[31/01 - 5/02]
Après un court passage par Quito le temps de changer de terminal de bus, nous voilà en route pour Otavalo, petite ville à une centaine de kms au nord. Cette ville est connue pour son marché aux bestiaux du samedi matin, et son marché artisanal durant lequel des centaines de stands envahissent la place principale.
On a ainsi fait en sorte d'être à Otavalo le samedi, pour pouvoir participer à ces festivités hebdomadaires. On débarque très tôt dans la ville alors on cherche un petit café afin d'y savourer un petit déjeuner matinal à base de café équatorien et de quelques douceurs. On est rejoints un peu plus tard par un monsieur qui s'avère être l'ancien président de la coopérative de café du coin, Rio Intag. S'en suit une discussion très intéressante sur la production du café, son économie en Equateur, le développement de la filière et des conditions de vie des producteurs, l'environnement... Passionnant et inspirant ! Après s'être installés dans un hôtel pour une nuit (car nous en réservons un encore plus chouette mais dispo que le lendemain), on part se balader dans les ruelles de la ville, à la rencontre de ses habitants si chiquement vêtus dans leurs tenues traditionnelles et aux cheveux d'un noir brillant, parfaitement tressés (autant les femmes que les hommes !), à la découverte des marchés et églises. Après une après-midi vite passée, on rentre se reposer de cette nuit de bus, comme toujours compliquée.
Et le lendemain, c'est samedi ! Après un petit déjeuner vite avalé, on se met en route pour le marché aux bestiaux. Et quel marché ! ça couine, ça crie, ça grouine, ça négocie... Un porcelet par-ci, un cochon d'inde par là. On ne sait plus où donner de la tête ! Mais on observe avec grand intérêt les négociations se faire, et c'est un véritable spectacle. Après avoir admiré l'art qu'on les otavaleñiens de vendre aux visiteurs des autres régions leurs plus belles bêtes, on se met en route pour le marché d'artisanat. Avec un hornado (plat de cochon grillé accompagné de patate et maïs) dans le ventre, on se lance dans les ruelles créées par les centaines de stands à la recherche de la perle rare artisanale. Malheureusement le marché a bien changé et tous proposent les mêmes produits, fabriqués dans une gigantesque usine quelque part ailleurs en Equateur… Triste réalité, qui fait que ces vendeurs ne sont plus que des revendeurs détaillants et que trouver des artisans sur ce marché revient à chercher une aiguille dans une botte de paille. Heureusement nos copains Coline et Rémi nous avait filé un bon tuyau : une description et une localisation du stand d'une famille artisane de hamacs. Alors on se met en recherche de la dite famille et..... on la trouve ! C'est tout autre chose, leurs produits sont magnifiques et on a aucun doute sur la qualité. Le contact passe très bien et ils nous invitent à passer chez eux pour nous faire visiter leur atelier quand nous le souhaitons.
Légendes :
Photo 10 : marché artisanal permanent, qui est tout de même démonté chaque soir vers 18h et remonté à partir de 4h30 chaque matin.
Photo 11 : Porteur contracté par les propriétaires de stands pour acheminer les marchandises jusqu'aux camions. Ils portent plusieurs dizaines de kilo à la force de la tête et du dos, courbés en deux.... Aïe !
Après avoir dévalisé le stand de hamacs, puis un ou deux autres, on va dévaliser les stands de fruits et légumes car....notre nouvel hostel dispose d'une cuisine bien équipée, notamment d'un four ; et on a bien l'intention d'en sur-profiter ! On se lance chacun dans nos petites spécialités : lasagnes, gâteau au citron, salade, cookies, jus de fruits... Un vrai festin ! Après ce gueuleton, on profite du feu en jouant aux cartes puis tout le monde au lit.
Pour les deux jours suivants, on se lance sur trois randos. Une première direction la laguna Cuicocha, ancien volcan aujourd'hui éteint ; la deuxième direction le Lechero, arbre millénaire dont les feuilles une fois coupées laissent s’échapper une sorte de lait, qui surplombe la ville d’Otavalo ; et une troisième direction la laguna Mojanda et l’ascension du mont Fuya Fuya (4279m d’altitude).
Légendes :
Photos 1 - 10 : Randonnée autour du cratère de l'ancien volcan Cuicocha.
Photo 11 : Vue sur la ville d'Otavalo en chemin pour le Lechero
Photo 12 : Autel d'offrandes pour les enfants
Photo 13 : L’arbre originel est tombé il y a quelques semaines à cause de vents forts (mais également car des campeurs avaient brûlé ses racines en faisant un feu de camp…. !). Nous débarquons à tout hasard à la fin d’une cérémonie réunissant les habitants des communautés alentours venues célébrer la replantation de 2 nouveaux lechero. Nous apprenons que c’est un lieu très sacré, ancien cimetière des enfants morts avant d’être baptisés, lieu spirituel de haute importance pour ces communautés.
Photo 14 : On est invités à partager le pique-nique organisé par les communautés. Plat servi dans une feuille de choux : maïs, petits pois, haricots rouges, riz… Un vrai moment de partage comme on les aime !
Photo 15 : Ascension du mont Fuya Fuya dans la brume totale. Objectif atteint, respiration haletante à plus de 4000 m d'altitude mais on tient bon !
Et finalement on part visiter l’atelier de tissage de hamacs de Fabiola et sa famille, niché dans leur maison et au fond de leur jardin. Ce couple a repris l’activité de leurs parents. C’est une petite entreprise familiale : ils ont 6 filles qui mettent la main à la patte après leurs études (mais aucune d’entre elles ne souhaite reprendre l’entreprise). On entre dans leur univers et c’est magique : ils travaillent encore avec les vieilles machines qui fonctionnent à plein régime. Malheureusement ils nous expliquent qu’aujourd’hui le marché est très difficile car ils ont du mal à être concurrentiels face aux gigantisme des usines de production. Leurs produits, étant artisanaux, sont moins variés, même si de bien meilleure qualité. On voit l’intelligence, la facilité avec laquelle ils tissent ces hamacs magnifiques et on a un véritable coup de cœur pour cette famille. Ils nous font aussi visiter leur petit coin de jardin, véritable paradis des légumes et plantes médicinales. On repart avec sous le bras des hamacs et autres petits artisanats, mais surtout avec de nouveaux amis du bout du monde.
On aura aussi la chance de faire un Free Walking Tour de la ville juste tous les 3 avec Juan Carlos, jeune étudiant otavaleño, guide à ses heures perdues qui nous fera découvrir des parties d’Otavalo encore inconnues, notamment son ancienne place de marché, nouveau lieu de culture underground engagée.
Pour finir en beauté nos aventures équatoriennes (et surtout nos courses un peu trop débordantes), on se lance dans une soirée de cuisine intense : quiche, steaks végétariens, crêpes, sablés, fondant au chocolat…. Bon d’accord, on a un peu eu les yeux plus gros que le ventre, mais qu’est-ce qu’on s’est régalé !
Ça y est, notre épopée équatorienne se termine, sur une note plus que positive, et nous prenons la direction de la Colombie. L’Équateur se révèle être notre coup de cœur ! Autant ses paysages que ses habitants nous ont conquis. Petit pays dans l’ombre de ses voisins, qui pourtant se défend très bien et a beaucoup à offrir.