Dernier carnet de voyage de ces 17 mois d'aventure en Amérique du Sud le long de la Panaméricaine; en Équateur et en Colombie, avant un retour un peu précipité le 19 mai 2020. ¡ Ojalá ! volveremos
Du 28 décembre 2018 au 19 mai 2020
509 jours
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[5/12 - 9/12]

Après une longue et belle semaine de vacances à la plage, il est temps de penser aux choses sérieuses : continuer le voyage.

C'est presque à contre-coeur qu'on prend nos billets direction l’Équateur. Eh oui, dire au revoir à la chaleur, au soleil, à la plage, aux baignades, aux doigts de pied en éventail, aux barbeucs avec les copains... c'est pas si facile mais bon, il nous reste du pays à parcourir ! On monte donc dans le bus en troquant nos tongs pour nos chères baskets, nos shorts pour nos joggings confortables et en route ! On passe la frontière péruvienne en pleine nuit. Policier qui inspecte chaque centimètre de l'intérieur du bus, les sacs, les manteaux. Et puis : Messieurs, dames, descendez du bus s'il vous plaît. Un des passagers est pris à part : il a un nombre limite de casquettes et un sac d'habits de "marque". Suspicion de contrebande. Et puis finalement on repart tous. Il s'avère qu'on se rendra compte pendant la nuit et le lendemain matin qu'ils sont un groupe entier, dispersé dans tout le bus, qu'ils paient les policiers à la frontière équatorienne et le chauffeur à l'arrivée, et que la soute est pleine à craquer de sacs de vêtements de contrebande ! Ils repartent avec 3 charriots entiers ! Beau boulot messieurs les policiers. Bref, on arrive sans encombre et c'est bien de voir de ses propres yeux comme l'argent est roi.

Nous voilà à Cuenca, jolie ville coloniale. C'est la 3ème plus grande ville d'Equateur avec environ 400 000 habitants. La ville est décorée aux couleurs de Noël, mais on peine à réaliser qu'on est bien en décembre.

On profite donc de cette belle ville pour flâner dans ses ruelles, admirer quelques expos d'art local, se balader le long du fleuve tout en y admirant les imposantes maisons coloniales, goûter aux spécialités locales (le melcocha (sorte de carambar fait à base de canne à sucre et cacahuète), l’hornado (cochon cuit au four (avec amour!)), pain et pâtisseries car la ville regorge de boulangeries (Il existe une influence française historique assez forte dans cette ville)) mais aussi un peu moins locales (fans de fromage fondu même sous 25°C). On participe aussi à un Free Walking Tour de la ville par une étudiante critique et engagée (on y apprend notamment que les chapeaux mondialement connus "Panama's hat" sont 100% équatoriens, et ils s'empressent de vous le dire, ici ce sont des « Sombreros de Paja Toquilla » ! Ils ne sont fabriqués qu'ici et dateraient des civilisations Valdivia, soit environ 4000 avant J.C!. Pour la petite histoire : la zone d'export de ces chapeaux équatoriens était ce nouveau canal du Panama, vitrine commerciale de l’Amérique du Sud. Lors de sa construction, les travailleurs ayant trop chaud ont acheté ces chapeaux de paille pour se protéger. Les photos qui ont alors été prises par les journalistes de l'époque pour relayer les informations sur l'avancée de ce canal gigantesque laissant apparaître ces milliers de travailleurs avec ce type de chapeaux sur la tête. D'où le nom qui est resté aujourd'hui, sur un quiproquo !), on grimpe sur le toit de la cathédrale qui nous offre une vue panoramique sur la ville, on en apprend davantage sur les différentes régions d'Equateur, leurs traditions, cultures et pratiques dans la musée Pumampungo et on a la chance d'assister à une soirée concerts en son sein, on visite le marché aux plantes médicinales... Tout ça en passant entre les gouttes de pluie.

On en profite également pour aller faire un tour dans le Parc national de las Cajas. Le parc contient plus de 600 lagunes de plus d'un hectare, ce qui en fait le bassin d'alimentation en eau de toute la région. C'est un endroit qui offre une riche biodiversité. C'est un milieu très humide et nous avançons donc avec précaution pour ne pas finir les quatre fers en l'air (ce qui cependant ne manque pas d'arriver...). L'ambiance grise et nuageuse donne un aspect mystique à la rando et on passe par de petites forêts, des zones plus marécageuses... Après quelques heures de rando, on tend le pouce et on est pris en stop par un riche monsieur équatorien. C'est chouette de retrouver de vieux réflexes, le stop nous avait manqué !

Cuenca est vraiment une ville très agréable, avec une vraie gastronomie et une offre culturelle. On y serait bien restés quelques jours de plus mais nous avons un rendez-vous pour un volontariat et ils nous reste quelques étapes avant d'y arriver.

Nous prenons donc la route pour notre 2ème étape équatorienne, direction Riobamba.

[10/12 - 12/12]

L’Équateur c'est le pays des volcans, qui sont ici vénérés comme des dieux. Le pays comporte pas moins d’une centaine de volcans, et le plus haut, le Chimborazo mesure 6263m. Soit le plus haut du monde en partant du centre de la Terre, et donc le plus proche du soleil (et oui on se l'est fait répéter car ils sont très fiers de ce record !) Seulement 10m de plus que l'Everest. On a voulu voir ça de plus près et nous sommes donc allés à Riobamba afin d'apercevoir ce gigantesque volcan. Mais comme nous expliquera notre hôte, selon certaines croyances locales, le Chimborazo doit recevoir toutes les bonnes énergies des personnes souhaitant l'apercevoir pour offrir une cime dégagée. Nous n'étions donc pas assez "énergétiques" car il est, comme souvent, resté couvert.

Nous nous sommes tout de même rendus aussi haut que nous pouvions sans préparation (les personnes grimpant à son sommet se préparent en altitude pendant plusieurs jours afin d'être acclimatées et en forme physiquement) : 5100m d'altitude. Et c'est les pieds dans la neige que nous avons atteint ce point.

La balade étant un peu courte, nous avons décidé de prendre un autre chemin pour le retour, loin de la route principale empruntée par les bus touristiques à partir du milieu de la matinée. La randonnée du Temple Machay. On est seuls et on se rend compte que c'est très peu emprunté ! Heureusement quelques cairns nous indiquent, à travers les nuages et la neige le chemin à suivre. On est tellement seuls qu'on a la chance d'apercevoir la faune locale et les quelques fenêtres de clair dans la climat nous permettent d'apercevoir le magnifique paysage qui nous entoure et change au fur à mesure des kilomètres que l'on parcoure.

On finit par trouver le fameux Temple Machay dans la brume : gigantesque grotte, abritant des offrandes... On est impressionnés d'imaginer que des personnes puissent apporter leurs offrandes jusqu'à cette altitude. Chapeau bas ! On redescend tranquillement dans la vallée qui peu à peu se découvre et nous offre un joli spectacle.

Étant donné que nous avons rendez-vous bientôt dans un petit village de la jungle, on ne traine pas et on se met en route pour notre avant-dernière étape avant mi janvier : Baños.

[12/12 - 16/12]

Baños, c'est THE PLACE TO GO en Équateur si tu veux faire des "sports extrêmes". Et très vite on comprendra pourquoi : l'environnement verdoyant de la petite ville est juste parfait pour tout ces sports et autant vous dire qu'ils ont compris le filon.

Nous sommes reçus par une famille grâce à la plateforme couchsurfing. On est très ouverts et on s'est inscrits sur couchsurfing pour rencontrer, apprendre, échanger... mais là on vous avoue qu'on est sceptiques. A peine arrivés qu'on est conviés à sortir avec toute la famille qui nous emmène... à la messe ! Nous voilà donc spectateurs gênés d'une messe évangélique. Et puis autant vous dire que nos 3 jours chez eux sont seulement ponctués d'explications sur Dieu, sur le fait que nous sommes perdus (eh oui, nous ne sommes pas mariés alors dans le pêché)... On est patients, on écoute mais on a du mal à se sentir à l'aise et c'est un peu trop insistant pour nous. Alors, le 4ème jour on les remercie (car ils nous ont quand même accueilli sous leur toit) et on se trouve un petit hostel tranquille dans le centre ville.

Cette rencontre en demi-teinte nous a quand même permis d'en apprendre un peu plus sur la culture, mais également de réaliser certaines réalités de la société équatorienne : la religion est très importante et influente, la contraception y est (donc) toujours un problème et les jeunes ont des enfants très très très tôt (notre hôte qui a 26 ans est papa depuis ses 12ans, sa maman à lui a aussi eu son premier enfant à 14 ans...).

Au delà de ça, nous avons pu profiter tranquillement de Baños, qui elle aussi est décorée aux couleurs de Noël. Nous nous sommes baladés dans les ruelles de la petite ville et sommes entrés dans sa belle cathédrale ; nous avons assisté au défilé scolaire (très militarisé) pour célébrer l'anniversaire de la ville ; nous sommes allés faire la route des cascades à vélo et avons pu piquer une tête au pied d'une cascade dans un petit coin de paradis (et à l'écart des gros bus de touristes !) ; nous avons assisté à la course annuelle de voiture en bois de la ville ; nous sommes retournés en enfance avec les balançoires géantes de la Maison de l'Arbre (qui historiquement servait à surveiller l'état du volcan Tungurahua qui surplombe la ville) et sommes redescendus à travers la nature luxuriante par un trek débouchant sur une vue panoramique de la ville...

Après plusieurs mois de vadrouille, il est temps pour nous de nous poser dans un lieu. On a donc trouvé un "volontariat" un peu spécial cette fois-ci : nous allons garder une maison et ses habitants animaux dans la jungle équatorienne pendant 10 jours... dépaysant comme cadre pour les fêtes de fin d'année, non ?

[17/12 - 12/01]

Un petit peu de géographie : l'Amazonie s'étend sur environ 5 500 000 km², est la seconde forêt la plus vaste de la planète (pour vous donner un ordre d'idée : elle représente environ 10 fois la France). Elle abrite environ 10% de la biodiversité mondiale et représente le plus grand bassin versant vert de la planète (en effet, alors que nous sommes à quelques centaines de kilomètres du Pacifique, nous sommes en amont de fleuves de milliers de kilomètres qui iront se jeter dans l’Atlantique !). L’Amazonie est donc traversée par le fleuve Amazone dont le débit est le plus important au monde, et est habitée par environ 34 millions de personnes. Le poumon de la planète s'étend sur pas moins de 9 pays : le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l'Équateur, la Colombie, le Venezuela, la Guyana, le Suriname et la Guyane Française.

Nous sommes donc passés plusieurs fois tout près (notamment lors de notre volontariat à Samaïpata en Bolivie) mais sans jamais vraiment s'y aventurer. Il faut savoir que ce sont bien souvent des régions inaccessibles sans guide/personnes locale car très rapidement on est loin de tout, avec une nature bien présente (petites et grosses bêtes en tout genre). Pour l'authenticité et la découverte qu'elles représentent ces régions sont très attractives pour le tourisme et chaque expédition devient un petit investissement financier (compter plusieurs centaine d'euros pour 3/4 jours dans la jungle). En plus de ça, à jouer l'authenticité, on se retrouve rapidement dans les tranchants de "l'authenticité souhaitée par les touristes", l'image que les touristes ont de la jungle/des communautés indigènes... On vous explique : Beaucoup de tours "jouent" à la jungle : les touristes vont pêcher des piranhas, aller à la recherche des caïmans et dauphins roses (qui sont nourris pour s'assurer de leur présence lors du passage du canoë), être accueillis dans les communautés par les femmes qui dansent et leur mettent un collier de fleurs autour du cou... Pas trop notre budget, et pas trop notre truc. Nous n’irons donc pas dans la jungle profonde et n’y feront pas d’activités touristiques spécifiques, nous vivons le lieu.

