Carnet de voyage

Voyage dans le berceau de l'humanité, l'Ethiopie

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Immersion d'un mois au St Paul hospital de Addis Abeba, capitale Éthiopienne. L'un des plus gros hôpital mère-enfant du pays (11 000 naissances par an).
Du 2 au 30 mars 2019
29 jours
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Publié le 7 mars 2019

Ca y est c'est le jour J, le grand départ. Bertille et moi (2 ostéopathes) partons en Ethiopie rejoindre Anne Severine une sage femme Parisienne sur place depuis octobre 2018 afin de coordonner le pole maternité du nouvel hôpital St Paul en construction depuis un certain temps, beaucoup trop longtemps selon Anne qui depuis 8 ans vient y faire des missions Humanitaires.

Pour tout dire je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, malgré les bons échos que j'ai eu sur le pays, l'appréhension est bien présente. J'ai rencontré Anne une fois avant qu'elle ne parte pour parler rapidement du potentiel projet et voila que quelques temps après je me suis engagée avec Bertille dans ce volontariat ne pouvant communiquer avec elle que par mails.

On hésite un peu au début, je ne voulais pas partir forcément avec une ONG mais l'avantage reste la communication, l'organisation... mais le projet à l'air fou, avec de belles personnes et ce côté "inconnue" le rend excitant. On fini par se décider et en janvier on prend nos billets. Finalement on sera bien tenues informées par Anne qui aura bien préparé notre arrivée. Si bien que nous avons a disposition l'appartement en face du sien au sein de la résidence étudiante à 5 min du travail. Nous pourrons travailler en obstétrique, néonat et pédiatrie.

Cependant, l'ostéopathie n'est pas vraiment connue ici (même pas du tout) et on ne peut pas se permettre d'arriver les mains dans les poches pensant les éveiller a notre profession. Du coup le premier objectif sera de leur présenter un Power Point sur l'ostéopathie lors de leur "morning session" et tout ça en anglais ...

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Donc c'est parti pour une journée de voyage intense. Debout a 5h direct CDG pour décollage à 8H50, déja on est a l'heure et nous connaissant c'était pas donné. Petite escale a Francfort, ce qui nous permettra de boire une bière du matin et de se détendre avant le vol pour Addis. Après un vol de 6H45 nous voici arrivées à Addis Abeba, capital Éthiopienne.

Vol Paris-Addis, Lufthansa, escale de 3h a Francfort, 445 euros AR (plus de 700 euros pour le direct)


Il est 22h il fait 21 degrés, ma foi c'est pas désagréable, beaucoup moins que la queue de 1 heure pour attendre le visa. C'est le bordel, des files dans tous les sens pour tel ou tel visa (théoriquement) des guichets vides pour la plupart malgré l'arrivée de 3 vols... On fini par temporiser en se disant que finalement c'est pas pire qu'à la poste ou à la SNCF ^^

Anne nous attends maintenant depuis 40 minutes, on a pas de téléphone, on ne sait pas trop ou on est mais on a bon espoir de la retrouver, malgré le chaos ambiant l’aéroport n'est pas très grand. Avec un coup de chance on récupère nos valise qui passent sur le tapis juste à ce moment là. Oui je dis coup de chance car ici il n'y a pas vraiment de tapis attitré pour chaque vol... un détail soit dit en passant.

Le visa peut se prendre sur le net, perso j'ai rien compris et sur place c'est super simple (mais moins rapide). Il coûte 44 euros pour 1 mois, il suffit juste d'avoir un passeport valide 6 mois après le voyage et une adresse de logement pour éviter trop de questions. Possibilité de payer par carte

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Finalement, on retrouve Anne tout de suite en sortant de l'aéroport (personne n'a le droit de rentrer dans le hall des arrivées). Elle nous attendait avec le taxi qui nous ramènera jusqu'à notre quartier général, Gulele ou se trouve le campus du St. Paulos Hospital (https://sphmmc.edu.et), un hôpital fédéral de Addis, qui bénéficie par conséquent d'un budget et de moyens relativement élevés pour le pays. Il fait bon on roule les fenêtres ouvertes, on s'étouffe dans la pollution extrêmement pesante (on comprends vite quand on voit dans quoi ils roulent), on découvre Addis by night (on se demande ce que ça va être de jour) mais le dépaysement est déjà là. L'aventure commence.

Carte de Addis.  

On pose enfin nos valises dans notre appartement d'un 1 mois. Grand luxe, cuisine, salon, chambre et balcon et oui, avec une super vue sur les toits (et murs) de tôle du quartier. On mange avec Anne qui nous a gentiment prévu des vivres et partons vite nous coucher, parce que là, on en peut plus ...

Notre appart avec vue. 

L'Ethiopie :

- 102 000 000 habitants

- 1 098 000 km2

- taux de fécondité : 4,6 (on va avoir du boulot)

- 44% chrétiens orthodoxe

- Capitale : Addis Abeba, 4ème plus grosse ville d'Afrique et capital diplomatique

- monnaie Birr : (1 euros pour 33 Birrs)

- langue administrative : l'Amharique (la plus largement parlée)

- 2 ou 3 heures de décalage horaire selon la saison chez nous

- vaccins obligatoire (que personne ne vérifie) : la fièvre jaune et pas de Paludisme a Addis en général car altitude de 2300 m

- 25° toute l'année a Addis avec une saison des pluies en juillet et août

Alphabet Amharique, ça va pas être simple... 

Curiosité locale : le calendrier

La journée Éthiopienne commence à 12H avec le levé du soleil et retarde par conséquent de 6h par rapport à notre horloge.

Ici je n'ai que 23 ans !!!

Le calendrier Éthiopien (Ge'ez ou guèze) débute le 29 août de l'an 8. L'année dure 365 jours règle générale et 366 jours une année sur quatre. Il n'a jamais été adapté par les papes successifs comme le calendrier grégorien, les 2 calendriers se décalent lentement l'un par rapport à l'autre (décalage de 1 jour tous les 100 ou 200 ans). Ici on retarde 7 ans 😉


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Publié le 10 mars 2019

Après une bonne nuit de sommeil, on se réveille sous un beau soleil. Je jette un œil par la fenêtre, les toits de tôle ont un tout autre aspect sous la lumière du jour, le dépaysement commence déjà ... On grignote un bout et nous voila parties pour le Taitu, un hôtel emblématique du quartier Piazza qui doit son nom et son architecture à son héritage de l'occupation Italienne.

On fait la rencontre de Tamerat, un des chauffeurs de Taxi de Anne, qui nous dépose au Taitu où l'on doit rejoindre Florence, une autre Française qui travaille chez mère Teresa avec qui Anne nous met en contact. Je crois qu'elle veut déjà se débarrasser de nous😅

Sur la route du Taitu 

On arrive devant ce superbe hôtel au style très marqué, on essaye alors notre premier retrait d'argent, ça ne passe pas... Bon, on a des euros mais c'est pas vraiment la monnaie locale ici... on comptera sur la gentillesse de notre chauffeur pour qu'il nous change 50 euros pour se débrouiller aujourd'hui.

On retrouve Florence dans l'agréable jardin de l'hôtel, on commande notre première bière Ethiopienne (St George), pas degueu ma foi ... et ce midi on y va en douceur sur les découvertes locales, on ne voudrait pas que nos estomacs d'occidentales nous jouent des tours.

Hotel Taitu 

Le Taitu :

C'est une institution à Addis, le plus vieil hôtel du pays, anciennement résidence de l'Impératrice Taitu bâtie en 1907. Il dispose d'un jardin super agréable pour y déguster le buffet végétarien du midi (jusqu'à 14H) pour le prix de 90 birrs par personne. C'est un restau un peu plus cher que les autres mais on y mange super bien. Cet endroit permet une adaptation en douceur.


2 Buffet + 2 bières + 2 cafés + 1 verre de rouge (Acacia dry red wine pas trop mauvais) : 350 birrs et c'est un prix élevé pour le pays

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Sur conseils de Florence après manger nous voila parties direction l'église st George et donc pour notre première balade dans le tumulte de la ville. Piazza est un quartier très animé et touristique (ils ne courent pas les rues non plus). On remonte 1,2 km le long d'une grande avenue assez chaotique. On se familiarise avec le soleil, la poussière, la pollution, les odeurs, les regards curieux, les enfants qui mendient la morve au nez ... L'immersion commence.

On essaye nos premiers achats pour manger le soir, les prix nous paraissent élevés, forcément on ne fait pas vraiment locales... On décide alors de voir si Tamerat serait d'accord pour nous aider et on continue alors notre route vers cette fameuse église.

Eglise Saint George 

L'église St George :

C'est une église orthodoxe éthiopienne érigée en hommage à saint Georges, le saint patron des soldats selon la croyance éthiopienne, afin de célébrer la victoire de la bataille d'Adoua en 1896 qui mit fin à la première guerre italo-éthiopienne. Des prisonniers contribuèrent à sa construction.


C'est également l'église dans laquelle Hailé Sélassié Ier a été couronné Roi des rois, le 2 novembre 1930. C'est donc aussi un lieu symbolique pour le mouvement rastafari.

On en fait le tour, l'entrée est fermée en dehors de l'office, les locaux embrassent les murs (orthodoxes obligent). On nous regarde, alors on ne sait pas trop si on les bienvenues, pour le moment on est encore un peu timides... Après quelques photos (juste dans l'enceinte de l'église car dans la rue surtout a Piazza il vaut mieux éviter le vol a l'arrachée est monnaie courante ici). On appelle Tamerat qui nous retrouve devant l'église et nous permet de faire nos courses sur le chemin du retour. On visite ainsi un peu notre quartier (Gulele) et on repère surtout la boulangerie, oui il y a une boulangerie 😀.


On rentre se poser pour un goûter bière, devant notre power point, la dure labeur de plusieurs jours commencent mais a ce moment on ne le savait pas encore.

Après un dîner avec Anne on se couche tôt car demain debout a 6H30 pour la morning session d’obstétrique de 7H30 😅.

Bilan de cette première journée, on se familiarise doucement avec l'Ethiopie et ses habitants. L'hopital promet d'être fort en émotions....

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Publié le 12 mars 2019

Comme prévu le réveil pique, il est 6H30 on prend notre petit dej sur le pouce comme on fera chaque matin de cette semaine et surement des autres. C'est la tête dans le c.. que nous voila parties pour l'hopital.

