Je pars un mois en roadtrip en Asie du Sud Est parce que j'en ai marre de travailler (en gros)
Janvier 2023
4 semaines
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J'ai arrêté d'écrire mes blogs (que j'avais pourtant repris) en juillet de l'année dernière. Pourquoi ? Non pas parce que j'ai passé le cap fatidique des 25 ans et qu'à partir de là tout s'écroule mais simplement parce qu'après une superbe échappée en moto en Ecosse, une voiture m'est rentré dedans et a bouleversé ma vie.


Pas de travail pendant 2 mois, pas de sous, beaucoup de dépenses, 2 os cassés, 6 mois de rééducation pour revenir à un état de forme acceptable et 1 dépression pour couronner le tout.


Heureusement comme je suis très forte (et très bien entourée) je m'en suis sortie et au milieu d'un hiver irlandais morne et froid, j'ai décidé de partir voyager pendant 1 mois avec ma copine d'enfance Lara. On s'est rencontré au CP à l'école primaire privée catholique de Chamfleury à Avignon. Je n'y ai fait que 2 ans mais on ne s'est jamais quitté avec Lara. Pour autant, chacune a fait sa vie de son côté si bien qu'on est jamais parties que toutes les deux. Et là, quel baptême...


La maman de Lara a eu un grave accident le 31 décembre 2021 au soir. Depuis plus d'un an maintenant, la vie de Lara a changé et elle est passé par de multiples étapes dont je vous passerai les détails mais dont vous pouvez imaginer les difficultés. Cet été 2022 Lara a décidé de reprendre sa vie en main et de commencer à découvrir le monde. Elle a fait l'Europe en train en interrail, la Turquie en workaway, et quand je lui ai proposé de partir en voyage elle a dit oui.


On a d'abord pensé à la Tanzanie, mais le budget est différent. Du coup, Asie du Sud Est. Moi j'y retourne, elle découvre. Et non content de découvrir, quand je rentre en Irlande elle part au Népal ! Une vraie aventurière.


Je suis à l'aéroport de Dublin quand j'écris ces lignes. Je vole avec Emirates, Dublin-Dubai-Bangkok. Propre, sans fioritures, contrairement au vol de Lara qui est partie hier de Paris, escale de 14h à Francfort, puis Mascate (c'est à Oman) puis Bangkok. Je crois qu'elle est bien arrivée, j'ai pas trop de nouvelles mais comme dit le dicton : pas de nouvelles bonne nouvelle. Sauf peut-être à Bangkok. C'est si grand. Enfin bon on verra.


Mes collègues de travail étaient super excités pour moi. Bien plus que moi d'ailleurs, de mon côté je suis plutôt calme, je ne réalise pas vraiment. C'est aussi peut être le fait que je devais partir 1 mois l'été dernier, en Indonésie et en Malaisie, et que mon accident me l'a empêché. Ça m'a tellement fait du mal que je me restreint de trop m'exciter. Je ne sais pas si ça fait sens pour vous.


À quoi ressemble ma vie actuellement ? Je travaille toujours à Carton House, un hotel 5 étoiles sous la marque Fairmont, et appartenant au groupe Accor. Je suis en charge des formations du staff et du développement durable. C'est ok. Jusqu'à il y a peu j'étais satisfaite, mais là plus maintenant. Je veux me recentrer sur le travail dans le développement durable, toujours dans le tourisme ceci dit, mais là je plafonne à l'hôtel. Ils ne sont pas réellement investis donc je ne peux rien faire vraiment. J'ai semé des petites graines pour aller plus haut, on verra ce que ça donne.

Niveau perso je suis comblée. J'ai des supers amis et je suis bien entourée. J'ai mon copain que j'aime (vraiment de ouf). Une jolie chambre confortable dans une chouette maison. Ma fidèle nouvelle moto. J'aime juste pas le froid et trop de pluie, donc ça va me faire du bien de partir d'Irlande un peu.

Ce monsieur raconte sa vie à des inconnus et les gens sont là "haha. Yes. Hmmm. Oh!"

Je suis à Dubai là, à l'aéroport du moins. Je pensais que j'y avais déjà été mais non, je confonds avec Doha. Dubai (l'aéroport) est GIGANTESQUE je blague pas, de mon avion jusqu'à ma porte d'embarquement j'ai marché 30 minutes, pris un ascenseur un Escalator et un train. Et y a du monde partout partout partout. L'ambiance a changé, en termes de culture : beaucoup d'indiens et de stéréotypes de gens riches, et quelques fois des paumés comme moi. Mon vol pour Bangkok est dans 1h, j'ai quand même hâte pour essayer de dormir. Le vol précédent m'a permis de regarder l'intégralité de la série "White Lotus". C'est ok sans plus. Et dans les avions Emirates le "ciel" est comme ça c'est joli:


J'ai dormi tout mon second vol et j'étais dans un pâté monstre en quittant l'avion. J'arrive péniblement à l'immigration thaïlandaise, et patatras.


Là j'étais dans la queue pour faire la queue

Finalement, c'est passé relativement vite, surtout compte tenu du fait que je n'avais pas d'impératif de temps, je n'étais particulièrement pressée parce que je savais que je devais aussi trouver le moyen d'atteindre mon auberge de jeunesse.


Je ne sais pas si j'ai été portée par les ailes du Saint esprit ou quoi, mais j'ai trouvé un bus navette pour le quartier où se trouve mon hostel juste au moment où je sortais de l'aéroport. 45mn plus tard, j'étais arrivée à Time Sabai, une petite auberge de jeunesse en bord de canal, très paisible et boisé. J'allais y retrouver Lara !




Le canal en question

Je suis dans un dortoir 10 personnes, j'ai un lit à 2m20 de hauteur avec l'échelle la plus verticale et dont les barreaux sont les plus espacés que j'ai vu de toute ma vie. C'est donc très sport pour monter ou descendre, et encore plus quand on a des trucs dans les mains !! Mais la chambre est cool, le lit relativement confort et la douche facile d'utilisation. C'est d'ailleurs là que je me suis précipitée après avoir vaillamment monté mon sac sur mon perchoir. Pas de nouvelles de Lara, mais je suppose qu'elle se promène à l'extérieur et qu'elle n'a pas internet. Je sors donc acheter du savon et des tongs (fascinant je sais).


Pad Thai + mango sticky rice + jus de coco

Je mange désormais mais toujours pas de nouvelles de Lara. Mes messages n'arrivent pas sur son téléphone. Euh, au secours ? Je commence doucement à imaginer Lara perdue dans Bangkok ou kidnappée ou pire et finalement au moment du dessert elle m'appelle : elle dormait... Depuis 7h du matin, après une insomnie. Il était 16h.


Tout est bien qui finit bieeeen on s'en va se balader dans la ville. C'est Nouvel An Chinois alors on va dans le quartier chinois, et je crois qu'on a raté toutes les festivités parce qu'il y a certes une foule extrêmement compacte mais rien de bien intéressant à voir.


Les temples c'est toujours joli même quand c'est made in China

On retourne dans notre quartier, et on se rend à Khao San, c'est une rue blindée de bars et de choses les plus exotiques les unes que les autres. Des locaux circulent avec toute sorte de chose à vendre : bracelets, vêtements, drogues, insectes frits, bières... De la musique très très forte émane de chaque bar (chaque bar diffuse sa propre musique et c'est une cacophonie monstrueuse). On voit des alligators sur des grills dans les stands de street food. Je me fais des tresses violettes. Lara mange des brochettes. On boit une bière et on rentre se coucher, en essayant de se frayer un chemin dans cette rue maintenant noyée de touristes, de bruit, d'odeurs.


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Le lendemain, on a vu d'autres temples et c'est juste incroyable

Aujourd'hui lundi 23 janvier c'était journée découverte et tourisme. On a pris le bus (il faut préciser qu'on a pas internet en dehors de la wifi de l'hostel, donc il faut calculer en avance notre trajet, repérer les transports en commun et espérer que tout se passe bien sur le moment) direction le Palais Royal. Le plan c'était de trouver un bouddha couché (celui de la photo du dessus) apparemment monumental.


En rentrant dans l'enceinte du palais, on nous dit qu'on doit se couvrir les jambes et les bras, et évidemment ils vendent des habits hors de prix juste à côté comme de par hasard. Alors on sort, on marche un peu et on trouve des habits (un peu moins) hors de prix, que j'échoue à négocier auprès de la dame. Tant pissssss


Nous voilà dans l'enceinte du palais. Scoop, ça valait les efforts et le prix d'entrée de 500 bahts (14€, une petite fortune ici !), les bâtiments sont juste sublimissimes, colorés et effilés. On en a plein les yeux.

L'œuvre que vous voyez sur la seconde photo, Lara l'a prise de façon ILLÉGALE car c'était interdit de prendre des photos dans ce musée (pourquoi ?? Les temples ok mais le musée...) du coup vous voyez ça de façon tout à fait exclusive. Waouh. Non sans rire j'en reviens toujours pas de la beauté de TOUT. Et je l'ai pas dit mais la ville, malgré son gigantisme, est très propre et les odeurs sont agréables. Nous passons 3h à déambuler sous un soleil de plomb et entourées de bâtiments magnifiques.


Notre billet à 500 bahts inclut aussi un spectacle de danse thaïlandaise au théâtre royal. Nous nous y rendons via une navette gratuite (scoop, c'est quasi impossible de trouver des choses gratuites en Asie du Sud Est, en fait la navette est incluse dans le prix du billet d'entrée) et nous assistons à un spectacle de danse traditionnelle thaïlandaise. C'était si beau ! Je n'ai pas de photos désolée. Mais les femmes dansent lentement dans des ornements riches, leurs doigts recourbés dans des angles impossibles. Les hommes sautent et tournent autour des femmes. Des danseurs masqués racontent une légende. Des musiciens produisent une musique entêtante en temps réel. C'était un très bon moment.



Interlude nénuphar

Le jour tombe et nous errons en ville. Lara achète des brochettes, et quelques mètres plus loin, j'entends un "HOULA" et je vois sa mine décomposée. "je dois cracher" et elle crache dans un coin, l'air choquée. Elle venait de croquer dans deux piments cachés entre la viande. On a du s'asseoir 10 minutes pour laisser passer l'événement, je sais pas si vous avez déjà croqué dans des piments forts, moi non, mais visiblement elle était au bord du malaise. C'était très rigolo en y repensant ! Suite à ça, pêle-mêle : on a pris le métro (58 bahts, 1,50€), risqué notre vie en traversant un boulevard, visité un parc nul et sans intérêt jusqu'à ce que Lara y voie un varan (lézard géant) pour la première fois et rende la visite valable, puis repris le métro, déambulé le long du marché aux fleurs, puis le long d'une très longue rue. On entend des chants qui ont l'air religieux, alors on tourne la tête : un temple, au coucher de soleil, vide à part quelques habitants qui se recueillent. Le chant passe dans des hauts parleurs donc en faisant le tour du temple, on est dans l'ambiance. C'était un moment magique suspendu dans le temps. On s'est assises quelques minutes, puis retour dans l'artère vivante de Khao San.


On a fait un massage thaïlandais qui nous a donné mal au dos, j'ai mangé un maïs, Lara un pad Thai, on a trié nos photos et organisé les deux prochains jours du voyage. Et moi j' ai écrit ces lignes avant de prendre trop de retard.


Demain, avion direction Vientiane, où je vivais et que j'ai quitté précipitamment à cause du covid en 2020. J'ai beaucoup rêvé (littéralement) de mon retour là-bas. Et finalement, 3 ans plus tard, demain, j'y serai. J'ai hâte.