Donc nous avions depuis le début en tête de trouver un volontariat dans la jungle, afin de pouvoir y vivre quelques temps sans pour autant devoir passer par ce type de tour pour y accéder. Néanmoins, l’attractivité de la jungle (ainsi que sa pauvreté économique relative) fait que les volontariats y sont assez souvent payants, ce que nous n’acceptons que moyennement comme système dans le volontariat (payer pour travailler, avant même de connaître et prendre part au projet, ses habitants…). Nous n'avons eu qu'une seule réponse à nos demandes de volontariat, mais une offre peu anodine : nous avons rendez-vous chez Scott, un canadien installé à Misahualli depuis plusieurs années, qui construit un écolodge à l'entrée de la jungle. La chose peu anodine c'est que Scott s'en va pour 10 jours et nous confie sa maison, son écolodge et ses animaux ! Nous voilà donc embarqués dans une aventure de "house-keeping/sitting" (gardiennage de maison) pour les 10 prochains jours, avec pour seule tâche : nourrir 1 chien, 2 chats, 3 poules et une mare de poissons... Et si un client pointe le bout de son nez dans ce petit paradis perdu, l'accueillir. Bon, ça devrait être dans nos cordes ! Surtout que nos copains Coline et Rémi viennent nous rejoindre pour les fêtes et nous passeront donc quelques jours, dont Noël, tous les 4 ! On est vraiment dans la jungle et chaque jour on a le droit à un spectacle naturel multicolore et sonore époustouflant : papillons, toucans, oiseaux aux couleurs plus vives les unes que les autres, fourmis, sauterelles et tout un tas d'insectes géants, serpents (heureusement nous n'en avons aperçu qu'un seul, rayé noir jaune et rouge, très beau !), petits singes... et tout ce petit monde vit et évolue dans un environnement aux arbres, fruits, plantes fleurs jusqu'alors inconnues ! Et tout ça sous une chaleur très humide !!! On est obligés de se rincer sous la douche toutes les 2 heures pour se supporter, et calmer nos dizaines de boutons de moustique.

Notre première semaine est ponctuée par de très très très fortes pluies, et autant vous dire que dans la jungle ça rigole pas, c'est très impressionnant ! Pendant les éclaircies, on prend donc soin du lieu, on s'y balade, on prend nos marques dans le centre de Misahualli (surtout pour aller y chercher la wifi et rigoler des bêtises des singes qui se baladent en liberté à la recherche de nourriture à voler au passant inattentif), on se fait de bons petits plats, on se baigne dans la rivière, on cueille des régimes de banane à la machette, on va se mesurer à l'arbre géant (un Ceibo millénaire)... et puis on fête Noël et le Nouvel an!

Légende photos :

Photo 16 : Notre sapin de Noël, made in jungle, avec nos beaux souliers

Photo 22 : Spiderman est une poupée de carton que sa famille va lancer au feu à minuit, c'est une tradition qui permet de passer de "l'año viejo" à "l'año nuevo"et de se souhaiter le meilleur pour l'année à venir.

Photo 23 : Preuve à l'appui

Pendant notre séjour ici, on fait la connaissance de plusieurs personnes, on va visiter quelques initiatives locales (dont la toute récente installation de fermentation et séchage de cacao de Max, un jeune Anglais, qui nous fait goûter une tablette de chocolat 85 % de sa première production...wahou !). C'est comme ça qu’après notre expérience chez Scott, on se retrouve à donner un coup de main d'une semaine chez Théo et Zoraida, couple franco-équatorien qui tient un hôtel dans le centre de Misahualli. De quoi se reposer encore un peu plus, et cette fois-ci avec une bonne wifi pour planifier la suite. Car la suite du voyage va être haute en couleurs, en visites...!

Eh oui, trêve de suspens : nous accueillons d'ici quelques jours Marion, la sœur d'Océane qui voyagera avec nous pour quasi 6 semaines, entre l’Équateur et la Colombie ; suivie de près par un couple de copains qui passeront un mois avec nous en Colombie. Ça promet !

[12/01 - 16/01]

C'est en fin d'après-midi qu'on pose le pied pour la première fois à Quito, capitale de l’Équateur. La ville est très étalée et construite à la fois dans la vallée et sur les différentes collines (qui ressemblent davantage à des montagnes) environnantes. On a un premier ressenti de petite ville grouillante, où la pauvreté est plus visible que dans le reste du pays, et où tout le monde te somme de faire très attention à tes affaires.

Notre hostel est situé dans un quartier en hauteur et après en avoir un peu bavé pour y parvenir avec nos sacs toujours plus chargés (et oui on est quand même à 2850 m d'altitude et le soleil tape très très fort), on a pour récompense un magnifique coucher de soleil quiteño.

Photo 1 : C'est un peu comme ça qu'on se sent à chaque arrivée ou départ, chargés mais toujours en quête d'aventure !  

Le lundi on profite tranquillement pour vérifier les plans des jours à venir avant d'aller participer à un tour organisé de la ville par la municipalité. On prend encore la mesure de la place de la religion en Équateur via un prisme un peu plus historique (la ville comprend un nombre surprenant d'édifices religieux !). Nous, pour tout vous avouer, on est plus attentifs à la fin de la visite qui consiste à visiter une chocolaterie (où l'on nous présente la fabrication du chocolat "bean to bar", depuis la plantation du cacao à la vente d'une tablette) puis la boutique d'un apiculteur. Suite à ça on a même la chance d'assister à différentes représentations de musique et danse traditionnelles sur la place principale de Quito.

Photo 5 : 5 étapes à la fabrication du cacao → 1/ La culture. Le cacao est planté dans les régions chaudes et humides d’Équateur, il existe 2 variétés principales de cacao ici : le cacao natif, le "Arriba Nacional" qui est jaune et dit "fin d'arôme", et le cacao CCN51 qui est un cacao hybride et beaucoup plus productif ; 2/ La récolte. Elle se fait 2 fois par an et entièrement à la main ; 3/ La fermentation. C’est une étape primordiale car elle permet de développer l’arôme du cacao. Le grain va absorber les arômes de la pulpe blanche du fruit. Elle démarre naturellement et dure entre 2 et 4 jours ; 4/ Le séchage. Il dure entre 7 et 10 jours et permet d’enlever l’humidité des grains. La plupart des acheteurs du cacao l’achète à ce stade de préparation. Ils procèdent à la dernière étape dans leur atelier ; 5/ La torréfaction. La torréfaction sert à donner une touche particulière en terme de goût au cacao. Elle est néanmoins assez simple et peut se faire au four en peu de temps. C’est pour cela que chaque acheteur souhaite généralement la faire lui même car c'est son « secret de fabrication ».

A partir de là le cacao est prêt à devenir ce qu’on appelle « du chocolat ». Le grain est broyé et moulu environ 3 jours jusqu'à ce qu'il se transforme en une pâte de cacao bien lisse. On procède ensuite au dosage sucre/lait/cacao/beurre de cacao selon le type de chocolat souhaité, et grâce au conchage ou tempérage (différentes étapes de chauffage) le liquide devient parfaitement homogène, prêt à être moulé selon la forme souhaitée pour sa vente.

Le mardi est un jour spécial car après un an et 9 jours (voir tout début du blog à Torres del Paine), nous retrouvons Marion, la sœur d'Océane. On profite donc de la matinée pour se trouver un petit cocon qui accueillera parfaitement nos retrouvailles. L'après-midi nous avons rendez-vous avec Suzie, volontaire Allemande dans une petite ferme urbaine, le centre Tinku, situé dans un des quartiers de Quito. Elle nous présente le lieu qui est très inspirant : situé dans un quartier qui depuis a vu son taux de violence diminuer, propose des jardins partagés, des cours et formations en tout genre (permaculture, éco-construction, cuisine vegan...), accueille une école maternelle suivant la pédagogie Waldorf, a créé un corridor pour les oiseaux ainsi qu’une banque de semences, expérimente les différents procédés de compost, fait de la vente directe de légumes pour le quartier... Petit havre de paix verdoyant ! Et c'est inspirés et les bras chargés de beaux légumes bio qu'on reprend le chemin de notre hostel, avant de prendre celui de l'aéroport.

Bon, et pour ce qu'il en est des retrouvailles, les photos parleront mieux que les mots. Après 3 heures de transport (eh oui, les joies d'une capitale !), le bonheur de se retrouver, on est aussi très très très contents de retrouver ces petites merveilles de la nature, sorties de nos vies depuis exactement 1 an et 16 jours :

On profite tous les trois des 2 jours suivants pour crapahuter dans Quito à la découverte de quelques uns de ses quartiers ; de la maison-musée du peintre engagé Oswaldo Guayasamin (artiste expressionniste équatorien emblématique, figure reconnue à l'international qui, à sa mort, a légué la totalité de son œuvre au peuple équatorien) ; des petites cantines populaires offrant aux passants les odeurs alléchantes des plats de tripes de bœuf au barbecue (et on est même interviewé sur place par deux étudiantes de l'université de Quito qui sont curieuses d'avoir nos ressentis sur cette spécialité locale) ; de l'extravagant tiers-lieu Nina Shunku, squat artistique qui rassemble une trentaine de collectifs artistiques en tout genre, dans les locaux de l'ancienne morgue de l'hôpital historique de la ville. On alterne entre la dégustation de nos milliers de fromages français rapportés avec amour par Marion et les bonnes adresses locales... Voilà de quoi revenir sur notre premier aperçu de la ville qui finalement s'avère très agréable avec ses ruelles colorées, ses façades et ses balcons au style colonial, ses touches de traditions dans une ville moderne, son lot d'alternatives qui nous conquit tous !

Il est cependant temps de changer d'environnement, direction Quilotoa, pour 3 jours de trek !

[17/01 - 20/01]

Après un petit trajet de bus, nous quittons l'aire urbaine de Quito pour un petit village (qui n'en est pas un) sans vie, Quilotoa. Le "village" est situé à 3900m d'altitude sur la corniche d'un volcan aujourd'hui éteint, offrant une vue spectaculaire sur la lagune de Quilotoa qui occupe désormais le cratère. Face à son attrait touristique, les gens du coin sont venus s'y installer et chacun y construit de son côté des structures pour accueillir les touristes : hôtels, hostels, restaurants... Mais question ambiance, c'est pas vraiment ça. Nous on y arrive de nuit et on y vient juste pour dormir alors on trouve un petit hostel rien que pour nous, disposant d'un poêle à bois et on en profite pour écrire, lire et jouer après avoir avalé une soupe de quinoa.

*** Trek de Quilotoa ***

Nous nous lançons donc pour 3 jours de randonnée sur la fameuse « boucle de Quilotoa ». Pas la boucle entière bien sûr, celle-ci fait près de 200km, mais une portion de toute beauté qui part de la lagune de Quilotoa et rejoint le village de Sigchos, en faisant étape en chemin à Chugchilan et Isinlivi.

JOUR 1 : Quilotoa à Chugchilan

Distance : 12 kms

Dénivelé : ↗️ 360m, ↘️1030m

On nous avait prévenu que le vent serait fort mais là... y'aurait de quoi... délainer les lamas. On se met tout de même en route direction le cratère tant attendu. Et on n'est pas déçus : on est tout seuls, la surface bleutée de la lagune est balayée par la danse des nuages, on avance sur la crête du volcan, croisant de temps à autre des locaux qui nous saluent. C'est magnifique !

Peu à peu nous nous éloignons de ce cratère merveilleux, pour atterrir à l’abri du vent dans des paysages totalement différents : cette fois-ci, nous descendons dans un canyon, entourés par un paysage très vert, des vaches/moutons/chevaux, des fleurs sauvages inconnues...

C'est un peu fatigués, mais bien contents qu'on débarque dans le village de Chugchilan. Après des achats de fruits frais au cul du camion, on s'installe dans notre charmant hostel.

JOUR 2 : Chugchilan à Isinlivi

Distance : 13 kms

Dénivelé : ↗️ 470m, ↘️740m

Cette journée de randonnée consiste encore à traverser un canyon : on y descend jusqu'à la rivière pour remonter un peu plus loin sur son flanc. C'est très vert, les chemins sont bordés de lupin et la descente dans le canyon nous donne une vue particulière sur la vallée au sein de laquelle sont nichés de petits villages. La vie y suit son cours : entre les chants des enfants qui s'échappent de l'école par les fenêtres ouvertes, une famille qui revient de la ville avec un veau chargé à l'arrière de sa camionnette... calme et paisible !

