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Pour la dernière partie de notre voyage SurLesCheminsDeLaPanaméricaine, initié fin 2018 au Chili, nous troquons nos sacs à dos contre un mini-van pour parcourir les grands espaces des USA et du Canada
Décembre 2022
207 jours
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Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Anaheim [Soundcloud]

[ 21 décembre 2022 – 29 janvier 2023 ]

Notre premier mois au États-Unis on le passe dans la banlieue sud de Los Angeles, dans la ville d’Anaheim. On est hébergés par un couple de couchsurfeurs américains, Michelle et Andy, qui ont transformé leur maison en véritable auberge de jeunesse pour accueillir les voyageurs. Pendant notre séjour, on passe notre temps avec des Américains bien sûr, mais aussi des gens du monde entier : Indiens, Turcs, Biélorusses, Israéliens... Et ça nous a permis de fêter un Noël haut en couleurs, avec le 24 au soir, un repas avec des plats du monde entier, et le 25 au matin, la traditionnelle ouverture des chaussettes de Noël, suivie d’un repas typique américain. On se sent super chanceux d'avoir rencontré ces personnes qui nous permettent une transition plus douce dans la culture américaine. Plus douce plus douce…. on vous laisse admirer le sens du minimalisme des voisins en cette période de fêtes…

En plus de beaucoup manger et de beaucoup jouer, on se lance dans la recherche d'une voiture pour notre futur projet. On essaie d'aller se balader dans les alentours, comme on l'a toujours fait dans notre voyage mais on réalise très rapidement qu'on est dans une toute nouvelle réalité : celle du "tout voiture" (La voiture ayant été inventée en Californie, Los Angeles est certainement la ville emblématique des USA conçue spécifiquement à travers le regard d'un automobiliste et pour les automobilistes !). Les villes des Etats-Unis sont composées de gigantesques lignes droites où il n'est laissé que très peu de place aux piétons et les transports en commun laissent à désirer. On se retrouve à marcher le long de grands axes routiers et c'est tout sauf agréable. On réalise même que les SDF ici, sont tous munis d'un vélo pour pouvoir se déplacer. Alors qu'en voiture le centre-ville de Los Angeles est à 40min, en transport en commun, on peut y être en 4h. Alors après quelques jours on trouve enfin une super opportunité pour acheter une voiture, et on se lance dans la foulée dans sa transformation en une petite maison sur roues. Nous sommes très chanceux car Michelle et Andy nous proposent de rester chez eux le temps de faire les travaux car ils disposent plus ou moins des outils nécessaires et qu'une tempête arrive sur la Californie. On passe donc 2 semaines et demi à visiter tous les magasins de bricolage du coin pour acheter le matériel (merci les USA de n'avoir AUCUNE mesure identique au reste du monde : inch, once, pound, mile.... on vous laisse nous imaginer dans les rayons avec notre mètre à essayer d'y comprendre quelque chose !), à parcourir les sites internet cousins américains de LeBonCoin et les magasins de seconde main ; à mesurer, découper, plier, percer, visser, coller, scotcher, remesurer, dévisser, redécouper, reposer, faire les finitions de l'intérieur de cette voiture et ce, avec les moyens du bord :

Et chaque soir on partage un repas et un jeu de société avec toute la petite communauté internationale qui est hébergée à plus ou moins long terme chez Michelle et Andy. Les week-ends, on en profite pour sortir ensemble et visiter un peu les alentours : on est allés mettre nos pieds dans l'océan Pacifique sur la plage d'Huntington beach ; on est allés visiter le musée d'art contemporain d'Orange County ; on a randonné jusqu'au fameux panneau Hollywood ; après être passés par le Disneyland local, on est allés manger dans une ancienne usine réaménagée en tiers-lieu ; on a célébré le nouvel an Chinois dans un Têt festival ; on a participé à un anniversaire qui était le cliché parfait des fêtes de jeunes Américains représentées dans les films ; on a randonné dans le Black Star Canyon ; on a fêté le nouvel an en toute simplicité... On en profite pour faire le plein de copaines et de jeux !

Tout ce temps de vie partagé nous permet aussi de réaliser que la culture américaine est extrême sur plein d'aspects (même si on ne peut pas généraliser à tous les Américain.e.s mais à tous ceux qu'on a côtoyés) : ils consomment énormément et donc travaillent beaucoup pour pouvoir suivre leur rythme de consommation, ce qui fait qu'ils n'ont pas beaucoup de temps et qu'ils vivent donc dans une société de service, c'est à dire qu'on te propose de faire beaucoup de chose à ta place moyennant un pourboire ; ils n'ont qu'une minuscule connaissance sur l'écologie (par exemple dans la maison, ils mangeaient quotidiennement dans des assiettes en cartons avec couverts et verres en plastique... car ça évite de faire la vaisselle ; très peu de recyclage ; dans les magasins on retrouve des fruits et légumes pré-coupés voire épluchés, des oeufs durs écaillés sous vide, des boîtes de snaking tout en 1 : houmous + bâtonnets de saucisson et de fromage + mini couverts dans le même emballage ; il y a un système de "drive" pour quasiment tous les commerces : banques/pharmacie/restaurants/mini-market...). On s'adapte petit à petit mais on est un peu en colère de voir un pays si riche et "développé" qui est si en retard sur la question écologique mais aussi sur les questions sociales (on est réellement abasourdis par le nombre de personnes à la rue, mais encore davantage par les personnes ayant des problèmes de santé mentale qui sont livrées à elles-mêmes ; on hallucine du prix de n'importe quel rendez-vous médical (comptez minimum 100€) ; on est surpris de rencontrer des jeunes Américain.e.s qui n'ont pas pu faire d'études car ça coûte beaucoup trop cher...). C'est édifiant d'être dans le pays de "l'American dream" et de voir la précarité et l'individualisme créés par ce système. On est passés par beaucoup de pays qu'on savait déjà pauvres et ayant du retard dans l'accès aux droits, mais on n'avait pas pris la mesure du choc qu'on allait avoir en creusant un tout petit peu quelques sujets en arrivant aux Etats-Unis. La liberté ici a deux facettes et on trouve important de dépeindre aussi celle qui dérange.

Et finalement, après un travail acharné, nous voilà enfin prêts à prendre la route avec notre nouvelle maison sur roues :

Alors on prend la route en direction de notre 1er Parc National Américain : Joshua Tree.

[ 29 janvier – 3 février 2023 ]

Les États-Unis comprennent 63 parcs nationaux, qui sont des parcs établis par le Congrès des États-Unis afin de "conserver les paysages et les objets naturels et historiques et la vie sauvage qui s'y trouvent, ainsi que de permettre d'en profiter d'une manière qui les préserve dans le même état pour les générations futures". Celui de Joshua Tree se trouve à l'est de la Californie et se situe dans une zone désertique. Il s'étend sur 3 199 km² (Plus grand que le Luxembourg qui fait 2586 km²) et malgré son climat aride, est composé par des paysages très variés. Pour nous c'est une grande première et on est super excités d'aller tester notre aménagement. Les parcs sont aménagés pour qu'on puisse y dormir dans des endroits bien spécifiques (soit en camping, soit en hébergements en dur pour certains). Dans le parc, on se déplace en voiture et tout est très accessible : chaque balade/trek dispose de son parking, de ses toilettes, de ses nombreux panneaux indicatifs, et même de ses aménagements pour fauteuils roulants... bref, il y en a pour tous les goûts (on en rigole un peu car on trouve ça très américain comme façon de faire mais en même temps les parcs sont gigantesques alors...). On décide donc de piocher à droite à gauche entre rando, balade et point de vue pour en profiter un maximum. On passe notre temps au soleil, au milieu des cailloux et c'est vraiment très beau !

Le parc s'appelle Joshua Tree/ Arbre de Josué puisqu'il y a une espèce d'arbres, originaire du désert de Mojave, dénommée les Joshua Trees qui peuplaient tout le parc il y a de ça 10millions d'années (leur nom vient des colons qui trouvaient que ces arbres leur rappelaient la forme biblique de Joshua). Après un changement climatique ils ont disparu de la quasi totalité du parc, à l'exception d'une vallée. Aujourd'hui, on les retrouve plus au Nord dans un climat un peu moins aride (eh oui, les arbres aussi migrent).

Les nuits sont un peu plus fraiches mais on observe le ciel libre de toute pollution lumineuse, et on profite de la vie en van pour admirer les levers de soleil depuis notre lit.

En quittant le parc de Joshua Tree, après avoir fait un détour par le Visitor center pour tamponner notre carnet avec le sceau du parc et acheté un sticker (eh oui, on joue le jeu à fond !), puis un 2ème pour admirer les cactus Cholla dans l'oasis présent dans le sud du parc (un oasis dans un désert, oui oui !), on passe une nuit sur un BLM (c'est un gigantesque terrain détenu par l’État où chacun peut venir passer jusqu'à 14 nuits gratuitement - on en a vu certain.e.s qui y vivent depuis un peu plus longtemps à notre avis, avec leurs caravanes géantes !).

Puis on prend la direction du Sud, pour aller découvrir le lac de Salton Sea, un lac salé en plein milieu du désert et qui se situe à 80m en dessous du niveau de la mer. Ce lac salé s'est formé en 1891 lorsque la rivière Colorado a connu une crue importante puis lors d'un 2ème épisode lorsqu'un barrage se rompt, créant alors une grande retenue d'eau salée. C'est incroyable ! Et on n'est pas les seuls à le penser puisque dans les années 1950, les investissements ont été importants pour tirer profit de ce "miracle naturel" : agricoles d'abord, mais aussi touristiques (hôtels, plages, restaurants, golf, sports nautiques...).

On s'arrête dans un de ces lieux et au premier abord, on ne sait pas trop quoi en penser. En effet; depuis que ce lieu à été découvert, l'eau s'évapore petit à petit et les grandes cultures environnantes qui ont pollué l'air et l'eau, transforment ce paradis en enfer. Ainsi, les bords du lacs sont peu à peu abandonnées et la vallée entière est menacée écologiquement, figeant ces villages dans le temps (et la pauvreté). On s'arrête à Bombay Beach. C'est un petit village d'environ 230 habitants, aux rues tracées toutes droites à l'américaine, où les maisons ressemblent davantage à des mobilhomes, et entre 2 de celles-ci on trouve une installation artistique réalisée avec des déchets et matériaux de récup, ou d'anciennes habitations abandonnées mais graffées... Et puis on se dirige vers la plage qui longe le lac et on découvre un véritable musée à ciel ouvert : des dizaines d’œuvres et installations ont été disposées sur la plage, un art engagé qui dénonce l'Histoire passée et présente du lieu dans lequel il prend forme.

Après ces découvertes, on repart vers Los Angeles où on fait un rapide crochet par la maison de Michelle et Andy, avant de reprendre la route vers le Nord car nous avons rendez-vous avec une copine française, chez qui nous allons passer quelques jours.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Carmel Valley [Soundcloud]

[ 3 – 10 février 2023 ]

Après cette escale dans notre maison d'adoption californienne, on reprend la route vers le centre de la Californie, en passant par la côte. Ce voyage est tellement différent de tout ce qu'on a eu le chance de vivre jusqu'à présent. À chaque nouvelle étape, on se croirait plongés au cœur des films et séries qui ont bercé les différentes périodes de nos vies. Téléfilms de jeunesse, westerns, films cultes... toutes ces images de la culture américaine qu'on avait en tête depuis toujours. En prenant cette route, on passe par les studios d'Hollywood, par les plages de Santa Monica, Malibu, Santa Barbara, et on tourne la tête à la recherche de petits détails qu'on reconnaîtrait.

