’The Main Street of America’ Toutes les routes secondaires débouchaient dessus. Elle invite aux voyages les vagabonds, la gamine que j’étais alors éprise de liberté, d’eldorados, et d’utopies.
Mai 2014
7 semaines
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Des Routes nous amènent d'un lieu à un autre. Certaines nous promènent entre ciels et terres, d'océans en déserts, de cités d'or aux villes déshumanisées. D'autres nous baladent dans l'histoire, dans les méandres de l'oubli.

La 66 est une de ces Routes. Elle ne se prend plus pour rejoindre une destination. Elle s’emprunte pour quelques miles, en croisant les doigts que le bitume ne se mue pas en un panneau ’The End’ ou ’Road Closed ’. Elle se devine, s'invente, se réinvente. Au fil du temps. Au fil du vent. Un micro musée meurt, un autre ouvrira. Une fresque se délabre, une nouvelle aux couleurs vives se dessine déjà. Le mythique café, station d'essence "Roy's" à Amboy en Californie meurt doucement dans la poussière du désert.

Un vieux crooner français*, chanta "Sur la Route 66, plus rien ne t’attend".. Comme il avait raison le bougre. Plus rien ne nous attends et pourtant je me souviens d'une virée avec une amie au Nouveau Mexique. Dans notre candeur, nous partons par un beau matin de mars dans l'espoir de visiter le "Pueblo Acoma" - situé à quelques 100 km à l'ouest d'Albuquerque - et de bivouaquer quelque part. S’invite alors la danse de la pluie, folle diablesse entre les essuie-glaces. La tente restera au sec, Acoma suspendu dans le ciel. La seule réponse idéale dans cet océan de larmes fut de rejoindre "La 66" pour trouver un motel.

C’était en 2018. A presque cent ans, effondrée, oubliée, déclassée, fermée, elle demeure le "re-père", la Route Mère, la ligne médiane, le refuge d’un hypothétique motel une nuit d'orage.

C'est Elle, "Ze Main Street" l’artère principale, la colonne vertébrale de toute les villes. Le numéro zéro, la genèse. 2 448 miles ou 4 000 km. Au choix. Huit états. 3 fuseaux horaires. La première transcontinentale pavée, pas complètement entièrement.

*Eddy Mitchell

En Californie et au Nouveau Mexique

Ce carnet de voyage est ’Ma Route 66’. Non par esprit de propriété, oh non ! Que nenni ! Mais celle découverte à l’aube de quatre voyages différents. 2010 de Williams à Barstow. 2012 d'Amarillo à Flagstaff et quelques détours au Sud du Nouveau Mexique. En 2014 d'Amboy à Santa Monica. 2019 de Chicago au Missouri. Et 2017, Arizona, Californie dans un very bad trip qui m'apprit que voyager seule est une réelle bénédiction.

Chacun son voyage. Cheveux au vent au volant d’une Mustang rouge décapotable, en Harley Davidson, ou à vélo. Chacun sa Route. Je la préfère lente, fragile, tranquille. Dormir dans des petits motels aux enseignes "happy days", au détour d’un minuscule musée, d’une fresque évanouie. Elle mérite de prendre le temps. Tout le temps.

Chacun verra un fragment différent selon qu’un vieux motel fermera, qu’un tronçon de bitume restera obstinément clos et qu’un passionné ouvrira pour vous sa collection de souvenirs. Selon les jours de pluie, selon vos attentes et vos envies.

Au jeu du chat et de la souris, à chacun sa vitesse

La Route est multiple. Parfois terriblement belle, libre comme en Arizona. Ou simplement une piste comme au Nouveau Mexique, la plus authentique. Souvent elle disparait, impraticable, l'ancienne piste indienne reprend ses droits. Alors nous plongeons dans l’Interstate comme on plonge dans le chagrin. Pas très longtemps, quelques miles plus tard nous cherchons encore ce bout de bitume, avec la voie de chemin de fer comme seul repère.

Et seulement là, est la vraie story de la Mother. Une fabuleuse plongée dans l’histoire des États-Unis.

Elle est The Mother Road, la Route Mère. Elle EST.

Ce carnet est un livre d’images pour nos cœurs de vagabonds, nos rêves d’Amérique cinémascopes.

On the Road...

 Nouveau Mexique et fresque à LA
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Chicago - Chain of Rock Bridge - 290 miles - 467 km

Ici tout commence, ou finit. La 66 prend son envol vers l'Ouest. La 61 dépose son blues du Mississippi.

Tout commence, la première section de la 66 est goudronnée. Tout finit, I'Illinois est le premier Etat à déclasser la 66.

https://www.myatlas.com/TerreDeSienne/route-du-blues/t/627951

Café Lou Mitchell au 565 W Jackson Boulevard. Point zéro du voyage. Un jour de pluie sur Chicago, de vent et de froid. Au Lou Mitchell, des habitués, des touristes et une femme âgée, coquette et souriante. Elle fête ses 80 et quelques années. Serveuse durant 40 ans au Lou Mitchell, elle vient encore pour le plaisir de rencontrer les amoureux de la 66. Car bien évidemment, personne ne vient ici par hasard. Nous sommes venus déjeuner dans cette ambiance chaleureuse. Une institution.

Le Giordano, une autre institution pour ses megas tartes.

La Mother n'offre pas de réel intérêt au départ de Chicago. Bien malin qui peut dire ou elle passe. Ni fresque, ni indication. Elle est sans doute ici, sur les rives du Lac Michigan, sur le bitume et sous le métro aérien, à travers les canyons urbains.

1890 - La fabuleuse époque des usines Ford Cadillac, Oldmobile, il n'existe aucune route goudronnée ou pavée. Un pays de géants aux routes cabossées. Un pays aux pieds de boue où les belles voitures patinent dans des ornières, s’enlisent sur les pistes impraticables à la moindre pluie.

Le Congrès décide alors qu'une grande nation se doit de posséder une route transversale d'Est en Ouest. Le projet est confié à Cyrus Stevens Avery. En 1926, c'est officiel, nait la U.S. Highway 66. Sur les traces de voies de chemin de fer. Elle sera très vite " The Main Street of America... La voie royale de l Amérique."

Joliet correctional Center était la plus grande prison des Etats Unis. En 2002, sordide et vétuste elle ferme définitivement ses lourdes portes. Le bâtiment néogothique est bien connu des fans des Blues Brothers et de Prison breaks . Ambiance parking d'une prison désaffectée un jour de grisaille, au volant de notre Dodge Charger de location, bagnole de flics par excellence aux USA !

Joliet, à la poursuite des Blues Brothers. Il reste une prison désaffectée, celle des Brothers et de très belles fresques. L’Illinois ou Lili noie je ne sais plus quelle orthographe !

Nous la chérissons, cette Dodge par ces jours de pluies. Notre rêve de Mustang décapotable s'évanouit à l'aéroport face à la médiocrité du service de location. La Mustang réservé 6 mois à l'avance ne devait pas être du voyage.

1950 - La Route 66 fait le buzz. Les nombreux diners et motels se font concurrence. Alors certains plus audacieux que d'autres attirent la clientèle par ces fantasques Muffler Men. Statues géantes en fibre de verre de 5 à 7 mètres de hauteur. Attraction.

Un ciel de cendre, un pont de fer.

Les petites villes portent des noms célèbres : Pocahontas, Lincoln, Pontiac, pour le célèbre chef du peuple indien Ottawa et non la non moins célèbre marque de voitures.

Petite voiture deviendra grande... 

Belles comme des villages de poupées. Mignonnes à craquer. Rétro kitch. Safari photos entre deux averses, car la pluie ne nous lâchera pas d'une goutte.

A Lincoln plane un air de retour vers le futur. Passage éclair dans le joli parc du Mémorial.

Diego rétrécit sous la pluie 

Une ancienne gaz station fait la belle à Dwight. Toute la pluie du ciel tombe sur Hamel mais le Weezy's est un chouette endroit où se sécher les plumes. Tout ces lieux un peu désuets ont pourtant traversés les années. Ariston était dans un désert de néant, juste un immense parking. Aujourd'hui, le café est à peine visible dans une zone commerciale.

Dixie, le crazy dog. Une recette d'hot dog cuit dans une pate à frire. Pas très digeste mais must de la 66

Après la pluie vient le beau temps sourit la Smiley Water Tower.

La minute US by Diego : Se repérer sans carte dans les villes

De nombreuses villes sont quadrillées par des rues et des avenues ; Il vous suffit d’abord de repérer la main street - encore elle - et de savoir compter ! plus besoin de GPS

- La numérotation des rues (streets) se fait d'Est en Ouest. Les avenues vont du Nord au Sud.

- Pour accéder à une adresse particulière, il est utile de se rappeler que les rues impaires vont vers l'ouest, tandis que les rues paires vont vers l'est.

- Les bâtiments impairs se trouvent du côté nord de la rue et les adresses paires se trouvent au sud.

- Le nom des rues traversantes est facile, juste face à vous dans l'artère principale. Inutile de se faire un torticolis comme en France pour lire.


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Saint Louis - Joplin - 300 miles - 483 km

Saint Louis, la Ville et son Arche, ses quartiers fait de briques, ses bars blues, et Joséphine Baker, native de la ville qui choisira la France. Chicago et Saint Louis était deux villes sœurs, presque jumelles. Toute deux offraient travail, fleuve et lacs aux hommes et femmes venues du Sud. Chicago misa son avenir sur le chemin de fer. Bonne pioche. La ville s'étend, se développe, attire de plus en plus de monde. Saint Louis, ville portuaire misa sur son port, son confort. Mauvaise pioche. Le rail gagne du terrain face au transport fluvial.

