Commençons par un aparté car nous étions dans le delta du Mékong le 5 mars :
Aujourd'hui, 15 mars : Pour info et pour rassurer ceux qui s'inquiètent pour nous, tout va bien, même si nous avons quitté le Vietnam avant-hier, un peu dans la précipitation. En effet, le gouvernement a durcit son approche vis à vis des européens et la situation a complètement changé en l'espace de 48h. Les sites touristiques, restaurants et magasins ont tous fermé très rapidement. Suite à la propagation du virus en Europe, les occidentaux font aujourd'hui peur aux Vietnamiens et nous n'étions clairement plus les bienvenus. On nous prenait la température en entrant dans un restaurant (pour ceux qui acceptaient encore de nous ouvrir leurs portes) et on nous aspergeait de gel hydroalcoolique dès qu'on montait dans un bus. On a donc écourté notre séjour et pris la direction de la Malaisie où la situation est moins tendue (pour l'instant).
On pense également beaucoup à vous tous car désormais, il semble que la France et l'Europe en général soient plus impactées que la plupart des pays d'Asie du Sud-Est.
N'hésitez pas à nous envoyer des nouvelles par mail, on sera content de vous lire !
CAI BE
On a un peu tergiversé mais on a finalement décidé de dire au revoir au Mekong en allant faire une étape dans son delta, quelques kilomètres en amont de la mer de Chine. L'hôtelier chez qui nous avons réservé nous a choisi un bus, direction Cài Bè. Cette petite ville est peu touristique et vit au rythme du fleuve, que se soit avec les cultures de fruits, le riz, la pêche ou le tourisme. Du coup, le bus est plein de vietnamiens et ça nous change... on a failli regretter notre choix lorsqu'on a vu le carton de Durian, (on y reviendra plus loin) mais finalement il est resté à quai. Trois heures plus tard, on nous dépose dans un petit hôtel le long du Mékong, et le contact avec notre hôte se confirme... on va passer un bon moment ! Wu est un jeune type dynamique, rigolard et bienveillant, il nous accueille chaleureusement avec sa soeur et la cuisinière et on se sent comme à la maison.
On s'installe donc et aussitôt, Robin cherche le code WIFI pour connecter l'iPAD, (sa liseuse et sa console)... mais plus d'iPAD ! Il est resté dans le bus qui nous amenait de Saigon... autant dire perdu.
Adieu "Fortnite" et "Brawlstar"... à moins que Wu ne fasse un miracle...
Il contacte la compagnie de bus dont il connait les propriétaires et bonne surprise, retrouve l'iPAD. Il conduira lui même Robin sur son scooter pour chercher la précieuse "liseuse" de Robin.
Ici, pas de restaurant, la cuisine est familiale et délicieuse, on discute en anglais et nos hôtes s'essayent au français : totalement autodidactes, ils apprennent les langues au contact de leur clients en notant phonétiquement les mots dans un cahier. Ainsi "O-LI-VIA", (qu'on entendra tout le temps) est leur version de ON Y VA ! Wu nous montre également un guide de conversations Français-Vietnamien, une relique de 1952, publiée avant l'indépendance . Pendant nos échanges, la soeur de Wu s'extasie sur la blondeur de Juliette et commence à la coiffer... Juliette n'osera pas râler lorsqu'on lui fera sa tresse (mais n'en pense pas moins)...
Rassasiés et douchés, on embarque sur un bateau, on est seuls à bord, avec notre pilote et Wu, qui nous servira de guide tout l'après-midi. Il est fier de sa ville et adore SON fleuve. il nous a concocté un programme "maison", faut dire qu'on est les seuls clients de son hôtel...
ETAPE 1 - Le Marché
Sous les toiles et bâches qui procurent une ombre bienvenue, on découvre un grand marché typique, à l'usage unique des locaux. La profusion de fruits, légumes, herbes et autre étals est vraiment attrayante.