Et puis les paysages changent du tout au tout et on se retrouve au milieu des collines verdoyantes, à traverser des zones très agricoles.

On arrive de nuit chez notre copine Angèle et son copain américain, Ian. On passe 2 jours à papoter, manger, randonner (et on voit les dégâts des toutes récentes inondations et tempêtes qui ont touché la Californie), jouer, se balader dans les petits villages voisins...

Angèle travaille dans un vignoble californien, Tira Nanza, en agriculture biologique et à tendance biodynamique/régénérative, et on a la chance qu'elle nous emmène le visiter. Cabernet sauvignon, Merlot, Malbec, Syrah... Et on a même la chance de dormir sur le domaine, avec une vue imprenable sur les vignes aux alentours.

On continue notre visite de la région et on emprunte la fameuse "Highway 1", qui est une route qui longe une grande partie de la côte californienne et offre des points de vue spectaculaires sur l'océan Pacifique. Elle traverse notamment la région de Big Sur. Puis on continue par la découverte de la Baie de Monterey. On prend la "17 miles drive" qui est une route bordant les maisons les plus chères de Californie, et leurs terrains de golf face à la mer. Pendant notre balade on a même la chance de rencontrer certains des habitants les plus opulents...

On passe la nuit au bord de l'eau près de Monterrey, avant de visiter la petite ville de Pacific Grove et ses magnifiques maisons victoriennes.

Après ces quelques jours entre vignes, côte et copains, on reprend la route vers Los Angeles pour, enfin, aller découvrir ses rues et nombreux quartiers. Sur la route on fait tout de même la découverte d'une pépite perdue dans les montagnes où on passera la nuit, puis de Solvang, un étrange village danois perdu dans la campagne californienne.

Los Angeles nous revoilà !

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Los Angeles [Soundcloud]

[ 10 – 15 février 2023 ]

On n'a pas un itinéraire très logique mais on essaie d'aller où le vent nous mène (et c'est un peu le cas de le dire car avec l'hiver qui bat son plein, on est obligés d'être attentifs aux différentes tempêtes de vent/sable/neige/pluie qui touchent l'ouest des États Unis). Et puis il faut dire qu'après 1 mois passé dans la banlieue de Los Angeles sans avoir vraiment mis les pieds dans la ville... on était un peu restés sur notre faim. On décide donc de revenir y passer quelques jours avant de continuer notre route vers l'Est. Los Angeles c'est une ville qui abrite officiellement 4 millions d'habitants. Elle est très connue pour Hollywood, les paillettes du cinéma, mais aussi pour ses belles plages de sable blanc, ses palmiers, et parce qu'elle a accueilli 2 fois les Jeux Olympiques d'été. Ce qu'on découvre c'est que son climat attractif n'attire pas que les stars et les paillettes et que la Californie est un état dont une grosse partie de la population est sans-papiers (c'est l'un des points d'entrée d'immigrants les plus importants du pays), travaille au noir, mais aussi recueille un grand nombre de sans-abris (tant qu'à être à la rue, autant l'être sous le soleil et à la plage...), doit gérer de gigantesques problèmes de drogue causant des maladies mentales... Bref, c'est la facette de Los Angeles dont on entend peu parler mais qui pourtant est criante de vérité. Et, même si on l'a déjà un peu évoqué par ici, il est impossible de faire un article sans en reparler, d'autant plus quand on parle du centre de Los Angeles qui est fuit par les habitants car il est investit par des personnes sans-abris et/ou addicts à la drogue. On apprend à passer à côté, à continuer notre chemin (sans rester indifférent bien sûr), mais on s'informe autant qu'on peut et on réalise que voyager lentement permet de prendre conscience différemment des réalités. On se pose régulièrement la question : est-ce que c'est comme ça chez nous aussi mais qu'on adopte moins la posture d'observateurs étant donné qu'on est dans notre pays et dans notre réalité quotidienne ?

On retrouve un copain argentin rencontré quelques semaines plus tôt qui vit lui aussi dans son van sur le bord de la plage et on en profite pour visiter le fameux coin de Venice Beach. C'est un quartier très connu pour ses canaux (au début du 20ème siècle, un conservationniste est tombé amoureux de Venise et a décidé de répliquer ses canaux) bordés par des maisons plus incroyables les unes que les autres, et ses plages et "pier" (jetées animées où viennent se balader les badauds). On passe du temps à flâner et à se balader, à s'arrêter pour profiter de l'ambiance : plagistes, skateurs, danseurs sur patins à roulettes, vendeurs en tout genre... On ressent qu'ici, on peut être qui on veut, et si on a dépeint plein de côtés négatifs des USA, il faut avouer que cette liberté est réelle, et qu'il y a beaucoup moins de limites sociales imposées ici (sur l'apparence notamment).

On décide d'aller se promener dans le quartier d'Hollywood entre les villas de luxe et Hollywood boulevard. Cette rue est notamment très connue pour son "Walk of fame", les étoiles incrustées dans le trottoir en hommage aux stars du monde entier (chanteurs, acteurs, réalisateurs...). La première étoile a été mise en place le 28 mars 1960 en hommage à Stanley Kramer (réalisateur américain). Et lorsqu'on s'y balade, on voit un attroupement avec tout un tas de caméras : c'est l'inauguration d'une nouvelle étoile, celle de Jon Favreau (acteur, producteur et réalisateur américain). Discours, costumes, caméras, photos, dédicace... mais interrompus par un monsieur criant que l'argent d'Hollywood serait mieux pour aider la cause des personnes sans-abris et/ou drogaddicts qui zonent sur ce boulevard criant de disparités. Et il est vrai que face à tous ces panneaux lumineux, ces projecteurs, ces références et hommages aux stars internationalement connues, des dizaines et dizaines de personnes sont assises ou errent dans une extrême pauvreté... Réalité quand tu nous tiens !

Le lendemain, on prend le temps de se balader dans le centre-ville de Los Angeles. C'est l'occasion pour Clément de se balader pour la première fois aux pieds de ces grattes-ciel gigantesques. On visite plusieurs musées, on grimpe au dernier étage de la mairie qui offre une vue panoramique sur la ville, on va voir le quartier mexicain El Pueblo ("le village") qui est le quartier où la ville a été fondée à l'origine...

Après cette aventure citadine, on sent qu'on a eu notre dose de paillettes et on a hâte d'aller retrouver les grands espaces. On prend donc enfin la route de l'est, en direction du désert, pour aller visiter notre 2ème parc national, le parc de Death Valley/de la Vallée de la mort.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Death Valley et Las Vegas [Soundcloud]

[ 15 février – 24 février 2023 ]

On va bientôt changer d'état et les paysages changent rapidement. On conduit à travers des montagnes multicolores et on s'émerveille à chaque nouveau kilomètre. On emprunte une piste à droite, une piste à gauche. Les pauses repas s'étirent car on ne résiste pas à l'envie d'aller se promener et escalader à travers ces merveilles.

Mais qui dit désert dit aussi villes fantômes qui un jour ont sûrement été le lieu d'une recherche d'or effrénée... C'est une ambiance très étrange qui se dégage de ces lieux désertés. Et puis quelques centaines de miles plus loin, on traverse des villes habitées cette fois, mais qui s'étendent sur des périmètres gigantesques (bin oui, tant qu'à vivre dans le désert, autant ne pas être collé du tout à ses voisins !), qui ressemblent davantage à l'image d'une Amérique plus profonde qu'on pourrait avoir. On ne rencontre personne mais on aperçoit les habitats précaires, les camping-cars qui ne sont plus des résidences pour partir en vacances, les personnes qui font les cent pas avant l'ouverture de la bibliothèque locale (ici elles jouent un rôle très important pour les sans-abris : il y fait chaud, il y a tout un tas de services gratuits, des toilettes, de l'eau potable...).

Après des heures de traversée du désert, on arrive à destination : le parc national de Death Valley (Vallée de la Mort). Il s'étend sur plus de 13 600 km2 de zone aride (c'est le plus grand parc national des USA), et fait entièrement partie du désert des Mojaves. Le parc est séparé de l'océan Pacifique par 5 chaînes de montagnes qui assèchent complètement l'air, transformant le parc en un lieu irrespirable à certaines périodes de l'année (presque 60°C enregistrés certains étés, c'est l'un des lieux les plus sec et chaud d'Amérique du Nord).

 Bienvenue au parc national de Death Valley ! (Son ON)

Le sol de la vallée de la Mort est riche en minéraux divers, ce qui a attiré au cours de l'Histoire de nombreux mineurs, se ruant vers l'or ! On peut toujours voir les vestiges des mines, les tunnels creusés dans la montagne et des habitations de mineurs. On va voir des points de vue découverts par les mineurs et il n'est pas difficile d'imaginer ce qu'ils ont pu ressentir en tant que pionniers dans ces paysages sans limites.

On se balade entre les différents paysages, tous plus étonnants/déroutants/invraisemblables/extraordinaires les uns que les autres. On passe de montagnes enneigées gigantesques en désert de sel, de canyons dorés en montagnes multicolores, de dunes de sable en pistes poussiéreuses menant à des reliefs lunaires, de slot canyons en vastes étendues rocheuses...

Bon, ce qui nous change drastiquement du reste du voyage, c'est que jusqu'à présent, le lever du soleil t'assurait tranquillité et quasi exclusivité. Aux USA, ils sont encore plus matinaux que nous ! Et on comprend... la lumière change au cours de la journée et intensifie les couleurs. Lever de soleil, coucher de soleil... On prend le temps d'apprécier chaque paysage. On reste immobiles, malgré le froid, les yeux grands ouverts.

On finit en beauté par un coucher de soleil depuis un point de vue culminant nous offrant une vue à 360 sur le parc et ses alentours. Et de là, on réalise encore mieux l'incroyable beauté de la nature dans laquelle on vient de passer quelques jours...

Et après une dernière nuit au milieu des étoiles, on reprend la route en direction d'un tout autre monde.... Las Vegas et ses mille feux ! On quitte pour la première fois depuis notre arrivée la Californie. Hello Nevada ! Après quelques heures à rouler dans le désert, on s'arrête voir une œuvre gigantesque posée au milieu de celui-ci, Seven Magic Mountains, de l'artiste Ugo Rondinone.

Puis on reprend la route et quelques dizaines de kilomètres plus loin, on tombe sur une pyramide et son obélisque, une gigantesque tour dorée dénommée "Trump Tower", le château d'Excalibur, un grand 8... Wahou, pas de doute, nous sommes bien arrivés à Las Vegas ! Pour vivre l'expérience à fond (mais aussi parce que c'est l'option la moins chère des États-Unis), on a réservé une nuit dans un petit casino. Et on a bien fait car Las Vegas est touché par une tempête de vent, et qui dit tempête de vent dans le désert, dit tempête de sable. On visite donc la ville folle dans une ambiance particulière puisque l'air est surchargé en sable et que c'est difficilement respirable. Ça clignote dans tous les sens, le luxe se mélange à la folie, l'architecture est incroyable et part dans tous les sens. En visitant on comprend qu'ici, tout est permis. Et on passe par différentes émotions : on se sent comme des enfants face aux spectacles des fontaines, quand on voit la grande roue et les montagnes russes ; on est déboussolés quand on découvre qu'il fait jour alors qu'il fait nuit et qu'on se balade dans les rues de Venise en plein Las Vegas ; on est abasourdis par les personnes qui passent des heures face aux machines à sous, une cigarette à la main, et l'autre occupée à appuyer sans cesse sur le bouton ; on est choqués par le luxe qui côtoie la pauvreté (pour ne pas changer, il y a beaucoup de sans-abris à Las Vegas, qui campent à quelques mètres des entrées de certains Casino)... On est un peu sonnés, contents d'avoir tenté l'expérience mais on n'est pas tellement dans notre univers (qui le serait ?).

