La suite de notre voyage transatlantique sur les chemins de la Panaméricaine dans un récit sur 7 mois d'aventures à travers la Bolivie et le Pérou...
Du 28 décembre 2018 au 19 mai 2020
509 jours
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[21/05 - 24/05]

Tupiza est une ville depuis laquelle partent les excursions les plus prisées de Bolivie (tout comme Uyuni). Y sont sur-représentées les agences de tourisme (une bonne 10aine pour Tupiza contre environ 80 à Uyuni) qui proposent donc plusieurs formules d'excursions touristiques, toutes ayant pour but final le désert de Sel d'Uyuni. Les excursions consistent en un circuit de 3 à 5 jours qu'on arpente à bord d'un 4x4 conduit par un guide, quelques fois accompagné par une cuisinière. On peut être entre 4 et 6 passagers. Cette étape a été pour nous sujette à de nombreuses réflexions car si jusqu'à présent on avait plus ou moins réussi à sortir des circuits tout tracés très touristiques, la découverte de ces régions, le Sud Lipez et Uyuni, se fait difficilement autrement (quoique depuis on a croisés des personnes l'ayant fait à pied et en vélo....belle prouesse, mais après réflexion, nous on ne l'aurait pas fait !). On ne regrette rien car c'était absolument splendide et puis nous nous sommes très très bien entendus avec nos covoitureurs(#belote), mais bon... malgré l'incroyable beauté, c'est vraiment très (trop ?) touristique ! Depuis Tupiza on est moins sujets aux longues files de 4x4 qui se suivent pendant des heures (moins que depuis Uyuni apparemment), et puis nous avons eu la chance d'avoir un guide qui tentait de nous donner l'exclusivité sur chaque lieu, mais il n'en reste pas moins qu'on se suit un peu tous, et que malgré leur sympathie, les guides ne sont là que pour donner ce qu'attendent les touristes, le strict minimum et les photos souvenirs mythiques. On a été déçus par cela, car nous pensions tous les 4 avoir choisi une agence plus "éthique". Malgré tout, notre guide était originaire du Lipez et cela se sentait qu'il connaissait vraiment bien la région, comme quelqu'un qui y a grandit.

Donc le mardi, jour de grève à Tupiza (eh oui, quelle chance !), nous partons direction "le tour d'Uyuni". De bon matin, on rejoint Quentin et Guillaume, nos deux compères pour les 4 prochains jours, ainsi qu'Ives, notre guide/chauffeur/cuisinier. Sur ces 4 jours, il nous a été donné à voir des dizaines de lieux plus incroyables les uns que les autres... On s'est même demandé s'il y a un moment à partir duquel le cerveau n'est plus capable de s'extasier devant la beauté des paysages tellement il en voit ? On a donc la chance de voir des paysages magnifiques et tellement divers : de nombreuses montagnes, le volcan Licancabur, des lagunas blancas (sel, borax...), le désert de Dali, les eaux thermales, les geysers, la laguna verde, la laguna colorada (Océane a presque pleuré devant ce paysage tellement....inconnu), des formations rocheuses, la laguna negra, le cimetière de trains et bien entendu, le coucher et lever de soleil sur le Salar d'Uyuni.

En fait, nos écrits ne sauraient vraiment vous raconter l'extraordinaire. Place aux photos...

Et l'envers du décor :

C'est quelques peu fatigués (surtout gelés car les nuits étaient très très fraîches... -10°C environ) mais surtout impressionnés par tout ce qu'on a vu en 4 jours que nous nous quittons tous à Uyuni. Accompagnés par 2 gars, Martin et Marc, rencontrés pendant le tour (le 4x4 derrière le nôtre ;) ), nous prenons un bus direction Potosi.

[25/05 - 29/05]

Après 4h de bus bolivien (car oui ce n'est plus le même standing qu'avant : on se demande comment certains bus peuvent encore rouler, il n'y a bien sûr pas de toilettes - même si c'est un trajet de 10h, on s'arrête toutes les 10min pour laisser monter/descendre des passagers, laps de temps pendant lesquelles de nombreuses vendeuses en profitent pour venir nous vendre tout un tas de friandises confectionnées par leurs petites mains...) nous arrivons le soir même dans cette fourmilière géante qu'est Potosi : des gens partout que nous bousculons avec nos énormes backpacks, des vendeurs de tout et n'importe quoi, des familles, des bus qui crachent une fumée noire nauséabonde et puis surtout, nos poumons qui peinent à nous emmener au centre ville qui se situe bien plus haut dans la ville. Car oui il faut savoir que Potosi se situe à 4100 m d'altitude, si bien que monter 3 marches se transforme en une véritable prouesse sportive ! On prend pour hostel un espèce d'hotel particulier en semi-travaux, mais avec une terrasse à la vue imprenable sur la ville et surtout sur la Montagne d'Or. Potosi est avant tout une étape où l'on décide de se reposer après ces semaines de tourisme. Ce qui tombe parfaitement bien car Océane est bien malade ! On visite tout de même le marché et on goûte, tout en étant un peu frileux (eh oui nos estomacs d'européens sont tellement aseptisés que l'eau et la nourriture boliviennes nous sont quelques peu difficiles à digérer !), quelques spécialités locales. L'api, boissons à base de farine de maïs violet et de cannelle retient particulièrement notre attention.

Après plusieurs jours de repos on finit tout de même par aller visiter la fameuse Montagne d'Or qui n'est autre qu'une gigantesque mine active dominant la ville. Changement total de décor : après la bulle de tourisme qu'on vient de vivre, on se retrouve quelques peu plongés dans la dure réalité d'une ville bolivienne.

Visiter la mine nous paraît être une attraction quelque peu spéciale (mais d'après le guide nous ne sommes que des français parmi tant d'autres : oui c'est éthique puisque les coopératives de mineurs touchent un gain de l'exploitation touristique et non ça ne dérange pas les mineurs qui sont fiers de leur travail ; non les conditions ne sont pas ce qu'on nous décrit : il n'y a pas de travail d'enfants, très peu de morts... ). On se laisse tenter, au moins pour l'aspect découverte de ce monde qui existe encore dans de nombreux pays dans le monde. Et on était loin d'imaginer ce qui nous attendait !

On commence par aller voir une des nombreuses usines de transformation. Les mineurs apportent ici ce qu'ils ont extrait, et sont payés selon la qualité (les petits morceaux avec le minéral précieux bien visible sont plus recherchés et donc mieux payés) et la quantité. Au final, il sort une poudre de minéraux (fer, argent, zync...) directement exportée en Chine (malheureusement), à coût assez faible, pour fabriquer de nombreux produits à plus haute valeur ajoutée. Ce qu'on découvre est assez impressionnant, cela ressemble à ce que l'on a appris sur la révolution industrielle: de très vieilles machines avec des systèmes assez basiques de conduites et de rouages, dans un environnement très sale, avec peu d'infrastructures. Alors que nous sommes assez bien protégés, les ouvriers qui travaillent ici ne portent aucune protection, ils travaillent pourtant avec un nombre incalculable de produits chimiques mélangés aux minéraux broyés dans l'eau, dans le but de séparer les minéraux précieux des déchets (principalement de la pierre).

En chemin pour la mine, on emprunte donc des routes qui sont peu pratiquées par les touristes, hormis ceux qui se rendent accompagnés à la mine. On visite le "marché des mineurs", dans lequel ceux-ci font leurs achats : nourriture, coca (plante de laquelle est extraite la cocaïne, dont les feuilles, loin de produire les effets de la célèbre drogue, sont consommées puisqu'elles permettent de se maintenir éveillé, ne pas ressentir le sentiment de faim et soif - ils se mettent environ une 100aine de feuilles une à une dans un côté de la bouche, qui forme une boule ("bolo") à l'intérieur de la joue, agrémentée de bicarbonate et poudre de patate douce ( goût sucré) qui permet de faire agir les effets plus rapidement, et gardent cette boule environ 3-4h avant de la cracher et d'en refaire une nouvelle), cigarettes (eh oui, les mineurs fument dans les galeries...), alcool (grands consommateurs d'alcool à 96 °, dont la bouteille d'1 L coûte environ 25 bolivianos, soit 3€....), dynamite (en libre accès dans la ville de Potosi, tout un chacun pouvant s'en acheter). On assiste à des scènes vraiment atypiques : des messieurs qui paraissent très âgés (mais c'est l'effet de la mine) ne tenant pas debout, affalés au milieu ou au bord de la chaussée, sortant de leurs poches des fioles d'alcool à 96°... et après la visite de la mine on réalisera l'impact de l'alcool sur cette société... On passe donc environ 2h dans la mine. Les explications de notre guide sont ponctuées par des explosions lointaines de dynamites qui surviennent des différents niveaux de galeries de la mine. On croise des mineurs qui semblent très très jeunes (pas de travail des enfants, mais certains ont 22ans et ont commencé à 15ans...), mais aussi des très très vieux, perdus dans le fin fond des galeries, à enchainer pendant des heures les brouettes, espérant être assez chanceux pour trouver une veine de minéraux leur offrant le plus d'argent et de zinc possible (sachant qu'aujourd'hui il n'y a plus d'or dans cette mine), rythmant leurs journées par la coca, l'alcool et les cigarettes. Ils ne semblent que très peu enclins à la discussion (ils parlent majoritairement Quechua et s'arrêtent à peine sans dire merci pour récupérer les "cadeaux" qu'on nous fait acheter pour leur donner : coca, jus de fruits (qui sont plus des sodas qu'autre chose!), dynamite...), ce qui est tout à fait normal, mais contredit encore une fois ce qu'on nous avait dit et donc ce qu'on veut vendre à tout prix aux touristes. On a pris quelques photos pour vous témoigner l'ambiance à l'intérieur de cette fameuse "Montagne d'Or" :

Légende des photos :

1) Achat de feuilles de coca et d'un bâton de dynamite au marché des mineurs.

3) Entrée de la mine que nous avons visitée. Les sacs sont remplis de blocs de minéraux et sont stockés près de la mine en extérieur ou dans les petites maisons de stockage de chaque mineur.

4) Notre guide et un mineur qui sort une brouette de gravats et minéraux, occupation majeure du mineur quand il n'est pas en train de piocher les parois.

5) Trou escarpé dans le sol pour descendre (sans corde en général !) aux niveaux inférieurs des galeries de la mine.

6) Il faut souvent se baisser pour se déplacer dans la mine, voire se mettre à quatre pattes et ramper.

7)Statue du Dieu el Tio (mari de la PachaMama - en Quechua le son "d" n'existant pas, "dio/dieu" est devenu "tio"), qui protège les mineurs, à qui l'on fait des offrandes d'alcool pur et de cigarettes (on remarque le pénis qui marque l'interdiction des femmes dans la mine car celles-ci sont impures).

8)Vue de Potosi depuis la Montagne d'Or.

9)Petite maison juste à côté de l'entrée de la mine où vivent une femme et ses enfants. Ces femmes sont les gardiennes des "trésors" des mineurs. Elles sont toujours célibataires, souvent veuves... ce qui leur assure un revenu et un toit pour le reste de leur vie (une vie vraiment rustique, comme repentie).

11)Entrée d'une autre mine. Le tuyau d'air comprimé parcourt toute la mine et sert à alimenter les marteaux-piqueurs pour les mineurs les plus riches.

Cette visite a été très intéressante mais nous a particulièrement interrogés sur la vie de ces hommes, se tuant à la tâche, ne mourant plus forcément dans les galeries mais bel et bien à cause de l'alcool, des maladies des poumons... des hommes qui vivent dans le noir et rentrent chaque jour chez eux, avant d'y retourner jour après jour, consommant un petit peu plus chaque jour... Un monde souterrain où les femmes sont interdites d'accès, et donc très marqué par le machisme. On en sort vraiment retournés !!


Quelques jours de repos seraient encore de rigueur après la visite de la mine, mais on est plus ou moins d'attaque pour prendre le bus direction Sucre la blanche, capitale économique et politique du pays (La Paz étant la capitale administrative).

[29/05 - 3/06]

Nous arrivons à Sucre le soir et nous installons dans un hostel qui n'est pas encore officiellement ouvert mais où nous accueillent des volontaires français. Malheureusement, encore un peu de repos s'impose les 2 premiers jours. L'assignation à résidence nous permet de rencontrer nos voisins de chambrée, Coline et Rémi, un couple français avec qui nous échangeons sur tout plein de sujets : le voyage, le volontariat, le social, la cuisine, la traversée de l'océan en bateau... mais aussi avec Charline, nouvelle administratrice de l'hostel, qui travaille aussi à l'Alliance Française et qui nous invite donc à un concert. On assiste au concert d'Antiquarks, un groupe français en tournée en Amérique du Sud, complètement déjanté mais très original et d'une exceptionnelle qualité ! Super soirée ! Les jours suivants, on finit par visiter un petit peu cette belle ville, qu'on se garde pour notre prochaine venue dans quelques semaines.

En effet, grâce à Coline et Rémi, nous nous sommes dégotés un workaway à Samaïpata, petit village hippie, à l'orée du parc Amboro. Et donc après un faux départ (on a failli monter dans un bus dans des conditions quelques peu spéciales, avant de se fâcher et de retourner à pied au terminal de bus puis de monter in extremis dans le dernier bus de la journée), on s'installe dans un bus pour 10h de route. Et l'aventure continue ! Atypique : on arrive à Samaïpata à.....3h30 du matin ! Et sous la pluie ! Impossible de vous décrire notre arrivée en pleine nuit au camping El Jardin, complètement trempés, de la boue partout puisqu'on a dû s'essayer à rester sur nos 2 jambes dans les rues en terre complètement glissantes, à monter la tente tant bien que mal et à s'endormir après tant d'agitation ! Atypique !

Le lendemain on se réveille dans une ambiance très agréable : chants des oiseaux, joueurs de guitare, odeur de nourriture... Avant goût de l'ambiance particulière qui règne à Samaïpata. On file arpenter les quelques rues de ce villages, toutes emplies de stands de fruits et légumes, de produits de beauté artisanaux, de musiciens de rue... Et puis on tombe nez à nez avec le Cafe tango, café végétarien et bio... autant vous dire que Clément a fait une razzia de chocolat et cacao organicos (biologiques) !

Après 2 nuits au camping, on saute dans un taxi direction Paredones : petit village perdu dans la montagne et la forêt dense (qui ressemble un peu plus à la jungle) à quelques kilomètres de Samaïpata, où nous attendent Gaby et Rohane et leurs enfants Arandu et Tayel, nos futurs hôtes pendant au moins les 2 prochaines semaines.

[3/06 - 22/06]

Ainsi, le lundi 3 juin au soir, nous arrivons dans notre nouvelle demeure, après 30min de marche intensive dans la nuit noire et dans ce nouvel environnement, très différent de ce que nous avons connu jusqu'à présent. En effet, Samaïpata se situe à l'orée du parc Amboro, région qui appartient à un climat tropical.

Après les présentations (Rohane est Anglaise et Gaby Paragayen. Ils vivent ici depuis 13 ans et ont aménagé peu à peu leur terrain pentu en y construisant des terrasses. Ils ont aujourd'hui deux garçons, Arandu qui a 4 ans et Tayel qui a 1an et demi -prénoms Quechua et Guarani. Elle, donne des cours de yoga et de violon, lui est prof de sport dans l'école d'à côté et gère sur airbnb leur maison de Samaïpata.) et le partage de pain fait maison, d'avocats du jardin et du beurre baratté par les voisins, on file s'installer dans notre palace : petite maison en terre, dans laquelle ont élu domicile de nombreuses araignées (les plus grandes qu'on n'ait jamais vues......) bien installées et qui n'ont pas l'air de vouloir nous céder la place. On essaie de ne pas être trop regardants et on s'installe petit à petit, en commençant bien sûr par fixer tant bien que mal la moustiquaire, refuge de fortune. Mais le lendemain matin, tout a beaucoup plus de charme et on sent qu'on va se plaire dans ce petit coin de paradis

En effet, en sortant de notre maisonnette on peut profiter d'une vue panoramique magnifique sur les montagnes verdoyantes alentours, et quand on fait le tour du propriétaire, rapidement on ne sait plus où donner la tête : nous sommes entourés de clémentines, citrons et oranges !

