Belle journée ensoleillée, et assez clémente, de 6 à 15°C. La première nuit est assez compliquée. Pour ma part, je dors jusqu’à minuit, puis je me réveille régulièrement. A 4h, tout le monde est réveillé et trouve une occupation. Nous refaisons un temps calme de 6h30 à 6h50.
Nous allons profiter du petit-déjeuner continental à 7h10. C’est tout à fait correct. L’hôtel propose des yaourts aux fruits et du fromage à tartiner, en plus des boissons habituelles et du pain de mie grillé. Lando mange 6 œufs et 4 clémentines, Célia prend 2 œufs et une tartine, Virginie mange aussi 2 œufs et 3 tartines de Philadelphia, et moi un œuf et 4 tartines à la confiture.
Nous quittons l’hôtel en voiture vers 7h50. Nous avons réservé le premier départ vers l’île d’Alcatraz, prévu à 8h40. La compagnie de bateaux, Alcatraz Cruises, unique concessionnaire, préconise d’arriver une ½ heure à l’avance. Nous nous garons dans la rue à 350 m du débarcadère.
Le bateau part bien à l’heure à 8h40. Nous débarquons un ¼ d’heure plus tard sur l’île d’Alcatraz. Elle est aujourd’hui gérée par le service des parcs nationaux des États-Unis. Son nom provient de l'espagnol ancien « alcatraces » qui désignait les pélicans dont certains trouvaient refuge sur l'île. Elle est aussi surnomée « The Rock » (Le Rocher).
En arrivant on remarque tout de suite les graffitis rajoutés par les amérindiens qui ont occupé l’île pendant 19 mois, entre 1969 et 1971, et qui a contribué à la reconnaissance des droits des peuples natifs des Etats-Unis.
Virginie et Lando utilisent une navette pour monter au sommet de l’île. Célia et moi gravissons l’équivalent de 13 étages pour rejoindre les deux éclaireurs. J’ai rédigé les explications suivantes grâce à Wikipédia.
L’île a donc d’abord hébergé un fort militaire de 1850 à 1909, puis est devenue une prison militaire de 1909 à 1933 et enfin une prison fédérale de haute sécurité jusqu’en 1963.
En 1934, le gouvernement fédéral décida de faire de la prison fédérale d'Alcatraz un établissement modèle, offrant un maximum de sécurité pour prévenir les évasions et n'accordant que peu de privilèges aux détenus qui ne pouvaient négocier leurs conditions d'incarcération, ni exercer de pressions sur le personnel ou le directeur. Sur Alcatraz on comptait 1 gardien pour 3 détenus, contre 1 pour 12 à 30 pour les autres prisons.
Les prisonniers étaient appelés par un matricule et non par leur nom, afin de les briser moralement.
Il était ainsi question de montrer au public que l'État était résolu à enrayer la hausse vertigineuse de la criminalité des années 1930, liée à la prohibition.
L'île d'Alcatraz accueillit des prisonniers célèbres comme Al Capone, Machine Gun Kelly, Birdman et fut aussi le lieu de vie des gardiens et de leurs familles.
On peut distinguer deux fonctionnements distincts : lors de sa création, la vie des détenus était très rude et une forte pression psychologique leur était infligée pour les punir ; puis dans les années 60 la vie carcérale est adoucie avec notamment la projection de 2 films par mois, 1 heure de musique par jour...
Le 21 mars 1963, sur décision du Procureur général des États-Unis, Robert Kennedy, la prison d'Alcatraz ferme définitivement ses portes. Les mentalités américaines des années 60 jugeaient Alcatraz rétrograde, son fonctionnement était 3 fois plus couteux que celui des autres pénitenciers, et de lourds investissements auraient été nécessaires pour rénover l’établissement.
Nous entamons donc la visite du bâtiment de la prison fédérale qui trône au sommet de l’île. Nous passons d’abord par la salle de distribution des paquetages, et les douches. Il n’y avait pas d’intimité à Alcatraz ! Les prisonniers avaient de l’eau chaude, contrairement aux autres prisons, pour ne pas être tentés de s’échapper à la nage dans les eaux froides de la baie.
Nous récupérons un audioguide, en français, qui nous donne beaucoup d’explications, que je tente de vous restituer ensuite. Nous montons par un ascenseur à l’étage pour accéder aux quartiers d’incarcération. Les cellules sont installées sur 3 niveaux. Il y aurait un peu plus de 400 cellules, mais il n’y aurait jamais eu plus de 250 prisonniers simultanément Nous parcourons les différents couloirs, qui ont été nommés d’après des rues connues comme Broadway ou Michigan Avenue.
La taille et le dénuement des cellules choquent. Quand on tend ses bras, on touche les deux murs d’une cellule. Chaque cellule disposait d’un lavabo, de toilettes, d’une petite table et du tabouret correspondant, et d’un lit dont la tête était orientée vers l’extérieur.
Lando, Célia et moi descendons dans la cour qui servait aux promenades.
Le bloc de cellules D était réservé aux détenus les plus récalcitrants. Les conditions de détention étaient encore plus difficiles « au trou », 5 cellules sur le côté droit de ce bloc. L’équipement de la cellule était réduit au strict minimum, le trou des toilettes. Derrière la grille, une porte avait été rajoutée pour maintenir les détenus dans l’obscurité et ne pas les entendre de l’extérieur. Les mauvais traitements ont certainement mené des détenus à la folie.
Il y avait quand même une bibliothèque dans la prison, et les détenus autorisés à la fréquenter pouvaient emprunter jusqu’à 80 livres par an.
Au fond du bloc principal, existaient 4 parloirs. Le détenu et son visiteur, séparés par une vitre, étaient assis en face l’un de l’autre, et conversaient par téléphone. Les visiteurs étaient dans l’espace administratif de la prison.