La cours de notre immeuble/ Meilleure dégaine

Après 5 minutes de marche dans la terre et les mauvaises odeurs (on aura fini par s'y faire) nous voici arrivées a St Paulos hospital. On suit Anne à la trace. On passe d'abord les entrées gardées de l’hôpital, avec nos têtes et nos blouses blanches, aucun problème pour entrer contrairement aux locaux, ce qui nous étonne... Mais on comprendra vite pourquoi, ici c'est un bordel monstre, entre l’hôpital actuel, le nouveau en construction et tous les autres autour qui sortent de terre (ils essayent de faire un quartier médical) sur une 10aine d'étages encore a l'état de parpaing c'est à s'y perdre.... Ça grouille ici c'est une véritable ville a lui seul cet hôpital.

Sur le chemin de l'hôpital 

Des gens de partout dans le moindre recoin, qui passent d'un bâtiment à l'autre en passant par des planches au milieu de gravats. Des travaux de tous les cotés, de la poussière qui vole... Mais je crois que ce qui aura été le plus difficile pour moi à l'entrée dans les couloirs et les salles de soins ce sont les odeurs. Un mélange d'hôpital, parfois de bouffe parfois d'urine, des odeurs particulières "humaines" et heureusement, il ne fait pas encore trop chaud.

On suit Anne dans ses habitudes matinales et ce matin ça commencera par la morning session de l'obstétrique. Sont présents, le chef de service, les seniors et les internes. Ils énumèrent les cas des dernières 24 heures, soient tous ces accouchements (environ 40/jour) les uns a la suite des autres sans pause, dans un anglais qu'on ne comprend pas vraiment, avec une intonation soporifique et en plus de ça, en sourdine. Mon dieu qu'on s'ennuie, et à 7H30 c'est difficile... On décide que ça ne sera pas dans nos habitudes d'y assister.

On prendra ensuite le café dans la salle de repos, où chaque matin après la morning, ils se retrouvent autour de pâtisseries et d'un super bon café qu'ils torréfient eux même avant de le préparer. (Notre moment préféré de la matinée pour le moment).

Passage d"un bâtiment à l'autre et les bureaux de l’hôpital. 

Anne nous emmène ensuite faire sa ronde matinale. On passe d'abord par les urgences obstétricales, une pièce minuscule avec de nombreux lits séparés par des rideaux. On entend des femmes un peu "gémir" l'odeur pour ma part est gênante et je vois mes premiers draps et chiffons ensanglantés. On est dans le passage, ça entre ça sort. Anne donne 2, 3 directives et on sort de là, ouf.... je n'étais pas prête à voir quoi que ce soit pour le moment...

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Direction maintenant la maternité, on traverse le dédale de couloirs qui s'apparente à la cours des miracles, on remonte 2 étages, on est essoufflées... ce qui a le mérite de faire rire les gens. On passe dans un couloir gardé par la sécurité pour éviter aux maris de rentrer. On comprendra vite pourquoi, vu le manque d'intimité qu'ont les femmes ici en plein travail, des lits un peu partout même dans le couloir, des femmes qui accouchent aux yeux de tous ou bien devant une femme qui passe la serpillière pour ramasser tout ce qui traîne (bouteille, papiers, seringues...) les poubelles à déchets biologiques débordent toutes... Pour nous petites occidentales je dois dire que c'est chaotique ! Les odeurs sont ici aussi gênantes...

Anne court partout pour checker si ses directives sont respectées (ce qui n'est pas souvent le cas). Elle essaye depuis 5 mois de faire baisser le taux d'épisiotomie et d'instaurer le peau à peau à la naissance. Car ici ils enlèvent directement le bébé à la mère pour le coller dans un lit chauffant... Elle se retrouve donc a courir après tous les bébés pour les rendre a leur maman.

Nous pendant ce temps on regarde on s'imprègnent, Anne nous présente, elle essaye de vendre notre power point pour qu'ils soient le plus nombreux possible a la morning de mercredi, et nous on se dit qu'il nous reste beaucoup de travail car il va falloir l'adapter aux situations ici ...

On croise un médecin qui est fière de lui annoncer que la veille, toutes les femmes ont eu le droit à une péridurale car ils ont reçu une donation de 1000 kits. Elle n'en revient pas, que cet acte, en soit potentiellement dangereux, soit fait comme ça a même ces lits sales, dans des conditions d'hygiène douteuses a toutes les femmes sans forcément d'utilité... Bref visiblement ici c'est tout ou rien... Et lui, forcément ne comprends pas sa réaction. La communication semble difficile...

 Poubelles à l'entrée des "salles" de travail, et chambre (pour le coup elles sont pas mal loties ici)
Casier a bébé mort né crée par Anne pour éviter qu'il ne finisse dans un coin (malgré le fait qu'ils soient emmailloté) 

On sort d'ici pour passer au couloir d'en face, la néonat. Après avoir couru après une blouse verte obligatoire ici ("mesure d'hygiène") Anne nous présente au chef de service et essaye de vendre encore une fois notre power point... Vu les conditions ici complètement différentes on se dit qu'on va avoir l'air malin avec notre petit exposé sur l'ostéo nous...

On interviendra ici essentiellement sur 2 salles remplies de petits lits et polluées par des "bip bip bip" incessants. Anne nous présente ses 2 petits protégés et nous commençons nos premiers traitements.

Almaze (diamant en Amharique) né fin janvier, pèse aujourd'hui 1,100 kg, mon dieu que ça fait drôle de porter un si petit bébé au début.... Et Ikrane (prénom musulman) né le 24 décembre pesant aujourd'hui 1,5 kg, sur laquelle on aura pour mission d'essayer de lui faire retrouver son bras gauche qui depuis sa naissance est hors service. Ces 2 petits anges ont été abandonnés par leur maman à la naissance.

AEn haut Ikrane, en bas Alemaz

Il faut savoir qu'ici la naissance sous X est interdite. Mais comme il n'y a pas vraiment de chambre mère enfant, certaines finissent par abandonner, par soucis de moyens ou de confort pour leur bébé qu'elles pensent mieux ici. Quoi qu'il en soit ils finiront a l'orphelinat et selon Anne ce n'est pas la meilleure chose qui puisse leur arriver... Normalement nous y feront un tour pendant notre séjour.

On fini avec les 2 ptits loups, on les habille de body naissance que l'on a ramené (rarement utilisé en France mais quand même beaucoup trop grands pour eux) et on file à la lingerie chercher des compresses, pliées icià à la main au sous sol de l'hôpital que l'on remontera en maternité. Avant de filer en pédia on montre au stagiaires infirmières comment plier les draps et les ranger (car il traînent en boule dans un coin) afin qu'ils soient plus faciles d'accès pour les femmes qui accouchent. Oui car la plupart se accouchent à même le plastique de la table... Encore une bataille rondement menée par Anne...

Ici on fait les compresses "stériles" 

Après on filera faire la connaissance de Magda, une petite fille de 6 ans environ qui, à la suite d'une opération bénigne, s'est retrouvée handicapée des 4 membres, muette, avec une trachéo, une 2ème opération et un papilloma virus. Une jolie petite minette avec des yeux magnifiques, qui heureusement lui permettent de s'exprimer encore un minimum. On retrouve sa fabuleuse famille qui s'occupe d'elle (parents, tantes, cousins...) devant le service de pédia a l'ombre d'une citerne sur une bâche en plastique. Ils l'amènent la tous les jours pour qu'elle soit dehors. On comprend vite qu'elle est bien mieux la que dans sa chambre minuscule qu'elle partage avec 3 autres enfants, dans des odeurs et une atmosphère pesante. Sa couverture ne sent pas bon, ses vêtements sont sales. C'est décidé demain on amène des cadeaux pour toute cette petite troupe.

Magda et sa jolie famille 

On lui prodigue son premier traitement, Magda est très réceptive mais se recroqueville ensuite systématiquement dans cette position de fœtus tout raide (bras et gens repliés). J'ai bien cru fondre en larme lorsqu'elle s'est mise a pleurer pour la première fois, en silence la bouche grande ouverte, avec pour seul témoin de son chagrin/douleur/peur? des larmes. Premier coup dur pour moi mais tout cet amour autour d'elle et ces sourires nous remontent le moral rapidement.

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Avant de récupérer nos affaires, Anne nous fait visiter le futur nouvel hôpital (en construction depuis a peu près 4 ans). Et bien, il a déjà bien souffert le pauvre. Des consultations sont déjà ouvertes au rez de chaussez, des gens déambulent un peu librement dans les couloirs déserts et déjà abîmés (les travaux soignés ne sont visiblement pas leur fort). On découvre cependant à l'étage de la maternité des espaces qui seront bien plus sympas que les actuels, un jour peut être ... Un bureau est occupé a l'étage pour surveiller, entre autre que les ouvriers ne fassent pas leurs besoins dans les futures salles... Okeeeey.

Nouvel hôpital ou hôpital abandonné ?  En haut a gauche, le futur toboggan a placenta qui finiront direct dans une cuve...

On finira la matinée avec notre premier accouchement, juste avant d'aller manger, j'étais pas vraiment chaude car la faim commençait a peser, les odeurs et la chaleur grandissante aussi. Finalement, au début focus sur le visage de la maman en souffrance (ça donne pas vraiment envie), j'aurai réussi a regarder et à trouver ça magnifique (oui j'ai versé une ou 2 petites larmes). Un peu de douceur malgré la bataille de Anne avec l'obstétricien qui la jouait un peu brute avec bébé et maman. Tout ça au milieu du personnel et des patients qui déambulent...


Pfiou après cette matinée riche en émotions et découvertes de toutes sortes, on rentre manger se reposer et bosser jusqu'à tard le soir sur notre power point. Avec ce qu'on a vu la pression monte. On est surveillées de près par Anne qui aimerait qu'on l'aide à faire passer quelques simples messages, avec la priorité a la délicatesse de la main, que visiblement il n'ont pas vraiment ici...

De Lundi à Jeudi on aura passé des journées un peu similaires.

La tournée d'Anne le matin, qu'on commence toujours par la salle des urgences, je détourne systématiquement le regard jusqu'à ce que Bertille me dise que je peux regarder sans risquer de tourner de l’œil de bon matin.

Puis power point l'après midi, chaque jour avec de nouvelles idées à ajouter, des choses a modifier, et la traduction en Anglais qui doit suivre. Des présentations à la maison entraînant pas mal de fous rires, un travail sur notre accent pas forcément évident ... mais surtout un bon raz le bol après quelques longs après midi passés dessus. Chaque jour la pression monte, on va devoir présenter l'ostéopathie à des obstétriciens et pédiatres Éthiopiens relativement bourrins et leur expliquer qu'il faut être respectueux avec les tissus tout ça en anglais avec notre accent à la con. Pour couronner le tout on s'est pris un vent le mercredi en obstétrique, ils n'avaient rien prévu, ce sera donc repoussé au jeudi et la présentation a la pédiatrie qui devait se faire vendredi se fera aussi le jeudi après la première... Et merde le mercredi après midi sera long et chiant ... Et dommage pour jeudi matin on espérait dormir un peu entre les 2 présentations..