Et voilà un meilleur aperçu de leur maison et de la nôtre :

Le travail qu'on va effectuer (5 jour /7, 4h par jour) est varié : beaucoup de terrassement, de la cueillette des fleurs d'hibiscus (pour en faire de la confiture et de la tisane), du jardinage, de la préparation de plants (dans le humus préalablement ramassé dans leur bois en haut de leur terrain), de la plantation d'ail, du débroussaillage avec la machette (quel outils incroyable !), de la coupe d'arbres, des services rendus à la communauté (pose de grillage autour du terrain de foot communal et de l'école), du baby-sitting des enfants, un coup de main aux voisins (en effet, 1 mois avant notre arrivée, malgré la fin de la saison des pluies, celles-ci sont restées très puissantes et la maison des voisins à été victime d'éboulements et s'est retrouvées ensevelie par une gigantesque coulée de boue... Heureusement personne n'était à l'intérieur, mais ils ont presque tout perdu. Nous sommes donc allés les aider à récupérer les matériaux réutilisables pour reconstruire une nouvelle maison, mais aussi à creuser dans la boue alors durcie pour tenter de retrouver quelques objets. On a retrouvé des chaises, des casseroles, des pots de peinture... Très impressionnant et tellement déroutant !), du piochage de pierres mastodontes, la réparation de l'électricité de la maisonnette du bas pour les nouveaux volontaires, la réparation de la porte du poulailler... Tout cela dans un environnement très agréable malgré l'attaque permanente des moustiques, en agréable compagnie de nos extraordinaires et chaleureux hôtes :

Après le travail, gourmands comme nous sommes tous nous récoltons des montagnes de fruits du jardin, cuisinons gâteaux en tout genre, pains, sorbets de clémentines, crêpes, jus de fruits, burgers et frites... Et lors de notre dernière semaine, un couple de volontaires autrichiens nous rejoint et nous régalent avec des croissants maison :

Nos jours libres, on en profite pour se balader dans les alentours, passer du temps à Samaïpata et flâner dans ses ruelles, tout en profitant de la gastronomie locale et des différentes festivités, faire un aller/retour dans la journée à Santa Cruz (grande ville à 3h de route catastrophique) pour aller renouveler nos visas, retrouver des copains rencontrés à Valparaiso, discuter pendant des heures autour du feu tous ensemble...

C'est finalement quasiment 3 semaines plus tard qu'avec le coeur lourd (une fois encore !), on quitte Gaby, Rohane et leurs deux petites têtes blondes. Ce volontariat nous a réconcilié avec les quelques expériences de workaway en demi-teinte qu'on avait vécues jusqu'à présent. Gaby et Rohane, ayant voyagés et fait du volontariat pendant de nombreuses années, ont vraiment le sens de l'accueil et on parfaitement su nous faire nous sentir comme chez nous, partie intégrante de la famille. Chaque jour avait son lot de découvertes, de partages, de débats et de réflexions sur le monde.

Nous reprenons donc de nuit, la direction de Sucre, avant de commencer un nouveau volontariat le 28 juin. En attendant, c'est parti pour 10h de bus !

[23/06 - 27/06]

Après une longue nuit de bus quelque peu bringuebalante, on arrive beaucoup plus tôt que prévu à Sucre (4h30 bonjour !) ; et le bus nous dépose au milieu de....nulle part ! Accompagnés d'un israélien qu'on rencontre sur ce petit bout de trottoir à la sortie du bus, on saute dans un taxi et on part à la recherche d'un hostel où il resterait 3 lits (eh oui car c'est un weekend férié !). La première tentative est un semi échec puisqu'ils n'ont pas de lits à nous proposer à cette heure là, mais nous propose d'attendre le lever du jour dans la salle de cours d'espagnol. On ne se le fait pas répéter et, allongés sur des canapés, on refait le monde jusqu'à ce que nos estomacs se réveillent et nous prient d'aller avaler quelque chose. On choisit un café, et à ce moment là se déroule l'épisode 3 de la série "Ou comment le monde est petit", puisqu'un jeune homme saute sur Océane. Il s'agit d'un copain de lycée qu'elle n'a pas vu depuis donc 8ans.... !!! Après ces retrouvailles et la prise de rendez-vous pour rattraper le temps perdu le sur-lendemain, nous profitons de ce petit déj pour entamer une discussion avec Eyal, sur le conflit israélo-palestinien, le service militaire... Vaste, complexe, ambivalent et pas toujours objectif, mais cet échange nous permet d'appréhender ce conflit avec un autre regard, en essayant d'écouter, en laissant nos connaissances et préjugés, la vision d'un jeune israélien, protégé et construit par un État tout-puissant. On passera ces quelques jours à Sucre en compagnie d'Eyal et de ses amis israéliens, hollandais et allemands. Rencontres polémiques mais enrichissantes et sympathiques.

On profitera de notre temps tous les deux pour rattraper notre retard sur le blog, goûter au fameux chocolat Para Ti, boire des jus de fruits frais au marché central, s'essayer à un cours de salsa, visiter 2 musées passionnants qui nous éclairent sur la culture et l'histoire bolivienne, retourner encore et encore au mirador pour admirer Sucre la blanche sous toutes ses coutures et lumières.

Mais plus encore, on donnera notre première réelle interview pour le projet, puisqu'on tombe sur un lieu très inspirant : le Condor Cafe. C'est un café et une agence de treks à but non lucratifs, c'est à dire que tous les bénéfices sont réinjectés dans des projets sociaux locaux. Par exemple, le restaurant est alimenté par des fermes biologiques gérées par des mères de famille de la ceinture urbaine de Sucre, formées et soutenues par la structure du Condor Café. L'agence de treks quant à elle, forment les communautés indigènes environnantes à l'éco-tourisme, à la préservation de l'environnement, et appuie leur transition et leur développement (rénovation de l'école, accès aux services...). Chapeau bas ! Autant vous dire que ça devient quelque peu notre QG et qu'on y passe de nombreuses heures, tant à grignoter qu'à travailler sur notre projet (affaire à suivre !).

C'est le jeudi 27 juin en fin d'après-midi qu'on retrouve Susana, Marcilla et Noah, notre petite famille pour les 3 prochaines semaines, et qu'on prend la direction de Yotala, pour notre nouveau volontariat.

[27/06 - 22/07]

Nous arrivons donc depuis Sucre chez Susana, notre nouvelle hôte pour 2 semaines (qui en deviendront trois !).

Susana, qui se fait appeler Nona, habite à Yotala, petite ville située à 25 min de voiture de Sucre, avec deux poules, un coq et un chat, . Pour se rendre dans son lieu de vie qu'elle appelle "la huerta" ("le potager"), il faut traverser la rivière (littéralement... pourquoi créer un pont ? Bienvenue en Bolivie !). On pousse un portail de fortune et on découvre un grand terrain, organisé en fonction de ses différents usages. Pour la petite histoire, c'est une ancienne propriété au style colonial qui est aujourd'hui divisée en 3 : l'habitation coloniale dans laquelle habite aujourd'hui une famille bolivienne, un espace contenant l'ancienne chapelle aujourd'hui reconvertie en théâtre qui accueille des groupes internationaux pour des stages tout au long de l'année et enfin, le terrain de Susana avec aujourd'hui une belle maison construite par une artiste architecte pour elle-même avant de la vendre à Susana. Elle est âgée de 63 ans, vit seule mais ne l'est quasiment jamais. En effet, elle reçoit de nombreux volontaires mais est surtout entourée de nombreux amis qui viennent profiter de ce lieu paisible. Elle est très investie localement, et a longuement été militante de façon plus générale à Sucre (culture, droits des femmes...). Elle a un fort caractère, ce qui rend ses relations très intenses avec leurs touches de complexité.

La huerta de la Nona est en réaménagement : la partie potager est en conversion permaculture ; la partie "détente" (piscine et hammam déjà existants) est en réhabilitation ; les différents bâtiments trouvent peu à peu de nouvelles fonctions.. + 2 dépendances: un petit quarto qui nous accueille (meilleur hébergement de tous nos workaways!) et une petite maison. Nous prenons part à toutes ces missions, accompagnés par un couple de brésiliennes, Marci et Noah, volontaires depuis déjà 2 semaines, avec qui on s'entend à merveille. Chaque jour on travaille aussi avec Don Martin, homme du village, qui travaille à l'entretien du terrain. Il nous épaule sur toutes les tâches qu'on effectue, et non sans mal au début pour communiquer (en effet ici les gens mélangent l'espagnol et le quechua, ce qui rend la communication cocasse !). Il y a aussi Rosy, une jeune femme du village qui aide Nona pour le ménage et l'entretien de la maison ; avec laquelle on passe de nombreuses heures à papoter. C'est étrange pour nous car c'est un peu une conception moderne des "domestiques". C'est très courant en Amérique latine, et ça continue à nous surprendre à chaque fois...On se rend bien compte qu'on n'est pas tombés n'importe où et qu'il y a un écart entre la façon de vivre ici (plutôt les moyens disponibles ici et le niveau de culture) et le reste du village par exemple. Comme on vous l'a déjà partagé auparavant, la Bolivie reste un pays plutôt "pauvre" et moins "développé" (quand on prend les définitions du développement que suit notre société). Comme nous l'a confié Rosy, pour elle le fait de travailler ici est une chance : premièrement nous dit-elle, ils sont mieux payés que partout ailleurs (où le salaire minimum est de 2122 bolivianos, soit environ 275€) et ensuite elle a l'opportunité de rencontrer des jeunes du monde entier grâce au volontariat ce qui lui ouvre des perspectives et lui permet de sortir des pratiques, mœurs et valeurs de Yotala, village dans lequel elle est née, a grandi et vit toujours avec toute sa famille... C'est également très enrichissant pour nous d'écouter Rosy nous raconter son enfance, sa vie, les perspectives offertes par sa famille, le village... Comment il est compliqué pour une jeune fille/femme d'aller faire des études à la ville (économiquement et culturellement), comment les droits des femmes, qui sont tout de même en perpétuelle évolution, sont toujours très archaïques (en Bolivie l'alcool est un véritable problème et les féminicides des maris notamment pour le compte de l'alcool, sont très nombreux...), comment les possibilités de soins sont à des années lumières des possibilités qui nous sont offertes en France, comment les droits des salariés sont en rien protégés, comment la corruption à tous niveaux rend la vie compliqué, comment la Bolivie a été assaillie d'une façon violente depuis 30 ans par la mondialisation et la consommation de masse (même si le président actuel Evo Morales a fait la guerre aux "gringos", surtout aux américains afin de protéger les ressources et richesses boliviennes) ... C'est une réelle découverte/prise de conscience qu'on fait avec Rosy, et cela nous encourage encore davantage à poursuivre ce projet et nous conforte dans le choix de vie et dans les projets qu'on a envie de mener, les choses pour lesquelles on a envie de lutter. Plus encore, on a la chance de pouvoir partager de vraies expériences et tranches de vie en dehors de cette bulle qu'est "la huerta". En effet, lorsqu'on se rend à pied dans le village, la vie s'arrête l'espace de quelques secondes et tous les regards sont tournés vers nous et nous inspectent (Océane a même été pour une des 1ères fois de sa vie "discriminée" : elle n'a pas pu aller faire les courses au grand marché local puisque sa tête de gringa aurait fait monter les prix...). Vous n'imaginez pas la tête des gens quand ils nous voient débarquer, nous, groupe d'étrangers, pour supporter Rosy qui participe en ce moment à un championnat de foot en salle féminin ; ou même lorsque nous montons à bord des truffi (mini bus locaux) pour aller à Sucre, dans lesquels on monte à 16, tous entassés les uns contre les autres. Au premier abord les gens sont surpris, quelque peu fermés et peu accueillants, mais en forçant un peu la rencontre, on finit par gagner le droit d'assister et de partager ces tranches de vie boliviennes.

Pendant nos 3 semaines ici (eh oui, on n'a pas réussi à se résoudre à partir avant, mais c'est exactement comme ça qu'on envisage notre voyage. Rester plus longtemps ici signifie faire une croix sur plusieurs lieux touristiques qu'on avait imaginé faire, mais ici on vit la vraie vie, on rencontre des boliviens des vrais avec qui on partage énormément, on parle exclusivement espagnol et on apprend !), on a pu toucher à tout. Notre œuvre principale, et qui nous a pris beaucoup de temps, a été la construction de toilettes sèches avec un enduit en terre (mélange de terre, paille et eau infusée à l'aloe vera , préparation à laquelle s'ajoute du "guano", caca d'oiseau pour faciliter la fermentation et la coagulation). Mais nous avons également préparé de nouvelles parcelles pour le potager, semé de nouvelles variétés de légumes et pris soin jour après jour de nos nouveaux bébés. On a réorganisé la pièce des semences pour en faire la nouvelle salle des outils (un petit atelier)...

Nous nous sentons vraiment comme chez nous puisqu'ici le mot d'ordre est le partage et chacun va à son rythme. On passe de nombreux moments autour de la table à manger puisque Marci est une excellente cuisinière et que chacun souhaite mettre la main à la pâte pour faire découvrir de nouvelles spécialités aux autres, de longues soirées à jouer aux cartes en buvant tisane et vin bolivien, ou à regarder de nombreux films dans la salle ciné (eh oui, le lieu est aussi doté d'un vidéoprojecteur et de plusieurs centaines de DVD...) avant de s'endormir tous ensemble devant ; on partage nos compétences : Océane enseigne la recette du déodorant maison, Marci partage son savoir faire des mandalas, on fabrique des carnets avec de vieux livres entassés dans un coin, on s'essaie à l'acro-yoga et un après-midi à la danse africaine, on répare de vieux objets, on en recycle d'autres, et surtout on cuisine (Clément a fait un carton avec ses crêpes, et notre recette de quiche aux poireaux ne les laisse pas indifférents) !!!

Malgré quelques petits problèmes de cohabitation et de communication à certains moments (c'est un lieu qui brasse toujours beaucoup de monde, et spécialement pendant notre séjour car ce sont les vacances scolaires donc nous recevons tous les petits enfants et leurs copains...ce qui nous fatigue un peu plus ; et apprendre à vivre en 3 semaines avec une personne qui a déjà ses habitudes est un réel challenge pour tout le monde...une des complexités du volontariat à notre sens !), on est libres de faire ce qu'il nous chante et on apprend beaucoup les uns des autres.

Finalement, on décide de partir le lundi 22 juillet pour de nouvelles aventures (on a souhaité rester jusqu'au 20 pour l'anniversaire de Noah). Il nous reste un petit peu moins d'un mois pour découvrir une partie de l'ouest de la Bolivie avant de passer au Pérou.

[22/07 - 24/07]

Après notre départ de Yotala, on passe encore quelques jours à Sucre, où on retrouve des copains de Valparaiso, en voyage eux aussi. On en profite pour se retrouver autour de bonnes bouffes boliviennes, Clément et les gars vont faire une matinée escalade dans les alentours de la ville...

Après le départ des copains, on planifie la suite de nos aventures. Le mauvais temps qui gagne Sucre nous fait presque plaisir puisqu'on en profite pour aller au cinéma, et vivre l'expérience à la bolivienne (oui oui, pop corn oblige !) :

#spiderman3D #yavaitplusqueça 

Finalement, après quelques jours à Sucre, ville très sympathique que nous connaissons plutôt bien maintenant, nous décidons de nous rendre un petit peu plus au nord-ouest bolivien, dans le parc national Toro toro. Nous prenons donc un bus de nuit direction Cochabamba.

[24/07 - 28/07]

On arrive très tôt au terminal de bus de Cochabamba. Après de nombreuses recommandations de nos amis boliviens, on attend que le jour se lève pour sortir notre bout du nez du terminal pour prendre un trufi (mini bus) direction le parc national Toro toro.

Les trufis c'est rigolo : ce sont des mini bus dans lesquels on peut être jusqu'à 16 (sièges ajoutés à l'avant, strapontins...), serrés les uns contre les autres avec le toit surchargés de paquets en tout genre, et donc le "top départ" n'est donné que lorsque celui-ci est plein.... donc concrètement tu ne sais jamais à quelle heure va être le départ... ni l'arrivée d'ailleurs !

Après 1h d'attente, on se met donc en route pour 4/5h de trajet sur une route quelque peu approximative mais très jolie. A notre arrivée au village de Toro toro, on est surpris par la fête qui bat son plein. En effet, nous n'étions pas au courant mais c'est la semaine de la célébration de Tata Santiago. A cette occasion, ils défilent chaque jour en costume traditionnel très coloré, qu'ils arborent avec une grande fierté, tout en jouant des airs musicaux folkloriques et en buvant de la chicha - bière de maïs artisanale.

Toutes ces couleurs sont bien jolies mais cachent malheureusement une réalité quelque peu...entachée. En effet, leurs rituels sont toujours accompagnés de musique donc, mais également d'une grosse quantité d'alcool, et ce durant toute la journée et pendant 5 jours. A la différence de chez nous, la "déchéance" est multigénérationnelle, mais très genrée ! A toute heure de la journée, on peut admirer d'étranges spécimens masculins trébucher, tomber, faire une petite sieste sur le trottoir, se battre avec le premier venu qui malencontreusement le bouscule, s'uriner dessus, parler tout seul... mais heureusement que les épouses sont là pour les ramener entiers à la maison la nuit tardive venue... Le passant, pendant ces 5 jours est donc baigné dans une ambiance particulière, ainsi que dans une expérience olfactive intense...

