exemple de porte coulissante en forme de meule

Difficile d’imaginer toute une population grouillant ainsi sous terre sans jamais voir la lumière du jour pendant des mois, voire des années durant : quelle déprime... Claustrophobes et agoraphobes s'abstenir !

23

15 mai

Nous voilà arrivés au coeur de la Cappadoce, dans le parc national de Göreme et des sites rupestres !

Dès notre arrivée, nous sommes attirés par cet étrange rocher percé de part en part dominant les différentes vallées qui s'étendent tout autour de nous : Uçhisar, point culminant de la Cappadoce.

Du haut de ses 1300 m, nous embrassons pour la première fois l'ensemble des terres cappadociennes qui nous entourent. Nous sommes absolument émerveillés face à ces paysages qui semblent issus de l'imaginaire fou d'un artiste surréaliste et restons littéralement sans voix tant cela diffère de tout ce que nous connaissons ...

Le piton volcanique d'Uçhisar fut creusé d'abris depuis l'époque hittite (1500 av. J.-C.), puis n'a cessé de servir de refuge, des premiers chrétiens persécutés par les Romains, aux Byzantins menacés par les Turcs. Aujourd'hui en résulte une forteresse labyrinthique qui se déploie sur une vingtaine d'étages abritant un ensemble de chapelles, monastères, appartements, réfectoires, entrepôts et salles communes reliés entre eux par un réseau de galeries.

Pour ce premier soir (nous ne le savons pas encore, mais nous resterons 2 semaines en Cappadoce !), nous posons nos roues sur un petit plateau de tuf s'élevant entre 2 vallées, juste entre Göreme et Uçhisar.

Comme une invitation à la contemplation, la nuit tombe doucement, révélant la richesse des reliefs sous des couleurs et lumières sans cesse changeantes ...

... Et le lendemain matin, vers 4h ...

Nous avions beau avoir vu et revu sur les réseaux sociaux mille publications témoignant du spectacle des montgolfières au lever du jour sur la Cappadoce, le vivre c'est vraiment autre chose !

24

Comme vous pouvez aisément l'imaginer, la Cappadoce est un véritable paradis pour les randonneurs ! Voici une petite sélection de nos plus belles randonnées, classées par ordre de préférence.


N° 1 (et de loin !) : De la Vallée aux Roses à la Vallée du Creux Rouge

Voici la randonnée que nous avons préféré durant nos 2 semaines passées à arpenter les reliefs du site rupestre de Cappadoce. Nous sommes aujourd’hui en compagnie de Solène, Rémi et Mako, que nous avions croisés dans la vallée d’Ihlara, puis à Derinkuyu et retrouvés ici.

Chose étonnante, c’est que Solène et moi nous étions mises en contact sur les réseaux sociaux il y a 1 an lorsque nous aménagions nos fourgons respectifs et préparions nos voyages. Et voilà que nous nous retrouvons sur la route sans l’avoir programmé : la vie est vraiment bien faite ! Une très belle rencontre et de bons moments passés tous ensemble !

Même Mako est subjugué devant tant de beauté ! 

Pour profiter au mieux de cette belle randonnée, nous partons à la journée afin de prendre le temps de la contemplation et d’explorer tous les trésors qui se cachent à-travers ces 2 grandes vallées : Güllüdere (la Vallée aux Roses) et Kizilçukur (la Vallée du Creux Rouge), ainsi nommées pour leurs couleurs chaudes et leurs superbes draperies rocheuses.

Sur notre chemin, nous rencontrons plusieurs églises troglodytes...

L'une des plus belles, l’église aux Trois Croix, se cache depuis le VIe siècle au creux d’une cheminée de fée. Plusieurs croix de Malte sont sculptées au plafond et dans l’abside une fresque représente le Christ encadré de chérubins et de séraphins.

