[24/09 - 29/09]
Après un mois et demi de sédentarisation, nous voilà de retour sur les routes pour une vie plus nomade. On se rend donc dans la petite ville de Cabanaconde, point de départ des randonnées partant pour le Canyon del Colca. Ce canyon est l'un des plus profonds du monde (eh oui, pas moins de 3400 m de profondeur !). Pour le visiter, il y a différentes possibilités, allant du trek de plusieurs jours à quasiment celui d'une journée....donc autant vous dire que c'est très touristique, et notamment car certains endroits proposent de belles piscines dans un environnement atypique.
Étant donné que nous avons le temps, nous avons décidé de sortir des sentiers les plus empruntés et donc de partir pour une boucle de 5 jours dans le canyon, soit environ 45km. Le départ se fait à Cabanaconde, qui se situe à 3300m d'altitude, et descend jusqu'à Sangalle, fond de l'oasis qui se situe à 2100m d'altitude.
JOUR 1 : Cabanaconde - Llahuar
Distance : 13 km
Dénivelé négatif: 1100 m
Récompense : bains thermaux à l'arrivée
On se met en route à 7h, pour une descente bien plus sportive que ce que l'on s'était imaginé ! Et pour cause : nous sommes au soleil quasiment du début à la fin, plusieurs heures d'affilé... Aïe aïe aïe on a bien chaud ! Mais heureusement le paysage est magnifique et on descend vraiment, seuls au monde, à flanc de montagne direction la vallée.
Une fois arrivés en bas, on finit par trouver de l'ombre et on s'accorde une petite pause, tout en admirant le petit geyser d'à côté !
On doit encore pousser quelques kilomètres pour finalement arriver à Llahuar, notre destination. Llahuar c'est un petit hameau où vivent 2 familles qui détiennent chacune un hébergement/restaurant pour accueillir les touristes. Comme nous le découvrirons petit à petit, le Pérou étant un pays où l'argent et le tourisme rendent les gens quelque peu impitoyables, ces 2 familles qui jusqu'alors s'entraidaient se font aujourd'hui la guerre, et alors que l'une interdit aujourd'hui l'accès aux piscines thermales à l'autre, l'autre lui a coupé l'accès à l'eau propre... Bienvenue ! On décide donc de partager notre argent : on dormira chez celui qui a l'accès aux sources thermales et on dînera chez celle qui a l'eau propre...
Parce que quand même après une rando finalement difficile, on est bien contents de profiter de ces eaux thermales qu'on n'a rien que pour nous !
JOUR 2 : Llahuar - Fure - Chutes de Huaruro
Distance : 10 km
Dénivelé positif : 700 m
Récompense : une nouvelle rencontre (et une cascade)
Pour ce 2ème jour, départ de bonne heure puisque cette fois, on veut profiter des quelques heures de fraîcheur de l'aube. On est les seuls à partir dans ce sens là, alors que tous les autres rebroussent chemin à la queue leu leu (on aimerait pas être à leur place : à savoir remonter ce chemin affreux en plein soleil ! Avec plus de 1000m de dénivelé positif ! cf ci-dessous, photo n°1). Alors qu'on cherche des bâtons de marche dans les tas de bambous entassés sur le bord du chemin, on se fait tout de même dépasser par deux Québécoises qu'on retrouvera l'après-midi une fois arrivés à Fure.
La route est magnifique et cette fois-ci on trouve régulièrement des accès à la rivière pour recharger notre gourde et des coins ombragés pour savourer des pauses "fraicheur". Tout au long de la route, on longe la rivière, on aperçoit des petits villages (qui ne trouvent pas meilleur idée que de faire leur lieu de décharge à ciel ouvert à quelques mètres de la rivière et de leur retenue d'eau...... !!
Après une dernière heure et demie très difficile, on finit par arriver à Fure à l'heure du déjeuner. Ouf ! On fait la rencontre des habitants, des québécoises, de l'élevage de cuyes (vous savez les cochons-d'inde qu'ils adorent rôtir à la broche !), et des ouvriers qui travaillent à l'installation d'une conduite d'eau pour alimenter les communautés du canyon en eau propre (et tout ça financé par....l'entreprise qui gère la mine dans les hauteurs du canyon..!!! Philanthropes ou profiteurs ? Les 2 mon capitaine ?). Ça en fait du monde dans ce bout du monde ! Et après une pause bien méritée, on se motive pour pousser le chemin un peu plus loin afin d'aller admirer la Chute de Huaruro avant la tombée de la nuit (qui est tôt dans le canyon : le soleil disparaît à partir de 16h).
