[19/02 - 26/02]
Alors...où en étions-nous ?
Ah oui ! Dans le bus direction Chaitén. Alors comme nous le disions, ce bus étant plein à craquer, nous avons eu la chance d'être assis, mais pas à côté (l'un derrière l'autre). Au bout d'un moment, un des chiliens debout nous tend un jeu de cartes et se met à faire des tours de magie, qui font leur effet et attisent la curiosité de tous. Au bout d'un moment, la voisine d'Océane (sur laquelle elle avait déjà "louché" puisqu'elle jouait sur son portable à un jeu avec une mappemonde style "Quelle est la capitale de....") se met à commenter les tours, en français. Comme c'est (malheureusement) le plus évident , la conversation s'engage rapidement, au format le plus classique "Salut. En vacances ? Tu fais quoi dans la vie ?". Mais au lieu de s'arrêter là (comme cela arrive parfois !), il s'avère que Sophie travaille à Handicap International, qu'elle revient d'une mission de 5ans en Iraq et débat donc avec Océane sur le milieu de l'aide internationale aujourd'hui, la vie d'expat, les problématiques liées à l'urgence.... Pendant ce temps, Clément essaie de débattre tant bien que mal sur les sujets de l'écologie et de la lutte en France (avec pour exemple international du moment : los chalecos amarillos - gilets jaunes). L'heure de descendre du bus arrive, on dit au revoir au groupe de chiliens et on s'assoit pour profiter de la wifi gratuite à ce coin de rue avec Sophie (et tout plein d'autres voyageurs attroupés en grosse masse - attroupement qui permet aux nouveaux arrivants de savoir directement où obtenir de la "free wifi"). Après quelques minutes de pérégrinations online, Sophie va déposer ses affaires dans son airbnb et nous propose de venir poser nos affaires dans sa chambre (elle a réservé un airbnb dans un hostel du centre de Chaitén, à 2 pas de notre ancien camping). Et notre entente ne s'arrête pas là puisqu'on décide de manger ensemble puis d'aller faire un tour à la soirée musique organisée par la ville. Après une pizza et de nombreuses tranches de vie partagées, on se sépare quelques heures puisque nous devons trouver un lieu pour dormir. Clément penche pour aller dormir DANS la prison abandonnée (celle visitée quelques lignes plus haut), et Océane plutôt à l'EXTERIEUR de celle-ci. Sur le chemin direction la prison, on rencontre le groupe de chiliens du bus, et pour cause, eux-même cherchant un refuge pour la nuit, Clément dans le bus leur a fait la publicité de la prison. C'est donc tous ensemble qu'on franchit de nouveau les murs de la prison abandonnée, et qu'on élit domicile dans une des cours intérieures, où l'herbe est encore aplatie par les derniers occupants et les restes de feux de camp. On monte donc nos tentes, une équipe part chercher du bois pour allumer un feu (pour faire sécher les affaires des chiliens mouillées par la pluie de la nuit dernière mais aussi pour faire fuir les moustiques), d'autres partent faire des petites courses. Océane part chercher Sophie pour l'inviter, plutôt qu'à la soirée de Chaitén qui ressemble plus à une kermesse de pueblo qu'à une soirée musique live, à une soirée feu de camp dans une prison abandonnée. Nos amis chiliens sont bien équipés et on passe ainsi la soirée à faire cuire des petites galettes fait-main sur la fogatta au beau milieu d'une prison abandonnée, puis à les déguster avec de la confiture et nos arándanos ramassés dans le parc Pumalin, une bière à la main.
Le réveil du lendemain matin est quelque peu difficile, on a papoté une grande partie de la nuit et le rendez-vous à la Naviera Autral pour aller prendre le bateau est à 9h. On plie bagage donc en laissant nos compagnons et notre refuge original d'une nuit, puis on monte à bord du bateau direction Chiloé.
