Île de Koh Rong
31/01 => 04/02
2017
La mer, la mer, la mer...
Marre de la poussière, de la chaleur, des gens, de la saleté, des bruits de moteurs et de toujours se déplacer....
Du coup, place à l'eau, l'isolement, le sable, le sel, les caméléons et les chiens errants ! Nous arrivons à Koh Rong.
Whooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuu!!!!!!!!!!!!!!!1 Évidemment, le transport pour y parvenir c'est de la grosse MERDE !!! Voilà, ça fait du bien. Vous avez lu les Douze travaux d'Asterix ? Bah c'est pire...
On commence par acheter un ticket pour se rendre à Koh Rong et qui comprend le trajet en minibus et le trajet en bateau.
La lendemain, un minibus nous prend à une agence. Celui-ci nous amène à une autre agence. On attend. Un autre minibus prend la relève. Le chauffeur de celui-ci ne sait pas où il doit déposer ses passagers, c'est rassurant.. Après avoir mis un certain temps à comprendre où il devait déposer deux italiens il nous arrête au milieu de nul part sinon de tuk-tuk. On lui demande où est le bateau, il nous répond de prendre un tuk-tuk...
Après avoir lutté un moment, il nous dépose devant une agence de bateaux. À partir de maintenant, il faut imaginer la suite avec pour chacun, pas loin de quatorze kilos sur le dos et un soleil qui fait grimper la température à plus de trente degrés.
On sort, on rentre dans l'agence et on montre nos tickets. Pas de bol, ce n'est pas la bonne agence et ils nous indiquent vaguement d'aller à une autre agence. On se dirige vers cette autre agence qui est en fait le ponton d'amarrage, où s'entassent plein d'agences. On en trouve une, on est dirigés vers une autre. Celle-ci prend nos tickets et effectue différents appels téléphoniques. Après un moment, on apprend que c'est la bonne agence de bateaux mais qu'il nous manque... les tickets bateaux que l'on obtient en échangeant nos tickets de bus auprès de notre agence de bus........ On ne comprend rien et on retourne à la première agence de bateaux où le bus nous avait déposés. Celle-ci nous envoie à... notre agence de minibus. Une fois là-bas, on peut enfin échanger nos tickets et partir en bateau. Et le tout se situe sur une zone de plusieurs kilomètres carrés.... Ça fait de la marche au soleil..
Quand on pense qu'il aurait suffit de nous indiquer dès le départ la marche à suivre ou bien il aurait fallu informer le chauffeur... de notre destination afin qu'il puisse nous déposer directement à notre agence de minibus... Mais non....
En Asie du sud-est, c'est un peu tout le temps comme ça, mais au Cambodge, on a les champions toutes catégories...
Ensuite, on arrive sur l’île et il y a du monde, la plage est bof et c'est cher. Du coup, on continu la marche. On est des walkers ou on l'est pas !
Après quatre kilomètres en plein cagnard avec nos sacs, on trouve enfin notre petit coin de paradis. Des tentes pour cinq dollars la nuit. Et tout autour, de grandes plages de sable blanc bordées de lagons... Et personnes... ou très peu de monde.
Le sable est étrange, il est très blanc et couine sous nos pas. On se demande si ce n'est pas du synthétique mais c'est en fait un des sables naturels les plus fins au monde.
L'eau y est si salée que l'on flotte sans effort.
On y est bien...
Et Lucie se la pète...
L'eau est chaude, même en pleine nuit, on n’hésite pas à rentrer dedans. Elle est à... 28° en moyenne !
On n'a pas réussi à sélectionner le selfie où on a le moins l'air débile. Du coup on vous montre les quatre.
Trop de soleil, ça fait mal aux yeux...Le matin, je me lève à l'aube pour courir sur la plage et finir avec quelques brasses dans la mer. Il n'y a personne, le jour se lève et c'est juste top... Le silence nous fait tellement de bien...