On arrive en début d'après-midi dans le petit village d'Isinlivi après avoir ramassé un gros sac poubelle remplis de déchets rencontrés sur la route (en échange de quoi on se fera même offrir une bière !). Et nous n'arrivons pas n'importe où : le Llullu Llama hostel prend de loin la place numéro 1 dans la longue liste d'hostels que nous avons faits depuis le début du voyage. Et pour cause : il a une vue imprenable sur la vallée, propose gratuitement l'usage de l'espace spa (jacuzzi, hammam et sauna) et l'accès aux cours de yoga, offre petit déj et dîner avec des produits frais de la communauté, reverse une partie de ses bénéfices à la communauté... Une perle rare !

C'est donc avec beaucoup d'hésitation qu'on reprend la route le lendemain... On serait bien restés se reposer une journée de plus mais bon, on décide quand même de se remettre en route.

JOUR 3 : Isinlivi à Sigchos

Distance : 12 kms

Dénivelé : ↗️ 410m, ↘️450m

Et pour changer des jours précédents, nous retraversons encore une fois un canyon d'un vert puissant. Mais le beau temps est moins au rendez-vous si bien qu'on choisit de rejoindre la route pour pouvoir faire du stop et éviter l'averse. Bon c'est un plan plus ou moins réussi car nous sommes trempés mais nous réussissons à monter à l'arrière d'un 4x4 qui nous emmène à bon port, direction le terminal de bus.

On rentre donc à Quito, pour récupérer nos affaires et repasser une nuit dans le même hostel, avant de se mettre en route pour l'ouest du pays. Nous partons passer quelques jours dans la "cloud forest" de Mindo.

[21/01 - 25/01]

On se met en route en milieu de journée direction l'ouest : Mindo. A peine avons nous quitté la ville que les paysages changent du tout au tout, c'est vert vert vert et puis plus on s'approche de Mindo, plus une brume mystérieuse nous accompagne. Nous entrons dans la "cloud forest" (la forêt nuageuse ou "bosque nublado"). C'est impressionnant comme les alentours changent en quelques centaines de kilomètres : atmosphère, climat, faune, flore... C'est l'une des particularités de l’Équateur qui est un petit pays comparé à ses voisins (en superficie, il mesure moins de la moitié de la France, alors on vous laisse imaginer en comparaison avec le Pérou ou l'Argentine...) : le pays est principalement composé de trois régions que sont la jungle Amazonienne, la montagne Andine et la côte Pacifique. De plus, les routes sont très développées, ce qui permet vraiment de visiter les 3 régions très différentes en peu de temps.

On arrive donc à Mindo, petit village très touristique perdu au milieu d'une forêt majestueuse, au-dessus desquels stagne une brume à la fois pesante et mystique. On trouve un hostel qui met à l'honneur l'une des particularités de Mindo : les colibris. Mindo est reconnue comme réserve écologique avec une très grande variété d'oiseaux (environ 550 espèces). L'hostel met à disposition des colibris des mangeoires offrant de l'eau sucrée (on a posé la question de l'impact de cette pratique sur les colibris à un pro qui nous a expliqué que le colibri brûle beaucoup d'énergie chaque jour, et ce dû notamment à son battement d'ailes. Il se nourrit essentiellement de nectar qu'il trouve dans les fleurs. Il a donc un besoin en "sucre" très important. Les mangeoires ne sont d'après lui pas mauvaises car elles ne les rendent pas addicts, c'est à dire qu'ils continuent d'aller en priorité se nourrir du nectar des fleurs, et que tant que les doses sont respectées dans les mangeoires, c'est un complément qui ne leur est pas nocif). C'est ainsi qu'on peut les observer de très près se chamailler et s'enfuir sans qu'on ne puisse les suivre du regard tant ils sont rapides. Ils sont de toutes tailles et de couleurs très différentes, et on doit vous dire qu'on observe leur ballet avec grande curiosité !

On décide donc de profiter des richesses de ce lieu incroyable : on va se perdre dans le sentier des cascades, on visite un mariposario (ferme où naissent des papillons), et finalement on fait une balade pour observer les oiseaux (toucans, colibris, perroquets et tout un tas d'autres jusqu'alors inconnus !) avec Pedro, un guide du coin rencontré par chance:

Il faut dire que nous avions rencontré Pedro dans des circonstances particulières la veille: il discutait avec un vieux monsieur dans une petite cahute qui avait déjà attiré notre attention à l'aller. On s'est donc approché pour en savoir plus. Ces deux là ont de nombreux projets, tous plus inspirants les uns que les autres (reforestation, sensibilisation à l'environnement dans les écoles d’Équateur, ayant pour devise "fruit mangé, graine plantée"....). Après avoir refait le monde tous ensemble, ils nous proposent de nous accompagner dans leur cabane d'expérimentation, s'appelant "Compartir" ("partager", hors de la grande mercantilisation) qui appartient au vieux monsieur mais est principalement gérée par Pedro. On accepte tout de suite et on prend rendez-vous pour le lendemain.

Le soir même de cette rencontre, nous profitons de notre temps libre pour accomplir notre repas de Noël tous les trois. On teste une adresse de restaurant chaudement recommandée : le restaurant Cuyana , bijou culinaire qui revisite les plats traditionnels équatoriens en un menu gastronomique en 7 services. Autant vous dire qu'on ressort de là des étoiles plein les papilles ! Une très belle expérience sensorielle !

Pedro nous accompagne donc le lendemain dans ce petit coin de paradis. C'est sommaire, c'est complètement perdu mais on a le droit à nos cours particuliers de cuisine ancestrale (sans aucune technologie, au feu de bois, cuisson du poisson péché dans la rivière cuit dans une feuille de bananier), de découpe de bananier à la machette, de plantation de nos propres arbres... Quoi de plus authentique ! On est super heureux de rencontrer Pedro dont l'histoire de vie est très marquante et de partager cette soirée avec lui, hors du temps, perdus tous les 4 au beau milieu de la cloudforest équatorienne.

On repart de ce petit paradis encore une fois le cœur chargé de ces rencontres incroyables sur le bord du chemin. Mais il est temps pour nous d'aller découvrir la côte nord équatorienne. Merci Mindo, tu nous auras conquis !

[26-01 / 30-01]

Aller à Mompiche se mérite car ce n'est pas un mais deux bus que nous allons devoir enchainer pendant la nuit. On arrive donc très tôt à bon port, avec une chaleur étouffante dans un village encore tout endormi, pas âme qui vive, quelques chiens errants bien sûr... On prend donc notre fatigue en patience, on fait le tour du village puis on finit par prendre un petit déj plutôt douteux avant d'aller se poser dans un hostel.

Il fait super beau, super chaud alors on décide d'aller lésiner sur la plage voisine, à l'ombre des cocotiers. Et quand on entre dans l'eau, quelle surprise ! L'eau est hyper chaude ! Du jamais vu ! Alors autant vous dire qu'on reste un bon moment barboter au milieu des vagues, avant de rentrer à l'hostel cuisiner puis dormir pour une nuit bien méritée.

Après une organisation fastidieuse la veille, nous avons réussi à contacter Ana, une française amie de Pedro notre guide aux oiseaux de Mindo, qui a une cabane sur l'île voisine. Elle a accepté de nous la louer et ça sera donc notre petit chez nous pour les 3 prochains jours.

Portete est une île paradisiaque a quelques kilomètres de Mompiche. C'est un incontournable quand on s'y rend. Cependant sur l'île il n'y a que très peu d'hébergement touristique donc les gens n'y vont que pour la journée. Nous sommes donc très chanceux car nous passerons les 3 prochains jours avec un bout d'île vierge pour nous tout seul (même si une partie de celle-ci a été confisquée par un gigantesque complexe hôtelier proposant des séjours "tout inclus").

On apprendra aussi que ce petit paradis est menacé par le réchauffement climatique : un monsieur nous raconte qu'en 40 ans, l'île a perdu plus de 10 kilomètres de plage !

On en profite pour se reposer dans les hamacs à l'ombre de la cabane, aller ramasser des noix de coco dans les cocotiers voisins, se faire de longues balades au coucher du soleil sur les plages de sable blanc, mijoter des petits cocktails avec l'alcool local (la "punta"), aller bavarder avec les habitants souriants du village de Bolivar, prendre nos douches avec l'eau du puits, admirer le ballet des pélicans, se baigner plusieurs fois par jour dans cette mer à la température parfaite, se faire dévorer par les moustiques... Et tout cela en ayant le privilège d'être seuls sur notre petit bout d'île.

Au bout de ces 3 jours, on a comme un goût de trop peu et on souhaiterait que le temps se soit vraiment arrêté... mais d'autres aventures nous attendent alors nous devons partir. En passant sur la plage, on rencontre une voisine de l'île qui revient chargée sous le bras d'une grosse bassine... Elle nous donne rendez-vous quelques heures plus tard pour mener à bien cette opération. Qu'est-elle ? Quel privilège avons nous eu ? La réponse en images :

Ces petites tortues marines sont nées le matin même. C'est seules qu'elles sont sorties de leurs œufs et doivent rejoindre la mer. Elles détiennent un radar naturel qui les mènera sur le bon chemin. Cependant les prédateurs sont nombreux alors cette dame, en collaboration avec une antenne du gouvernement, veille à leur protection : les lieux de nidation sont protégés des chiens errants et mentionnés aux visiteurs, et elle réceptionne les petites tortues sorties de l’œuf pour les mettre à la mer... Et c'est avec beaucoup d'émotion qu'on a suivi ces petites merveilles de la nature dans leurs premiers pas ! Quel spectacle ! Et ces petites tortues devenues grandes reviendront sur cette plage pondre à leur tour leurs oeufs.

Merci dame nature de continuer à nous émerveiller !

[31/01 - 5/02]

Après un court passage par Quito le temps de changer de terminal de bus, nous voilà en route pour Otavalo, petite ville à une centaine de kms au nord. Cette ville est connue pour son marché aux bestiaux du samedi matin, et son marché artisanal durant lequel des centaines de stands envahissent la place principale.

On a ainsi fait en sorte d'être à Otavalo le samedi, pour pouvoir participer à ces festivités hebdomadaires. On débarque très tôt dans la ville alors on cherche un petit café afin d'y savourer un petit déjeuner matinal à base de café équatorien et de quelques douceurs. On est rejoints un peu plus tard par un monsieur qui s'avère être l'ancien président de la coopérative de café du coin, Rio Intag. S'en suit une discussion très intéressante sur la production du café, son économie en Equateur, le développement de la filière et des conditions de vie des producteurs, l'environnement... Passionnant et inspirant ! Après s'être installés dans un hôtel pour une nuit (car nous en réservons un encore plus chouette mais dispo que le lendemain), on part se balader dans les ruelles de la ville, à la rencontre de ses habitants si chiquement vêtus dans leurs tenues traditionnelles et aux cheveux d'un noir brillant, parfaitement tressés (autant les femmes que les hommes !), à la découverte des marchés et églises. Après une après-midi vite passée, on rentre se reposer de cette nuit de bus, comme toujours compliquée.

Et le lendemain, c'est samedi ! Après un petit déjeuner vite avalé, on se met en route pour le marché aux bestiaux. Et quel marché ! ça couine, ça crie, ça grouine, ça négocie... Un porcelet par-ci, un cochon d'inde par là. On ne sait plus où donner de la tête ! Mais on observe avec grand intérêt les négociations se faire, et c'est un véritable spectacle. Après avoir admiré l'art qu'on les otavaleñiens de vendre aux visiteurs des autres régions leurs plus belles bêtes, on se met en route pour le marché d'artisanat. Avec un hornado (plat de cochon grillé accompagné de patate et maïs) dans le ventre, on se lance dans les ruelles créées par les centaines de stands à la recherche de la perle rare artisanale. Malheureusement le marché a bien changé et tous proposent les mêmes produits, fabriqués dans une gigantesque usine quelque part ailleurs en Equateur… Triste réalité, qui fait que ces vendeurs ne sont plus que des revendeurs détaillants et que trouver des artisans sur ce marché revient à chercher une aiguille dans une botte de paille. Heureusement nos copains Coline et Rémi nous avait filé un bon tuyau : une description et une localisation du stand d'une famille artisane de hamacs. Alors on se met en recherche de la dite famille et..... on la trouve ! C'est tout autre chose, leurs produits sont magnifiques et on a aucun doute sur la qualité. Le contact passe très bien et ils nous invitent à passer chez eux pour nous faire visiter leur atelier quand nous le souhaitons.

Légendes :

Photo 10 : marché artisanal permanent, qui est tout de même démonté chaque soir vers 18h et remonté à partir de 4h30 chaque matin.

