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Pour la dernière partie de notre voyage SurLesCheminsDeLaPanaméricaine, initié fin 2018 au Chili, nous troquons nos sacs à dos contre un mini-van pour parcourir les grands espaces des USA et du Canada
Du 21 décembre 2022 au 15 juillet 2023
207 jours
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Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Anaheim [Soundcloud]

[ 21 décembre 2022 – 29 janvier 2023 ]

Notre premier mois au États-Unis on le passe dans la banlieue sud de Los Angeles, dans la ville d’Anaheim. On est hébergés par un couple de couchsurfeurs américains, Michelle et Andy, qui ont transformé leur maison en véritable auberge de jeunesse pour accueillir les voyageurs. Pendant notre séjour, on passe notre temps avec des Américains bien sûr, mais aussi des gens du monde entier : Indiens, Turcs, Biélorusses, Israéliens... Et ça nous a permis de fêter un Noël haut en couleurs, avec le 24 au soir, un repas avec des plats du monde entier, et le 25 au matin, la traditionnelle ouverture des chaussettes de Noël, suivie d’un repas typique américain. On se sent super chanceux d'avoir rencontré ces personnes qui nous permettent une transition plus douce dans la culture américaine. Plus douce plus douce…. on vous laisse admirer le sens du minimalisme des voisins en cette période de fêtes…

En plus de beaucoup manger et de beaucoup jouer, on se lance dans la recherche d'une voiture pour notre futur projet. On essaie d'aller se balader dans les alentours, comme on l'a toujours fait dans notre voyage mais on réalise très rapidement qu'on est dans une toute nouvelle réalité : celle du "tout voiture" (La voiture ayant été inventée en Californie, Los Angeles est certainement la ville emblématique des USA conçue spécifiquement à travers le regard d'un automobiliste et pour les automobilistes !). Les villes des Etats-Unis sont composées de gigantesques lignes droites où il n'est laissé que très peu de place aux piétons et les transports en commun laissent à désirer. On se retrouve à marcher le long de grands axes routiers et c'est tout sauf agréable. On réalise même que les SDF ici, sont tous munis d'un vélo pour pouvoir se déplacer. Alors qu'en voiture le centre-ville de Los Angeles est à 40min, en transport en commun, on peut y être en 4h. Alors après quelques jours on trouve enfin une super opportunité pour acheter une voiture, et on se lance dans la foulée dans sa transformation en une petite maison sur roues. Nous sommes très chanceux car Michelle et Andy nous proposent de rester chez eux le temps de faire les travaux car ils disposent plus ou moins des outils nécessaires et qu'une tempête arrive sur la Californie. On passe donc 2 semaines et demi à visiter tous les magasins de bricolage du coin pour acheter le matériel (merci les USA de n'avoir AUCUNE mesure identique au reste du monde : inch, once, pound, mile.... on vous laisse nous imaginer dans les rayons avec notre mètre à essayer d'y comprendre quelque chose !), à parcourir les sites internet cousins américains de LeBonCoin et les magasins de seconde main ; à mesurer, découper, plier, percer, visser, coller, scotcher, remesurer, dévisser, redécouper, reposer, faire les finitions de l'intérieur de cette voiture et ce, avec les moyens du bord :

Et chaque soir on partage un repas et un jeu de société avec toute la petite communauté internationale qui est hébergée à plus ou moins long terme chez Michelle et Andy. Les week-ends, on en profite pour sortir ensemble et visiter un peu les alentours : on est allés mettre nos pieds dans l'océan Pacifique sur la plage d'Huntington beach ; on est allés visiter le musée d'art contemporain d'Orange County ; on a randonné jusqu'au fameux panneau Hollywood ; après être passés par le Disneyland local, on est allés manger dans une ancienne usine réaménagée en tiers-lieu ; on a célébré le nouvel an Chinois dans un Têt festival ; on a participé à un anniversaire qui était le cliché parfait des fêtes de jeunes Américains représentées dans les films ; on a randonné dans le Black Star Canyon ; on a fêté le nouvel an en toute simplicité... On en profite pour faire le plein de copaines et de jeux !