Sur la Mississippi River, la pluie ne faiblit pas. Des alertes météo nous incitent à la prudence. Le lendemain, le Grand Fleuve charriera troncs d'arbres, branches et boue. Nous dormons dans un hôtel magnifique. Les baies vitrées encadrent le fleuve comme un tableau mouvant. Je pourrai passer ma journée sur le lit à observer le Mississippi glisser vers le Sud.


L'arche de Saint Louis depuis notre chambre d'hôtel

Au siècle numéro 19, les traces de pistes indiennes sillonnent le territoire. Et l’Amérique se peuple au détriment des amérindiens. D’un bout à l’autre du continent. Le courrier, c'est Pony qui s’en charge. Le Pony Express de Saint Louis à San Francisco. 10 jours et 80 cavaliers se relaient jours et nuits. Parmi ces cavaliers, un certain Cody qui deviendra quelques années plus tard le célèbre Buffalo Bill.

Des petites villes se suivent et se ressemblent. Lotissements de maisons de bois blancs, pelouses entretenues, rues droites. Des Amish promènent leur 19ème siècle sur la route. Des fermes au loin évoquent des romans épiques.

A Cuba, JESUS est The King of the Road.


Cuba. Pour le nom, pour les peintures murales, très jolies et récentes. Nombre de petites villes écrivent sur les murs leur histoire.

A Eureka, difficile d'aller plus loin. Le pont de fer, vaillant et vénérable n'assure plus la sécurité du voyageur. Fin de l'aventure dans le Missouri. Un très joli musée sur la 66 est tout de même ouvert, avec café, cookies, sourire. Le légendaire accueil des américains.

De l'Illinois et du Missouri, nous garderons les souvenirs trempés, des trombes d'eau, champs inondés et alertes météo. Mais la suite du voyage effacera les larmes du ciel.

La minute US by Diego : Les restrooms

Si une envie pressante survenait, ne soyez pas inquiet(e) ! Il existe de nombreux WC publics, même dans des endroits inattendus, isolés, - en plein désert aussi -. Toujours très propres, ils sont gratuits et bien approvisionnés. Humour et conseils comme cette affichette dans la Vallée de la Mort pour évaluer votre stade de déshydratation.

Hey la France, encore un effort !

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Galena - Baxter Springs - 19 miles - 30 km

La 66 écorne le sud-est du Kansas sur quelques petits km. A peine le temps d'arriver, que déjà l'Oklahoma surgit dans la plaine.

Un état rude du Midwest, de gigantesques plaines. La démesure des cultures.

Un pays de tornades, sècheresses, dust bowl, inondations. Rien de palpitant. Rien d'exaltant. Températures extrêmes de plus 40° l'été et hivers parfois rigoureux. Un état à mi-distance de l'Atlantique et du Pacifique.

La minute US by Diego : Les visitors center


Si en France, l’office du tourisme dispose de quelques brochures sur les centres d’intérêt, bonnes adresses de la région, aux Etats-Unis, chaque ville, chaque parc dispose d’un visitor Center. Celui-ci est plus proche d’un musée ou à de nombreuses occasions sont présentées des reconstitutions, films, maquettes grandeur nature sans oublier le shop avec livres et gadgets en tout genre qui termine la visite. Des rangers passionnés et passionnant sont à disposition pour répondre à toutes vos questions. Une étape intournable avant de partir visiter un site.

 Dans le Mississippi, au Nouveau Mexique et Jackon Hole dans le Wyoming, véritable musée 
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Quapaw - Texola - 386 miles - 621 km

O-KLA-HO-MA signifie Peuple Rouge. Un chant guerrier martèle la Terre.

Impossible de passer l'étape sans parler des grandes déportations. Le sentier des larmes - Trail of tears - des indiens Cherokee. Des années plus tard, la grande migration des Okies et Arkies.

1830, le Congrès américain vote une loi pour l'expulsion vers l'Oklahoma des tribus indiennes implantées dans le sud-est du pays. C'était l'époque où les colonisateurs « Blancs » débattaient sur ce sujet : un Indien était-il humain avec une âme ?"

Au plus profond de l'hiver 1838-1839, la plus évoluée des " cinq nations civilisées " - les Cherokees - quitta ses terres ancestrales de Géorgie pour un chemin d'exil de 1 500 km à pied. Un nettoyage ethnique. Un quart des 16 000 Indiens ainsi déportés meurt de froid, maladie, épuisement. Le " Sentier des larmes " est aujourd'hui un sentier historique.

Juillet 2020. La Cour suprême américaine a reconnu la souveraineté d'une tribu amérindienne, la nation Muscogee, sur la moitié Est de cet Etat du Midwest. Le territoire de plus d'un million d'hectares est donc désormais considéré comme une réserve indienne.

http://country-rolandro.e-monsite.com/pages/old-west-far-west/trail-of-tears-la-piste-des-larmes.html

Nous ne sommes pas passés dans l'Oklahoma mais la story du pays aide à comprendre cette Route loin des clichés kitsch.

1929 - Premier krash boursier. La 66 est une aubaine, du travail pour des milliers de chômeurs.

1934-36 Dust Bowl. De l’agriculture intensive et la déforestation naissent les tempêtes de sables, les monstrueux dust bowl - nuages de poussière - balaient l’Oklahoma, le Kansas, le Texas, une partie du Nouveau Mexique. 200 000 hommes, femmes, enfants quittent leurs lopins de terre ensevelies sous les blizzards noirs. Débute l’exode des Okies d’Oklahoma et des Arkies du Kansas vers l’Ouest, vers un monde meilleur d’océan et d’orangers. La Californie.

Dust Bowl 

Lorsque John Steinbeck écrit dans ’Les raisins de la Colère’ : "Rendez-vous au bout de la Route" tout est magnifiquement traduit en une phrase. Publié il a presque 100 ans, ce récit est tragiquement d’actualité. Ces nuages de poussières étaient la conséquence directe de l'agriculture à outrance et du déboisement. Aujourd'hui à l'échelle planétaire dérèglement climatique, inondations et migrations qui en découlent.

La 66, loin d’être achevée qu’elle est déjà la Route de l’espoir. La Mother Road. La Route Mère, et la Route de la fuite.

1939 - Seconde guerre mondiale. En Californie les forces américaines s'organisent face à une attaque japonaise. Encore une fois, Elle est l’axe stratégique des bases militaires, camps d'entraînement, usines d'armement.

MOTELS

Avec elle nait ce concept absolument génial des dinners et motels. Manger. Dormir. Garer sa berline pile devant sa chambre, repartir. Etre autonome. Les motels poussent comme des champignons dans des sous bois d’automne.

Aujourd’hui les motels historiques tiennent parfois encore la distance. Préférez un de ceux-ci aux chaînes sans âmes. Ce sont des joyaux, des histoires, des mémoires. Le confort peut être sommaire, un lit - mais oui - et douche. Parfois frigo, micro-ondes et cafetière. TV sur meuble de guingois, une bible, un annuaire, un vieux téléphone en bakélite. Tout ce qu'il faut pour quelques dollars. Des motels aux charmes surannés, aux rideaux fleuris, si anciens qu’ils semblent figés dans le temps. Je me souviens d'un couple de chinois, le monsieur âgé et tout sec, tenait son registre au stylo à encre et règle. Pas d'informatique, pas de rature. Il prenait tout son temps pour écrire, parfois il relevait la tête et nous dévisageait. Je ne sais qu'il pensait de nous, les touristes venus du vieux continent.

Passez du temps le soir sur les chaises devant votre chambre, allez piocher de l’ice pour le bourbon. Vivez la pause motel à l'américaine

Tous ces vestiges ne sont pas sur les plates-formes.com. Ils égrènent silencieusement la Route. Demandez à visiter une chambre et vous verrez si la nuit sera belle ou louche.

 Ancien motel de Bagdad Café

Dans ces motels vous rencontrerez des passagers de la Route, des aventuriers, routiers aussi et les résidents sans adresse fixe, vivant pour un mois ou plus. A eux seuls ils décrivent toute un pan d'une Amérique éternelle, actuelle.

La salle du petit déjeuner à Lordburg -Nouveau Mexique et le Lulu's à Page AZ
Kitchissimes motels - Dans l'Utah et en Californie 

La 66 trace sa Route. Diego sirote son bourbon. Un téléphone bleu de bakélite.

Un livre à lire : Motel Blues de Bill Bryson. Sous des allures de petit livre sympa et drôle, voilà une belle chronique de l'esprit motel et de l'Amérique des petites villes.

La minute US by Diego : Happy Hour


Les américains dinent très tôt, conséquence, les Happy Hours sont très très tôt. De 14 h à 17 h ! Eh, oui, et voici sans doute une des raisons pour lesquelles il nous est arrivé de ne plus pouvoir nous faire servir dans un resto à partir de 19h15.

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Shamrok - Glenrio - 164 miles - 164 km

1950 - L’âge d'or de la Route 66

Ford. Général Motors. Chryler. Chevrolet et autres belles américaines. Les caravanes, les bus, trucks circulent, se croisent, se dépassent sans limitation de vitesse. Les routiers, représentants de commerce, les vacanciers. Beaucoup, beaucoup trop de monde sur cette Route à seulement deux voies. Victime de son succès, la Mother Road ne rime plus avec liberté mais résonne comme Camino de la Muerte, Bloody Highway - route sanglante - Death Alley .