Puis je trouve un partenaire de course ; un chien à trois pattes. Pour l'anecdote, on rentre un soir tard d'une autre plage et la nuit tombe. Bien que l'on soit loin de l'endroit où je courre la matin, le même chien à trois pattes nous tombe dessus et nous suit durant toute notre épopée nocturne avec la lune et les étoiles pour seule lumière. Ça a quelque chose de rassurant de se balader avec un chien en pleine nuit dans un coin inconnu. Si on se fait attaquer on peut toujours le balancer en appât, surtout s'il n'a que trois pattes.
Chien qui chasse le crabe Et après la course, la mer, la solitude et le soleil qui se lève (et Lucie qui fait la popote du matin sur la plage). Un matin du tonnerre !
Sur l'île, on trouve des lézards de toutes tailles et couleurs, des geckos, des scarabées...
Si l'on s’éloigne de cent mètres et que l'on plonge, à trois mètres de profondeur il y a des coraux remplis de poissons. Les coraux ne sont pas réputés très beau mais ils restent sympas. C'est assez effrayant de s'enfoncer entre les rochers, algues et coraux. Certains sont énormes. Plus on s’éloigne, plus ils sont gros. Ainsi, au bout d'un moment, on aperçoit de grosses urnes qui sont en fait de gros coraux.
L'île est assez grande. On peut y faire de belles ballades.
Bref, c'est le bonheur. Nos journées se résument à courir le matin, se baigner, se balader, se baigner, manger, se baigner et ne rien faire d'autre que de bouquiner sur la plage à l'ombre d'un palmier, à part se baigner bien sûr.
On est alors pas loin de la moitié de notre voyage. On prend le temps de penser à ce qu'on a traversé.
À nos débuts en Thaïlande. C'est d'ailleurs un bon pays pour commencer, c'est le plus facile pour le backpaking. C'est le pays le moins cher. Les transports y sont bien organisés. Les thaïlandais sont souriants quoiqu'un peu faux-cul parfois. Et il y a beaucoup de choses à voir et à y faire.
On pense aussi au Laos, pays pour lequel on a eu un petit coup de cœur. C'est un pays rural que l'on a pris le temps de visiter. Les laotiens ne sont pas des masses organisés et ce sont de gros flemmards (leur activité favorite est de rester sur une chaise toute la journée à ne rien faire) mais ils sont paisibles et très aimables. Le Laos est doux et chaleureux.
Et enfin au Cambodge, que l'on apprécie un peu moins. Le Cambodge est très beau. C'est la Belgique en mode tropical, à savoir c'est un plat pays remplis jusqu'à l'horizon de rizières et de palmiers où tranchent des routes toutes droites et où apparaissent quelques monts qui surplombent le tout. Le site d'Angkor est unique au monde et les îles valent carrément le coup (pas pour longtemps, j'y reviendrai). Mais les cambodgiens ne sont pas agréables. On est constamment harcelés pour de l'argent et les autorités sont dangereuses et corrompues.
Ces appréciations sont faites sur le vif. Ce n'est absolument pas une analyse sociologique et la généralisation ainsi que la simplification de ces propos sont entièrement assumées. C'est un avis donné à vif.
On pense aussi à ce que le voyage apporte en matière de réflexion et d'introspection. Le fait d'alterner les rencontres culturelles, idéologiques et spirituelles avec les temps morts du voyage impose une certaine réflexion. Et puis quatre mois hors du cercle "études, boulots, projets, vie sociale" que nous avons comme tout un chacun sur notre lieu de vie commun, cela nous fait prendre un recule formidable sur l'ensemble de notre vie.
Personnellement, ma rencontre la plus enrichissante est celle pour l'instant de la pensée bouddhiste. Pas celle qui est pratiquée en Asie du sud-est (le bouddhisme theravāda) qui est celle du bouddhisme le plus archaïque (il pratique principalement les préceptes du Hinayāna ou Petit Véhicule) et le plus monastique. Mais par la pensée bouddhiste que j'ai découvert au fil de mes lectures. Celles et ceux qui me connaissent doivent me concevoir comme à des milliers de kilomètres du bouddhisme et pourtant.. Ma manière de penser le monde n'a jamais trouvé un creuset philosophique à la fois aussi accueillant pour mes conceptions et outils de raisonnement, et à la fois aussi enrichissant pour ma façon d'habiter l'existence.. Et cela alors que le bouddhisme était une culture qui m’attirait peu, voire pas du tout. Mais c'est en fait parce que la pensée occidentale (et beaucoup de pratiquants occidentaux bouddhistes) déforment la pensée bouddhiste.