À très vite
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Non promis je ne parlerai pas que du Subway de l'aéroport Don Mueang qui m'a fait payer mon petit sandwich 333 bahts (9,34€!!!!!). Vraiment promis je ne m'attarderai pas sur le maïs qu'ils font payer en extra. Ni même sur le cookie à 2,50€. On est toujours en Thaïlande allô !


Blague à part, vous l'aurez deviné, je vous écris depuis une table de restaurant à l'aéroport DMK de Bangkok, c'est le second de la ville, il est beaucoup plus petit que Suvarnabhumi (BKK) et du coup les restaurants en profitent pour vous prendre tout votre argent grrrr

Direction Vientiane zéparti

Une fois les émotions passées ça va mieux. Nous avons attendu 2 petites heures notre avion pour Vientiane, Laos, là où j'ai vécu en 2019-2020 avant d'être sauvagement rapatriée par le covid.



Au début le monsieur il a pris ma place hublot mais après j'ai repris ma place hublot

Mais qui filme un décollage entier svp ?? Surtout après avoir volé la place hublot que je convoitais après avoir été attribuée au milieu du rang. Visiblement le monsieur que vous voyez sur la photo. Il a filmé du moment où l'avion roule jusqu'à genre 2mn après avoir décollé. Bizarre. Et après il m'a dit "euh please move and then you can take my spot" ah ben oui volontiers.


Le contraste entre Bangkok et Vientiane est vif : d'une ville agitée, tentaculaire, pleine de bruits et dont on ne voit pas le bout ni le ciel, on passe à une petite ville en rase campagne, rythmée par la musique laotienne un peu niaise, les tuktuks endormis et le trafic lent. Qu'est-ce que ça fait du bien d'y être.


Autre contraste : cette église affreuse et le majestueux Patuxai

Sortir de l'aéroport a quand même été une épreuve en soi. On a vu 3 avions sur le tarmac de Wattay International (VTE). C'est littéralement le flux quotidien de cette capitale d'un pays qui fait partie de la liste des moins avancés au monde... À l'intérieur, pas de wifi, et il y avait 1 guichet dédié aux touristes et 7-8 dédiés aux ressortissants Lao. Je vous laisse deviner la proportion des files d'attente.......... On a attendu 30mn pour faire notre visa. Enfin plutôt, moi avec mon passeport suisse je suis passée comme une lettre à la poste, gratuitement, et Lara s'est joyeusement (non) acquittée de 40$ pour payer son visa.


On a pris un taxi pour notre hôtel (on a pris un hôtel 3 étoiles cette fois et pas une auberge de jeunesse, car je connais la "qualité" de l'offre d'hébergement ici) et accueil en grande pompe : on nous porte nos sacs, accompagne dans la belle réception, boisson d'arrivée, staff très souriant... Hé ben dis donc. On nous donne la clé de la chambre 307 et en avant dans l'ascenseur. Portées par notre bonne humeur nous ouvrons la porte et.... Une cale de bateau. Pas de fenêtre. Pas de fenêtre hôtel 3 étoiles à la façade rutilante !!! On ressort fissa en riant. En vrai c'était rigolo. Ça n'aurait été que moi je l'aurais prise mais c'était au-dessus des forces de Lara. On est redescendu demander au gentil monsieur une chambre avec fenêtre. Il nous a donné une autre clé toujours avec le sourire et sans rien nous faire payer de plus. Résultat on est au septième étage avec une super vue sur le Mékong et une belle luminosité !

C'est quand même mieux que la cale de bateau baignée de lumière jaune

Je ne commenterai pas les murs décrépis et les petits insectes morts qu'on a trouvé sur les draps. Ou la moisissure dans la salle de bain : on est dans un pays très pauvre et ce niveau de logement est déjà très très supérieur au leur.


Bref, revenir à Vientiane me fait tellement plaisir. Beaucoup de choses ont changé, des restaurants/bars ont fermé mais l'ambiance est la même. Je me sens bien.

Ma moto de loc, les centaines de milliers de kips, et Lara sur un scooter

Notre héroïne Lara a fait du scooter pour la première fois de sa vie !! Elle était très stressée à la base et puis comme je suis une institutrice extraordinaire elle a maîtrisé la bête en un rien de temps et nous sommes parties déambuler dans la ville, en suivant les tracés qui m'étaient familiers.

Buddha Park : choisis ton Buddha

Est-ce que vous préférez Buddha qui maîtrise le cafard ? Buddha tout fier sur son éléphant à trois têtes ? Buddha le joueur de lyre ? Ou Buddha qui sort du poisson ? Il y en a pour tous les goûts au Buddha Park de Vientiane. C'est un jardin avec des statues en béton qui représentent (vous l'aurez deviné) Buddha dans plein de situations différentes.


Après Buddha situations c'est Léa situations

Cet après-midi à Vientiane on a fait les touristes, visites de temples etc. En fin d'après-midi je suis allée récupérer une partie des affaires que j'avais laissé il y a 3 ans, j'avais oublié qu'il y en avait autant, et comme mon sac est déjà plein, j'ai du faire la croix sur beaucoup de choses. Mais bon, j'ai récupéré 2 paires de Dr Martens et ça, ça vaut le coup !


Le soir, on a retrouvé des copains à moi au bar. Et plusieurs litres de bière plus tard, Lara et moi rondes comme des ballons étions attablées dans une échoppe locale pour essayer de manger quelque chose avant d'aller dormir (il était 3h30 du matin).

Temple temple temple

Ce matin c'était difficile de se lever. On avait réservé un massage à 9h30 (quelle idée....) et devions prendre le bus pour Vang Vieng à 11h30. Pas d'électricité dans l'hôtel en se réveillant, ce qui veut dire pas d'ascenseur, ce qui veut dire que comme on avait la chambre 706, vous savez ce que ça veut dire. Descendre 7 étages dans le noir avec la tête à l'envers c'est pas facile... Et les remonter en courant après le massage parce que le bus va s'en aller sans nous. Et les redescendre chargées de nos sacs. Bref, beaucoup de mouvement pour une seule matinée.


???? C'est quel genre de combo ?

Je termine ici pour le moment. Merci de me suivre ! Bisous à tous mes fans !

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Oui, c'est bien ce qu'on avait sous les yeux.

J'ai hésité à attaquer cette partie avec cette photo (sans aucun filtre, et c'est juste un coucher de soleil normal ici à Vang Vieng) ou bien celle de la forme amusante de la piscine de notre hôtel. Mais comme je suis quelqu'un de mature j'ai choisi la première option. Ceci dit vous avez quand même droit à la seconde :


En vrai c'est mignon et le décor est juste fou

Vous vous rendez compte qu'on paie 10€ la nuit dans cet hôtel ? Moi non. C'est limite indécent un prix aussi dérisoire... On a une grande chambre avec une belle salle de bain, une petite terrasse qui donne directement sur la piscine. L'hôtel est un peu loin du centre de Vang Vieng, et c'est très bien parce que la ville est très connue pour ses fêtes dans les auberges de jeunesse.


À Vang Vieng, les backpackers se retrouvent pour faire du kayak, explorer des grottes, grimper les montagnes de karst - du tourisme de nature et d'aventure en soi, avec le côté grosse teuf le soir. Nous on avait pas envie de ça et on a trouvé cet hôtel au hasard sur le service réservations de Revolut, ma banque. Qui l'eut cru? Au départ, on avait réservé pour une nuit seulement mais en arrivant on s'est dit qu'il était nécessaire de rester plus longtemps.


Bref. On est arrivées à Vang Vieng après 2h de minibus, et ça, c'est un exploit : une autoroute a été construite en 2021 et a réduit le temps de trajet entre Vientiane et Vang Vieng de moitié. Finies les routes de montagne sinueuses, les conducteurs fous qui slaloment à grande vitesse entre les ornières et les scooters. Maintenant c'est une route, toute droite, toute vide. Les gens ne voyagent pas beaucoup entre provinces au Laos.


Le soir, nous nous sommes baladées dans les rues très vivantes de la ville en cherchant de quoi manger. On ne mange pas au restau mais que dans la rue, car l'offre est légion : des brochettes par ci, du riz par là, du calamar frit, des cookies de coco, des asticots grouillants (malheureusement pas une blague, pour autant je pense que c'est uniquement pour les touristes parce que je ne vois jamais les locaux manger d'insectes).

Et au cours de mes précédents séjours en Asie j'ai développé une certaine passion pour la sauce satay (une sauce cacahuète DIVINE). Depuis que j'ai atterri, je demande à chaque vendeur de rue si il a de la sauce satay avec son riz gluant (sticky rice). En échange, je ne reçois qu'un regard apeuré qui veut dire "je ne comprends absolument pas ce que tu veux de moi arrête de me parler" et j'ai même beau utiliser Google traduction ils n'ont pas de sauce satay mais pourtant je sais que c'est très courant j'en ai mangé des kilos mais où est-eeeeeeelle...



Interlude petit chien mignon qui a sauté sur mon scooter pour partir à l'aventure avec moi

Deuxième jour à Vang Vieng. Nous avons réservé un circuit de 3 activités sur la journée. Certains circuits proposaient jusqu'à 6 activités : vu comme on est fatiguées ce soir je ne sais pas comment les gens font ! Pêle-mêle, voici ce qui est proposé en général : kayak, exploration de grottes, quad, escalade, montgolfière, randonnées, tyroliennes, tubing (se laisser porter par la rivière sur une grosse bouée), nager dans les piscines naturelles aux pieds des montagnes...


Dans tout ça, on avait surtout pas envie de faire du kayak. Trop fatiguant, et bon on a déjà donné des descentes de l'Ardèche ou du Gardon (vive le sud de la France !). Escalade non plus, montgolfière trop chère, et de part mon expérience d'il y a 3 ans les grottes grouillent d'araignées grosses comme le poing. Et elles ne sont sûrement pas parties entre temps. On a donc choisi tyrolienne, tubing et "Blue Lagoon", un endroit où nager.



Notre participation à la fashion week pendant la tyrolienne

La tyrolienne c'était vraiment trop cool. On était super haut - parce qu'on a grimpé sec la roche pendant 20 minutes !! - et on a traversé des paysages à couper le souffle ! On a terminé le circuit par un saut dans le vide (j'ai crié très fort et très aigu). C'est drôle parce que nos guides locaux n'ont clairement pas le temps de niaiser : limite ils te poussent dans le vide pour faire avancer le groupe donc devant ta tyrolienne tu n'as vraiment pas le temps de te poser la question de "j'ai peuuur je fais comment maintenant pour redesceeeendre", il n'y a qu'un seul moyen d'en finir c'est de continuer :').

Après ces émotions, on a mangé et échangé avec deux ressortissants du Myanmar (ex Birmanie). Si vous avez suivi l'actualité vous savez que le Myanmar en ce moment c'est pas foufou et j'étais surprise de voir des birmans en dehors du pays, c'est ce qui a lancé la discussion. C'était très intéressant de pouvoir leur parler et ça a fait passer la pause rapidement.

Ça va c'est OK la vue

Cette vue c'est ce qu'on avait depuis la rivière, sur nos bouées de tubing. On a flotté sur la Nam Song (rivière Song) 2 bonnes heures, parfois très lentement, parfois avec des rapides, en essayant d'esquiver les rochers et les araignées d'eau. Elles faisaient vachement peur en même temps... Arrivées à la fin on était rincées (haha, jeu de mot), on a terminé le circuit sur le fameux Blue Lagoon mais c'était vraiment pas ouf, y avait beaucoup de monde, particulièrement des coréens, friands de ce genre de lieux très touristiques. On pouvait sauter de quelques hauteurs : les coréens s'encourageaient à grands cris, Lara s'est baignée et on a même pas eu le temps d'aller voir si on avait le courage d'explorer la grotte voisine qu'il fallait déjà rentrer.