Bon, au delà de ça, nous nous trouvons tout de même dans une réserve géologique d'une grande richesse. Son attraction principale aujourd'hui est la grande présence d'empreintes de dinosaures (Toro toro était à l'époque une zone côtière par laquelle transitait les dinosaures pendant leur migration) ; mais on peut également admirer de nombreuses traces de vie précolombienne. C'est accompagnés d'un guide et d'un groupe différent chaque jour que nous découvrons ces sites étonnants. Le 1er jour nous sommes accompagnés par Loïc et Pauline, un couple de français fort sympathiques, Antoine et un monsieur allemand. Le 2ème jour, nous sommes accompagnés par Marco, son papa et son petit frère et Drianka sa copine. Nous avons décidé, en plus d'aller admirer les différentes empreintes de dino (vous allez voir, c'est impressionnant ! ... et très peu protégé !), d'aller visiter le 1er jour la Ciudad de Itas (labyrinthe gigantesque, abritant de nombreuses cavernes où l'on peut observer de nombreuses peintures rupestres), la caverne d'Umajalanta (ou la grotte la plus profonde de Bolivie, dans laquelle on descend, on se faufile et on rampe, armés de nos supers lampes frontales Décathlon - spéléologues du dimanche, bonjour !).

Le 2ème jour le canyon de Toro toro ( + de 250 mètres de profondeur et pas moins de 1000 marches à descendre....et donc à remonter !) et les cascades del Vergel (dans lesquelles Clément et Marco ont pris un petit bain).

Après cette matinée bien sportive, il est temps de repartir pour Cochabamba et Marco et sa famille nous proposent de nous y ramener. Une fois arrivés, ils nous aident à trouver un hostel, et nous allons manger des spécialités boliviennes tous ensemble. Le lendemain, on prend un téléphérique pour aller voir le Corcovado de Cochabamba (ils se vantent qu'il soit plus haut que celui de Rio) ; et après on les rejoint puisqu'ils ont même la gentillesse de nous inviter à un barbecue entre amis auquel ils se rendent. L'occasion pour nous de goûter à de nouveaux plats typiques, tout en en apprenant de belles sur la conduite bolivienne : tout le monde conduit sans permis (eh oui, il suffit de payer un pot de vin au policier qui t'arrête !), les dimanches les feux rouges n'existent pas (eh oui ! c'est dimanche !), à partir de minuit les feux tricolores s'éteignent...

Finalement le soir même, ils nous accompagnent jusqu'à ce qu'on monte dans notre bus de nuit direction --> La Paz.

[29/07 - 1/08]

C'est encore une arrivée très matinale ! Nous posons pied à terre à La Paz (capitale administrative), ville située à 3600 m d'altitude. On nous avait vraiment pas fait une bonne pub de cette ville souvent qualifiée de tentaculaire (comme nombreuses capitales sud américaines), mais c'est finalement plutôt avec plaisir qu'on y passe 4 jours. La ville réunit ce dont on avait envie à ce moment là : on y retrouve nos copains de Valpo (ceux qu'on avait aussi retrouvé à Sucre), on se balade en téléphérique, on tombe sur des pépites culinaires... bref pour nous c'est plutôt agréable !

Grâce aux copains de Valpo, on se retrouve à s'envoler à bord de la ligne violette du téléphérique, direction El Alto (depuis 2014, les téléphériques reliant La Paz et El Alto représentent une sacrée révolution : en effet, ils permettent à présent une plus grande égalité dans la mobilité des habitants. Et en plus chaque cabine est munie de son panneau solaire).

El Alto c'est la ville la plus haute du monde qui culmine à pas moins de 4149 mètres, et qui n'est pas très attractive pour les touristes en général (paraîtrait qu'elle est dangereuse...). Pendant longtemps, elle a représenté la cité dortoir de La paz, dont les habitants étaient principalement des mineurs et paysans indigènes fuyant la misère des campagnes d’Aymara (région pauvre du lac Titicaca) en quête de meilleures conditions de vie. Nos lectures mettent en avant que l'ambiance d’El Alto a changé depuis une petite dizaine d'années, se réveillant et se développant peu à peu. Pourtant, quand on se balade dans ses ruelles, on a une étrange impression de ville fantôme, toujours en construction...les couleurs des bâtiments, tout de brique construits, sont monotones, on croise peu de gens, et les panneaux "les voleurs seront punis" sont partout (il faut savoir qu'ici ils ont une tolérance zéro quant au vol... dans certains endroits les voleurs sont lapidés/pendus publiquement...).

Ce qui nous amène ici, c'est l'architecte Freddy Mamani et ses fameux "cholets". Un « Cholet » (mot composé alliant « Cholo et Châlet »), est une maison colorée de 6 ou 7 étages, d’une superficie atteignant 500 m2 qui abrite pistes de danse, magasins, salles de sport et au dernier étage des appartements tout confort, ressemblant à des "chalets" modernes. Elles sont aussi colorées et géométriques (voire kitsch) à l'extérieur qu'à l'intérieur. Ces constructions surgissant en pleine banlieue pauvre de La Paz, se destinaient aux populations qui commençaient à bénéficier de l’essor économique du pays et sont donc devenues les symboles de cette nouvelle bourgeoisie commerçante. Par cette architecture très surprenante, Mamani Mamani a voulu rendre hommage et mettre en avant la culture du peuple Aymara (habitants de la région du lac Titicaca) dont il est issu. Ces façades et décors intérieurs sont inspirés de la tradition des tissages et costumes andins prédominants dans les cultures précolombiennes.

En monnayant un voisin d'une de ses constructions, nous avons eu la chance d'y entrer.

Autant vous dire que c'est un petit peu "too much"... En effet, dans une ville où tout semble être plutôt fantomatique (pauvre, décrépi ou abandonné), ces bâtiments hyper luxueux dénotent avec le décor. Surtout qu'ils n'ont quasiment aucune utilité et sont presque tous entièrement vides (ils sont sensés abriter des salon d´évenements...très utile !). Etrange mais l'espace d'un instant on se croit un peu "back to the sixties" et on a envie d'enflammer le dancefloor avec nos pantalons pat' d'éph' !


Ces couleurs, on les retrouve également dans nos assiettes puisqu'on décide de se faire plaisir et nous allons manger dans deux resto gastronomiques (oui bon ici, ça équivaut à 8€50 le menu...) : Popular Cocina Boliviana (+++) qui est un resto qui met à l'honneur les plats typiques boliviens en en offrant une version gastronomique ; et Ali Pacha, restaurant gastronomique vegan (beurre de coco ; fromage d'amande, de basilic, sorbet de framboise et hibiscus...) :


Après ces 4 jours à profiter de La Paz, on décide de partir pour 3 jours de randonnée, direction le trek El Choro. Changement de décor assuré !

[1/08 - 4/08]

On part donc le matin du 1er août direction le trek El Choro. Pour ça on saute dans un premier collectivo, puis dans un second qui lui, doit nous déposer sur sa route, à la Cumbre. C'est collés serrés à un vieux vieux monsieur qui entame la conversation avec Clément, embaumés par les odeurs d'alcool d'un groupe d'hommes au fond du minibus, bercés par les rires d'un couple d'adolescents qu'on se met en route une fois le trufi/collectivo/micro rempli. Au bout d'un moment, on commence à trouver le temps long, malgré la route magnifique (on se rendra rapidement compte qu'on longe la fameuse "route de la mort" ; l'une des routes les plus dangereuses du monde puisqu'entre 200 à 300 personnes y trouvaient la mort chaque année et qui aujourd'hui est reconvertie en piste cyclable ; elle part de 4650m d'altitude et descend sur 65km). C'est également à ce moment là que le chauffeur se tourne vers nous en se tapant le front : "je vous ai oublié !". Et pas qu'un peu puisque nous sommes à 50km de notre supposé point de départ... On descend, on cherche tant bien que mal où nous nous situons sur la carte (mapsme, notre meilleur ami), le chauffeur nous indique un chemin qui semble grimper dans la montagne et nous assure qu'il rejoint le chemin des Incas... On est un peu perdus ! Après nous avoir rendu une partie de l'argent dépensé pour les billets, il remonte à bord de son bolide et nous voilà seuls, au bord de la route, et vraiment au milieu de nulle part ! Après une petite heure d'attente au soleil, on aperçoit au loin une voiture arriver. Vue sa vitesse, désespérés (eh oui, même si nous ne sommes pas des lève-tôt, on se rend bien compte que l'heure défile et que commencer un trek aux alentours de midi/13h quand la première étape se situe à 18km, c'est pas l'idéal !), on finit par joindre nos deux mains en signe de prière, et la voiture s'arrête ! (Il faut aussi savoir que le stop en Bolivie ne fonctionne pas du tout, quel coup de chance !) C'est un couple de La Paz qui rentre de weekend qui s'arrête. On saute à bord, leur racontant notre faux départ. Ils sont sympathiques, et très vite on comprend pourquoi. Pour se maintenir éveillés sur cette route sinueuse/dangereuse/magnifique, ils ont le cocktail parfait : whisky-sprite ! Et bin quoi, ça vous surprend ? Bienvenue en Bolivie ! Finalement, bien contents d'arriver sains et saufs, nos super-chauffeurs nous déposent à la Cumbre, point de départ du trek El Choro. Il faut savoir qu'aujourd'hui est le jour de la Pachamama (la déesse Terre) et que les boliviens sont tous de sortie pour lui faire des offrandes (chose qui nous semble quelque peu étrange : ils vénèrent la nature, la déesse Terre en lui offrant entre autres de belles bouteilles en plastique, qui s'envoleront quelques heures plus tard à la découverte de la nature environnante... + ils viennent tous en collectivo, voitures... et se déplacent ainsi d'un lieu de culte à l'autre... Amour de la nature, mais pas de l'environnement ? Cohabitation difficile entre tradition et modernité ?) :

On se met donc en route aux alentours de 13h, et pas n'importe quelle route : un chemin Inca jadis entièrement pavé, long de 57 kms, construit sous l'Empire pour le transport de biens et de nourriture des vallées subtropicales de la région des Yungas aux grands villes alentours telles La Paz. Le départ se fait donc à la Cumbre, soit à 4870m, et se termine à Coroico, petit village à mi-chemin entre les Andes et l’Amazonie, à 1525m d'altitude.

Le trek en chiffres :

Dénivelé positif : 1671 mètres Dénivelé négatif : 4991 mètres Altitude min : 1300 mètres

Altitude max : 4900 mètres Distance : 57 km Gamelles : 2 pour Océane

Autant vous dire qu'on débute avec les pieds dans la neige, alors qu'on termine tout collants, à l'orée de la jungle !

Le trek débute par le franchissement du col à 4870m d'altitude (autant vous dire qu'on fait pas ça en 5min, tant on respire comme des bœufs et que nos sacs pourtant allégés nous tirent en arrière), les pieds dans la neige (ça faisait si longtemps !), avant une redescente qui nous prendra 2 jours et demi ! Accrochez-vous !

DIA 1 :

Montée : 2,5km, sur 200m de dénivelé, à 4865 d'altitude

Descente : 15km de descente, sur 2000m de dénivelé Glissade : une pour Océane

On emprunte donc le chemin pavé, escarpé et très pentu des Incas, surplombant une vallée magnifique ! Sur notre chemin, on traverse quelques petits villages très peu peuplés, où le temps semble s'être arrêté et la vie s'écoule au rythme naturel.

L'après-midi est bien entamée et nos genoux/pieds nous font déjà souffrir : eh oui, on a tendance à préférer la descente en rando, mais finalement qu'est-ce que c'est sportif ! Nous allons à l'encontre de ce que nous disent nos corps puisque nous pressons le pas afin d'atteindre la 1ère étape et donc le 1er camping proposé sur le parcours. Un mental d'acier nous permet d'arriver en même temps que la nuit à Challapampa, premier lieu de villégiature.

C'est une surprise de nous voir débarquer dans le noir pour les quelques 10 randonneurs (2 couples en autonomie et 4 filles accompagnées de 2 guides) déjà arrivés et prêts à manger. On monte donc la tente, pas peu fiers de notre performance mais crevés de chez crevés ! On fait connaissance tout en se cuisinant une bonne soupe déshydratée, et on va se coucher après une bonne séance d'étirements bien méritée !

DIA 2 :

27km Montée : 1220m de dénivelé Descente : 2060m de dénivelé

On se lève les derniers (mais quelle surprise !), puisque notre objectif de camping (San Francisco II) pour le soir "n'est qu'à" 16kms, et on compte y retrouver les autres.

La journée est super différente puisqu'on est à présent dans la jungle : on transpire, la neige a laissé place à une toute nouvelle végétation très verdoyante, à des oiseaux jusqu'alors inconnus (on se croirait dans Kirikou), à des cascades à n'en plus finir, à des ponts de fortune... Et on en bave mais c'est magnifique ! Surtout qu'on arrive à notre objectif assez tôt dans l'après-midi...et qu'il n'y a personne ! On choisi de pousser quelques kms de plus pour ne pas passer la fin d'aprèm/soirée seuls, et pour alléger la journée du lendemain qui risque d'être longue ! Mais on ne savait pas ce qui nous attendait ! Nous voilà aux pieds d'environ 5/6 lacets de marches à la Inca ("la subida del diablo" = "la montée du diable").... on prend notre courage à 2 mains et sans s’apitoyer, chacun à son rythme, nous parvenons à gravir cette montée qui éprouve de nouvelles parties de nos corps.

Finalement, quelques 4,4 kms plus loin, on arrive au 2ème camping, qu'on espérait cette fois être notre dernière étape du jour. Mais toujours personne, hormis la petite famille qui vit là, isolée dans ce milieu très humide. On hésite, mais on se sent pousser des ailes (pour ne pas vous mentir : on a à ce moment là dépassé 2 groupes alors ça met du baume à nos cœurs de nouveaux sportifs lève-tard !) et on décide de pousser jusqu'au dernier campement, où nous sommes sûrs de retrouver le groupe (et une douche !). + 3,4 km ! C'est étonnant à quel point on se sent petits dans cette végétation luxuriante, et quand on regarde en arrière, on peut s'imaginer passer d'un versant à l'autre dans ces montagnes touffues. Finalement, on arrive au camping Sandillani, où nos nouveaux copains sont en train de monter leurs tentes, une bière fraîche de récompense bien méritée à la main ! Douche glacée pour Clément, popote, papote et au dodo ! On a quand même une journée de 27kms dans les pattes !

DIA 3 :

7 kmMontée : 200m de dénivelé Descente : 800m de dénivelé Glissade : une pour Océane

C'est un 3ème jour plus court qui nous attend, et heureusement car nos corps mettent un bon moment à se déplier au sortir de la tente, et puis à se dérouiller les premiers mètres, notamment car ça glisse beaucoup. 7,1km plus loin, on arrive au petit village de Chairo, où on partage un coca-cola (la boisson du vainqueur qui a soif !) avec les 2 autres couples (français et belges), avant de partager un taxi jusqu'au village de Coroico. On transpire, on boite, on a des bleus ! Elle est belle la jeunesse !

Puisqu'on a fait le trek en 2 jours et demi au lieu de 3/4 jours, on décide de rester une nuit à Coroico en compagnie du couple de belges. Almuerzo au marché, thé et papote à l'hostel, puis on s'empresse (tout en boitant en chœur) d'aller dévorer une fondue, étonnamment délicieuse ! Enfin nous rejoignons nos lits, non mécontents, pour une nuit bien méritée !

[5/08 - 12/08]

On repart donc de Coroico le lendemain midi, en compagnie de nos amis belges. C'est tous séparés dans le minibus qu'on serre les fesses sur cette fameuse route sinueuse (mais magnifique !) direction La Paz. On se dit au revoir dans le téléphérique puisqu'ils continuent leur dernier mois de voyage vers le Brésil alors que nous allons vers le Pérou.

Après une longue nuit bien méritée à La Paz, nous partons le lendemain midi direction Copacabana. Malgré une distance qui nous semblait pourtant pas si longue (154km... bon il faut avouer que la route n'est toujours pas asphaltée, qu'il y a justement des travaux tout du long, que sans prévenir tout le monde sort du bus en courant pour attraper un tout petit bateau et avoir le temps d'aller manger de l'autre côté en attendant que le bus traverse lui aussi... ça n'aide pas !), c'est bel et bien de nuit que nous arrivons à Copacabana.