On trouve de tout sur ce marché, Wu fait le mariole en nous montrant une grappe de crapauds vivant attachés à la façon des gousses d'ail. On apprécie plus que modérément mais ici beaucoup d'animaux sont vendus vivants, notamment les poissons, pêchés dans le fleuve à quelques mètres et maintenus en vie dans des bassines oxygénées... fraîcheur garantie !
On se déplace dans les allées et on découvre nombre de produits peu conventionnels : parmi ceux là , on remarquera le "Bat Poo Poo" , les excréments de chauves-souris, vendus comme engrais biologique.
On sentira et goûtera plusieurs herbes. Sur un autre stand, on testera une boisson au sucre de canne tout juste pressé : "So Good" !
Plus loin, on croise un bébé chiot, "So Cute" ! et Wu essayera de nous faire croire qu'il est sur le marché pour être vendu et mangé, rassurez-vous, on est dans le sud du Vietnam, majoritairement Bouddhiste, on ne mange pas les chiens ici...
Par contre, on mange les canards... "So Cute" !
Il y a pire... Sur le stand de cette adorable grand-mère de 85 ans : Wu nous fait découvrir des oeufs un peu particuliers. On prévient les âmes sensibles et les plus jeunes que la vidéo qui suit peut choquer... en effet, manger des œufs de canard fécondés (avec un caneton déjà bien trop formé) fait partie des habitudes alimentaires des locaux...
ETAPE 2 : Le marché flottant.
Rien à voir avec l'horrible piège à touristes au Sud de Bangkok. Ici les commerçants naviguent en famille sur le fleuve, mouillent quelques jours à Cài bè, puis se déplacent vers un autre marché en amont ou en aval du fleuve. Chaque embarcation vend son produit de prédilection et on distingue chaque spécialité à un étendard qui n'est autre qu'une longue perche en bambou flottant à l'avant des bateaux et on peut y voir, fixé au sommet, un exemplaire de manioc, patate douce, oignon etc.
Pour que l'expérience soit plus ludique, Wu nous amène à bord de l'embarcation de la marchande de fruits. On y dégustera et découvrira une grande diversité de produits, certains rares voir jamais vus. On commence facile avec de petites bananes et de la pastèque, puis la mangue et la papaye.
Un peu plus difficile, Wu nous présente le rambutan : de la taille d'une balle de golf, coque rose et poils drus avec une chair juteuse qui fait penser au leetchi...
Ça se complique avec l'échantillon suivant, une tranche issue d'un fruit immense et dont la coque est piquante, on redoute le Durian, que l'on a senti dès qu'on est monté à bord, mais ouf, ça n'est que le gigantesque "fruit de Jaques" qui peut peser jusqu'à 30 kg (on vous le présentera plus tard sur son arbre).
Ça y est ! c'est le moment qu'on présentait depuis le début, et on devrait plutôt dire qu'on sentait depuis le début : le Durian. Ce fruit pue tellement qu'il est interdit dans les bus, avions, hôtels et lieux public fermés. On le connait de longue date mais on n'a jamais osé le goûter. Qui goûterait une tranche "d'égout fermenté" ? Mais là, pas possible de se défiler, et comme l'odorama n'existe pas encore, le plus parlant est de vous montrer la vidéo... "So Good" !
Etape 3 : L'artisanat de la ville
Au détour d'une ruelle ou d'une porte, Wu nous fait découvrir quelques métiers artisanaux.
Ici la fabrication de feuille de riz cuites à la vapeur sur une toile respirante:
Un peu plus loin, c'est un autre artisanat que l'on nous montre : la fabrication de Pop rice. La video en montre le principe, le son du riz sert à allumer le feu, le sable de la rivière, chauffé à plus de 200°C fait sauter le riz. Il sera tamisé avant d'être enrobé de caramel ou autres parfums. "So Good !"
