À notre arrivée en Suède, nous passons tout juste les 20000 km parcourus à vélos !
On se dit que pour fêter ça, on pourrait les mettre de côté un moment. Déjà à plusieurs reprises nous cherchions de petites randonnées à faire, mais il était toujours un peu compliqué de s'organiser. Cette fois on se décide, on a repéré un sentier de grande randonnée au nord du pays…
Voici une nouvelle aventure qui commence...
Après une nuit passée sur le Baltic Queen (ferry de croisière plutôt classe), nous voilà à Stockholm, où nous faisons dans la foulée une visite guidée de la vielle ville. Belle petite île centrale de la capitale, faite de ruelles étroites et de vielles bâtisses colorées.
Nous filons ensuite directement chez des hôtes Warmshower pour les deux prochaines nuits. C’est une famille de français, Marion, Éric et leurs 4 enfants, installée en Suède depuis 14 ans, et qui est revenue il y a peu d’un an de voyage autour du monde. Nous sommes ravis de partager du temps avec eux, et ça nous fait du bien de discuter en français !
Alors que tout le monde est au boulot ou à l’école, nous profitons de la journée pour les préparatifs : deux allers-retours à Décathlon, quelques emplettes pour la nourriture, et on passe des sacoches vélo aux sacs de randonnée !
C’est le début d'une longue logistique pour rejoindre Abisko, départ du trek. D'abord, il nous est interdit de prendre le train avec les vélos.
Nous optons donc pour la location de voiture, et c'est chargés comme des mules que nous allons chercher notre bolide (après avoir démonté les vélos, tout notre bazar a fini par rentrer !).
Environ 500 km plus tard, nous arrivons à Ostersund (d’où nous reprendrons les vélos dans un mois pour rejoindre la Norvège).
À Ostersund, par l’intermédiaire d'un contact Warmshower, nous rencontrons Susanne, qui accepte sans aucun souci de garder nos vélos chez elle, c'est parfait.
Mais le prochain train à un prix convenable n’est que dans 4 jours, nous décidons d'attendre et allons camper au bord d'un lac excentré de la ville.
Nous voilà enfin dans le train direction le grand nord, partis pour 19h de trajet.
Arrivée à Abisko en fin d'après-midi. Station touristique très prisée en saison hivernale pour venir observer les fameuses aurores boréales, c’est également le point le plus au nord de la Kungsleden (et aussi de notre voyage !), trek de 430 km à travers la Laponie Suédoise.
Nous sommes impatients de commencer le sentier, mais trop fatigués par le transport. Nous ne ferons que 4 km ce jour là, histoire de trouver un coin camping et attaquer en forme le lendemain.
En route mauvaise troupe, au programme une petite vingtaine de kilomètres par jours. Au départ nos sacs affichent 20 kg sur la balance (nous sommes chargés en nourriture car ici il est possible de se réapprovisionner mais attention au passage en caisse $$$…).
Sur le parcours, le chemin est très bien balisé et des refuges (auberges) ainsi que des abris sont présents régulièrement.
Contre une petite cotisation, il nous est possible d'utiliser la cuisine des auberges le midi, bien pratique quand il pleut. Mais attention au prix de la nuit, 50€ par personne sans électricité ni eau courante, à ce prix là seuls un lit et un seau sont mis à disposition… autant vous dire que même si ces refuges sont très bien tenus et bourrés de charme, ce sera camping pour nous et sans aucune hésitation !
Un avantage considérable ici : il y a de l'eau partout ! Ruisseaux et lacs, tout est potable. Déjà des kilos en moins à porter… On vide les bouteilles et les remplace par une coupelle pour boire facilement en chemin. 30 minutes avant la fin de journée on s'assure quand même de trouver de l'eau avec un petit coup d’œil sur la carte.
Nous nous attendions à de jolis paysages, mais certainement pas à ce point. Dès le deuxième jour, grâce à la clémence de la météo normalement pluvieuse en cette saison, c'est un nouveau spectacle à chaque franchissement de buttes. Les paysages sont bluffants, nous nous arrêtons toutes les 10 minutes pour les savourer et les immortaliser. Nous sommes déjà conquis par la Kungsleden.