L'église aux Trois Croix 

En rejoignant la Vallée du Creux Rouge, nous nous faisons surprendre par l’orage et nous réfugions dans l’un des nombreux abris percés dans la roche. Une fois à l’intérieur, nous observons qu’il est possible de grimper à l’étage. Et là, quelle n’est pas notre surprise de découvrir un magnifique pigeonnier de plusieurs salles ! Sans la pluie, nous serions passés à côté !

Découverte des pigeonniers 

Enfin, pour terminer en beauté, nous atteignons l’Église aux Colonnes, dépourvue de fresque, mais absolument sidérante de par son architecture intérieure. De l’extérieur, rien ne laisse présager un tel édifice et il est d’ailleurs facile de la louper…

Bref, si vous ne deviez faire qu'une seule randonnée dans le coin, c'est celle-ci !


N° 2 : La Vallée Blanche

Entre les villages de Baglidere et Çavusin se déploie une vallée à la topographie pour le moins suggestive !...

Aussi surnommée par les touristes "La vallée de l'amour", elle est parsemée de cheminées de fées aux formes phalliques assez impressionnantes ! Que ce décor soit choisi en toile de fond pour tant de demandes en mariage organisées (j'y reviendrai dans un autre article) me laisse assez dubitative !...


N°3 : La Vallée des Pigeons

Située entre Vasildere et Göreme, c'est une jolie balade traversant des dizaines de pigeonniers creusés dans les cheminées de fées, dont l'intérieur est composé d'une multitude d'alvéoles qui abritaient à l'époque des petits perchoirs. La plupart datent de la fin du XIXe s. ou du début du XXe.

En Cappadoce, avant l'apparition des engrais chimiques, on utilisait la fiente de pigeons, qui, sous l'empire ottoman, constituait une véritable industrie et était même exportée ! La fortune d'une famille se calculait d'ailleurs à l'importance et au nombre de ses pigeonniers. Aujourd'hui encore, on trouve ce précieux engrais naturel sur les marchés de la région.


En prime :  Le Musée en plein air de Göreme

Ce n'est pas une randonnée, mais plutôt une balade culturelle qui vaut vraiment le détour !

L’avantage d’avoir pris le pli de se lever avant le soleil pour contempler l’envol des montgolfières, c’est qu’on arrive les premiers à l’ouverture des sites archéologiques et évitons ainsi la foule ! Ce matin, nous partons à la découverte du musée en plein air de Göreme qui compte plusieurs églises rupestres parmi les mieux conservées de la Cappadoce.

Il est normalement interdit de prendre des photos à l’intérieur des églises, mais certaines d’entre elles n’étant pas gardées, j’ai quand même quelques images à vous montrer !

Le couvent des Nonnes : un rocher dans lequel ont été creusées sur 5 étages les cellules et pièces communes des religieuses tel que le réfectoire et la cuisine. Les différents niveaux du couvent sont reliés par des tunnels et peuvent être fermés par des pierres de meule (comme dans la cité souterraine de Derinkuyu).

L’église sombre : absolument superbe ! Malheureusement, un gardien veillait au grain et je n’ai donc pas pu la photographier … N’étant éclairée que par une minuscule fenêtre qui fut obstruée durant des siècles, les somptueuses fresques polychromes qui la recouvrent du sol au plafond sont dans un excellent état de conservation.

Le couvent des nonnes et l'église sombre

La chapelle Saint-Basile (XIe s.) : Au IVe siècle, Saint Basile était un éminent théologien qui prônait la vie en communautés religieuses autosuffisantes plutôt que celle d’ermite. Il encouragea donc le développement des monastères qui firent peu à peu la renommée de la région.

 La chapelle Saint Basile et ses sépultures.

L’église à la sandale, ainsi nommée car il y aurait une empreinte de pas du Christ sous la scène de l’Ascension … On a eu beau chercher, on ne l’a pas trouvée !

L’église à la sandale

Au rez-de-chaussée de l’église, on accède à un réfectoire.