Il faut savoir que Copacabana est une ville bolivienne, située à 5km de la frontière avec le Pérou et est bordée par le fameux lac Titicaca (lac le plus haut du monde, à environ 3812m d'altitude). C'est donc une petite ville très touristique et aussi très fréquentée par les Péruviens. Et bien sûr, on choisit d'arriver le weekend où ils fêtent la "Vierge de Copacabana", sainte couronnée et déclarée "Reine de la nation". Il y a d'ailleurs une magnifique Basilique, sanctuaire colonial espagnol, érigée en son honneur : la Basilique Notre-Dame de Copacabana.

Autant vous dire que ce qu'on nous avait décrit comme "une petite ville touristique mais tranquille", ressemble plutôt à une fête foraine : il y a des stands de tous les côtés, des gens qui crient, des lumières, des voitures décorées, de l'alcool et des gens alcoolisés (quelle surprise !), des milliers de jeux en plastiques sur la plage, des activités nautiques... Oups, on n'avait pas prévu ça comme ça ! Mais le vrai hic dans tout ça c'est que sur tous les hostels il y a écrit "plus de lit disponible". Re oups ! Après une heure à faire le tour de la ville chargés de nos gros sacs, on atterri chez une dame qui loue les chambres de sa maison. C'est très très sommaire mais va pour cette nuit !

A notre réveil le lendemain, tout s'est calmé, tout le monde remballe. Et nous de même puisqu'on s'est trouvé un petit airbnb bien mignon pour les prochains jours. Et autant vous dire qu'on a amplement profité de sa terrasse au soleil avec vue sur le lac Titicaca... A part nos rendez-vous au bar/restaurant avec Marlène et Thomas (le couple français rencontré au trek El Choro) pour goûter la fameuse truite du lac Titicaca, on en profite pour se dorer la pilule au soleil, lire, écrire...

Après quelques jours, on se décide enfin à aller faire à notre tour l'attraction principale du coin : l'Isla del Sol ("l'île du Soleil"). C'est la plus grande île du lac Titicaca et son point culminant est tout de même à 4075m d'altitude ! L'île a été aménagée par les anciens peuples amérindiens pour l'agriculture et est donc couverte de terrasses. Ses habitants sont d'origines Quechua et Aymara et représentent deux communautés : Cha'llapampa et Yumani. L'île dans son intégralité était très touristique, notamment car elle possède un grand patrimoine archéologique Inca, mais aussi car elle offre des paysages à couper le souffle. Malheureusement, depuis 2ans, un conflit existe entre les 2 communautés. Essayez d'y comprendre quelque chose si vous êtes courageux, on a essayé et on a très vite été perdus par toutes les fausses informations/rumeurs qui sont racontées. Toujours est-il que le nord de l'île est, depuis 2ans, "fermé" au tourisme. Quand vous demandez aux gens "Peut-on se rendre au Nord de l'île depuis Copacabana", la majorité vous dirons que non ; une fois arrivé au Sud de l'île, un groupe d'habitants vous empêche de franchir la "frontière" avec le nord... Très étrange. Après s'être renseignés, nous avons décidé de tenter notre chance pour un voyage pour le Nord. Loin d'être très aventurier, clandestins ou dangereux puisqu'une des nombreuses agences de la rue principale nous offre bien volontiers des billets de bateau pour se rendre au port du Nord, Cha'llapampa. Nous embarquons donc le lendemain matin, en compagnie d'un monsieur bolivien et d'un couple d'allemands sur notre petit bateau, bien à l'aise comparé aux bateaux voisins qui se rendent au sud et sont pleins à craquer (il faut savoir que les touristes pour la plupart font l'aller/retour sur la journée ; voire certains viennent et repartent à La Paz !). On profite de ces 3h30 de bateau sur ce lac gigantesque pour faire connaissance avec nos voisins Allemands, fort sympathiques. Si vous regardez bien, vous pourrez apercevoir les grandes montagnes enneigées en arrière-plan

Nous arrivons à Cha'llapampa et découvrons un petit village magnifique, emprunt de calme et de douceur. Les gens semblent y vivre au rythme du soleil, nous sommes accueillis par les cochons qui viennent boire l'eau du lac... Quand on y prête un petit peu plus attention, on remarque que toutes les infrastructures qui servaient au tourisme sont fermées/délabrées/abandonnées (et pourtant elles sont bien plus typiques et jolies que celles qu'on a pu apercevoir rapidement en passant devant le port du Sud).

On se met en route direction l'hostel repéré sur Ioverlander, tandis que nos amis allemands partent chercher un coin de camping sauvage pour la nuit. Et quel hostel :

A peine installés qu'on se met en route pour le coucher du soleil : petite rando sur les traces des Incas, qui nous permet d'admirer la beauté de la partie Nord de l'île, sauvage et magnifique, sous les rayons dorés du soleil qui commence sa descente. On retrouve les allemands avec qui on partagera le magnifique (mais glacial) coucher de soleil.

Le lendemain, on se met en route pour faire la rando qui relie le Nord au Sud, sur un chemin construit par les Incas. C'est un bon exercice pour la respiration (eh oui, on est haut !!), mais ça en vaut la peine : c'est toujours aussi magnifique et autant dire qu'on a l'impression d'avoir l'île rien que pour nous (on en profite même pour une petite séance photos...).

Warning : on y serait bien restés si seulement on avait emmené assez d'argent avec nous - pensez à prendre suffisamment de liquide car aucun autre moyen de paiement n'est accepté sur l'île et bien sûr pas de distributeur !

Bon et puis, on s'y attendait hein, mais voilà que presque arrivés "au Sud", on voit assis sur le bord du chemin un groupe de femmes, qui à notre approche s'empresse de venir à notre rencontre. Oulalala ! 10 cholitas qui se mettent toutes à nous parler en même temps, pas contentes du tout...je peux vous dire que c'est impressionnant ! "Vous venez d'où comme ça ?" "Vous avez dormi où ?" "Qui vous a vendu le billet de bateau ?".... "Et bien non, vous faites demi-tour, personne ne passe du Nord au Sud !".... Bon, on prend nos têtes de touristes innocents et on parlemente pendant 30minutes avec ces femmes, aussi dans le but de voir un peu plus clair à ce conflit obscur ! On finit par comprendre que les habitants du "centre" de l'île (de la même communauté que le nord), bloque le nord pour des raisons de jalousie économico-touristiques.... s'ajoutent à ça d'autres histoires un peu floues... et on se fera raconter plus tard que le gouvernement n'y mettra pas son nez pour essayer de trouver une solution durable pour tous avant octobre, mois des prochaines élections présidentielles... Autant vous dire qu'on repart avec un tout petit peu plus d'informations qu'en venant, mais qu'on est bien contents d'être tout de même allés au nord ! En effet, on arrive au sud et c'est pas du tout la même ambiance ! C'est très alléchant puisqu'on arrive assoiffés (mais sans le sous !!) et que de belles terrasses surplombant le lac nous aguichent...avec leurs lots de touristes les doigts de pied en éventail... On se laisse pas abattre et on file visiter un peu plus loin le village de Yumani. On s'installe, puis on va au mirador admirer le coucher de soleil de ce côté là de l'île ; et enfin on va déguster un poisson en papillote, à la bougie, proposé par une petite mamita et son mari (restaurant Las Velas).

Le lendemain, on est dans les premiers levés de l'île (si si on vous assure !), ce qui nous permet d'aller au bout de l'île et de prendre un petit déjeuner (les 3 dernières gaufrettes et la clémentine qui nous restaient) seuls au monde (alors que sur la route du retour on croise plein de touristes !). Et c'est pas mal non plus :

Finalement on repart en fin d'après-midi, après avoir assisté à la bêtise humaine touristique : ils se sont tous jetés sur le 1er bateau arrivé, jusqu'à s'asseoir quasiment les uns sur les autres au lieu d'attendre les prochains bateaux...ce qui fait que leur bateau se faisait dépasser par tous les autres puisque celui-là était bien de trop lourd !!

Retour à Copacabana pour 2 jours avant de traverser direction le Pérou, où nous commençons un nouveau volontariat le 18 août.

[15/08 - 18/08]

Nous voilà revenus à Copacabana après notre petite aventure magnifique sur l'Isla del Sol. Nous rencontrons un couple Breton-Normand sur le bateau du retour et nous passons donc quelques temps avec eux. On se réinstalle dans notre airbnb et on en profite pour régler les quelques semaines à venir.

Finalement, le samedi 17 août, on monte dans un bus direction Arequipa, notre prochaine destination. On est contents de prendre un bus de jour car la route est paraît-il, magnifique. A seulement 9km, nous descendons du bus car oui, ça y est nous entrons au Pérou. Et nous accueillons donc un nouveau petit tampon sur notre passeport !

On se remet en route, et on traverse quelques paysages et villes péruviennes, premières images de ce nouveau pays. On se rend compte que le lac Titicaca abrite une grande production de truites (qui apparemment ne sont même pas des poissons endogènes au lac....), qu'il est jouxté à certains endroits par une production agricole qui a l'air bien chimique... Lac magnifique mais qui semble ne pas être épargné par l'humain et sa bêtise !


Le Pérou à travers la vitre du bus nous fait penser à la Bolivie avec ses fourmilières humaines à chaque coin de rue, ses stands de fruits et sucreries sur le bord de la route...

Finalement on arrive au terminal de Puno, ville "jumelle" péruvienne de Copacabana, de l'autre côté du lac. On vous passe notre attente, le retard du bus, le jus de poisson dans la soute... mais ce qu'on voulait vraiment vous raconter c'est l'ambiance en journée d'un terminal de bus en Amérique latine (ou du moins dans les pays que nous avons visités), et plus encore l'un de ses aspects : la vente de billets par les différentes compagnies.

On ne sait pas vous, mais nous ça nous fait beaucoup rire (et puis à un certain moment ça fatigue aussi un peu, et autant vous dire que ça reste en tête ! Le nombre de fois où l'un de nous se met à chanter "Oruroooooo", "Santa Cruuuuuuz, a Santa Cruz saleeeeeeee, La Paz La Paz La Paz La Paaaaaaz").

Bref, tout ça pour dire que notre voyage de jour se transforme rapidement en voyage de nuit (mais on aura quand même la chance d'admirer une pleine lune toute jaune et surtout ENOOOOORME) et nous arrivons en pleine nuit à Arequipa. On saute dans un taxi direction l'hostel (qu'on avait pour une fois eu la bonne idée de réserver).

On profite donc de nos 2 jours avant de commencer notre nouveau volontariat pour se familiariser un peu avec la ville. Arequipa est la 2ème ville du Pérou, située à 2335m d'altitude. Elle est surnommée La cité blanche car la plupart de ses monuments sont construits en pierre volcanique blanche. En effet, la ville est entourée par 3 volcans : le Misti, le Chachani et le Pichu Pichu. La ville a une architecture coloniale très marquée (tout comme Sucre en Bolivie) et ce qui retient notre attention c'est son "niveau de développement" ! Dans la rue principale (jouxtant la place centrale), on se croirait à Paris : Starbucks, Macdo, Burger King, et pleins d'enseignes de magasins d'habits (où les prix sont similaires à ceux de France)... Étant une grande ville, elle propose également une grande offre culturelle. De plus, son climat est très doux (nous sommes en hiver et il fait entre 20 et 25° la journée). Pour toutes ces raisons, Arequipa est également une ville très touristique (dont on vous laisse également apprécier l'envers du décor)..

On en profite également pour passer du temps avec les copains rencontrés sur la route : Marlène et Thomas ; puis Eyal. Et comme vous commencez à bien nous connaître, ces retrouvailles se font bien souvent autour d'une bonne bouffe (pas toujours très locale) !

N°2 : Clément goûte le "cuy"...préparation locale du cochon d'inde / N°3 : toilettes du café Chaqchao, spécialisé en chocolat bio...

Lundi, nous commençons un volontariat dans un restaurant de Sushis vegans, le Buda Profano, endroit très apprécié puisqu'il est recommandé partout. Notre rôle sera d'aider à l'amélioration de l'attention au client, de faire le service et de mettre en place un projet de tri des déchets.

A bientôt pour vous raconter cette nouvelle aventure, très différente de tout ce qu'on a vécu depuis le début de ce voyage !

PS : on fête nos 8 mois de voyage ici !

[19/08 - 23/09]

Et nous voilà un mois plus tard, prêts à vous compter nos aventures aréquipéniennes. Un mois à dormir dans le même lit tous les soirs, à avoir une petite routine boulot/dodo, à apprendre à cuisiner tout en mangeant des sushis vegans, à rencontrer des voyageurs du monde entier... Allez, on vous raconte tout !

Nous avons donc été volontaires au restaurant le Buda Profano (petite histoire : le bouddhisme étant une religion vegane, tout comme le menu du restaurant, le proprio a décidé de l'appeler Bouddha, mais parce qu'il ne veut pas y mêler la religion, il a décidé d'y accoler "profane"), restaurant de sushis vegans. Ce concept a été imaginé par Alan, notre "hôte" Canadien vivant depuis 6ans à Arequipa. Il nous a expliqué que l'immigration asiatique est très présente au Canada, tout comme au Pérou ; de plus, il est végétarien depuis plusieurs dizaines d'années.

Dans ce petit restaurant (et oui, il n'y a que 5 tables) ouvert 7j/7, travaillent 6 jeunes cuisiniers péruviens, appliquant "à la baguette" le menu mis en place par le proprio et un chef cuisinier péruvien. Et pour les fans de sushis que nous sommes, on peut vous dire que ça vaut le détour et que la carte est vraiment très originale et délicieuse ! On est donc ravis de pouvoir y manger midi et soir, et surtout de pouvoir apprendre à rouler les sushis comme il se doit !

Ce volontariat se transforme rapidement en un travail puisque nous travaillons en décalé avec Alan, donc il n'y a que très peu d'interactions et puis qu'au bout d'une semaine les tâches se ressemblent et se répètent. On s'est posés la question de la pertinence de ce volontariat (prend-on la place d'un "local" en terme de travail, est-il réellement enrichissant pour nous puisqu'il n'est pas très typique....?), mais finalement on a pris le parti de se dire qu'il était pertinent car : 1) il nous permettait de prendre le temps de connaître Arequipa, ses attractions (dont le magnifique Couvent Santa Catalina, véritable village dans la ville) et de se laisser guider par les cuisto pour les bonnes adresses, eux qui vivent ici depuis toujours 2) ça nous a permis de poser pour de vrai nos sacs, de tout laver, de retrouver un petit rythme routinier quotidien, de travailler sur nos autres projets et la suite du voyage 3) et il a surtout pris sens quand Clément a démarré la mise en place du tri des déchets et de l'installation du compost au sein de la cuisine du restaurant (et c'est pas une mince affaire !!!! Il faut savoir qu'ici le verre va dans la poubelle normale...donc autant vous dire qu'expliquer à un groupe de jeunes l'utilité du compost...!), mise en pratique de son mémoire longuement......... mûri 4) et puis finalement on se dit que toute expérience est bonne à prendre, que toute rencontre vaut la peine d'être faite et on a donc encore agrandi notre carnet d'adresses, perfectionné notre connaissance de la gastronomie péruvienne et du monde de la cuisine, partagé nos expériences de voyage, et enfin enrichi notre liste d'un tout nouveau vocabulaire (qu'aurait-on fait si nous n'avions pas su dire "tablier", "artichaut"...?). En plus de tout, durant ce mois nous avons eu la chance d'être logés par Alan dans un petit appart voisin du sien, offrant une vue magnifique sur 2 des volcans de la région et les couchers de soleil spectaculaires sur la ville !

Après avoir dit une nouvelle fois au revoir à cette petite vie aréquipénienne, nous repartons sur les routes, direction le Canyon del Colca.

Ça fait plusieurs mois qu'on y a le droit (depuis notre 1er jour en Bolivie)....et on se dit quand même que ça serait dommage de ne pas vous partager cette merveilleuse invention : la douche Claude-François.

Oui oui, vous avez bien lu.... Allez, on vous la présente !

Jusque là, tout vous semble à peu près normal non...?

Attendez de lire, parce que l'expérience magique de la douche Claude François c'est :

1) Une douche surprise : quand tu l'allumes, tu ne sais jamais si elle va être brûlante au point que tu ne puisses pas te mettre dessous, ou totalement gelée.

2) Première question au réveil "Vais-je y avoir le droit ou pas ?" : en effet, tu ne sais jamais si en l'allumant, tu vas avoir le droit au petit lot de décharges électriques (et pour cause : avez-vous vu sur la photo n°3 le magnifique petit circuit électrique à quelques dizaines de centimètres du pommeau ?).

3) Premier doute au réveil "Mais que choisir ce matin ? Qu'est-ce qui me convient le mieux ?" : eh oui, son petit plus est qu'il faut toujours faire le choix entre la pression et la température (plus tu mets la douche forte, moins l'eau est chaude...eh oui, c'est logique !).


