MER-TERRE
Après ce passage maritime le long du littoral nous voilà pédalant dans les terres de ce pays que nous découvrons petit à petit en direction du KHAO YAI national park au nord est de Bangkok.
Les infrastructures du tourisme de masse sont quasi inexistantes, nous retrouvons des zones authentiques, là où la vie n'est pas dépendante directement du porte-monnaie des touristes étrangers.
Nous empruntons certaines routes en très bon état, avec un fort traffic et des automobilistes qui savent très bien se servir de l'accélérateur ce qui n'est pas pour nous réjouir mais plus pour nous faire serrer les fesses, nous ne sommes vraiment pas rassurés sur ces axes que nous éviterons au maximum...
Nous traversons de nouveaux de grandes cultures intensives de toutes sortes, ananas, hévéa... nous longerons également des petites forêts d'eucalyptus aux effluves si agréables. Nous avons de plus en plus chaud, certaines côtes nous mettrons dans la souffrance... toujours heureux d'arriver à l'auberge avec cette machine d'air frais. C'est d'ailleurs, dans une auberge non loin du parc que l'on sentira la première inquiétude d'une femme en nous voyant, remettant son masque et en nous demandant de ne rester qu'une nuit...
Au sujet de la faune sauvage nous ne sommes pas en reste, ayant traversé des grandes zones piscicole, nous avons eu la "chance" de croiser des varans malais alors que nous nous attendions point à découvrir ce genre de bête, je vous laisse imaginer notre surprise... il ne se passe pas un jour sans qu'on aperçoive un serpent ... les cigognes volent par milliers au dessus de nos têtes, les chiens s'amusent toujours autant à nous effrayer, tous avec leurs techniques à eux, ahahah
Nous arrivons au pied du parc national, qui se trouve à 1000 m d'altitude environ, c'est notre dernière grosse étape pédalistique de notre aventure. La chaleur qui dépasse les 40 et la fatigue nous ferons opter pour de l'auto-stop jusqu'au sommet. Notre pilote connaît visiblement la route et son co-pilote manie bien la langue de Shakespeare ce qui nous facilitera la tâche pour arriver à bon port, avec le service invité de nos "auto-hôte" qui sera des biscottes sucrées et des bonbons, MERCI.
Arrivés à bon port, nous allons nous promener, découvrons nos amis les macaques dans leur environnement naturel, la forêt est dense, sombre, impénétrable sans le sentier. Nous prenons possession de nos bungalow, côtoyé par de nombreux autres mais personne dans les parages, la zone est vide.... le lendemain nous allons visiter le parc avec un guide qui nous aidera à voir les gibbons, singe n'étant jamais au sol contrairement au macaque, des lézards multicolores... nous pensons voir des éléphants jusqu'au dernier moment en vain, ils restent au frais aux abord des points d'eau que préserve cet immense écrin de verdure. Le soir nous aurons la chance de voir des porcs-épiques sortant de la forêt au crépuscule.
Nous reprenons la route pour Bangkok, la situation mondiale est en train de changer, le virus est implanté en France, les pays du monde entier prennent des mesures qui évoluent de jours en jours.... nous pédalons la tête chargée, pouvons nous continuer le voyage, oui, non, oui mais, peut-être que... les jours suivants auront raison de notre réflexion, on doit rentrer, voyager dans un pays touché par ce virus, voyager tout simplement perd un peu de son sens pour nous...
Nous redoutions l'arrivée à Bangkok, immense mégalopole avec une très très grosse circulation.... Nous avons roulé au maximum puis pour les derniers km nous avons opté pour prendre un taxi. Un moment que nous oublierons pas ! Un taxi s'arrête mais ça se voit direct que nos vélos ne rentreront pas dedans ! Le chauffeur têtu nous assure que si, il veut absolument tout tenter. On démonte les roues avant, on essaie, on essaie... Il faut qu'il accepte que non ça ne rentre pas ! Mais il est resté planté là avec nous pour en fait nous aider. Dès qu'il a vu un autre taxi avec une voiture plus grosse il l'a arrêté et nous avons pu tout charger et rouler tranquillement jusqu'à l'hôtel.