On commence à se balader seules dans l'hôpital sans se perdre. On soigne quotidiennement Almaze et Ikrane qui aura cette semaine troqué son prénom pour celui de Hiba, choisi par Anne. On retourne les voir l'après midi pour leur parler, les éveiller... ils sont bien encadrés mais n'ont pas de maman comme tous les autres bébés ici. On s'assure qu'il sont propres et nous nous occupons de ramener de quoi les changer. On se prend toujours des petites remarques sur les mesures d'hygiène à respecter principalement. On peut vraiment dire que c'est l’hôpital qui se fout de la charité... entre les sols jonchés de tout et de rien, la clé a molette d'environ 1kg que j'ai retiré de l'étagère en équilibre au dessus du berceau de Almaze qui pèse a peu près le même poids, le personnel qui se mettent les doigts dans le nez et j'en passe.... bref le train train se met en place.

Magda nous à également tous les jours sur le dos, on la traite dehors maintenant c'est bien plus agréable pour tout le monde. Je lui fait plus de la kiné qu'autre chose afin d'étirer et mobiliser ses petits membres toujours recroquevillés. On ramène chaque jours des cadeaux à toute la famille, Bertille leur apporte des jeux... Je crois qu'on s'est fait des nouveaux potes.

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Le mardi 5 :

On assistera à notre deuxième accouchement, avec une jolie explosion de la poche des eaux, et mon premier placenta, finalement c'est plutôt joli... Bien sure toujours dans conditions assez rudes mais la maman d'aujourd'hui aura la chance d'être dans une chambre avec seulement une deuxième patiente en travail qui aura un peu moins de chance car elle bénéficie d'un lit avec vue plongeante sur l'entre jambe de la première. Histoire de bien comprendre ce qui va lui arriver.

Aujourd'hui j'aurai vu un nouveau né mourir, à côté de celui qu'on était entrain de traiter... une image qui restera malheureusement gravée, en particulier ce sentiment d'impuissance de voir un petit être souffrir et partir sans rien pouvoir faire ... il était là à attendre fiévreux à gasper. J'ai tenter de poser ma main sur lui pour l'accompagner mais, trop dur a gérer pour le moment, Anne me fait décrocher et prendre l'air. Bébé Almaze sera la pour me réconforter...

Je ne raconte pas tout ça par voyeurisme mais plus pour imager au maximum les conditions de vie du pays, de ces gens que l'on peut penser malheureux mais qui, ne connaissant que ce quotidien semble au final bien plus heureux. Quels beaux sourire ils nous rendent, quelle gentillesse et bienveillance.

Notre premier Café avant d'aller déjeuner. 

Un peu plus léger, on découvrira notre QG, le bar Jacaranda, terrasse un peu isolée de la route, draft beers à 30 cts, possibilité de fumer sans se faire remarquer (oui fumer est très mal vu ici, surtout pour une femme, on est les recluses...). Dans lequel on restera le temps d'en boire 3 pour cause d'averse torrentielle, dommage je sortais les nus pieds pour la première fois... C'est exactement ce qu'il nous fallait pour décompresser un peu ...

Jacanranda 
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Le mercredi 6 :

Comme prévu pour le power point sur lequel on a bossé jusqu'à pas d'heure la veille, on assiste a cette foutue morning session d'obstétrique qui dure ce matin une plombe, on frôle l'endormissement.... Pour au final se prendre un gros vent a la fin "ah vous vouliez faire une présentation", hum...... sérieusement ? Bon RDV pris pour demain, advienne que pourra...

Nos 2 petits anges aujourd'hui 

Aujourd'hui rien de particulier comparé au 2 premiers jours, on passera voir nos habitués, et on travaillera un peu sur 2,3 autres bébés, on passe d'un lit a l'autre et on se lance. On fera la connaissance de Mark un infirmier de réa américain ici depuis quelques années (bloqué car il a pris sous son aile 2 sœurs Ethiopiennes qu'il ne peut pas ramener chez lui). Il aura passé toutes ces années a se battre pour l'ouverture d'un nouveau service de réa qui a enfin ouvert hier matin. Avec Anne on passe y faire un tour, et je dois dire que c'est un autre monde, son service n'a rien a envier aux nôtres. Propre, inodorant, calme et matériel dernier cri (de ce que j'en sais). On en profite pour lui faire corriger nos diapos et le féliciter. Au final l'attente semble avoir eu raison de son enthousiasme et il récupère 34 infirmières a former en réa, il semble ravi 🙄...

Service de réa flambant neuf 
Camion de dépistage VIH devant l’hôpital, ils sont attentifs au problème ici (dépistage obligatoire de tous les patients) 

On prendra notre premier déjeuner Éthiopien au Jacaranda, de la viande et de la viande a manger avec un injera (galette au gout aigre mais, ma foi plutôt bonne, sur et avec laquelle ils mangent en guise de couvert). Coutume oblige, on y va a pleins doigts, je m'en colle du nez jusqu'au menton (les morceaux d'agneau ne sont pas évident a grignoter), j'en plein les dents... ah, voila à quoi servent les cures dents fourni avec le plat.

L’injera est une des bases de la cuisine éthiopienne et érythréenne. D'aspect spongieux (par les nombreuses petites bulles à la surface), elle est obtenue par fermentation d’une céréale qui contient sa propre levure naturelle et qu’on trouve sur les hauts plateaux d’Éthiopie : le teff de couleur blanc, rouge ou noir, il est reconnu pour sa richesse en calcium et en fer et surtout dépourvu de gluten.

L'après midi, je vous le donne en mile sera dédié à la préparation de la double présentation du lendemain. On ressortira entre 2 faire quelques courses, l'occasion pour nous de nous perdre pour la première fois dans le quartier, la base...

Gulele 
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Le jeudi 7 :

Après une ultime après midi de préparation. On présentera ce matin le power point a la fin de la morning session d'obstétrique. Ils sont aujourd'hui en exams alors on nous pousse un peu sur la fin et on doute d'avoir captivé beaucoup l'intention. D'autant plus qu'il n'ont pas le cable pour relier a la TV, alors on présentera les diapos sur mon ordi portable, autant dire que personne ne voit rien et puis avec notre french accent c'est encore plus difficile... Toujours est il qu'on s'en sort bien et que ça en fait un de passé... On sera prise en photo par le chef de service tout de même comme "les précurseurs de l'osteo en Ethiopie" peut être qu'il pense qu'on sera célèbres un jour 😂.

On se cale ensuite dans un petit coin du nouvel hôpital pour répéter la présentation que l'on fera 3h après a la pédia. Entre 2 on passe voir Magda tout de même.

11H30 l'heure de la délivrance, on fera notre 2ème présentation devant des pédiatres volontaires car venus spécialement pour nous à notre grand étonnement, avec de surcroît, un rétroprojecteur. On est vraiment mieux reçues dans ce service, une belle récompense pour nous. Ils semblent en plus vraiment intéressés, ils nous posent des questions et sont heureux de travailler avec nous.

On mange au Jacaranda avec Anne ce midi pour décompresser et notre après midi sera voué au repos, ces premiers jours nous auront épuisées. Grosse sieste pour Bertille et l'occasion pour moi de commencer mon journal (voila pourquoi j'ai un peu de retard) 😅.

Ici le café est servi accompagné d'un vrai rituel.  
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C'est au moment ou on décide de partir faire les courses que l'on se prendra l'averse du siècle sur le coin de la figure, qu'à cela ne tienne on doit aller acheter notre vin ! Ici le meilleur rapport qualité prix c'est le "Acacias dry red wine", vin Ethiopien à tout de même 6 euros la bouteille mais pas trop tord boyaux 👌

Ce soir on mange toutes les deux en jouant au yam. Vers 21H l'envie de sortir prendre un verre nous saisi mais le projet avortera vite face a des rues désertes, des bars déjà fermés et une pluie encore une fois battante. On est trempées mais on finira quand même par trouver un bar dans lequel on achètera 2 petites bouteilles de Gin et le tonic local (beurk) qui va avec après une longue négociation avec le serveur qui au début comptait nous vendre 2 bouteilles de 1L ; à rapporter bien évidement vide le lendemain matin pour la consigne, ce qui nous a semblé quand même difficile a réaliser haha.

Finalement après une mission de 1h, des vêtements trempés, on finira juste notre yam avec un verre puis direction le lit. On en peut plus ....


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mars
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mars
Publié le 15 mars 2019

Ce matin on se permet de dormir un peu plus longtemps. Finies les morning session, yes ! Réveil à 8H30, on est exténuées... Mais c'est quand même avec enthousiasme que l'on se rend a l’hôpital. On a commencé a bien prendre nos marques, on fait notre ronde matinale.... Magda est dans sa chambre, son cousin la sort pour que l'on puisse la traiter dehors comme on en a pris l'habitude. Je me fais un nouveau petit pote, un bébé bouboule trop chou (un cousin) que je semble bien faire rire.

Mon nouveau petit pote la boulette 😀


On s'installe et je lui fait faire des exercices pour déplier ses membres, comme à chaque fois. On passe des moments géniaux avec toute cette petite troupe qui nous accueille toujours les bras ouverts et avec les plus beaux sourires du monde. On a nos admirateurs habituels, qui s'agglutinent autour de nous, en se demandant surement ce que l'on fait... (on a jamais vraiment compris si ils faisaient partis du personnel soignant) La communication n'est pas évidente alors on a abandonné les explications..

A notre grande surprise, les pédiatres viendrons nous chercher pour que l'on puisse travailler sur deux autres cas en pédiatrie. Il semblerait que le power point ait porté ses fruits, ce qui nous enchante.


On les suit alors pour faire la rencontre de Daniele (Dani pour les intimes) un petit garçon de 10 ans atteint d'un syndrome de Guillain Barré depuis 2 mois. Une maladie auto-immune qui provoque l'atteinte des nerfs périphériques et donc une paralysie flasque de ses 4 membres et abolition des réflexes. Ce petit bonhomme à la gueule d'ange se coltine également une trachéotomie. En entrant dans la chambre il est en pleine séance de kiné, en pleurs (il faut dire que la douceur n'est pas au rendez vous) son papa a côté de lui, semble attentif et vouloir apprendre pour aider son fils. On se présente alors à cet homme, son regard nous prend aux tripes, il est illettré et semble débordé par ce qui se passe... Mais comme à chaque fois on nous réserve un accueil des plus chaleureux. On posera nos mains tout en douceur sur son fils, qu'on arrivera a mettre en confiance par l'humour et la tendresse.