Voilà donc 4 mois que nous ne nous douchons plus qu'avec ces petits bijoux électriques.... Autant vous dire que juste après le fromage, la douche "normale" est ce qui nous manque le plus !

[24/09 - 29/09]

Après un mois et demi de sédentarisation, nous voilà de retour sur les routes pour une vie plus nomade. On se rend donc dans la petite ville de Cabanaconde, point de départ des randonnées partant pour le Canyon del Colca. Ce canyon est l'un des plus profonds du monde (eh oui, pas moins de 3400 m de profondeur !). Pour le visiter, il y a différentes possibilités, allant du trek de plusieurs jours à quasiment celui d'une journée....donc autant vous dire que c'est très touristique, et notamment car certains endroits proposent de belles piscines dans un environnement atypique.

Étant donné que nous avons le temps, nous avons décidé de sortir des sentiers les plus empruntés et donc de partir pour une boucle de 5 jours dans le canyon, soit environ 45km. Le départ se fait à Cabanaconde, qui se situe à 3300m d'altitude, et descend jusqu'à Sangalle, fond de l'oasis qui se situe à 2100m d'altitude.

JOUR 1 : Cabanaconde - Llahuar

Distance : 13 km

Dénivelé négatif: 1100 m

Récompense : bains thermaux à l'arrivée

On se met en route à 7h, pour une descente bien plus sportive que ce que l'on s'était imaginé ! Et pour cause : nous sommes au soleil quasiment du début à la fin, plusieurs heures d'affilé... Aïe aïe aïe on a bien chaud ! Mais heureusement le paysage est magnifique et on descend vraiment, seuls au monde, à flanc de montagne direction la vallée.

Une fois arrivés en bas, on finit par trouver de l'ombre et on s'accorde une petite pause, tout en admirant le petit geyser d'à côté !

On doit encore pousser quelques kilomètres pour finalement arriver à Llahuar, notre destination. Llahuar c'est un petit hameau où vivent 2 familles qui détiennent chacune un hébergement/restaurant pour accueillir les touristes. Comme nous le découvrirons petit à petit, le Pérou étant un pays où l'argent et le tourisme rendent les gens quelque peu impitoyables, ces 2 familles qui jusqu'alors s'entraidaient se font aujourd'hui la guerre, et alors que l'une interdit aujourd'hui l'accès aux piscines thermales à l'autre, l'autre lui a coupé l'accès à l'eau propre... Bienvenue ! On décide donc de partager notre argent : on dormira chez celui qui a l'accès aux sources thermales et on dînera chez celle qui a l'eau propre...

Parce que quand même après une rando finalement difficile, on est bien contents de profiter de ces eaux thermales qu'on n'a rien que pour nous !

JOUR 2 : Llahuar - Fure - Chutes de Huaruro

Distance : 10 km

Dénivelé positif : 700 m

Récompense : une nouvelle rencontre (et une cascade)

Pour ce 2ème jour, départ de bonne heure puisque cette fois, on veut profiter des quelques heures de fraîcheur de l'aube. On est les seuls à partir dans ce sens là, alors que tous les autres rebroussent chemin à la queue leu leu (on aimerait pas être à leur place : à savoir remonter ce chemin affreux en plein soleil ! Avec plus de 1000m de dénivelé positif ! cf ci-dessous, photo n°1). Alors qu'on cherche des bâtons de marche dans les tas de bambous entassés sur le bord du chemin, on se fait tout de même dépasser par deux Québécoises qu'on retrouvera l'après-midi une fois arrivés à Fure.

La route est magnifique et cette fois-ci on trouve régulièrement des accès à la rivière pour recharger notre gourde et des coins ombragés pour savourer des pauses "fraicheur". Tout au long de la route, on longe la rivière, on aperçoit des petits villages (qui ne trouvent pas meilleur idée que de faire leur lieu de décharge à ciel ouvert à quelques mètres de la rivière et de leur retenue d'eau...... !!

Après une dernière heure et demie très difficile, on finit par arriver à Fure à l'heure du déjeuner. Ouf ! On fait la rencontre des habitants, des québécoises, de l'élevage de cuyes (vous savez les cochons-d'inde qu'ils adorent rôtir à la broche !), et des ouvriers qui travaillent à l'installation d'une conduite d'eau pour alimenter les communautés du canyon en eau propre (et tout ça financé par....l'entreprise qui gère la mine dans les hauteurs du canyon..!!! Philanthropes ou profiteurs ? Les 2 mon capitaine ?). Ça en fait du monde dans ce bout du monde ! Et après une pause bien méritée, on se motive pour pousser le chemin un peu plus loin afin d'aller admirer la Chute de Huaruro avant la tombée de la nuit (qui est tôt dans le canyon : le soleil disparaît à partir de 16h).

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JOUR 3 : Fure - Cosñirhua

Distance : 11 km

Dénivelé négatif : 260 m

Récompense : retrouvailles après 4 mois

Petit déjeuner matinal en compagnie de Valérie et Émilie (les québécoises) puis on se met en route direction Nuevo Belen, notre point de séparation. Sur la route, on longe les travaux (et oui sur un sentier d'1m50 de large, il faut imaginer que la moitié côté paroi est creusée en tranchée d'environ 1m60 de profondeur, dans laquelle travaillent de nombreux hommes en jaune - il faut savoir qu'ils sont 700 à travailler sur la construction de cette conduite sur une trentaine de kilomètres) et autant vous dire que c'est une expérience : à notre passage, tout le monde s'arrête de travailler, se met en ligne et ricane avec les copains ! On a même le droit à quelques petits sifflements et réflexions... On est bien loin des luttes féministes, et malheureusement on avance sans trop broncher (on se permet quelques petites réflexions mais ils rigolent de plus belle alors on se dit que c'est pas le meilleur moment, ni endroit pour livrer ce combat...). Arrivés à Nuevo Belen où les filles vont attendre un petit bus qui les ramènera à Cabanaconde, ce même bus passe juste quand on arrive dans le sens inverse direction Cosñirhua. On ne réfléchit pas trop et on se met au milieu de la "route" pour l'arrêter et ni une ni deux nous voilà tous les 2 à son bord. A Cosñirhua, nous avons rendez-vous avec Rémi, Coline (des copains rencontrés à Sucre en Bolivie) et Lise, une de leurs amies en visite.

A notre grande surprise, tous les hébergements sont plein (eh oui, il faut loger 700 hommes quand même !), et nous faisons donc des allers-retour entre les 2 villages voisins, frappant à toutes les portes pour trouver 5 matelas... On finit par trouver un endroit où l'on pourra se serrer et l'on se pose tranquillement pour attendre les copains. On vit la journée au rythme des habitants et c'est très très très calme. Mais la vue est magnifique et on est vraiment, encore une fois, en plein cœur du canyon !

Alors que la lumière décroit, on finit par ne plus y croire et finalement, finissent par apparaître 3 petites têtes dont 2 que l'on connait bien ! Très contents de ces retrouvailles, avec des milliers d'histoires à se raconter (c'est long 4 mois !), on papote autour d'un repas avant de se forcer à s'arrêter pour ne pas se coucher trop tard. Il faut savoir que le repas se passe dehors, sous un abris de fortune, accompagnés de la famille des propriétaires et des ouvriers, et tout cela en regardant un gigantesque écran plat diffusant une émission de télé-réalité... scène indescriptible et incroyable quand on prend du recul et qu'on imagine où l'on est !

JOUR 4 : Cosñirhua - Sangalle

Distance : 4,5 km

Dénivelé négatifs : 450 m

Récompense : après-midi seuls au bord de la piscine

Aujourd'hui c'est une petite étape mais heureusement car les mollets se font sentir ! On prend donc la direction de l'Oasis de Sangalle, lieu très prisé des touristes. Et malgré tout, on comprend pourquoi : un oasis perdu au milieu de ce canyon ! C'est magnifique !

Étant donné qu'il est tôt, nous sommes tout seuls et après s'être fait envoyer balader par la gérante d'un des hostels (eh oui, bienvenue au Pérou où même la plus petite pause à l'ombre se monnaye...!!!), on atterrit dans un autre endroit où la piscine n'attendait que nous ! Après une bonne baignade et un pique-nique aux saveurs de la France (eh oui, la copine en vacances pour 3 semaines a apporté du comté et de la tome !!!! Mamamiaaa), les copains décident de remonter direction Cabanaconde vers 15h30, pour s'éviter le soleil dans cette montée redoutable (il faut remonter tout le canyon car nous sommes à son point le plus bas !). Nous décidons de dormir sur place et de garder ce dernier gros effort pour le lendemain.

Au dessus des petites touches vertes vous pouvez observer le premier tronçon de la remontée qui nous attendait....! 

JOUR 5 : Sangalle - Cabanaconde

Distance : 5,5 km

Dénivelé positif : 1050 m

Récompense : on a réussi !!!!!

On se lève plus tard que prévu, mais pour nous c'est déjà un exploit : on se met en route à 5h30. Au moins, on a évité tous les groupes étant avec des agences et on démarre quasiment tous seuls cette montée vertigineuse. Un pied devant l'autre, sans réfléchir, et ce pendant 2h30. C'est une sacrée montée et on essaie de ne pas trop lever la tête pour ne pas voir tout le chemin qu'il nous reste à parcourir.

Finalement, on arrive en haut et on n'est pas peu fiers car on a mis beaucoup moins de temps que prévu (c'est qu'on commencerait à être de vrais sportifs ?). Et surtout, on est à l'heure pour prendre le même bus que les copains direction les bains thermaux de Chivay, puis Arequipa et enfin Cusco.


Après avoir barboté une partie de l'après-midi dans ces bains thermaux, les seuls blancs-becs au milieu de Péruviens (c'est le week-end et comme un peu partout au Pérou, les locaux ont un tarif préférentiel - ce qu'on trouve très bien- mais qui est démesurément moins cher que le tarif touriste - ce qu'on trouve vraiment moins bien), on prend tous les 5 un bus de nuit direction Cusco.

[30/09 - 4/10]

On arrive à Cuzco de bonne heure et on a rendez-vous pour le petit déj avec nos copains qui nous ont promis les croissants (eh oui l'hostel donc lequel nous allons séjourner se trouve à côté d'une boulangerie associative qui en plus de faire de l'insertion, propose des viennoiseries à la française !).

La Estrellita, notre nouvel hostel, est un repère de cyclistes (eh oui nos copains Coline et Rémi ont été propriétaires de vélos pendant 4 mois) et tout au long de notre séjour, on y découvre un tout nouveau monde du voyage : tout le monde est dans la cour, jeunes et moins jeunes, à bricoler leurs bécanes, à se donner des conseils, à échanger des bons plans de route (à savoir qu'il existe un réseau très développé de voyageurs cyclistes, des hébergements gratuits un peu partout sur les routes pour les cyclistes....)... on est épatés !

Très vite on s'organise : on décide d'aller visiter tous ensemble la Vallée Sacrée, attraction touristique majeure de la région de Cuzco. Pour une histoire d'argent (eh oui, business is business), on ne peut acheter qu'un billet global (et cher) pour visiter plusieurs attractions et dans un temps très restreint. Après la visite du musée del Inca, nous choisissons de prendre le billet nous permettant l'accès à Pisac, Moray, Ollantaytambo et Chinchero (tout ça sur une validité de seulement 2 jours....!!!), sites incas qui ont tous été largement restaurés. Alors sans perdre de temps, on se met en route direction la petite ville de Pisac. On sait que ces 2 jours vont être très chargés et qu'on va dormir peu mais bon, c'est le jeu ! On arrive donc les premiers sur le site de Pisac et quel bonheur d'avoir cette merveille juste pour nous !

[Pour l'Histoire : Le site Inca de Pisac est l'un des plus important de la vallée. Il comprend des constructions à la fois religieuses, militaires et agricoles (vous avez vu ces magnifiques terrasses ? Elles avaient plusieurs fonctions : agricoles bien sûr, mais aussi ornementales et servaient également à prévenir l'érosion des montagnes). On pense que sous l'empire Inca, ce site servait à défendre l'entrée sud de la Vallée sacrée : en effet le neuvième empereur Inca, Pachacutec, après avoir considérablement étendu l'empire et fait de Cusco sa capitale, aurait érigé de nombreuses cités pour la défendre.]

Au bout de 2h quasi seuls, le site est envahi peu à peu par les groupes venus en agence, alors on décide d'entamer notre descente vers la ville pour poursuivre notre route. On prend donc 1 collectivo direction, puis un 2ème, puis finalement un taxi direction le site de Moray.

[Pour l'Histoire : Le site de Moray est un ancien centre de recherches agricoles Inca, comme le démontrent sa forme et ses terrasses. La position des terrasses permet de créer une série de microclimats : la température est plus élevée au centre en bas mais diminue ensuite en fonction de la distance de chaque terrasse. Il paraîtrait qu'il y a une différence de 15°C entre celles situées les plus en bas et celles du haut, simulant donc une vingtaine de microclimats différents. Moray aurait donc notamment servi à prévoir les rendements agricoles, non seulement dans la Vallée sacrée mais aussi dans d'autres partie de l'empire. Les Incas tentaient d'acclimater aux conditions locales des plantes exotiques.]

Après cette visite qui on vous l'avoue ne nous laisse pas de marbre (comment ont-ils fait ? Comment a-t-on pu effacer une civilisation si avancée ?...), on re-saute dans un taxi, puis dans 2 collectivos direction Ollantaytambo où l'on passera la nuit.

Le lendemain aux aurores, on se met en route pour le site d'Ollantaytambo qui est situé dans la ville d'aujourd'hui. Et encore une fois, on dispose d'une heure de répit avant l'arrivée massive de groupes de touristes.

[Pour l'Histoire : Ollantaytambo est une forteresse Inca, siège de combats acharnés entre Incas et espagnols. Le site est lui aussi composé d'une partie militaire, d'une partie urbaine, religieuse et agricole. Ce qui est épatant là encore, c'est la taille des blocs de pierre qui se trouvent à une hauteur impressionnante, dressés là à une époque où les poulies et autres mécanismes semblaient inconnus.]

Et l'envers du décor ou bout d'une heure (Sont-y pas mignons avec leurs casquettes orange fluo ?)  

Après cette nouvelle visite impressionnante, nous reprenons la route direction les Salineras de Maras (choisissant de faire un trait sur le 4e site de Chinchero).

[Pour l'Histoire : ces salines sont situées à 3300m d'altitude. Elles datent de l'époque pré-inca et ont été développées en suivant la même technique que les terrasses. Elles sont alimentées par une source d'eau passant à travers une mine de sel souterraine se situant à l'intérieur de la montagne. Aujourd'hui il y a environ 3600 bassins appartenant à quelques 800 familles, organisées en coopérative. Chaque bassin produit environ 80kg de sel par mois.]

C'est juste incroyable de se retrouver au milieu de ce paysage blanc en plein milieu des montagnes. On a du mal à s'en détacher tellement chaque instant et reflet du soleil semble donner une teinte spéciale à ces milliers de bassins.

On sait qu'à Maras la fête bat son plein, alors on se décide finalement à troquer ce surprenant décor blanc pour un festival de couleur et de chicha :

Après avoir partagé en 5 un gros verre de chicha, mangé quelques masa morada (riz au lait chaud avec une gelée de maïs rouge) et quelques popcorns locaux, on saute dans un collectivo, puis un second, direction Cuzco, où l'on profitera d'une longue nuit bien méritée.

[5/10 - 6/10]

De retour à Cusco pour 2 jours de repos tous ensemble, on en profite pour se reposer, se faire de bonnes bouffes, flâner dans les rues notamment après avoir fait un Free Walking Tour (tour de la ville avec un guide, payé au chapeau à la fin de la visite) qui nous en apprend encore plus sur la culture Inca et la ville de Cusco. Et on a la chance de terminer cette visite par la dégustation de 2 spécialités : un ceviche de truite et un pisco sour.