Tout ce temps de vie partagé nous permet aussi de réaliser que la culture américaine est extrême sur plein d'aspects (même si on ne peut pas généraliser à tous les Américain.e.s mais à tous ceux qu'on a côtoyés) : ils consomment énormément et donc travaillent beaucoup pour pouvoir suivre leur rythme de consommation, ce qui fait qu'ils n'ont pas beaucoup de temps et qu'ils vivent donc dans une société de service, c'est à dire qu'on te propose de faire beaucoup de chose à ta place moyennant un pourboire ; ils n'ont qu'une minuscule connaissance sur l'écologie (par exemple dans la maison, ils mangeaient quotidiennement dans des assiettes en cartons avec couverts et verres en plastique... car ça évite de faire la vaisselle ; très peu de recyclage ; dans les magasins on retrouve des fruits et légumes pré-coupés voire épluchés, des oeufs durs écaillés sous vide, des boîtes de snaking tout en 1 : houmous + bâtonnets de saucisson et de fromage + mini couverts dans le même emballage ; il y a un système de "drive" pour quasiment tous les commerces : banques/pharmacie/restaurants/mini-market...). On s'adapte petit à petit mais on est un peu en colère de voir un pays si riche et "développé" qui est si en retard sur la question écologique mais aussi sur les questions sociales (on est réellement abasourdis par le nombre de personnes à la rue, mais encore davantage par les personnes ayant des problèmes de santé mentale qui sont livrées à elles-mêmes ; on hallucine du prix de n'importe quel rendez-vous médical (comptez minimum 100€) ; on est surpris de rencontrer des jeunes Américain.e.s qui n'ont pas pu faire d'études car ça coûte beaucoup trop cher...). C'est édifiant d'être dans le pays de "l'American dream" et de voir la précarité et l'individualisme créés par ce système. On est passés par beaucoup de pays qu'on savait déjà pauvres et ayant du retard dans l'accès aux droits, mais on n'avait pas pris la mesure du choc qu'on allait avoir en creusant un tout petit peu quelques sujets en arrivant aux Etats-Unis. La liberté ici a deux facettes et on trouve important de dépeindre aussi celle qui dérange.

Et finalement, après un travail acharné, nous voilà enfin prêts à prendre la route avec notre nouvelle maison sur roues :

Alors on prend la route en direction de notre 1er Parc National Américain : Joshua Tree.

[ 29 janvier – 3 février 2023 ]

Les États-Unis comprennent 63 parcs nationaux, qui sont des parcs établis par le Congrès des États-Unis afin de "conserver les paysages et les objets naturels et historiques et la vie sauvage qui s'y trouvent, ainsi que de permettre d'en profiter d'une manière qui les préserve dans le même état pour les générations futures". Celui de Joshua Tree se trouve à l'est de la Californie et se situe dans une zone désertique. Il s'étend sur 3 199 km² (Plus grand que le Luxembourg qui fait 2586 km²) et malgré son climat aride, est composé par des paysages très variés. Pour nous c'est une grande première et on est super excités d'aller tester notre aménagement. Les parcs sont aménagés pour qu'on puisse y dormir dans des endroits bien spécifiques (soit en camping, soit en hébergements en dur pour certains). Dans le parc, on se déplace en voiture et tout est très accessible : chaque balade/trek dispose de son parking, de ses toilettes, de ses nombreux panneaux indicatifs, et même de ses aménagements pour fauteuils roulants... bref, il y en a pour tous les goûts (on en rigole un peu car on trouve ça très américain comme façon de faire mais en même temps les parcs sont gigantesques alors...). On décide donc de piocher à droite à gauche entre rando, balade et point de vue pour en profiter un maximum. On passe notre temps au soleil, au milieu des cailloux et c'est vraiment très beau !

Le parc s'appelle Joshua Tree/ Arbre de Josué puisqu'il y a une espèce d'arbres, originaire du désert de Mojave, dénommée les Joshua Trees qui peuplaient tout le parc il y a de ça 10millions d'années (leur nom vient des colons qui trouvaient que ces arbres leur rappelaient la forme biblique de Joshua). Après un changement climatique ils ont disparu de la quasi totalité du parc, à l'exception d'une vallée. Aujourd'hui, on les retrouve plus au Nord dans un climat un peu moins aride (eh oui, les arbres aussi migrent).

Les nuits sont un peu plus fraiches mais on observe le ciel libre de toute pollution lumineuse, et on profite de la vie en van pour admirer les levers de soleil depuis notre lit.

En quittant le parc de Joshua Tree, après avoir fait un détour par le Visitor center pour tamponner notre carnet avec le sceau du parc et acheté un sticker (eh oui, on joue le jeu à fond !), puis un 2ème pour admirer les cactus Cholla dans l'oasis présent dans le sud du parc (un oasis dans un désert, oui oui !), on passe une nuit sur un BLM (c'est un gigantesque terrain détenu par l’État où chacun peut venir passer jusqu'à 14 nuits gratuitement - on en a vu certain.e.s qui y vivent depuis un peu plus longtemps à notre avis, avec leurs caravanes géantes !).