Photo 11 : Porteur contracté par les propriétaires de stands pour acheminer les marchandises jusqu'aux camions. Ils portent plusieurs dizaines de kilo à la force de la tête et du dos, courbés en deux.... Aïe !

Après avoir dévalisé le stand de hamacs, puis un ou deux autres, on va dévaliser les stands de fruits et légumes car....notre nouvel hostel dispose d'une cuisine bien équipée, notamment d'un four ; et on a bien l'intention d'en sur-profiter ! On se lance chacun dans nos petites spécialités : lasagnes, gâteau au citron, salade, cookies, jus de fruits... Un vrai festin ! Après ce gueuleton, on profite du feu en jouant aux cartes puis tout le monde au lit.

Pour les deux jours suivants, on se lance sur trois randos. Une première direction la laguna Cuicocha, ancien volcan aujourd'hui éteint ; la deuxième direction le Lechero, arbre millénaire dont les feuilles une fois coupées laissent s’échapper une sorte de lait, qui surplombe la ville d’Otavalo ; et une troisième direction la laguna Mojanda et l’ascension du mont Fuya Fuya (4279m d’altitude).

Légendes :

Photos 1 - 10 : Randonnée autour du cratère de l'ancien volcan Cuicocha.

Photo 11 : Vue sur la ville d'Otavalo en chemin pour le Lechero

Photo 12 : Autel d'offrandes pour les enfants

Photo 13 : L’arbre originel est tombé il y a quelques semaines à cause de vents forts (mais également car des campeurs avaient brûlé ses racines en faisant un feu de camp…. !). Nous débarquons à tout hasard à la fin d’une cérémonie réunissant les habitants des communautés alentours venues célébrer la replantation de 2 nouveaux lechero. Nous apprenons que c’est un lieu très sacré, ancien cimetière des enfants morts avant d’être baptisés, lieu spirituel de haute importance pour ces communautés.

Photo 14 : On est invités à partager le pique-nique organisé par les communautés. Plat servi dans une feuille de choux : maïs, petits pois, haricots rouges, riz… Un vrai moment de partage comme on les aime !

Photo 15 : Ascension du mont Fuya Fuya dans la brume totale. Objectif atteint, respiration haletante à plus de 4000 m d'altitude mais on tient bon !

Et finalement on part visiter l’atelier de tissage de hamacs de Fabiola et sa famille, niché dans leur maison et au fond de leur jardin. Ce couple a repris l’activité de leurs parents. C’est une petite entreprise familiale : ils ont 6 filles qui mettent la main à la patte après leurs études (mais aucune d’entre elles ne souhaite reprendre l’entreprise). On entre dans leur univers et c’est magique : ils travaillent encore avec les vieilles machines qui fonctionnent à plein régime. Malheureusement ils nous expliquent qu’aujourd’hui le marché est très difficile car ils ont du mal à être concurrentiels face aux gigantisme des usines de production. Leurs produits, étant artisanaux, sont moins variés, même si de bien meilleure qualité. On voit l’intelligence, la facilité avec laquelle ils tissent ces hamacs magnifiques et on a un véritable coup de cœur pour cette famille. Ils nous font aussi visiter leur petit coin de jardin, véritable paradis des légumes et plantes médicinales. On repart avec sous le bras des hamacs et autres petits artisanats, mais surtout avec de nouveaux amis du bout du monde.

On aura aussi la chance de faire un Free Walking Tour de la ville juste tous les 3 avec Juan Carlos, jeune étudiant otavaleño, guide à ses heures perdues qui nous fera découvrir des parties d’Otavalo encore inconnues, notamment son ancienne place de marché, nouveau lieu de culture underground engagée.

Pour finir en beauté nos aventures équatoriennes (et surtout nos courses un peu trop débordantes), on se lance dans une soirée de cuisine intense : quiche, steaks végétariens, crêpes, sablés, fondant au chocolat…. Bon d’accord, on a un peu eu les yeux plus gros que le ventre, mais qu’est-ce qu’on s’est régalé !

Ça y est, notre épopée équatorienne se termine, sur une note plus que positive, et nous prenons la direction de la Colombie. L’Équateur se révèle être notre coup de cœur ! Autant ses paysages que ses habitants nous ont conquis. Petit pays dans l’ombre de ses voisins, qui pourtant se défend très bien et a beaucoup à offrir.

[5/02 - 7/02]

Ayant pris notre temps en Équateur, il ne nous reste que 2 mois pour découvrir la Colombie. Eh oui, un nouveau projet nous attend la semaine du 7 avril... au Panama. En plus de ça, nos copains Hadrien et Camille arrivent de France le 14 février et le planning est déjà bien chargé. On décide alors collectivement de ne faire que passer dans la partie sud du pays et de faire notre première étape colombienne à Popayán, à quelques 530kms de là (rien d'effrayant nous direz vous !).

On passe la frontière sans aucun souci, et on enchaîne donc sur notre premier bus dans ce nouveau pays. La route est longue, mais on était loin d'imaginer qu'elle le serait autant ! Et pour cause, elle est en travaux du début à la fin, on s'arrête toutes les 5 minutes... Et c'est ainsi que nous n'arrivons pas à 23h comme prévu mais à... 4h du matin ! Aïe ! Mais on a appris à très vite passer à autre chose en un an de voyage, car finalement, on arrive toujours à bon port.

Après une grasse mat' bien méritée, on part à la rencontre de Popayán la blanche, capitale de la région du Cauca. C'est l'une des villes de Colombie les plus connues pour son architecture. En effet, si elle possède ce nom ça n'est pas pour décorer puisqu'elle est bel et bien totalement blanche. L'explication : les habitants étaient touchés par une maladie transmise par une puce appelée « niquia ». Ils se sont aperçus que la chaux était efficace pour détruire ces puces et ont donc recouvert les façades de chaux blanche. La maladie a disparu et la tradition est restée. Ville coloniale construite par les espagnols, elle dispose d'un grand nombre d'églises et édifices religieux (c'est d'ailleurs ici que la semaine sainte est la plus célébrée en Colombie). Cette ville est aussi très connue puisqu'elle représente un pôle universitaire très important en Colombie ; et d'ailleurs on le remarque car c'est très vivant, très jeune, étudiant et on réalise que c'est une ambiance que l'on a peu rencontrée depuis le début du voyage... On arpente donc ses rues, on enregistre le nouvel accent chantant de cette région, on goûte à ses spécialités culinaires, propres à la région du Cauca, on observe le coucher de soleil depuis la colline la plus prisée des étudiants de Popayán, et on rencontre Mauricio, copain d'enfance d'un copain de Marion. On passe la soirée avec lui lors de laquelle on échange sur la situation en Colombie, le conflit, le narcotrafic, les accords de paix... Très intéressant, mais on sent qu'on a encore un peu de travail pour vraiment comprendre les enjeux de cette situation politique/sociale toujours tendue aujourd'hui. Mais on est également très impressionnés en apprenant qu'il y a peu, cette partie du pays était l'une des plus "dangereuses" car berceau d'une des guérillas les plus présentes en Colombie... Résilience quand tu nous tiens !

Après 2 jours passés à Popayán, on se met en route direction la région Eje cafetero qui nous réserve bien des merveilles.

(Petit + : si vous voulez lire un article que nous avons écrit il y a quelques temps pour le blog voyage de notre assurance sur le thème "Prendre le temps de voyager", c'est par ici : https://blog.chapkadirect.fr/prendre-le-temps-de-voyager-eloge-du-slow-travel-par-oceane-et-clement/ ).

[7/02 - 9/02]

Après une journée de bus, on arrive à Armenia, ville d'entrée de la région cafetière. C'est une ville qui malheureusement ne représente que très peu d'intérêt et concentre plusieurs handicaps : peu d'emploi, dans l'ombre de ses voisines très touristiques, pauvreté... Et c'est la première fois qu'on ressent une vraie pauvreté profonde, très visible et palpable. On ne dérogera pas à la règle et on ne s'y arrêtera que pour la nuit, puis le temps d'un petit déj (on découvre d'ailleurs une spécialité qui vraiment ne nous fait pas envie : salade de fruits et boules de glace sont recouvertes de....fromage !! cf photo 1) et de faire le marché.

Depuis Armenia, nous souhaitons nous rendre dans une ferme que les copains Coline et Rémi nous ont conseillé. Nous prenons donc la direction de la ferme de Mama Lulu. Ici, les transports en commun ne sont que très peu développés, les voyages se font donc souvent à bord de Jeep (prononcé ici "yip"), vestiges des opérations de "sauvetage militaire" (hum !) américaines contre le narcotrafic. On monte à très nombreux et les derniers restent debout, à l'arrière et n'ont qu'à bien se tenir. Ces voitures et leurs chauffeurs participent à l'attrait de cette région haute en couleurs !

La ferme de Mama Lulu est avant tout un projet familial, pour lequel ils se transmettent les valeurs et savoirs de génération en génération. Leur projet est de créer un espace où la nature reprend ses droits et où l'homme vit en harmonie avec celle-ci. Toutes leurs installations visent à l'autonomie alimentaire et énergétique. Nous sommes accueillis par Hernando, le père (2ème génération) et Marco, le fils (3ème génération). Hernando vit ici depuis toujours et ce terrain appartient à ses parents (1ère génération). A l'époque, le terrain était une monoculture de café. Lorsque Hernando grandit, et face aux problèmes économiques de sa famille (car, après un âge d'or, le café connaît une véritable crise à cette époque !), il décide de réintroduire d'autres espèces au sein de cette culture, de planter de nouveaux arbres natifs de la région, de cultiver fruits et légumes pour pouvoir subvenir à leurs propres besoins. Sa démarche est très novatrice à l'époque, et l'est toujours aujourd'hui. On est impressionnés ! On visite leur terrain durant 2h et leurs connaissances, leur savoir, leurs valeurs sont tellement inspirantes ! Aujourd'hui ils font aussi un petit peu d'élevage (poules, poissons, cochons, vaches), et récupèrent les excréments soit pour faire du compost, soit pour faire du biogaz (qui alimente les cuisines)... Toute l'architecture du lieu et des différentes maisons de la famille est faite en guadua (sorte de bambou géant, matériau local sismo-résistant et très écologique) ainsi qu'en objets recyclés (pneus, bouteilles plastique et verre, bois, plantes...). Toilettes sèches, tunnel méthaniseur, toit végétalisé, four solaire, vélo-douche, mirador pour les étoiles... Tout est réfléchi pour créer une osmose entre la nature et l'homme. Après un repas préparé et avalé à la lueur de la bougie (la tempête a provoqué une coupure de courant), une nuit remplie de rêves d'un monde meilleur à l'image de ce lieu, et un lever de soleil depuis le mirador de notre maison accompagnés par de nombreux oiseaux plus colorés les uns que les autres, il est temps pour nous de reprendre la route. Très belle surprise qu'a été la découverte de ce lieu tellement innovant !

Et finalement on se met en route direction Filandia. Les 3 villages que nous allons visiter par la suite sont de véritables bulles (même si très touristiques !), où le temps semble s'être arrêté, où chaque maison mérite son cliché, et chaque habitant chapeauté posé à une des nombreuses terrasses de la place centrale sirote un café... C'est tellement coloré qu'on se laisse à imaginer de quelle couleur serait notre maison.. Et vous ?

On vous laisse rêver sur ces premières couleurs avant de vous raconter la suite de cet arc-en-ciel à Salento puis Jardin.

[9/02 - 15/02]

Après quelques heures seulement passées à Filandia, on monte à bord d'une de ces fameuses jeep en direction de Salento, prochaine étape arc-en-ciel où nous avons prévu de passer ces prochains jours. On arrive de nuit alors ce n'est que le lendemain qu'on aura le plaisir de découvrir ce nouveau petit bijou. Pour l'heure, le village est animé, touristique soit, mais l'authenticité n'est pas loin puisqu'on aperçoit tout de même les QG des locaux qui s'entassent pour jouer au billard, les messieurs chapeautés qui se dirigent d'un lieu de rendez-vous à un autre... Après une déconvenue on change d'hébergement et on atterri dans un hostel où il y a une piscine et une belle terrasse sur le toit... pas trop mal ! Et nous partons à la découverte de Salento. Les photos parlent d’elles-même :


Depuis Salento nous sommes allés faire la mythique randonnée dans la vallée de Cocora. Celle-ci est très connue puisqu'elle abrite une variété de palmier unique : le palmier de cire, le plus haut du monde. Et puis vous imaginez vous des palmiers au milieu de la montagne à 1900 m d'altitude, plutôt que sur le bord d'une plage paradisiaque ? On y allant très tôt, nous étions presque seuls dans cette vallée, avons pris notre petit déjeuner assis sur le tronc déjà à terre de l'un deux, admirant le soleil se lever peu à peu au milieu de ces grandes tiges magnifiques !