C'est un peu speed, mais nous avons un rendez-vous que nous ne pouvons pas louper ! Et c'est un rendez-vous de taille ! En effet, dimanche à 4H du matin, nous devons attendre sur le bord de la route dans une petite ville un camion qui nous amènera à un lieu particulier ! Dans la région de Cusco, l'une des attractions favorites des touristes est la Montagne de couleurs (Montagne Arc-en-ciel ou Vinicunca). C'est aujourd'hui un site très très touristique, où tout le monde marche à la queue-leu-leu pour atteindre le point de vue où il faut prendre LA photo ! Et pourtant, elle culmine quand même à 5200m d'altitude : il faut la mériter cette photo ! Mais heureusement pour nous, nos copains Coline et Rémi avaient dans leurs poches une alternative : la montagne Palcoyo. C'est une vallée entière qui offre des paysages colorés d'une beauté indescriptible ! Mais voilà, elle commence tout juste à être connue alors quelques agences proposent de t'y emmener (cependant, aucun de nous n'est très "voyage organisé"), ou l'alternative est ce camion du dimanche à 5h du matin qui emmène tout ce dont ont besoin les communautés perdues dans cette vallée lointaine (aussi bien des hommes que des animaux !). Et cette info, il fallait la connaître parce qu'autant vous dire, c'était très très local comme expérience (mais Coline et Rémi, voyageant à vélo, avaient pu atteindre cette montagne seuls et prendre des infos pour y revenir avec leur copine en vacances + nous). Nous voilà donc à attendre avec une petite dizaine de personnes sur le bord de la route ce fameux camion qui arrive entre 4 et 5h du matin. On est tous frigorifiés et nous nous demandons un peu ce qui nous attend. Voilà que ce camion débarque et nous sautons tous à bord, lui qui est déjà bien plein : des gens, des sacs de toute taille, des couleurs, des odeurs ! Allez, ni une ni deux on pose nos fesses là où on peut. On se retrouve tous serrés les uns contre les autres et autant vous dire que c'est autant une expérience atypique pour nous que pour ces gens qui voient débarquer dans leur camion habituel un groupe de gringos ! On échange quelques mots mais la plupart sont des personnes âgées qui ne parlent que quechua (les jeunes sont debout sur le semi-toit du camion, à la fraîche, car on peut vous dire qu'il fait très très frais à 5h du matin dans ce coin-là !). Et lorsqu'on réussi à leur faire comprendre qu'on va voir la montagne aux couleurs on est rapidement l'attraction : ça rigole et ça rigole ! Et pour cause : il a neigé toute la nuit alors autant vous dire que la montagne aux couleurs est...toute BLANCHE, et ça, ça les fait bien rire ! Cette scène donnait à voir de magnifiques portraits ! Et puis hop, on s'arrête et tout le monde descend, on débarque tous nos "coussins" : sacs à patates, peaux de lamas, habits, bâches en tout genre... certains descendent, d'autres montent... et bien sûr, on aide et on prend part à tout ça de bonne heure (et de vraiment bonne humeur tant les échanges de regards curieux et de sourires amusés et sincères nous réchauffent le cœur) ! Et finalement, après 2h30 de camion, ils nous débarquent en haut de cette montagne et continuent leur route vers des communautés encore plus éloignées.

Et en effet, la montagne est vraiment BLANCHE (mais n'en est pas moins magnifique ! Car si on s'attendait à ça...!) ! Et il fait très très froid ! Mais on a tout prévu et sans se décourager on sort le réchaud pour se faire un petit déj en attendant d'apercevoir peut être les couleurs....

Et finalement... à peine une heure après notre arrivée le spectacle commence et on se retrouve seuls dans un paysage incroyable ! La neige qui fond peu à peu laisse place à un tableau époustouflant (pardonnez-nous, on ne savait pas quelles photos choisir tellement on aimait chacun des clichés, chacun ayant sa petite subtilité, sa lumière, sa couleur...) :

Légende photos :

Photo n°1 et 13 sont la même montagne, avec quelques heures d'écart.

Les couleurs sont causées par les minéraux présents dans le sol : l’oxyde de cuivre, le grès, l’argile rouge. On estime que ce sont des sédiments laissés par l’eau qui recouvrait la région il y a des millions d’années.

Malheureusement ce petit paradis qui jouit toujours de son caractère quelque peu secret permet, à l'inverse de la Rainbow Mountain de faire des clichés extraordinaires seuls au monde comme on vient de vous le montrer. Nous avons ainsi assisté à une scène qui nous a beaucoup déplu dans l'idée... Arrivée en haut de cette merveille il est spécifié "interdit aux drones". Or arrivant tranquillement à son point le plus haut, on est survolés par un drone ! Surpris, une fois en haut on comprend mieux : un couple de jeunes est là, avec leur guide, tout un attirail photos/vidéos, des habits traditionnels et...un lama ! Cliché idyllique mais tellement fabriqué ! Et puis surtout interdit ! On demande alors à leur guide le pourquoi du comment et celui-ci nous répond qu'ils ont payé une amende à la communauté en gestion du site et ont donc le droit d'utiliser leur drone et de marcher en dehors des petits sentiers marqués.... ça nous a un peu énervés on vous avoue ! Et cela a lancé un grand débat sur l'importance des réseaux sociaux et de l'apparence aujourd'hui et sur les aventures/expériences/photos mises en scène (ils avaient quand même loué le lama !) et qui donnent une fausse image des lieux, des pays, des gens et de leur culture.... et qui encouragent le tourisme de masse sans respect et la course à la photo parfaite à mettre sur les réseaux... Bref, on a tenté de débattre mais sans succès... Et malheureusement c'est une pratique courante au Pérou qui est l'un des pays les plus touristiques d'Amérique du Sud.


Heureusement pour nous leur séance photo est quasiment finie quand nous arrivons alors après ce débat houleux, on continue notre route, et eux finissent par repartir avec tout leur matériel. Mais on finit nous aussi par prendre la route du retour vers 11h car ça fait déjà plusieurs heures que nous sommes là, à 4900 m d'altitude, bien essoufflés et le soleil commence à être très fort. En plus de ça, nous avons une dizaine de kilomètres à parcourir pour tenter d'attraper le camion qui redescend. Alors on se met en route (et quelle route !), les yeux et le cœur emplis d'images époustouflantes.

Retour à Cusco pour un repos bien mérité !

[7/11 - 12/11]

On se repose 2 jours à Cuzco pendant lesquels on dit au revoir à nos 3 copains qui continuent leurs vacances ensemble. Nous on en profite pour ne pas faire grand chose d’autre que se balader à notre rythme dans les ruelles des différents quartiers de la ville à la découverte de nouvelles petites places, marchés... Rapidement on prend rendez-vous avec nos copines québécoises, Émilie et Valérie, rencontrées quelques semaines plus tôt sur le trek du Canyon del Colca. En effet, à ce moment là on avait évoqué l’idée de faire le trek du Salkantay ensemble. Après moultes réflexions, les différents voyageurs ont réussi à nous convaincre d’aller visiter le Machu Pichu (on vous expliquera un peu plus ce débat existentiel qui nous a habité pendant plusieurs semaines avant la prise de décision dans le prochain article !). On se met donc en préparation car c’est 4 jours de trek en autonomie (dans notre cas car il est aussi possible de le faire avec une agence qui s’occupe de tout, mais il est également faisable seul en dormant et mangeant dans les villages sur la route) : liste de courses, location de matériel de camping approprié, recherches sur comment on se rend au départ du trek, kilométrage par jour, achat du billet d’entrée pour le Machu Pichu. C’est donc un faux départ qu’on se donne le lendemain puisque c’est un jour férié et qu’il est impossible d’acheter les billets dans les points de vente... Bon, alors on prend un jour de plus pour profiter de Cuzco la belle.

*** SALKANTAY ***

C'est parti pour 65km sur l'un des "plus beaux treks au monde", d'après le National Geographic.

JOUR 1 : Laguna Humantay

Kilomètres : 5 km

Dénivelé : ↗️ 400 m, ↘️ 400 m

On prend un colectivo direction Soraypampa où l’on passera notre 1ère nuit. Ça nous permet de faire le « détour » jusqu’à la laguna Humantay. Après quelques kilomètres en douceur (eh oui on est quand même à 3920m d’altitude au campement de base et on atteint les 4200m d’altitude à la laguna !), on arrive seuls au monde face à cette magnifique laguna qui change de couleur du tout au tout entre le moment de notre arrivée et celui de notre départ. La lumière joue et fait scintiller les glaciers qui surmontent cette étendue d’eau d’abord verte, puis bleue turquoise.

Puis après 20 minutes seuls à profiter de cette merveille, l’envers du décor (il est possible de venir en tour à la journée à la laguna depuis Cuzco) :

Alors on redescend tranquillement, on installe nos tentes et on fait rapidement à manger pour se réchauffer car il fait super froooooooooooid !

JOUR 2 : Soraypampa - Chaullay

Kilomètres : 20km

Dénivelé : ↗️ 770 m, ↘️ 1,8 km

Passage de col à 4650m d’altitude

On se met en route de bonne heure après une nuit un peu difficile (on s’acclimate jamais vraiment à l’altitude et la nuit c’est encore plus dur pour nous !). On entame la montée vers le passage du col du Salkantay. Il nous fait face du début à la fin, du haut de ses 6.271 m. Il se dresse droit devant vous et vous fait vous sentir très petit. C'est tellement incroyable ce que peut nous offrir la nature ! On respire, et on souffle et finalement on atteint ce col qui nous offre une aire de repos magnifique, entourés de sommets et de leurs glaciers qui craquent. Les nuages viennent taquiner les sommets mais nous offrent un spectacle grandiose ! Au moment de repartir on voit même un bout de glacier se détacher avec fracas.

Après ce repos de courte durée on se remet en route car une longue descente nous attend jusqu’à notre destination pour la nuit. Les paysages changent du tout au tout. : on descend dans une vallée d’abord embrumée puis qui peu à peu se révèle verdoyante. Malheureusement à ce moment là on peine à être seuls (il y a des groupes partout et marcher à la queue-leu-leu c’est pas notre truc !) alors rapidement on décide de faire notre pause pique-nique dans ce décor (alors qu’eux vont tous s’arrêter manger dans des petits restaurants plus bas). Après une longue descente, on est toujours loin et sur les derniers kilomètres les sacs à dos se font sentir et nos orteils nous font souffrir. On ne cesse pourtant de rigoler des différences de langage entre le québécois et le français (autant vous dire qu’on enrichit notre vocabulaire car certaines expressions sont magiques !). Arrivés à Chaullay on monte les tentes avant de prendre une douche froide au robinet puis de s’adonner à une séance d’étirements et de cuisiner. On déguste notre soupe en jouant aux cartes puis on se couche épuisés !

JOUR 3 : Chaullay - Llactapata

Kilomètres : 24 km

Dénivelé total : ↘️ 860m , ↗️ 830m

On se met en route ce 3ème jour de bonne heure mais on est les derniers à partir (les groupes partent toujours très très tôt vu qu’ils sont nombreux).. Au programme : une longue descente de 16 km avec un dénivelé de 860 m, puis une seconde partie avec notamment 7 km de montée sur plus de 830 m de dénivelé. Le paysage change encore du tout au tout. La végétation est de plus en plus dense. On marche alors dans la pré-jungle et on suit la rivière qui s’écoule lentement. On dépasse avec peine des groupes d’une vingtaine de personne (c’est vraiment pénible sur des sentiers à flanc de montagne qui font 1m de large....!). On prend assez d’avance pour pouvoir faire des pauses cueillette : en effet tout le chemin est bordé par des arbres regorgeant de « granadillas » (fruit qui ressemble un peu à la grenade, mais encore meilleur selon nous !), alors comme en plus c’est super léger, on ne se fait pas prier et on en met plein nos sacs, mais on en déguste plein sur le trajet aussi.

Légende vidéo n°4 : Clément vous fait une démonstration de comment manger une granadilla

Légende photo n°5 : au milieu de nulle part...."Shopping center"...si comique ! Vive le tourisme !

Après le pique-nique du midi on puise loin loin loin dans notre énergie collective et on décide de pousser encore plus loin (cette 2ème partie peut être faite le jour suivant mais nous avons choisi de nous "faciliter" la journée du lendemain). On se retrouve donc sur ce chemin anciennement utilisé par les Incas, comportant de nombreuses marches en pierre (très hautes !), ce qui ne nous facilite pas la montée, puisque l’effort sur les jambes est plus dur et le poids des sacs se fait plus que jamais ressentir. Le nombre de pauses s’accentue sur la fin, on ne voit pas le bout de cette ascension ! Mais finalement, on persévère (c'est pas comme si on pouvait planter la tente là en plein milieu du petit chemin le long de la falaise non plus...) et.....ON Y ARRIVE ! Et on a le droit à une PETITE vue sur le Machu Picchu au loin, très loin.... Mais surtout une vue imprenable sur la chaîne montagneuse et la végétation si dense ! On a débarqué dans un camping auto-géré : boîte pour payer le droit de camper, boissons en libre accès et boîte pour y déposer l’argent, cuisine extérieure avec épices, bouteilles d’eau de la rivière.... On installe nos tentes, on se douche à la bouteille d’eau et on fait un grand feu, seuls au monde.

Après une nuit bien humide (on profite du feu pour faire sécher toutes nos petites affaires), on a le droit à une vue incroyable au réveil :

• • •

JOUR 4 : Llactapata - Aguas Calientes

Kilomètres : 15 km

Dénivelé total : ↘️ 950 m, ↗️ 350 m

On se remet en route avec les jambes un peu lourdes. Et c'est parti pour plusieurs heures de descente avant un calme plat pendant de nombreux, très nombreux, trop nombreux kilomètres le long des rails du train menant au village d'Aguas Calientes. Ce train est l'un des plus chers au monde (31$ les 10km (40min) pour les touristes (cela équivaut à 28€ fin 2019, 1$=0,9€)) alors beaucoup de gens empruntent ce chemin le long des rails. C'est la partie la plus facile mais avec nos 4 jours dans les pattes, on n'en peux plus et on a vraiment hâte d'arriver ! Surtout qu'il se met à pleuvoir fort mais plus rien ne nous arrête. On tente de s'occuper l'esprit en jouant à ne marcher que sur les traverses de bois... Finalement les campings sont collés à l'entrée du site du Machu Picchu, ce qui nous évite les quelques derniers kilomètres, OUF ! On installe donc nos tentes et on se repose toute l'après-midi, avant de se coucher très tôt ! Et oui, demain on doit être à 5h à l'entrée de la réserve parce que notre billet d'entrée du Machu Picchu est à 6h et il paraît qu'ils ne rigolent pas avec les horaires !

(pourquoi avoir pris le billet de 6h ? Parce qu'il paraîtrait que ça te permet d'avoir plus ou moins 1h de répit avant l'arrivée massive des hordes de touristes !).

La tête de Clément donne ici une bonne idée de l'état mental et physique dans lequel nous étions !

Quid de notre visite du Machu Picchu ? Affaire à suivre !

[13/10 - 14/10]

Pour commencer, on voulait vous expliquer le pourquoi du comment de notre longue réflexion sur la visite ou non du Machu Picchu. Il est clair que c'est l'une des 7 merveilles du monde moderne ; et que par cette simple caractérisation, l'humain entend qu'elle est exceptionnelle. Comme tout le monde on a chéri l'idée d'aller au Pérou et d'aller visiter le Machu Picchu. Et personne ne se trompe car historiquement, culturellement et architecturalement parlant, c'est une vraie merveille ! Pourtant, quand comme nous on essaie de voyager un peu autrement et surtout éthiquement, et quand on se penche d'un peu plus près sur ce que représente aujourd'hui le tourisme autour du Machu Picchu... il y a vraiment de quoi se poser des questions. La merveille se trouve alors assaillie par un tourisme de masse, conforté par un modèle capitaliste pourtant totalement étranger aux coutumes, systèmes d'organisation et croyances ancestrales des lieux. Quand on ferme les yeux sur le fait que les ressources générées par le tourisme sur le site (et elles sont énormes !) ne sont pas redistribuées aux communautés, que les lieux sont davantage adaptés pour répondre aux envies des touristes et aux intérêts économiques plutôt que sociaux et environnementaux (le village d'Aguas Calientes, ressemblant aujourd'hui à Disneyland, était il y a quelques années 100% consacré à l'agriculture), on peut alors se baser sur les expériences des autres voyageurs rencontrés : "oui c'était incroyable, mais beaucoup trop de touristes". C'est ce retour qui nous revenait aux oreilles... On s'est alors posé la question : pourquoi, alors que l'expérience ne fait pas l'unanimité, se sent-on obligé d'y aller ? Et on réalise que c'est une pression de la société, que dans notre façon de voyager aujourd'hui il faut cocher des cases, que le Pérou = le Machu Picchu, et que même des personnes avisées et critiques comme nous, n'ont su résister à cette pression.

Bref, on pourrait en parler des heures et on sera ravis d'échanger plus amplement là dessus autour d'un verre (et surtout d'un plateau de fromage !) à notre retour.