Énormément de coréens et tous en gilets de sauvetage. Et aussi beaucoup de poissons dans l'eau mais ça c'est + naturel

Il est 20h32 samedi 28 janvier, je vous écris en direct live depuis mon lit. Aujourd'hui c'était journée courte étant donné que Lara devait donner ses cours d'échecs à ses élèves en France toute l'après midi.

Ce matin, on est allées à un spot que je connaissais déjà, un autre Blue Lagoon mais en mieux.


On the road

C'est à 20km de Vang Vieng et sur ce genre de piste, donc avec nos scooters à petites roues on ne va pas bien plus vite que 30km/h. Ça laisse le temps de voir les paysages que l'on traverse : rizières asséchées (c'est pas la saison), montagnes verdoyantes, villages locaux, enfants souriants, vaches au milieu de la route et buffles d'eau amassés dans des petits trous de boue.


Lara s'en sort vraiment comme une cheffe pour quelqu'un qui a appris à conduire il y a 3 jours

Elle a quand même eu sa première chute baptême, à l'arrêt : elle a mal géré une pente et l'accélération du scooter. Résultat, un beau bleu à la cuisse mais plus de peur que de mal.

Et dieu sait qu'il y en a, des opportunités pour se faire mal. Maintenant que j'ai eu mon accident de moto, je réalise beaucoup mieux les risques que l'on prend en conduisant un deux-roues dans ces pays là : c'est la loi du plus gros qui passe dans les endroits étroits, et à vitesse variable. À toi d'anticiper, gérer et prier pour avoir de la chance. Mais jusqu'ici, tout va bien.


Nous atteignons l'endroit après 45mn de route. Il y a peu de monde, encore du soleil qui réchauffe l'eau (après 11h il disparaît au-delà de la montagne) et nous nous installons dans une petite cabane avec des tapis pour se reposer. On se baigne, il y a des tyroliennes et des balançoires où tu te suspends avec tes mains au-dessus de l'eau. Lara n'a pas vu quand je me suis bien éclatée dans l'eau en tombant de ladite balançoire. Moi qui pensais pouvoir tenir easy... Coup dur pour mon ego. Mais en même temps la poignée glissait... Ce que j'ai bien vu par contre, c'est le plat mémorable de Lara quand elle a essayé cette même balançoire.

Le résultat

Suite à ce dur rappel aux propriétés physiques de l'eau, du poids et de la vitesse, on s'est posé dans la cabane avant de repartir vers la ville. Lara a filé à ses cours et moi j'ai planifié la suite du voyage et récupéré des billets de train pour notre prochaine destination, un peu plus au nord : Luang Prabang. On se retrouve là-bas pour la suite des aventures ! Bisous




Cette image résume bien notre état de fatigue jusqu'ici.
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Je sais je spoile le plaisir dès le début. C'est bon les jus de fruits frais non ? Tu t'arrêtes sur le bord de la route devant un étal plein de fruits, la dame te fait ton jus avec les fruits tout frais, miammmm que c'est bon et puis le lendemain tu sens que ton estomac gargouille. Puis gargouille. Puis gargouille encore et se tord et tes intestins protestent et tu vas aux toilettes et là, c'est le drame. Les amis, je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres et en effet, c'est arrivé à une autre que moi mais pas n'importe qui : Lara a la turista.


Pour les novices des voyages, la turista est ce qui arrive souvent aux voyageurs des pays tropicaux : de fortes diarrhées, parfois fièvre, vomissements, en gros tu es cloué au lit quelques jours. Ça peut être bénin comme plus grave et il faut faire très attention à la déshydratation que ça engendre.

Ce n'est pas le changement de nourriture, ou les aliments épicés qui causent ça mais bien une bactérie, un parasite, parfois un virus. On les trouve dans l'eau et dans quelques aliments. Lara pense que c'est le dernier jus de fruit qui l'a condamnée. J'avais aussi pris un jus de fruit ce jour-là, au même endroit, mais pas le même combo de fruits. Mystère mystère...


C'est sur notre dernier jour à Vang Vieng que ça s'est déclaré, le dimanche matin précisément. Ça avait déjà commencé un peu la veille au soir mais dimanche on s'est dit qu'il y avait définitivement quelque chose. Dimanche, c'était justement notre jour de transit (hahahahaha transit, intestinal, turista, vous l'avez ? Au secours) de Vang Vieng à Luang Prabang.

Là encore, innovation routière, les 5h de route tortueuses se transforment en 1h10 de train à grande vitesse, le tout premier du Laos ! Construit par les chinois (qui ont la main mise sur quasi toute l'économie du Laos d'ailleurs), il a été inauguré l'année dernière. Et évidemment, comme tout au Laos, ce n'est pas simple de prendre le train.


Une appli de réservation en ligne ? Pffff. Un site internet ? Que nenni ! Les tickets sont vendus exclusivement au guichet de la gare, et uniquement 3 jours avant la date du départ. Il faut donc s'y rendre, faire la queue et espérer qu'il reste des places pour le trajet voulu. Si oui, ils prennent ton passeport en copie, te donnent un ticket (6.50€ pour faire VV-LPB donc ça reste très démocratique) et zou, l'affaire est dans le sac. Le jour du départ, c'est tout un cirque. Ils passent ton bagage au détecteur comme à l'aéroport, te parquent sur le quai en attendant le train (tous les asiatiques prenaient une vidéo de l'arrivée du train...) et te font monter dedans comme si c'était un avion : bagage dans les compartiments en haut, annonce de s'asseoir etc. Le trajet est sans accroc, le train file à travers le paysage et surtout beaucoup de tunnels. On a du passer la moitié du trajet dans le noir, c'est dire le nombre de montagnes qu'ils ont dynamité pour construire cette ligne.



LCR : Lao-China Railway. Ils sont gentils ils ont mis Lao en premier quand même...

La gare de Luang Prabang est à 20km de la ville, donc à l'arrivée, obligation de payer un taxi. Il y a quelques jours, on a sympathisé avec un allemand (oui oui, c'est possible) et on a fait ce bout de chemin ensemble donc on a partagé le taxi, et arrivée à notre guesthouse. C'est pas une auberge de jeunesse, c'est pas trop un hôtel non plus, pas une chambre d'hôte, c'est juste un logement, qui peut aller de médiocre à charmant.

La douche dans les toilettes ou les toilettes dans la douche : on adore

Je vous laisse faire votre propre avis... Mais on est loin de notre hôtel trop beau à Vang Vieng. Et c'est le même prix !! Bon, Luang Prabang est d'autant plus touristique (ville enregistrée à l'UNESCO) mais l'offre de logement ici est tellement large qu'on a mis énormément de temps à se décider, pour au final avoir un truc bof. Bon, on peut pas tout gagner tout le temps ! Le petit lit que vous voyez à droite est un trompe l'œil : c'est en réalité une planche de bois. Ou c'est tout comme, vu notre ressenti en posant nos fesses dessus... Le lit double est au moins doté d'un surmatelas, toujours très dur mais on y dort. L'endroit est bruyant car les murs paraissent être en papier de verre, mais au moins on est proches du centre.


Comme l'état de Lara se dégradait d'heure en heure, je suis allée chercher une moto chez mon ami d'il y a 3 ans et j'ai géré quelques affaires, notamment notre prochain trajet jusqu'au Vietnam.


Traversée locale en comptant sur 3 planches de bois

J'ai bien marché 35mn en pleine cagne en risquant ma vie sur un pont brinquebalant mais le jeu en valait la chandelle.


Ma moto et le petit bol que vous voyez là c'est...

J'AI TROUVÉ MA SAUCE SATAAAAAAAY

Je suis la plus heureuse. Quel bonheur. Merci la vie. Quel goût divin !


En rentrant à l'hôtel, j'ai emmené Lara faire un petit tour du centre ville en moto et on a vu de belles choses :


La pizza pour Lara n'était pas l'idée du siècle on le concède

Luang Prabang est très belle, colorée, calme mais vivante à la fois. Le soir, Lara est restée dans la chambre et je suis allée retrouver mon amie Andrea avec qui je travaillais il y a 3 ans.



Interlude notre lecture de lit, comment ça Picsou s'appelle Dagobert en allemand ??

Ce matin lundi 30 janvier, nous donnons notre linge sale à l'hôtel qu'ils laveront pour 2-3€ et nous attendons notre minibus pour l'activité du jour : les éléphants !! Lara est toujours aussi mal mais elle ne veut pas rater ça, et moi je suis quand même un peu inquiète.

À l'arrivée à l'Elephant Village, on entend des barrissements (pour qui ne le savait pas, la vache meugle, le canard fait coin-coin et l'éléphant barrit) et ce sont les éléphants qui reviennent de leur nuit dans la forêt, ils traversent la rivière et arrivent au point de nourriture.


Ça croise les papattes

Notre guide, Joy, nous raconte : ils avaient 14 éléphants pré covid, et ont du en rendre 10 à leurs propriétaires par faute de moyens pour s'en occuper. Les éléphants appartiennent à des lao et viennent en général de l'industrie du bois. Toute la journée, ils tirent des troncs, les chargent sur des camions, c'est un travail très dur et seul le tourisme peut les sauver : impossible de les remettre en liberté à cause du braconnage et de la difficulté de la cohabitation entre éléphants sauvages et humains (de moins en moins d'habitats pour l'éléphant le pousse à aller se nourrir dans les fermes locales, cela crée des tensions et des morts des deux côtés). Et un éléphant, ça coûte des sous à nourrir et à soigner - c'est là que les revenus générés par le tourisme interviennent.

Les camps d'éléphant "respectueux", c'est-à-dire à vocation de conservation louent les éléphants aux locaux (à l'achat, 1 animal c'est 15-20 000 dollars, des sommes pharaoniques pour eux) et leur offrent une vie meilleure.

Le matin, l'éléphant revient de la forêt où il a passé la nuit avec son mahout (son humain attitré, avec qui s'est noué une relation de confiance au fil des années, et le seul humain qu'il écoute) et arrive pour se nourrir au centre. Les touristes regardent, donnent des bananes tout en écoutant les explications du guide. Les éléphants font leur vie au point de nourriture jusqu'en début d'après-midi, où c'est l'heure du bain : ils retournent à la rivière et se font frotter par les mahouts et les touristes - l'éléphant d'Asie a besoin de se baigner 2-3 fois par jour. Puis, ils repartent dans la forêt pour le reste de la journée et la nuit. Tranquille la vie non?


Les mahouts, 50kg tout mouillés, parviennent à contrôler ces mastodontes juste avec leur voix

C'était impressionnant d'être à côté d'eux, si proche. Ils sont vraiment gigantesques et ça fait même peur quand tu leur frottes l'oreille ou la trompe, tu te dis qu'à tout moment ils en ont marre et c'est la fin du parcours pour toi. J'étais très contente d'avoir vécu ce moment et Lara aussi, elle avait évité la randonnée dans la forêt pour être sûre d'avoir des forces pour le bain.


Autres images du jour autour du camp d'éléphant

Mardi 31 janvier. C'est le jour fatidique avant mercredi 1er janvier, qui est le jour où je dois payer mon loyer alors que je ne suis pas payée pendant un mois et également le jour le plus chiant de notre voyage car nous allons nous taper 24h de bus de Luang Prabang, Laos jusqu'à Hanoï, Vietnam. Et ce n'est pas le bus confortable avec le siège moelleux non non, ça va sans doute être le bus couchette dure telle la planche de bois. Enfin bref je ne m'avance pas trop j'aurai tout le temps de développer dans le prochain chapitre de ce périple.