Au milieu de cette nature luxuriante on a eu la chance d'observer de très près des dizaines de colibris et de très loin un condor, notre premier du voyage (bien sûr nous n’avons pas les images de cet oiseau impérieux, majestueux, virevoltant en offrant un véritable show à tous, que dans la tête !) :

Après ces quelques jours à profiter de Salento, il est temps de poursuivre la route direction le petit village suivant : Jardin. Pour y aller ça se mérite : eh oui, la route est longue, sinueuse et en travaux. On saute à bord d’un mini van en compagnie de 3 vieux français en vacances, d’un couple d’australiens et un autre des Pays-Bas. Autant vous dire que c’est comique car le chauffeur a littéralement dû jouer à Tetris pour faire entrer tous nos bagages dans le coffre et qu’il n’y a pas assez de places mais que nous insistons donc le néerlandais mesurant quasi 2mètres se retrouve à passer le trajet sur...une chaise de jardin en plastique ! Mais on n’était pas au bout de nos peines : nous avons embarqué probablement dans le seul véhicule n’ayant pas la clim et il fait très très très chaud, surtout quand on s’arrête tous les 5km tout au long du trajet en plein cagnar . Photos à l’appui ! On finit par supplier le chauffeur au bout de plusieurs heures de route de s’arrêter pour qu’on puisse tous acheter de l’eau fraîche, des fruits, des glaces car ce trajet nous pousse tous à bout. Et pourtant on en a fait des trajets chaotiques ces derniers mois ! Au bout d’environ 7h, nous atteignons enfin le village tant attendu ! Quel soulagement !

Au bout du bout ! 

On s’installe dans un petit hostel et on part visiter de nuit le petit village, où l’ambiance est encore totalement différente des derniers. Ici on voit beaucoup plus de locaux que de touristes, tous assis en terrasse à profiter de l’air un tout petit peu plus frais qu’offre la soirée, à siroter un verre d’aguardiente (alcool local anisé qui se boit pur), à jouer aux cartes avec le cheval garé en double file.

En rentrant un peu plus tard on apprend que les choses se compliquent : l’ELN (Armée de Libération Nationale), qui est l’une des guérillas les plus importantes aujourd’hui encore en Colombie, prévoit une « grève armée » sur l’ensemble du territoire national pendant tout le weekend. Ils préconisent aux citoyens de ne pas se déplacer pendant ce temps, l’idée étant juste de bloquer le pays le temps de 3 jours pour affirmer leurs contradictions avec le gouvernement en place (qui a depuis peu stoppé les négociations avec le groupe pour des raisons plus complexes). Or, nos copains Camille et Hadrien débarquent en plein milieu de ce mouvement… Après moult réflexions, on prend le pari que le mouvement va être doux / bien se passer dans notre région et que les bus vont continuer à circuler, en toute conscience de la situation. Nous restons donc quelques jours à Jardin, en croisant les doigts pour ne pas y rester coincés.

On profite donc en attendant d’avoir des nouvelles dans les prochains jours de l’avancée de la situation. Jardin est magnifique, véritable paradis coloré. On se balade dans les rues où les habitants, à l’allure de cowboys, sont super souriants malgré l’actualité. En toute simplicité, le village vit à son rythme, les gens occupent les places, les parcs, les terrasses, à la recherche de l’ombre qui est si rare. On en profite pour tirer les clichés des maisons toutes plus colorées les unes que les autres avant de s’arrêter pour goûter plusieurs spécialités locales dans des petits bouibouis délicieux, de jouer aux cartes en sirotant un jus sur les terrasses où chaque détail a été soigné... Rien à faire de particulier, juste profiter du temps qui passe.

On décide également de se lancer dans une rando direction la Cascade de la splendeur. Ça monte dur mais l’enjeu en vaut la chandelle puisqu’on a au bout de quelques heures une superbe vue sur la région environnante. On traverse des champs où leurs occupantes, de belles vaches, nous laissent passer en nous regardant à peine, trop occupées à mastiquer la belle herbe verte dont elles disposent. Et quels pâturages ! On est complètement seuls au milieu de cette nature vivante et c’est chacun concentré sur sa respiration qu’on met un pied devant l’autre pour atteindre notre objectif.

Et c’est après avoir traversé à reculons le champ d’un taureau pas très content lui de nous voir là, que nous arrivons à bon port. On suit notre guide en direction de la cascade et on arrive dans un lieu surprenant : une grande grotte, dans laquelle tu entres en passant à côté d’une paroi entièrement recouverte de mousse de laquelle glisse un véritable rideau de pluie… Mystique ! Et puis au milieu de celle-ci se déverse une cascade à l’énergique débit qui tombe d’un puits de lumière. Clément ne manque pas de se baigner dans cette eau glaciale sacrée (tout en empruntant le maillot de bain de Marion puisqu’il a oublié le sien). Pudiques, s’abstenir !

Et puis quand vient l’heure de repartir (au minimum 2h de marche jusqu’à la grande route puis prendre un taxi ou stopper une voiture), la famille propriétaire du lieu nous fait monter à bord de leur jeep personnelle. Et s’en suit un véritable retour guidé, tant d’explications sur la faune et la flore particulière à la région, que sur l’histoire de Jardin, de ses habitants et de ses traditions gastronomiques… Encore une rencontre éphémère mais précieuse !

Finalement le jour arrive où nous devons prendre la route pour Medellin, où nous retrouvons le soir même nos copains Camille et Hadrien. La grève paraît être plus calme que ce qu’ils avaient annoncé donc Clément et Océane prennent la route alors que Marion reste une nuit de plus profiter du calme de Jardin.

[15/02 - 18/02]

Nous arrivons donc à Medellín en milieu d'après-midi. Et pour tout vous avouer, on est plutôt surpris : on pensait arriver dans une ville gigantesque (et sur ça on ne s'était pas trompés !), mais c'est une ville tout de brique bâtie, avec de nombreux espaces verts, dominée par les montagnes (vertes!) environnantes. Et ça se voit dès l'entrée dans la ville ! Alors bien sûr on voit aussi ce grand nuage de pollution caractéristique à toutes les grandes villes sud-américaines, mais cela mis à part, ce n'était vraiment pas l'image qu'on s'en était fait. De plus, on avait pas mal de stéréotypes quant à celle ville car à la fin du siècle dernier, Medellín détenait le triste titre de ville la plus violente du monde. La faute à qui, à quoi ? A une longue période de chaos politique, à des inégalités criantes et à la montée en puissance de groupuscules dangereux, le plus célèbre étant bien sûr le cartel de Pablo Escobar.

Après s'être installés dans l'hostel, on va faire un petit tour de quartier pour découvrir l'ambiance du quartier. On est logés dans le Poblado, quartier très à la mode où se situent bon nombre d'hostels, de bars et restaurants. Et c'est à minuit que nous récupérons les copains, Camille et Hadrien. Malgré la fatigue et le décalage horaire, on prend le temps des retrouvailles avant d'aller se coucher.

Petit déj ++ avalé (eh oui, les copains n'ont pas oublié le fromage, le saucisson, les palets bretons...), Marion retrouvée, commence ce nouveau périple à 5. On commence tranquillou et cette première journée consiste à se balader dans le quartier à la recherche de graphes, de spécialités culinaires locales (et d'autres un peu moins puisque le gigantesque centre commercial voisin de notre hostel a tout un rayon de produits Casino : chocolat lindt, gavottes au chocolat, confiture bonne maman, paquets de céréales écrits en français...) pour profiter des retrouvailles.

Après avoir déambulé dans les quartiers voisins, on décide d'aller découvrir un quartier tristement célèbre, quartier qui aujourd'hui semble renaître de ses cendres : la Comuna 13. Ce quartier était il y a peu le quartier le plus dangereux de la ville. Et pour cause, jusqu'aux années 2000 le quartier a été le terrain de conflit entre les différentes entités caractéristiques du conflit colombien : narcotrafiquants, paramilitaires, militaires et population civile. Et il faut dire que sa topographie n'a pas aidé : quartier vallonné où s'entasse de petites maisons en brique de fortune, longs escaliers avec coins de rue pas très rassurants... et évidemment un quartier où les différents services sont peu représentés et où l'accès en voiture est impossible. Deux grandes opérations militaires ont été menées dans l'espoir d'éradiquer le narcotrafic et la violence. Cependant celles-ci se sont soldées par un nombre de morts incalculable, une violence encore plus forte et un résultat en demie-teinte pour les habitants du quartier. Depuis, la Comuna 13 renaît de ses cendres. Deux symboles de cette métamorphose sont visibles aujourd'hui quand on sillonne ses rues : une série d’escaliers mécaniques, installés sur le flanc de la colline pour aider les habitants à rentrer chez eux et a ainsi éviter les escaliers et coin de rue dangereux, et l’impressionnante collection de fresques, peintes par les artistes de rue (mais ce changement a aussi engendré un lot d'expropriation de maisons et sûrement de déplacement de la violence vers d'autres quartiers...). Aujourd'hui le quartier mise sur le tourisme et tout y est fait pour leur accueil : spectacles en tout genre, bars, restaurants... et tout un chacun peut prendre part à une visite guidée du quartier menée par un jeune du coin. Ce développement extrême pose aussi des questions puisqu'il a été à notre goût mené un peu trop vite et entraîne un quartier chargé d'une histoire très lourde dans un développement qui pourrait, s'il n'est pas contrôlé, passer du rêve joyeux au déséquilibre... Malgré tout, s'il n'y avait pas les quelques murales imageant cette lourde histoire, nous aurions eu bien du mal à imaginer qu'une telle violence opérait il y a encore une dizaine d'années !

On décide d'aller apercevoir le début du coucher de soleil depuis un autre quartier, pour lequel nous empruntons le téléphérique, ce qui nous permet d'avoir une nouvelle vue panoramique de la ville et d'apprécier une nouvelle ambiance de quartier.

On finit notre visite de la ville par un tour dans le quartier du centre ville. Après la visite du musée de la mémoire du conflit en Colombie (très impressionnant ! Qui retrace à la fois l'histoire du conflit, mais reprend également les témoignages de la population... le tout avec une muséographie tout ce qui est de plus moderne et sensoriel !!), on prend la direction de la place Botero (celui-ci a fait don de 23 sculptures). Nouvelle ambiance. On regarde les statues mais on ne peut s'empêcher de voir un amas de gens sans activité, de mendiants, de camés, de prostituées avec leur mac... Aïe, c'est tout de suite beaucoup plus terre à terre comme réalité. Une petite piqûre de rappel.

Après cette belle épopée urbaine, qui aura su nous transporter à travers son histoire, de son conflit violent à sa renaissance en processus, nous repartons empli d'une certitude : les colombiens n'ont pas fini de nous surprendre !

Nous nous mettons en route en troupe, direction notre prochaine étape : San Rafael.

[18/02 - 20/02]

Après un départ mouvementé de la troupe de Medellin (et oui, l'inertie de groupe !), on arrive de nuit à San Rafael et on se fait déposer avec tout notre bazar sur le bord de la route. Mais Juan, notre hôte est au rendez-vous et nous emmène vers leur petit havre de paix. On rencontre Ana qui nous offre un bon jus de fruit frais, et on reste la soirée à papoter avec eux, notamment de leur projet. Eh oui, ils nous accueillent dans leur eco-lodge, magnifiquement aménagé et conçu : cabanes éco-construites avec les matériaux du coin, piscine avec l'eau de la rivière qui sert ensuite à irriguer les plantations, miel maison, arbres fruitiers qui attirent de nombreuses espèces d'oiseaux (on aura la chance d'apercevoir plusieurs sortes de colibris, mais surtout un magnifique toucan !), potager... On est conquis tant par le lieu que ses propriétaires. Surtout que le village de San Rafael a mis en place depuis quelques temps un réseau développant un tourisme vert, protecteur et respectueux de l'environnement, réfléchissant sur leurs pratiques vers un tourisme éthique et durable. Tous les acteurs du tourisme au sens large du terme sont invités à s'y joindre et ils développent ensemble de nouvelles compétences.