On quitte notre chambre de casino pour aller dormir en couchsurfing chez Cory, un Américain qui a vécut entre la Thaïlande et la Suisse, et parle couramment français. Il participe à changer drastiquement notre séjour à Las Vegas (simplicité et convivialité bonjour !), et on est heureux de rencontrer un jeune Américain qui se préoccupe de l'environnement et du social ! Et pour le remercier, on lui sort le grand jeu : quiche et mousse au chocolat (les petits plaisirs de voyage : retrouver une vraie cuisine). On en profite pour aller visiter le "vieux Las Vegas" ainsi que le quartier des arts.

On peut dire que cette étape nous aura marqués, mais il est temps de retourner à la nature : c'est parti pour le Grand Canyon.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Grand Canyon [Soundcloud]

[ 24 février - 27 février 2023 ]

La route a cette fois-ci un goût un peu particulier. On ne sait pas trop pourquoi, l'idée ne nous émeut pas plus que ça, mais parce qu'on sait ce qu'elle représente, on mesure qu'on est sur un symbole important : la fameuse route 66. Elle traverse les États-Unis d'est en ouest, de Chicago à Santa Monica, traverse trois fuseaux horaires et huit États (Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie). Elle fut la première route trans-continentale goudronnée en Amérique. On s'arrête prendre quelques photos et s'imprégner de cette atmosphère particulière dans le village de Seligman.

Les néons lumineux vintage et les motels anciens ont laissé place au désert. On traverse des zones désertiques parsemées d'habitats qui nous semblent bien précaires. On apprend que ce sont des réserves indigènes.

Et après des kilomètres, les couleurs changent et on découvre de tous nouveaux paysages. Et on célèbre les retrouvailles avec une grande absente de ce voyage jusqu'à maintenant : la neige. Et on n'est pas au bout de nos peines ! On entre dans le parc national du Grand canyon sous la neige (et on dort à -15 degrés pour notre première nuit). Le Grand Canyon se situe dans l’État de l'Arizona sur les terres ancestrales de 11 tribus. Il s'étend sur environ 450 km de long, avec une profondeur moyenne de 1300m. Le canyon est le résultat spectaculaire du travail de l'érosion, notamment celle du fleuve Colorado qui coule en contrebas. La région reste méconnue par le monde occidental jusqu'au milieu du XIXe siècle. Mais la conquête de l'Ouest et la croissance démographique poussent des pionniers à venir s'y installer à la recherche de minéraux. Une ligne de chemin de fer est installée au début du XXème siècle et cela entraine, peu de temps après, le développement du tourisme. Pour notre part, on est chanceux puisque l'hiver étant rude (c'est l'un des plus froids depuis de nombreuses années), il y a beaucoup moins de touristes ; mais en contrepartie, la neige a rendu inaccessible une grande partie des points de vue et randonnées sur les rives du canyon. On profite donc des moindres répits du temps hivernal pour aller explorer les parties moins connues du parc.

Levers de soleil, couchers de soleil, éclaircies... Et c'est incroyablement magnifique ! Il fait très très très froid, mais on résiste à l'envie d'un feu de cheminée (non, Grizzly n'est pas encore équipé...) pour observer, bouches bées et inlassablement, ces décors merveilleux.

Un sentiment qui arrive régulièrement quand on voyage aujourd'hui c'est celui d'arriver dans un lieu et de trouver ça beau, mais d'avoir tellement entendu parler de cet endroit et d'avoir admiré tellement de photos de ce lieu d'autres voyageurs sur les réseaux sociaux qu'on peut avoir parfois l'impression que notre expérience est un peu biaisée, qu'on avait vu l'endroit avant même d'y venir. Et puis il y a ces lieux si emblématiques qu'on s'y rend davantage parce qu'on "doit s'y rendre", parce qu'on entend des "tu ne peux pas aller dans ce pays sans aller à tel endroit"... et notre côté critique nous pousse à vouloir prendre le contre-pied, même si souvent on se laisse convaincre, on trouve ça toujours important de se poser la question et de s'informer sur ces lieux. Et pourtant, cette fois ci on est arrivés un peu sûrs de nous. Il fallait venir et dire qu'on avait visité le Grand Canyon. Un peu déçus que les points de vue et randos repérés en amont soient fermés, on a finalement réalisé la chance que c'était. Et quelle chance ! Le Grand Canyon sous la neige c'était quelque chose. Et même si on avait toujours entendu parlé de cet endroit, sûrement vu passer sous nos yeux de nombreuses photos, on est restés sans voix. Même si les photos invitent au voyage, quand on se retrouve au milieu de ces paysages, qu'on apprivoise les courbes avec nos propres yeux, on réalise la puissance d'être dans un lieu, d'en fouler ses sentiers et de sentir la force de son histoire et de sa culture. On admire avec nos yeux mais c'est le corps tout entier qui ressent. Cette immensité. Ces nuances de couleurs. Ces reliefs. Ces jeux de lumière.

L'été, le canyon se transforme en fournaise si bien que certaines de ses randonnées sont extrêmement réglementées. En hiver, les chemins sont gelés et enneigés et demandent souvent un équipement spécifique. On se lance sur le sentier qui descend dans les profondeurs du canyon sur 1400 mètres de dénivelé. Pour descendre jusqu'aux rives de la rivière Colorado, il faut compter 2 jours et aller s'inscrire auprès des rangers du parc. Puisqu'on s'y lance au hasard, sans équipement et qu'Océane a le dos bloqué (et il est donc difficilement envisageable d'imaginer camper), on ne réalise qu'une partie du trek qui déjà nous en met plein la vue. On s'arrête toutes les 3 minutes, époustouflés par la vue. On s'assure que l'autre a les yeux bien ouverts et ça nous permet de reprendre notre souffle et d'ancrer un peu plus fort ces paysages dans notre mémoire. On est émus d'avoir la chance d'être exactement là où nous sommes, à vivre ces aventures qui nous marqueront pour la vie. Alors finalement, le conformisme, des fois, ça a du bon. Le Grand Canyon on l'attendait, on le dénigrait un peu, mais finalement, quelle claque on s'est pris !

Une nouvelle tempête de neige est annoncée pour les prochains jours alors même si notre Grizzly a bien tenu la route et nous a gardés au chaud, on préfère reprendre la route avant d'être ensevelis.

On se dirige donc vers l'est, en direction du parc de Monument Valley (si vous voulez vous mettre dans l'ambiance, vous pouvez regarder la fin de Forest Gump) situé sur les terres des autochtones Navajo.

On quitte le parc de Grand canyon sans pouvoir s'empêcher de jeter plusieurs derniers coups d'oeil dans les rétroviseurs. Le parc, malgré ses nombreuses fermetures hivernales nous a époustouflé. On prend la route de l'est, vers le désert et ses couleurs vives. On se rend dans un nouveau parc, à la découverte des cultures autochtones des premières nations américaines (eh oui, on ne dit plus "indiens" ou "amérindiens").

On arrive dans le parc de Monument Valley qui se situe à la frontière des États de l'Arizona et de l'Utah, sur le plateau du Colorado. La route vers le parc nous mène a des paysages incroyables et, au détour d'un virage, lorsqu'apparaissent ces géants de pierre, on se sent comme transportés dans des décors entre science-fiction et western.

Bienvenue à Monument Valley ! (Son ON)

Ces monticules rocheux sont le fruit de l'accumulation et de l'agrégation de grains de sable au cours des siècles, mais ils sont aussi apparus à la suite d'épisodes de tectonique des plaques, surélevant le site et y laissant des plis et des failles, donnant naissance aux buttes et "mesas" qu'on peut admirer aujourd'hui. Celles-ci sont composées de grès et leur couleur rouge caractéristique est due a la présence d'oxyde de fer. Leur hauteur varie entre 30 et 300 mètres de haut.

Quand on traverse ces terres, on ressent que l'ambiance change. On réalise qu'on est entrés dans une toute autre culture, dans des territoires marqués par des siècles d'histoire et de lutte. Les premières traces de présence humaine datent de 1200 avant JC et viendraient du peuple Anasazi. Aujourd'hui, le parc appartient à la Nation Navajo. Les Navajos vivent aux États-Unis, principalement au sein de la Nation Navajo, située entre le nord-est de l'Arizona, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le sud-est de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés aux Apaches. Leurs ancêtres arrivent en Alaska en provenance d'Asie. Les Navajos se divisent en plus de cinquante groupes, et leur mode de filiation est transmis par les femmes.

Pour vous offrir un peu de contexte : Les Navajos sont entrés en conflit avec les colons Espagnols et Mexicains au 18ème et au début du 19 siècle. Leurs contacts avec les Espagnols furent limités mais importants ; ces derniers introduisirent les chevaux, les moutons et les chèvres, qui devinrent des éléments vitaux de l'économie navajo. Au cours du 19ème siècle et pendant la conquête de l'Ouest des pionniers, de violents affrontements ont eu lieu entre le gouvernement Américain (via ses troupes militaires) et les Navajos qui ont finalement été violemment déplacés vers une réserve au Nouveau Mexique. À la fin du 19ème siècle, les Navajos prospéraient, la population avait doublé, et des terres supplémentaires furent encore annexées à la réserve. Comme il s'agissait généralement de terres pauvres, les étrangers firent peu de tentatives pour envahir la réserve. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, pour sortir de la pauvreté, bon nombre de Navajos quittèrent la réserve pour servir dans l'armée ou pour travailler dans les villes à des activités liées à la guerre. Ils ont notamment été honorés pour leur rôle déterminant dans le codage des messages.

Aujourd'hui, les Navajos habitent sur la plus vaste réserve autochtone des États-Unis. Le statut de réserve du territoire où la plupart vivent, leur garantit un statut politique et policier autonomes. Le siège du gouvernement de la nation se trouve dans la ville de Window Rock à l'est de l'Arizona. Le Congrès des États-Unis a établi à l'intérieur du territoire de la nation Navajo une réserve pour la nation Hopi.

La base de leur économie de subsistance est fondée sur l'élevage (moutons, chèvres, quelques bovins et chevaux), et des emplois occupés dans divers secteurs, notamment le tourisme. Ils fabriquent aussi de l'artisanat (poterie, vannerie, bijoux en argent, couvertures). Au milieu du 20ème siècle, la production de pétrole et la découverte de riches gisements minéraux sur les terres de la réserve modifient considérablement leur économie. Ils sont aujourd'hui le peuple premières nations avec les meilleurs revenus. Le gouvernement des États-Unis qui est en litige depuis les années 1960 avec la nation Navajo concernant l'exploitation de ces ressources paye en 2014 une somme de 554 millions de dollars pour clôturer celui-ci.

Malgré tout, les habitants de la réserve font face à de nombreux problèmes chroniques : pénurie de logements, absence de l'eau courante pour un tiers des foyers, absence d'électricité pour quinze mille habitants, violences...

Le parc de Monument Valley est donc l'un des rares parcs américain détenu par d'autres entités que le gouvernement. Les Navajos nomment le parc "Tsé Bii' Ndzisgaii", qui signifie « la vallée des rocs ». Il se visite en voiture (comme beaucoup de parcs ici, c'est un peu déroutant au début et puis on s'y fait #americanculture). A bord de Grizzly, on sillonne donc les routes poussiéreuses de Monument Valley, surplombées par ces colosses rocheux. Notre visite est ponctuée de "Oh", "Wahou", "T'as vu celui là, là-bas ?". On est dans une ambiance particulière et le temps y joue beaucoup : entre soleil et ciel apocalyptique, ces monuments naturels jouent avec notre imagination.