Parlons alors de notre expérience :

Après une longue nuit revigorante dans notre petit camping, le réveil sonne a 4h15. L'heure de notre rencontre avec le fameux Machu Picchu approche ! Malheureusement, les divinités Incas semblent s'être levées du mauvais pied et nous envoient une pluie torrentielle comme nous n'en avions pas vu depuis longtemps ! Optimistes que nous sommes nous nous disons "C'est juste une petite pluie, ça ne va pas durer !". C'est bien d'être optimiste, car oui il faut dire qu'on a quand même marché pendant 4 jours pour en arriver là, mais on le saurait si cela permettait d'inverser les intempéries...! On se met donc en route après avoir attendu le plus longtemps possible que cette pluie s'arrête, mais l'heure tourne et on a quand même 1900 marches à monter avant 6h du matin (eh oui, ils ne rigolent pas avec les horaires ici !). Vêtus de nos plus beaux sacs poubelle, nous commençons l'ascension et très vite nous ne ressemblons plus qu'à de grosses flaques d'eau vivantes. Mais assidus, on monte sans rechigner sous la pluie battante pendant 45minutes. Notre chemin coupe la route où passent de nombreuses navettes remplies de touristes (il faut savoir que cette navette A/R ne coûte pas moins de 23€ pour 20min de bus... non non, rien d'exorbitant !). Autant vous dire que quand nous arrivons en haut, pas le temps d'être fiers de notre temps record de montée, puisque nous sommes tellement trempés qu'on a presque envie de pleurer. On enlève nos chaussures, on essore une 1ère fois nos chaussettes et zoup, on se reprend et on avance vers cette merveille tant miroitée. Et là, c'est le drame. Voici un petit aperçu du Machu Picchu à 6h15 ce matin là :

En même temps ça permet de faire des photos très comiques...! Mais on peut vous dire qu'on ne rigolait pas vraiment à ce moment là : trempés, fatigués, et ayant payé une petite fortune le billet d'entrée (environ 42€ par personne), on n'était pas très copains avec dame nature ! Et cette pluie qui n'en finissait pas ! On trouve refuge au seul et unique endroit où l'on peut s'abriter dans le site et on assiste à des scènes magiques dans ce sanctuaire sacré : chacun utilise toutes les ressources possibles et inimaginables pour sécher et ne pas avoir froid, autant vous dire que les pierres sacrées sont utilisées comme porte-manteau, la nature est colorée par les milliers de ponchos de pluie multicolores... A chaque coup de vent, tout le monde sort en courant de sa cachette pour essayer de prendre LA photo car la vue se dégage l'espace de quelques secondes. Au cours de la matinée, on a le droit à plusieurs mini vues d'ensemble, mais très vite recouvertes par la couche épaisse de nuages.

Quand on réussit à prendre du recul, on trouve quand même que c'est magnifique et on prend la mesure de la dimension mystique de ce lieu.

On décide de ne pas se laisser abattre et on refuse d'abandonner (nos copines abandonnent et prennent la route du retour vers 10h30, idem pour d'autres français rencontrés sur place). Pour ne pas mourir de froid avec toutes nos affaires mouillées on décide de braver la pluie et de visiter ce qu'on peut visiter. A part nous réchauffer un tout petit peu, ce n'est pas une réussite car on ne voit vraiment pas grand chose alors on finit par revenir s'abriter et à attendre, en compagnie d'une quarantaine de personnes, tous serrés les uns contre les autres. On rit jaune et on se demande vraiment ce qu'on fait là.

Mais notre patience est récompensée et vers 13h, le soleil pointe le bout de son nez et nous pouvons enfin admirer la beauté du site (en faisant abstraction des gens... autant que possible). Le site est gigantesque, son environnement est incroyable et la vue d'en haut en jette ! En repensant à notre chemin pour y venir, on réalise à quel point c'est mystérieux et incroyable qu'ils aient réussi à construire cette "ville université de savoirs" au beau milieu de ces montagnes, à quel point ils étaient ingénieux et innovants pour leur époque (le 15ème siècle); à quel point la cité est grande, les murs parfaitement construits, et en si peu de temps (environ 120 ans entre le début de la construction et l'abandon du site !); à quel point cette merveille a pu rester cachée des conquistadors pendant des siècles puis redécouverte qu'au 20e siècle...

On finit par être quand même bien fatigués et on repart après avoir passé quasi 10h sur le site. Notre visite est mitigée, et non pas à cause de la tempête de pluie, sinon sur la façon dont est pensée la visite du Machu Picchu, davantage comme une "vache à lait" que comme un lieu historique et culturel exceptionnel. On s'explique : d'abord il est précisé que tu ne peux rester que 4h sur le site (bon ça en l’occurrence, hors saison ils ne contrôlent pas) et il est interdit d'y apporter de la nourriture (en même temps vu comment sont gérés les déchets ici... pas une mauvaise idée). Tu ne peux visiter le site que dans un seul et unique sens et ne peux donc revenir sur tes pas (nos copines québécoises se sont faites avoir et ont dû faire des pieds et des mains pour pouvoir re-rentrer sur le site 30min après leur 1ère entrée...). Il n'y a pas de toilettes sur le site, ce qui fait que si tu as une envie pressante, tu dois sortir du site et bye bye le Machu Picchu (et ces fameuses toilettes sont payantes comme partout au Pérou mais plus chères que d'habitude). Beaucoup de touristes viennent en groupe et, nous qui profitions finalement du soleil assis à différents endroits du site pour admirer cette vue incroyable après tant de péripéties, nous nous faisions systématiquement déplacés car "ce n'est pas un lieu pour s'asseoir et admirer mais pour prendre des photos"... et ça c'en était trop pour nous ! Mais aucune de nos tentatives d'explication sur l'absurdité de cette situation n'ont eu gain de cause et les selfies et photos souvenirs ont toujours remporté la bataille... 21ème siècle quand tu nous tiens !

A notre sortie, on a aussi réalisé encore une fois les différences de prix gargantuesques entre péruviens et étrangers : l'entrée du Machu Picchu coûte à un péruvien 16€ (contre 42€ pour nous) ; le train entre Hidroélectrica et Aguas Calientes (soit 10km, 15min) coûte à un péruvien environ 4€ (contre 28€ pour nous) ; jusqu'au restaurant buffet à volonté à la sortie du site qui coûte environ 5€ à un péruvien (contre 10€ pour nous)... Attention : on est bien d'accord que les tarifs préférentiels sont normaux. On trouve ça bien surtout si ça peut encourager les péruviens à visiter leur propre patrimoine culturel. Cependant, de telles différences sont justes hallucinantes et c'est vraiment représentatif de la façon dont un "étranger" est perçu ici....et ça ça a le don de nous agacer !

BREF, cela nous sert d'intro pour un sujet qui nous accompagne au quotidien ici, particulièrement au Pérou : le tourisme de masse et le rapport aux gens. Dans aucun des pays qu'on a eu la chance de visiter auparavant on ne s'est sentis comme au Pérou. Les échanges ici ne sont possibles que lorsqu'ils ont une dimension marchande. Et ça ce n'est pas trop notre truc alors ici, on trouve vraiment le voyage compliqué et moins agréable (sentiment partagé par beaucoup de voyageurs rencontrés). On ne jette évidemment pas la pierre aux Péruviens ni au Pérou, mais ça nous incite à réfléchir à notre façon de voyager, à notre impact, et à l'image qu'on renvoit...

Cette expérience du Salkantay, suivie par la visite du Machu Picchu n'est pas pour nous l'expérience dont on est les plus fiers. En effet, ce n'est pas comme ça que nous souhaitons voyager, mais malgré tout cela nous a permis de nous pousser dans nos retranchements et de réfléchir un peu plus loin sur le voyage et le tourisme. Par exemple, le Salkantay qui est un trek très chouette est lui aussi pris d'assaut par le tourisme de masse et cela ne nous plaît pas vraiment : aujourd'hui il faut que tout le monde puisse tout faire, même si cela signifie que le trek soit pris d'assaut par des centaines de mules (bousculées et fouettées) portant les affaires des touristes, que les chemins soient envahis par des groupes d'une 20aine de personnes à la queue-leu-leu, que les petits villages des communautés sur le chemin soient bouleversés dans leurs pratiques et ressemblent maintenant davantage à des villages vacances à l'européenne.... Atteindre un lieu magnifique, une merveille de la nature ne se mérite plus, il suffit de payer.

Bon allez, on vous laisse sur ces réflexions, on profite on profite mais on n'oublie pas d'être critiques sur nos pratiques et celles des autres...

[15/10 - 24/10]

Après cette expérience riche en émotions, réflexions et efforts physiques, nous retournons à Cusco nous reposer pour quelques jours avant de continuer notre chemin sur les routes péruviennes. On en profite pour aller rendre visite à l’association Qosqo Maki. Celle-ci propose plusieurs services : un espace d’accueil et d’hébergement nocturne pour mineurs qui n’ont nulle part où passer la nuit ; un espace bibliothèque/ludothèque qui propose également des activités diverses (cinéma, accompagnement aux devoirs...) ; et ils proposent également un programme d'ateliers visant à l'insertion (boulangerie et menuiserie). Très inspirant !

Après avoir surmonté le déluge soudain et l'inondation partielle de notre hostel juste quelques heures avant notre départ, on sèche nos sacs et on se met finalement en route pour non pas moins de 20h de bus, direction Paracas. On fait une escale de quelques heures à Ica, grande ville super étonnante (pour ce qu'on en a vu) : on parcourt une énorme avenue sous une chaleur pesante ; on tourne la tête et on aperçoit de gigantesques dunes de sable entourant la ville... L'environnement a bien changé sans qu'on s'en rende compte ! Après la nature foisonnante de la région de Cusco, nous sommes dans une zone très désertique !

Paracas est une petite station balnéaire qui est bordée par une gigantesque réserve nationale. Quand on arrive dans la petite ville, c'est surprenant car elle a des airs de vieille station balnéaire des années 70, un peu abandonnée mais en même temps toujours populaire... Les vieux pédalos attendant les clients sur leur lit d'algues vertes nauséabondes, les pélicans patientent en espérant recevoir un bout de poisson, les marchands ambulants poussent joyeusement leur carriole à glace... Nouvelle ambiance qui nous fait surtout prendre conscience qu'on n'avait pas vu la mer depuis.... Valparaiso ! C'est à dire 6 mois et demi ! Et que finalement elle nous avait beaucoup manqué !!

La réserve nationale de Paracas est connue pour son environnement désertique magnifique, mais aussi car elle représente une zone maritime exceptionnellement riche où les courants marins extrêmement froids produisent une grande abondance de plancton qui nourrit les poissons, les crustacés et les mollusques, qui eux nourrissent une faune tout aussi abondante (oiseaux en tout genre, lions de mer, pingouins...). Un tour propose d'aller admirer des îles au large de Paracas, qui abritent une grande partie de cette faune locale : les îles Ballestas. Mais le tourisme autour de ces îles est aujourd'hui un peu prédateur, alors nous on a décidé de ne pas s'asseoir dans un gros zodiac qui navigue à fond, très (trop) près des côtes, très bruyant et avec 60 autres personnes se battant pour le meilleur selfie-loutre... mais de louer des vélos et d'aller pédaler dans le désert avoisinant ! Et qu'est-ce qu'on est surpris par les paysages qui nous sont offerts ! On n'avait pas du tout imaginer ça : le désert qui se jette dans la mer... et tout ça avec des couleurs inimaginables ! On a aussi la chance d'admirer le ballet de nombreux oiseaux...

Après 46km à pédaler dans ce désert, des couleurs et des formes plein les yeux, on repose nos fesses endolories avant de prendre la route direction Lima.

Et sur la route, on fait un petit crochet. Il faut savoir que cette région est très attractive pour le tourisme grâce à son oasis très connue : Huacachina. C'est une ville installée dans une oasis, où aujourd'hui tu peux flâner au bord de la piscine, faire la fête entre touristes, faire du buggy sur les dunes de sable... Mais en faisant de petites recherches, nous sommes tombés sur une pépite jusqu'à maintenant encore peu connue : la laguna Morón. C'est aussi une petite oasis, perdue au milieu des dunes, encore très peu connue et donc, quasi vierge d'installations touristiques. Et pour y aller sans voiture c'est pas si évident alors après avoir pris 2 colectivos, fait du stop à l'arrière d'une moto-remorque, on finit à pied sous un soleil de plomb direction ce petit paradis. Et nous sommes SEULS dans ce lieu incroyable !

On se dit qu'il en faut peu pour que ça devienne touristique... les locaux évitent d'ébruiter des informations car ils viennent en profiter le week-end et sont bien contents de la garder pour eux. Dans les colectivos du retour, tous sont curieux, ils nous questionnent, étonnés de nous voir là : "Vous connaissez Huacachina ? Vous y êtes allés ?", à notre réponse négative ils nous disent "Vous avez bien raison, ici c'est beaucoup plus authentique et naturel". On ne s'est donc pas trompés, et nous avons pu faire trempette en ayant l'exclusivité de ce lieu incroyable et magnifique !

C'est donc avec du sable entre les orteils que nous prenons place dans le bus direction Lima, pour 4h de route.

Changement de décor assuré !

[25/10 - 12/11]

Cette étape on la voyait vraiment comme une étape de passage obligé : 2-3 jours, sans plus. On nous avait décrit la capitale péruvienne comme un monstre tentaculaire, bruyante, en mouvement perpétuel, assombrie continuellement par une masse de nuages à laquelle s'ajoute une pollution stagnante, plutôt dangereuse... Mais nous, on y a vécu de chouettes moments et nous y sommes restés pas moins de... 2 semaines et demi !

Pour notre arrivée à Lima, à l'inverse de nos habitudes, on s'était plutôt pas mal organisés. On avait réservé un airbnb pour la 1ère nuit pour notre arrivée tardive et surtout, on était en contact avec 2 hôtes couchsurfing (le couchsurfing qu'est ce que c'est ? C'est une plateforme internet gratuite qui met en relation les habitants d'un pays disposant d'un canapé/d'une chambre et ayant envie de rencontrer et partager, avec les voyageurs). On avait envie d'en faire depuis longtemps mais ça demande de l'organisation, et c'est une autre façon de voyager puisque tu vas chez les gens. Mais nous c'est exactement ce qu'on cherchait pour Lima, et notamment car on avait envie de rencontrer des Péruviens sympas, ayant envie de partager sincèrement (sans qu'il n'y ait un échange marchand).

C'est comme ça qu'on s'est retrouvés dans la famille de Luz et César, un couple vivant dans une grande maison avec toute la famille (parents, frères et sœurs, chiens...). C'était leur 1ère expérience en tant qu'hôtes et ils nous ont accueilli comme des membres à part entière de leur famille pendant 4 jours, où nous ne sommes quasiment pas sortis de la maison. Et pour cause : on a fêté les anniversaires de la belle-fille, mais aussi du chien (si si on vous jure ! Il avait même le droit à des cadeaux et à un ÉNORME gâteau....pour chien ! Attendez de voir les photos...), ils nous ont préparé tous les plats typiques avec amour (délicieux !), on a participé au barbecue familial du dimanche... Bref, on n'était pas malheureux, et bien au contraire hyper reconnaissants d'y prendre part ! On a donc mis à notre tour la main à la pâte en organisant une soirée crêpes et en leur cuisinant un bon gâteau au chocolat. Et ce n'est pas fini ! A l'heure de partir, ils nous ont offert un magnifique album photo reprenant les photos des 4 derniers jours ensemble....de quoi verser la petite larmichette !

C'est à contre-coeur que nous avons quitté notre nouvelle famille pour aller rencontrer notre second hôte (et oui c'est toujours un peu la surprise : va-t-on bien s'entendre ? comment va être sa maison ? va-t-on être à l'aise ?). Et bingo ! Nous avons fait la connaissance de Miguel, péruvien de 40 ans travaillant dans le secteur de l'audit (dans la banque particulièrement), très cultivé, ayant déjà pas mal voyagé... et tellement généreux ! Pour vous dire, on s'est sentis tellement bien que nous sommes restés 2 semaines chez lui (il nous a aussi avoué que ça lui faisait super plaisir d'avoir de la compagnie !). Après son travail, Miguel nous a emmené visiter tous les quartiers de Lima, manger au restaurant avec sa famille pour goûter aux plats traditionnels, faire la fête avec ses amis, on a regardé des dizaines de films et débattu sur leur morale jusqu'à tard dans la nuit... Bref on vous laisse imaginer... de véritables coqs en pâte !


Au delà de ces rencontres humaines incroyables, on a donc eu largement le temps de ne plus se perdre parmi les centaines de lignes de colectivos, de déambuler dans différents quartiers de Lima, de profiter de ses richesses culinaires et de son offre culturelle, d'assister à des entrainements de danse traditionnelle, à des mariages, de retrouver des copains de voyage le temps d'un ceviche, de dénicher des lieux alternatifs... Et autant vous dire qu'on a vraiment trouvé ça agréable ! C'est bruyant, ça va à 20 000 à l'heure, c'est gigantesque, c'est hétéroclite au possible... mais on s'y est sentis bien !

