Nous sommes venus à Thakhek principalement pour y effectuer la boucle des karsts de Khammouane. Égrainées sur les quelques 500 km du "loop", les formations calcaires dissimulent des vals secrets et une collection de grottes.
LOOP - J1 - THAKHEK --> NAKAI - 80km
Réveil matinal à Thakhek, on récupère nos scooters chez Wang-Wang*, les casques ne sont pas très bien ajustés mais il n'y a pas le choix, on doit laisser un passeport en dépôt, c'est illégal mais on a pas le choix, les scooter roulent mais pas de lumière pour le mien, pas de compteur de vitesse pour celui d'Anne, on fera avec, de toute façon, on n'a pas le choix...
* Wang-Wang, c'est la version laotienne de Hassan Cehef (les nuls) : une chambre d'hôte ? C'est possible ! Acheter des tickets de bus ? C'est possible ! Un petit déjeuner avant de partir ? C'est possible ! La location de scooter ? C'est possible ! La lessive ? C'est possible... On n'a pas demandé s'il faisait coiffeur ou banquier...
Sur la route, au guidon de nos grosses cylindrées (125cm3), on se prend facilement au jeu, façon Easy rider, le style en moins...
notre version de "Easy Rider" au Laos Stop 1 : Bouddha's cave et Paseum Cave
Stop 2 : Xieng Liab Cave
La surprise de cette grotte : elle est traversante ! On the road again !
Stop 3 : Le Barrage et le réservoir Nam Theun 2
La création récente du barrage de Nam Theun 2 a noyé une vallée autour de Nakai et Thalang pour créer le réservoir que nous traverserons demain. C'est le plus grand d'Asie du Sud Est et a été créé en 2010, dans l'objectif d’alimenter en électricité notamment la Thaïlande. Plusieurs villages ont été déplacés et les terres englouties. On pourrait aussi regretter le réseau de fils électriques qui traverse le paysage et gâche le plaisir des yeux. Mais le Laos a d'autres priorités que nos souvenirs de cartes postales et c'est d'abord un outil de développement dont le pays a grandement besoin. Rappelons que nous avons également noyé des vallées en France dans les années 50, lorsque le pays s'est structuré et développé...
Le barrage est situé en aval de Nakai Avant notre première nuit, on fait un petit détour le long du réservoir pour atteindre une cascade. 5km de piste pour arriver à la cascade, malheureusement quasi à sec. Il reste une succession de rochers et des bassins dans lesquels les enfants ne se font pas prier pour plonger.
lumière du soir et baignade rafraîchissante. Encore quelques kilomètres, la route s'élève et les virages se resserrent. Après 100 km environ, sur le sommet de la montagne, le petit village de Nakai apparaît et avec lui, notre "resort". Il s'agit d'un complexe à la mode communiste, une chambre gigantesque avec 3 lits doubles... une douche qui dysfonctionne et des relents d'égouts dans la salle de bain. Le tout dans un ensemble de bâtiments qui semblent quasi vide et assurément déprimant.
Comme partout au Laos, il y a un terrain de pétanque, souvenir d'un temps pas si lointain où la France a exporté son sport d'apéro. Pendant que les enfants font une partie avec les locaux, on s'occupe de l'apéro en compagnie d'un couple de français qui finissent leur tour du monde ; on échange des adresses et bons plans. (80% des touristes que l'on rencontre par ici sont français... pourquoi ? on n'en sait rien, mais on remballe notre anglais pour quelques jours...)
LOOP - J2 - NAKAI --> KONGLOR - 173km (sans les digressions)
Nous quittons notre pseudo « resort » communiste un peu glauque pour enfourcher nos scooters direction Konglor Cave, le POINT D’ORGUE de la boucle. Aïe, les derrières sont douloureux ce matin ! Mais pas le temps de se lamenter (et pis quoi encore) quelques 170 km nous attendent aujourd’hui.
Premier arrêt, le chemin des orchidées. 800 m jusqu’au point de vue qu’ils disent… euh… plutôt 800 m de dénivelé non ? Nous laissons les scooters et nos casques au pied du chemin et commençons la petite montée plein d’entrain… rapidement, le rythme ralentit… c’est qu’entre les sacs qui pèsent, la température et la pente raide, on commence à haleter et transpirer quand il n’est que 9h du matin…
Et pis comme Anne trouvait que la séance de grimpette n’était pas assez intense, à mi-chemin, elle s’est rendue compte que la clé de son scooter était restée sur le contact… oups ! Un Joël qui fait l’aller retour en courant et les trois autres plantés au milieu de la jungle plus tard... nous voici repartis vers le sommet !