On quitte le parc juste avant l'arrivée de la neige et on file s'abriter un peu plus loin. Mais la neige nous rattrape et après s'être endormis dans un paysage tout rouge, c'est dans un environnement tout blanc que l'on se réveille. On prend la route pour la petite ville de Page, mais avant on fait un arrêt par LE point attractif du coin : on a nommé le "Forest Gump point". On a le droit à un nouveau panorama sur Monument Valley qui a revêtu son beau manteau blanc.

La ville de Page se situe sur les bords de la rivière du Colorado et notamment du lac Powell, créé par la construction du barrage de Glen. La ville a été construite pour accueillir les ouvriers de ce barrage à partir de 1957. L’état américain souhaitait construire un barrage et a négocié un échange de terres avec les Navajos. Le barrage doit servir à alimenter en eau toute une partie du sud-ouest américain (Californie, Nevada, Arizona) et à bien répartir les besoins entre les états en amont et ceux en aval. Ce projet a été lourdement critiqué et l'est toujours aujourd'hui puisqu'il a privé d'eau de nombreux villages autochtones et fonctionne aujourd'hui au ralenti. En effet, le niveau du lac n'a jamais été aussi bas et plusieurs turbines sont donc à l'arrêt...

On se pose pour la nuit sur les bords du lac Powell et on assiste à un joli spectacle au coucher du soleil :

Et avant de reprendre la route vers l'Ouest, nous allons visiter l'une des nombreuses merveilles du coin : Horseshoe Bend.

On n'aime pas beaucoup avoir cette impression, mais on a vu les choses en grand (on est en Amérique ou on n'est pas en Amérique ?) et on essaie d'en voir un maximum avant de devoir sortir du territoire. Ce n'est vraiment pas notre rythme et on a l'impression de courir mais ça n'est pas demain qu'on reviendra ici alors on remballe nos envies de voyage lent et "Hit the road Jack" (le "en voiture Simone" local). C'est parti pour un nouveau Parc National !

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Bryce Canyon [Soundcloud]

Sur la route pour le nouveau parc national vers lequel on se dirige on a déjà envie de s'arrêter après chaque virage pour prendre en photos les merveilles rocheuses qui nous entourent. La chance est avec nous et le ciel bleu est de retour. Les contrastes entre le bleu du ciel, le rouge de la roche et la nuance blanche apportée par la neige sont incroyables. L'hiver est encore bien installé et on observe avec curiosité les cascades glacées. On dort au milieu de ces nouveaux paysages gelés.

On arrive finalement dans le parc national de Bryce canyon et on découvre que l'enneigement y est tellement important qu'il n'y a que peu de sentiers praticables pour la randonnée.

Les premiers explorateurs européens découvrent le sud de l'Utah à la fin du 18e siècle et les premiers colons s'installent à la fin du 19e siècle dans cet endroit, déjà fréquenté par les autochtones Païutes. Le nom de Bryce Canyon est adopté par la communauté en l'honneur du charpentier Ebenezer Bryce qui vit et travaille ici avec sa famille. Ce nom est resté et est adopté en 1928 lorsque le parc national est établi. Ce n'est pourtant pas un canyon mais un amphithéâtre naturel, créé par des milliers d'années d'érosion de la glace et de la neige sur une partie sédimentaire du grand plateau du Colorado. Les hoodoos (cheminées de fée) sont formés par le ruissellement de l'eau qui arrache des particules à ces terres et qui finissent par s'accumuler dans ces lacs pendant plusieurs millions d'années. Ce sont plus de 300 mètres de sédiments qui se déposent pour former les roches qui composent l'actuel plateau de Bryce Canyon. Les très nombreux hoodoos sont aujourd'hui encore sous l'effet de l'érosion et le paysage se modifie donc d'années en années.Ces formations ne sont présentes que dans très peu d'endroits dans le monde comme par exemple en Cappadoce (Turquie), mais c'est ici que se concentre le plus grand nombre de hoodoos.

Visite et randonnées dans le parc national Bryce Canyon 

On passe les 2 prochains jours à randonner en alternant entre les rives panoramiques sur les étendues de hoodoos rougeoyantes et descente en raquettes dans la vallée couverte de neige pour admirer et se balader aux pieds de ces géants. On passe par tous les temps, toutes les lumières et chaque détour semble nous emmener dans un nouvel environnement. C'est si spectaculaire, les paysages qui nous entourent sont si oniriques. On en prend plein les yeux.

On reste bouche-bée face aux changements de lumière sur la vallée de hoodoos et les montagnes environnantes. Après avoir poussé tous les "wahou" dont on se pensait capables, à la tombée du jour, on réalise plus encore la magie de cet amphithéâtre.

Quand vient la nuit, le froid nous saisi (vous pouvez en juger à la taille de cette stalagmite) et après une journée les pieds dans la neige, les chaussures et chaussettes entièrement trempées, même si on adore notre petit Grizzly, il nous arrive de rêver plus grand, plus chaud, plus cosy.... Et c'est dans ces moments là qu'on met notre inventivité en route : on se gare près d'un grand hôtel spa et on va leur demander le prix d'une douche....puis on finit par passer la soirée dans leur spa/piscine pour 3$. Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux ! C'est ce qui s'appelle finir en beauté...

On dort une dernière nuit dans ces paysages incroyables avant de reprendre la route pour.... sans suspens, un nouveau parc national. On ne nous arrête plus !

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Zion National Park [Soundcloud]

On roule vers l'ouest de l'Utah en direction du parc national de Zion. Ce parc est connu pour ses profonds canyons creusés par la rivière Virgin et ses affluents dans des roches colorées, qui sont âgées de dizaines de millions d'années. Ses canyons, ses zones désertiques, ses forêts et ses zones boisées situées au sommet des montagnes en font un véritable sanctuaire pour la faune et la flore. La rivière Virgin appartient au bassin du fleuve Colorado.

 Visite de Zion National Park

Lorsque nous arrivons au creux de ce gigantesque canyon, le temps n'est pas vraiment au rendez-vous et cette lumière donne une allure de robustesse à la pierre qui nous entoure. Nous sommes aux pieds de véritables géants.

On s'enfonce dans le canyon le long de la tumultueuse Virgin River et on admire les cascades qui ruissellent le long des parois. Nous avons même la chance, pour terminer notre première journée au sein du parc, d'assister à un coucher de soleil coloré.

Et lorsque le jour se lève sur le camping du parc national, le soleil et le ciel bleu sont de sortie. On enfile nos chaussures et on se lance dans une longue journée de randonnée, à la recherche du meilleur point de vue sur le canyon. Sur le sentier, on rencontre un couple de Seattle, Shash et Anna, avec qui nous randonnons sur la première partie du trek. Au fur et à mesure de notre ascension, on découvre le canyon sous un angle complètement différent de la veille et encore une fois, le trio ciel bleu, roche rouge et neige éclatante nous offre un véritable spectacle.

On s'amuse lors de la descente (enfin certains sont plus à l'aise que d'autres... voir la vidéo) et on randonne dans les différents recoins du canyon à la découverte de gigantesques cascades fraîchement réveillées d'un long hiver glacé.

Nous ressortons du parc pour emprunter une route sinueuse somptueuse et qui nous offre de nouveaux points de vue sur les mesas environnantes (ce sont des petits plateaux ou grandes buttes à sommet plat et aux versants abrupts, caractéristique des paysages arides) et les formations rocheuses spectaculaires. On a l'impression que la roche était liquide et s'est solidifiée au fil des années tant ses différentes strates sont graphiques et artistiques.

Comme clap de fin pour cette journée, on a le droit à un coucher de soleil extraordinaire sur fond de champ de bisons (nos premiers). Pas mal dans le genre nous direz-vous.

Pour le lever de soleil, on retourne dans le parc pour une dernière petite rando dans un parc national avant notre retour à la civilisation pour plusieurs semaines. Grâce à l'heure matinale, on a même la chance d'observer un mouflon (habitant du canyon mais qui est difficile habituellement à observer puisqu'il fuit la foule). Les premières lueurs colorent la roche petit à petit et on reste admirer le spectacle du soleil teintant les profondeurs du canyon Zion.

Après ces quelques semaines à parcourir plusieurs des grands parcs nationaux américains, on reprend la route en direction du soleil californien. C'est parti pour une étape qu'on attendait : la ville de San Francisco.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore San Francisco [Soundcloud]

Nous voilà de nouveau sur la route pour la Californie. Après une nuit sur l'autoroute (et oui, c'est aussi ça la vanlife), on passe par tous les types d'agriculture : les élevages bovins très très intensifs, des vignes à perte de vue, et les fameuses collines verdoyantes qu'on a tous observés sur nos fonds d'écrans d'ordinateur Microsoft....

Et finalement, nous arrivons dans la fameuse San Francisco, ville pleine de promesses.

Avant de rejoindre notre hôtel pour les 3 prochaines nuits (c'est interdit de dormir dans sa voiture dans la ville), on fait un premier arrêt obligatoire pour apercevoir le fameux Golden Bridge. On décide même de le traverser pour aller rejoindre l'autre côté de la baie et se balader dans le quartier de Sausalito. On se balade dans la marina et on tombe sur une embarcation quelque peu originale : une maison flottante, puis une 2ème, et le clou du spectacle le Taj Mahal. Avant de retraverser le pont, on a une vue d'ensemble sur la ville illuminée.

Après une nuit bien au chaud, on prend le tram pour aller visiter les différents quartiers de San Francisco. Mais c'est le déluge alors on se balade comme on peut, avant de prendre le chemin du port pour une activité particulière : on prend le ferry en direction de l'île d'Alcatraz, où se situait la prison légendaire.

Traverser la baie de San Francisco en direction d'Alcatraz sous le déluge, ça nous met directement dans l'ambiance et on imagine la sentence que c'était d'y être envoyé ! Alcatraz est un petite île au large de la baie de San Francisco. Une prison y a été installée entre 1934 et 1963 après avoir longtemps été un camp militaire. Suite à sa fermeture, l'île devient un territoire de revendications occupé par les premières nations et est aujourd'hui parc national. Du temps du centre pénitentiaire, on dit qu'ils y envoyaient les méchants des prisons. Des noms célèbres comme Al Capone ou George Kelly, Birdman y ont été envoyés. L'idée était de montrer au public que l'État était résolu à enrayer la hausse de la criminalité des années 30, liés à la prohibition, la criminalité avait énormément augmenté en 30 ans. Au total, 1573 prisonniers y ont séjourné et il y a eu 14 tentatives d'évasion sur les 29 ans de fonctionnement de la prison. C'est incroyable d'imaginer ces hommes coincés sur ce rocher et pour lequel le seul moyen de s'en échapper était une mer pouvant être déchaînée, piégés sur une île qui parfois disparaissait totalement dans une brume épaisse. Lors de notre visite, la pluie bat sur les vieilles fenêtres de la prison et la tempête gifle la minuscule île. L'ambiance fin du monde est à son maximum ! L'atmosphère est humide, les murs sont épais, les fenêtres troubles, le vent s'engouffre dans chaque petit interstice, les cellules sont les unes sur les autres sur plusieurs étages... Brrrr, on en tremble encore !

La visite se termine par une exposition mettant en avant les biais du système carcéral mondial, et pointe particulièrement celui des USA où il y a une réelle sur-incarcération (et la France n'est pas mal non plus...), des enquêtes inexistantes ou menées à charge, et questionne ce modèle comme solution aux dérives sociales.

Quand on revient sur la terre ferme, on est complètement trempés. On court, en sautant de flaque en flaque, se réfugier dans une gigantesque boulangerie qu'on nous a recommandé. Elle a la particularité de servir des "Clam chowder" (chaudrée de palourdes), une crème de fruits de mer servie dans un pain, délicieux.