Nous passons ensuite a la jolie Hanna, fillette de 13 ans du lit d'à côté. Cinq enfants occupent la chambre, chacun accompagné de leur famille, ça en fait du monde mais on se sent bien ici malgré la maladie, ces gens sont souriants et débordent d'une énergie incroyable, on va être bien avec eux ... Donc Hanna, de ce qu'on a compris, souffre de l'épaule gauche suite à une pneumonie (?). Quoi qu'il en soit, ça semble dans nos cordes, on a espoir de pouvoir la soulager ... Elle est très timide, ne parle donc pas beaucoup mais se laisse bien faire et elle peut bouger ce qui facilitera les traitements.

On ressort ressourcées de cette chambre, et nous sommes surtout contentes que les médecins aient fait appel a nous spontanément. Une nouvelle étape à ajouter a notre ronde quotidienne 😀

Le reste de la journée sera consacré a la néonat ou je m'occupe toujours de mon Almaze, les progrès sont positifs, sont petit visage va mieux, il ouvre davantage son œil et je continue les petite séances d'éveil. C'est décidément mon petit chouchou ce crapaud de 1,2kg. Bertille s'occupera de la petit beauté, Hiba qui semble également récupérer de l'amplitude dans la flexion de son bras qu'elle ne bouge malheureusement toujours pas seule. Il nous reste 3 semaines, on va tout donner !

Mon petit diamant. A gauche, il tête. Faute de tétine (et bouche trop petite) une compresse mouillée fonctionne très bien 😉
C'est vers 17 h que l'on quittera l’hôpital après avoir travailler (osteo et soins de base) sur quelques bébés. 
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C'est la journée de la femme, ce soir on va a l'alliance Française pour le vernissage d'une photographe Française qui présente une jolie collection de photos sur les femmes à travers le monde. On en profitera pour manger un bon dîner et forcément boire un coup, accompagnée de Anne, Florence et un ami a elles, Alfred. Un Burundais vivant à Paris mais en vacances ici car amoureux du pays depuis petit. Une super soirée pendant laquelle on rencontrera également Bisrat, un Ethiopien parlant un Français parfait, appris ici même à l'alliance et, au taquet sur l'actualité du pays (presque plus que nous finalement). Il sera ravi de pouvoir pratiquer le temps d'un soirée avec deux pipelettes.

WE oblige ce soir on se refait un Yam jusqu'à pas d'heure et pour le coup on sera ravie de notre mission de la veille pour acheter du Gin 😜.

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mars
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Publié le 19 mars 2019

Samedi 9:

Après une bonne nuit un peu aidée par l'alcool. On se réveille doucement en fin de matinée. Aujourd'hui gros programme en prévision, on a réservé le spa pour 16h30 et on passe au supermarché sur la route. Pour cela Anne nous réserve Tsahai, un autre de ses chauffeurs qui va nous accompagner toute la journée, il connaît bien l'affaire car elle fait la même chose presque tous les we.



Vers 13h nous voilà partie pour le Jacaranda pour se faire un semblant de brunch en terrasse à l'ombre du parasol, il fait très chaud aujourd'hui le soleil cogne fort. On tente le club sandwich, presque tout y est ... viande, omelette, pain et crudités tout ça bien entendu accompagné d'une bière. On prend notre temps c'est le we... quelle surprise en voyant arriver un double club bien présenté dans l'assiette... en revanche on avait pas pensé au côté pimenté de la chose.... ok, on est parties sur du very hot la...



On embarque l'autre moitié qu'on laissera a la maison pour le soir et on part attendre Tsahai dans la cours de la résidence, au soleil... on a chaud, très chaud... et il n'arrive pas. On attend 20 min, on l'appelle il nous répond mais je dois dire que je ne comprends rien jusqu'au moment où il nous raccroche au nez (ils adorent faire ça). Entre deux Anne nous annonce qu'il est tombé en panne devant l'hôpital alors on appelle Tamrat. On fini par apprendre que Tsahai arrive et qu'il va falloir annuler l'autre... Merde c'est d'un compliqué ici ! En plus à chaque fois on arrive pas a se faire comprendre il essaye de trouver des solutions à des problèmes inexistant "je peux arriver plus rapidement" " Peut être demain alors" pfiooooou ...

Gulele district 

Toujours est il que Tsahai arrive dans son beau carrosse (une vieille Toyota qui roule encore par on ne sait quel miracle). Un vieux monsieur, cheveux gris élégant qui semble perdu parce que Anne n'est pas la mais avec qui le courant passe déjà très bien.

Nous voilà partis vers Bole, le quartier riche de Addis, fait de grandes avenues ou les building (un peu dates pour la plupart) côtoient la misère qui du coup se ressent davantage qu'à Gulele. Des immeubles en construction pousse comme des champignons arborant leurs belles publicités a l'effigie d'entreprises chinoises... Une ville plus moderne mais bien moins charmante.

Bole 
Bole 

On s'arrête au supermarché, Tsahai nous attends dans la voiture, on sera rapide, vu le prix des courses ici on ne fera pas folie. Nous qui espérions du fromage et des friandises loupé.... a 10 euros les céréales et le paquet de râpé on s'en passera volontiers !

On passera nos 2 prochaines heures au Boston spa pour la modique somme de 18 euros chacune a se faire masser ou torturer par des nanas bien énergiques et un peu rudes mais je dois avouer que ça aura fait du bien même si j'ai failli verser quelques larmes. On aura le droit à la complète du visage en passant par le crâne les pieds les mains ... tout y passe et on ressort de la complètement claquées et les cheveux bien gras.

Boston Spa 

En rentrant, on prépare la chambre/salon pour notre future colloc qui arrivera demain très tôt, une amie de Anne de longue date qui fait du shiatsu, un peu de sang neuf dans l'équipe, car le notre n'est déjà plus tout frais après cette première semaine. Alors ce soir ce soir ça sera yam / vin rouge / reste de sandwich, pour finir complètement éteintes devant Netflix et tomber dans le coma au bout de 15min....


Dimanche 10 mars

On se réveille assez tôt pour un dimanche mais aujourd'hui on a prévu de sortir un peu de la ville en prenant de la hauteur sur Entoto. On a pas entendu Marika arriver ce matin alors on la laisse dormir. On appelle Tsaihai qui nous accompagnera encore pour cette belle journée en perspective.

Nous voici en route pour Entoto, un sommet à 3200 m d'altitude au nord-est d'Addis-Abeba, offrant un point de vue sur la ville.

Entoto :

Avant la fondation de la capitale, l'empereur Menelik II y fit construire un palais après son départ de la ville d'Ankober. On y trouve plusieurs monastères et églises. Le mont est considéré comme un lieu saint et est recouvert d'une vaste forêt d'eucalyptus (constructions et chauffage) plantés sous les règnes de Menelik II et d'Hayle Sellassé Ier, il est parfois surnommé le « poumon d'Addis Abeba ».


Sur la route d'Entoto 

Arrivé au sommet du mont, Tsahai nous accompagne à l'entrée du musée, le billet est à 200 birrs soit 6 euros ce qui est très cher pour ce que c'est. Une unique pièce circulaire abritant dans vitrines poussiéreuses d'objets dont on ne sait au final rien puisque seulement décrits en amharique. On va dire que pour le folklore c'était sympa. On sort de là au bout de 10 min et direction l'ancien palais de Menelik II et de Taitu son épouse. Avant cela on contourne l'église Entoto Myriam toute colorée autour de laquelle beaucoup de mandiants sont encore présents. Tsahai distribue des billets, on en fait autant du coup, ils donnent beaucoup ici même si ils n'ont pas grand chose...

Avant d’établir, de 1881 à 1891, son campement sur les collines d’Entoto, Menelik II aménagea ses quartiers généraux à Ankober, sur le bord de la vallée du Rift, non loin d’Addis Abeba. En novembre 1886, quatre ans seulement après la construction de l’église d’Entoto Maryam où il fut couronné empereur, l’impératrice Taitu déplaça sa cour sur le plateau de Finfine (ancien nom de l’actuelle Addis Abeba signifiant "Nouvelle Fleur").

Ménélik II fut couronné roi des rois et empereur d’Ethiopie le 3 novembre 1889.

Eglise Entoto Maryam 
Intérieur du Palais 
Dans le jardin du palais : A gauche la maison pour les invités 

On redescend ensuite par l'autre versant du mont Entoto, afin d'admirer la ville d'en haut.

Point de vue sur Addis Abeba 

On continuera ensuite notre route jusqu'en bas, au passage nous croiserons des chèvres, ânes, une femme d'un certain âge chargée comme une mule, pour vite retrouver la civilisation au niveau du marché de Shiro Meda.

Sur la route de Shiro Meda 

On achetera ici notre premier Gabi, un vêtement fabriqué à la main par les Érythréens et les Éthiopiens . Il est porté sur les épaules et le haut du corps et se compose de quatre couches de coton. Heureusement que nous avions notre guide local, grâce a lui nous ferons une bonne affaire et repartirons ravies avec notre premier achat.

Il serait temps de manger maintenant. Tsahai nous propose de nous déposer au Taitu pour le buffet mais ayant soif de découvertes (déja testé le premier jour pour ceux qui suivent), on s'incrustera avec lui dans son QG ç deux pas du Taitu, le Tsgereda (où il nous confesse y boire sa petite bière chaque soir). On découvrira au fond d'un petit passage une belle terrasse à l'abri des tumultes de la rue où Tsahai nous fera découvrir un bon plat local a base de poisson. On passera un super moment en sa compagnie. A en apprendre un peu plus sur sa vie d’Érythréen ayant fuit son pays après y avoir passé 1 an en prison pour raison politique. Il nous accompagnera avec une petit bière et nous conseillera même sur la Habesha une autre très bonne bière locale.

Restaurant Tsgereda 

On rentrera ravies de ces bons moments de détente, pour repartir le soir au Louvre. LE restaurant Français de la ville ou nous mangerons avec notre nouvelle recrue, Anne et son compagnon venu lui rendre visite pour la semaine. Nous y rejoindrons Florence et Alfred pour y manger du fromage et des bons plats de chez nous. L'endroit est super sympa, avec une belle cours reproduisant des endroits et monuments de la capitale. Plus cher que les autres restaurants locaux, évidement mais tout de même bien moins cher qu'à la maison ^^.