Jusqu'ici tout va bien !
Le temps se gatte en fin du troisième jour, nous décidons de pousser un peu la journée de marche pour atteindre notre premier col, Tjäktja à 1150m (plus haut point du trek). Les derniers kilomètres sont assez éprouvants, avec un bon petit mètre de neige, un peu galère mais ça l'a fait. Épuisés, nous dormirons dans l'abri de secours juste au col.
Rebelote pour la descente, avec de la neige pouvant aller jusqu’au genou et des traversées de rivières glacées. On perd le sentier mais on le rattrapera plus loin.
Malgré le mauvais temps, la visibilité est relativement bonne et la journée superbe avec une ambiance bien particulière (en mode expédition Arctique).
Nous camperons près d'une hutte, pour aller y manger au chaud et à l'abri du vent.
Le lendemain, on ne traine pas, la température a chuté, un vent du nord s’est levé, et un peu de pluie se ramène.
La petite pause à la cuisine d’une auberge pour le midi s'impose !
L’après-midi nous repartons avec la pluie et le vent (de dos heureusement), la vallée est bien bouchée, nous avançons à grandes enjambées pour sortir enfin de ce blizzard ! Dur dur … Finalement nous installerons la tente au sec, tout près des rennes !
Eh oui : Il y a beaucoup de troupeaux de rennes ici, les Samis (natifs Lapons) en font l’élevage et les laissent en semi liberté. Ils sont farouches mais il n'est pas rare d'en croiser au détour du chemin.
La Kungsleden comprend aussi des traverseés de lacs. Elles peuvent se faire en bateau à moteur (payant $$ !) ou à la rame. On opte pour la rame quand c’est possible, bien plus marrant et authentique.
Les paysages changent pour des forêts de boulots, lorsque nous redescendons des plateaux. Arrivés à Vakkotavare, le trek s'interrompt sur 30 km. Il nous faut prendre un bus et un bateau pour rejoindre la seconde grande partie, que nous entamons directement.
Nous camperons non loin d'une hutte.
Nous aurons beaucoup de chance avec le temps les jours qui suivent. Presque pas de pluie et de belles heures ensoleillées.
Ça tombe bien, nous avions prévu de faire un sommet pour prendre un peu de hauteur et admirer la vue. N’étant pas sûrs de la météo pour le lendemain, nous décidons de faire l'aller-retour en fin de la huitième journée.
Après 18km, nous posons la tente, y laissons les sacs et partons donc pour 7km de montée jusqu’au Mont Skierfe.
On arrive au sommet bien fatigués mais le spectacle qui s'offre à nous nous fait complètement oublier ce détail. Nous sommes époustouflés, à deux pas d’une immense falaise, qui plonge sur la vallée de Rapadalen et le célèbre delta de la Rapaätno menant au lac, avec en fond les montagnes enneigées du Sarek. Inoubliable.
Le retour à la tente se fait tranquillement à 22h30. Sans les sacs nous étions rapides mais cette petite escapade nous aura quand même pris presque 4 heures.
Ici, du 15 juin au 15 juillet, il fait jour tout le temps ! Oui, nous sommes au dessus du cercle polaire, et il n'est pas toujours facile de trouver le sommeil… Quand le ciel est dégagé, la luminosité est la même la nuit que le jour.
C'est incroyable et assez perturbant, mais aussi bien avantageux pour les longues journées de marche : nous sommes toujours sûrs d'installer le camp avant la nuit !
Le lendemain, nous descendons au refuge juste en dessous et attendons avec espoir une barque pour traverser le lac.
3 barques sont mises à disposition. La seule condition pour les utiliser est qu'il en reste toujours une au moins sur chaque rive. Une seule barque est malheureusement présente de notre côté, et il faut dire qu’on n'a pas vraiment l'envie de traverser 3 fois.
Du coup, ce sera matinée et début d’après-midi repos au refuge. Les gardiens y sont très accueillants et nous offrent café et gâteau maison.