Le lendemain, malgré la tempête de pluie qui a balayé la ville la veille, est un jour ensoleillé. Et ça tombe parfaitement puisque c'est l'anniversaire d'Océane, qui fête ses 29ans à San Francisco. On en profite pour se balader à pied dans les différents parcs et quartiers de la ville, à la découverte des anciennes maisons de style victorien (saurez-vous reconnaitre les fameuses "Painted ladies", des maisons qui sont présentes dans de nombreux films, qui sont les plus vieilles maisons de San Francisco et qui valent aujourd'hui plusieurs millions), du quartier hyppie et celui de Chinatown. On trouve ça coloré, alternatif, culturel... tout pour nous plaire !

Puis avant de quitter la ville, on fait un tour dans notre quartier et on découvre une bonne adresse locale pour un brunch d'anniversaire, on passe refaire un tour du côté du Golden bridge (à chacun sa photo), on monte et on redescend quelques unes des fameuses collines de San Francisco, on retourne visiter le quartier des maisons flottantes de Sausalito (et on s'y verrait bien nous, dans une de ces petites maisons !) et puis on reprend la route du Sud pour aller faire une surprise à notre copine Angèle pour son anniversaire.

Après avoir bien festoyé, on reprend la route vers le nord en direction d'un nouvel état, l'Oregon.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Oregon [Soundcloud]

Il ne nous reste que quelques jours sur notre visa américain et on est encore un peu loin de la frontière donc on ne s'attarde pas davantage en Californie et on poursuit notre route à travers l'état de l'Oregon.

On est assez rapidement surpris par des paysages désolés, où le feu à fait rage et a laissé derrière lui des flancs de montagne pelés. C'est très impressionnant !

Sur la route, sans s'y attendre, on se retrouve coincés dans une tempête de neige qui nous oblige à nous arrêter dans un petit village pour la fin de l'après-midi et la nuit. C'est incroyable pour nous, deux ptits bretons, comme ces événements climatiques nous surprennent à chaque fois par leur caractère soudain et leur force extrême, alors qu'ils sont plutôt communs pour les gens du coin.

On peut finalement reprendre la route et on se dirige vers une forêt dans laquelle se cachent plusieurs sources d'eau chaude, plus ou moins secrètes. On voit qu'elle aussi a souffert d'incendies importants. Une fois arrivés dans la forêt de Willamette, on se met en quête, dans la neige, de la première piscine d'eau chaude qui, d'après nos informations, se trouve au sein même d'une petite rivière. Il fait froid et on a du mal à imaginer que dans quelques minutes, on devrait se baigner dans la rivière bordée de neige. Et finalement, on découvre un lieu secret, quelque peu mystique et incroyablement beau. Une petite piscine naturelle a été érigée dans la rivière par les visiteurs à l'aide de galets afin de retenir l'eau d'une source d'eau chaude venant d'une petite grotte. Les parois sont recouvertes de mousse, on dépose nos habits sur un tronc d'arbre et on se glisse dans l'eau alors qu'autour de nous la neige et le froid ambiants semble avoir pétrifiés la nature.

On passe une jolie nuit dans la forêt avant de se rendre à une 2ème source d'eau chaude, où on barbote pour quelques heures avant de reprendre la route.

On ne perd pas de temps car on a un rendez-vous un peu spécial pour le soir même : Bruce nous attend dans sa maison insolite. Son projet, c'est une initiative qu'on avait en tête depuis le tout début de notre voyage en 2018. C'est ainsi qu'on débarque dans un petit village, qu'on grimpe dans les hauteurs puis qu'on se gare au milieu de la forêt, face au.... cockpit d'un Boeing 727. Oui oui, vous avez bien lu : Bruce vit dans un avion à la retraite ! Bruce est un amoureux de l'aviation. Ingénieur de formation, il apprend que les avions à la retraite finissent en pièces détachées, plus ou moins bien recyclées et à des coûts très élevés. Pour lui c'est un sacrilège et plus encore, un énorme gâchis puisque ces avions, qui sont toujours intacts mais plus assez modernes pour transporter des voyageurs, sont de potentielles maisons bien plus performantes et durables que celles que l'on construit aujourd'hui. En effet, les avions sont conçus pour résister à toute intempérie, ils sont parfaitement isolés... Cet avion est son projet prototype et il espère pouvoir en acquérir un nouveau cette année, qu'il installera au Japon, pays où il vit la moitié de l'année et qu'il transformera, en véritable maison. Il en fait un projet presque collectif : il guide tout visiteur, il laisse les voyageurs camper au pied de l'avion, les jeunes du coin viennent passer des soirées à regarder les étoiles sur le toit, il organise un festival estival dont la scène se trouve sur l'une des ailes... Bref, incroyable ! On est invités à passer deux nuits dans son jardin, on partage les repas et on a tout le loisir d'en apprendre davantage sur ce sacré monsieur très inspirant, tant par son projet que par son engagement et sa gentillesse.

On serait bien restés davantage mais on pense que le service d'immigration ne sera pas très sensible, même si on leur explique qu'on s'inspirait d'un super projet ! Alors on reprend la route en direction de notre dernière étape américaine : la ville de Seattle.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Seattle [Soundcloud]

Au bout de quelques heures de route, on voit la silhouette de la ville de Seattle se dessiner. C'est la fin de l'après-midi et la ville côtière est baignée d'une douce lumière. Tout de suite on est charmés : en plein centre ville, on se balade sur le bord de l'eau, et on regarde le soleil se coucher et ça selon nous, ça n'a pas de pareille !

On réalise qu'on est dans une ville ultra-moderne et pour cause : Seattle accueille les sièges de grandes entreprises comme Google, Microsoft, Amazon, Starbucks... Après nos pérégrinations dans le centre ville, on tombe sur une petite allée bien animée : eh oui, on est la semaine du 17 mars, soit la fameuse Saint Patrick irlandaise. On pousse donc la porte du premier pub et on s'installe une bière à la main et un burger dans l'assiette pour écouter des groupes de musique irlandaise. On voit la vie en vert le temps d'une soirée, entourés de tous ces joyeux lurons ravis de chanter la gloire de leur culture.

Le lendemain, on visite différents quartiers, entre street art, marchés locaux et maisons flottantes.

Pour le déjeuner, on retrouve nos copains rencontrés sur la randonnée dans le parc national Zion, qui vivent à Seattle. Ils nous font visiter les coins incontournables : le marché Pike (où à chaque achat, les poissonniers chantent une chanson et se font des passes avec des poissons... original !), l'allée des chewing-gums (les murs sont recouverts de chewing-gums collés....on hésite réellement entre le dégoût et la fascination), puis on s'éloigne du centre ville et on va se balader sur le bord de l'eau, offrant une vue spectaculaire sur la ville et ses buildings, notamment le fameux "Space Needle" (la tour est l'emblème de la ville - construite pour l'exposition universelle de 1962 et culminant à 184,4 mètres).

On est très agréablement surpris par Seattle : c'est une ville verte, avec des installations artistiques, située sur le bord de l'eau... Notre court séjour nous a conquis ! Maintenant il est l'heure de dire au revoir aux États-Unis après 3 mois bien intenses, et de laisser place à la prochaine aventure : la traversée du Canada d'ouest en est.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Vancouver [Soundcloud]

L'arrivée au Canada c'est une sacrée étape pour nous, la dernière de notre voyage panaméricain, du Chili au Canada. 2018 - 2020 : Chili, Argentine, Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie. 2021 - 2023 : Iles Canaries, Cap Vert, Martinique, Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, République-Dominicaine, Jamaïque, Guatemala, Belize, Mexique, États-Unis, Canada.

Après un passage de frontière réussi, on roule quelques dizaines de kilomètres avant de débarquer dans la fameuse ville de Vancouver, dans la région de la Colombie Britannique. Et on ne peut pas se tromper sur notre destination car dès notre première soirée, on arrive dans un grand centre sportif où l'on passe quelques heures à regarder des matchs de hockey sur glace et même de curling. Bienvenue au Canada !

Le Canada est un pays constitué de dix provinces et trois territoires, il s'étend dans les océans Atlantique à l'est, Arctique au nord et Pacifique à l'ouest. En superficie, c'est le 2ème plus grand pays au monde (après la Russie). Avant l'arrivée des colons, le pays était peuplé par les peuples autochtones, aujourd'hui appelés "peuples premières nations" (on n'utilise plus l'expression "indiens d'Amérique/amérindiens"). Aujourd'hui, ces peuples représentent 5% de la population du pays (à chaque nouveau recensement, ce chiffre évolue : c'est un signe que les politiques de réconciliation qui sont mises en place aujourd’hui par le gouvernement, même si elles ne sont pas suffisantes, commencent à porter leurs fruits - et donc que davantage de personnes osent affirmer/reconnaître/revendiquer leur appartenance à ces groupes). D'un point de vue politique, le Canada est une monarchie constitutionnelle et une démocratie parlementaire. Le pays appartient au Commonwealth anglais et donc le chef de l’État est aujourd'hui le Roi Charles. Le pouvoir exécutif est exercé par des représentants du Monarque, notamment le chef du gouvernement, le Premier Ministre, qui aujourd'hui est Justin Trudeau.

Vancouver est la 3ème plus grande ville du Canada (mais la plus densément peuplée et pourtant, c'est l'une des villes les plus chères au monde, notamment en termes de loyer - mais c'est également l'une des villes les plus agréable à vivre au monde !). La ville de Vancouver a une situation géographique assez incroyable qui rend la vie de ses habitants plutôt chouette : on dit qu'après le travail, ils doivent choisir entre aller skier ou aller à la plage... Dur dur comme choix ! En effet, la ville est surplombée par de grandes montages sur lesquelles sont installés des domaines skiables (ouverts une partie de la soirée pendant l'hiver - on peut donc y skier de nuit) et bordée par l'océan Pacifique. On passe donc les premiers jours à se laisser bercer par le rythme de la ville, à se reposer après le roadtrip effréné qu'on a réalisé aux États-Unis, à se balader dans les différents quartiers du centre, à rattraper notre retard sur le blog (on pourrait faire une carte de toutes les bibliothèques d'Amérique du nord), à aller admirer le coucher de soleil depuis la plage, à suivre les balades urbaines piétonnes, à prendre le bateau en direction de la presqu'île de Granville, et on assiste même (c'est le cadeau d'anniversaire d'Océane) au concert d'une artiste Belge qu'on aime beaucoup, Angèle, qui est en tournée américaine...

Et puis via l'application couchsurfing, on est invités à une soirée jeux dans une coloc de franco-irlandais avec qui ça marche tout de suite (et même qu'on leur cuisine notre spécialité/péché mignon en voyage...). Si bien qu'on passe les prochains jours ensemble : concert irlandais, balade à vélo et le Graal... une après-midi au ski (agrémentée de notre première poutine et d'un style sans pareille pour Clément) ! Et figurez vous que depuis les pistes de ski, on a une vue plongeante sur l'océan...

On aime beaucoup la ville et avec notre petit groupe de nouveaux copains, on se sent un peu comme à la maison. Mais comme toujours en voyage, toutes les bonnes choses ont une fin et on décide tout de même de prendre le large et d'aller découvrir la prometteuse île de Vancouver, située dans l'archipel de la ville de Vancouver.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Ile de Vancouver [Soundcloud]

C'est parti pour une nouvelle aventure insulaire direction, l'île de Vancouver.

Nous prenons le ferry de bon matin et nous avons le droit à un magnifique lever de soleil sur l'archipel de Vancouver. Les îlots semblent plus ou moins aménagés, de la bicoque en bois à la gigantesque maison toute équipée pour les weekends d'été ensoleillés.