Le café du Louvre 

On restera après le dîner avec Bertille, Florence et Alfred a discuter autour d'un bon gin avant de partir à la recherche d'un taxi, qui ne courent plus les rues a cette heure là. Heureusement que nous sommes avec deux semi locaux qui parviendrons a nous dégoter le fameux afin de rentrer se coucher après ce bon WE bien rempli.

11
mars
11
mars
Publié le 19 mars 2019

Encore une fois réveillées par le chiot fou capturé quelques jours auparavant par nos voisins d'en face (ils font ça pour en faire des chiens de garde une fois adulte) on décale un peu le réveil histoire d'avoir nos 7h de sommeil. Ça fait plusieurs jours qu'il hurle, et moi j'ai des envie de meurtres canins... Car il y a aussi ceux du soir qui nous font un concerto pour nous endormir. Bon, on apprendra par la suite qu'ils font ça pour chasser les Hyènes, donc ceux là on les accepte 😅

On essaye de prendre notre temps pour petit déjeuner histoire de bien démarrer la journée et surtout la semaine.

En route vers une nouvelle semaine 

Direction la neonat pour retrouver nos deux loulous. On chausse nos superbes nouvelles claquettes et on essaye de trouver des blouses. Almaze est déjà dans les bras de Anne il dort paisiblement emmailloté dans son petit linge prévu à cet effet. Je dois dire qu'ici ils font ça super bien.

Je m'installe confortablement et c'est parti pour un réveil en douceur (je parle de moi) a traiter mon petit protégé qui quant à lui n'ouvrira pas un œil de toute la consultation. Son petit crâne semble aller de mieux en mieux il parait plus détendu. Il aime l'ostéo en tous cas c'est sure. C'est toujours sans ouvrir les yeux que je le repose dans son lit avec son petit lange tout propre (pour le moment). En attendant Bertille se sera occupé de Hiba la jolie princesse, son bras nous donne du fil a retordre. On a pas vraiment encore compris ce qu'il avait et la taille minuscule de ces bébés ne rend pas la tache facile.

Alemaz 

Ce matin on s'occupera en néonat, d'un petit bonhomme né par la face qu'on essayera de suivre sur les prochains jours. Bertille aidera la maman de son petit voisin à changer sa couche qui en avait grand besoin (ils ne sont pas forcément au taquet concernant ce genre de soin).

Pour ma part je prends en charge un nouveau né qui fait fort plaisir à voir. Il pèse 3,9kg et mesure 60cm (je dirais un peu moins quand même) mais cependant il rentre à peine dans les lits de néonat (dans lesquels les bébés sont de 2 à 4 selon leur taille dans le sens de la largeur). Autant dire qu'il en impose a coté des autres. Il a un pied bot monstrueux et un crane qui semble avoir souffert de l'accouchement. Je vais me renseigner sur des petits exercices de kiné car normalement le traitement voudrait qu'il bénéficie d'une attelle voir de plâtres mais pas sure que ce soit le cas ici....


On passera la fin de matinée en pédia ou nous retrouvons Dani et Hanna nos deux grands patients. La maman d'Hanna semble enchantée de nous revoir. Je m'occupe de sa fille et lui conseille de la faire marcher un peu tous les jours. Une gamine de 13 ans ne devrait pas rester allonger toute la journée...

Puis nous finirons la matinée avec notre Magda, au soleil. Elle est avec son courageux cousin, qui semble fatigué et plutôt triste aujourd'hui, ça nous fait mal au cœur. Mais on tachera encore une fois de leur apporter de la bonne humeur et de les faire sourire. Aujourd’hui Magda aura le droit a des lunettes de soleil, car nous avons remarqué qu'étant souvent allongée elle est éblouie. Nous n'avions rien pour ma petite pote cette fois ci et visiblement elle l'aura bien remarqué, heureusement qu'un bonbon suffira a la calmer. C'est sans jugement, qu'on ne peut s'empêcher de penser que ce n'est pas une place pour des enfants. Ils sont la tous les jours du matin au soir a soutenir cette petite princesse.

Magda et son cousin 
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Après une bonne pause déjeuner à l'appart on sort prendre notre café au Jacaranda pour profiter du beau soleil d'aujourd'hui. Il fait beau, il fait chaud, même très chaud, on a beau être à 2300m le soleil cogne bien ici, crème 50 oblige pour nos faces blanches.

On arrive en Neonat au Marika nous attend. Je retourne voir Alemaz pour lui tenir compagnie et l'éveiller un peu. Il a les yeux ouverts cet après midi, je peux enfin constater que la symétrie de son visage est un peu plus flagrante. Je lui chante tant bien que mal un peu de Bob Marley (?) et je le recouche pour aller rendre visite a Hiba. Elle à toujours le bras en vrac mais comme son copain elle adore les séances et c'est un plaisir de pratiquer sur eux.

On restera bloquée en Neonat une bonne partie de l'après midi car le bureau est fermé et forcément nos affaires sont dedans... Je déambule un peu dans les 2 salles, je regarde tous ces bébés pour la plupart si petits, parfois jusqu'à 4 dans leur lit chauffants. Certains semblent paisibles, d'autres beaucoup moins ... pour la première fois, je peux illustrer mes cours de pédia par des cas réels ... Beaucoup de problèmes liés a la sous nutrition de la maman, des naissances compliquées et gérées dans des conditions difficiles.

Je regarde les mamans s'occuper de leurs bébés, leur donner a manger elles ont des façons différentes de les manipuler et de les porter , elles semblent plus a l'aise que les jeunes mamans de chez nous, et ses papas obligés de rester a la porte tentant parfois de glisser un baiser sur le front de leur bébé....

C'est un monde ce service de Neonat, et après des début difficile je commence à m'y faire.


Après avoir récupéré nos affaires on propose a Marika de lui présenter Magda pour qu'elle puisse s'en occuper avec nous dès demain. Elle est dans son lit avec son papa qui nous annonce qu'elle part en Inde ce soir pour des soins (papilloma, neuro et kiné...). Quelle belle opportunité pour elle, visiblement c'était prévu depuis un moment mais elle était en attente de Visa. C'est cependant le cœur lourd qu'on lui dit au revoir. Nous sommes heureuses et tristes à la fois. Ce soin quotidien qu'on lui apportait sur sa couverture avec nos ptits potes c'était notre meilleure partie de la journée. On aura des nouvelles a son retour par Anne, est lui souhaitant qu'elles ne soient que positives.

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On quitte l’hôpital a 17H, il fait encore super beau et ce serait trop bête de rentrer sans se boire une bière en terrasse. Encore une fois nous voici au Jacaranda avec une pression. Puis nous profiterons de faire visiter le quartier a Marika pour dévaliser la boulangerie encore une fois...

Avec notre serveur habituel du Jacaranda, assise confortablement sur la même chaise cassée qui me surprend tous les jours... 
Gulele 

... mais ce soir ça sera avec moins de scrupules car on se lance, on se met au sport 💪 . Déjà que ça faisait un moment mais a 2300m ça pique encore plus, on va revenir chargée en hémoglobine, prêtes pour le marathon !

Aussitôt perdu, aussitôt repris. Sport a l'Ethiopienne (sur un Gadi) et feuilleté au miel et amande (trop buen)  
Publié le 24 mars 2019

Mardi 12 :

Aujourd'hui sera une journée comme les autres concernant notre petite ronde dans l’hôpital. Sauf que l'on sera accompagnées de Marika et que notre petite Magda est bien partie, c'est la première chose que l'on vérifiera en arrivant le matin. Son lit est déjà occupé par un autre enfant, alors on trace notre route (pour ne pas risquer de verser une petite larmichette) jusqu'à la chambre de nos grands a qui on présente Marika.

On passera un super moment tous ensemble dans cette chambre où malgré la maladie, règne une super énergie. On essaye de communiquer tant bien que mal avec les parents en anglais, on essaye toujours de trouver quelqu'un qui peut traduire un minimum, ça fait parti du charme... Marika s'occupe de Hanna, qui quand à elle est toujours aussi timide, elle me montre quelques point de Shiatsu intéressants pour son cas, et je dois dire qu'à la fin de la séance l'épaule d'Hanna est déjà bien moins raide, je ne ferai que quelques petites manipulation de plus aujourd'hui, il ne faut pas trop charger la mule... Elle fera de même pour le petit Dani toujours aussi souriant avec c'est grands yeux de biche, on ne peut pas soigner sa maladie mais on espère lui apporter du confort et de bons moments ...

Hanna et sa maman et  Dani et son papa dans leur chambre s'accumulent leurs familles et les objets nécessaires au quotidien.

On passera ensuite en Néonat, mon petit Alemaz est de plus en plus éveillé. Il prend du poids, j'espère qu'il atteindra les 1,3 kg bientôt.

La jolie Hiba que j'aurai changée et habillée d'un haut de pyjama 1 mois 10 fois trop grand, et mon petit Alemaze.

On finira la matinée par une petite formation/présentation de l'osteo auprès des infirmières de néonat pour leur faire comprendre les fondamentaux de notre pratique et leur prodiguer quelques conseils et quelques petites manipulations qui pourraient leur être utiles dans leur quotidien. Redeat, l'infirmière en chef est un amour, elle semble très intéressée et reconnaissante de notre venue, elle écoute avec attention, on lui fait poser les mains sur nous, on les pose sur elle... et elle retransmet tout cela en Amharique à son équipe (à croire que notre anglais n'est pas convainquant).

Cours d'ostéopathie au Paulos hospital. 

On passera l'après midi en néonat à traiter et s'occuper d'autres petits bouts, toujours sous les regards interrogateurs, ou reconnaissant des mamans présentes, comme chaque jour, au milieu de ces 2 salles sur leurs chaises, a nourrir, câliner, chérir leurs bébés.

On ne quitte pas trop tard l’hôpital car on a décidé d'aller a la piscine ce soir. Programme de remise en forme activé. Juste le temps de passer boire une petite bière au soleil et nous voila parties pour une petite marche de 20 min vers l'Embilta Hotel ce qui nous permet de découvrir un peu mieux notre quartier par la même occasion. Comme c'est agréable, on marche dans les petites rues pavées de Gulele sous les regards de ses habitants assis devant leur maison à discuter ou aux terrasses des nombreux petits cafés improvisés sous de simples tôles ondulées. Les enfants ont fini l'école, ils courent vers nous tout excités, fiers de nous demander "Hi, how are you?" en se bousculant pour nous serrer la main ou nous embrasser. Une sensation de plénitude dans cette superbe lumière de fin d'après midi qu'offre quotidiennement Addis. C'est bête à dire, mais c'est exactement comme ça que j'imaginais les choses en venant ici. Un vrai et simple moment de bonheur.