Non, aujourd'hui mardi 31 janvier nous avons fait 40km à moto pour aller voir de belles cascades aux eaux turquoises :


Oooooh aaaaah c'est joli

En route, j'ai failli écraser un chien qui s'est jeté sous mes roues (mais finalement non, tout va bien) et nous avons vu cette horreur à la ferme des buffles :


Un buffle en paille. Mais quelle bonne idée. C'est atrocement moche

Mais le highlight du jour restait quand même le parc aux papillons, juste à côté des cascades. C'était un très bel endroit, éducatif, au cœur du village local. Des volontaires nous ont expliqué le cycle de vie des papillons et on en a vu plein, c'était trop joli, et après on s'est fait manger les peaux mortes des pieds par des petits poissons et on a vu des choses incroyables lors du "jungle walk" telles que des bambous ou bien des gros haricots qui pendent des arbres ! Regardez mon capitaine, quelle découverte !!

Bon voilà c'était une chouette journée. Et Lara se sent mieux, elle a arrêté d'aller aux toilettes et recommencé à manger. Quand l'appétit va tout va.


Mercredi 1er février, rien ne va. On a super mal dormi à cause du bruit ambiant, du lit dur, des coqs qui s'excitent dès 4h30 le matin. On fait nos affaires pour quitter cet endroit maudit mais on rate le petit déjeuner. La moto ne démarre pas. Finalement si. On va explorer l'autre rive à la recherche de rizières mais tout ce qu'on trouve c'est de la poussière et de la végétation asséchée.

L'après-midi, on loue une piscine dans un bel hôtel et on tâche de se détendre un peu. Le repos est de courte durée : j'ai très mal au ventre, je suis stressée, on arrive pas à changer nos kips locaux en monnaie du Vietnam (dong) et le bus part dans 50mn et on n'y est toujours pas.

Rendez-vous dans le blog suivant pour savoir si on y est arrivé...


Piscine salvatrice
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En route pour le bus pour Hanoï ! Yes ! On va y arriver !

Haha, vous vous souvenez dans le chapitre précédent quand je me demandais si on allait y arriver ? Breaking news, non.

Après cette journée mémorable où il ne nous est arrivé que des merdes, on récupère enfin nos sacs à l'hôtel maudit, on dit ciao au staff inutile qui n'a même pas été capable de nous appeler un tuktuk et on part nous-même à la recherche de celui-ci. On arrive à la gare routière à 17h30, fin prêtes (pas vraiment) à faire 25h de trajet jusqu'à Hanoï.

La dame qui m'a vendu les billets nous y attend. "You go to Hanoi?" me dit-elle. "Yes". "There is no bus. Bus broken". Hm c'est-à-dire bus broken madame ? Comment ça le bus est cassé ? Oui oui, il n'est pas venu hier et ne viendra pas avant 3 jours.


Les amis. C'était le ponpon. La cerise moisie sur le gâteau de merde qu'on avait mangé toute la journée. La dame s'excuse, nous rend notre argent et s'en va. Et nous on est là, les bras ballants, abasourdies par un tel enchaînement du destin. Le jour tombe. Les moustiques sortent. On essaie de s'agiter un peu pour savoir quoi faire, mais à 0 moment on retente le bus 3 jours plus tard, et les vols sont à près de 300€. On se dit que Luang Prabang veut nous garder, ou que quelque chose nous empêche d'aller ailleurs, qu'on porte une poisse monstre c'est pas possible. À l'idée de repasser une nuit aussi mauvaise que les 3 précédentes, aucune de nous n'a la force de prendre une décision.


En vrai, quand il n'y a que des merdes qui t'arrivent, comment tu réagis ? Comment tu te sors de ce cercle vicieux ? Voici comment nous avons procédé :

1. Appeler maman. Pour partager ce moment et obtenir du réconfort.

2. Trouver un endroit où dormir où nous serons bien. On a vu sur booking 2 logements qui avaient l'air ok, on est allées visiter le premier endroit et c'était un absolu NON, dans la même rue que l'hôtel maudit, même vibe, même glauque. Le second choix s'est avéré être salvateur.

3. Prendre une douche.

4. Regarder les options : vu la distance à parcourir et le temps limité que l'on a, seul un vol était possible. Mais le coût du trajet vol + taxi pour la destination finale est de 300€ et nous arriverons à destination dans la nuit. Si on attend encore une autre journée (ça veut dire qu'on "perd" une journée), le vol est direct, à 150€, et arrive assez tôt.

5. Faire des calculs. On préfère perdre du temps ou de l'argent ? Et là commencent les réflexions philosophiques sur le rôle de l'argent dans la vie, le fait d'être en vacances, d'avoir un job stable qui fera qu'on sera bien au salaire suivant, en bref tout pour nous rassurer de balancer le reste de notre budget dans ce vol pour gagner une journée.

6. Débattre. Je voulais prendre le vol safe du vendredi, pour ne pas forcer le destin. Si définitivement c'est très dur d'aller à Hanoï, laissons couler et allons-y quand ça a l'air facile. Lara ne voulait plutôt pas perdre une journée, disait qu'on n'y retournerait sans doute jamais et que qu'est-ce que c'était 300€ dans une vie.

7. Décider : les arguments de Lara m'ont convaincu et les miens l'ont convaincu. Au final, on a pris le vol cher puisque j'ai été la première à m'exprimer. Haha. On a pris nos billets, eu un petit stress car grosse augmentation du prix entre mon billet et celui de Lara.

8. Sortir manger. J'ai mangé une pizza pepperoni pour me relaxer.


Après tout ce texte, des photos de notre hôtel : littéralement un oasis dans nos vies.

En résumé, la leçon que nous avons appris avec cette aventure est de prendre les choses avec philosophie. Prendre du recul, ne pas réagir dans l'instant. Écouter son instinct. Savoir qu'il y a quelque chose qu'on ne comprend pas et travailler avec, tâtonner jusqu'à ce qu'on retrouve la bonne voie.



Interlude musical (je vous laisse le soin d'imaginer la mélodie)

Jeudi 2 février. Je vous écris depuis Bangkok, à l'aéroport où nous sommes en transit. Nous avons décollé de Luang Prabang à 12h, en compagnie d'un australien et un américain qu'on a rencontré dans le tuktuk. L'américain est un ancien militaire, traumatisé sévèrement puis assistant social qui a décidé de tout vendre et se mettre en quête de guérison. C'est un mec blond, hirsute, habillé en hippie, qui plane un peu (beaucoup) mais qui a beaucoup de choses à raconter, dont ses expériences avec l'ayahuesca et les Rainbow Meetings dignes des années où les gourous indiens étaient en vogue. L'australien est ingénieur aéronautique en vacances pour 2 mois.

C'est marrant les rencontres en voyage.

A bord de notre avion à hélice, on survole des montagnes couvertes de forêts au sommet desquelles circule une unique piste, qui finit par disparaître dans le néant.


Ça aussi c'est le Laos. J'essaie de jouer à deviner où c'est, mais aucune idée.

Qui l'eut cru, nous sommes finalement arrivées sur le sol vietnamien. Hanoï, la capitale, est couverte d'une immense chape de pollution, elle est très lumineuse et bruyante. Heureusement qu'on y reste pas. Lorsque nous sortons de l'aéroport, munies d'une carte SIM pour internet et de dongs vietnamiens (la monnaie locale), nous cherchons un taxi pour nous amener à Ninh Binh, à 120km de Hanoï.

On négocie sec. On sait que le prix est entre 50 et 60 euros, eux attaquent à 80. Gros yeux et on dit non non. 60? Non, trop cher encore. Lui là-bas nous y conduit pour 50. Nooon impossible, 55! Non, 45 et on part avec toi. Il se mord la lèvre et dit ok. L'important dans la négociation c'est que ça se fasse poliment, dans la bonne humeur et que tout le monde soit satisfait : c'est plus ou moins le cas, le mec essaie quand même de remonter à 50 mais après avoir dit ok une fois à 45 il ne peut plus faire pression.

On conduit donc 1h30 dans la nuit vers notre destination. Les vietnamiens ont un truc avec les néons, y en a partout. Et les klaxons font office de clignotants, de conversation, d'alerte au dépassement, d'insultes et d'excuses tout en même temps. C'est beaucoup plus vivant que le Laos.


Nous arrivons vers 23h à Ninh Binh. Le taxi nous dépose et prend ses 1 100 000 dongs (équivalent de 45 euros). Il n'y a personne dans les rues, tout est fermé. On se trompe d'adresse pour l'hôtel alors on marche 20mn pour le retrouver. Devant, barrières, aucune lumière. C'est une blague ? Je m'imagine déjà dormir dans la rue en position fœtale et en plus c'est tout mouillé par terre, parce que contrairement à la Thaïlande ou au Laos l'hiver nord-vietnamien est très humide. Les seules personnes à la ronde sont des locaux qui ferment boutique. On se précipite et on leur demande de l'aide. Finalement tout va bien, le manager de l'hôtel est appelé, sort et nous accueille en s'excusant, nous montre notre chambre. On s'effondre sur les lits les plus confortables dans lesquels on ait jamais dormi.

On passe d'un Laos sec et poussiéreux à un Vietnam humide et brumeux.

Au matin, après un petit déjeuner divin, c'est cette vue qui s'offre à nous. Je découvre le Vietnam en même temps que Lara et c'est une sensation que je suis contente de ressentir : quelque chose de nouveau, d'inexploré.

On a que 3 jours à Ninh Binh et beaucoup de choses à voir, donc ni une ni deux on saute sur un scooter et on part pour une journée d'aventure. Le matin, bateau entre les rizières avec une guide locale adorable qui nous parle en français qu'elle a appris à l'école. Elle rame avec les pieds. Le photographe qui nous tire le portrait moyennant photos souvenirs (prix à négocier aussi !!) de même.


Tout un concept

Cette petite balade nous ravit, c'est sublime et très agréable, on passe dans des grottes, notre guide nous fait la conversation. Pour la première fois depuis notre arrivée en Asie, on lie un réel lien avec un local, qui s'intéresse réellement à nous, qui est vraiment accueillant. Ça nous fait tout bizarre de pas être traitées comme des vaches à lait ou au mieux, ignorées.


D'ailleurs, c'est aussi nous l'attraction : la majorité des touristes ici sont vietnamiens et sont tout contents de voir des occidentaux. Ils nous disent "HELLO !!!!" avec de grands signes, certains veulent nous serrer la main. Ça fait bizarre, mais c'est aussi bien puisque ça remet en perspective la façon dont on peut parfois se comporter avec les peuples qu'on visite dans les pays "éloignés" : regarder avec insistance ou prendre des photos des gens sans leur consentement c'est juste malsain et ça les fait se sentir comme des animaux au zoo.


Sans transition, visite de l'après-midi

Le bouddhisme, on en mange à toutes les sauces depuis qu'on est arrivées. Bai Dinh, c'est le plat de résistance : le plus grand complexe bouddhiste du monde avec des records (le plus long couloir avec des statues de bouddha, la plus grosse cloche de cuivre du Vietnam...). On voit des bâtiments spectaculaires, des statues en or, des plafonds sculptés, des étangs bordés de nénuphars, des offrandes en veux-tu en voilà. Malheureusement, peu d'explications et on ne comprend pas vraiment ce que l'on voit.


Ils laissent toujours de l'argent pour moi comme c'est gentil !