En levant la tête, nous croisons quelques spécimens d’orchidées sauvages dans les arbres. Le chemin grimpe de plus en plus, nous faisons une pause et les enfants ont presque gain de cause pour faire demi-tour… mais nous persévérons et quelques centaines de mètres plus loin, le bout du tunnel euh… chemin est là ! Le ciel est quelque peu couvert aujourd’hui mais la vue sur la vallée valait bien quelques gouttes de sueur !
Une pause déjeuner dans une ville intermédiaire suivie d'un plein dans un village et nous reprenons notre route vers le nord.
Dans l’après-midi, nous nous arrêtons à la « cool pool », non sans avoir fait quelques détours pour en trouver l’entrée. C’est un bassin naturel à l’eau couleur émeraude bien fraîche. On constate avec amusement que les laotiens se baignent entièrement habillés et que certaines des filles qui rentrent de l’école en uniforme, n’hésitent pas non plus à s’immerger avec !
Il est temps de repartir vers notre destination du jour si nous voulons y parvenir avant la nuit. Cette dernière portion de route est un plaisir pour les yeux : nous traversons des villages typiques où le moindre recoin fertile est utilisé à des fins potagères, et les pics karstiques entourent les parcelles de tabac et les rizières jusqu’à se refermer en direction de la grotte.
Nous traversons quelques ponts couverts de lattes de bois discontinues en essayant de ne pas se prendre la roue dedans… Nous arrivons dans le village à la tombée de la nuit et dormons dans une guest-house avec juste le confort qu’il faut pour 7€ la nuit.
LOOP - J3 - KONGLOR --> THALANG - 150 km
Après un solide petit déjeuner, direction l’entrée de la grotte. Nous sommes parmi les premiers, c’est encore tout calme.
Traversée par une rivière souterraine, la grotte de Kong Lor ne mesure pas moins de 7,5km de long avant d'émerger dans une vallée perdue. La légende de la découverte du passage raconte que les villageois de Konglor ont observé à plusieurs reprises l'arrivée de canards domestiques par la sortie de la grotte. Ils en ont conclu qu'il devait y avoir une entrée de l'autre côté. Ayant connaissance d'un village de l'autre côté de la grotte, les habitants comprirent que la rivière traversait la montagne tout entière pour ressortir à Konglor.
Située sur la voie de ravitaillement de la piste Ho Chi Min*, elle servit de cachette aux laotiens durant la 2ème guerre d’Indochine.
Chacun sa lampe frontale, son gilet de sauvetage (on ne risquait pas la noyade avec le niveau de l’eau…) et c’est parti pour 45 minutes de traversée.
Rapidement après l’entrée dans la grotte, nous sommes plongés dans le noir. Seuls les faisceaux de nos lampes nous permettent d’apercevoir les dimensions hors du commun du tunnel de la rivière souterraine. Nous accostons environ 20mn plus tard sur un banc de sable. Cette partie est éclairée et nous offre un spectacle de stalactites et stalagmites impressionnant.
Nous retrouvons notre barque de l’autre côté de ces concrétions et reprenons notre douce navigation vers la sortie de la grotte de l’autre côté de la montagne. Des salles monumentales succèdent aux parties plus basses mais toujours étonnement larges et nous débouchons sur la sortie, dans la "vallée perdue" sous un soleil radieux.
Une petite pause obligatoire de l’autre côté pour consommer quelques bricoles vendues par les locaux, l’occasion de découvrir qu'une espèce endémique d’araignée parmi les plus grandes au monde, 30 cm d'une patte à l'autre (totalement inoffensive ouf !) vit ici : Heteropoda maxima.
Nous reprenons le chemin en sens inverse, croisons les barques des touristes qui arrivent, ressortons de la grotte côté village de Konglor et reprenons rapidement nos affaires à la guest house pour repartir, direction Thalang, à 150 km où nous dormirons ce soir.