Nous voilà à Bangkok. Nous avons pris la décision d'avancer notre retour. Pour ce faire on s'est rendu à l'aéroport pour trouver un interlocuteur de notre compagnie mais aucun bureau de cette compagnie en Thaïlande, on nous dit qu'il faut tout gérer par téléphone. La galère commence ! Après avoir acheté du crédit et passé réellement 3h à écouter un robot disant qu'ils étaient débordés, qu'ils allaient nous répondre.... Rien ! C'est finalement ma maman qui aura réussi à les joindre en France (merci) pour nous dire que la seule chose qu'ils pouvaient faire c'était nous proposer un vol pour le 11 avril... Heu non ! Vu que notre droit d'être sur le territoire se termine le 29 mars et que tous les pays sont en train de fermer les frontières,sont en train de se confiner chacun les uns après les autres et que les français et les européens sont de plus en plus mal vus en Asie on souhaite rentrer. En Thaïlande, les européens sont appelés les coronos !!! Sympa ! C'est là qu'on mesure la peur mondiale qui commence à s'installer partout. Un peuple d'une immense hospitalité en temps normal commence à avoir des comportements totalement différents. Nous, ne vivrons heureusement que très peu de situations houleuses. Tous les Thais que nous avons croisés sont restés d'une grande gentillesse. Peut être aussi parce que à partir du moment où la situation a viré nous avons acheté des masques, pour leur faire moins peur. En Asie, c'est l'inverse de l'Europe, le masque rassure ! Au moins avec ça les gens ne peuvent pas contaminer les autres...(du moins si tout le monde est masqué, le risque est bien limité !) En revenant de 5 mois d'Asie on a d'autant plus de mal à comprendre la politique française sur le port du masque. Au lieu de dire que ça ne sert à rien, assumons de dire que c'est parce que nous n'en avons pas assez !
Avec tout ça, aucune motivation pour visiter Bangkok ! La Thaïlande à ce moment là connaît assez peu de cas de malades mais ça augmente comme partout donc l'envie de prendre des bains de foule nous est pas venue ! Tout est passé vite. Entre trouver une solution pour un vol, trouver des cartons et démonter les vélos, nos derniers jours ont été bien remplis !
Bref, nous avons racheté des billets. Notre retour ne s'est pas fait sans stress puisque à Bangkok, environ 1 avion sur 3 (si ce n'est plus) prévu était annulé...les gens achètent plusieurs vols pour être sûrs d'en avoir un ! L'attente devant le panneau d'affichage pour connaître la porte d'enregistrement, on s'en souviendra ! Autour de nous : des gens d'une inquiétude immense habillés en cosmonautes, des gens en pleurs parce que les vols s'annulent et les prix grimpent ! Nous avons de la chance nous partons ! La logique aérienne fera que nous passons par Shanghai. Cela nous a permis de voir à quel point les politiques de gestion de cette crise différent d'un pays à l'autre. En Chine, quasiment 3h de contrôles administratifs et sanitaires alors qu'en France un tout petit papier de rien du tout avec 3 pauvres infos demandées. Bien entendu, presque pas de masques... Ce qui fera que l'endroit où on s'est senti le plus vulnérables était le dernier vol Paris Toulouse avec une multitude de gens qui toussaient et qui s'en fichaient, pas de masque bien sûr. Sûrement des rhumes simples (on ne sait pas), mais n'empêche que ça ne rassure pas !
Arrivés à Toulouse, on avait tout organisé pour ne croiser personne. Merci à mes parents, à Mado à Alain et à Marie pour votre aide pour avoir organisé notre retour. Nous sommes actuellement au dessus de Lourdes dans un gîte, merci à Colette et Didier pour nous avoir ouvert la porte. On reste ici le temps du confinement en croisant les doigts comme tout le monde pour ne pas être malades et on garde le sourire ! 😊