Après 2 semaines et demi inattendues, il est temps pour nous de se remettre en mode "nomade" et de continuer vers le nord. Direction : Huaraz ! Hasta luego Lima, tu auras été une belle étape de plus.

[13/11 - 19/11]

Après un nouveau départ, encore une fois difficile, nous prenons la route de nuit direction Huaraz, bastion réputé pour son offre de randonnées en tout genre puisqu'il se situe entre la Cordillère blanche et la Cordillère noire, un cadre naturel exceptionnel !

C’est encore une arrivée très matinale et nous sommes escortés jusqu'à notre hostel par le doux son des klaxons incessants.... Il faut qu'on vous explique : au Pérou, klaxonner est un sport national. On klaxonne pour tout : annoncer qu'on ne va pas s'arrêter au prochain carrefour et griller toutes les priorités, informer tout passant qu'on a de la place dans son taxi et ce en insistant plusieurs fois à chaque nouvelle personne croisée (pas du tout énervant, non non !), râler contre la voiture de devant, avertir un ami ou un client qu’on est en bas de chez lui, saluer un voisin, exprimer son impatience quand on doit s'arrêter même deux secondes... Autant vous dire que marcher dans la rue peut s'avérer ne pas être une balade de santé ! Ils ont mis en place de nouveaux panneaux et créé de nouveaux emplois visant à lutter contre le bruit des klaxons... affaire à suivre !

Bref, on passe notre première journée à planifier les suivantes. Il faut savoir que le temps à Huaraz est capricieux (et encore plus à cette période de l'année) et qu'il faut donc se lever tôt pour imaginer pouvoir passer entre les gouttes de pluie. Heureusement, nous sommes logés dans un beau petit hostel où nous pouvons programmer dans de parfaites conditions. En mêlant les infos déjà données par les copains, nous trouvons tout ce dont nous avons besoin sur internet à propos de randonnées à Huaraz. C’est définitivement une destination très touristique (nous voilà heureux d’y être en basse saison !).

Après 2 semaines passées à Lima, soit au niveau de la mer, nos longs mois d’endurance à des altitudes conséquentes ne suffisent plus et il nous faut nous réacclimater. On commence donc par de petites randonnées dans les environs avant de passer aux choses sérieuses.

Laguna Wilcacocha (demi journée)

Kilomètres : 6 kms

Dénivelé : ↗️ 580m

Lagune : 3745 mètres d’altitude

Les 1h30 de montée sont finalement plus dures que ce qu'on avait imaginé. Dur dur l'acclimatation ! On traverse différents petits villages où la vie quotidienne suit son cours : certains travaillent dans les champs, d'autres font la sieste, les enfants jouent dans les rues jonchées de déchets, les chiens et les chats observent les quelques passants... tout est calme et on reprend nos souffles tout en observant ces scènes de vie.

Une fois arrivés en haut, on tombe sur cette petite lagune qui n'est pas particulièrement jolie mais qui appartient à un point de vue magnifique sur la Cordillère blanche. Il ne faut pas traîner car on a à peine le temps d'avaler notre pique-nique que la pluie nous rattrape. On se met alors en route pour le retour en changeant de chemin. On traverse donc de nouveaux petits villages avec leurs habitants plutôt surpris de nous voir là. Et ces minis échanges - regards surpris, sourires curieux - c'est ceux qu'on préfère !

On rentre assez tôt après être passés par le marché, et on rencontre à l'auberge un petit groupe intéressé pour faire une rando avec nous le lendemain.

Laguna Churup (1 jour)

Kilomètres : 6 kms + 2,8 kms (pour aller à la 2ème laguna Churupita)

Dénivelé : ↗️ 650m + ↗️150m (Churupita)

Lagune : 4450 mètres d’altitude

Comme à notre habitude, on évite les tours et on partage donc un taxi avec 2 nouveaux acolytes direction la laguna Churup. Le soleil n'est pas au rendez-vous, mais ça participe à donner une ambiance spéciale aux lieux. La montée est un peu glissante et on se concentre car certaines parties demandent un petit effort d'escalade. On arrive doucement mais sûrement à 4450m d'altitude, là où se niche au milieu des montagnes une magnifique lagune.

Clément et Eduardo poussent un peu plus loin, afin d'aller voir la 2ème laguna, pendant qu'Océane et Marion, l'autre acolyte, restent sur les bords de la laguna Churup.

On rentre tous les 4 en colectivo, juste à temps pour éviter la pluie, la vraie.

Laguna Paron (3 jours, 2 nuits)

Kilomètres : 9 km + 4,6 km (pour atteindre la laguna Artesonraju)

Dénivelé : ↗️160 m + ↗️500 m (laguna Artesonraju)

Laguna Paron : 4200 mètres d’altitude

Aller à la laguna Paron par ses propres moyens est plus difficile sachant qu'après avoir pris 2 colectivos il faut enchaîner par une montée de 9km avec 1000m de dénivelé et ce pour atteindre 4200m d'altitude... Pour une fois on n'était pas trop motivés alors on a pris un transport avec une agence sans tout le tintouin qui va avec. On arrive donc à la laguna magnifique à moindres efforts. Après avoir laissé nos gros sacs au refuge, on monte directement au mirador qui offre une vue magnifique sur cette lagune bleu turquoise surmontée par une succession de sommets tous plus gigantesques les uns que les autres. On ne manque pas d'y pique-niquer tellement les couleurs sont spectaculaires !

Et l'envers du décor, sachant que cette laguna n'est pas encore dans les plus visitées de la région car difficile d'accès :

On récupère nos sacs et on se sépare bien vite des petits groupes de touristes présents. On longe donc cette magnifique lagune sur 4,5 km et on se retrouve seuls au monde de l'autre côté. On y trouve un petit coin déjà aménagé par d'autres campeurs avant nous. On plante la tente et on assiste à un magnifique coucher de soleil sur la lagune, mais aussi sur le mont Artesonraju, qui aurait inspiré le logo Paramount (ci dessous, photo n°7).

Et on a même le droit à une nuit étoilée sans pareille... on se sent si petits dans cet environnement magique !

Réveil très matinal le lendemain pour atteindre la laguna Artesonraju avant la pluie. On est accompagnés au petit-déj par nos voisines les vaches. Très champêtre. Et cette vue :

On se met en route et ça monte dur ! On parcourt des crêtes, des petits sentiers escarpés, on prend de la hauteur avec toujours en ligne de mire ce géant... Tout le chemin est une folie, un diamant à l'état pur, et l'on souhaite immortaliser chaque seconde tellement c'est magnifique ! Et même si le temps se gâte, une fois arrivés en haut, on est encore une fois bien récompensés : une lagune bleu glacé formée par la fonte d'un gigantesque glacier, quelques petits icebergs, des sommets culminants à plus de 6000 à n'en plus finir... et de la neige !

On finit par redescendre, ce spectacle magnifique gravé dans nos petites têtes qui peinent à réaliser ce qu'elles voient, des étoiles plein les yeux... et pour un nouveau coucher de soleil qui vient concurrencer sans mal celui de la veille... Merci Mère Nature, merci !!

Le lendemain matin, on quitte notre petit coin de paradis avec un petit pincement au coeur. On redescend cette fois-ci les 9km direction le petit village en bas, où un habitant nous emmènera à bord de son bolide à Caraz, la ville dans la vallée. On traverse des paysages jusqu'alors jamais vus au Pérou. C'est tout vert, les habitants travaillent dans leurs champs, comme si le temps s'était arrêté. Ils sourient, ils vivent simplement. Nous sommes loin des foules et du brouhaha du tourisme et enfin, nous avons l'impression de voir le Pérou authentique.

Alors cette expérience, ces quelques jours, on n'est pas prêts de les oublier.

°°°°

La suite au prochain épisode.

[19/11 - 23/11]

Après ces quelques jours bien sportifs, on arrive donc dans la petite ville de Carhuaz où nous décidons de nous reposer pour 2 nuits. On est tout seuls dans cet hostel gigantesque et on peut ainsi profiter pleinement de la vue magnifique depuis la terrasse sur le toit, tout en dégustant de nouveaux fruits jusqu’alors inconnus.

Le lendemain nous allons tranquillement aux bains thermaux du petit village d'à côté. On monte dans un taxi qui attend d'être plein pour démarrer. On papote un peu avec le monsieur installé à l'avant : c'est un gros entrepreneur, il détient plusieurs productions d’asperges sur la côte et il est là pour le week-end. Et puis la portière s'ouvre et Clément se retrouve avec deux mamitas sur les genoux ! C'est pour ce genre de moment cocasse de multiculturalité qu'on aime le voyage. Entre nous, le chauffeur du taxi, l'entrepreneur en weekend et les deux mamitas en tenue traditionnelle qui rentrent dans leur communauté… sacré mélange ! Avant d'entrer dans les thermes on avale un "cevichocho". Un cevichocho c'est comme un ceviche mais où le poisson est remplacé par une sorte de haricot (le chocho). Très belle découverte culinaire ! Les thermes de Chancos sont réputés dans la région, et notamment les "cuevas", qui sont des hammams creusés dans la roche et qui vont de 33° à 55°, de façon naturelle. On se laisse tenter par l'expérience et autant vous dire qu'on en sort beaucoup plus vite que prévu : entre les employés qui sont vraiment très très moyennement sympathiques et aidants, les usagers qui font pipi dans les hammams ce qui fait que celui d'après respire et est… purifié par le pipi de celui d'avant (HUUUM !), la piscine qui est envahie par une centaine d'écoliers en sortie scolaire... Bref, c'est typique et on est les seuls touristes internationaux mais c'en est un peu trop pour nous et on rentre se reposer à l'hostel tranquilles.

On croise sur la place centrale de Carhuaz une famille équatorienne qui voyage en van. On reste papoter avec eux et ils nous invitent un peu plus tard à prendre un café dans leur humble demeure. ça nous rebooste de rencontrer des gens qui sont vraiment dans l'échange, et c'est avec plaisir qu'on partagera un petit goûter plus tard dans la soirée, se racontant nos voyages et échangeant sur les différentes cultures. Ils nous rassurent et nous content que l’Équateur est bien différent du Pérou dans le rapport aux gens.

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Laguna 513 (2 jours, 1 nuit) :

Kilomètres : 9,3kms + 2 km (laguna 513)

Dénivelé : ↗️ 1050m + ↗️400 m (laguna 513)

Lagune Rajupaquinan : 4113m d’altitude

Laguna 513 : 4460m d'altitude

Après être montés en colectivo jusqu'au village de départ du trek dans lequel on rencontre des enseignantes qui se rendent à l'école et nous expliquent le système éducatif du coin, on se met en route. ça monte, ça monte mais on passe par des petits villages tout verts, où l'agriculture est l'activité principale et où la vie semble suivre son cours sans futilité. Les gens lèvent la tête de leur tâche à notre passage et on échange quelques mots, de grands sourires et ils secouent la main en signe de bienvenue. On finit par arriver dans une grande vallée verdoyante où pâturent des vaches, des chevaux, des ânes... On longe cette étendue gigantesque avant de traverser une rivière et de prendre de la hauteur. C'est magnifique !

On arrive à notre 1ère étape en début d'après-midi. Au pied d'une grande cascade s'est formée une petite lagune, la lagune Rajupaquinan près de laquelle on monte la tente et on pique-nique avant d'être rattrapés par la pluie. On profitera donc de l'après-midi dans notre ‘spacieuse’ tente pour écrire, jouer, se reposer jusqu'au lendemain matin, de bonne heure et de bonne humeur.

On laisse la tente et on se met donc en route direction la 2ème étape : la laguna 513. Après 1h30 de montée assez raide dans un environnement splendide, on arrive à cette magnifique lagune d'un bleu éclatant, dans laquelle plonge un glacier gigantesque (que d’adjectifs dans une seule et même phrase nous direz-vous !). On a même la chance d'apercevoir par à coups le sommet enneigé qui la surplombe. On en prend plein la vue !

Photo n°3 : Vous avez 30 secondes pour trouver notre tente

On redescend pour prendre la route du retour et éviter la pluie. On démonte la tente, on pique-nique et on traverse de nouveau cette grande vallée. Petite surprise : au loin on aperçoit du monde et une installation particulière qu'on a du mal à déchiffrer. En s'approchant on comprend que c'est un groupe de musique venu tourner un clip. Improbable ! On écoute mais rapidement on se remet en route pour les 9kms de descente qu'il nous reste.

La pluie est finalement au rendez-vous. Après deux petits kms on entend une voiture arriver et… on tend le pouce ! C'est le groupe de musicos qui rentre. Ils sont déjà surchargés : 7 personnes + les instruments de musique + le matos son, mais ils s'arrêtent et on saute à l'arrière du 4x4 avec 3 autres musiciens et le matos. On s'accroche comme on peut et c'est parti pour 30min de descente un peu beaucoup "tape-cul". On fait rapidement la conversation mais on est tous plus concentrés à soulever nos fesses endolories à chaque nouvelle bosse. Finalement ils nous déposent tout près du centre de Carhuaz, ce qui donne une bonne excuse à Clément pour enfin goûter la spécialité locale : les glaces artisanales (saveur pisco et feuille de coca). Après avoir récupéré nos sacs on prend la direction de Huaraz où l’on retourne dans notre hostel, où se trouve une de nos acolytes des premiers jours. On se donne rendez-vous le soir autour d'une bonne pizza pour se récompenser des efforts des derniers jours et fêter notre départ de Huaraz pour notre dernière étape du Pérou : Mancora.

Le lendemain matin on prend la route de jour (pour une fois !) direction Trujillo, puis directement Mancora. Nouvelle ambiance, changement radical : nous voilà dans une petite ville côtière, la chaleur avoisine les 25° à 6h du matin, les rues sont en sable... On sent qu'on ne va pas y être malheureux !

[25/11 - 4/12]

Mancora est située sur la côte nord-ouest péruvienne. C'est un endroit où le courant côtier Pacifique est chaud. La petite ville fait partie des spots convoités par les touristes tant locaux qu'internationaux puisque son climat est très doux, l'eau tiède, les vagues permettent d'apprendre à surfer en douceur... C'est donc devenu une véritable station balnéaire, où la fête bat son plein. Nous avons choisi cette destination plutôt qu'un petit village côtier plus calme aux alentours puisque nous devons y retrouver nos copines Brésiliennes (celles avec qui on avait fait le volontariat à Yotala en Bolivie).

Nous trouvons donc un premier hébergement dans le centre ville mais on n'y passera que deux nuits avant de changer pour un 2ème cette fois-ci à l'écart de la folie du centre ville : peu importe le jour de la semaine, la fête bat son plein et la petite ville ressemble davantage à un village de paillotes (donc on vous laisse imaginer l'isolation...) pris d'assaut par des boîtes de nuit pour touristes.

Notre 2ème hébergement c'est un petit camping super chouette, à 5min de la plage. Autant vous dire que là, le mode vacances est activé ! Fruits à gogo, doigts de pied en éventail dans les hamacs pour la sieste post plage... On en rêvait !

Le reste de notre semaine est simple : on retrouve nos copines tous les jours à la plage, on a rencontré un petit groupe de français vivant là qui nous invite à des barbucs chez eux ou à des apéros sur la plage, on va manger au marché et acheter tous les fruits exotiques possibles et inimaginables, on traîne dans les hamacs tout en papotant avec nos charmants voisins de tente, on se baigne une à deux fois par jour tout en jouant dans les vagues gigantesques (voyez par vous-même comment elles engloutissent Clément) aux côtés des pélicans pêcheurs, on va rendre visite aux iguanes en liberté dans le centre ville... C'est tout chaud, tout doux, et ça nous va très très bien comme programme !

On resterait bien les pieds dans le sable pour les mois à venir, l'été pour de vrai de vrai nous avait manqué. Mais le temps file et vient le moment de passer en Equateur, où d'autres aventures nous attendent.

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{Petit aparté au goût amer et pas des moindres : pendant notre séjour, sachant que nous étions hébergés à la limite de la ville, un matin en se réveillant, on voit un gigantesque nuage de fumée un peu plus loin. On demande au proprio ce qu'il se passe et il nous explique : la veille au soir, une centaine de policiers a débarqué sur des terrains à la sortie de la ville pour déloger et brûler les habitats informels qui s'y trouvaient... Ces feux ont duré des jours durant et les gens ont tout perdu. Ces gens payaient des loyers aux propriétaires des terrains mais ces terrains n'étaient pas sensés être des terrains avec habitation et probablement gérés par une mafia... Bref on vous laisse imaginer l'injustice de la chose ! Qu'on habite Rennes, Paris, Calais ou Mancora, l'injustice sociale dépasse les frontières et a partout dans le monde, ce même goût amer...}

Prochaine destination : Cuenca, en Equateur.