Nous voyons aussi le centre de commande et les vestiaires des gardiens. Un modèle de fusil mitrailleur des années 30 est exposé.
La visite se poursuit par le récit de l’évasion d’Alcatraz la plus connue, sûrement un peu grâce au film « L’évadé d’Alcatraz », de 1979 avec Clint Eastwood. Frank Morris et les deux frères John et Clarence Anglin disparaissent de leur cellule dans la nuit. Après avoir élargis les conduits d’aération de leurs cellules avec des cuillères, ils ont accédé à un corridor technique et ont pu monter sur le toit de la prison, dont ils sont descendus le long d’une gouttière. C'est seulement au petit matin que les gardes s'aperçoivent de leur évasion, quand ils comprennent qu’ils ont dissimulés leur absence avec des têtes de mannequins peintes, fabriqués en plâtre et en papier mâché. Le FBI lance alors sans succès l'une des plus grandes chasses à l'homme jamais entreprises.
Frank Morris, John et Clarence Anglin ont été officiellement portés disparus et présumés noyés. Les cellules des évadés sont reconstituées, avec les mannequins et les bouches d'aération forcées.
Durant les 29 ans d'opération de la prison de 1934 à 1963, 36 détenus ont essayé de s'évader lors de 14 tentatives différentes. Sur ces 36 évadés, 23 furent rattrapés, 6 furent tués par balle et 5 se sont enfuis par la mer et ne furent jamais retrouvés, ils sont présumés noyés. Deux prisonniers furent exécutés dans une chambre à gaz de la prison d'État de San Quentin (Californie) pour leur rôle dans la mort d'un gardien durant la prise d'otages du 2 au 4 mai 1946, que l'on a baptisé la bataille d'Alcatraz. Officiellement, aucun détenu n'est jamais parvenu à s'évader totalement d'Alcatraz en rejoignant le continent.
Nous passons finalement par « Time Square », puisque c’est là que l’horloge est installée, et nous découvrons le réfectoire où mangeaient simultanément tous les prisonniers. La cuisine était au fond, derrière une grille. Le réfectoire disposait d’un système de gazage, en cas d’émeute. Il n’a jamais été déclenché.
La visite du quartier pénitentiaire se termine. Nous faisons alors une promenade pour profiter du soleil, des paysages, et des jardins.
Finalement, une portion du chemin carrossable qui fait le tour de l’île est fermée pour permettre la nidification de certains oiseaux. Nous devons donc remonter, avant de descendre par le même chemin que celui que nous avions déjà emprunté.
L’île garde des traces de l’ensemble des occupations. Ainsi des canons permettaient de protéger l’île si un ennemi débarquait par l’embarcadère, seul lieu accessible pour les bateaux.
Nous sommes de retour dans la ville à 12h10 et nous entamons notre promenade du quartier de Fisharman’s Wharf, cela veut dire « Quai du Pêcheur ». Nous longeons donc les différentes jetées, jusqu’à atteindre le Pier 39, une rue pleine de restaurants et d’amusements.
Au bout du Pier 39, nous débouchons sur un quai d’où l’on peut apercevoir les célèbres otaries ou lions de mer. Elles sont relativement peu nombreuses, puisqu’à peine un seul plateau de bois est occupé totalement. Quand l’une d’elles se déplace, en se dandinant sur les autres, ses congénères braillent.
Nous en profitons pour manger sur le pouce. Virginie choisit une soupe de palourdes, servie dans un bon pain rond, que l’on mange ensuite, tandis que Lando, Célia et moi prenons un hot-dog
Nous continuons ensuite à remonter le long des jetées jusqu’à atteindre le San Francisco Maritime National Historical Park.
Nous empruntons la Hyde Street Pier pour découvrir des navires historiques :
Le C.A. Thayer, une goélette en bois à trois-mâts de 1895, qui transporta d’abord du bois, puis du saumon d’AlaskaL'Eppleton Hall, un remorqueur à roues à aubes construit en 1914, qui traversa l’Atlantique en 1969. L'Hercules, un remorqueur de 1907 qui écuma le Pacifique de l’Alaska à Panama Le Balclutha, un cap-hornier anglais à voiles carrées et à la coque en acier de 1886, qui emmena 17 fois des céréales en EuropeL'Eureka, bateau à vapeur de 1890, qui transportait d’abord des wagons puis est devenu le plus gros ferry au mondeNous apercevons encore d'autres otaries, moins observées que les premières.
Nous passons une petite heure autour de ces bateaux. Nous ressortons vers 14h20 et repartons le long des jetées, dans l’autre sens, vers notre lieu de stationnement.
Comme nous sommes à proximité, nous allons voir la portion en zig zag de la Lombard Street. Inclinée à 27 degrés, cette célèbre portion de rue sinueuse compte 8 virages en lacet et des parterres fleuris aménagés. C’est pour réduire cette forte inclinaison, que la rue a été construite en lacets, ce qui la ramène à 16 degrés.
Nous sommes de retour à l’hôtel vers 15h30. Tout le monde vaque à des occupations calmes.
Nous repartons vers 18h10, cette fois en voiture. Nous avons choisi le Roam Artisan Burger pour aller manger ce plat typiquement américain dans un endroit où il est préparé avec des ingrédients sains de qualité. Virginie peut même prendre une soupe (épicée) et une salade fermière. Lando en profite pour suivre le Super Bowl, le célèbre match annuel de football américain. Nous revenons à l’hôtel à 19h20. Nous allons nous coucher un peu plus tard que hier soir. Le sommeil vient quand même vite, mes 3 compères dorment déjà à 20h15 pendant que je continue à écrire.