JOUR 3 : Fure - Cosñirhua
Distance : 11 km
Dénivelé négatif : 260 m
Récompense : retrouvailles après 4 mois
Petit déjeuner matinal en compagnie de Valérie et Émilie (les québécoises) puis on se met en route direction Nuevo Belen, notre point de séparation. Sur la route, on longe les travaux (et oui sur un sentier d'1m50 de large, il faut imaginer que la moitié côté paroi est creusée en tranchée d'environ 1m60 de profondeur, dans laquelle travaillent de nombreux hommes en jaune - il faut savoir qu'ils sont 700 à travailler sur la construction de cette conduite sur une trentaine de kilomètres) et autant vous dire que c'est une expérience : à notre passage, tout le monde s'arrête de travailler, se met en ligne et ricane avec les copains ! On a même le droit à quelques petits sifflements et réflexions... On est bien loin des luttes féministes, et malheureusement on avance sans trop broncher (on se permet quelques petites réflexions mais ils rigolent de plus belle alors on se dit que c'est pas le meilleur moment, ni endroit pour livrer ce combat...). Arrivés à Nuevo Belen où les filles vont attendre un petit bus qui les ramènera à Cabanaconde, ce même bus passe juste quand on arrive dans le sens inverse direction Cosñirhua. On ne réfléchit pas trop et on se met au milieu de la "route" pour l'arrêter et ni une ni deux nous voilà tous les 2 à son bord. A Cosñirhua, nous avons rendez-vous avec Rémi, Coline (des copains rencontrés à Sucre en Bolivie) et Lise, une de leurs amies en visite.
A notre grande surprise, tous les hébergements sont plein (eh oui, il faut loger 700 hommes quand même !), et nous faisons donc des allers-retour entre les 2 villages voisins, frappant à toutes les portes pour trouver 5 matelas... On finit par trouver un endroit où l'on pourra se serrer et l'on se pose tranquillement pour attendre les copains. On vit la journée au rythme des habitants et c'est très très très calme. Mais la vue est magnifique et on est vraiment, encore une fois, en plein cœur du canyon !
Alors que la lumière décroit, on finit par ne plus y croire et finalement, finissent par apparaître 3 petites têtes dont 2 que l'on connait bien ! Très contents de ces retrouvailles, avec des milliers d'histoires à se raconter (c'est long 4 mois !), on papote autour d'un repas avant de se forcer à s'arrêter pour ne pas se coucher trop tard. Il faut savoir que le repas se passe dehors, sous un abris de fortune, accompagnés de la famille des propriétaires et des ouvriers, et tout cela en regardant un gigantesque écran plat diffusant une émission de télé-réalité... scène indescriptible et incroyable quand on prend du recul et qu'on imagine où l'on est !
JOUR 4 : Cosñirhua - Sangalle
Distance : 4,5 km
Dénivelé négatifs : 450 m
Récompense : après-midi seuls au bord de la piscine
Aujourd'hui c'est une petite étape mais heureusement car les mollets se font sentir ! On prend donc la direction de l'Oasis de Sangalle, lieu très prisé des touristes. Et malgré tout, on comprend pourquoi : un oasis perdu au milieu de ce canyon ! C'est magnifique !
Étant donné qu'il est tôt, nous sommes tout seuls et après s'être fait envoyer balader par la gérante d'un des hostels (eh oui, bienvenue au Pérou où même la plus petite pause à l'ombre se monnaye...!!!), on atterrit dans un autre endroit où la piscine n'attendait que nous ! Après une bonne baignade et un pique-nique aux saveurs de la France (eh oui, la copine en vacances pour 3 semaines a apporté du comté et de la tome !!!! Mamamiaaa), les copains décident de remonter direction Cabanaconde vers 15h30, pour s'éviter le soleil dans cette montée redoutable (il faut remonter tout le canyon car nous sommes à son point le plus bas !). Nous décidons de dormir sur place et de garder ce dernier gros effort pour le lendemain.
JOUR 5 : Sangalle - Cabanaconde
Distance : 5,5 km
Dénivelé positif : 1050 m
Récompense : on a réussi !!!!!
On se lève plus tard que prévu, mais pour nous c'est déjà un exploit : on se met en route à 5h30. Au moins, on a évité tous les groupes étant avec des agences et on démarre quasiment tous seuls cette montée vertigineuse. Un pied devant l'autre, sans réfléchir, et ce pendant 2h30. C'est une sacrée montée et on essaie de ne pas trop lever la tête pour ne pas voir tout le chemin qu'il nous reste à parcourir.
Finalement, on arrive en haut et on n'est pas peu fiers car on a mis beaucoup moins de temps que prévu (c'est qu'on commencerait à être de vrais sportifs ?). Et surtout, on est à l'heure pour prendre le même bus que les copains direction les bains thermaux de Chivay, puis Arequipa et enfin Cusco.
Après avoir barboté une partie de l'après-midi dans ces bains thermaux, les seuls blancs-becs au milieu de Péruviens (c'est le week-end et comme un peu partout au Pérou, les locaux ont un tarif préférentiel - ce qu'on trouve très bien- mais qui est démesurément moins cher que le tarif touriste - ce qu'on trouve vraiment moins bien), on prend tous les 5 un bus de nuit direction Cusco.