Sur la 66 au Texas, d 'ennui et de boots
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Texas - Mai 2012

La Route déroule ses gris d'ennui, de jours sombres, de plateaux arides, sans autre relief que les immenses ranchs. Au loin, les corrals d’élevages intensifs. Du bétail confinés au milieu de si grands espaces, sans aucun végétal à mastiquer. Leur alimentation se compose de céréales déversées par des énormes camions dans une danse effrénée de la mort.

Memphis - Texas n'est pas exactement sur la 66. Un peu au sud. Au cœur d'une ligne de bungalows, taudis et caravanes rouillées, un downtown beau comme un jouet tout neuf, dallé de tomettes coquelicot. Des maisons de briques rouges, des magasins fermés, l'église, le bureau du shériff, une horloge à trois côtés arrêtés à trois heures différentes. Un vrai décor de cinéma, lorsque les producteur, acteurs et caméramans ont désertés.

Memphis 2012 

Soudain, sortie de nulle part, une dame traverse en poussant en landau et disparait. Il me semble entendre une voix lointaine et familière prononcer cette phrase d'angoisse :

« Isabel ne le sait pas mais elle vient juste d’arriver dans une ville qui n’existe ni dans l’espace ni dans le temps. Elle vient d’entamer un voyage sans retour … dans la Quatrième Dimension. »

Memphis, où la quatrième dimension

La Route demeure imperturbable, droite. Nous traversons des champs de petits derrick pareils grosses dindes qui picorent et pompent le pétrole. Puis des plateaux arides et pelés. Quelques vaches faméliques broutent la caillasse de leurs ombres. Des villes tristes, sans attraits, des downtown cannibalisés par des miles et des miles de plazzas - zones commerciales - déshumanisées.

Big Texan

A 20 heures précises, une limousine blanche aux cornes de buffles s’arrête devant la porte de l’hôtel, nous conduit au célèbre Big Texan, Steak House. Tout est folklore pour venir, le service gratuit de limousine et le stupide pari local est d’avaler un steak de 72 oz, environ 2 kilos et sa garniture en moins d’une heure, des potatoes et du pain. Celui qui réussira cet abomination ne payera pas son repas et sera malade 3 jours. Mais nom brillera de mille feux au Big Texan. A chacun son trip. Le grand gagnant est le tigre du zoo d’Amarillo qui en 80 secondes croqua son rumsteck sans façon, tout cru. Toujours invaincu à ce jour !

Au Big Texan 

CADILLAC Ranch

Si certains plantent du maïs et des patates, d'autres moins affamés plantent des Cadillac. « Cadillac Ranch». 10 au total avec la même inclinaison que celle des pyramides. Comme un talisman, nous les taguons, encore et encore dans un jeu totalement régressif.

 Cadillac Ranch

Petit détour à 30 miles au sud d'Amarillo. Palo Duro Canyon, une jolie bouffée d’air pur. Hélas les pluies de la veille inondent les routes d'accès.

Palo Duro Canyon

De l’Old 66, la vieille route 66, persiste encore des tronçons de bitumes, des culs de sac, des fins de route, un parcours presque secret avec la légende. Véga, un dimanche après midi ressemble à un micro musée à ciel ouvert. Une station-service « Magnolia gas» restaurée avec brio date des années 1920. Le bureau du sheriff, les rues vides, une casse auto désertée ce jour et gardée par les figurines géantes représentant deux extra-terrestres de Roswell, un panneau « End 66 », un arbre à santiags, et le vent.

Vega 

Nul badaud ne se promène dans les rues. L’ambiance se teinte de mystère. Un coyote s'enfuit.

Adrian n’est plus très loin. Adrian, le midpoint de la 66. A 1 139 miles de Chicago et 1 139 miles de Santa Monica. Adrian, ses 166 habitants, Adrian Café et ses fameux pies - tartes -. Pour Diego c'est aussi l'occasion d'enrichir sa collection colorées de licences plates. Une française contre une américaine. Bien sur, les américaines sont tellement plus belles. Celle-ci est particulière, dédicacée par son propriétaire Denny.

L'amour des vieilles voitures. Une Mustang rouge coulent ses vieux jours sous le regard d'un pickup Chevrolet gravé de centaines de prénoms, de mots, de dates.

Le paysage change un peu, ressemble au Larzac mais sans mouton. La 66 est un véritable jeu de piste. Elle prend fin subitement dans des culs de sac. De jolis panneaux flambant neufs nous promènent vers un ghost town.

A Glenrio la route s'enfuit, triste de n'être devenue qu'un pale souvenir de sa gloire. Une gas-station, squelettes de motel et diner. La première halte au Texas ou la dernière selon que le voyageur venait de l'Est ou de l'Ouest.

La minute US by Diego : Les autoroutes« Interstate Highway »

Elles sont généralement reconnaissables par le familier bouclier bleu avec les lettres blanches et rouge de crête dans la partie supérieure. Ces routes sont généralement à accès limité avec voies de circulation séparées.

Elles sont généralement appelées freeways bien que quelques-unes de ces routes inter-États (d’où le nom d’Interstate) peut présenter des péages sur certaines portions de la route.

Ces autoroutes sont numérotées les voies impaires allant du Nord au Sud et les voies paires allant de l'Est à l'Ouest. Le système de numérotation commence avec les routes ayant les plus petits numéros impairs débutant de la côte ouest américaine en se rendant au plus hautes routes numérotées dans l'Est. Regardez une carte pour mieux comprendre

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Endée - Manuelito - 377 miles - 606 km

Deux tracés de la Route 66. Le premier épouse les sierras bleutées de Las Vegas, Sante Fe. Le second moins chaotique file sur Albuquerque.

1954 - Sous la volonté du président Einsenhower, fort bluffé par les infrastructures des autoroutes allemandes, des travaux d’envergures transfigureront le visage de l’Amérique.

Comme une chronique de mort annoncée, le règne des autoroutes, les interstates toutes puissantes, condamnera les bourgades isolées, défigurera de bretelles d’accès les villes desservies. Le monde va vite, toujours plus vite. La Mother agonise. A chaque tronçon ouvert d’autoroute, une cité s’ensable, se noie dans l'oubli.

1984 - Clap de fin de la Main Street avec l’inauguration final du réseau de 9 autoroutes inter-états. La 66 se mue en un vague souvenir, une vieille route mal fagotée aux motels délabrés. Toute signalisation ROUTE 66 est purement supprimée. La vénérable Mother rayée des cartes.

Sous une pluie battante  

Nouveau Mexique - Mai 2012

Si le Texas me laisse un goût d’amertume, le Nouveau Mexique tient ses promesses de "Land of Enchantment", la Terre d'enchantement. Nous arrivons sous une pluie battante par l'I15. De Glenrio à Tucumcari, la Mother est carrément infréquentable. Nulle poésie, nul enchantement.

Nous traverserons des villes douces comme des baisers d'enfants, des paysages souriants, des déserts blancs, un autre Las Vegas, un Madrid seventies, des maisons d'adobes, Santa Fe. Beaucoup de portions de la 66 ne furent jamais dallées ou bétonnées.

Changement de fuseau horaire. Midi au Texas, 11 heures à Sante Fe. New Mexico est un pays vide, magnifique, d'une lumière sans pareille. Adieu élevages et cow-boys. Des terres non cultivables, des sierras, cheminées de fée et désert blanc. Un pays merveilleux de contraste, de vent et de silence. Une terre difficile, une histoire tellement riche.

Un pays où l'ingénue vache néo-mexicaine regarde encore les trains passer avec étonnement.

Message personnel : Je recherche l'artiste de la vaca azul , celle qui depuis 2012 colore mes rêves en bleus

La 66 Néo Mexicaine est - "in the middle of nowhere", au milieu de nulle part -. Elle en est fière. Et elle le peut la belle. A mon sens, ce qui n'engage que moi et mon âme, la plus authentique portion de la 66 serpente du Nouveau Mexique à Oatman en Arizona. A travers sierras, déserts, pueblos indiens et villes colorées.

Comme un livre d’images, les fresques racontent l’histoire

Etape à Tucumcari, un vent léger sèche le ciel et la terre. Les nuages se dispersent. Il flotte dans l'air des sensations tissées de douceur de vivre. Dans les rues, des hommes et des femmes musardent en cette fin d’après-midi. Un type fait son jogging, une dame promène son chien, des supérettes restent ouvertes, des vieilles bagnoles bordent d’anciens motels démodés et souvent fermés. De fresques murales un peu fanées mais bourrées de charme racontent les heures de légende de la 66.

A Cuervos, existe un minuscule bureau de poste aménagé dans un mobil-home. Une station essence fermée, trois baraques brulées, des carcasses de bagnoles hors service depuis fort longtemps rouillent sous une fine bruine. Je ne retrouve aucune photo. Le ciel était trop moche, la pluie trop froide. Mais je souviens très bien qu'un homme prit Diego pour le pompiste. "Gas, gas please" !

La pluie se lasse, s’efface, s’enfuit. Santa Rosa à la découverte Buick, Chevrolet, Mustang, Pontiac et autres gloires des routes de jadis. Elles coulent une retraite tranquille sous les feux des projecteurs. L'artiste de ce bel endroit, véritable sosie de Pavarotti, les bichonne avec amour. Diego troque une nouvelle plaque US.

Las Vegas. L'autre Vegas

Sans paillette ni casino mais bordées de maisonnées de bois peintes, plus ou moins spacieuses, plus ou moins fortunées. Au loin le clocher blanc et turquoise se détache de la masse nuageuse. Le Nouveau Mexique un cadeau. Ce qui est douceur de vivre est rond, enveloppé, sans arête, sans maigreur anguleuse. Un macaron, un édredon, un dodu chaton. Ce qui est beauté est vallonné, courbes, confortable, rassurant. Comme cette place bordée d’arbres centenaires et tordus gardant jalousement le kiosque à musique en son cœur. Une ancienne et très belle droguerie-épicerie sert des glaces. Le vent est bien trop froid.