L'île de Chiloé est l'une des 3 îles chiliennes les plus connues (après l'île de Paques et l'île Mas a tierra de Robinson Crusoé). C'est en réalité, un archipel composé par environ 30 petites îles. L'archipel est un territoire très spécial, particulier pour le reste du pays : chargée d'une histoire et d'une identité (culture) très fortes. Une de ses particularités est son architecture : on peut trouver aujourd'hui quelques 70 églises construites tout en bois. L'autre est sa gastronomie puisqu'on peut trouver de nombreuses spécialités locales : il y a par exemple plus d'une centaine de sortes de pommes de terre produites sur l'île, l'ail chilote fait la taille d'un gros poing fermé et est plus doux, les fruits de mer et les poissons sont nombreux...
Voilà 4heures de traversée où on récupère de notre nuit (on a eu très très froid !! Mea culpa auprès de toutes les personnes qui nous avaient conseillé de ne pas partir avec notre duvet décathlon qui ne convient qu'aux températures supérieures à 15 degrés..... !!), on joue aux cartes, on regarde le film diffusé, on grignote... A notre arrivée à Quellón (sud de l'île de Chiloé), il faut dire que nos plans sont plutôt incertains. On se dirige donc vers la Free Wifi indiquée sur IOverlander (super application) pour essayer de trouver un camping pour dormir. On en profite pour contacter Luis, un copain chilien de la sœur d'Océane avec qui nous sommes en contact depuis plusieurs jours et qui est en vacances dans sa famille à Castro (Capitale de l'île). Il nous conseille de ne pas rester à Quellón qui est une ville portuaire sans grand intérêt (excepté le fait que d'après ce qu'on dit c'est là que commence/se termine la Panaméricaine, cette fameuse route qui relie Prudohe Bay en Alaska à Quellón, au Chili, ou dans l'autre sens, c'est vous qui choisissez - pour information, d'autres disent qu'elle descend jusqu'à Ushuaïa), mais d'aller plutôt dans le coin de Cucao ou de Chonchi, petits villages un peu plus au nord. L'île de Chiloé est quelque peu indépendante du reste du pays et bénéficie d'un réseau de transports en commun beaucoup plus développé et subventionné. Ainsi, pour notre plus grand repos, c'est le début de divers trajets en bus. Qu'est-ce que c'est chouette le stop, mais pouvoir roupiller la bouche ouverte et les fesses assises confortablement sur un siège de bus...ça n'a pas de prix !!! On décide donc de sauter dans le premier bus direction Cucao. Celui-ci n'allant pas au village même mais plus vers le Nord, notre repos n'est que de courte durée et on saute du bus à l'intersection qui nous emmènera à Cucao. De courte durée donc puisqu'en attendant le prochain bus, nous tendons le pouce et sommes pris en 2minutes. Nous voilà donc à monter à bord d'une voiture, mais pas n'importe laquelle : une voiture tuning (avec les phares violets, le klaxon qui fait un bruit de sifflement, les basses bien présentes dans le coffre pour la musique...) ! C'est une famille (composée par les occupants de notre voiture + ceux d'une 2ème voiture, normale celle-ci) qui se rend pour l'après-midi à Cucao, notamment pour aller voir la Muelle de las Almas (dont nous n'avons bien sûr aucune idée de ce que ça peut être !). Sur la route il y a des travaux et la famille achète aux vendeurs ambulants de quoi grignoter, et c'est ainsi qu'on goutera notre premier Milcao, grande spécialité chilienne (galette frite, de patates cuites, patates crues et viande... On n'en raffole pas mais, c'est bon !). Au lieu de nous déposer dans le "centre" de Cucao (qui n'en est pas vraiment un puisque le village est plutôt un couloir séparé en deux parties par une rivière), ils nous emmènent avec eux, quelques kilomètres de ripio plus loin, à la Muelle de las Almas (le Pont des âmes). C'est le truc attractif de Cucao : une heure de balade en forêt qui mène a une passerelle en bois. Depuis cette passerelle, les habitants de Chiloé disent qu'on peut entendre les lamentations d'âmes en peine qui déambulent dans cette zone, coincées dans ce monde sans pouvoir atteindre celui du repos éternel (et même que si on les entend, il ne faut pas essayer de leur répondre sous peine d'être frappé par la mort dans l'année). C'est sûrement très joli, mais nous sommes malheureusement restés coincés au début de la balade à cause du mauvais temps. Pour nous, la Muelle de las Almas ressemble donc plutôt à la photo de gauche (petite photo de famille pour le souvenir) qu'à celle de droite... :
Après ce petit raté, ils décident donc d'aller à l'autre bout du village, donc on reprend la route en ripio où on roule à 2 km/h avec la voiture tunée, direction la plage de Palihue. Après avoir traversé le village dans l'autre sens, passé un pont aux allures de bateau, on arrive sur une vaste, très vaste plage, sur laquelle les voitures peuvent même rouler. Il pleut, il fait froid mais on prend le temps de gratter le sol pour ramasser des almejas (palourdes) qui finiront emportées par la mer pendant la séance photo familiale.
