Belle journée ensoleillée de l’hiver austral, jusqu’à 27°C. Le programme est léger aujourd’hui. Nous pouvons dormir jusqu’à 8h. Les enfants se réveillent vers 6h et n’essayent même pas de se rendormir. Nous avons un buffet tout à fait correct pour le petit-déjeuner. Nous mangeons aussi des œufs préparés sur demande, qui arrivent un peu tardivement.
Iandry vient nous chercher vers 9h30. Il loge dans un petit hôtel pas trop loin du nôtre. Nous avons prévu la visite de la ville et la recherche de souvenirs.
Nous allons d’abord visiter Fort Flacourt et son musée. A l’indépendance, les militaires malgaches ont remplacé les français et c’est resté une caserne, la ville a repris son nom original de Tôlanaro « beaucoup d’os ». Nous sommes pris en charge par Aimé, vaillant guide de 55 ans, parfaitement francophone.
Nous faisons le tour du chemin de garde entre les deux bastions qui surplombent la baie Farodofay, avec l’'anse Monseigneur et le site de l'ancien port. Le premier bastion date de la première époque du comptoir français au XVIIème siècle, le second a été construit lors de la tentative de réimplantation du XVIIIème siècle.
Nous visitons ensuite les deux salles du musée. La première est centrée sur l’histoire de Fort Dauphin et présente aussi une case et des objets Antanosy. Les informations sont d’une qualité rarement trouvée à Mada. Le squelette d’Æpyornis est une approximation réalisée en bois. J’ai détaillé l’histoire de la ville en fin d’article, pour ceux qui auront envie d’en savoir plus. C’est une synthèse de la présentation du musée, du site touristique de la région et de wikipédia.
La seconde salle présente l’usage traditionnel du mahampy, un roseau utilisé dans le tissage d’objets accompagnant toute la vie des Antanosy.
Nous reprenons la voiture vers 11h20. Nous empruntons la rue dite Circulaire et de la corniche, seule véritable artère de la ville. Je regarde la plage qui fait face au bastion gauche du fort.
Aucun magasin ne retient notre attention. Les rues présentent peu d'intérêt. Les points de vue sur la mer sont magnifiques. Il reste quelques bâtiments de l’époque coloniale, assez difficilement décelables. En fait, c’était une toute petite ville à l’époque. Aujourd’hui on estime la population de Tôlanaro à 80000 habitants, il n’y en avait que 19600 en 1975.
Nous passons en surplomb de la plage d’Ankoba.
Je crapahute un peu autour de la cathédrale de facture moderne.
Nous allons ensuite manger au restaurant « Le Dauphin ». C’est un établissement appartenant à la même société que la réserve de Berenty. C’est tout à fait correct.
Nous retournons à l’hôtel vers 13h45 pour une après-midi de repos. Nous repassons sur la place principale de la ville, devant la mairie, et tout près de la récente mosquée, symbole de l'influence des karanes dans le commerce local.
Je m’arrête juste avant l’hôtel pour admirer la plage de Libanona.
L'hôtel est aux standards internationaux, la chambre est belle et bien équipée.
Pendant l’après-midi, je profite un peu de la piscine, je réussis à y amener Célia. Les enfants passent leur temps sur leurs écrans, et Virginie dort.
Nous restons à l’hôtel pour le dîner. Lando est patraque, il se couche tôt et ne mange pas.
Madagascar, idéalement située sur la route des Indes, intéresse beaucoup les puissances européennes du XVIème siècle dont les activités d’explorations explosent.
Les Portugais arrivent les premiers, sans s'établir durablement. À la fin du XVIème siècle, les Hollandais tentent de créer une escale dans la baie d'Antongil, au Nord-Est de l’île, sur la côte de la vanille actuelle, mais abandonnent cette entreprise en raison de l'insalubrité des lieux.
Le Cardinal de Richelieu accorde à la Compagnie d’Orient, ou Compagnie des Indes Orientales, le privilège d’établir un comptoir commercial au Sud de l’île. La lettre patente de 1642 signée par Louis XIII concède à la Compagnie le monopole exclusif du commerce.
Au mois de mars 1642, Jacques Pronis et Jean de Foucquembourg, accompagnés de douze colons embarquent à Dieppe à bord du navire Saint-Louis pour fonder le comptoir, créer des habitations, et pratiquer la traite.
Les colons débarquent sur la pointe de Sainte-Luce, dans la baie de Manafiafy, à environ 40 km au Nord du Fort Dauphin actuel.
À ses débuts, la colonie comprenait huit naufragés français, soixante-dix colons envoyés par la Compagnie des Indes Orientales, et l'équipage du Saint-Louis qui n’a pas pu rentrer suite à l'échouage de son navire sur la route du retour vers la France.
La région étant insalubre en raison des lagunes et des marécages, provoquant des fièvres qui emportent vingt-sept colons, Pronis décide de transférer la colonie un peu plus au Sud sur la presqu'île de Tôlanaro à la fin de l'année 1643. Pronis fonde ainsi Fort-Dauphin au nom de Louis XIII. Le nom est choisi en l'honneur du Dauphin, l’héritier du trône de France, et futur Louis XIV.
Jacques Pronis épouse la fille d’un chef antanosy dont il a une fille, ce qui déplait à de nombreux colons. Une révolte se soulève contre lui. Il a été emprisonné, puis délivré par le Commandant Le Bourg du Saint-Louis. Il décide d’envoyer les mutins vers l’île Bourbon (la Réunion). Il est renvoyé en France en 1648.
Étienne de Flacourt prend sa place à la tête du comptoir, et réalise durant cette période une étude minutieuse des coutumes, de l'histoire, et de la flore de l'île de Madagascar. Son œuvre est composée de trois volumes dont on retient surtout « l'Histoire de la Grande Isle Madagascar ».
Le Fort est levé sur le lieu par le Sieur de Flacourt dans les années 1650. Le fort n’est alors qu’une construction sommaire entourée de palissade de bois, caché derrière la végétation et complété par quelques bastions.
Etienne de Flacourt repart de l'île en 1655 sans avoir pu réellement concrétiser sa mission commerciale.
Après son départ, le comptoir périclite progressivement, des départs sont enregistrés, liés à l’isolement ou à des conflits. La colonie connait de nombreuses dissensions internes du fait de colons tels qu'Antoine Couillard, qui s'allie aux indigènes. Le 27 août 1674, des Antanosy investissent les lieux par surprise et plus de la moitié de ses occupants sont massacrés. Seules 63 personnes parviennent à fuir le 8 septembre 1674 sur le navire Blanc Pignon. Après un long périple, ils débarquent en mai 1676 sur l’île Bourbon et constituent un apport essentiel au peuplement de celle-ci, encore très limité à l'époque, la colonisation ayant débuté en 1663.
Fort-Dauphin et sa région passent sous le contrôle du roi Antonosy et restent fréquentés par de nombreux navires.
De 1766 à 1771, les Français commandés par le comte de Maudave tentent de se rétablir à Fort-Dauphin, afin de faire de l'ancien comptoir une base d'approvisionnement pour leurs colonies des Mascareignes (La Réunion, l'île Maurice et l'Île Rodrigues). Les colons furent bien accueillis par la population locale, et le projet connut des débuts prometteurs, malgré le manque de moyens. Cependant en 1770, l'administration centrale de la marine abandonne le projet.
Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle et au cours du XIXème, Fort-Dauphin reste un port commercial important, très fréquenté par les navires croisant dans l'océan Indien.
Les français reviennent finalement quand Madagascar devient une colonie à partir de 1896.