L'autre Las Vegas 

Le fameux Plaza Hotel, théâtre de la scène sanglante de "No country for old men" des Frères Coen

 L'autre Las Vegas

La route de Santa Fe offre des paysages ressemblants au Massif Central sans volcan, ni vache. La capitale du Nouveau Mexique culmine à 2 100 mètres d’altitude, goûte à plus de 300 jours de soleil par an, à la même latitude que Chypre. Santa Fe est aussi la plus ancienne capitale des USA. Elle fut pendant de très longues années le point de jonction du nord au sud de la route commerciale du nord des États-Unis vers le Chemin du Roi menant à Mexico et d’est en ouest, l’étape incontournable de la Route 66.

Santa Fe

La belle cité du Soleil est construite d'adobe, briques de terre et de pailles séchées. Son centre-ville est palette de couleurs et douceur bâtit dans l’ambiance si particulière des « zocolos », les villes coloniales mexicaines. Des échoppes, des galeries fraîches aux palettes ocre où les Natives vendent leurs créations. Ici les bancs publics, les poubelles, les enseignes, les lampadaires et même les voitures de polices sont turquoises.

Je me souviens nettement de l'odeur du café, des vendeurs de turquoises et surtout de cet indien à l'écart de la place du Governor. Je lui ai acheté une turquoise sertie d'une croix d'argent. Je la porte toujours, comme un rayon de lumière, un éclat de ciel bleu.

Je me souviens de cette douceur de vivre, des rondeurs des maisons, des places sans cris, étonnante absence de sons vifs. Infiniment apaisante. A l'abri du soleil, les terrasses de café sont intérieures, les conversations feutrées, une ville riche, où aucun centre commercial ne dénature l'harmonie. Santa Fe est un songe merveilleux de couleurs irisées, étourdies de soleil.

Petit détour sur votre balade néo-mexicaine. A une centaine de miles de Nord de Santa Fe, existe un pueblo d'adobe du nom de Taos. Un bijou serti dans les Sangre de Cristo Mountains à 2 000 mètres d'alt.

phot web
Pueblo Tao 

Madrid. L'autre Madrid.

Il est très tôt ce matin, l'air est vif dans la montagne. Madrid au petit jour est neuve, belle, emplie de promesses. Les naïves maisons de bois colorées, s’étirent comme des chats repus. Madrid connu son heure de gloire, de mines de zinc, de turquoise, et d’argent. Puis vint l'heure d'abandon. Dans les années 1970 beatniks, babas cools, et autres artistes s'y installent. Ils y vivent encore et coulent des jours d'un bonheur éternel.

Madrid 

Des chalets bariolés, des boîtes à lettres alignées comme de sages crayons de pastels, les échoppes et boutiques artisanales, des enseignes new âge, et cette vieille Ford Mustang aussi bleue que ce ciel. Madrid, décor de conte animé. Madrid où les vieux beatniks aux cheveux longs et rares se retrouvent sur la terrasse de ce café servant de vrais expressos et vrais cookies butter cacahouète. Madrid, n’a qu’une seule rue, lieu de tournage du film « Bande de sauvages ». Un festival de musique annuel.

Je me laisse aller au plaisir de cette matinée. Un vrai expresso, un vrai cookie maison. Je veux rester ici indéfiniment. Que la Terre tourne, vive où meure, peu m'importe. Je ne veux plus bouger d'ici. Un minet bicolore noir et crème nous salue d’un sourire madrilène.

Petit détour à Kasha-Katuwe Tent Rocks National Monument. A 45 miles au nord de Madrid. Les blanches cheminées de fées éblouissent nos yeux délavés. Monde irréel.

Albuquerque

Le centre l’Albuquerque semble joli, très loin de ces zones commerciales si étendues. La Mother traverse la ville sur 16 miles, jeu de piste, du chat et de la souris, des indices, des minis panneaux. La route se coule dans des quartiers calmes, aux maisons simples. Mais une demi-heure plus tard, à 8h30, nous l'avons déjà perdue. Elle nous balade, la gueuse ! Nous la retrouvons le long de l’I40. Un stop au milieu de rien. La 66 se fait petite route chaotique, devient piste et cul de sac. Un désert terne et gris, sans espoir, un désert de rien s’étend à perte de vue. Étrange Nouveau Mexique, réel pays au milieu de nulle part.

 Fresques à Alburquerque

Grand détour 250 miles droit vers le Sud, scintille le désert de gypse blanc White Sand.

 White Sand

Encore l’Interstate 40. Face à nous, une chenille mécanique d'Harley s’achemine sur un parking. Je le sais maintenant, dès les premiers jours de mai, le Père Noël est un biker en cavale au Nouveau Mexique. Quelques mois plus tard, nous serons conteurs de la Route par un après-midi terne de janvier, à la médiathèque de Pont a Mousson.

Le Père Noel en cavale. Affiche souvenir d'une présentation de la Route 66 

Après Los Lunas, nous la cherchons encore. La 66 est une vieille star capricieuse. Elle minaude, se fait désirer, disparait et si on la supplie assez, la câline comme elle le veut, elle réapparait. A Mesita les paysages changent, se colorent, s’accidentent, quelques pins Ponderosas offrent un peu d’ombre. Le vent efface les nuages, du ciel coule du bleu limpide, éclaboussant de lumière le Pueblo de Laguna. Le village est désert, pas âme qui vive, ni humaine, ni animale.

A son sommet se découpe dans l’azur, l'église éclatante de blancheur, de beauté et de simplicité. Nous traversons des Terres Indiennes. Les jolis pueblos d'antan ne sont plus. Aujourd'hui de sordides mobil-homes sans âme égrènent les routes. Des natives vendent leur pierres sur un marché.

Eglise de Laguna

Pueblo Laguna

Petit détour par le Pueblo Acoma. Un village hissé sur une mesa de 110 mètres de hauteur, un saut dans le passé de huit siècles. Sky City, c'est la Cité du Ciel. Ici une cinquantaine d'indiens Acomas vivent, résistent encore sans eau, ni électricité. Beaucoup sont partis dans les villes alentours et ne reviennent que pour les fêtes, des pow-wow. Allez voir ce village de paille et de terre à peine visible de la route, allez y pour la mission San Esteban del Rey construite en 1629, une des plus anciennes église d'Amérique, pour les poteries magnifiques. Acoma, c'est la tragique histoire d'un peuple massacré - encore - par les conquistadors. Mille fois hélas, je n'ai pas vu Acoma. La première fois par ignorance, la seconde par temps de fin du monde. Mais allez y pour moi. Attention, les visites sont encadrées, se renseigner avant.

photo web

Le vent se lasse. A Cubero, la piste s’assagit, se goudronne. Des miettes de villages, et maisons à l'abandon. Le plus grand honneur qu’un indien puisse offrir à une demeure trop vieille est de la laisser retourner à sa terre. San Fidel. Au détour de la Route, une petite chapelle peinte de blanc et d’anges bleus. Le paysage se dénude, les roches s’assombrissent, aucun buisson à l’horizon, ni arbre, ni butte. Les villes portent les doux noms de Mac Carthy, Grants. Sommes nous dans les Terres d’eau de feu ?

Encore à regrets, il nous faut reprendre l’Interstate 40. Un arrêt essence à Thoreau à la station Giant. Cigarettes, whiskies et p’tites pépées lascivement étalées sur papiers glacés sont vendus au comptoir. De l’abstinence texane nous basculons dans l’exubérance. La route change. Des mesas colorées se posent, s'exposent dans un décor minéral. Impassibles sous le vent guerrier, magnifiques de stoïcisme. Des passereaux ne peuvent s’envoler. Ballotés comme des fétus de paille, ils retombent à une distance misérable de leur point d’envol.


Gallup, capitale des indiens

Dans quelques miles nous arriverons à Gallup, la mythique capitale du Navajoland. Ici se déroulent en août les cérémonies intertribales des grands rassemblements indiens, les Pow Wow. Les terres Navajos sont les plus grandes réserves et ceinturent les minuscules terres tribales Hopis, Zunis, Apaches, Pueblos. Des fresques aux couleurs du ciel et soleil, dessinent les histoires amérindiennes.

Hommage rendu aux Navajos durant la seconde guerre mondiale. Durant le conflit, près de 400 Amérindiens navajos ont combattu dans le Pacifique en tant que "code talkers". Basé sur la complexité de la langue najavo, tonale et non écrite. Le code navajo attribuait par ailleurs un mot indien pour chaque lettre de l'alphabet latin. Code que seuls les initiés décryptaient.

Les trading-post, anciens comptoirs d’échanges de nourritures, artisanats, peaux de bêtes s’étalent tout le long de la route face à la voie ferrée.

Les interminables trains composés de 3 locos tractant plus de 180 wagons, poussés par d’autres locos en queue traversent la ville, mugissant aux passages à niveau, jours et nuits, comme de monstrueuses chenilles d’aciers.

 Les trains longs comme des lundis de pluie  

Le légendaire Motel El Rancho. Dans ce superbe saloon, paraît-il qu’Errol Flynn assoiffé, - où est-ce John Wayne ? - entrait dans le bar à cheval. Le motel conserve tout son prestige aux yeux des touristes. Le grand saloon flanqué de deux immenses escaliers de bois renferme les secrets des stars hollywoodiennes. Une grande fresque indienne, très belle, très colorée se dévoile dans cette douce luminosité.