 Le réfectoire

On parvient plus loin à un ensemble de 3 édifices reliés par des tunnels. On y trouve divers dépôts alimentaires, un pressoir à vin et un réfectoire. La cuisine possède un tandir, un four creusé dans la terre que l’on remplissait de braises. Ce type de four traditionnel est encore utilisé dans certaines habitations de la région.

Le réfectoire et la cuisines avec son tandir creusé au sol 

L’église au serpent, dont une des fresques représente St Georges terrassant le dragon réalisé sous la forme d’un énorme serpent. On remarque à l'entrée un curieux portrait de St Onuphre quasi nu à côté de St Thomas et de St Basile...

L’église au serpent

L’église Sainte Barbe est décorée de motifs géométriques ocres évoquant des dessins d’enfants, comme de curieuses sauterelles stylisées qui symboliseraient la conversion des peuples au christianisme, ou encore des cyprès schématisés censés évoquer l’éternité. À l'entrée, se trouvent des sépultures de petite taille...

L’église Sainte Barbe et l'église à la pomme

Un petit tunnel nous mène ensuite à l’église à la pomme, dont les coupoles et les voûtes sont recouvertes de scènes religieuses.

L’église à la pomme

En redescendant du site, nous pénétrons à l’intérieur de l’église à la boucle, la plus grande et peut être la plus belle de Göreme, qui abrite de superbes fresques sur un fond bleu intense. Mais là encore, la présence de gardiens ne m’a pas permis de la photographier … Dommage !

25

Il faut quand même vous dire que nous avons été abasourdis par l'ampleur de l'activité commerciale qui s'est développée en Cappadoce...

Bien évidemment, le plus impressionnant : les montgolfières. Chaque matin, plus d'une centaine de ballons s'élèvent dans le ciel, transportant une vingtaine de personnes par nacelle. Quand on sait qu'une place coûte entre 150 et 200€, on peut dire que c'est une affaire qui roule !

( Malheureusement, si poétique qu'il soit, un vol en montgolfière a une bien lourde empreinte carbone... )

Un autre phénomène très en vogue ici : les demandes en mariage .

Alors que nous étions tranquillement installés pour passer la soirée et la nuit, quelle n'a pas été notre surprise de se faire gentiment déplacer de quelques mètres par une équipe de décorateurs pour laisser place à une demande en mariage mise en scène, photographiée et filmée ! En fait, ces petits décors éphémères pullulent le soir venu sur les plus beaux spots de la région. Le staf nous a assuré qu'ils en auraient pour 2h, mais ça a duré jusqu'à tard dans la nuit, car les couples s'enchainent et il faut refaire plusieurs fois les prises ! Suite à cette expérience, on a privilégié les spots difficiles d'accès, au bout de pistes perdues dans les collines !

Une des activités favorites de la gente féminine en Cappadoce est d'y poser en robe de princesse et de mariée que l'on peut louer dans les boutiques des villages alentours en même temps qu'une équipe complète comprenant photographe, maquilleuse, assistants, etc.

On peut aussi louer de belles voitures américaines pour parfaire le décor !

Enfin, outre la rando, on peut explorer la région de toutes sortes de façons : en quads ou en 4x4 (malheureusement beaucoup trop nombreux à notre goût ...), mais aussi à cheval ou à dos de chameau !

Pour terminer ce petit article qui sera le dernier pour la Cappadoce, voici quelques unes de nos images coup de coeur capturées juste avant un bel orage ...

Allez hop, encore quelques photos de ballons pour la route ! Après j'arrête, promis !

26

25 - 31 mai

Après 2 semaines à avoir crapahuté en Cappadoce, nous voilà repartis vers de nouveaux horizons, direction tout d'abord les montagnes de l'Anti-Taurus (Aladağlar) dont le sommet culmine à 3 756 m. Changement d'ambiance, de décor... et de climat !