L'île de Vancouver est la plus grande île de la côte ouest de l'Amérique (elle est un peu plus grande que la Belgique). Elle dispose d'un microclimat envié par tout le reste du Canada ; elle est composée de plages, montagnes, rivières et forêts et a donc une diversité de paysages incroyable. Malheureusement, l'exploitation forestière a ravagé la forêt primaire de l'île (et plus de 90 % des arbres géants de plus de 300 ans ont été abattus). On arrive dans la ville de Victoria, qui est étonnamment la capitale de la région de la Colombie britannique (BC). On se balade dans ses différents quartiers dont celui des maisons flottantes, celui de Chinatown, le centre ville... on se promène sur le bord de l'eau jusqu'au Parlement (qu'on visite et on tombe nez à nez avec un portrait de la Reine Elizabeth), on goûte un fish&chips, on va dans le parc du château à la tombée de la nuit (et on rencontre même certains de ses habitants). Bref on se balade sans but précis et on découvre la ville qu'on trouve plutôt agréable !

Le lendemain matin, on reprend la route vers le nord en suivant la côte. Le temps est changeant et nous offre un jeu de lumières spectaculaire. En se baladant a la fois sur les plages et dans les terres, on réalise pourquoi lorsque l'on pense au Canada, on a toutes et tous l'image du bûcheron dans sa forêt en train de couper du bois... Il y en a partout et on réalise a quel point cette ressource est exploitée pour l'économie canadienne ! Le bois flotté est présent sur toutes les plages et ça donne un certain charme au paysage.

L'île est bordée par l'océan (ce qui lui confère à l'année, un climat plus doux que dans le reste du pays) mais détient aussi de très hautes montagnes. On a la chance d'être accompagnés par le soleil, mais les nuits restent fraîches (comment excuser le fait de manger une fondue trouvée dans un supermarché...). On pioche dans tous les chemins de randonnées qui nous ont été conseillés et on n'est pas déçus du voyage. Et c'est incroyable car on s'enfonce dans la forêt épaisse, on passe à côté d'arbres gigantesques, on longe souvent une rivière et on débarque sur de grandes plages de sable fin ou de galets. Que de belles récompenses à l'arrivée !

On reprend la route à la découverte de nouvelles merveilles que nous offre l'île. Le soleil est de la partie donc on évolue dans des nuances de bleu, de vert et c'est toujours plus esthétique.

En montant vers le nord de l'île, on s'éloigne un peu de la côte pour aller découvrir l'intérieur des terres. On change complètement d'environnement (et on a même une averse de neige sur le route). On est hébergés chez Franck (un copain Canadien de nos copains de Vancouver), un jeune maraîcher qui nous donne de bons conseils pour se balader dans la région.

L'île est réputée pour ses côtes offrant des points de vue spectaculaires, des plages au sable fin et des vagues pour les surfers, mais elle est également la terre d'arbres (des cèdres) millénaires gigantesques. On a la chance d'être quasiment seuls à admirer ces merveilles. On va de forêts en petites plages aux eaux turquoises.

On a même la chance d'assister à la migration des baleines (les mêmes qu'on avait vues dans les eaux chaudes du Mexique et qui terminent leur route ici ?) et à des couchers de soleil sur de gigantesques plages de la région de Tofino. Avant de reprendre le ferry dans l'autre sens, on passe une soirée dans la famille de notre copain Owen, rencontré il y a plusieurs mois au Guatemala où il vit maintenant avec sa famille. Nous étions restés un mois dans leur projet en volontariat.

Et puis c'est reparti pour notre épopée vers l'est du Canada. On part en direction des Rocheuses canadiennes, avec quelques arrêts sur la route pour retrouver les copains de Vancouver et aller à la découverte de lieux repérés sur les cartes.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Pentincton - Halfway hotspring [Soundcloud]

De retour de l'île, nous profitons encore de Vancouver quelques jours, avant de prendre la route de la petite ville de Pentincton, où nous allons passer le weekend avec les copaines Irlandais.e.s et d'autres de leurs copains. Le temps est un peu pluvieux alors entre deux averses (durant lesquelles on cuisine, on papote, on joue, on lit...), on va se promener, faire de l'escalade...

Lorsque le weekend se termine, les copaines retournent à Vancouver tandis que nous prenons la route de notre prochaine destination : direction la forêt et des sources d'eau chaude du petit village de Nakusp. On a encore un peu de mal à comprendre le climat alors on va de surprise en surprise : la route pour accéder aux sources d'eau chaude est complètement enneigée et notre Grizzly n'est pas une moto-neige ! On est sur le point de renoncer quand on rencontre un monsieur qui en revient, chaussé de skis de rando, et qui nous conseille d'aller y passer la nuit. Il en faut peu pour nous convaincre alors on prépare nos affaires et le lendemain, on se met en route. 11kms dans la neige avec les sacs chargés pour une nuit en bivouac dans la forêt enneigée. Ça faisait longtemps et on est contents de ressortir notre matos de camping ! La rando est très belle et on arrive bien fatigués à destination.

Et quelle destination ! On est presque contents d'en avoir bavé pour arriver jusqu'ici car l'arrivée a une autre saveur... On a les pieds gelés et les jambes fatiguées, les derniers mètres ont été les plus difficiles (comment vous dire qu'on s'est retrouvés face à un mur de glace à descendre sans crampons...), mais quelle récompense : des piscines d'eau chaude, perdues au milieu de la forêt et bordées par la rivière pour nous tout seuls. On fait trempette, on monte la tente, on mange et on refait trempette. La différence de température entre l'air et l'eau est incroyable ! Après un dernier bain sous le ciel étoilé, on hisse notre nourriture dans un arbre (eh oui, on est en territoire d'ours et c'est le tout début de la saison où ils pourraient commencer à sortir de leur tanière) et on file s'emmitoufler dans nos duvets en plumes pour la nuit.

Un petit bain au réveil et hop, on se remet en marche, les pieds dans des sacs plastiques dans nos chaussures qui n'ont pas séché d'un centilitre pendant la nuit (et toutes les techniques sont bonnes pour essayer d'arriver plus vite !). On ne sait pas ce qu'on doit ressentir, entre l'excitation de croiser un ours ou le soulagement de ne pas avoir a gérer cette rencontre (même si celles-ci sont rares puisqu'ils préfèrent éviter les rencontres avec les humains tant qu'ils ne se sentent pas menacés) ; entre l'expérience exceptionnelle qu'on vient de passer dans des sources chaudes comme seul.e.s au monde au milieu de la forêt et la neige, et la fatigue musculaire de la marche enneigée et de la nuit courte et glaciale (notre première nuit de camping dans la neige !).

Une fois de retour avec Grizzly, on reprend le traversier et on se remet en route vers les Rocheuses.

Un petit montage des vidéos de cette étape

C'est parti pour les montagnes, les vraies. En route vers l'est !

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Revelstoke, Golden, Yoho [Soundcloud]

On suit la route qui peu à peu s'enfonce dans les montagnes enneigées. Vraiment enneigées. On sent qu'on est entrés dans un tout nouvel environnement : bienvenue dans les Rocheuses canadiennes.

On s'arrête dans un petit village qui fait office de station de ski. Et là encore on est plongés dans un nouveau monde car tout les gens sont en tenue de ski, la marque du bronzage qui commence à être bien apparente, les voitures ont toutes des skis ou snowboards sur le toit... La ville de Revelstoke est notamment réputée pour avoir été la première à mettre en place la discipline de saut à ski, avec sa piste naturelle impressionnante. On a envie de se laisser gagner par l'ambiance mais les prix nous retiennent. On a tout de même la chance de faire la connaissance de Fernand, un Québécois, qui nous fait essayer son vélo-ski.

On se balade dans les alentours, dans le parc National de Revelstoke. Mais on a rapidement notre dose de neige : les sentiers de randonnée sont encore complètement enneigés et on s'enfonce parfois jusqu'au genou ! On n'est pas vraiment équipés alors on a les pieds trempés et les chaussures embaument notre minuscule maison pendant plusieurs jours. Les chaussettes qui sentent le ski sans skier, même pas drôle ! On finit donc par passer du temps dans les rues, à la découverte des petits restaurants du coin et à la piscine municipale à profiter du hammam, sauna, jacuzzi et grand toboggan.

Puis on prend la route pour aller visiter le parc national des Glaciers. Enfin ça c'était dans nos rêves car à cette période de l'année, il est impraticable : la neige est toujours très dense et c'est la période des avalanches. Cette partie des Rocheuses est la zone du monde la plus surveillée en termes de risque d'avalanche. On remballe donc nos plans de randonnées à la découverte des gigantesques glaciers qui trônent sur la région et on se contente des vidéos et explications du petit musée du parc national. Sur le bord de la route, on voit de nombreuses avalanches et on imagine la prouesse qu'a été de faire passer le train dans cette région si inhospitalière.

On s'arrête donc un peu plus loin sur la route, une fois qu'on est redescendus en altitude et on trouve un magnifique spot où se poser pour la fin de la journée et la nuit, au bord de la rivière. On y rencontre un couple de voyageurs en van ("vanlifers"), espagnol/hollandaise avec qui on passe la soirée et toute la journée du lendemain. On est trop contents d'enfin rencontrer des vanlifers car avec l'hiver, ça n'était pas simple : tout le monde restait dans son véhicule à cause du froid. Et c'est aussi ça le mieux dans le voyage, les rencontres sur la route et ça change totalement l'aventure !

A cause des mauvaises prévisions météo et pour la première fois en Amérique du Nord, on a réservé une chambre dans un motel. Avec le froid, les chaussures trempées par nos aventures dans la neige, les douches pas toujours faciles d'accès, et la pluie annoncée, on avait envie d'un peu de confort. Bon c'est loupé car il ne pleut pas, mais on profite des avantages d'avoir une chambre avant de repartir pour plusieurs semaines de camping à travers les Parcs Nationaux des Rocheuses.

Et on reprend la route vers notre premier Parc National, le parc de Yoho. Étant de nouveau dans une zone montagneuse avec risque d'avalanche, il n'y a que peu de sentiers ouverts et praticables donc on se contente de ceux auxquels on peut accéder avec nos crampons. Mais nous sommes chanceux car on peut profiter d'avoir chaque lieu presque pour nous tout seuls.

C'est aussi l'un des meilleurs moments pour observer les chutes d'eau qui sont nombreuses dans la région, car elles commencent à fondre et sont donc à moitié gelées et à moitié déchainées. Et les lacs (enfin ceux qui ne sont pas gelés et recouverts d'une couche de neige) sont d'un bleu turquoise comme on en a rarement vu ! Durant l'hiver, les lacs gelés sont le théâtre de tout un tas d'activités : patins à glace, ski de rando, sculpture sur glace, pêche.... mais malheureusement, et même si c'est dur à croire pour nous qui n'avions jamais vu de lac gelé jusqu'à présent, on arrive un peu trop tard et la glace n'est plus assez sûre pour y pratiquer une quelconque activité. Bon, ça c'était sans compter sur Clément qui ne résiste pas à faire de nombreuses glissades sur chaque surface glacée que l'on croise, à commencer par le lac Emerald.

Le parc national de Yoho nous a émerveillé alors on a hâte de découvrir les prochains ! On se met en route pour le Parc National de Jasper, qui sera notre destination la plus au Nord du Canada.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Jasper [Soundcloud]

Les Rocheuses sont un environnement incroyable. L'image typique du Canada, celle que l'on a toutes et tous en tête : des forêts à perte de vue, des montagnes enneigées gigantesques, des lacs de glacier bleu turquoise, et tout un tas d'animaux sauvages. Autant vous dire que tout est vrai et que c'est grandiose.