Dans les rues de Gulele 

On arrive a l'Embilta, hôtel international, une transition assez radicale entre la rue et l'intérieur que nous présente le portier. L'entrée de la piscine nous coûtera quand même 3 euros avec en prime le droit d'aller nous acheter un joli bonnet de bain à la boutique de l’hôtel pour le même prix, on est ravies.... D'autant plus quand on découvrira avec joie leur taille ridicule qui aura le chic de nous faire des bonnes tête de cul. Bref la dame de l'entrée adorable nous gardera gentiment nos sacs puisque, forcément nous n'avons pas de cadenas et on pourra enfin accéder à la piscine olympique extérieur d'environ 12 m sur 5... Bon quelques mètres carré qui nous auront permis de nous vivifier dans ses eaux froides à l'ombre du soleil en ce début de soirée... On aura quand même bien rigolé (désolée si un Éthiopien lit un jour ces mots) entre le cours de natation féminin et les mecs qui se font des longueurs dans le sens de la largeur de cette minuscule piscine en donnant plus l'impression de se noyer. Je suis pourtant piètre nageuse mais j'ai soudain l'impression d'être Laure Manaudou... La natation ne semble pas vraiment un sport national ici 🤭

Au bout d'une demi heure on meurt de froid alors on décide de rentrer. Le retour sera tout aussi agréable et on en profite pour regagner aussitôt ce qu'on a dépenser en achetant des petites fritures locales telles que des frites ou sortes de samoussas farcis aux lentilles (super bon).

Après cette interlude de sportif du dimanche on sera mine de rien fatiguées et on fera une bonne nuit pour nous récompenser de nos effort

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Mercredi 13 :

Ce matin à l’hôpital on découvrira la chambre Kangoroo. Une chambre d'une dizaine de lits, réservée aux mamans ayant des bébés prématurés qui ne nécessitent pas d'assistance mécanique. Les mamans sont donc hospitalisées afin de pouvoir garder leurs petits contre elle (d'où le nom de l'unité) et les nourrir jusqu'à ce que leur taille et état de santé soit jugés suffisants pour sortir. Assez surprise de voir qu'une pièce entière est dédiée au skin to skin alors qu'ils ne semblent pas en reconnaître ou prendre en compte les bienfaits à la naissance...

Soit, je rejoins Bertille qui était partie s'y aventurer seule pendant que je finissais de m'occuper de nos petit protégés. Elle est déjà entrain de traiter une des mamans et je découvre un endroit débordant de bonne humeur. On passera un super moment à tenter de convaincre ces mamans de s’octroyer une séance d'osteo. Quelques une acceptent, pendant que les autres regardent curieuses sans oser franchir le pas. On rigole dans cette chambre, et elles sont touchantes ces mamans débordant de timidité et d'interrogations, nous montrant fièrement leurs minuscules bébés délicatement emmaillotés. L’entraide semble monnaie courante ici, entre les mamans qui n'arrivent pas à allaiter, ou celles qui on besoin de plus de deux bras pour gérer leur jumeaux, au moins un avantage à la chambre partagée... Après avoir réussi traiter trois d'entre elles , ont leur dit a demain et on file faire un bisous a la Dani et Hanna.

Comme une matinée à l’hôpital 

On mangera un rapide morceau au Jacaranda en compagnie de Marika pour retourner assez rapidement à l'hôpital car aujourd'hui on quitte de bonne heure pour se faire un musée. L'après midi fut bref mais intense. On aura assisté a notre 3ème accouchement.

On suit Marika en salle d'accouchement car on aimerait bien qu'elle nous montre quelques petits points à travailler pour aider les femmes en travail (pour rappelle pas de prise en charge de la douleur ici). On arrive dans cette chambre occupée par deux femmes, chacune dans un lit quand même mais tête bêche. Elles ont été déclenchées mais l'une d'entre elle est en phase plus avancée. Je m'occupe pour le moment de l'autre jusqu’à ce qu'elle vomisse presque à mes pieds. Je décide alors de la laisser tranquille et passe a sa voisine qui semble vraiment souffrir. Elle s'agrippe à nous, à la première qui lui passe sous la main au moment des contraction et d'une telle force... On essaye tant bien que mal de l'aider en l’accompagnant, la rassurant, les maris n'ont pas le droit d'entrer ici alors elles sont seules ... On en profite pour discuter avec les médecins, leur parler de l'ostéo mais aussi d'apprendre et en savoir un peu plus sur leurs méthodes de travail. Ici ils restent assis a coté des patientes en travail la main sur le ventre pour compter les contractions, manque de monitoring ils écoutent encore le cœur du bébé avec une sorte de corne en métal. J'ai le plaisir d'essayer et je dois dire que je n'entends pas grand chose.

Bref nous travaillons sur cette femme quand d'un coup après un cri un peu plus fort que les autres (pour la plupart elles hurlent ici mais très très fort, elles sont très expansives) le médecin accoure, il avait du reconnaître le message d'alarme.... "Baby is coming, baby is coming" en effet le bébé pointait le bout de sa tête. Anne débarque alors en courant d'on ne sait où, telle supermidwife et réussira a accoucher la femme sur le côté, avec un peu d'huile de coude mais aussi a faire retarder le clampage du cordon et le peau à peau. L'autre patiente aura encore eu le droit d'assister en live et plein écran a ce qui lui arrivera quelques instants plus tard....


C'est encore une fois les larmes aux yeux mais plein de belles images en tête qu'on quitte l'hôpital direction le musée d'Ethnologie situé sur le campus de l'université d'Addis et plus précisément dans l'ancien palais de Hailé Selassié.

Interieur du Palais 

Musée, encore une fois un peu figé dans le temps, avec son parquet qui craque et ces vitrines vieillissantes mais pas moins charmant, exposant des objets anciens typiques d'Ethiopie.

Exposition #whatshewore, regroupant des témoignage de victimes de viol et les tenues loin d'être provoquantes qu'elle portaient 

Il retrace entre autre, sur un parcours ludique, l’histoire d’Ethiopie depuis la naissance à la mort en dévoilant l’évolution du pays et de ses cultures liées à l’évolution de la vie. Allant de la naissance d’un Ethiopien, à son enfance, aux rites initiatiques de passage à l’âge adulte, le moment où il se marie et les traditions qui s’y attachent, et enfin sa mort et les coutumes liées à celle-ci. On fera ensuite une petite balade dans le joli parc de l'université ou on peu observer un drôle de monument représentant un escalier en forme de spirale érigé vers le ciel où chacune des 13 marches représente l'occupation italienne de 1936 à 1941 et sa domination fasciste. Quand le régime fut rétabli, l’Ethiopie installa un lion de Juda d'Éthiopie à la dernière marche pour représenter sa victoire face aux Italiens.

Promenade sur le campus 

Le soir on se fera un petit diner au Jacaranda avec Anne, son compagnon et Marika où nous gouterons un autrse plats typique d'ici, le Tibs d'agneau, servi sur des plaques chauffantes.

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Jeudi 14 :

Aujourd'hui rien de bien particulier. Le petite routine quotidienne auprès de nos petits protégés. Avec le passage dans la chambre kangourou où nous commencerons nos leçons d'amharique sous leurs regards amusés et un brin moqueurs. On arrivera à en traiter une pour une mal de dos, réticente au début, mais surement convaincue par les retours de ses copines, et nous les quitterons sous leurs habituels "I love you, see you". Un vrai moment de bonheur quotidien cette chambre.

Bertille offrira aujourd'hui a Dani un jeu de mémory, qui visiblement amusera beaucoup sa famille. Il est très attentif et prend plaisir à jouer avec elle, un peu d'éveil pour sa petit tête coincée dans son corps pour le moment inerte qui amera encore plus de gaité dans cette chambre qu'on aime tant. Elle apprendra également a Hanna a faire un origami, elle est très concentrée et plutôt douée. On traitera aujourd’hui le petit Dilalo, leur voisin de chambre, ici à la suite d'une chirurgie de la jambe. Il est très timide mais on arrive quand même à le faire rire, non pas sans peine. A la vue de ses vêtements abîmés je promets de lui en ramener le lendemain.

En unité de néonat je m'occupe aujourd'hui d'un bébé qui ne cesse de pleurer, personne ne s'en occupe alors je décide de le prendre dans mes bras et de m’asseoir avec lui pour, une fois de plus offrir mon doigt en guise de tétine manquantes ici. Une femme en pleurs entre, et s'assoit a côté de moi, sans rien dire. Par hasard je lui demande alors si le bébé que je console est le sien, avec étonnement elle me répond que oui mais refuse de le récupérer jusqu'à ce que je parvienne a l'endormir... je dois dire que je commence a être plutôt douée en la matière à force de tourner de lit en lit pour consoler ses petits anges. Elle semble vraiment triste mais, mais, barrière de la langue étant je n'arriverais pas a savoir pourquoi.

Mon petit Alemaz qui aura eu la chance de récupérer la tenue ofefrte a Hiba hier, déja trop grande pour elle. Il flotte dedans... 
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Vendredi 15 :

Aujourd’hui je vais a l’hôpital en "caméra cachée". Pour faire simple, je cale mon téléphone dans la poche de ma blouse afin de pouvoir imager notre petit quotidien ici a St Paulos. L'image n'est pas vraiment droite et elle donne surement un peu la nausée mais c'est quelque part un peu ce qu'on l'on vit ici quotidiennement.

De la pédia a la néonat, juste 


Juste après avoir couper la vidéo, on arrive en néonat ou deux femmes sont en pleurs car un bébé vient de mourir... la matinée commence bien le moral dans les chaussettes... que dire face à ça on se sent impuissante et désemparer...

On ne reviendra pas a l’hôpital cet après midi la. Car le moral en aura pris un coup lorsqu'on sera rentrées dans la chambre de Dani. On sent immédiatement une atmosphère différente, en effet autour de son lit, sa famille pleur, lui aussi.. Il n'est pas bien, visiblement en raison de sa trachéo qui le fait souffrir, il a du mal a respirer le pauvre chéri ... Un peu prises au dépourvues, et le coeur retourné par cette matinée, on quittera la chambre après avoir offert a Dilalo son petit ensemble, en échange de remerciements réconfortants de la part de ses proches...

On passera l'après midi à se reposer après un déjeuner au Jacaranda et le soir on ira tous ensemble a l'Hyatt Regency, un hotel magnifique qui nous coupera un peu de notre quotidien, pour assister a un super concert de jazz en sirotant des bons Gin tonic comme on les aime. Juste de quoi nous enivrer et nous faire décompresser. Après quelques pas de danse on ira s'écrouler dans nos draps, dans 5 heures on se lève pour une longue route vers Ankober, ville dans les montagnes au nord de la ville.