Le bouddhisme, c'est aussi apparemment l'importance de la loi de cause à effet, qui se rapporte au karma. Si tu fais ça, il va t'arriver ça. Sur une pagode, il y avait des BDs qui résumaient les préceptes de cette loi. Certains sont assez logiques : si tu paries tout ton argent, tu vas devenir pauvre. D'autres assez curieux : si tu perds ton temps à voyager pour le plaisir, tu auras des problèmes de mobilité plus tard.??? D'autres sont un peu poussés : si tu écoutes de la musique très fort, tu vas devenir idiot. Ou encore, si tu es infidèle dans cette vie, tu vas te réincarner en chien pour apprendre la fidélité.

Certains sont pépites :



Conclusion : toujours dire aux autres tout le mal qu'on pense d'eux sous peine d'AVC
Propagande communiste en haut : donnez vos terre à l'état et vos enfants auront du talent

Blague à part, c'est intéressant de découvrir ce qui les motive. Bon, certains vietnamiens sont plus consciencieux que d'autres : à la fin de notre petite croisière dans une réserve naturelle, alors que nous la remercions, notre guide bateau n'en à que faire et réclame un pourboire. Et fait la gueule quand on ne lui donne pas assez. Toi ma petite, selon le bouddhisme, tu vas te réincarner en mendiant pour apprendre l'humilité et l'appréciation des choses... (je précise qu'on avait déjà payé le ticket d'entrée et le bateau).

Un moment hors du temps mais la réalité finit toujours par se rappeler à toi

Bref, la religion et la matérialité des choses entrent souvent en conflit. Et nous, touristes, on doit assumer ce rôle d'être vues comme des distributeurs de billets ambulants.

Aujourd'hui dimanche 5 février, c'est notre dernier jour à Ninh Binh. Le matin, on est allées faire cette visite de réserve naturelle, et on a roulé 30mn en scooter sous une pluie battante pour y arriver. L'avantage c'est qu'on était les seules sur l'eau, entourées de nature, de petits oiseaux et de grandes montagnes.


Ce soir nous prenons le bus de nuit pour monter tout au nord du Vietnam, à la frontière avec la Chine. On va y faire une boucle de 4 jours en moto. L'aventure continue... See you there.


De fameux gilets de sauvetage imposés sur les embarcations
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J'écris ce titre très philosophique pourtant bien proche du sol : dans notre bus de nuit, direction Ha Long Bay. Ha Long Bay est la destination la plus connue au Vietnam, vous en avez sans doute déjà vu les photos. Mais ce n'est pas le sujet de cet article.


Lara et moi venons de passer 4 jours tout au nord du Vietnam, à faire 450km de moto à travers des paysages délirants. Je voulais écrire tous les soirs pour raconter la journée mais je n'y ai simplement pas pensé, et quand j'y ai pensé j'ai eu une grosse flemme. Il faut dire qu'après une journée de moto dans les pattes, tu n'as qu'une envie à l'arrivée, c'est te doucher et dormir ! Mais je vais faire de mon mieux pour relater cette expérience unique maintenant.


Passion néons

Tout a commencé ici, dans ce bus de nuit, de Ninh Binh notre étape précédente jusqu'à la ville de Ha Giang, quasiment à la frontière avec la Chine. Le bus est très confortable (si tu fais moins d'1m70 ceci dit) car on a chacun un siège allongé. On aurait du en profiter plus avec Lara, puisqu'en arrivant à Ha Giang à 2h30 du matin on est accueillies par un local qui nous montre une chambre très, très basique. Le matelas en plus d'être dur était inégal. Bon, on a "dormi" dessus que 5h30, faut pas pinailler.


En rouuuuge et noiiir

Au matin, on sait pas vraiment ce qu'on fait, ce qu'on attend, mais on sait que tout commence ici. On a réservé ce tour en moto avec un guide local, et le voici, il a 27 ans, il s'appelle Tiem et est très enthousiaste. Il me montre ma moto (rouge et noire, à gauche) et me la fait tester. Je paie 10$ de plus par jour pour conduire une manuelle au lieu d'un scooter semi-automatique. Et scoop, c'est la pire moto jamais conduite : le guidon est de travers, elle accélère à peine, le levier de vitesse est trop bas... mais je souris et je dis "yes ok". Je vais m'y faire ! On se prépare à partir, nous sommes 6 touristes et 4 locaux. Seuls moi et un autre gars, néerlandais, allons conduire nous-même. Le reste de la troupe (Lara, et 3 autres néerlandais) se fera conduire par des locaux : Tiem notre guide, Huy (prononcé "ouiiii"), Binh et Hai Vû (à prononcer "vouUu", si tu prononces bêtement "vou" ça veut dire "seins"). Ils sont tous jeunes, entre 27 et 20 ans, sur leur scooter tuné quasi transformé en moto. Et nous voilà partis jusqu'à la station essence. Dans les 500 mètres que nous parcourons, je me rends compte qu'avec la moto ça ne va vraiment pas être possible : le moteur s'arrête dès que je n'accélère plus, car le ralenti est mal réglé. Je dois la redémarrer 3 fois en 500 mètres. Je fais part de cette observation à l'équipe, et ils se débrouillent pour vider la batterie en plus de ce problème de ralenti. Mais ni une ni deux, Tiem passe un appel et me voici avec un nouveau destrier :


En noiiiir et blaaaanc, avec un pot Akra qui fait du bruiiit

Ça n'a plus rien à voir, dieu merci, la moto tourne comme une montre suisse. Et zéparti l'aventure.


Que vous dire à part que c'est superbe. On est parti sous la pluie, mais dès la première montagne passée, on a vu le soleil pour la première fois depuis notre arrivée au Vietnam. La route monte très fort, descend très fort, tourne et vire très fort. Ça demande une grande concentration et nous sommes très contentes du choix de dernière minute de Lara de ne pas conduire elle-même. Moi, je prends mes marques, je jette des coups d'œil à gauche à droite pour regarder le paysage quand je peux. On roule entre 35 et 40km/h selon mon compteur mais avec les routes étroites et en mauvais état, c'est bien assez ! Le soir arrive déjà, et notre lodge dans la ville de Dong Van est sublime.


Il y avait un petit chiot mignon qui s'appelle Lucky ❤️

La chambre toute en bois, beau carrelage dans la salle de bain, eau chaude (oui ce n'est pas un acquis ici), couverture chauffante dans le lit. Le paradis.

Pour dîner, on a 2 gros réchauds de bouillon dans lesquels trempent des morceaux de poisson. Tout autour, plein d'assiettes remplies d'ingrédients : tofu, salade, pousses de soja, nouilles, poisson cru... Le but, c'est de faire bouillir ce que tu veux puis de te servir dans ton petit bol. Ça s'appelle un "hot pot", une casserole chaude en gros. On fait mieux connaissance entre nous. Le reste de l'équipe voyage en couple, Yorun et Erina les trentenaires et Sofie et Luc, 21 ans, qui sortent de l'université et qui cherchent à acheter une maison (euuuh j'ai raté quoi dans ma vie là ?). Les locaux nous font boire de la "happy water", un alcool local absolument infect que je réussis à esquiver spectaculairement en étant très ferme : non, ce n'est pas pour moi, je reste à la bière. Lara n'a pas réussi. Paix à son âme. On trinque très fort en hurlant "MOT, HAI, BA, ZO ! HAI, BA, ZO! HAI, BA, HUEEEEEE" en gros 1 2 3 ça trinque, 2 3 ça trinque, 2 3 et glouuuu

La soirée était super. C'est très vite parti en karaoké, le divertissement numéro 1 des asiat's. J'ai chanté Céline Dion très fort et tout plein d'autres trucs très forts, et tout le monde a chanté et rigolé et c'était merveilleux. Et quand nous sommes allés nous coucher, la couverture chauffante nous attendait : le paradis.


Lara porte à la perfection un chapeau traditionnel de l'ethnie Hmong, une tribu des collines que nous traversons

Le lendemain, encore plus de moto, plus de paysages, plus de montées et de descentes et de tournicotis. On frôle la frontière chinoise, on s'arrête et on grimpe 300 marches pour avoir un point de vue sur les alentours. En vrai c'était pas ouf mais ça fait un break. Et on a fait du bateau, dans un canyon qu'on voyait d'un sommet de la montagne et qu'on a descendu très, très longuement.

Le midi, on mange dans des restaus locaux où ils nous servent un assortiment d'ingrédients dans plusieurs assiettes, avec du riz à côté : à toi de faire ton petit mélange. On fait aussi des pauses après avoir roulé un petit moment, on apprécie le paysage, on se détend.

Sur la route, on croise beaucoup d'autres touristes en moto comme nous. Certains sont dans des groupes de 20 personnes. Ça fait 20 motos qui défilent et tâchent de se frayer un chemin sur la petite route et rester ensemble. 20 motos qui traversent les villages en trombe. Pas ouf. On croise aussi des bus et voitures qui klaxonnent très fort et roulent au milieu. Et on croise également des Hmong, les habitants de ces montagnes. Ils vivent une vie difficile et pauvre, rythmée par le travail au champ. On les voit souvent à pieds, sur le bord de la route, porter des énormes charges de feuillages qui les font complètement disparaître sous la masse. Ils avancent, grimpent les pentes petit à petit. Leur tenue traditionnelle est très colorée (du moins celle des femmes). Les enfants travaillent, certains vont à l'école mais pas tous. Ils nous font coucou du bord de la route, on leur fait coucou aussi. Les adultes sont indifférents.

On est quand même beaucoup à faire ce circuit, tout au long de l'année, et tandis que l'on traverse leurs villages, qu'on les regarde comme des bêtes de foire vivre et s'éreinter dans les champs alors que nous on kiffe, je me pose quelques questions d'éthique.


Nous nous sommes retrouvés coincés derrière une procession funéraire traditionnelle (oui, c'est coloré).

Au détour d'un virage sur un col, surprise : la route est bouchée par un cortège d'hommes habillés en noir et de femmes portant des couleurs, et de grands drapeaux (j'ai pas d'autres mots pour qualifier le truc que vous voyez sur la photo). Tiem nous dit que c'est un cortège funéraire Hmong, et qu'ils portent le corps jusqu'au champ du défunt pour qu'il y soit enterré. Ils peuvent marcher longtemps comme ça, et peu à peu une longue file de motos se forme derrière eux. Interdiction formelle de les dépasser, on respecte au moins la tradition.

Fort heureusement, après 20mn ils bifurquent sur ledit champ. Et nous on passe enfin. Je pense à cette personne née dans ces collines, ayant travaillé dans ce champ à pic de falaise toute sa vie, et y reposant maintenant pour l'éternité. C'est quelque chose.

Sans transition, l'étape du soir du deuxième jour est très oubliable, c'est un motel sans charme dans une petite ville. Bien moins sympa que le premier soir mais on est quand même content de dormir... Et le lendemain, c'est reparti.


On penserait que le paysage se répète alors que pas du tout. Chaque montagne offre un point de vue différent.

Il faut rendre à César ce qui est à César : c'est Lara qui prend toutes les photos, depuis l'arrière de son scooter. C'est Huy qui la conduit, un petit bonhomme de 20 ans, toujours content et qui fait de son mieux pour parler anglais.

Compagnes d'aventures

À droite, vous voyez Lara et moi de loin sur un rocher. En fait, on était au sommet d'une cascade, à Du Gia, et on allait sauter. Et c'était haut, et il fallait sauter loin sous peine de s'écraser contre les rochers. J'ai dit à Tiem qui nous encourageait de dire à ma maman que je l'aimais si jamais je mourrais. Le pire, c'est que je considérais vraiment le fait que ma vie pouvait s'arrêter là, sur la décision absurde d'un saut dans le vide. C'est peut-être morbide mais je modifie peu à peu mon rapport à la mort : si elle arrivait là, maintenant, et que j'avais 1/2 seconde pour m'en rendre compte, je me dirais "bon, bah tant pis". Enfin je crois, j'en sais rien. Toujours est il que je ne suis pas morte en sautant, et Lara non plus, et on a gagné le respect éternel de tous les autres gens qui étaient là et qui avaient même peur de se baigner car scoop, l'eau de la rivière est froide.