Pendant des centaines de kilomètres, nous traversons des paysages grandioses et sauvages où nous ne croisons quasiment personne, si ce n'est quelques bergers guidant leurs troupeaux à travers les massifs. Il semble que le touriste ne s'aventure guère par ici, si bien que lorsque l'on croise de rares habitants on lit vraiment l'étonnement dans les regards !

 Petite discussion avec un berger, merci google traduction !

Pendant ces quelques jours en montagne, on déniche de superbes petit spots, comme celui-ci en bordure de rivière, l'idéal pour se réchauffer autour d'un feu le soir et propice à une journée lessive !

La Turquie ne cesse de nous surprendre par la diversité et la richesse de ses paysages sans cesse changeants. La nature y est luxuriante, l'eau abondante, et nous nous sommes d'ailleurs fait la réflexion que nous n'avions pas vu d'aussi beaux champs de blé en France depuis bien longtemps ...

Néanmoins l'état des routes, qui était excellent jusque là, s'est nettement dégradé et on doit par ailleurs faire attention aux nombreux troupeaux qui s'y entassent ! Mais nous avons le temps et profitons des vues qui s'offrent à nous, du calme retrouvé après 2 semaines en zone touristique...

Le sud-est de la Turquie n'apparait pas dans les guides touristiques du type Routard pour raisons de sécurité car frontalière avec la Syrie. Pourtant que de belles choses à découvrir ici entre forêts, rivières, montagnes et canyons verdoyants ! Par contre, les quelques zones urbaines que nous traversons sont assez tristes et très pauvres ...

À partir d'Adana, nous ressentons que nous nous rapprochons peu à peu de la zone du séisme qui a dévasté cet hiver le sud-est du pays. Certaines portions de route viennent d'être refaites ou sont encore en travaux, d'autres toujours fermées. On observe de plus en plus de tentes aux abords des villes, dans les jardins et dans les rues. Et puis arrivés à Nurdagi, petite ville au nord de Gaziantep, on se rend vraiment compte... Le centre ville est dévasté et ses habitants relogés dans des parcs d'algécos aux abords de la ville. Beaucoup d'enfants n'ont pas encore pu retourner à l'école et passent leurs journées à trainer parmi les gravats et les immeubles en démolition...

Nurdagi 
Nurdagi et Pazarcik

À Pazarcik, certaines victimes vivent depuis février sous des tentes installées en plein champ...

Adiyaman, même constat...

Adiyaman

Arrivés à Malatya, on a vraiment le moral dans les chaussettes et éprouvons un terrible sentiment d'impuissance...

Des parties d'immeubles menacent encore de s'effondrer sur les passants, sans aucune installation de sécurité...
Certains quartiers sont totalement désertés. 
Ce qui fut autrefois un centre ville moderne et commerçant survit tant bien que mal sous des tentes de fortune.

Cette traversée en zones dévastées nous a profondément marqués et aujourd'hui en écrivant ces lignes les larmes montent de nouveau. Nous avons en revanche été touchés et émus en constatant que les turcs gardent le sourire et font preuve d'une générosité hors du commun, même dans l'épreuve.

Nos pensées vont vers eux.

27

1-2 Juin

Nous voilà aux portes du Kurdistan, sur la route sillonnant le plateau aride de la région du Nemrut Dağı.

Cette région est riche en histoire : Abraham y séjourna, les premiers chrétiens s'y installèrent, les croisées passèrent par là. Certains édifices remarquables en témoignent, tel un pont datant du 2ème siècle, honorant l'empereur romain Septime Sévère, sa femme et ses fils.

Ce pont, où les troupeaux de chèvres croisent de rares voitures, enjambe une rivière qui coule à l'intérieur d'un magnifique canyon pour ensuite s'étendre dans la vallée.

Après plus d'une heure de conduite assez sportive sur des petites routes de montagne, nous nous arrêtons au pied du fameux Nemrut Dağı, montagne de l'Anti-Taurus qui culmine à 2 203 mètres d'altitude.