Jasper National Park (+ Abraham Lake) 

Pour arriver dans le périmètre du Parc National Jasper, nous empruntons une route largement touristique le reste de l'année (nous on a la chance d'être hors saison), nommée La promenade des glaciers. Comme son nom l'indique, celle-ci traverse la chaîne des Rocheuses sur 229kms et est surplombée par des dizaines et dizaines de géants glacés. On ne sait plus où donner de la tête et on s'arrête tous les cent mètres pour admirer, dans cette atmosphère gelée, la fin de l'hiver et le tout début du printemps sur les montagnes canadiennes.

On s'arrête en chemin pour faire les quelques randonnées accessibles (eh oui, ça n'est toujours pas la bonne période pour gravir des sommets) et on est complètement ébahis par tant de beauté. Du blanc, du vert, du bleu... Wahou !

Et même qu'en allant s'installer au camping pour la nuit, alors que la pénombre est bien installée, sur le bord de la route on a la chance d'apercevoir....... notre premier ours noir (excitation à son maximum !!!) :

Le parc national de Jasper est le plus grand des parcs nationaux canadiens. Il est situé dans la province de l’Alberta et couvre 11 000 km2. Il abrite les grands glaciers du champ de glace Columbia, des sources chaudes, des lacs et des chutes. Les principaux animaux sauvages représentés sont le wapiti, l’orignal, la chèvre de montagne, le mouflon, l’ours noir, le grizzly et le caribou. Ce parc est reconnu comme patrimoine mondial de l'Unesco. Il abrite une petite ville (et pour y habiter il y a des règles strictes comme y travailler...) du nom de Jasper. Elle se situe au pied des montagnes majestueuses et il n'est pas rare d'y croiser des habitants très poilus...

Les jours se suivent et se ressemblent sans se ressembler : on se réveille face aux merveilleuses montagnes qui nous entourent, on va se balader sur les différents sentiers, on pique nique, Clément fait des glissades sur les lacs gelés, on re-randonne puis on regarde le soleil disparaître derrière la cime des montagnes reflétant des couleurs incroyables sur les lacs, en mangeant un petit plat chaud avant de rentrer se garer/coucher au camping. Elle est pas belle la vie ?

On randonne à la découverte de certains des glaciers (ceux accessibles à cette période de l'année), et on réalise à quel point la nature subit le changement climatique. On se dit chanceux d'avoir expérimentés de nous retrouver face a face avec ces géants de glace plusieurs fois au cours de ce voyage. On se demande combien de générations après nous pourront encore en dire autant...

Après avoir arpenté en long, en large et en travers le parc, on reprend la route magnifique qui redescend vers le sud. En chemin, on s'arrête pour dormir une dernière nuit au pied des montagnes et sur le spot du soir, on rencontre notre voisine canadienne, Angela. On s'entend si bien qu'elle décide de nous emmener le lendemain dans un coin qu'elle connait bien. On la suit et on arrive sur les rives du lac Abraham. C'est un réservoir qui est mondialement connu car en hiver, il est totalement gelé mais on peut voir des milliers de bulles de gaz emprisonnées dans la glace. Les paysages sont grandioses !!

Il fait si chaud et c'est tellement beau qu'on se décide à aller faire trempette..... Et comme prévu, c'est très très très froid (oui oui c'est bien de la neige qu'on peut voir juste au dessus) !!!

On cuisine, on allume un feu puis on s'endort devant ces paysages incroyables. On se balade encore un peu avant de reprendre la route pour notre prochaine étape dans les Rocheuses : le parc national de Banff.

Comme pour nous laisser un souvenir encore plus fort, sur la route du départ on croise notre 2eme ours noir :

On prend la route pour le plus ancien des parcs nationaux du Canada, le Parc national de Banff. C'est l'un des parcs les plus visités, si bien qu'il doit faire face à de nombreuses menaces quant à la préservation de ses écosystèmes. Il se compose de nombreux glaciers et champs de glace, forêts denses, rivières et cascades, et est habité par de très nombreuses espèces animales.

Les Rocheuses canadiennes, c'est quelque chose, et même si nous ne sommes pas à la meilleure des saisons pour les découvrir, on a quand même beaucoup de chance de voir ce qu'on voit et surtout sans une foule de touristes à nos trousses. En effet, à cette période de l'année on circule sans problème mais le reste du temps il y a tant de bouchons qu'ils ont mis en place des navettes obligatoires pour se déplacer d'un point à un autre. L'un des lieux emblématiques du parc Banff c'est le fameux Lac Louise et même en y allant tôt le matin à cette époque, on a vite été rattrapés par de nombreux bus de touristes qui affluent sur la glace. C'est étonnant de voir ces lieux naturels grandioses se transformer en fourmilière géante. Le secteur du Lac Louise est sous un climat hivernal 10 mois sur 12 si bien qu'à la mi mai, il est encore possible de skier (bon, et il faut avoir un porte monnaie bien rempli !).

On n'est pas très fan de l'ambiance autour du Lac Louise (qui est recouvert de neige mais qui est normalement bleu turquoise et entouré de glaciers) et puisque c'est la période des avalanches, on ne peut faire que très peu de randonnées dans le coin alors on ne s'attarde pas et on se dirige vers la ville de Banff, épicentre du parc. En chemin, on a retrouvé nos copaines de Vancouver, Margaux et Donal qui viennent en vacances chez la famille dans le coin. Retrouvailles, petite rando et on se donne rendez-vous dans quelques jours pour de nouvelles aventures. On poursuit notre chemin à travers des paysages incroyables et on finit par s'installer au camping de Banff, au pied de montagnes gigantesques qui nous offrent un beau panorama au réveil.

On prend nos aises dans les boutiques du village, on fait des randos toutes plus belles les unes que les autres, on passe du temps avec des copaines (eh oui on a aussi retrouvé Alberto et Stijntje, rencontrés sur la route quelques temps plus tôt), on suit les traces des castors et on tombe sur un ours, on améliore notre maison sur roues avec les moyens du bord, on continue l'expérimentation des bains en eaux glacées... bref, on adore toujours autant les Rocheuses et on est tristes de les quitter !

Cette étape marque la fin de notre traversée des Rocheuses et le début de la grande traversée des prairies Canadiennes. Avant ça, une pause s'impose dans la ville de Calgary car Grizzly a besoin d'être examiné par un garagiste.... affaire à suivre !


On quitte les Rocheuses et c'est une sacrée étape dans ce périple. C'était incroyable et grandiose ! On est époustouflé par la majestuosité et la beauté des paysages que nous avons traversé.

On se rend à Calgary, ville mondialement connue pour avoir accueilli les Jeux Olympiques d'Hiver en 1988, afin d'aller chez le garagiste... Eh oui, lors de notre traversée des Rocheuses, nous avons découvert un petit vice caché sur Grizzly : un minuscule bout de scotch noir cachait le voyant des airbags. Oups ! Et on découvre par la même occasion que notre chère voiture a subi un très gros accident quelques années auparavant... on doit donc vérifier que celle-ci contient bien des airbags. En regardant les prix d'une telle réparation, on n'est pas sereins (au delà du fait d'être très en colère pour des raisons de sécurité !). Après un premier diagnostic, on nous informe que nous avons bel et bien nos airbags (ouf !), mais que le capteur n'a pas été remplacé (donc qu'ils ne sont pas opérationnels... Bof !). On est envoyés chez le concessionnaire qui nous garde Grizzly le reste de la journée le temps de faire les réparations et nous sommes conduits dans le centre-ville de Calgary.

Alors qu'on n'avait aucune attente sur cette ville et qu'on ne pensait pas spécialement la visiter, on est très agréablement surpris. D'une part on regoûte à la découverte à pied d'une ville, sans voiture à stationner, ni peur que quoi que ce soit arrive à notre maison sur roues ; d'autre part on découvre une ville sous le soleil, dont chaque rue est décorée par du street art. On se balade d’œuvre en œuvre, à la découverte des rues colorées et animées de Calgary. Puis on retourne chercher notre Grizzly, paré pour de nouvelles aventures !

Et quelles aventures ! On a rendez-vous dans pas moins de 700 kms à travers les prairies Canadiennes avec Owen, notre copain Canadien chez qui on a passé 1 mois au Guatemala... Il est de retour pour quelques mois au Canada pour régler des papiers et gagner de l'argent afin de soutenir leurs différents projets au lac Atitlán au Guatemala. On s'était déjà revus sur l'île de Vancouver où il nous avait demandé de venir l'aider à boucler ses chantiers dans la région du Saskatchewan avant son retour. Alors nous voilà au beau milieu du Canada à... repeindre des appartements, une maison de retraite, des clôtures, et ce pendant quelques jours non-stop. On rencontre un collègue syrien d'Owen qui nous invite chez lui où sa femme nous a concocté un délicieux repas de spécialités syriennes maison.

Après quelques jours intenses en peinture, on quitte Owen pour la dernière fois et on retrouve des copains rencontrés sur la route, Teddy et Ophélie. Ils sont les premiers qu'on a rencontrés qui voyageaient avec le même véhicule que nous. On passe la soirée à mieux se rencontrer aux pieds du fameux et gigantesque "Moose Jaw". Nos routes se séparent mais on se donne rendez-vous dans quelques semaines chez eux, dans la ville de Lévis (la rive en face de la ville de Québec).

On se remet en route tranquillement à travers les paysages incroyables des prairies, en direction du Parc National du Mont Riding.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore Riding Mountain et Winnipeg [Soundcloud]


Nous reprenons la route à travers les paysages des prairies Canadiennes. Et quels paysages ! On nous en avait beaucoup parlé "Vous allez voir, c'est des milliers de kilomètres sans rien à voir". Après la Colombie Britannique et l'Alberta, on continue notre route à travers les états du Saskatchewan et du Manitoba, beaucoup moins touristiques.

Depuis la sortie de Calgary, le changement est brutal ! Après les Rocheuses, on est sur une plaine qui s'étire plus loin que ce que notre regard peut atteindre. Nous voilà bel et bien dans les fameuses prairies Canadiennes. Des champs de grande culture à perte de vue ! On roule en ligne droite et on observe le soleil se lever et se coucher, nous offrant des cieux enflammés, ponctués par l'ombre des silos et des machines puisant le pétrole (c'est un peu effrayant ces bras mécaniques qui semblent vivants). Notre traversée se fait aussi au rythme du gigantesque et lentissime train de marchandises ou de pétrole (on a compté au moins 160 wagons). A la nuit tombée, on s'installe dans de petits terrains de camping gratuits mis à disposition par la communauté locale. Ces territoires étaient jusqu'au 19ème siècle habités par les Premières Nations, qui peu à peu se sont fait expropriés par le gouvernement Canadien et rassemblés dans des réserves. Cela a permis au gouvernement de construire le chemin de fer traversant le pays et par la suite d'accueillir des migrants du monde entier pour repeupler et travailler ces terres. On traverse donc de très nombreux villages d'origine Ukrainienne, Polonaise...

Après quelques jours de route, nous voilà arrivés à notre objectif : le parc national Riding Mountain. Ce parc se situe dans une zone qui était un lieu de chasse privilégié pour les Premières Nations. Constituées de forêts, de vastes étendues et de lacs, les prairies accueillent une faune diverse, et notamment des castors, des wapitis, des ours et bisons. Historiquement, c'est un territoire fortement marqué par le commerce de la fourrure. Le parc national est érigé dans les années 1930, puis pendant la Seconde Guerre mondiale, on y construit un camp de prisonniers de guerre Allemands (fait qui se répète dans de nombreux parcs canadiens) dont la main d’œuvre est utilisée pour agrandir les infrastructures et alimenter en bois la ville de Winnipeg notamment.