On déambule dans les ruelles de Cài bè et Wu nous mène jusqu'à son temple. Il nous explique les spécificités du Bouddhisme au Vietnam : ici, on prie jusqu'à 1000 bouddha différents, les femmes peuvent être moines, les statues sont bedonnantes et souriantes, on a clairement changé de style. La svastika est plus présente également, toujours dérangeante pour nous, occidentaux, au regard de notre histoire contemporaine. Ce symbole a plus de 4000 ans et on le retrouve dans toutes les civilisations et sur tous les continents.
On partage une prière en allumant des bâtons d'encens, on formule un voeu en frappant une cloche, puis on reprend notre marche.
Etape 4 : Les canaux et les vergers.
Autre ambiance : notre bateau quitte les affluents pour traverser un bras plus large du Mékong. On y croise des navire de transport plus gros qui transportent le riz, mais aussi du sable en grande quantité pour les constructions de Ho Chi Minh Ville. Son prélèvement massif dans le lit du fleuve, bien qu'interdit officiellement, est quotidien et abîme les berges, qui s'effondrent de plus en plus fréquemment. Wu nous explique tout cela d'un air blasé : il sait que cela rapporte beaucoup d'argent et que la corruption fonctionne bien dans son pays...
Après 10 min de traversée, on accoste sur une île et nous changeons d'embarcation. C'est une sorte de longue barque à 2 rames qui nous guidera dans les canaux qui irriguent les vergers. nous voilà plongés dans des ruelles aquatiques ombragées (les arroyos), portés par les mouvements gracieux de notre gondolière, dans une version tropicale du Marais Poitevin...
Une fois sur la terre ferme, on découvre les petites exploitations fruitières. Les paradoxes et situations ubuesques sont ici aussi présentes. On nous présente avec fierté les productions de mangues et autres fruits tropicaux, totalement bio. Super, sauf que pour éviter les pesticides et protéger les fruits des insectes, on les emballe dans des sacs plastiques ou des protections en polystyrène, à même l'arbre... Bio certes, mais pas zéro déchet...
Sur cette île, tout pousse et en grande quantité, grâce à l'eau du fleuve et au soleil. mais tout est question de proportion : les années de trop fortes pluies, le Mékong déborde et dépose des alluvions, ce qui est bon pour les rizières mais pas pour les vergers. A l'inverse, les années plus sèches, les vergers sont à la fête et les rizières font la tête.
ETAPE 5 : Sunset sur le Mekong
Nous rentrons vers la guesthouse après un dernier coucher de soleil sur le Mékong...
ETAPTE 6 : Cooking Class
Pour le dîner du soir, nos hôtes nous proposent de mettre la main à la pâte. On ne se le fait pas dire deux fois et nous commençons par façonner des sortes de samoussas à base de farce de légumes et de porc. Puis c’est un wok de beignets de légumes que nous aidons à préparer... So Good !
Etape 7 : Maison coloniale et jardins
Le lendemain, nous empruntons les vélos de la guesthouse, pas de première jeunesse, comme d’hab, mais qui sont efficaces pour faire un petit tour jusqu’à une maison coloniale et dans le centre de Cai Be.
La maison de M. Ba Duc, construite en 1938 par le mandarin du village dans le style vietnamien traditionnel fut restaurée à l’époque coloniale et combine aujourd’hui les deux styles architecturaux. Elle appartient depuis 6 générations à une même famille de propriétaires.
Un beau jardin fleuri s’étend à l’arrière, dans lequel on trouve un petit cimetière où reposent les ancêtres. Ici, chacun peut demander à être enterré sur sa propriété privée, assurant que la terre ne sera pas revendue par les descendants. Suivant cette même logique, on trouve ainsi de nombreuses tombes disséminées dans les rizières. Elles seront alors surélevées d'un mètre pour ne pas être noyées lors des crues annuelles du fleuve.
ETAPE 8 : Vue panoramique
Un petit tour au sky bar d’un hotel de Cai Be conseillé par Wu nous donne un aperçu en hauteur de la petite ville.
Contents d’avoir terminé notre descente du Mékong jusqu’à son embouchure où nous avons participé à une tranche de vie des locaux grâce à Wu et à sa famille.