Puis on prend la direction du Sud, pour aller découvrir le lac de Salton Sea, un lac salé en plein milieu du désert et qui se situe à 80m en dessous du niveau de la mer. Ce lac salé s'est formé en 1891 lorsque la rivière Colorado a connu une crue importante puis lors d'un 2ème épisode lorsqu'un barrage se rompt, créant alors une grande retenue d'eau salée. C'est incroyable ! Et on n'est pas les seuls à le penser puisque dans les années 1950, les investissements ont été importants pour tirer profit de ce "miracle naturel" : agricoles d'abord, mais aussi touristiques (hôtels, plages, restaurants, golf, sports nautiques...).

On s'arrête dans un de ces lieux et au premier abord, on ne sait pas trop quoi en penser. En effet; depuis que ce lieu à été découvert, l'eau s'évapore petit à petit et les grandes cultures environnantes qui ont pollué l'air et l'eau, transforment ce paradis en enfer. Ainsi, les bords du lacs sont peu à peu abandonnées et la vallée entière est menacée écologiquement, figeant ces villages dans le temps (et la pauvreté). On s'arrête à Bombay Beach. C'est un petit village d'environ 230 habitants, aux rues tracées toutes droites à l'américaine, où les maisons ressemblent davantage à des mobilhomes, et entre 2 de celles-ci on trouve une installation artistique réalisée avec des déchets et matériaux de récup, ou d'anciennes habitations abandonnées mais graffées... Et puis on se dirige vers la plage qui longe le lac et on découvre un véritable musée à ciel ouvert : des dizaines d’œuvres et installations ont été disposées sur la plage, un art engagé qui dénonce l'Histoire passée et présente du lieu dans lequel il prend forme.

Après ces découvertes, on repart vers Los Angeles où on fait un rapide crochet par la maison de Michelle et Andy, avant de reprendre la route vers le Nord car nous avons rendez-vous avec une copine française, chez qui nous allons passer quelques jours.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Carmel Valley [Soundcloud]

[ 3 – 10 février 2023 ]

Après cette escale dans notre maison d'adoption californienne, on reprend la route vers le centre de la Californie, en passant par la côte. Ce voyage est tellement différent de tout ce qu'on a eu le chance de vivre jusqu'à présent. À chaque nouvelle étape, on se croirait plongés au cœur des films et séries qui ont bercé les différentes périodes de nos vies. Téléfilms de jeunesse, westerns, films cultes... toutes ces images de la culture américaine qu'on avait en tête depuis toujours. En prenant cette route, on passe par les studios d'Hollywood, par les plages de Santa Monica, Malibu, Santa Barbara, et on tourne la tête à la recherche de petits détails qu'on reconnaîtrait.

Et puis les paysages changent du tout au tout et on se retrouve au milieu des collines verdoyantes, à traverser des zones très agricoles.

On arrive de nuit chez notre copine Angèle et son copain américain, Ian. On passe 2 jours à papoter, manger, randonner (et on voit les dégâts des toutes récentes inondations et tempêtes qui ont touché la Californie), jouer, se balader dans les petits villages voisins...

Angèle travaille dans un vignoble californien, Tira Nanza, en agriculture biologique et à tendance biodynamique/régénérative, et on a la chance qu'elle nous emmène le visiter. Cabernet sauvignon, Merlot, Malbec, Syrah... Et on a même la chance de dormir sur le domaine, avec une vue imprenable sur les vignes aux alentours.

On continue notre visite de la région et on emprunte la fameuse "Highway 1", qui est une route qui longe une grande partie de la côte californienne et offre des points de vue spectaculaires sur l'océan Pacifique. Elle traverse notamment la région de Big Sur. Puis on continue par la découverte de la Baie de Monterey. On prend la "17 miles drive" qui est une route bordant les maisons les plus chères de Californie, et leurs terrains de golf face à la mer. Pendant notre balade on a même la chance de rencontrer certains des habitants les plus opulents...

On passe la nuit au bord de l'eau près de Monterrey, avant de visiter la petite ville de Pacific Grove et ses magnifiques maisons victoriennes.

Après ces quelques jours entre vignes, côte et copains, on reprend la route vers Los Angeles pour, enfin, aller découvrir ses rues et nombreux quartiers. Sur la route on fait tout de même la découverte d'une pépite perdue dans les montagnes où on passera la nuit, puis de Solvang, un étrange village danois perdu dans la campagne californienne.

Los Angeles nous revoilà !