Où est Totoro ?! 

Et le lendemain, dans les premières lueurs de l'aube, nous sommes d'abord émus de contempler l'Euphrate qui vit naître les premières civilisations agricoles du monde...

 Au loin, l'Euphrate au lever du jour.

Puis de découvrir, couronnant l’un des plus hauts sommets de la chaine du Taurus oriental, Nemrut Daği : le temple-tombeau du dernier roi hellénistique Antiochos Ier (69-34 av. J.C.), qu'il fit lui-même ériger comme monument à sa propre gloire... On ne se refuse rien dites donc !

Précisons que ce roi - assez mégalo pour se faire officiellement surnommer Theos (Dieu) - fut l’initiateur d’une réforme religieuse qui instaura un culte royal en l’honneur de sa propre personne et de ses ancêtres divinisés. Il instaura une théocratie : gouvernement où le titulaire de la souveraineté est divin.

 Vue générale du tumulus et de la terrasse Est.

On comprend mieux à-présent l'entreprise de cette sépulture colossale, composée d'un tumulus de pierre (145 m de diamètre sur 50 m de haut) et de 3 terrasses où trônent de gigantesques statues hautes de 8 m.

Le lion, l'un des deux gardiens du temple et les dieux.

Au petit matin, c'est donc la terrasse orientale qui s'illumine d'énergie solaire au fur et à mesure que l'astre s'élève, révélant les traits d'Apollon, de Zeus ou d'Hercule aux côtés du roi tout puissant.

Alors que les corps des statues sont toujours assis au sommet depuis bientôt 2 millénaires, leurs têtes quand à elles, comme décapitées, ont roulé un peu plus bas, à cause des séismes et de l’érosion.

Vues de la terrasse Ouest, l'aigle gardien et les stèles représentant les ancêtres.

Sur les terrasses Est et Ouest, les 5 statues sont encadrées d’une paire de gardiens (le lion et l'aigle), ainsi que de stèles en grès représentant en relief les ancêtres paternels perses d’Antiochos d'un côté, et les ancêtres maternels macédoniens de l'autre.

Projections numériques des terrasses Est et Ouest à leur origine.

Souvent surnommé la « huitième merveille du monde », le sanctuaire, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, symbolise à lui seul le trait d’union entre l’Orient et l’Occident et offre à son sommet des vues absolument grandioses sur toute la région.

Spectaculaires vues du haut du Nemrut Dağı. 

Ce joyau archéologique unique de la période hellénistique est en passe d'être reconstitué et restauré afin de restituer au mieux le prestige du site. Espérons néanmoins que cela ne dénature pas l'aspect sauvage que les lieux ont su conserver jusqu'alors.

28

1 - 9 juin

Il m'aura fallu du temps pour parvenir à rédiger ce dernier article du carnet, car nous avons encore du mal à réellement définir notre ressenti de ces derniers jours passés en Turquie. Je pense que cela est dû en partie au choc éprouvé lors de notre passage en zone sinistrée par le tremblement de terre. À partir de là, le voyage a pris un autre goût dont les relents de poussière et de désolation nous ont pris à la gorge...

Nous avions prévu d'y voyager encore 3 semaines, notamment dans la superbe région du lac de Van, mais en avons même oublié l'existence... Nous avons roulé, roulé et roulé encore vers le nord, à-travers les routes montagneuses qui nous séparent de la Mer Noire.

Les distances sont longues, les paysages grandioses, le rapport d'échelle homme/nature est impressionnant. Nos perceptions sont aussi probablement décuplées par l'état émotionnel dans lequel nous nous trouvons.

Karanlık Canyon

Sur 25 km, nous nous engouffrons dans le Karanlık Canyon, (littéralement le canyon sombre). D'une profondeur pouvant atteindre les 1000 m, c'est le deuxième plus grand canyon de Turquie après les gorges de Saklıkent (souvenez-vous, là où nous avions tellement eu froid en remontant le torrent à pieds !). Ici et là, perchées au sommet d'abrupts rochers, se détachent quelques maisons d'habitation absolument isolées de tout.