Fin d’après midi de mai au Nouveau Mexique, un motel vieillot de la Route 66. Le vent abandonne la ville déserte, et s’enfuit vers l’ouest. Où tombe le vent lorsqu’il disparait ? A quelques pas, sur la Route 66, moins historique, moins chic, moins cher que l'El Rancho, l'El Capitain Motel. Il est un peu défraichi, fané, propre mais conserve un charme certain. La chambre est simple, les murs blancs, les encadrements de bois de la porte et fenêtre à petits carreaux peints de rouge incarnat.

Avant de déguster le fameux bourbon tord boyau de Grants, nous partons en quête de quelques provisions au Dollar General, hard discounter. Achat des rituelles provisions de route, eau, cookies, bœuf séché, cheddar, et autres quelques babioles sous le regard scrutateur du Muffler Man, le cow-boy perché sur son toit.

Quelques années plus, c'est dans ce même motel que je me refugierai un soir de pluie. Tempête de sable où pluies torrentielles, le motel refuge est aujourd'hui définitivement fermé.

New Mexico, ce supplément d'âme à l'Amérique.

Nous quitterons le Nouveau Mexique à regret. j'y reviendrai quelques années plus tard, avec le même plaisir d'être dans ce pays de rien aux paysages escarpés, sous des ciels de mauve et d'azur. Là où les lézards capture l'éclat du ciel, où le mystère de Roswell plane encore dans nos esprits, où une ville porte cet étrange nom de Truth or Consequences - vérité où conséquences -.

La minute US by Diego : Des stations-service 4 étoiles


N’hésitez pas à vous préparer vous-même un cappuccino ou toute autre boisson chaude, avec sucreries, chamallow, miel, paille, serviette, couvercle pour un prix dérisoire. la station-service propose en self-service tout ce qu’il faut pour votre en-cas ; vous pourrez coincer le gobelet XXL sous le tableau de bord, dans l’endroit prévu à cet effet et déguster votre drink tout au long de votre trajet.

8

Lupton - Topock - 405 miles - 652 km

Arizona. "zone aride". La Route s'enfuit, s'envole. Elle prend de l'épaisseur, du charisme. Aucun obstacle ne l'arrête. Elle file dans les terres brulées et cactus à perte de miles. Elle est celle de nos fantasmes, de nos rêves absolus de liberté, flotte dans nos illusions. Ivresse du désert cinémascope, de l'infini. Nous traversons des Terres indiennes désolées. Pauvres, si pauvres.

u

La renaissance de la Route, c'est ici, en Arizona. L'homme se nomme Angel, comme un présage. Il nait en 1927, avec elle, la Route, et grandit avec toute l’activité de son temps. Il voit la Route se développer, son village s’étendre, des motels, des diners, des boutiques. Le trafic effréné des camions et berlines. Il voit aussi la Route s’éteindre dès que l’autoroute déverse son bitume à quelques miles d’ici. Il verra du jour au lendemain tout le trafic de la ville réduit à néant. Les cafés se fermer un à un, les gas-stations désertées. Les habitants fuir vers d’autres emplois, d'autres villes.

1986 - Angel et deux compères créent une association de préservation de la Route. D’autres vont suivre dans tout le pays. Il est l'instigateur de la renaissance. A 95 ans, le vieil homme et Vilma son épouse veillent dans leur gift shop de barber à Seligman.

1987 - L’état d’Arizona offre la distinction de ’Historic Route 66’ à la portion de l’US 66 de Seligman à Kingman. ’Route’ en français ! et pourquoi en Français ?

Petite leçon. "Route" en américain est un itinéraire, comme la 66, la 61. Elle est road hors agglomération et street - comme la Main Street - dans les villes. Elle est Route dans son ensemble.

Un horizon immatériel perdu dans les brumes d'ondes de chaleur. Les petits matins sont parfois frais. Rien ne dure, le soleil magnifique enflamme la Terre affamée, assoiffée. Nous pouvons rouler longtemps sans déceler la moindre activité humaine. Des cabanes abandonnées aux herbes qui roulent. Un train glisse sur les rails. Je compte les wagons comme des moutons, 77, 78, 80, 87 et je m'endors.

Arizona - Mai 2010

Mais après Lupton, la route s’évanouit. Nous rejoignons l’Interstate 40. L’ennui. Alors j'égrène les rencontres de la matinée. Un cheval claudicant sur la route, un chien indéterminé coyote ou chacal.

Nous abandonnerons pour un temps la 66, pour les paysages fantasmagoriques de Painted Desert.

Petit détour d'une vingtaine de miles pour Petrified Forest National Park et Painted Desert.

Moyen détour à partir de Chambers, de 65 miles pour rencontrer La légende de la Femme Araignée et des ruines Anasazi du Canyon de Chelly.

Grand détour de 200 miles au Nord, les Terres rouges et buttes sacrées de Monument Valley.

Monument Valley ,Canyon de Chelly, Petrified Forest et  Painted Desert

https://www.myatlas.com/TerreDeSienne/arizona-dreams

Holbrook par l’Old Highway 66 et les fameux tipis en béton armé du Wigwam Village Motel. Le motel est classé monument historique depuis 2002. Devant chacun des 16 tipis, une belle américaine d'une Amérique en pleine croissance suggère une photo.

Les tipis sont de béton, conçus pour des poupées. Alors, comme Alice aux pays des merveilles, nous adaptons nos pas de géants. Deux petits lits recouverts de plaids indiens, une micro table et micro chaise, une mini fenêtre. Dans la minuscule douche voutée, les microscopiques wawas sont si bas qu’il faut s’accroupir. Arrêtez-vous pour une nuit, au moins pour un safari photos.

Exception faite de New Mexico, les soirées nocturnes des USA n’ont pas le romantisme de nos belles cités d’Europe. Il ne subsiste aucune ruine, château fort, quartier baroque au clair de lune. Seules les falaises et gouffres portent des noms de légendes. Ce soir, le ciel étoilé est en fête. Une lune rousse inspire comme une enseigne intergalactique. Le vent s'attarde un instant, se pose doucement sur ce petit monde.

« La Cantina », un restau mexicain, fait de voûtes soleil et abricot, d'une franche nourriture et de vin rouge au tanique. Le soir, Diego fait tomber des Bubble-gum pour le plaisir d'une fillette de conte d'Andersen.

Une artère désolée et désolante, bordée de néons, fast food, un Dollar Family et un Safeway. 22 heures, la caissière nous fait signe d’entrer. Diego achète trois oranges, des pinces à linges méga XXL et constate un rayon d’alcool à damner les mormons de l’Amérique puritaine pour 20 générations. Au moins.

Encore des photos des fresques murales et nous retrouvons la 66 pour peu de temps, fermée pour cause d'abandon.

Joseph City, une des premières colonies des Saints des derniers jours, autrement dit les mormons. Peu de choses à voir dans ces rues désertes aux jolies maisonnées de bois et de sages jardinets. A la sortie de la ville, une drôle de Betty Boop peinte sur le mur. A une station essence, à la recherche de la 66, un « crazy cyclist » japonais, carbonisé à point. Il explique qu’il a perdu un pari et cela l’engage de faire une partie de la Mother Road à vélo.

Un tronçon la route capricieuse et encore un « Road End ». Est-ce ici qu’un superbe rond-point a été fait juste pour nous remercier de notre visite ? Route sans issue, impasse, cul de sac, la 66 se décline de toutes les facettes d’une chronique de mort annoncée. Le jeu du chat et de la souris. Autoroute - Route 66. Sortie d'autoroute, chemin de cendre sous un ciel disloqué. Aucune indication. La voie ferrée est ici, quelques plaques de bitumes sortent de terre comme des zombies à Halloween. Nous espérons la retrouver un peu plus loin. Ne pas retourner sur l'Interstade. Pas déjà. Une autre solution est faire la 66 à pied, où à vélo, et vagabonder pas à pas dans sa trace.

Interstade. Sortie 257 - Le traiding-post Navajo est fermé. En contre bas, de petits cailloux blancs forment d'étranges signes dans le lit asséché de la River Little Colorado.

A nouveau l’autoroute jusqu’à Winslow. Il faut s'aventurer dans la ville endormie pour découvrir l’authentique et tant recherchée empreinte "ARIZONA Historic 66" peinte de blanc. Sublime bonheur mégalo, pour Ze Picture sur fond de ciel bleu cristallin.

Un couple de touristes américains obèses et vêtus de rose nous hèle. Ils ont entendu parler français. Ah ! le français, langue merveilleuse, attirante comme du miel. Bien maladroitement Diego explique que nous venons du nord-est de la France à la frontière allemande. Pour les américains, la France est divisée entre Paris, la Normandie et la Cote d'Azur. Leurs visages expressifs miment le questionnement. Avantage de ne pas parler anglais, je vais au plus simple et dis simplement "Champagne ! ". YEEEH ! Okay fait la femme ravie " !

Luxe, calme, et volupté dans la fournaise du jour. La Posada à Winslow est un hôtel de style colonial espagnol d’une beauté captivante. Une oasis de plaisirs et d’enchantements. L'air est frais et pas glaçant. A travers volets clos, la lumière blanche de midi se fait douce, merveilleusement enveloppante. Cocon est la Posada. Je crois que nous sommes seuls à glisser lentement entre les meubles de bois. Odeur de cire, odeur d'antan. Je voudrais m’arrêter, me poser, me transformer en lézard ou hibiscus, et ne jamais plus en bouger. La Posada se situe entre hôtel et musée, dans une frontière d'ombre floutée.