Il fait nuit et on ne sait toujours pas où on va dormir, il fait froid et la famille, quoi que concernée par notre sort, finit par nous laisser dans le centre du village. Fatigués, très rafraichis, on joue l'efficacité et on se sépare : Océane part chercher des empanadas pour le repas du soir et Clément un hostel. Dans un petit boui-boui où ils vendent des empanadas, Océane fait la connaissance d'Ignacio et Valentina, un couple de jeunes originaires de Santiago qui lui donnent l'adresse de l'hospedaje (chambres d'hôte) dans lequel ils sont pour la nuit. Clément les rejoint et après un petit repas et des échanges sympathiques, on se dirige tous les 4 vers l'hospedaje. On passe une nuit au chaud (et on en profite pour faire sécher notre tente), un petit déjeuner animé par des débats avec notre hôte et Valentina et Ignacio, puis une douche chaude, on part se balader. On visite le village et ses édifices architecturaux Chilote. Puis, en cherchant un accès aux dunes donnant sur la plage (et peut-être en enjambant et traversant quelques barrières de champs....) on atterri dans le parc national de Cucao. Celui-ci permet de se promener entre forêts d'arbres natifs, dunes de sable et lagunes.
On repart le lendemain midi en tendant le pouce, direction Castro. On attend 10minutes et une famille s'arrête. Nous voilà à bord du coffre de leur 4x4. La femme prête même son écharpe à Océane pour protéger ses oreilles du vent. Et nous arrivons sans problème à Castro, où ils nous déposent avant de continuer leur long trajet jusqu'à Concepción (soit 869 km plus au nord).
En arrivant à Castro, on est toujours aussi organisés, et ne sachant pas où nous allons passer la nuit, nous décidons d'aller sur la Plaza de Armas où l'on peut trouver une wifi gratuite. On geek au moins une heure, on reprend contact avec Luis (l'ami chilien de la sœur d'Océane) qui nous donne rendez-vous pour une bière en fin d'après-midi. On reste donc sur la place à regarder les artistes de rues et pour être honnêtes, à profiter de la wifi. On va tout de même visiter la magnifique église de la place, emblème des églises de Chiloé : colorée à l'extérieur et tout en bois à l'intérieur. Puis on va retrouver Luis et son fils, sa grand-mère et un ami et sa fille. Luis nous emmène découvrir un mirador de la ville puis on va se poser pour boire une bière et partager une glace et des tortas.
Lorsqu'on se quitte en se donnant rendez-vous 2 jours plus tard pour aller à une feria de nourriture ensemble, il fait nuit et pour changer, nous ne savons toujours pas où nous allons passer la nuit. On appelle plusieurs campings qui n'ont plus de place et on décide d'aller faire la tournée des hostels pour trouver un endroit qui voudra bien de nous. On finit par trouver un petit hospedaje qu'on négocie pour 2 nuits. On est comme des petits fous : on a le droit à une chambre avec un lit double (ou "matrimonial" comme ils disent ici), une télé, une wifi super rapide... ! On en profite pour rattraper notre retard sur les nouvelles de la France, pour regarder un film ou deux...