Alors, non je ne deviens pas bouddhiste, ne vous inquiétez pas. J'ai une trop grande liberté de pensée pour cela. Mais je dois bien admettre qu'une partie de moi-même (et paradoxalement tout comme une partie de cette liberté de pensée) est irrémédiablement devenue bouddhiste.
Quand on observe l'impact bouddhiste en occident (qui s'est amorcé à la fin du XIXème et au début du XXème siècle), on est tenté d'attribuer une part des révolutions artistiques et scientifiques de cette époque au courant revigorant du bouddhisme. Et d'autant, plus que pour bien des artistes et scientifiques, leurs rapports à la pensée bouddhiste sont avérés. Que doit le surréalisme à la pensée Zen ? La Pipe de Magritte devient d'une grande éloquence si on l’éclaire avec la notion du prajna. Les cadavres exquis paraissent tellement semblables aux exercices des moines zen. Et on en comprend alors le sens ! Les lectures d'Alexandro Jodorowsky ou de Hermann Heisse s’éclairent d'une compréhension nouvelle à la lumière bouddhiste.
Et le plan scientifique n'est pas en reste. Si la science moderne repose sur un édifice qui a pour fondation la philosophie gréco-latine qui fit naitre une méthodologie de raisonnement (syllogisme aristotélicien) et d’expérimentation (la recherche répétitive de l’échec d'une théorie), le rapprochement de la relativité restreinte, de la relativité générale et la théorie quantique avec la pensée bouddhiste (surtout concernant la théorie quantique) laisse à réfléchir..
La pensée gréco-latine et la pensée bouddhiste, bien qu'opposées s’épousent très bien. Une fois unies, elles sont comme les deux faces d'une même réception de la réalité.
Et je passe sur les curiosités étymologiques du bouddhisme dont les termes remontent aux bases du langage indo-européen. Ainsi en est-il du "prajna" précédemment cité. On y retrouve "pra" qui a la même racine que "premier" et "jna" qui est la même racine que "gnose" (le "gno" de "cognocere" => "connaitre"). Et les exemples comme cela il y en a foison.
Mes propos ne sont pas étayés, mon paragraphe n'a pas pour objet d'expliquer mais de donner un aperçu de ce qui peut tourner dans notre tête au contact d'autres cultures.
On prend aussi la mesure de notre situation privilégiée. Comme la vie est douce en France, nous sommes bien payés, bien soignés, la pensée est libre, nous avons l’éducation gratuite, nos villes sont propres... Une personne française vivant au RSA a une vie bien plus agréable qu'un asiatique au salaire de base.
Cependant, nous ne sommes pas forcement plus heureux. Les asiatiques ont aussi leurs atouts, comme l'absence de solitude. Beaucoup vivent et travaillent sur leur lieux de vie. Au milieu des restaurants ou des magasins, il y a la télé familiale et les enfants. Ils se lèvent, travaillent et se couchent chez eux parmi leurs proches. Il n'y a pas d'individualisation dans les trajectoires de vie. Ils sont mariés tôt, vivent et travaillent parmi et pour leurs familles. Une bonne partie de la population ne travaille donc pas individuellement dans un lieu de travail qui ne lui appartient pas comme on le fait pour la plupart en occident. Il sont ainsi socialement plus solides.
Encore une fois, c'est un avis lancé comme ça. Ce n'est pas une étude.
Bref, pour terminer, ce qui fait la beauté de cette île c'est sa récente accessibilité. La grande majorité de l'île est encore vierge. Cependant, des routes commencent à être tracées et un projet d’aéroport est dans les tuyaux. Ce sera bientôt une grosse station balnéaire.
Des bisous !