Par chance, une barque vient de quitter la rive d'en face, à 3 km. C'est parti pour une heure de rame puis 3 heures de marche, pour finir la journée un peu plus haut, dans une hutte à l'abri de la pluie, en compagnie de 3 autres randonneurs bien sympas.
Nous voici déjà à notre dixième jour de marche. Julie a malheureusement commencé à avoir mal au genou et c'est pire aujourd’hui… la descente est difficile. Nous nous arrêtons quelques heures dans un refuge, allégeons un peu son sac et repartons.
Mais arrivés à Kvikkjokk, après un peu plus de 200 km de marche (fin de la deuxième grande partie du trek), il nous faut prendre une décision, impossible de continuer le trek comme ça.
C’est donc un peu déçus d’être coupés dans notre élan que nous prenons la sage décision de reposer nos articulations.
Nous ne voulons pas abandonner le trek, mais avons décidé de sauter 160 km. Nous prenons 3 bus en 3 jours pour rejoindre la partie sud de la Kungsleden, à Ammarnäs.
Nous camperons 4 jours au bord d'un lac, pour un repos complet avant de reprendre les 80 derniers kilomètres de ce long trek, sacs plus légers et avec des bâtons de marche, direction Hemavan.
Dès la reprise, nous marcherons plus de 20 km.
Une longue montée dans une large forêt de boulot, avant de rejoindre un grand plateau et le traverser jusqu’au col où nous y trouvons une hutte pour la nuit, avec une vue imprenable sur la vallée suivante.
La nuit est pluvieuse avec du vent, on est bien à l'intérieur.
Nous redescendons donc doucement des hauteurs les deux jours suivants, en longeant des lacs, passant des ponts...
Nous nous arrêterons aux refuges le midi, les gardiens y sont toujours très sympas.
Nous voilà déjà presque au bout.
La Laponie nous offre une météo au top pour cette fin de trek, et la Kungsleden nous dévoile ces derniers paysages alpins, superbes.
Après une petite journée de marche, nous campons au col, tout près d’une hutte et profitons pleinement de la vue.
Nous entamons la descente le long de la rivière pour la dernière et quinzième journée de marche.
En fond de vallée, les montagnes Norvégiennes.
Nous passons la nuit en hutte juste avant l’arrivée à Hemavan.
Fin de la Kungsleden !
L'œil du loup :
Dans les trains suédois, des compartiments sont réservés aux personnes avec un chien à condition de le préciser à l'achat du billet.... Il peut donc rester avec nous sans problème.
Lupo s'est très bien fait à son sac (3 kg). Même s'il n'avait jamais vraiment l'envie de l'enfiler et qu'il trainait la pâte aux premiers essais, il a mené la marche dès le début du trek. On le sent forcer en montée, mais rien de méchant. Un vrai champion.
Les premiers jours, nous l'avons rationné par peur de manquer, mais ça n'était pas facile pour lui, qui restait sur sa faim. Finalement nous avons trouvé des croquettes dans certains refuges où les gardiens avaient un chien, ce qui nous a permis de faire le plein et nourrir la bête comme il se doit.
Sur le chemin, il doit être en laisse pour laisser la faune en paix, mais vue que notre Lupo écoute au doigt et à l'oeil, c'est bien libre comme l'air qu'il a marché. À l'approche des refuges, nous mettons quand même la laisse l'histoire de ne pas avoir de remarque. Toujours vigilants bien sûr avec troupeaux de rennes.
Il a eu quelques irritations à cause des points de friction du sac, mais ça s'est très vite guéri.
Puis quand les moustiques étaient dans le coin, le Lupo s'est bien fait attaquer la bidoche (plaques rouges), mais pareil, ça a très vite disparu.
Presque chaque refuge a une salle accessible aux chiens, avec couvertures et gamelles... La Suède est plutôt pet friendly en général.
Sur le trek, il était loin d'être le seul à quatre pattes... mais c'était bien le plus beau ! ^^ Muni de son petit sac à dos, il a fait de l'effet à tous les dog lovers et en a profité pour réclamer des caresses à tout va.
Ici, pas une tique ! Un vrai bonheur.