Le lendemain, on part à la découverte des ruelles de Castro sous le soleil (eh oui il nous manquait depuis quelques jours !), puis on décide d'aller à Achao, une petite ville sur une l'île de Quinchao, conseillée par Luis. Très typique avec sa feria, son église en bois et ses chiens errants.
Le samedi (23 février pour se re-situer), on range nos affaires puis on va au rendez-vous qu'on s'est donné avec Luis à la grande feria de producteurs. Ce jour elle est particulière puisque pleins de producteurs locaux viennent vendre leurs produits. Un paradis pour Clément ! Luis nous invite à manger chez sa grand-mère et son oncle le midi, alors on achète plein de légumes, des fruits de mer... et en taxi, on se rend tous chez eux. On est accueillis comme des rois par la mamie et l'oncle, qui sont aussi ravis que nous d'avoir du monde chez eux. On cuisine tous ensemble et on se met à table pour un véritable festin !
Moment très chaleureux ! On les quitte avec regret mais on veut aller se promener encore un petit peu dans Castro avant de prendre le dernier bus pour Ancud. On attrape un colectivo et on va visiter le musée municipal (qui explique toute l'histoire de Chiloé), la feria artisanale et on retourne prendre nos sacs avant de monter à bord du bus.
A l'arrivée à Ancud, il fait déjà nuit alors on saute dans un colectivo direction le camping Bella Vista où on s'installe pour la nuit. Et quelle vue !
Le lendemain matin après la pluie, le soleil est de sortie. On se fait une grande balade vers le centre-ville, en passant par la grande plage Arena Gruesa, le fort de la ville, les bords de mer... Puis on arrive dans la ville qui nous paraît être quelque peu en pause (est-ce parce qu'on est dimanche ?). On décide d'aller goûter des spécialités (et des spécialités il y en a sur l'île !) dans un petit boui-boui du centre. On veut tout goûter alors on se fait plaisir : on commande des almejas a la parmesana (palourdes chaudes au parmesan), une paela marina (une soupe aux fruits de mer), un curanto (plat qui ressemble à une choucroute terre-mer) et du saumon grillé. On est contents mais lorsqu'il s'agit de manger...un peu moins : ce n'est pas un succès (hormis le curanto).
Après ce bouiboui certainement un peu trop barrato (cheap, pas cher) , on continue notre visite de la ville, en passant par la feria artisanale. On y rencontre Domingo ("dimanche"), petit monsieur adepte des langues et de la culture générale. Il nous parle en français et on reste avec lui débattre sur le monde d'aujourd'hui et sur l'histoire pendant une heure, avant d'aller assister au petit festival de musique sur le bord de mer.
On a froid alors on va boire une bière locale dans un bar qui est sur le chemin du retour au camping, puis on rentre se coucher dans notre tente.
Malheureusement, le calme n'est que de courte durée puisqu'Océane va être malade toute la nuit...et les 2 jours suivants ! Le lendemain ça sera donc dodo, dodo et dodo, Clément lui va tout de même acheter du coca, du riz et des bananes. Un voisin donne 20 gouttes d'huile de plantes à Océane pour guérir son estomac... Qu'ils sont gentils ces chiliens !
On aura donc passé 3 nuits dans ce camping, qui heureusement a une vue magnifique et une table à chaque emplacement, ce qui permet à Océane d'avoir toute la place nécessaire dans la tente et Clément de réparer son matelas (qui est percé depuis plusieurs nuits), de bricoler, de laver du linge... On repart le mardi 26 au soir, direction Puerto Montt. Il n'y a plus de places dans les bus (eh oui, c'est la fin des vacances pour les chiliens, alors tout le monde rentre !) donc on doit attendre 3h dans le terminal avant d'enfin monter dans un bus. Pendant le trajet, on décide de ne pas s'arrêter à Puerto Montt (qui est souvent désignée comme une ville de passage) et d'aller directement à Puerto Varas. Et on attrape de justesse le dernier bus pour passer la nuit à Puerto Varas, où on trouve rapidement un hostel, le Pistacho.
Bonne nuit !