Au dehors la chaleur écrasante du soleil d’Arizona semble éternelle, rassurante. Le paysage se désertifie, sans attrait, ni saguaro, ni sierras. Un grand désert morne. Des motos, des camions, des mustangs nous doublent. Encore un « crazy cyclist cramé » et un train immobilisé. Le Canyon Diablo.

Twin Arrow, l’ancien traiding-post de la 66, est aujourd'hui fermé, oublié, abandonné. Les deux flèches jumelles se sont refaites une beauté en 2009. Si le terrain appartient à l'Arizona, les bâtiments reviennent à la tribu Hopi. Comble du désert, nous ne trouvons aucun endroit où s’arrêter et grignoter un morceau. Le désert grillagé est en cage.

 Twin Arrows

Après Winnona, la nature s'amuse, verdit et sourit de l'ombre des sierras, San Francisco Peaks. La jolie cité de Flagstaff, étape de la Route 66 et bien connue pour son hôpital accueillant tous les malheureux randonneurs, grimpeurs, bivouaqueurs, touristes malheureux ou imprudents du Grand Canyon et de ses environs.

Pile sur la 66 entre Interstate et chemin de fer 

Bordée de motels, la 66 serpente sur une petite route de montagne et soudain la belle s’évapore. Nous revoilà sur l’I40, sans comprendre à quel moment l’Old Road nous a largué. A Bellemon nous la retrouvons, la traîtresse. Bitume d'époque. Interstade à droite, chemin de fer à gauche. Au centre, la Sixty-six. Nous marchons dessus comme un gros scarabée sur une écorce d'arbre mort. Avec respect, regardant nos pas, l'imaginaire des années 70 en flash-back.

A Flagstaff existe le Museum Club, une grosse cabane faite de rondins de bois, emplie d’animaux empaillés et de souvenirs de la 66, club de jazz et country, étape mythique de la Route. Pas de chance, le Museum est clos ce dimanche après-midi.

Nous irons donc boire un verre au Charly’s Historic Hotel WeatherFord. Bel hôtel classé et excellent blues. Notre flegme s'installe au balcon du second étage, une Corona à la main - qui à l’époque était encore une marque bière -. La ville est à nos pieds, les montagnes en arrière plan, les forêts environnantes. Le bonheur sans concession.

Petit détour par 30 miles cap au sud pour Sedona. Ses randos dans les roches pourpres, ses vortex et sa Chapel of the Holy Cross, ses gifts.

Falgstaff mérite une chouette halte. Hélas nous sommes resté qu'une nuit. Pourtant elle mérite bien plus, son ancienne gare restauré en Visitor Center, ses trois Muffler Men, ces fameux géants hauts de trois mètres. Mais surtout Flagstaff se joue des codes US et flâner en ville devient enfin sympa, entre jolies places ombragées, shops, restaus et bars. Les sommets de Pics San Francisco et forêts tempèrent la fureur du désert. Sans oublier que cette cité est idéalement située géographiquement.

Nous arrivons à Williams par le « Westbound » - en direction de l'ouest -. Shopping. Charmant, désuet, suranné. C’est dimanche. Flash-back des années 50, 60. Trompe l’œil de ciné en plein air avec Elvis. Plus loin James Dean et Marylin. Achats de T-shirts, mugs. Rencontre avec le sheriff, un Terminator de la ville. Un géant avec qui vaut mieux être sympa. No problem, je suis une gentille fille.

Direction Mac Connico par I-40 jusqu’à la sortie 44. Des voitures épaves, des belles retapées, relookées. Ce qui est drôle, est que nous photographions tout. Ou presque. Une carlingue rouillée en France ne mérite pas une once de notre attention. A croire que la Route 66 possède le pouvoir étonnant d'alchimiste, transformer la rouille en or.

Nous continuons par « l'Eastbound », puis la I-40, exit 161 jusqu’à Ashford, et exit 146. Toujours la I-40 via l’exit 139 pour Seligman. Au pays d’Angel. Plus kitch tu meurs, mais, c'est le pays d'Angel alors RESPECT. Encore des photos à profusions avant de s'asseoir dans le fauteuil du sauveur. Angel vit toujours, à 96 ans. Le barber exerçait encore son métier en 2014. Aujourd'hui, je l'ignore mais ce que je sais est que le soleil et la passion protège les âmes inspirées.

2010 et 2014

Nous reviendrons quelques années plus tard, la ville ne semble pas vouloir bouger. Quelques mannequins se sont fait la belle, le vent ébouriffe des nuages. Seul le soleil semble de bonne humeur en 2014.... mes cheveux ont poussé - ! -

Angel grandeur nature en carton pate et poudre de poussières sixties.

Petit détour pour la rive sud du Grand Canyon avec le Grand Canyon Railway - ou simplement en voiture environ 55 miles. Si vous prenez le petit tchou tchou, réservez un hôtel pour la nuit et ainsi profiter d'un des plus grandiose panorama de la planète.

Traversée de Peach Springs au cœur du territoire indien Hualapai. Nous longeons la voie ferrée, faisons encore la course avec un train de marchandises. Je m'endors à 91 wagons. Arrivée à Valentine. Des nuages chamallow surfe sur un plafond de verre.

Plus loin une horde de bikers de 18 Harley. Des chiens de prairies traversent en couple. Et Hackberry. Juste un vieux patelin nourri de tôles ondulées. L'image parfaite de la 66. Un désert, une gas-station relookée pour touristes nostalgiques. Photogénique en diable.

Le général store, vieilles voitures, portes rouillées grinçantes, vent chaud du désert, cactus immense. Ambiance intacte. Nous arrivons à Kingman. La première fois par un dimanche après midi. La ville est comme toute les villes des dimanches. Endormie et léthargique. Dans un café, nous commandons un expresso et une pie - tarte -. Le café est plus sec que le désert. Sans eau. A humer. A sniffer.

Kingman, une autre petite ville fort sympathique. Une étape indispensable. Elle était la dernière escale des pionniers avant de franchir les Blacks Mountains, dernier bastion avant l'or de Californie.

L'aube est chagrine. Qu'importe, le soleil d'Arizona secoue ses rayons, des flammèches jaunes orangées, diffuse sa clameur matinale. Valises, breakfast, les habituels préparatifs des petits matins faits, nous quittons l’hôtel direction Musée de la Route 66. Juste avant, nous nous arrêtons pour acheter des timbres à la post-office, typique avec toutes ces jolies boîtes postales de bois. Puis le musée. Des représentations de scènes de la ruée vers l’or, des maquettes. Le vieux gardien passionné nous guide dans un minuscule cinéma. Nous sortons de la pénombre saluer le Soleil en grande forme. Une Cadillac rose bonbon surgit de nulle part. Les feux rouges gazouillent.

Trainer un peu à Kingman, mais pas trop. La Route nous attends, nous appelle, s'impatiente. Elle nous offre la liberté, dans l'espace et les montagnes, les premières mines d'or, cimetières et burros.

Enfin un nouveau paysage cabossé, difficile, rude. Une sentinelle de cactus cholas défie des falaises austères. Au détour d'un virage, un jardin de croix de bois et fleurs plastiques paressent dans une sagesse infinie. Ce cimetière si tranquille est le dernier refuge de nos plus beaux compagnons. Des chats, des chiens.

A l’horizon les Blacks Mountains. La Route entame une série de virages dans le Sitgreaves Pass jusqu’au col. Un paysage semi désertique sur l’autre versant. Peuplé de cactus, caravanes nomades et quelques boutiques à touristes. La Goldroad, « la route de l’or » ancienne mine d’or protégée par des barbelés.

Un cimetière dans le Sitgreaves Pass

Des virages en épingle, des sections étroites, un paysage de solitude. Située au cœur des Black Mountains, rejoindre Oatman se mérite. La ville abritait la plus grosse mine d’or d’Arizona. Elle était un passage nécessaire et dernier obstacle avant la Californie.

Cool Springs, la gas-station - Sans gas - s'abime dans la solitude du désert. Restaurée en 1999 pour le film Universal Soldiers.

Oatman, Les ânes - les burros - se baladent dans la rue principale, en quête de carottes vendues aux touristes amusés. Anes choyés aujourd'hui, descendants des bêtes de somme, les ânes de travail des mines. Quelques ânons ont un post-it entre les oreilles « no carotts » ! Un saloon recouvert de dollars, des façades en bois, un sheriff. La Route domine le Colorado et rejoint, après Golden Shores, la ville frontière de Topock. Déserts et lointaines montagnes nous guident.

Les stations-services sont rares. 50°, nuance de chaleur l’été. Pour nous en cette fin du joli mois de mai c’est 77°F environ 25°C. Il est plus sage de prendre la I-40 pour traverser Needles.

Auprès de mon âne, je vivais heureuse....

Nous quittons l’ I-40 à la sortie Las Vegas - si l’envie vous prend de vous marier et flamber au casino à Vegas, par ici la sortie - .

Nous Vegas, non merci, plutôt direction Goffs et Fenner.

Ultime bourgade de la Route en Arizona.

La minute US by Diego. A table !

- Le verre de bienvenue. Au restaurant, le serveur commence systématiquement par vous déposer un grand verre d’eau rempli de glaçons pour patienter ; à la vôtre !

- Nul besoin de réclamer, on vous apportera "the bill" souvent avec le plat en vous précisant que rien ne presse mais que vous pouvez payer et partir dès votre dernière bouchée avalée ; le dessert et le café ne sont pas des us et coutumes US.