Ma vie aurait pu s'arrêter plein de fois pendant ce voyage, c'est d'ailleurs un miracle qu'on ait vu personne dans le ravin au vu de la dangerosité des routes. Entre descentes à pic, graviers, ravins, camions à toute berzingue et agglutinement de nombreuses motos sur un très petit espace par endroits... Le circuit n'est vraiment pas fait pour les conducteurs débutants. Mais ça fait partie du voyage, ça renforce l'expérience, et ça me permet de réfléchir sur plein de choses, je réfléchis au sens de la vie et au sens de ma vie.


C'est aussi des moments de bonheur, la tête vide à rouler avec ce petit groupe de gens qui se sont soudés en si peu de temps

J'avais beaucoup d'attentes pour notre dernier soir. Vu que le premier était incroyable, le second bof, j'avais peur de finir sur une note moyenne. Mais que nenni, Tiem avait tout prévu : notre homestay à Du Gia était une petite perle. En retrait du village, sur hauts pilotis, vue sur les rizières et les montagnes. Matelas confortable et moustiquaire, car les "chambres" sont en fait délimitées par des planches de bois qui n'ont pas de plafond. La dernière soirée est à l'image de la première : bon enfant, bières, karaoké, et dodo vers 23h.


Huy au fond, Yorun et Luc.

Ce jeudi 9 au matin, c'est le dernier jour. On déjeune de crêpes avec du miel, on prépare les motos et on prend la route, retour sur Ha Giang. La lumière est sublime, on traverse une longue vallée bordée de quelques maisons, on remonte dans la montagne, les arbres deviennent épineux puis redeviennent feuillus sur la montagne suivante. Il fait frais puis définitivement chaud. Je suis en quasi méditation sur la moto, en roulant par automatisme, toujours en faisant très attention bien sûr, mais j'ai atteint un stade mental très agréable et chaque pause pour voir le paysage, bien que grotesquement beau, m'y arrache et m'ennuie un peu.



Par contre ça fait de chouettes photos

Fin d'après-midi. La route s'élargit, le trafic se densifie. Nous voilà de retour à la ville, devant l'auberge que nous avons quitté 4 jours auparavant. Les néerlandais sautent dans leur bus pour Hanoï. À peine le temps de réorganiser nos affaires avec Lara que notre équipe vietnamienne s'en va aussi : si je me laissais aller je verserais une larme, mais non, c'est ça aussi le voyage. Tu rencontres des gens avec qui tu partages quelque chose de spécial et tu ne les reverras plus jamais.


De bas en haut et de gauche à droite : Binh, Hai Vû, moi, Huy, Sofie, Luc, Yorun et Erina, Tiem et Lara.

Je vous écris maintenant depuis le bus de nuit pour Ha Long Bay, je l'ai déjà dit. C'est toujours aussi confortable, d'autant qu'il est tellement plein que certains dorment par terre dans le petit couloir qui mène au fond du bus.

Cela va bientôt faire 3 semaines que l'on voyage, et si le temps paraissait long les premiers jours, il s'emballe maintenant. Je vais tâcher de profiter un maximum et de vivre au jour le jour sans penser au retour. La suite au prochain numéro.


Vraiment ma photo préférée du trip
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Meme légendaire qui illustre notre étape

Aaaaah, le voyage. On ne peut pas tout gagner à chaque fois ! On revient d'une expérience magique dans le nord du Vietnam, on est dans ce bus de nuit en direction d'Ha Long Bay sur la côte, un endroit très très connu pour sa beauté (et son surtourisme). Notre plan était le suivant : arriver au petit matin à Ha Long, trouver une croisière qui nous ferait passer la journée sur l'eau et le soir, prendre un bateau pour se rendre à notre logement sur l'île voisine de Cat Ba.

Voilà ce que nous avions en tête lorsque nous avons planifié cette étape :


Images Google quand on cherche "Ha Long Bay" et "Cát Bà Island"

Maintenant, voici ce qui s'est réellement passé.

Le bus nous a déposé à 4h15 du matin après une nuit sans sommeil au milieu d'une route. Nous avons dû prendre un taxi pour nous rendre au centre-ville (ça tombe bien, des locaux attendaient justement au milieu de cette même route perdue). Rien n'était ouvert. Rien. Désert. Pas un chat. On s'est assise sur la terrasse d'un restaurant en attendant qu'il ouvre, à proximité d'un embarcadère. On s'est dit qu'on allait forcément trouver des croisières à l'embarcadère non ?

Il faisait toujours noir quand l'embarcadère a ouvert à 6h. La seule personne derrière les guichets nous a dit que c'était trop tôt, qu'il faudrait revenir à 7h30. Alors comment dire que non, on a suffisamment attendu, on a pris la carte de visite du taxi qui nous avait mené au centre-ville et on l'a appelé pour lui demander ce qu'il proposait. Évidemment il proposait quelque chose !

4h ou 6h de croisière avec diverses activités pour un prix hallucinant. Non merci, on négocie 4h de croisière moins chère (30€ chacune quand même) sans repas ni kayak (que nous avons toutes deux en horreur), on veut juste voir la baie.

Le jour se lève et il fait très gris. On attend 8h du matin dans l'embarcadère et le guide nous fait monter sur le bateau. On voit à quoi ressemble véritablement la ville d'Ha Long : c'est moche à pleurer. Tout gris, avec des bâtiments archistructurellement horribles. Des plans de développement à gogo avec des logements vides construits à destination des chinois ou riches vietnamiens.

Pas beaucoup d'occidentaux d'ailleurs, beaucoup de tourisme local. Bref. On est sur le bateau et même la mer est triste. On passe 1h à naviguer vers la baie. On voit ça :



😐😐😐😐

Vous allez peut être trouver que j'abuse mais franchement, quand on compare à Ninh Binh où nous étions 2 chapitres auparavant, ça fait peine.

Le seul truc un peu bien c'était une grotte impressionnante avec des formations rocheuses de ouf mais qui ne rendent rien en photo :


Voilà de rien

Et en plus on est super fatiguées. Il est 11h et le bateau repart vers la ville. Quelle angoisse... Je dors 1h la tête entre les bras, Lara sombre sur les 10 dernières minutes. Nous voilà de retour dans cette ville glauquissime. On tâche de manger parce qu'on sait qu'à 13h on va enfin sur l'île de Cat Ba, yes, un lit et une douche et une lessive ! Parce que je rappelle qu'on a porté les mêmes vêtements pendant 4j avec le tour en moto.

On trouve un riz frit et des nouilles dans une échoppe locale, et on retourne boire des cafés délicieux là où on les avait bus ce matin.


Ils ont pas l'air dingo mais le goût je vous juuure c'est fou

13h vient et nous montons dans le bus pour quitter cet endroit maudit. À gauche, le trajet escompté et à droite le trajet réel :


Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...

Après plus de 2h de trajet dans un minibus où le vietnamien derrière nous écoutait des bruitages (des bruitages !!!!!) à fond sur son téléphone, on arrive sur Cát Bà.

C'est. Moche. A. Pleurer. A pleurer !! Ok y a la jungle. Mais c'est genre, ils ont construits des trucs sans se soucier une seule seconde de l'esthétique ou de l'impact visuel :


Image honteusement pompée de Google parce que j'ai même pas eu la force de prendre des photos. Imaginez ça en encore + gris.

Vraiment quel enfer. On est au bout de nos forces. On arrive à notre hôtel en retrait de la côte, on Check-in, le Bungalow est mignon comme sur les photos de Booking.com, on se DOUCHE et on donne nos habits pour une LESSIVE merci le seigneur. Il n'est que 17h mais on a envie de rien faire. Sur l'île, les activités proposées sont :

- une croisière dans la baie (NON MERCI)

- du kayak dans la baie (AU SECOURS)

- une randonnée de 9km dans le parc naturel (.....)

- de l'escalade (Léa a quitté la salle)

Je ne sais vraiment pas ce qu'on a imaginé. En fait, de base je ne voulais pas aller à Ha Long puisque c'était super touristique et je le savais (d'ailleurs la mer est dégueulasse pleine de déchets flottants), après discussion Lara a été convaincue mais j'ai lu dans mon guide que Cát Bà c'était ZE place to be, tout le monde autour de nous (sauf 1 couple) nous ont dit que c'était magique, écoute évidemment qu'on y va finalement !

Bon, on se dit que ce soir on ne fera rien à part manger et dormir.

Après X jours à manger du riz merci la vie pour la pizza

C'était vachement bon, donc ça nous réconforte un peu. On part se coucher à 21h et on se réveille comme des fleurs vers 8h. Trop bien dormiiiii

Aujourd'hui c'est samedi et comme tous les samedi Lara va donner ses cours d'échecs dans l'après-midi, donc on a que le matin pour essayer de faire quand même quelque chose.

Voilà un florilège de notre matinée d'exploration de Cat Ba :


C'est pas affreux (à part l'hôtel à droite) mais c'est loin d'être "" magique""

Le seul truc cool qu'on a visité c'est le village flottant de Cái Beo. Il existe depuis 7000 ans !!!! Aujourd'hui, il y a 300 habitants qui vivent sur leur maison sur l'eau, avec souvent un jardin, et un chien (les pauvres). Le mec qui nous a vendu ça a commencé par proposer 500 000 dongs chacune (20€) et on a finalement approuvé pour 250 000 (10€) pour deux. Comme quoi... Tous les prix annoncés aux touristes, le juste prix c'est la moitié. Et encore ! On a fait 30mn de bateau autour du village et c'est tout. Ça ne vaut clairement pas 10€ dans le coût de la vie locale mais bon, faut faire tourner le tourisme...


C'était vraiment mignon. Mais aussi beaucoup de déchets plastiques flottants.

Voilà, on est allées se poser sur une plage, Lara a nagé, on a regardé des chèvres escalader une petite falaise et c'était la fin de notre matinée. Demain, on part à 13h pour Hanoï, la capitale du Vietnam pour prendre un vol pour Phnom Penh au Cambodge. Ça va encore pas être de tout repos tout ça puisque nous attendent 20h de voyage jusqu'à notre prochaine destination, Siem Reap et les temples d'Angkor.


Je réalise que je ne vous ai jamais parlé de la douchette

La douchette les amis !! Pas de PQ ici, ou du moins ils n'en utilisent pas en Asie du Sud Est. Ils en mettent à disposition pour les touristes mais qui aimerait s'essuyer quand tu peux directement te laver grâce à un jet qui nettoie l'endroit souillé ? C'est merveilleux ! Je veux une douchette chez moi !


Je veux également un vrai casque pour me protéger en cas de chute et non une casquette dure merci

Voilà c'est déjà la fin de ce chapitre. Une parenthèse un peu nulle mais bon, ça fait partie de l'expérience, ça peut pas toujours être incroyable et puis je pourrais maintenant dire avec certitude qu'Ha Long c'est vraiment de la merde 😀


Bisous de nous
8

Moi non je ne savais pas. Si bien qu'à l'arrivée dans ce très beau pays, je dégaine Google Traduction pour évacuer une incompréhension et horreur, pas de "cambodgien" proposé !

Il m'aura suffi de lire la section "À propos du Cambodge" de mon guide pour me rendre compte qu'il fallait dire "khmer", pauvre inculte que je suis. C'est donc à la fois le nom du peuple, et le nom d'une ethnie, il y a 75% de khmers au Cambodge et le reste des 25% ne sont ni khmers ni cambodgiens mais le nom de leur ethnie. Très clair tout ça n'est-ce pas.