Il fait beaucoup plus chaud aujourd’hui. Robin et Juliette parviennent à négocier un nouvel arrêt à « Cool Pool » sur le chemin.
Robin, Joël et Juliette au fond et à fond ! Encore quelques dizaines de kilomètres où nous restons attentifs tout en profitant du spectacle. Le sport consiste à éviter les pick-up qui doublent un camion sur leur voie et qui nous arrivent dessus, les animaux divers et variés qui traversent quand ça leur chante (Anne a failli se prendre une chèvre sortie de nulle part !) et pour finir, les quelques nids de poule, enfin d’autruche plutôt (!) qui parsèment le parcours… Mais comme le Laos est beau !
le véhicule le plus utilisé ici est une sorte de motoculteur XXL soudé à une charretteNous arrivons à proximité de Thalang à la bonne heure et profitons d’un coucher de soleil sur le lac Nam Theum 2. Comme évoqué plus haut, ce paysage atypique d’arbres noyés n’a rien de naturel mais n'en demeure pas moins très photogénique.
Il y a tellement de points de vue de part et d'autre de la route que c'est l'occasion d'organiser un concours de photos entre l'équipe des garçons et l'équipe des filles !
Ne cherchez pas à départager, on ne sait plus quelle équipe a pris quoi !La guest house se situe à l’autre extrémité du lac. Trois chiots y vivent pour le plus grand bonheur des enfants (et de Anne 😉). Nous retrouvons quelques groupes de sympathiques routards croisés sur la boucle. Echange d’expériences (crevaisons et autres…), de conseils (on apprendra notamment comment éviter le racket des policiers à l’entrée de Thakhek) et la soirée se termine autour d’une même table. Nous dormirons au son des grenouilles cette nuit là et Robin découvrira le lendemain la plus grande araignée jamais rencontrée sur la moustiquaire de son lit (c’est bien la sorte totalement inoffensive n’est ce pas ?)
LOOP - J4 - THALANG --> THAKHEK - 100 km
Dernière journée, les enfants demandent à retourner à la cascade du premier soir. Nous sommes dimanche, un groupe de garçons d’une dizaine d’années ont allumé un feu sur un rocher et affûtent leur harpon pour aller pêcher leur déjeuner !
Nous repartons en fin de matinée sur les chemins caillouteux en se faisant la réflexion que nous n’avions pas eu de problème, lorsque le scooter de Anne commence à zigzaguer… crevaison ! Nous venions de traverser un village alors hop, demi-tour. Coup de chance, le premier « magasin » sur la droite vend des jantes. Pas besoin de se parler, le garagiste prend les choses en main et change la chambre à air après avoir démonté la roue en 10 mn chrono, le tout pour… 3 euros.
Un petit tour au sommet d'un pic, encore quelques belles rizières, un dernier petit détour pour éviter le racket organisé des policiers à l’entrée de Thakhek (nous apprendrons plus tard que c’était inutile car le dimanche, ils sont chez eux !) et nous revenons chez Wang-Wang rendre nos compagnons de route et récupérer le passeport de Anne.
Nous rentrons épuisés, poussiéreux mais heureux de cette découverte de la campagne laotienne.
JOUR 5 - THAKHEK
Aujourd'hui, on prend le temps de se poser pour récupérer de la boucle qu'on vient de faire, flâner dans Thakhek et fêter les 11 ans de notre Robin !
Tranquillement posé au bord du Mékong, le centre ville de Thakhek se résume à un petit quadrillage de rues aux façades coloniales un peu décrépies mais charmantes.
Thakhek Nous avons déniché d'excellentes pizzas pour l'anniversaire de Robin ! Après s'être entendu avec Sandrine la patronne française de la pizzeria, nous avions été cherché des gâteaux dans une boutique proche que nous avions déposé en secret avant le déjeuner. Deux bougies dégotées par Sandrine et le tour est joué !
Des BD sur Ipad, des crédits pour son jeu vidéo favori, un dessin, un mot rigolo* de sa sœur, des messages de la famille, des amis et de toute sa classe : Robin se souviendra de son anniversaire au Laos !
Le soir, nous retrouvons par hasard des copains routards croisés à plusieurs reprises sur la boucle de Thakhek. L'une d'elle habite à 30mn de chez nous ! World is so small 😀
THAKHEK EN IMAGES