Autant vous dire qu'on est venus ici surtout pour se reposer et profiter du magnifique environnement qui nous est offert : on profite de la piscine et ses hamacs, de l'accès à la magnifique rivière, on se cuisine des petits plats gourmands, on papote avec nos hôtes... Et puis on se lance dans de petites randos qui nous amènent à des coins perdus encore plus magnifiques et où l'invitation à la baignade est plus que bienvenue après avoir marché sous un soleil chaud chaud chaud :

Malheureusement, on doit quitter ce petit coin de paradis au bout de 2 jours car une nouvelle aventure nous attend beaucoup plus au nord du pays, sur la côte Caraïbe (suspens jusqu'au prochain épisode !). Sur la route du retour vers Medellín où nous devons aller prendre notre bus de nuit, nous faisons un arrêt dans le très touristique village de Guatapé. Il est connu pour son mirador qui offre une vue sur l'archipel de Guatapé (photo n°1), mais nous n'avons pas eu le temps d'y aller et avons donc profité de nous balader dans le petit village aux mille couleurs et devantures de maison rigolotes :

Après cette balade colorée, on prend le bus de nuit direction.... Barranquilla et son célèbre... ?

[21/02 - 24/02]

Après une longue nuit de bus, nous débarquons (comme presque tout le monde) à Barranquilla. On sort de l'ambiance climatisée pour une chaleur suffocante sans la moindre petite brise. Nous voilà sans aucun doute arrivés sur la côte Caraïbe !

Nous pouvons enfin lever le suspens insoutenable : nous venons à Barranquilla car celle-ci organise le plus grand carnaval de Colombie ! Ce carnaval est le troisième au niveau mondial après ceux de Rio de Janeiro et Venise. Le Carnaval de Barranquilla a été inscrit, en 2008 au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l’UNESCO.

La voisine de bus de Marion nous négocie un taxi (eh oui, cette période de carnaval représente un apport d'argent considérable pour les habitants : chacun développe son petit commerce pour cette semaine de festivités !) et nous prenons la direction de l'appartement d'une copine de copain de Marion rencontrée au Chili il y a 10ans... Vous nous suivez toujours ? En tout cas c'est un gros coup de chance parce que les logements sont hors de prix et qu'elle nous propose une chambre dans un appartement très très bien situé ! On s'installe, on se douche et on file tâter l'ambiance dans les rues. C'est coloré, chacun a pris la peine de décorer son balcon, les arbres devant chez lui, la devanture de son magasin, et a revêtu sa plus belle chemise fleurie ! On prend finalement la direction de la soirée organisée (par la bière nationale Aguila) du soir : baila la calle. Il faut savoir que le carnaval est une fête très très très organisée : chaque défilé se déroule à travers la ville dans un couloir qui a été aménagé pour ; les spectateurs prennent place dans des gradins payants (et les places valent de l'or !) ; les festivités en soirée sont elles aussi très encadrées... On s'imaginait ça un peu plus spontané mais quand tu réalises que c'est plus de 2 millions de spectateurs qui assistent chaque année à ce carnaval, tu comprends que l'organisation ne soit pas complètement laissée au hasard. On revêt donc nos habits les plus colorés et c'est parti pour le premier bain carnavalier : on vous emmène avec nous dans cette ambiance colorée et bien souvent floutée.

Légendes :

Photo 4 : L'éléphant douteux que vous apercevez sur cette photo est bel et bien le symbole du carnaval de Barranquilla. Ce masque s'appelle une "marimonda", et se porte avec un ensemble mis à l'envers. Il représente la joie et a été inventé en symbole d'une classe sociale exploitée (esclaves, ouvriers) se moquant des élites. D'où le long nez et les grandes oreilles. Aujourd'hui ce symbole représenterait l'habitant typique de la côte : joyeux, fêtard, qui ne se prend pas trop au sérieux ("mamador de gallo"), taquin...

Le lendemain midi on se met en route pour le premier défilé "la bataille des fleurs". C'est le défilé préféré des gens car il consiste en un défilé de gros chars sur lesquels sont présents des célébrités (chanteurs, acteurs, top modèles...). Pour l'occasion, on a sorti les habits les plus colorés que nous avions avec nous pour se fondre dans la masse des carnavaliers tous plus beaux les uns que les autres. Les couples ou groupes d'amis sont souvent vêtus de la même chemise à fleurs... effet assuré ! A côté des gradins, des espaces ont été vendus aux plus offrants qui y ont entassé une cinquantaine de chaises, plus ou moins à l'ombre, qui permettent une bonne vue sur le défilé. On achète donc 5 places et nous voilà installés pour les 6 prochaines heures ! Et on peut vous dire que c'est sportif parce qu'il fait au moins 35°C et que nos cuisses transpirent sur les chaises en plastiques, que nos peaux collent avec les jets de maïzena et de mousse ! L'ambiance est très festive et on se prête au jeu, criant en chœur avec nos voisin.e.s avec lesquels on a fait connaissance :

Et l'envers du décor... 

Le soir nous allons à une nouvelle soirée organisée par la bière nationale Club Colombia et nous profitons de cette dernière soirée colombienne avec Marion qui prend l'avion le lendemain matin très tôt direction Bogota puis Paris après 6 semaines avec nous.

Le lendemain on y va plus tranquillement et on finit par admirer le défilé depuis...un arbre ! Ce qui ne manque pas de faire rire tous les passants. Et pour vous illustrer un peu, quand je vous disais que chacun y va de son petit négoce : sous notre branche, il y avait une table depuis laquelle, quand tu te mettais debout, tu pouvais apercevoir le défilé et bien sûr, il fallait payer pour monter dessus. Autre exemple : pour passer d'un côté à l'autre du défilé (le passage était impossible car des barrières étaient présentes tout du long et des policiers montaient la garde), il fallait passer par les égouts et des messieurs avaient fabriqués des escaliers pour pouvoir monter et descendre dans les égouts moyennant quelques pesos. Photo à l'appui.

Enfin, le dernier jour était un défilé plus folklorique, avec des groupes de danses (notre préféré sur les 3 jours), avec des milliers de couleurs, des danseurs de tout âge et de tout style ; lesquels défilant en dansant sous plus de 35°C pendant plusieurs heures, en plein soleil, avec du maquillage, des talons, des coiffes... :

[24/02 - 27/02]

Après ces festivités colorées, nous prenons la route pour Carthagène des Indes, destination touristique numéro 1 de Colombie. Et quand on y met les pieds, on comprend très vite pourquoi : un ciel bleu sans pareille, une vieille ville magnifique, aux ruelles fleuries de bougainvilliers de toutes les couleurs, aux élégantes maisons coloniales et leurs façades majestueuses, à ses multiples édifices témoins d'une histoire coloniale déterminante, à ses vendeurs de rue plus racoleurs les uns que les autres et à ses habitants toujours si souriants.

En participant au tour guidé de la ville on en apprend un peu plus sur l'histoire de la ville. Fondée en 1533, Carthagène des Indes fut bastion de l’empire espagnol et ce, pendant près de 400 ans. La ville fut aussi un important centre de traite d'esclaves venant principalement d’Afrique et de transit de l’or. Souvent prise d’assaut par les pirates ou pays voisins, Carthagène s’est dotée d’un système de fortification très important. Aujourd’hui, son centre historique est entièrement classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Légende photos : Les femmes en tenues colorées que vous pouvez apercevoir sur ces photos sont des "Palenqueras" : femmes afro-colombiennes originaires du village de Palenque de San Basilio. un petit village situé au sud-est de Carthagène entièrement gouverné par des esclaves africains en fuite ayant signé un décret royal établissant l'indépendance de la ville par rapport aux puissances coloniales espagnoles. Ils purent ainsi vivre libres dans ces communautés fortifiées. Le village n'était cependant pas très riche et privé des ressources de la ville, alors ces femmes ont décidé d'exploiter en abondance ce qu'elles avaient autour d'elles : les fruits. Les Palenqueras emballaient leurs paniers tissés à la main remplis de fruits tropicaux mûrs, revêtaient leur tenue africaine traditionnelle et faisaient le long et fatigant voyage à pied jusqu'à la ville de Carthagène. Aujourd'hui, les Palenqueras vendent de moins en moins de fruits et gagnent plutôt de l'argent en posant pour des photos en échange de quelques pesos. Elles représentent un fort symbole de résistance.

Notre prochaine visite : le quartier de Getsemani qui est très connu pour ces centaines de murales. Il est situé à l’extérieur de la ville fortifiée. À l’époque coloniale, c’était dans ce quartier que vivait une grande partie des esclaves transportés de force depuis l’Afrique de l’Ouest. Encore aujourd’hui, il y a un vrai mélange de population. Les habitants y vivent une vie tranquille (quand ils réussissent à faire abstraction de la foule de touristes qui chaque jour investit ses ruelles) : ils jouent aux dominos ou aux cartes, se reposent dans les rues, les enfants jouent... Et ils le méritent bien car ils ont dû se battre pour garder leur maison face à de riches étrangers voulant implanter dans le quartier bars, restaurants ou hôtels.

Pour s'éloigner des sites touristiques, on a voulu emmener Camille et Hadrien en balade dans le marché local de Carthagène, et ils n'ont pas été déçus ! Pour une expérience c'était une expérience car même nous qui sommes habitués aux marchés sud-américains.... celui-là détrône tous les autres ! Installations anarchiques autour d'un marché plus "officiel", terre battue et déchets jonchent le sol... on vous laisse imaginer les odeurs et l'hygiène ! En même temps la chaleur qui pèse sur la ville n'aide pas à améliorer ces conditions. On est même accueillis par un troupeau de chiens errants suivi de près par leurs acolytes pélicans ! Et quel spectacle nous avons dû donner : de loin les seuls étrangers du marché, avançant d'un pas mal assuré, nez bouché (enfin sans les mains hein ! En apnée discrète. Eh oui, on développe de nouvelles compétences dans ces moments là !), tentant d'éviter de se prendre en pleine face les bouts de viande se balançant dans les allées, à la recherche de légumes pour nos futurs repas . Belle découverte tout de même de la profusion de fruits exotiques, symboles de cette région du monde.

Après ces balades fortes en émotions et sensations, on prend toujours le temps de repasser par l'hostel pour faire baisser la température dans la piscine de celui-ci : eh oui, les plus de 35°C de la côte Caraïbe sont difficilement soutenables une journée entière. Voyez plutôt :

Après ces quelques jours dans la ville de Carthagène qui nous a vraiment charmés, nous prenons la route de Minca, pour un tout autre paysage.

[ 27/02 - 1/03 ]

On quitte la côte pour quelques jours, et on s'enfonce dans la montagne colombienne. Le paysage change du tout au tout et nous voilà au milieu de montagnes verdoyantes, sur les pans desquelles poussent plantations de café et de cacao. Eh oui, c'est là que débute la Cierra Nevada, montagne habitée par de nombreuses communautés indigènes. C'est une toute nouvelle végétation hyper dense.

On s'enfonce dans cette montagne pour atterrir dans notre hostel, à quelques kilomètres du centre du village. On apprendra qu'il y a quelques années, Minca avait une toute autre ambiance : lieu de prédilection du narcotrafic (de cocaïne). Aujourd'hui le village vit au rythme du tourisme et on a encore une fois du mal à imaginer le village sous un angle totalement différent il y a si peu !

Bien loin de tout ça donc, nous profitons de ces quelques jours de nature pour se balader accompagnés par le cri strident des cigales locales, se baigner dans les rivières et le fameux "Pozo Azul" ("trou bleu"), retrouver un copain rencontré il y a plus d'un an à l'arrière d'un 4x4 lors d'un passage de frontière entre l'Argentine et le Chili, goûter aux spécialités locales (et un peu moins locales)... La vie douce quoi !

Après cette pause nature, on prend la direction du fameux Parc Tayrona, bijou de la côte Caraïbe colombienne.

[3/03 - 5/03]

Notre prochaine étape est le magnifique parc Tayrona, situé sur la côte Caraïbe, au sein duquel nous avons prévu de faire une boucle de 3 jours à travers ces paysages magnifiques.