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Los Angeles [Soundcloud]

[ 10 – 15 février 2023 ]

On n'a pas un itinéraire très logique mais on essaie d'aller où le vent nous mène (et c'est un peu le cas de le dire car avec l'hiver qui bat son plein, on est obligés d'être attentifs aux différentes tempêtes de vent/sable/neige/pluie qui touchent l'ouest des États Unis). Et puis il faut dire qu'après 1 mois passé dans la banlieue de Los Angeles sans avoir vraiment mis les pieds dans la ville... on était un peu restés sur notre faim. On décide donc de revenir y passer quelques jours avant de continuer notre route vers l'Est. Los Angeles c'est une ville qui abrite officiellement 4 millions d'habitants. Elle est très connue pour Hollywood, les paillettes du cinéma, mais aussi pour ses belles plages de sable blanc, ses palmiers, et parce qu'elle a accueilli 2 fois les Jeux Olympiques d'été. Ce qu'on découvre c'est que son climat attractif n'attire pas que les stars et les paillettes et que la Californie est un état dont une grosse partie de la population est sans-papiers (c'est l'un des points d'entrée d'immigrants les plus importants du pays), travaille au noir, mais aussi recueille un grand nombre de sans-abris (tant qu'à être à la rue, autant l'être sous le soleil et à la plage...), doit gérer de gigantesques problèmes de drogue causant des maladies mentales... Bref, c'est la facette de Los Angeles dont on entend peu parler mais qui pourtant est criante de vérité. Et, même si on l'a déjà un peu évoqué par ici, il est impossible de faire un article sans en reparler, d'autant plus quand on parle du centre de Los Angeles qui est fuit par les habitants car il est investit par des personnes sans-abris et/ou addicts à la drogue. On apprend à passer à côté, à continuer notre chemin (sans rester indifférent bien sûr), mais on s'informe autant qu'on peut et on réalise que voyager lentement permet de prendre conscience différemment des réalités. On se pose régulièrement la question : est-ce que c'est comme ça chez nous aussi mais qu'on adopte moins la posture d'observateurs étant donné qu'on est dans notre pays et dans notre réalité quotidienne ?

On retrouve un copain argentin rencontré quelques semaines plus tôt qui vit lui aussi dans son van sur le bord de la plage et on en profite pour visiter le fameux coin de Venice Beach. C'est un quartier très connu pour ses canaux (au début du 20ème siècle, un conservationniste est tombé amoureux de Venise et a décidé de répliquer ses canaux) bordés par des maisons plus incroyables les unes que les autres, et ses plages et "pier" (jetées animées où viennent se balader les badauds). On passe du temps à flâner et à se balader, à s'arrêter pour profiter de l'ambiance : plagistes, skateurs, danseurs sur patins à roulettes, vendeurs en tout genre... On ressent qu'ici, on peut être qui on veut, et si on a dépeint plein de côtés négatifs des USA, il faut avouer que cette liberté est réelle, et qu'il y a beaucoup moins de limites sociales imposées ici (sur l'apparence notamment).

On décide d'aller se promener dans le quartier d'Hollywood entre les villas de luxe et Hollywood boulevard. Cette rue est notamment très connue pour son "Walk of fame", les étoiles incrustées dans le trottoir en hommage aux stars du monde entier (chanteurs, acteurs, réalisateurs...). La première étoile a été mise en place le 28 mars 1960 en hommage à Stanley Kramer (réalisateur américain). Et lorsqu'on s'y balade, on voit un attroupement avec tout un tas de caméras : c'est l'inauguration d'une nouvelle étoile, celle de Jon Favreau (acteur, producteur et réalisateur américain). Discours, costumes, caméras, photos, dédicace... mais interrompus par un monsieur criant que l'argent d'Hollywood serait mieux pour aider la cause des personnes sans-abris et/ou drogaddicts qui zonent sur ce boulevard criant de disparités. Et il est vrai que face à tous ces panneaux lumineux, ces projecteurs, ces références et hommages aux stars internationalement connues, des dizaines et dizaines de personnes sont assises ou errent dans une extrême pauvreté... Réalité quand tu nous tiens !

Le lendemain, on prend le temps de se balader dans le centre-ville de Los Angeles. C'est l'occasion pour Clément de se balader pour la première fois aux pieds de ces grattes-ciel gigantesques. On visite plusieurs musées, on grimpe au dernier étage de la mairie qui offre une vue panoramique sur la ville, on va voir le quartier mexicain El Pueblo ("le village") qui est le quartier où la ville a été fondée à l'origine...

Après cette aventure citadine, on sent qu'on a eu notre dose de paillettes et on a hâte d'aller retrouver les grands espaces. On prend donc enfin la route de l'est, en direction du désert, pour aller visiter notre 2ème parc national, le parc de Death Valley/de la Vallée de la mort.