- Les tips. Attention, si vous payez par carte bancaire, de nombreux terminaux de paiement vous proposent de choisir votre tips en cochant 15%, 20% ou 25%, ou no tips en petit, comme « continuer sans accepter » ; n’oubliez pas enfin d’inscrire en bas de votre ticket lors de la signature le montant total que vous acceptez d’être débité.

9

Needles - Santa Monica 309 miles - 497 km

500 km de bitume à travers le grand désert Mojave, de poussière, de villes fantômes. L'odeur de l'iode, de l'océan flotte dans l'air rapicolant de l'aube. Comme en Arizona, c'est bien ici, que se réalise le rêve ultime de la Route 66. Belle. Droite. Désirable sous le ciel bleu et blanc. Nous traverserons des cités mortes de l'âge d'or, de l'or, du rail. Nous verrons des arbres à godasses, un school bus filer dans l'immensité de la solitude. Et des trains d'une heureuse nonchalance, comme seule alternative à ce désert monotone. L'écorce de la Route se peaufine, elle a vu du pays ! Rien, absolument rien n'entache sa folle destinée vers le Pacifique.

Pour nous, ce sera seulement en 2014, après un mariage éclair en drive limousine à Vegas que nous toucherons bout de notre rêve. Le The End of the trail 66 à Santa Monica.

Depuis le temps que nous la suivons, la 66 est devenue une vieille amie. Parfois, je lui parle. J'aimerais tant qu'elle me réponde. Me raconte. Depuis le temps que dure ce - ces - voyages nous sommes parfaitement bien, là où il faut être. La peau bronzée, le Levis 501 saupoudré d'une belle poussière Mojave. Les Cloches de l'enfer d'ACDC sera l'intro du jour.

C'est un matin de sucre, de soleil et de vent tiède. La 66 étire ses formes distendues et argentées dans un futur incertain. Nous sommes seuls. Une tortue traverse, l'espoir chevillé à la carapace d'une laitue tendre et juteuse de l'autre côté du tarmac. Jolie petite tortue ne trouvera que lézards et sècheresse. Nous la regardons passer, et repartons.

De pauvres hères roulent à contre sens. "Hey gringos ! l'Océan est derrière vous ! ". Ai-je envie de leur hurler. A Chacun sa Route. Certains vont vers leurs rêves, d'autres leurs tournent le dos.

Nous longeons la voie ferrée. Et comptons encore les wagons des trains. Traversée de Danby, Chambless. Les noms laissés par nom alphabétique d'Ouest en Est par les employés de la ligne Sante Fe. Amboy, Bristol, Cadiz, Dandy, Essex, Goff, Homer, Ibex, Java.....

Sur la route encore un crazy cyclist. 77° F. Sans arbre où accrocher son regard, sans un répit d'ombre, le vent ricane. Des miles et des miles de lignes éperdument droites. L’horizon c’est la Route. Pas de salut. Aucune issue. A droite, à gauche, du désert, cactus, scorpions et serpents. Qui sont ces allumés du bocal ? Des repentis ? Paris insensés ? Punitions divines ? Suicides lents et douloureux ? Encore pas de réponse.

Plus loin des amas de terre, des prénoms inscrits avec des cailloux.

Les traces éphémères des voyageurs de la 66 ? Les crazy cyclist sacrifiés sur le bitume? Parfois une croix. De l’autre côté de la route un arbre à godasses. Que des baskets. En paire ! Des foutues, des sales, des neuves ou presque, aussi. Plus loin l’arbre à chaussettes. Passager de la 66, fais une offrande à la Route avant que la Route ne t'offre à l'oubli.

Story d'une Ghost town. Amboy

Que serait le désert sans ses villes fantômes ? Un champagne tiède sans bulle. Un bluesman sans blues. Un chat sans moustache. Les histoires ne changent guère. Une rumeur d'or, une ville champignon pousse. La mine s'éteint, la ville s'enlise dans ses rêves de poussière et dort. Une autoroute fait le même travail de sape.

Amboy, est ZE bled de nos fantasmes, à deux heures de route de Las Vegas et trois de Los Angeles. Une ghost town de quatre âmes est-elle vraiment fantôme ?

1858. Naissance d'Amboy au milieu de rien. La construction du rail, quelques maisons de bois, et quelques bars. Amboy s'ennuie sans doute un peu. Mais la Route 66 dépose son tracé comme un cadeau de Noël. Roy Crowl ouvre son motel Roy's en 1938.

Entre Needles et Barstow près de 200 km de désolation. Le Roy's est un sanctuaire. De l'essence, un repas chaud et même un lit dans un coin. Roy, son épouse, son gendre créent des bungalows et un garage. Un service non-stop. Amboy grandit, 700 âmes, une école, au plus haut de sa gloire.

En 1972, l’I-40 vise droit le cœur d'Amboy. Touché ! La ville agonise et meurt comme toutes les villes de la 66. Les voitures, camions, bus s'engouffrent sur le bitume à peine sec de l'interstate. Adieux jolis motels et belles balades à Amboy Crater.

Roy Crowl meurt en 1977, le motel est racheté par Burris et vivote tant bien que mal. Les enfants ne jouent plus dans la cour de l'école abandonnée. 1995, Timothy White, photographe loue la ville pour des tournages de films. Le désert est fantasmagorique, photogénique. Les bâtiments à l'abandon splendides. L'homme rachète la ville en 2000.

Mais l'esprit de Roy et plus tard de Burris ont fui Amboy. Prix de l'essence astronomique, horaires aléatoires, accueil ronchon de vieux loup de mer. En 2003, vente sur E-Ebay pour de 1,9 million $. Point d'acheteur à ce prix. Mais pour une poignée 425 000 dollars cash à Albert Okura, le richissime mécène, patron de fast food et du premier Mac Donald's transformé en musée à San Bernardino. Okura veut créer un musée, rouvrir les bungalows, amener l'eau potable et l'électricité.

En 2019 le néon fantastique de 20 mètres de hauteur, emblème de films glaçants, clignote à nouveau dans la nuit. Attraction. La station-service est fonctionnelle, dissuasive. Une œuvre d'art. Toujours pas d'eau potable. Le motel servira pour des expositions.

En 2010, j'écrivais

Je voudrais m'arrêter chez Roy's, à Amboy. Ne plus repartir. Vivre. Chaque jour pareil aux précédents. Sans passé. Sans avenir. Sans question. Sans projet. Etre au milieu du désert. Servir les trop vieux bikers. Ecouter leurs histoires, de l’Est à l’Ouest. Voyageur, contes-moi tes aventures. Je me repose un peu avant de reprendre la route, celle qui mène à l’Océan, à l’Ouest, à San Francisco. Parles-moi du vent, de la poussière, de la mode des chansons d’aujourd’hui moi qui n’écoute plus que de trop vieux blues. Racontes-moi l’immensité. Un biker avec une longue, très longue barbe blanche, tout tordu, tout foutu, hors d’âge, sosie de Gandalf le Magicien, s’envoie sa Beer 66. Fascinant Amboy.

Amboy, ce nulle part où Harrison Ford posait son Cessna entre deux claps d'Indiana Jones.

Nous reviendrons quatre ans plus tard. Tout semble à l'abandon même si le café est ouvert. Celui que l'homme me sert est anémique. Avec beaucoup de sucre, de lait et d'imagination il donnera l'illusion d'une boisson éthérée. Pas d'expo mais des barbelés. En face, la Post Office et son drapeau US. Nous nous envoyons une carte, elle nous arrivera trois semaines plus tard matinée de mirages Mojave.

Ambiance et sources

https://www.liberation.fr/voyages/2020/01/31/amboy-ex-ame-des-fifties_1776491/

https://www.youtube.com/watch?v=BR_DFMUzX4E&t=70s

Film -The Hitcher (de Robert Harmon en 1986) -Kalifornia avec Brad Pitt (1993)

2022. J'écris ces quelques lignes sur Amboy, ce patelin paumé, c'est rien de le dire. La vie dans le désert semble être une fête pour chaque petit détail. L'enseigne allumée attire des curieux, des photographes. C'est justement parce qu'il ne se passe pas grand-chose que chaque chose est essentielle. Merci, bravo et longue vie à tous les rêves absurdes des cinglés, utopistes. Des diables de poussière danseront toujours dans le vent.

AMBOY EN 2014 

Un croisement. Crossroad comme dans les films de deux routes infinies, quatre directions. Personne. Des boites à lettres perchées sur leur unique pied comme des marabouts. La voie ferrée, un train d’une centaine de wagons et trois locos diesel. Un soleil de silence au-dessus de nos têtes. Goff, ancienne ville de bois. Une ruine à vendre. La maison ouverte aux quatre vents sera encore en vente en 2017 chez Century 21. Quatre planches de bois, quelques scorpions d'ambre règnent sur le domaine.

Où sont les habitants? Il n’y a pas âme qui vive. Des boites à lettres et quelques maisons de contreplaqué. Ni commerce, ni voiture, ni enseigne, ni chien pelé aboyant ou fuyant. Etrange lieu, curieuse atmosphère de ces villes vidées où endormies..

Ludlow. Encore des miles de lignes droites sans chien, ni coyote, ni bip bip. Une ville fantôme. Une autre. Moins inspirante que Amboy. Il ne suffit pas d'être abandonnée pour entrer dans la légende des Ghost town. Sans histoire, sans supplément d'âme, les maisons de bois et de rouille s'effondrent sans bruit.

Road Closed. Pas d'autre alternative que de rejoindre l'Interstate jusqu'à la prochaine sortie. Newberry Springs.