Le parc Tayrona est une réserve protégée depuis la fin des années 60. Il s’étend sur 20.000 hectares terrestres et maritimes. On y profite de paysages de plages, de barrières de corail, de falaises, de mangroves, de marais et de forêt tropicale, avec une biodiversité extraordinaire : singes et rongeurs, grands prédateurs comme le crocodile américain, le jaguar, le tigrillo et le puma… Tout cela fait que c'est l'un des lieux les plus visités de Colombie.

Le parc est également témoin des différents peuples natifs de la Sierra Nevada y ayant vécu, véritable terre sainte et lieu de culte. Aujourd'hui encore, il reste habité par une petite partie des communautés, à savoir les tribus Kogui, Arhuaco et Wiwa.. C'est ainsi que depuis plusieurs années, à la demande de ces communautés, afin de protéger leurs sanctuaires et de permettre à l'écosystème de se rééquilibrer, le parc est fermé un mois dans l'année (en février et il semblerait même qu'à partir de maintenant, il le sera 3 fois par an). En effet, nous y sommes allés quelques jours après sa réouverture au mois de mars et les premiers jours, les gens ont fait plusieurs heures de queue pour pouvoir entrer dans le parc...... Au secours ! Aujourd'hui la partie habitée est interdite de passage pour les touristes, mais si vous vous éloignez un petit peu des sentiers battus, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir quelques uns de ses habitants, vêtus de tenues traditionnelles blanches, vivant en communion avec la nature.

Sachant tout cela, nous avions fait le choix d'entrer dans le parc par une entrée moins fréquentée, et de passer notre première nuit en dehors du circuit classique. C'est ainsi qu'après une randonnée de plusieurs heures à travers une végétation incroyable et sous une chaleur de plus en plus pesante malgré l'heure matinale à laquelle nous nous étions efforcés de partir, nous sommes arrivés dans un petit coin de paradis : Playa Brava. En chemin, les points de vue magnifiques ont permis de motiver les troupes et de présager que le meilleur était encore à venir.

On passe notre première nuit dans un campement sur la plage Playa Brava où a lieu notre rencontre avec la mer des Caraïbes. Mer bleue bleue bleue, cocotiers (remplis !)... On y est, y'a pas de doute ! On montera notre fidèle compagnonne de voyage, tandis que Camille et Hadrien passeront la nuit en hamac.

Le lendemain on reprend la route et on s'enfonce de plus en plus dans la forêt. Au milieu ce cette végétation luxuriante, tellement lointaine de tout ce qu'on connaît, on ressent l'âme du lieu, où chaque feuille, chaque son en fait un véritable sanctuaire. Passés ces instants poétiques où on réalise encore une fois à quel point la nature est magnifique, la rando n'en est pas moins exigeante. Aujourd'hui c'est la perspective de la baignade, la vraie de vraie cette fois (à cause de la violence du courant et des vagues, la mer de Playa Brava est réputée mortelle dès lors qu'on se baigne à plus d'1 mètre du bord)ainsi que les balançoires offertes par les lianes gigantesques qui rythment la cadence jusqu'à notre arrivée à la plage de Cabo San Juan.

Bin autant vous dire que même si ce lieu est magnifique, pour s'en rendre compte il faut faire abstraction de la masse de touristes qui s'y pressent, chacun à la recherche du spot parfait... Et quand on voit le camping, c'est rédhibitoire (des centaines de tentes alignées en plein soleil les unes collées aux autres...) : nous pousseront un peu plus loin pour s'éloigner de la foule ! Il y a beaucoup de monde car ce sont des plages accessibles à la journée. On s'y baigne pour se rafraichir puis on repart direction Arrecifes, à quelques kilomètres de là. On pose donc nos sacs dans un camping bien plus mignon au milieu de la forêt puis on prend la direction d'une autre plage, la Piscina. Il y a aussi pas mal de monde mais on trouve un petit coin pour poser nos serviettes, on se jette à l'eau qui cette fois est calme et on loue même des masques et tubas pour aller observer les poissons.

On rentre au camping où on passera une petite soirée calme à jouer aux cartes avant de.... tomber sur d'anciens collègues de Clément, du temps où il travaillait aux Grands Voisins. Doit-on encore préciser que le monde est petit ?

Le lendemain est sensé être notre dernière journée dans le parc, nous devons retourner à Santa Marta car une autre aventure avant qu'Hadrien ne rentre nous attend. On décide d'aller profiter une dernière fois des magnifiques plages caribéennes avant de rentrer tranquillement l'après-midi. En chemin pour la plage, on tombe sur (non non promis c'est pas une blague) un couple de copains, Audrey et Franck, rencontrés au Nord du Pérou (à la plage !)... Trop contents on passe du temps ensemble à rattraper les aventures des derniers mois, puis on va manger dans un petit resto pour fêter l'anniversaire de Audrey. Finalement on se met en route pour récupérer nos affaires mais... il est un peu tard et le proprio du camping nous prévient qu'il n'y a plus de bus à cette heure. Alors on repose nos affaires, on remonte la tente et on reste une nuit de plus dans le parc. Malgré un faux départ le lendemain matin (certains sont tête en l'air), on fait la rando finale accompagnés par les cris stridents des singes hurleurs et des colonies de fourmis géantes. On saute finalement dans le bus direction Taganga, où nous sommes attendus pour..... La suite au prochain épisode !

[5/03 - 8/03]

La ville de Santa Marta est située sur la côte caribéenne et pour cela, a été la première colonie espagnole en Colombie. Elle est une étape touristique puisqu'elle est le point de départ pour plusieurs treks et pour aller visiter le parc Tayrona.

Quand on se balade dans ses ruelles tôt le matin ou en soirée (car la chaleur y est très forte au cours de la journée), on se sent presque dans le sud de la France. La ville n'est pas d'une beauté époustouflante : son accès à la mer est mangé par le port industriel dans lequel s'entassent des milliers de conteneurs, son centre historique est minuscule... mais son soleil éblouissant, ses peintures écaillées, ses habitants en claquettes, ses vendeurs de fruits exotiques, ses murales multicolores et la fiesta du weekend autour de la place centrale participent à un charme qu'il faut sûrement prendre le temps de ressentir pour l'apprécier. Mais c'est aussi une étape particulière puisque la pauvreté de ville portuaire est palpable et à la tombée de la nuit, les activités qui dérangent le commun des mortels sont visibles (drogue, prostitution...) et prennent lieu en place publique (alors que nous avons plutôt l'habitude de les imaginer cachées, dans des recoins et "quartiers malfamés", ici les rendez-vous sont sur les places principales).

On y passera quelques jours à se balader, profiter des petits restos et de la piscine de notre hostel avant de dire au revoir à Hadrien qui rentre en France après 3 semaines avec nous en Colombie.

Avant son départ, nous avons quand même pris le temps de fêter notre baptême à tous... Leur baptême ? Mais de quoi parlent-ils ? Oui oui notre baptême à 12m de profondeur ! Et pour cette activité particulière, nous sommes allés visiter le petit village de pêcheurs voisin, Taganga. Après avoir enfilé un équipement un peu particulier, c'est en bateau que nous avons quitté le village direction... la mer Caraïbe. Eh oui, après quelques explications, exercices, angoisses de ne pas pouvoir respirer, vomis dans le bateau et dans l'eau (quelqu'un se reconnaitra ici), nouvelles explications et une bonne dose de courage pour pousser un peu plus loin les limites de chacun (ouais ouais, on a fait une fine équipe !), nous avons eu la chance d'admirer les fonds marins caribéens. Et ça en valait la peine ! Parce qu'une fois qu'on avait tout compris, on a pu se laisser bercer par le rythme de nos respirations et le silence offert par les abîmes marines.

Puis après nous nous sommes offert un repos contemplatif (et apéritif !) bien mérité face au magnifique coucher de soleil de Taganga, à regarder cette imposante boule rouge se perdre dans l'immensité de l'horizon et le ciel décliner ses nuances de roses jusqu'à la tombée de la nuit :

(Taganga est un petit village dans lequel nous avons seulement passé quelques heures, mais d'après les dires de plusieurs Colombiens rencontrés, c'est un autre exemple de l'impact négatif du tourisme de masse sur les communautés. Ce petit village de pêcheurs traditionnel aujourd'hui devenu une station balnéaire s'est vu envahi par les commerces liés au tourisme et empêche désormais le bien-vivre de beaucoup de ses habitants : bulle immobilière, installation de "gringos", modification de l'économie, nouvelle plaque tournante de trafics en tout genre, recul de la solidarité, hausse des inégalités, prise d'assaut de son littoral par des infrastructures peu traditionnelles...).

Après ces derniers jours caribéens, pour Camille et nous, le voyage continue et nous reprenons la direction du Sud pour aller rejoindre nos copains Coline et Rémi dans un petit village perdu au milieu des montagnes : Barichara.

[8/03 - 12/03]

Alors que pour une fois on dormait paisiblement dans ce confortable bus de nuit en direction de Barichara, on est réveillés car on doit descendre. Et avec notre meilleur espagnol matinal à nous de demander : "Mais ? On n'est pas arrivés si ?" "Ah non désolé mademoiselle, mais il y a eu un gros éboulement sur la route alors on ne peut pas aller plus loin"... Aaaaah ! Qu'est-ce qu'on adore les aléas du voyage. En même temps ça faisait longtemps alors on commençait presque à s'ennuyer et à trouver le voyage trop simple !

On prend donc notre mal en patience pendant plusieurs heures, en grappillant des infos à droite à gauche sur l'évolution de la situation. On se trouve une petite cafétéria pour patienter en jouant aux cartes tout en sirotant un bon jus de fruit. Après quelques heures d'attente il s'avère qu'ils ont une solution à nous proposer pour éviter cette route qui serpente dans les Andes et dont l'accès ne sera pas libéré avant plusieurs jours : on doit prendre un bus pour 1h, puis traverser le canyon de Chicamocha en téléphérique et reprendre deux derniers bus pour arriver à Barichara avant la nuit. Alors on rechausse nos sacs à dos et on se met en route pour cette aventure. Même si c'est long, très looooong, on en profite pour admirer la vue sur le canyon.

On finit par arriver à Barichara, exténués mais bien accueillis par les copains Coline et Rémi qui nous emmènent dans la magnifique maison qu'on nous prête pour quelques jours. Les jours suivants on visite tranquillement le village (dont sa fabrique de papier artisanal qui n'emploie que des femmes seules en charge de leur foyer ; son parc écologique, terrain de prédilection pour "l'école de la forêt"...) et ses alentours au rythme de la chaleur écrasante qu'il fait ici. Barichara est considéré comme l'un des plus beaux villages de Colombie : maisons en terre blanchies à la chaux, rues pavées, bougainvilliers de toutes les couleurs, village aux mille initiatives... On est tout de suite charmés !

On profite d'un réveil plus matinal pour pousser notre visite jusqu'à Guane, petit village voisin de Barichara, relié par un ancien chemin pavé construit par les indiens. Les 9 kilomètres du chemin royal qui séparent les deux villages sont un plaisir à faire à pied. La campagne colombienne est vraiment belle : à la fois verte et dense et aride et parsemée, on imagine sans mal la vie des paysans qui font ce chemin plusieurs fois par semaine. Le chemin est bordé d’arbres, de cactus et de champs. On croise une bergère souriante avec son troupeau de chèvres. On arrive dans un petit village tout mignon, moins touristique que Barichara, mais qui offre une vue imprenable sur le canyon. On s'arrête dans le seul "bar" du village pour prendre un petit déjeuner et on se retrouve à refaire le monde avec les propriétaires du lieu

Et puis Océane a aussi la chance de fêter ses 26ans dans cet environnement magnifique, avec les copains réunis. Au programme : repas indien, spécialités locales (hormigas culonas), rando dans les champs d'ananas et piscine naturelle...

Après toutes ces nouvelles aventures partagées, il est temps pour nous de rejoindre la capitale, Bogota, pour la visiter pendant quelques jours avant que Camille ne rentre en France à son tour.

[12/03 – 16/03]

(Contextualisation : Il faut savoir que pour nous, le coronavirus n’a commencé à être un souci qu’à partir du 13 mars. Avant cela on n’en entendait que très peu parler et il n’y avait aucune conséquence sur la vie en Colombie, ni sur le continent. On envisageait donc toujours très sérieusement de partir le 31 mars pour le Panama.