Une des ces maisons perchées, et observez à droite la façon dont le fleuve est clairement divisé en 2 couleurs distinctes.

Parc National d'Altındere

Un peu plus au nord, au sein du Parc National d'Altındere, après 14 km de piste tout terrain, nous dénichons l'un des plus beaux spots de notre voyage. J'avoue qu'il faut le mériter, la route n'étant vraiment pas évidente avec notre gros Totoro... Mais arrivés au sommet, c'est un panorama à couper le souffle qui nous attend, juste en face du monastère de Sumela. Et en prime, une immense terrasse en bois surplombant le canyon... Quel luxe ! Nous retrouvons ici une certaine sérénité.

Le monastère de Sumela, accroché à la montagne qui nous fait face.
Petit déjeuner contemplatif ... 

Et puis nous atteignons la côte de la Mer Noire, qui à vrai dire nous a peu séduits. La région étant montagneuse et très escarpée, les villes du bord de mer s'étendent tout en longueur, séparées de la côte par une interminable 4 voies. Les plages sont quasiment inexistantes et le bruit de la route omniprésent. Nous choisissons alors, arrivés à Fırtına, de nous échapper de nouveau en montagne en empruntant l'une des nombreuses profondes vallées creusées par les rivières. Ce que les turcs nomment "ruisseaux" sont en fait de puissants torrents au bord desquels nous avons bien du mal à trouver le sommeil tant le débit d'eau est puissant ! Outre les ports d'eaux vives, l'une des particularités de cette région est la production de thé qui recouvre toutes les montagnes.

 À gauche, plantation de thé à flanc de montagne.

Mais comme vous pouvez le constater sur ces dernières images, le mauvais temps est de retour... Les pluies nous ont rattrapées et nous avons même dû remettre le chauffage... Nous souhaitions randonner dans cette région, malheureusement, les prévisions sont trop mauvaises pour les 2 semaines à venir. Nous décidons donc le 9 juin au matin, 3 semaines plus tôt que prévu, de quitter la Turquie pour nous rendre en Géorgie.


Notre petit bilan +/- de ces 66 jours en Turquie :

  • (+) Les turcs ont le coeur sur la main, ils sont accueillants, généreux et serviables.
  • (+) Des paysages grandioses et très variés.
  • (+) De très beaux et bons fruits et légumes sur les marchés à tout petit prix.
  • (+) Richesse du patrimoine culturel et historique / (-) prix excessif des entrées
  • (+) Facilité de camper absolument partout et sans aucune restriction.
  • (+) Prix du gasoil et qualité du réseau routier.

(-) Le seul gros point négatif que nous retenons est l'absence totale de conscience écologique et de respect de l'environnement. La nature est traitée comme une poubelle et c'est vraiment sale, très sale. Nous avons passé un temps fou à ramasser des sacs entiers de détritus, bouteilles et emballages laissés sur les spots camping, les coins pique-nique, les plages, les bords de rivière, les sentiers de randonnée, les bords de route, les prés... absolument partout quoi... Et au bout de 2 mois, se mêlaient en nos coeurs colère, dégout et dépit. Mais que faire ?

Malgré cette ombre au tableau, la Turquie nous a réellement époustouflés ! Nous serons heureux d'y revenir sur le chemin du retour pour découvrir les régions que nous n'avons pas explorées à l'aller (et quand on voit la carte, il y a encore beaucoup à voir) !

PS : Arnaud est en plein dérushage des 150 (si si, 150 !) séquences vidéo et drone et se mettra d'ici peu au montage. On a hâte de vous présenter ce merveilleux pays en vidéo !

PS bis : Le nouveau carnet de voyage "Géorgie" arrive très vite, promis !

PS ter : Encore un grand MERCI de nous suivre !!!

29