16
mars
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Publié le 25 mars 2019

Réveil à 6h, ça pique mais nous sommes motivées, ce week end on sort d'Addis pour prendre l'air dans la belle nature Éthiopienne. On a, la veille, fixé un RDV a Hiwot, une amie Éthiopienne de Alfred qui comptait se faire un petit WE au vert et qui semble ravie de partager ce moment entre filles. On se donne RDV a Megegnaga à 7h, un autre quartier de Addis ou on l'a récupère avec Tamrat qui nous amène a la station de bus centrale de Lambert.

Ici c'est le bordel, j'ai déjà connu ça en Amérique du Sud mais j'avoue que ne comprenant pas grand chose à l'Amharique, je suis contente d'être avec une locale. Pour faire simple on arrive à la gare routière qui grouille de monde, on se fait alpaguer, de tous les côtés mais grosso modo ce qu'il faut réussir à capter c'est juste le nom de la destination désirée. On monte alors dans un minibus et on doit attendre qu'il soit rempli pour partir. Même système qu'en Amérique du Sud, un chauffeur et un rabatteur qui s'occupe à l'arrière de récupérer l'argent des passagers au milieu du parcours. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi il ne faisaient pas ça à la montée dans le véhicule.... Soit, chacun son organisation 😂 Nous voila parties pour 13km de minibus sur une route en bonne et due forme. Le confort n'est pas optimal, les jambes sont dans le siège de devant, le dos à 90° mais pour 80 birrs (2,5 euros) les 2 heures de routes on ne jouera pas les princesses...

Entre le bus Nike et le Adidas on se sait lequel choisir ... 🙄

Après une jolie route bordée de petits villages aux toits de paille, qui nous sort de notre quotidien à Addis, cette ville qui maintenant nous semble relativement moderne nous arrivons a Debré Birhan. On doit changer de bus dans une gare encore plus bordélique, aux odeurs suspectes et au sol jonché de détritus grouillant de monde sous une chaleur de plus en plus forte, couronnant le tout. On fini par trouver l'un des bus ayant pour destination notre but, Ankober. Cette fois ci notre carrosse sera un bus de taille classique, je dois dire assez vintage, ornementé de rouille et autre par-choc décrépit. Il nous reste 45 km avant d'arriver a destination et je découvre ravie qu'au bout de 2 km nous entrons sur une piste.... Nous passerons donc les deux prochaines heures à sautiller sur notre siège destoy de bus aux amortisseurs douteux, heureusement dans un décor de rêve, entre montagnes et plaines aux dégradés ocres clairsemées de jolis villages pittoresques, le tout sur des airs de musiques merdiques sortant un peu trop fort des enceintes pourries pour arriver à destination le dos en vrac, la tronche pleine de poussières et une envie irrémédiable de dormir. La journée nous semble déjà longue...

Sur la route d'Ankober 

Aller a Ankober depuis Addis Abeba:

- Addis (Lambert station) / Debre Birhan : 130 km / 1h30h / 80 birrs

- Debre Birhan / Ankober : 44 km de piste / temps variable / 20 birrs

On arrive enfin à Ankober, une ville à première vue pas très jolie et sans âme au habitations grises et pas très avenantes. Je crois que cette arrivée ne nous enchante pas vraiment. On essayera alors de négocier avec le premier tuktuk qui nous aborde pour se rendre Au Palace Lodge d'Ankober (http://www.ankoberpalacelodge.com), que nous avons réservé la veille. Bon finalement après avoir compris qu'il n'y avait que deux taxis dans toute la ville on laissera tomber les négociations qui paraissent du coup compliquées. On s'installe toutes les trois à l'arrière et c'est parti pour dix bonnes minutes de rigolade avec ce chauffeur complètement dingue qui arrive au milieu du marché en klaxonnant plutôt que de ralentir. On est secouées dans tous les sens, au cas où l'autre bus n'aurait pas suffit, il s'arrête tous les 10 mètres pour saluer tout le monde en hurlant par la fenêtre avant de baisser sa musique infernale. Bref le folklore continue. Le point positif c'est qu'on s'éloigne de la ville qui définitivement n'a rien de fou.

On arrive au pied d'un escalier indiquant l'entrée du Lodge. On arrive enfin! Du moins pas sans devoir monter les 470 marches qui nous sépare de la réception et de notre chambre... On est a 2800m d'altitude, on s'est levée a 6H, on peut pas dire que notre hydratation d'hier ait été très seine, bref on a envie de pleurer. Heureusement on découvrira ravies, une superbe petite chambre dans un bungalow au toit en paille et a la literie qui semble parfaite. La salle de bain reste ssommaire mais franchement sur ça on est pas difficile, il y a du PQ c'est déja pas mal!

Il est 13H on meurt de faim après ce long trajet éprouvant alors on s'installe sur la jolie terrasse du lodge pour siroter une bière en attendant que notre commande arrive. On se partagera une super injera, de quoi reprendre un peu de force et faire plus ample connaissance avec notre nouvelle recrue. On prendra la guide de l’hôtel pour l'après midi (ils proposent toute une liste de rando plus ou moins longues ce qui est plutôt sympa) cet après midi nous coutera 550 birrs pour 3 soit 15 euros...

L'Ankober Palace Lodge est construit dans un style traditionnel sur le sol même du palais de l'empereur Ménélik, à Ankober. Il est situé au sommet d'une colline à 2800m surplombant la vallée du Rift qui traverse l'Afrique orientale et australe.

Avant Addis, Ankober était l'ancienne capitale du royaume de Shoa / Éthiopie. Les descendants de son fondateur l'ont dirigé pendant environ cent ans, dont le roi Sahle Sélassié, grand-père de l'empereur Hailé Sélassié, (enterrés dans les cours d'église de la région). Sous le règne de l'empereur Ménélik II, l'Angleterre, la France et l'Italie ont établi des missions diplomatiques à Ankober, dont on peut encore distinguer les sites. Menelik a épousé Itegue Taytu à l'église Ankober Medhane Alem, où le manteau de noces d'or est toujours conservé. En 1886, Menelik décida de déplacer la capitale à son emplacement actuel, Addis-Abeba.

On passera une superbe après midi à marcher sous le soleil légèrement agressif de ces belles plaines longeant la vallée du riflt. Au menu, fermes, champs, troupeaux... un calme fort appréciable loin de l'agitation de la ville et de notre quotidien. Parfait pour se vider la tête. Notre guide est adorable, elle est incollable sur l'histoire du site même si nous on ne comprend pas tout a ce qu'elle dit. Elle restera avec nous plus tard que prévu alors on lui payera un taxi pour rentrer chez elle... parce qu'on est super sympas 😊. Du coup après 5 h de marche, c'est avec joie qu'on regrimpe les escaliers menant au sommet où nous attendent une bonne douche et un bon repas !

Les interminables marches, avec au bout une jolie vue en récompense 

La bonne douche c'était dans mes rêves, passant en dernier je constate que le ballon n'est pas branché. Bertille et Hiwot parlaient d'eau un peu froide... forcément elles n'ont eu que la fin du réservoir. Ayant surement un peu trop pris le soleil, je suis a moitié entrain de mourir de froid recroquevillée dans mon Gabi. Alors tant pis j'irai manger sale et on verra après ! Etant les seules clientes du Lodge on s'installe où bon nous semble dans ce grand restaurant vide et on constatera amusées que lors de notre prise de commande nous avions marqué devant le nom des plats le numéro correspondant sur la carte. On aura le droit à un festin de roi que nous demanderons de garder au frais en partie pour le lendemain. C'est à 22H qu'on se couchera ce soir complètement épuisées par cette longue journée, avec notre bouillotte gentiment préparée par les employées de l'hôtel. Ça tombe bien depuis hier mon ventre n'est pas au top ,des sales crampes accompagnées de sueurs froides me surprennent assez régulièrement, espérons que la tourista ne pointe pas le bout de son nez ....

17
mars
17
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C'est vers 3H du matin, que je me trouve réveillée par avec le chant d'un prêtre parlant visiblement dans un micro (on a une église juste en face de notre chambre en contrebas). Cela m'étonne d'abord mais je me rendors finalement en me disant que ça ne devrait pas durer longtemps... Finalement, c'est à 7H30 qu'on se lèvera après un sommeil entrecoupé par plusieurs heures de chant qui n'en fini pas. L'enfer, quand ce ne sont pas les chiens, c'est les prêtes, on ne peut jamais dormir en paix ici 😭. On aura le plaisir d'entendre encore chanter jusqu'à 9H, oui il aura en tout et pour tout chanté et prié durant 6 longues heures interminables en guèze, l'ancienne langue éthiopienne que personne ne comprend. Je dois dire que la religion est assez omniprésente ici, surtout que nous sommes en période de carême, et qu'il est plutôt bien pratiqué par la plupart des locaux.

Ce matin on prendra notre petit déjeuner en terrasse, du coup au doux son des airs religieux, ce qui aurait presque pu donner un petit charme au moment si ça ne faisait pas 5 heures qu'on l'entendait. On sera de plus, accompagnées de petits singes qui jouent autour de la terrasse, ce qui pour le coup ne nous déplaît pas du tout.

Après un bon repas on repart en vadrouille avec notre guide pour cette fois explorer l'autre versant de la montagne. Une petite balade beaucoup moins raide qu'hier mais accompagnée de maux de ventre toujours présents. Le décor est bien différent d'hier. De ce côté on peut profiter de pentes beaucoup plus arborées sur lesquelles vient s'accrocher la brume matinale. Un petit air de foret humide que j'aime beaucoup, surplombant une vallée magnifique et vertigineuse.

En passant à côté d'un petite église, on aura, le plaisir d'être accueillies à la messe. Notre guide, très croyante également, nous fait entrer dans une petite baraque très sombre dans laquelle des dizaines de personnes sont assises pour la plupart à même le sol. Un prête, fait la messe, un moment assez solennel je dois dire, entourées de ces hommes et femmes de tout âges ainsi que des enfants qui nous regardent l'air un peu interrogateur mais jamais décontenançant. Un vieil homme nous installe et nous propose gentiment un morceau de pain béni, et délicieux par la même occasion. Je ne serai pas du même avis concernant la tasse à la propreté douteuse dans laquelle il me servira une boisson alcoolisée à l'odeur aussi particulière que sa couleur marron transparente. C'est après qu'un monsieur qui me regardait avec insistance m'ait fait le signe de boire que je me suis sentie obligée de goûter, c'est bien ce que je pensais, c'est pas bon et mes intestins définitivement en vrac me feront vite reposer le drôle de breuvage. Au final c'est une sorte de bière locale, la première aussi que je déteste.