Interlude gustatif

Bon, après cette anecdote et photo de moi ravie devant mes 2 assiettes servies au Café Espresso (une pépite !!), il est l'heure de revenir à un récit chronologique et ordonné.


Nous nous sommes quittés sur notre départ du Vietnam le dimanche 12 février. Voici le trajet effectué alors :


Cát Bà - Hanoï : 3h de bus, on arrive en pleine heure de pointe dans la capitale vietnamienne. Je me sens très mal et je commence à avoir mal à la tête. On prend un taxi jusqu'à l'aéroport.

Hanoï - Phnom Penh : 2h30 de vol. Je dors tout du long. Ma tête tambourine toujours mais je peux continuer le voyage, lorsqu'on récupère nos sacs, Lara me donne un doliprane salvateur. Nous sortons dans la chaleur étouffante (32 degrés) de la capitale du Cambodge, on récupère une carte SIM et on prend un tuk-tuk qui nous emmène jusqu'à la station de bus.

Phnom Penh - Siem Reap : 8h de bus de nuit. Niveau dates là on est devenu le lundi 13 février. Le bus nous débarque à Siem Reap vers 5h30 du matin. Il fait toujours giga chaud, ça contraste avec le nord du Vietnam qui semblait traverser un véritable hiver (oui, 18 degrés quoi).


Le plan du jour, c'est de visiter le complexe d'Angkor. Vous en avez peut-être entendu parler, c'est souvent mentionné comme étant la huitième merveille du monde : plusieurs temples en pierres bâtis vers les années 1100. Comme c'est gigantesque, il nous faut un scooter : après avoir marché sans but, on trouve un tuktuk qui nous emmène chez un ami à lui, à qui on loue un bel automatique pour la journée. On dépose nos sacs chez le loueur et en avant l'aventure !!


On ne fait qu'1 journée à Angkor alors que la plupart des guides mentionnent 3 jours. On comprend vite que 3 jours, c'était pas du tout pour nous - il fait une chaleur les amis. Un-e cha-leur. Une chaleur type été 2022 en France, et il n'est que 8h30 du matin lorsque nous nous présentons devant le premier contrôle de billets. C'est 37 dollars l'entrée, soit 35 euros. Vraiment pas donné pour le coût de la vie locale encore une fois, mais bon c'est pas non plus la visite de l'église du coin alors on s'y résout. Lara doit acheter une jupe parce qu'elle ne peut pas entrer dans l'enceinte en short : la dame lui annonce 12 dollars pour un pantalon, elle repart avec une jupe pour 2 dollars. Ralala...


Un style imparable pour la journée, et oui j'ai coupé mes cheveux

Petit aparté cheveux, je voulais les couper de moitié mais flemme de payer 40€+ en Irlande. Je suis donc allée chez une masseuse viet qui faisait aussi coiffeuse, je lui montre une photo de moi avant avec la bonne longueur et ni une ni deux, sans mouiller mes cheveux ni faire de raie au milieu, elle cisaille avec vigueur pour un résultat presque parfait. 2€. Donc soit j'ai eu de la chance, soit les coiffeurs occidentaux se foutent vraiment de nous.

Bref, la photo du dessus a été prise par notre guide devant le temple principal d'Angkor. Pas de panique, je mettrai de meilleures photos plus bas... Ce guide s'est jeté sur nous tandis que nous arrivions vers le temple. Pareil, il commence par nous proposer un prix exorbitant, on dit non, il nous dit "allez, donnez-moi du travail", on rigole bien et on part ensemble pour 1h de visite à 10 dollars. Et croyez-moi que c'était bien assez ! Lara ne pigeait rien à son accent à couper au couteau. Moi je faisais de mon mieux pour comprendre ce qu'il racontait et traduire à Lara. Il nous guide jusqu'au temple en nous expliquant l'histoire, les ciselures sur le mur, d'où vient la pierre, et que maintenant les temples sont construits en béton parce qu'on sait plus faire en pierre, encore d'autres ciselures, les pierres empilées les unes sur les autres, l'hindouisme et le bouddhisme qui se mélangent, les ciselures sur le mur vraiment c'est exquis, et les gens les touchent et elles disparaissent, et voici les bassins d'ablutions mais ils sont vides puisque le roi ne vient plus y faire ses ablutions, et le grand final une grande frise de ciselure sur pierre qui raconte l'enlèvement d'une certaine Cita par le méchant roi démon et la bataille du roi humain Rama, grand beau et fort et son allié Hanuman le roi des singes pour la récupérer.

OUF


Le brave Hanuman est désormais réduit à une bière

Le temple a donc été construit au XXIIieme siècle par un roi hindou (enfin, sur ordre d'un roi hindou...) qui avait été inspiré d'une visite en Inde. Puis, il oscille entre hindouisme et bouddhisme jusqu'au XXieme siècle, où le bouddhisme s'installe définitivement en tant que religion principale. Puis, vers 1970-80, sous le régime des Khmers Rouges (avez-vous entendu parler de ce bon vieux Pol Pot, notre despote préféré ?), le temple d'Angkor est utilisé comme quartier général et les mecs coupent toutes les têtes des statues de Bouddha, dans leur volonté de faire table rase du passé et d'instaurer leur rêve d'un communisme agraire. Outre les bouddhas de pierre, 2.8 millions de personnes sont assassinées en 4 ans, tous les intellectuels (il suffisait de porter des lunettes pour être considéré intellectuel) zigouillés, le reste du peuple soumis aux travaux forcés dans les champs. C'était de 1975 à 1979, et le Cambodge en reste profondément traumatisé à ce jour.

C'est grave beau mais alors qu'est-ce qu'il fait chaud

Notre tour s'achève à 9h30 et il fait 32 degrés. On prend le scoot pour aller visiter les temples alentours, sans guide cette fois.

On tombe sur le temple appelé Bayon et on a du mal à comprendre comment des mecs se sont dits il y a 1000 ans "yes, on va construire un truc comme ça"


C'est juste gigantesque en fait

Les photos ne rendent aucune justice mais c'est hallucinant en vrai. Ces pierres ont presque 1000 ans et on peut y entrer pépère, s'asseoir sous une arche, toucher les murs... C'est pas top en terme de conservation, entendons-nous bien, mais c'est incroyable d'y avoir accès là comme ça directement, sans cordon de sécurité ni parcours guidé.

Chanceux le bouddha avec son ombrelle, nous on crève de chaud

J'insiste beaucoup sur la chaleur mais c'est un élément décisif de notre journée. On arrive au troisième temple et je me sens proche du coup de chaleur, dès qu'on descend du scoot et qu'on marche c'est vraiment difficile. Et ça ne fait qu'augmenter, on est au milieu de la journée.


J'imagine ces temples à l'époque. Ça devait être la plus belle chose à des milliers de kilomètres à la ronde.

On termine notre visite vers 14h30 sur Ta Prohm, un temple en ruines mangé par la forêt. On se rend compte de l'ancienneté du site quand on voit la taille des arbres. Une graine a du tomber sur un mur, prendre racine, pousser, pousser sur des centaines d'années, jusqu'à devenir aussi énorme. Ils ont du en voir des choses, ces arbres.


Au final, l'homme n'est qu'une petite crotte perdue à l'échelle de l'Histoire.

Ouuuuf. À 15h, on se dirige vers le Sofitel de Siem Reap avec l'espoir d'avoir accès à la piscine. On planifie de retourner sur le site d'Angkor pour le coucher de soleil. Au Sofitel, on nous annonce 15 dollars par personne pour aller nager - euh non merci, on préfère alors profiter de mes réductions sur le restau pour se délecter d'une planche tapas.


Miammmmm
Et voilou pas mal hein merci Lara pour les travaux photographiques

La journée se termine et nous retournons chercher nos sacs chez le loueur. Ce mec trop gentil nous invite à dîner avec lui et sa famille, alors on accepte et ce sont nos derniers moments à Siem Reap. Un autre bus de nuit nous attend, de Siem Reap à Kampot dans le sud du pays. 10h de trajet, sur un siège certes horizontal mais très étroit et dur.


Notre nuit à Kampot, de mardi à mercredi, aura été la première dans un vrai lit depuis 3 jours.

Merci Kampot vraiment j'aurais pas parié sur toi mais quelle merveille tu es !

On passe juste 2 jours ici avant de terminer notre voyage (déjà......) dans des îles paradisiaques.

Mardi, donc le lendemain d'Angkor, au lieu de se reposer tranquillement au bord de la piscine, nous décidons de faire 2h30 de scooter sur des pistes délabrées pour aller visiter une plantation de poivre (pour les connaisseurs, apparemment le poivre de Kampot c'est mondialement connu). On a aussi essayé de trouver une grotte sur le retour, et on a abandonné à 800m de l'arrivée parce que le jour tombait et qu'il nous restait chacune 10% de batterie sur le téléphone.


Moi tranquille à la plantation de poivre et nous pas tranquilles après 20 ans à galérer sur ces pistes sans en voir le bout

On était en pleine campagne khmer. Dieu que c'est beau... Mais grave stressée parce que Lara conduisait à une allure folle sur ces chemins de terre piégés d'ornières et de cailloux, elle me disait "c'est comme le vélo !" ou encore "c'est comme le hors piste en ski !" et moi je transpirais à grosses gouttes en nous imaginant déjà par terre ensanglantées sur les rochers et le scooter les roues en l'air, qui continuent de tourner mollement avant de s'arrêter définitivement, nous condamnant à passer la nuit au milieu de rien et avec des moustiques et peut-être des membres cassés arrrrrgh Lara ralentis pour l'amour du ciel !!!


On a vécu jusqu'à l'apéro du soir, avec un concert live d'un mec qui reprenait (mal) des classiques français à l'accordéon

Et aujourd'hui, rebelote, le repos ? Nooon. Le matin, on a changé d'hôtel pour l'hôtel voisin qui avait l'air beaucoup mieux et en fait pas du tout, on se retrouve dans un minuscule bungalow en bambou infesté de moustiques :


Là vous avez littéralement toute la pièce

Et c'est 20 dollars la nuit pour çaaaaaa

Mais bon certes passons. On se rend au parc national de Bokor qui d'après mon guide est majestueux et regorgeant d'animaux.

On roule 2h en scooter, je perds l'audition de mon oreille droite à cause du vent, on croise quelques singes sur la route, on perd 15 degrés parce qu'on grimpe une montagne et on arrive, transies de froid, dans un mauvais rêve : imaginez un développement immobilier soviétique des années 60, mais pas encore terminé. Vous avez ce qu'on a sous les yeux. C'est MOCHE y a RIEN ni personne ni point de vue, ai-je perdu l'usage mon oreille droite pour cela ??

Mais non, car heureusement, le seigneur montre la voie.


L'église la plus triste du monde

À gauche de cette église (construite par les français à l'époque de l'Indochine) serpentait un chemin qui paraissait mener au bout d'une colline. Nous le suivons, désespérées, et vous savez, c'est lorsqu'on pense qu'on a tout perdu que l'on gagne tout (ou quelque chose comme ça).


La vallée s'ouvre à nous jusqu'à la mer, en arrière plan à gauche.

On a pas fait tout ça pour rien... On redescend de la montagne pour manger, on tombe sur un temple, c'est très joli, mais j'ai très mal à l'oreille et je demande à rentrer. Fin de la journée et de ce chapitre déjà bien long alors qu'il ne s'est passé que 3 jours !!


Marre des beaux temples là grrrr faites-les moches un peu

Les amis, le prochain chapitre sera le dernier. J'espère qu'il sera superbe, parce que c'est la fin de mon séjour (Lara reste en Thaïlande puis va au Népal.........) et qu'il me faut plein d'énergies positives pour recouvrer l'audition-euh, retourner affronter l'hiver en Irlande.