Cela mérite une seconde contextualisation : on ne vous avait pas encore parlé de notre retour car nous souhaitions vous mettre plein de photos et d’explications pour ne surtout pas vous inquiéter trop à l’avance ! On s’explique : on devait donc rejoindre le Panama fin mars pour aller retrouver Serge et le Jack’Line III, futurs compagnons pour les 2 mois qui devaient suivre. Nous devions en effet partir tous les 4 pour une transatlantique (traversée de l’océan atlantique) en voilier, du Panama à Valence (sud de Barcelone). Serge est skipper professionnel et est donc payé pour convoyer des bateaux à travers les océans. Il nous embarquait à bord, en suivant le principe du covoiturage mais pour bateau, où nous lui aurions tenu compagnie, partagé les frais de nourriture et il nous aurait appris à naviguer, pêcher du poisson... Malheureusement, à 3 semaines près, Serge s’est trouvé coincé en Espagne et nous en Colombie, rendant ce projet impossible.)


Après ces quelques jours avec les copains, on prend la direction de Bogota. Une longue attente dans le terminal de bus, une nuit de bus pas très confortable, un hostel introuvable, un hostel qui ne met la chambre à disposition qu’à partir de 15h alors qu’il est 7h du mat’…. on survit à tout ça et quelques heures plus tard on file se balader à la découverte des ruelles de Bogota et du célèbre musée Botero (Fernando Botero, peintre et sculpteur colombien, réputé pour ses personnages aux formes rondes et voluptueuses inspirés de l'art précolombien).

Après une bonne nuit de sommeil, on part très motivés à la découverte de nouveaux quartiers de la ville qui, malgré son ciel gris et les mauvais avis qu’on nous avait donné, ne nous a pas déplu la veille. On découvre son centre historique ; son quartier coloré et animé, la Candelaria, dont les ruelles sont chargées de murales intenses et de petites boutiques et café accueillants ; et finalement malgré la grisaille on prend le téléphérique direction le Cerro Monserrate (c'est une "Colline" qui atteint les 3152 mètres d’altitude. A son sommet on trouve l’église Nuestro Señor de Monserrate, construite suite au tremblement de terre de 1925, devenue depuis un symbole pour la ville), qui nous offre une vue imprenable sur toute la ville de Bogota, malgré une brume imposante. Un peu plus tard, dans le quartier étudiant, on repère de nombreux bars et c’est sous une pluie battante qu’on entre dans un club de salsa où nous passerons la soirée à admirer les couples de danseurs de tout âge, remuer leurs corps au son des vinyles choisis avec passion par le disque jockey.

Le lendemain, c’est le dernier jour de Camille alors on fait nos sacs (oui oui, on se défausse encore de tout un tas de choses notamment car on ne sait pas comment nous allons rentrer en France, notre plan initial semblant tomber à l’eau…. Et c’est le cas de le dire!), et on profite encore un peu de Bogota. On réserve un Free Walking Tour de la ville et il s’avère que nous sommes seuls avec notre guide, jeune journaliste passionnante et passionnée, avec qui nous passons plusieurs heures à apprendre, débattre et transpirer en l’écoutant nous raconter l’Histoire complexe de la Colombie (paysans, militantisme, guérilla, milices, banalisation de la violence, paramilitaires, terrorisme, campagnes, narcotrafic, Pablo Escobar, politique, corruption, peuple, justice...). Après ces heures intenses, nous réalisons que les dernières visites que nous avions prévues sont impossibles car les premières mesures de restrictions sanitaires ont commencé. Il est temps de partager un dernier repas avec Camille qui saute finalement dans l’un des derniers avions commerciaux avant le début de la crise du coronavirus en Colombie.

Nous à ce moment là, on est un peu perdus et on décide de rester encore quelques jours à Bogota pour s’informer davantage sur la situation et organiser nos semaines à venir. L’hostel est plein à craquer d’européens qui s’activent pour rentrer chez eux, tous plus stressés les uns que les autres, véhiculant infos et intox sans que personne ne puisse jamais démêler le vrai du faux. Plus anxiogène tu meurs ! On se pose alors des questions (notamment car nous n’avons pas de billet d’avion alors que les prochains retours sont réservés à des personnes possédant déjà un billet d’avion) et on décide de quitter Bogota au plus vite. On se sent vraiment déboussolés, on ne sait plus quelles décisions prendre et surtout on a l’impression que chacune d’entre elles va décider de notre sort pour le restant de notre vie (oui oui on dramatise à peine ici, ascenseur émotionnel bonjour !). Alors pour être plus sereins et entourés, on décide de retourner à Barichara auprès de nos copains Coline et Rémi et de voir venir ensemble l’évolution de cette crise.

Affaire à suivre !

[16/03 - 19/05]

On quitte donc Bogotá direction Barichara. L'ambiance a changé, les masques sont de rigueur et on réfléchit chacun de nos gestes. Pourtant on se sent loin, désinformés et ce revirement de situation en quelques jours nous laisse perplexes. On est tellement loin de la réalité qu'on décide de faire une petite halte de 3 jours sur la route pour Barichara, dans un petit village qu'on avait repéré : Villa de Leyva, havre de paix et de nature qui nous semble parfait pour s'éloigner de la folie angoissante de Bogotá et du coronavirus. On était bien loin du compte ! En effet, après une heure de bus, on s'arrête dans un terminal de bus et une dame en uniforme monte. Elle est masquée, tient un calepin dans ses mains... et la voilà qui nous annonce d'une voix très sérieuse que nous prenons la direction d'un des principaux foyers infectieux de Colombie. Aïe ! Les gens s'insurgent "Comment ça ? Pourquoi personne ne nous l'a dit ? Pourquoi la compagnie continue-t-elle de vendre des billets à d'autres personnes qu'aux habitants du village ? ..." ; et puis elle s'avance vers nous (seuls étrangers à bord) en nous demandant d'où nous venons. Océane a à peine le temps de dire qu'on est français qu'une dame lui crie de nous faire descendre immédiatement du bus. On est un peu surpris/choqués/frustrés mais on finit par faire entendre qu'on est en Amérique du Sud depuis plus d'un an et qu'on n'est pas porteurs du virus, très vite soutenus par d'autres passagers qui prennent notre défense. Ce petit incident nous fait réaliser que la situation a évolué et que le temps n'est plus à la balade. Le regard des gens sur nous a quelque peu changé (merci les médias qui véhiculent la peur !) et le virus est présent ! On arrive donc à Villa de Leyva de nuit, et on décide d'en repartir dès le lendemain pour rejoindre Barichara. Les routes semblent cependant bloquées et on nous explique qu'il y a des barrages mis en place interdisant l'entrée des voyageurs dans les villages... On est super stressés, mais heureusement la dame chez qui nous avons réservé une chambre en airbnb pour les prochains jours est d'un grand soutien. Après 6h de bus sur une petite route chaotique, on arrive à San Gil et on saute dans un taxi direction Barichara. On croise très fort les doigts pour qu'on nous laisse entrer dans le village et notre bonne étoile étant toujours présente, nous passons entre les mailles du filet et arrivons à bon port dans ce qui sera notre maison pour les 2 mois à venir.

La maison est magnifique, typique de la région avec ses murs en terre recouverts de chaux, son salon ouvert sur le patio intérieur... On sent qu'on va s'y plaire ! Et puis il faut dire qu'on était déjà tombés sous le charme de ce petit village lors de notre premier passage.

Dès le lendemain, après une bonne nuit moins angoissée que les dernières, nous retrouvons Coline et Rémi et apprenons qu'à partir du jour même, plus personne d'extérieur n'est autorisé à entrer dans le village et qu'un confinement d'essai va être mis en place dans notre région dès le sur-lendemain. Eux habitent depuis 1 mois dans une petite maison dans le jardin d'amis Colombiens de Coline. On ne sait pas comment la situation va évoluer, mais on est soulagés de les savoir à 10 minutes à pied de chez nous et on passe la journée ensemble à décompresser. En rentrant chez nous le soir, on est contrôlés par les policiers du village, sans réelle crainte car nous nous savons totalement en règle (car en Colombie depuis plus d'un mois), ceux-ci nous demandent tout de même de ne plus ressortir de chez nous avant le début du "confinement d'essai" car nous sommes source de peur chez les habitants... Très bien, c'est compréhensible, un peu injuste et frustrant, mais on obéit car on n'est pas chez nous (et qu'on se sent tout petit dans ce genre de situation quand on est à l'autre bout du monde, et qu'on a aucun de nos repères). On était quand même loin d'imaginer que cet essai de confinement prendrait fin pour nous (et seulement pour nous car les colombiens sont aujourd'hui toujours confinés) deux mois plus tard !

Nous avons donc eu le temps de faire ample connaissance avec notre hôte, Carolina, avec qui la cohabitation a été plus que plaisante. Arrivée depuis quelques années à Barichara, cette Bogotanaise a ouvert un commerce d'artisanat avec son ex-compagnon, et travaille à côté en tant que cuisinière dans une maison de luxe louée avec toute une offre de services. Drôle, intéressée et intéressante, cuisinière hors pair, d'une douceur absolue, fêtarde convaincue, innovatrice née, nous avons passé 2 mois très agréables en sa compagnie, à en apprendre plus les uns des autres, à faire des échanges franco-colombiens... On ne pouvait pas rêver mieux car on a réellement trouvé chez elle une maison et une stabilité dont nous avions besoin pour traverser cette crise loin de chez nous et de nos proches.

Le confinement à Barichara a été très stricte : chacun avait un jour de sortie, en fonction de son dernier numéro d'identité (Océane et Carolina pouvaient sortir le vendredi, Clément et Rémi le mercredi, Coline le lundi), et ce seulement pour faire ses courses et sortir son chien. Sortie interdite et fermeture générale le week-end pour tous ; sport autorisé entre 5h et 7h du matin. Autant vous dire qu'on n'est pas beaucoup sortis... On a donc investi notre temps dans la création d'un jardin-potager dans le petit patio intérieur ; Clément a peint un mural sur le mur intérieur et donné beaucoup de coups de main à Léonor, la voisine, qui a elle aussi monté un jardin communautaire avec ses voisines sur une parcelle en friche ; Océane s'est attelée à la confection d'un jeu de l'oie sur le voyage de Rémi et Coline (dont l'anniversaire a eu lieu juste avant notre retour) ; on a beaucoup cuisiné et mangé en étant toujours plus inventifs et aventureux, notamment grâce à un beau panier de légumes hebdomadaire (type AMAP, montée en à peine 2 semaines au début du confinement par les amis de Coline !) ; on a festoyé sur des airs tantôt français, tantôt colombiens ; on a fini par se donner des rdv illégaux avec Coline et Rémi pour palier au manque de vie sociale et à s'autoriser des petites sorties solitaires pour aller admirer le coucher du soleil sur le canyon ; on a rit pendant des heures avec les uns et les autres sur Zoom, nouvel outil magique pour passer du temps à distance avec les proches qui malgré les 6h de décalage horaire étaient tout comme nous, disponibles ; on a médité ; on a débattu et refait le monde... Et puis on s'y est senti comme chez nous, on a apprécié le calme du petit village trop touristique redevenu anonyme, les signes de la main ou regards chaleureux des commerçants et habitants nous acceptant dans leur communauté... Nous aussi nous nous sommes pausés et avons réfléchit sur ce qui arrivait au monde, qui on était et ce qu'on pouvait faire au milieu de tout ça.

Et puis après de loooooooongues heures et des ascenseurs émotionnels tombant dans le vide à vitesse grand V, on a finit par avoir une date de retour (confirmée la veille...) organisée à moindre frais par l'ambassade d'Allemagne. Alors que nos copains étaient eux toujours en attente, nous sommes partis direction Bogotá le dimanche 17 mai, avons atterri à Munich le lundi 18 mai (on a même pu se balader dans la ville déconfinée et goûter à 2 spécialités locales entourés d'allemands : la bière et le kebab), pris un premier train, puis un 2ème et enfin un 3ème pour arriver en début d'après-midi le mardi 19 mai dans notre très chère Bretagne natale. Après 504 jours sur les routes d'Amérique du Sud.

Hasta luego ! Gracias para todo.