Pour finir cette belle matinée nous suivrons notre guide dans les fermes environnantes où elle nous invitera dans l'une des maisons pour déguster un café préparé dans la tradition. On rentre alors dans une de ces petites cases au toit de paille faite d'une unique pièce, au sol en terre et au milieu de laquelle se trouve une femme agenouillée au sol en compagnie de son chaton devant un feu de bois, entrain de laver des grains de café. Elle nous invite a nous asseoir sur l'un des petits bancs de terre autour du feu. Chaque case est destinée à une pièce de la maison, nous sommes ici dans la cuisine/salle à manger et nous assistons à une scène de vie respectée ici, la préparation du café.

J'en avais pas encore vraiment parlé, alors c'est le moment de le faire. Si le café Éthiopien est réputé dans le monde entier à juste titre je pense que c'est vraiment leur façon de le préparer et le temps qu'ils y passent qu'il faut souligner.

Alors cette femme lave ses grains, qui sont encore de couleur blanche/beige, plusieurs fois a l'eau avant de les jeter dans un plat en métal placé sur le feu. C'est alors la phase de torréfaction du café (il torréfient leur café eux même partout ici même par terre dans l'hôpital...).

Torréfaction du café, ça sent super bon ... 

Après ça, elle triera minutieusement les grains afin de jeter ceux qui ont brûlé puis elle les broie. Alors forcément, pas de moulin a café ici, un récipient et un pilon feront l'affaire.

Broyage du café 

Puis, elle verse le café moulu dans sa cafetière locale qu'elle rempli d'eau et remet sur le feu. Une fois l’ébullition atteinte, elle la stop avec quelques gouttes d'eau froide puis servira notre 1ère tournée (il y en aura deux autres qui suivront en réutilisant le même café) dans ces petites tasses blanches peintes de motifs colorés que l'on voit partout ici.

Pendant tout ce temps on aura eu le droit au spectacle des poules qui rentrent suivies de leurs poussins, d'une petite visite de la ferme dont la case des moutons à l'odeur fort agréable. Un chouette moment, calme et reposant au milieu de ce bel environnement autour d'un café encore une fois délicieux.

On retournera au lodge par la même route et c'est ravies qu'on remarque que la remontée en un peu moins difficile que la vieille... On devient des championnes !!!

Le temps de récupérer nos affaires, de manger un bout, et nous voila reparties dans l'autre sens... Mais cette fois, ça sera encore pire.

Alors on commencera par le même tuktuk cinglé dont on aura gardé le numéro (merci Hiwot), qui nous déposera quand même entière à la gare... déserte, tout comme les rues de la ville, ce qui la rend encore plus maussade, et oui, on est dimanche. On monte quand même s'installer dans le bus tout aussi désert et on restera une heure ici à attendre les trois pleu-pleu qui arriverons au compte goûte durant cette longue attente. La forme n'est pas au top avec la fatigue de la matinée, les intestins en vrac et j'ai envie de tout sauf de revivre le transport d'hier...

Et bah gagné ! Avec le bonus en plus. Au bout d'une heure le chauffeur daigne enfin partir, et aller comprendre pourquoi, c'est à ce moment là que tout le village débarque avec visiblement l'intention de se rendre au même endroit que nous.... Quel bordel c'est, on s'entasse dans le bus, des sièges sont improvisés sur des bidons vides, les paquets et colis sont accumulés sur le toit (oui les bus font également livraison), la chaleur augmente et au bout de 30 min de plus d'attente nous partons, enfin...

Malheureusement la scène se reproduire environ toutes les 5 mins sur la première partie du trajet, remplissant de monde et de marchandises chaque recoins du bus, on a même vu un troupeau de chèvres se faire mettre en soute, franchement j'y croyais pas au début 😂 tout cela rallongera notre trajet de 2h, la musique à fond en boucle, la poussière qui rentre de tous les côtés, j'ai des briques dans le nez, du ciment dans la bouche et le soleil en pleine face, j'en peux plus, achevez moi.

Le changement se passera plutôt bien, on fera une pause pipi dans des toilettes, ma foi sympathiques, où odeurs nauséabondes et horreurs visuelles nous permettrons de ne pas oublier ou on est dans ces toilettes a la turque sans lumière et aux portes qui ne ferment pas. Un pur moment de bonheur, ça tombe bien je ne me sentais pas encore assez sale 😭.

Le chemin jusqu'a Addis se fera dans un minibus pour le coup assez confortable mais on en peut plus du trajet on a juste envie de déplier nos jambes et poser notre dos brisé. Quel courage ils ont les locaux, nous qui nous plaignons de nos transports...

Nous arrivons a 20H30 à la maison après 7 heures de transport pour 180vkm, je suis pour ma part brisée, mon corps a mal, la bonne nuit de sommeil qui suivra ne sera pas de trop...

Lundi 18 :

Une nouvelle semaine commence, la troisième. Et je dois dire qu'après ce weekend riche en marche, transport et chant religieux, je commence à être bien fatiguée et le ventre toujours un peu en vrac ...

Mais bon on est la pour ça alors c'est parti pour l’hôpital mais on ira tranquillement aujourd’hui.

On rendra visite à nos copines Kangourou en premier pour un début tout en douceur. Toujours aussi agréable d'être avec elles, mais notre copine aux jumeaux est partie, bonne nouvelle pour elle mais un peu déçues tout de même de ne pas lui avoir dit au revoir, surtout que c'était notre traductrice officielle !

Kangoroo room 

Henock, l'infirmier coordinateur du NICU (neonatal intensive care) sera fier aujourd'hui de nous montrer tout le matériel qu'à reçu l’hôpital de la part de l'UNICEF. Il a passé le WE à le réceptionner et il est entreposé dans le futur NICU du nouvel hôpital. Au programme, lit chauffant, ECG, X-ray, appareil pour ventilation... j'en passe mais il faut dire que l'une de mes première question sera : "et vous savez vous servir de tout ça?". Bon apparemment pas encore mais il est prévu des formations par des médecins de l'ONG. On est super contentes pour eux, mais on ne peut s’empêcher de penser à l'avenir de ce matériel hors de prix dans ce contexte. Henock nous fera visiter fièrement sa nouvelle unité, on notera, bien évidement quelques détails rigolos dans l'avancée des travaux. Si mon père voyait ça je pense qu'il ferait une syncope ! Des murs qui arrivent en plein milieu des vitres, du carrelage posé et déjà défoncé pour avoir oublié de faire passer l'aération dans les salles d'op du dessous, des fenêtres qui ouvrent derrière du matériel et d'autres qui n'ouvrent pas à un endroit où on aurait pu. Enfin bref, l'architecture Éthiopienne est très particulière...

Prouesses technologiques et architecturales

On passera dans la chambre de nos grands pour leur faire un coucou et on en profitera pour jouer un peu avec eux et discuter. On adore ce moment de la journée.

Puis nous irons, bien évidemment faire notre câlin quotidien a nos demi portions de NICU

Torréfaction du café en sale de pause et bébé Alemaze 

On ne fera pas grand chose de plus aujourd'hui, c'est le départ de Marika, et je dois dire qu'après ces supers moments qu'on a partagé avec elle, nos vécus, nos ressentis, c'est le cœur gros que l'on se sépare d'une membre de la team. Les nouveaux liens sont vite assez forts dans ce genre d'environnement...

Team de choc 😍
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Mardi 19

Bon vraiment le début de semaine est assez compliqué. Ce matin on fait notre petite ronde habituelle, on ne manquerait pour rien au monde notre passage en NICU. Nous sommes en attente du résultat VIH de mon petit diamant, je ne l'aurais pas avant de partir, j'y pense a chaque fois que je le vois... j'espère tellement qu'il ne va pas en plus se coltiner cette saloperie...

Alemaz 
Hiba 

Cet après midi, ça sera un off improvisé. J'en profiterai pour ne rien faire, écrire et faire un peu de sport...

Nous apprendrons le soir, au retour de Anne, qu'un nouveau bébé abandonné a intégré notre famille, ce petit cœur à été ramené pour la Police à l’hôpital, elle nous parle d'abrasion sur le nez, l'épaule et la main... oh mon dieu, qu'est ce qui nous attend encore demain... heureuse d'avoir pris un peu de repos aujourd'hui !

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Mercredi 20 :

Ce matin je passerai un chouette moment avec Anne à m'occuper de tous nos petits abandonnés, on a vraiment nos habitudes, pas une journée ne se passe sans que l'on passe leur procurer leur dose de soins et câlins. Je fais la connaissance, par la même occasion, de ce nouveau baby X. En arrivant dans la salle de soin, Anne le tien dans ses bras, elle est entrain de lui passer de la pommade sur ces abrasions, pour le coup assez remarquables, qu'il a sur le nez. Les plaies semblent encore bien fraîches, qu'est il arrivé à ce petit bébé qui n'a pas encore perdu son cordon (ce qui malheureusement est a peu prés la seule chose qui permette de lui donner un ordre d'âge...). Elle me le passe. Qu'il est tendu et apeuré ce bébé, il pleur d'une voix cassée, beaucoup trop pour un bébé, il a du hurler et pleurer si fort... sans perdre une seconde je me lance en osteo dans l'espoir de le soulager et lui prouver ma bienveillance. Je lui parle je le balade... petit à petit il commence a se détendre et j'arrive à capter son regard. A partir de se moment la, le plus gros est fait. Quel beau moment, accompagné paradoxalement d'un tristesse assez intense et envahissante. Mais qu'est ce qui t'ai arrivé pauvre petit amour..? Sauvée par le gong, on me l'enlève des bras pour l'emmener faire des tests. Je lui promet d'être la pour lui chaque jour et file chercher du réconfort auprès de mon petit Alemaz qui a enfin passé la barre des 1,3 kg 😁

Dans la chambre de nos grands, que des bonnes nouvelles. Delalo peut s’asseoir, ce qui est un bon début, il porte l'ensemble que je lui est offert et, sa maman me le montre fièrement, c'est fou comme on peut faire plaisir avec pas grand chose ici...Hanna va mieux, elle sourit, je découvre qu'elle parle Anglais, la chipie... la confiance semble installée après 2 semaines de visites. Enfin, le beau Dani n'a plus besoin d aspiration dans sa trachéo, quel bonheur, on est super contente pour lui et sa famille.

Après un bonne journée encore une fois riche en émotions, se soir on sortira accompagnée d'un local rencontré grâce a Anne, Yared, qui bosse dans le tourisme principalement et parle donc très bien anglais. Ce soir ça sera le quartier de Bole et ses restos un peu plus huppés, l'occasion de découvrir l'endroit by night.

Bole by night