Merci ❤️

9

Ce bateau nous emmène vers notre dernière destination, pour nos derniers jours de voyage. Au matin du jeudi 16 février, nous avons quitté Kampot pour Sihanoukville, une ville portuaire dans le sud du Cambodge. Sihanoukville en soi, c'est très moche et ravagé par les chinois : énormes buildings spéculatifs, casinos, développement touristique nocif, etc. Sihanoukville c'est surtout l'embarcadère pour le paradis, il y a au large, à quelques 40mn de bateau, deux îles : Koh Rong la plus grande et Koh Rong Sanloem la petite sœur.

Le beau trajet de Kampot à Koh Rong

Initialement, on avait choisi la petite soeur, parce qu'on avait entendu que Koh Rong était elle aussi trop ravagée par les chinois. Puis, on a vu que le gouvernement khmer était en train d'expulser les hôtels présents sur Sanloem parce qu'il a cédé son développement à 2 gros resorts qui du coup avaient besoin de place. Ambiance, on a donc changé nos plans et on s'est dit en regardant les photos de Google Images que ça pouvait pas être "si pire" d'aller sur la grande Koh Rong.

Et nous voilà parties de Kampot en bus, on passe les deux premières heures sur une piste pas du tout pavée où on roule à 2 à l'heure et où ça secoue beaucoup. Le reste de la route va mieux, on arrive à Sihanoukville et effectivement c'est très moche, le bus nous dépose à l'embarcadère, on trouve notre bateau, on monte dessus, mais tout se passe beaucoup trop bien ??? Ce n'est pas normal on est pas habituées à ça.


Bienvenue au paradis

On y est. Après tant d'efforts et d'aventures lors de ce séjour, ces derniers jours sont faits pour se re-po-ser. On avait réservé au Coconut Beach Bungalow, un hôtel très mignon qui était plus loin que le débarcadère et qui nécessitait que quelqu'un de l'hôtel vienne nous chercher. J'avais arrangé ça à l'avance, en communiquant plusieurs fois notre heure d'arrivée, 15h30.

Et vla t'y pas qu'en débarquant à 15h30, personne à l'horizon, je regarde mon téléphone et le mec m'a écrit à 15h20 en me disant qu'il nous cherchait depuis 1h et qu'il ne nous avait pas trouvé.???? Il n'y a pas de décalage horaire entre les deux endroits donc je lui écris gentiment que j'avais dit 15h30 et que c'est normal qu'il ne nous trouve pas avant, et de toutes façons il connaît l'heure des bateaux non ?

On décide donc de louer un scooter et d'aller à l'hôtel nous-mêmes. Dans la foulée, le mec revient : il est très gros, le ventre qui dépasse du T-shirt en mode sale et a une mine patibulaire qui tranche vraiment avec le reste des locaux. Il nous dit "je suis là maintenant donc venez" et on lui dit "ben non on a loué un scooter du coup on vient par nous-mêmes" et là il a l'air très agacé et nous dit "je vous fais le trajet gratuit mais venez maintenant" et avec Lara on est plutôt confuses et on lui dit qu'on vient de donner l'argent au loueur, lequel regarde la scène d'un air amusé. Et là, notre gros pépère du Coconut Beach se fâche tout rouge et nous dit "ben c'est pas la peine de venir alors si vous louez pas de scooter chez moi je veux pas de vous, annulez votre réservation".

Bouche bée, je tente de récapituler la situation en calmant le jeu mais rien n'y fait. Il nous répète d'annuler la réservation et qu'il ne veut pas nous accueillir, et tourne le dos. Ben du coup, avec Lara on se regarde et on se dit qu'on trouvera forcément quelqu'un de plus sympathique que lui pour nous accueillir sur l'île.

Et en effet, après quelques recherches, on trouve notre bungalow pour 2 nuits, où on a de l'eau par intermittence dans la salle de bain.


On marche sur la tête là

Il a cru qu'il allait ruiner notre séjour lui, mais que nenni ! On a besoin de personne. Ni une ni deux, nous voilà à nager avec bonheur dans la mer et à planifier le repas du soir.

On est sur la plage de Long Set à droite de la photo ci-dessous, et il nous est recommandé un restaurant italien délicieux à Koh Touch Beach, plus au sud. Google Maps nous indique 10mn de scooter, sur la route que vous voyez entourée, et nous voilà parties dans la joie et l'allégresse sur notre scooter.


Vous la sentez arriver, la douille..?

Il était alors 18h30 et le soleil s'était couché. La route est en bon état sur les premiers mètres, vraiment que pourrait-il mal se passer.

Hé bien, lorsqu'il nous restait 1,5km à parcourir, plus de route. Cela devient un bourbier de gros cailloux, crevasses et ravins, et en fait c'est ça la route. On voit 2 locaux passer à toute berzingue devant nous. On se dit let's go, on a fait pire !

Hé bien, non, on a pas fait pire. Écoutez-moi bien, ou plutôt lisez-moi bien, de toute ma petite expérience de motarde sur les routes du monde, j'ai vécu la pire période de ma vie sur un deux-roues. Dans la nuit noire, à deux sur un petit scooter automatique, nous voilà à descendre des pentes raides pleines de rochers, de fossés créés par la pluie, de graviers. On se dit que c'est impossible que ce soit la bonne route, Google Maps dit si c'est bien ça, mais on se dit qu'on s'est peut être fait piéger. Et impossible de faire demi-tour tellement la pente est difficile et la route en mauvais état. Je me mets à pleurer, tétanisée parce que j'ai cru qu'on allait crever comme ça dans le noir et qu'on retrouverait nos corps accidentés au petit matin. Lara me rassure, mais n'est pas rassurée elle-même. Au bout d'un moment, au plus dur de la pente, je parviens à arrêter le scooter et à le garer en travers. On part avec Lara en éclaireur pour essayer de voir si il y a quelque chose devant. En effet, il reste 500 mètres de route et on arrive près d'habitations, et en bas, la plage, avec le restaurant qu'on visait. On se dit qu'on peut le faire, que dans tous les cas jamais on repassera par cette route au retour, c'est impossible que ce soit l'unique route pour parvenir sur cette plage.

La mort dans l'âme je reviens au scooter et j'invoque toutes les forces positives pour m'aider. Lara me guide du bas de la pente sur le "meilleur" itinéraire à prendre. On arrive vers les habitations, en sueur, abattues, on comprend pas ce qui nous est arrivé.

On traverse la plage et c'est très vivant, ça fait la fête, énormément de restau et bars : mais comment ces gens sont-ils arrivés ici ? On trouve le restau et on commande sans grande conviction. C'était bof. On essaie de trouver une solution pour rentrer. Je n'avais pas réalisé que cette plage était peut-être uniquement accessible par bateau... Je n'avais jamais été dans un tel état d'abattement. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé : on était supposées passer une bonne soirée, se détendre, et on s'est jetées tête la première dans un bourbier sans nom.

On termine de manger et au fond de moi je sais déjà ce qui nous attend. La serveuse nous a confirmé qu'il y avait soit cette route, soit la route qui fait le tour de l'île mais qui nous prendra près d'1h, et elle ne nous a pas parlé de son état.

Je tente de demander ailleurs, même réponse. C'est cette route maudite, ou tenter le diable autour de l'île. Je préfère savoir à quelle sauce je vais être mangée, donc après ce repas minable dans le premier restaurant de l'île sur TripAdvisor, on repart vers le scooter.

Si je vous écris ces lignes ici c'est qu'une fois de plus, on a surmonté : on est arrivées vivantes, épuisées, à l'hôtel, et on s'est écroulé dans le lit avec la résolution de ne RIEN faire le lendemain, du moins rien qui ne nécessite de se déplacer avec le scooter.



Matinée hammac et baignade pour nous remettre de nos émotions.

Après avoir enquêté un peu, on nous dit que ce morceau de route est le seul et unique de l'île qui n'a pas été terminé. Le reste de l'île est très pratiquable. On se dit que le mec du Coconut Beach nous a lancé des incantations maudites, c'est pas possible autrement.

Du coup, on se déplace quand même vers une autre plage et on arrive au Secret Garden hôtel, qui nous réserve une belle (et bonne) surprise.


Une plage sublimissime juste pour nous !!!

Bon, le mocktail que j'ai pris au bord de la plage avait le goût et la texture du vomi (genre vraiment, de vomi) mais après la journée d'hier et une telle vue sur la plage, qui s'en préoccupe ? On passe une excellente journée et une bonne soirée, et dodo.


Ici, on fait du scooter sur la plage au bord de l'eau

Le lendemain on change d'hôtel, et cette fois ci on prend le bateau pour s'y rendre. On arrive au Tree House, un très bel endroit avec de hautes cabanes dans les arbres surplombant la mer. Bon, comme elles sont super chères nous on a juste un bungalow en retrait mais il est quand même trop beau et on est super contentes.


Le reste du séjour fut agréable pour en dire le moins.

Coucher de soleil, plage, massage, ça va vite tout ça et dimanche arrive. On quitte le paradis après un petit déjeuner où on nous a demandé 3$ pour 1 (une) crêpe et 1$ supplémentaire pour le Nutella. Je cite la réponse de la proprio suite à nos interrogations "ici, on fait tout à la minute. Tout. Donc cette crêpe est faite à la minute." Euh, oui... Quelle organisation efficace de votre cuisine...

Bon, ça nous fait doucement rire et on reprend le bateau direction la capitale, Phnom Penh, où nous passerons notre dernière nuit sur un point d'orgue : le Sofitel, que j'ai obtenu pour 90€ la nuit grâce à mon travail (merci la vie). On roule 3h depuis Sihanoukville, mais ça valait le coup :


C'est juste sublimeeee

C'était la première fois de Lara dans un hôtel de luxe et je suis trop contente de pouvoir nous avoir ça pour notre dernière nuit. On boit des cocktails et on mange au restaurant japonais de l'hôtel, le staff est incroyable, ils connaissent mon nom et tout, on se fait saluer de toute part par des gens trop gentils, on chante Édith Piaf et Michel Delpech sur le balcon de notre chambre au dixième étage devant les bâtiments illuminés de la ville, et c'est merveilleux et c'est la fin de notre séjour.


Mon style (réellement) en arrivant au Sofitel

Ce matin, lundi 20 février, 5h30 du matin, on se réveille et c'est l'heure d'aller à l'aéroport. On prend toutes les deux un vol pour Bangkok mais pas le même : Lara va à Don Mueang puis Surat Thani, pour terminer sur une île dans le sud de la Thaïlande où elle passera deux semaines avant d'aller toute seule à l'aventure au Népal.

Moi, je vole jusqu'à Bangkok et j'attends mon vol le soir pour Dubai, puis Dublin. Pas la même ambiance...

On se dit aurevoir sur les sièges de l'aéroport. Je la vois partir vers son avion. Que d'émotions.


Un seul être vous manque et c'est tout l'univers qui est dépeuplé...

J'écris ces lignes à 18h, mon vol est dans 2h. J'ai encore pour 40€ de monnaie khmer qu'aucun bureau de change ne daigne prendre, donc c'est un peu relou, surtout que c'est pas à Dublin qu'ils vont vouloir de la monnaie pour le Cambodge... Mais bon, c'est rien du tout à côté de toutes les galères qu'on a traversé.


Je suis heureuse de ce séjour. Ça m'a fait un bien fou. Je suis aussi contente de revenir chez moi, à Dublin, de retrouver mon copain et mes amis. J'ai des projets plein la tête. Vive la vie. Merci de m'avoir suivie !

Des bisous