Bagdad Café

Bagdad, c'est ici. Pas d'indication, le café un peu en retrait. Voyageur, sois attentif car tu peux aisément passer ton chemin sans jamais t'arrêter. Le film de Bagdad Café a été tourné plus loin, le café a été déplacé. L'Airstream de Jack Palance, est bien là, ouverte aux messages et rumeurs du jour. Si Bagdad Café est sur les circuits touristiques, nous avons une chance inouïe d'être seuls. Le dernier bus vient de partir. Il file sur Los Angeles ou Las Vegas larguer sa cargaison de touristes pressés. Il est en retard. La poussière le poursuit, le chasse et s'apaise.

Dans le silence chéri, un clébard bien gentil remue la queue. Le soleil joue aux échecs avec les nuages, blancs et mat.

https://www.youtube.com/watch?v=oCLpLWcX2cg

Derrière la porte du café. Oh temps suspend son vol ! Instant magique où l’on traverse le film. Tout est intact. Le piano, le thermos jaune, le juke-box, les tables sont juste disposées différemment. Gentiment la patronne nous met « Calling You »... Gardienne du café mythique, elle nous fait partager son plaisir simplement. Nous prenons place à table du fond. Celle de Jack Palance. Je m’attends à le voir surgir. Il n'est pas venu et nous sommes repartis.

Le film mythique, tourné en 1988, a rendu célèbre ce café. L’endroit reste intime. Un livre d’or. Sur un mur des dédicaces de voyageurs, des T-shirts Super U et Leclerc. Hum hum... no comment.

Dédicace dans le livre d'or « Isabel et Diego, 25 mai 2010 », et avec cette erreur, puisque nous sommes le 24. Ironie du sort. Magie du voyage. Nous reviendrons à Bagdad.. le 25 mai 2014.

Dehors, les deux Air-stream. Il n’y a ni grand réservoir d’eau ni station essence. Le motel est désaffecté. Bagdad Café, c’est de l’émotion brute de brute. Du concentré de bonheur.

Sur la ’Ballad of Lucy Jordan’ de Marianne Faithfull, la route s’achève. Un panneau Closed Road ! Fin de l’échappée belle ? Sommes-nous au bout du monde ? Nous recherchons Calico.... une ghost town. Même fantôme, impossible de la louper. C’est écrit sur la colline comme Hollywood. Le vent emporte les herbes qui roulent. Un plancher moribond, deux rocking-chairs, des portes aux symphonies dissonantes. Honnêtement Calico est une ville non pas de fantômes mais de touristes. Je crois que les âmes damnées se sont fait la belle dans le désert. Très loin de notre bruyant regard.

Arrivée à Barstow. Fin du désert Mojave. Retour à la civilisation du XXIème siècle. Fin aussi de l'Interstate 40. Nous passerons la nuit ici. Quelques provisions, le plein d'essence, un Safeway reste ouvert de 6 heures à 22 heures.

Nous déposons nos rêves dans un motel de la Route 66. L'horizon embrase le désert. Déjà envie de fuir la ville. A peine le temps d'une douche que le soir se pose. Nous marchons vers les murs peints, stories des trappeurs. Cartes de Mormon trail, de la Spanish Trail et la Route 66, of course ! Peintures de chasses, portraits d'Indiens. Pourtant dans ce centre refait à neuf, des locaux demeurent vides. Le Roy's - un autre - est clos comme son frère du désert.

Diner dans un diner ( prononcer "daïner") , le Mr.D'z. Pour l'ambiance, pour les banquettes de sky roses et bleues.

Ne pas se fier aux apparences. Le Roy's Bar semble bien délaissé malgré un bel aspect extérieur.

Un arrêt à Victorville. Pour sa fresque noire et blanche sur fond de bleu de Californie. Son musée Route 66. Un bric à broc d'objets fifties chouchoutés comme une portée de chatons par l'association Route 66.

Mais déjà la Route coule vers sa destinée océane, oubliant le désert, ses lois et mystères. Déjà la Route nous fausse compagnie. La fin du voyage est si proche.

Des "historic route 66" sèment d'écussons le macadam de légende. Les tipis du Wig Wam Motel de Rialto, n'ont pas le fifties de ceux de Holbrook.

Bottle Tree Ranch, la story d'un vieux bonhomme au look ZZ Top. Elmer Long. Collectionneur, bricoleur et tout plein d'idées sous son chapeau râpé. 2010, Elmer créa un jardin au 24 266 - bin oui - de la Main Street. De fer et de verre, poétique et photogénique à souhait. Arrêtez-vous dans ce drôle de jardin extraordinaire. Elmer n'est plus depuis 2019 mais ses bootles résonneront encore longtemps.

Il vous suffit de pousser la grille - rouillée - et donner ce que bon vous semble.


Une ancienne station-service et Bono's l'Orange.

Au 15395 Foothill Boulevard in Fontana était le restaurant Bono's Historic Orange définitivement fermé. Le définitif est un concept abstrait. Il aurait été déplacé, repeint sans Bono's. L'orange garde la pêche !

Elle coule comme un fleuve vers la mer. Soixante-quinze miles - 121 km - de San Bernardino à Santa Monica. Quelques rares ondulations entre les rives des quartiers riches, pauvres, populaires, mexicains. Sans émotion. Pour elle aussi c'est la fin de l'aventure. Elle nous contraint à ralentir à chaque feu rouge, chaque croisement. Elle nous retient comme de vieux amis. Honnêtement, il ne se passe rien d’exaltant sur cette fin de route. La Route perd sa majuscule, se mue en route lambda. Comme des junkies en manque, nous cherchons sa trace. Juste un indice. Un seul. Que le voyage continue. Encore une danse ! Parfois, en levant les yeux, un "historic" capte notre frénésie de 66. Alors, Diego s'arrête sur le bas coté, je saute de la voiture prendre une photo. Et repartir jusqu'au prochain signe.

Disséminée sur quatre roads trips. La Route est longue. Elle trimballe sur son macadam ses 4 000 km, ses trois fuseaux horaires, son histoire, ses pays sages et folles balades. Elle minaude, traîne, ne veut atteindre l’océan. Ce END final.



La minute US by Diego Le piéton roi. Respect

Trop peu d'automobilistes français respectent le droit des piétons. Ils s'arrêtent ou redémarrent en nous rasant les fesses. Aux USA, les automobilistes vous guettent et anticipent l’arrêt de leur véhicule 5 à 10 mètres avant vous, sur un passage piétons ou non. Ils ne redémarrent jamais avant que vous voir sur le trottoir en sécurité. Le code de la route américain punit-il très sévèrement un renversement de piéton ?

Plus besoin de se coller au volant aux feux : Les feux de circulation se trouvent après les carrefours ; ce qui est nettement plus pratique et visible pour redémarrer lorsqu’ils passent au vert.

10

Santa Monica. Juste un panneau pour une photo. Peu de monde aujourd'hui. Comme j'aurais aimé tamponner mon passeport comme à Ushuaia ! ....

Nous y sommes. Au bout de la Route, au bord de l'Océan. De ce road trip improbable, ce pari fou de fêter les 50 ans de Diego sur la 66. Je ne remercierai jamais assez ses copains de se débiner. Merci les gars ! Grâce à vous, et de joyeuses coïncidences, nous sommes partis encore et encore sur ces routes de légendes.

Je ne m’attarderai pas sur End of the Trail. Je déteste les adieux, enfin certains.

Des romans, les films, musiques, docs il en existe des kilo...mètres. Chacun sa Route, ses diners, rencontres et motels.

Get your 66...


Si vous avez la chance de partir, prenez le temps. Faites la Route comme un Kerouac, un passager, un vagabond, un hobo. Egarez-vous dans les petites villes. Elles cachent des trésors, des empreintes oubliées. Poussez les portes des musées privés, des petits cafés, des emporiums. Oubliez les guides, éteignez votre GPS, connectez-vous à votre sens de l’orientation, offrez-vous de bonnes vieilles cartes routières que vous déplierez au vent sur votre Harley, Mustang ou Cadillac de location. Osez le plaisir de vous perdre.

Si au hasard des chemins un doute ’Ou suis-je ? vous chatouille l’esprit , cherchez une voie ferrée, une autoroute. Si vous êtes pile entre les deux, bingo ...vous êtes ze King of ze road 66.

Et allez plus loin, toujours plus loin. La Mother est plus qu'une transcontinentale. Elle étend ses bras vers le Grand Canyon, Painted Desert, Monument Valley.... La cité des Anges mérite bien le voyage et Sin City- sans doute- aussi. Savourez cette Route. Ne soyez pas pressés, mais voyageurs.

La 66 est tellement plus que des photos devant les motels. Allez au-devant de son âme. Créez votre histoire sur Route 66 comme une amie.

Et pour l'ambiance entre autres

Blues Brothers pour Joliet

Easy Rider

Cars de Pixar

Bagdad Cafe

Rain Main, une traversée des États Unis

Bande de Sauvages tourné à Madrid NM

Hitcher pour flipper à Amboy

Little Miss Sunshine

Route 66, une série US des années 1960 en VO uniquement

Les Raisins de la Colère, une évidence à lire

"Enjoy" nous lancent les américains ! Messages de bonnes ondes, de sourires et confiance. Ok, si les américains ont dans leurs gènes ce coté bon samaritain - un chouilla agaçant - de sauver le monde et voler à votre secours dès que vous sembler hésiter, ils ont aussi ce ravissement au bonheur, à leur destin. L'optimiste chevillée à leur culture. Ce superbe "Enjoy" qui signifie profitez du moment, du jour, de la vie nous donne du baume au cœur. Alors français troquer donc ce "bon courage" plombant pour belle journée, ou bonne chance. Tellement plus fun. Bye bye....

 2010