On passe 2 jours à arpenter le parc, dont une grande partie est interdite d'accès pour permettre aux bisons de se reproduire en toute sérénité. Dommage pour nous, nous ne verrons pas de bisons sauvages pour cette fois, mais on rencontre bien d'autres bêbêtes, pour notre plus grand plaisir (mais aussi plus grand cauchemar *tiques*) ! On reste quand même sur nos gardes pour ne pas faire une rencontre inattendue au détour d'un arbre....ce qui est sûr c'est qu'on est dans la maison d'autres habitants que les Humains.

On a du mal à partir tellement ces rencontres nous bouleversent, mais on reprend la route en direction de la prochaine ville, Winnipeg. Sur la route si longue, on est peu à peu gagnés par une atmosphère de fin du monde : les fumées des incendies en Alberta traversent le Canada. On roule sur une route toute droite, les paysages autour sont plats et identiques depuis des centaines de kilomètres, la lumière est jaune... Heureusement on aperçoit la lumière de la ville et on trouve un lieu sympa pour s'abriter pour la soirée avant d'aller visiter Winnipeg le lendemain.

Winnipeg est la capitale de l'état du Manitoba. La ville jouit d'un climat continental avec des hivers très froids. Il existe dans la ville une grande communauté française (ça nous semble fou cette présence française et l'importance de la francophonie partout sur notre route !). Winnipeg a nourri l'espoir de devenir un important point de commerce, porte d'entrée de l'Ouest Canadien. Sa place stratégique au milieu des Prairies en fait le "grenier à céréales" du Canada. C'est aussi un important centre manufacturier. Mais l'ouverture du Canal de Panama a fait décliner cet essor économique puisqu'il est venu concurrencer le chemin de fer transcanadien. C'est cependant un lieu important pour le syndicalisme ouvrier, mais aussi surtout pour les revendications des Premières Nations. Avant l'arrivée des colons Européens, ce fut un point stratégique de rencontre entre les différents peuples et de nombreux traités de paix y ont été signés. La ville se trouve sur les terres de plusieurs peuples et c'est ici que les 11 traités ont été signés par les Premières Nations et la Couronne du Canada entre 1871 et 1921, lors de la création du Dominion du Canada. Grâce à ces traités, le gouvernement canadien a pu poursuivre l'installation de colons et ainsi l'exploitation de ressources dans les régions qui couvrent la majeure partie des territoires actuels de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de l'Ontario, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest. Aujourd'hui, ces traités sont toujours en vigueur, perpétuant la précarisation et stigmatisation des peuples Premières Nations. A travers la ville, on peut voir les différentes traces de son histoire, les époques semblent se mélanger et on a l'impression de faire un voyage à travers le temps. On s'y balade sous le grand soleil revenu, et on est touché par cette ville.

Notre traversée vers l'est continue et on se dirige vers le prochain état qui paraît prometteur, l'Ontario.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore découverte du Lac Supérieur [Soundcloud]


Nous voilà arrivés dans un nouvel État Canadien, l'Ontario. C'est la province la plus peuplée du pays puisqu'elle abrite la capitale du pays, Ottawa, ainsi que la plus grande ville, Toronto. La province a été fondée sur de nombreux territoires traditionnels premières nations (Algonquins, Ojibwés...), cultures et modes de vie aujourd'hui toujours très présents.

On accède encore à de tout nouveaux paysages : la route rejoint peu à peu les abords d'un lac qui nous semble gigantesque. Et à regarder la carte on réalise où nous sommes : la célèbre région des grands lacs américains est mitoyenne à celle du Canada. L'Ontario contient plus de 250 000 lacs, soit environ un cinquième des réserves mondiales d’eau douce. On comprend donc que les prochaines semaines vont être rythmées par des réveils au bord de l'eau.

On arrive dans la petite ville de Thunder bay, port très important pour le réseau fluvial du pays. A l'entrée, on tombe sur une chute d'eau impressionnante, les Kakabeka Falls, haute de 40m. On profite d'être dans cette grande ville pour aller au musée qui met en avant des artistes premières nations ; on tombe sur une église/café, dans laquelle on s'arrête papoter avec les gérants du projet...

On reprend la route jusqu'à la prochaine petite ville où l'on a repéré un spot de camping sur le bord de l'eau. On arrive à temps pour le coucher du soleil et c'est très beau. On croise un monsieur, Pierre, avec qui on se met à parler (notre plaque d'immatriculation californienne lui fait dire que nous sommes loin de la maison, mais il est loin de se douter à quel point !). Et après 1h de papote, il nous propose de venir passer la soirée et la nuit chez sa famille, ce qu'on accepte avec grand plaisir. On a la chance de tomber sur Pierre et sa femme Hannah et nous passons la soirée à manger du poisson tout juste pêché de la rivière, à en apprendre davantage sur les peuples premières nations, sur la vie en réserve et surtout sur le mode de vie d'un trappeur (parce que oui Pierre est trappeur, de père en fils). On est un peu surpris de ce hobby/tradition mais on accueille avec intérêt les histoires autour des traditions des peuples premières nations.

Le lendemain on reprend la route qui longe les bords du lac Supérieur. Il est à cheval entre le Canada et les États-Unis. C'est le plus grand lac d'Amérique du Nord et le plus vaste lac d'eau douce du monde. Il est si grand qu'on observe des vagues, telle une véritable mer intérieure. Cette étendue d'eau et son tempérament océanique donne naissance à des tempêtes automnales très fortes mais aussi à des périodes de calme. En chemin, on s'arrête faire des randos qui nous on été conseillées par nos hôtes de la veille. Et puis quand vient la fin d'après-midi, on se trouve un petit abord du lac pour y passer la nuit. C'est un quotidien très paisible, et nous sommes ravis car les températures se sont réchauffées.

Après avoir roulé plusieurs jours, nous atteignons le Parc National de Pukaskwa. C'est un véritable bijou. On n'est vraiment pas très nombreux, ce qui nous donne l'impression d'avoir ces paysages rien que pour nous. On randonne, on pique-nique, on contemple, on prend un bain glacé, et on profite pleinement de la vie en van à l'extérieur. C'est si agréable de passer toute la journée dans la nature, de pouvoir cuisiner dehors, se réveiller au soleil... au milieu des pins et du bleu intense du lac. On prend le temps de se renseigner sur la nation Anishinaabe, originaire de ce territoire, pour laquelle la nature tient une place centrale dans leur vie, et particulièrement la proximité avec le lac et les forêts. Ce lac était pour eux à la fois une source d'eau potable intarissable, un moyen de transport et un réservoir de poissons ; tandis que les forêts avoisinantes permettaient la chasse (viande + fourrures + peaux), le ramassage de baies, l’abri et la récolte de bois de chauffage ou de construction.

Après quelques jours au milieu du parc, on reprend la route vers l'Est, en compagnie d'un nouveau copain Allemand, Phillip, qui voyage lui aussi dans un van.

Voici une ambiance sonore pour accompagner la lecture de cet article (avant, pendant ou après, à votre guise) : Ambiance sonore découverte du Lac Supérieur au Lac Huron [Soundcloud]

Nous décidons de poursuivre notre découverte de la région des grands lacs canadiens. Nous profitons des paysages grandioses du Parc provincial du Lac Supérieur et de ses petits villages côtiers. On découvre une nature incroyable, habitée par une culture et des traditions très fortes. On en apprend notamment davantage sur le commerce du bois et comme les rivières étaient utilisées pour l'acheminer, "la drave".

On est émerveillés par cette étendue d'eau, qui reflète merveilleusement les lueurs du soleil et de la lune. A certaines heures, on ne devine plus l'horizon, ni à quel point se sépare l'eau du ciel. On déniche quelques spots où dormir pour profiter de ce spectacle !

Après le Lac Supérieur, nous débouchons sur le Lac Huron. Celui-ci sépare la région américaine du Michigan avec celle canadienne de l'Ontario. Il abrite l'île Manitoulin qui est la plus grande île en eau douce du monde et est notre prochaine destination. Nous prenons la route dans sa direction. L'île de Manitoulin abrite 6 réserves Anishinaabe, pour qui ce territoire est un lieu sacré. L'île possède donc une riche culture. On a beaucoup de chance car nous arrivons au tout début de la saison des Pow-wow, qui comptent parmi les pratiques culturelles les plus importantes de la culture autochtone de l'Amérique du nord. Le Pow-wow est une forme de rassemblement populaire intertribal, autogéré et autofinancé, pratiqué au sein de nombreuses communautés autochtones partout en Amérique du Nord. Son cœur en est le tambour, autour duquel les participants se réunissent pour danser : "Sont inhérentes à cette pratique culturelle une dimension rituelle et cérémoniale plus ou moins marquée selon les contextes, ainsi qu’une dimen­sion politique. En effet, le powwow est conceptualisé par ses praticiens et pratiquants comme une forme majeure d’affirmation de la culture et de la spiritualité autochtone, mais aussi comme une pratique de solidarité entre les nations autochtones qu’elle réunit. Dans cette optique, la pratique du powwow manifeste une manière nouvelle et critique d’habiter l’espace continental au sein d’une géographie coloniale qui a rompu la continuité et la fluidité des rapports entre les nations. Le territoire de la danse devient le référent d’un discours d’unité politique des nations participantes". Accompagnés de notre ami Philipp, on se plonge donc à la fois dans la nature mais aussi l'histoire de ces peuples.

Après quelques jours sur l'île, on embarque à bord d'un gros bateau pour rejoindre le continent et partir à la découverte du Parc national de la Péninsule de Bruce. En route, on a l'impression qu'on va vivre le Titanic II mais ça n'est finalement qu'un exercice.... ouf ! Et c'est sous un magnifique coucher de soleil que nous rejoignons la terre ferme.

Dès le lendemain matin, nous partons sur les sentiers de randonnée qu'offre le parc et c'est magnifique ! On passe du vert au bleu turquoise en un clin d’œil, de la montagne aux forêts, de l'eau agitée à des étendues de plage. On en prend plein la vue, c'est magnifique ! On découvre de nouvelle espèces de flore, et on imagine quelles espèces de faunes sont présentes.... Saurez-vous deviner à quoi servent ces "porte sacs" géants ?

Après un fish&chips délicieux dans la petite ville de Tobermory, une nuit de pleine lune gigantesque à l'abri d'une petite chapelle pittoresque, nous quittons Philipp pour quelques jours, et prenons la direction de la ville de Toronto. Sur la route on fait encore quelques arrêts dans des lieux qui valent le coup d'oeil : les grottes de Bruce's Cave et la cascade Indian Falls. De petits bijoux naturels peu connus.

Et au bout de la route : Toronto.

Publié le 2 janvier 2025

Ce qu'il y a de surprenant en Amérique du Nord c'est la différence en termes d'architecture avec ce qu'on connait en France. C'est si vaste, si récent et hérité d'une culture de l'immigration qu'il y en a pour tous les goûts, tous les styles. On est loin de la notion française de "cohérence architecturale". Et c'est ainsi qu'en route pour Toronto, on traverse de nombreuses petites villes qui nous rappellent celles qu'on a pu traverser en Irlande : de la brique rouge et des éléments très industriels. C'est un peu sorti de nulle part et ça n'a rien à voir avec ce qu'on a pu traverser ces derniers jours, mais on trouve tout de suite un charme à ces endroits.

On arrive à Toronto et on est tout de suite conquis par la ville. Elle est verte, industrielle, sur les bords du Lac Ontario, ses différents quartiers offrent des rues pleines de graffs... Et puis nous sommes accueillis chez Yoga, un indien qui a immigré à Ottawa pour le travail et qui nous héberge et nous fait découvrir la ville sous son meilleur angle. Depuis chez lui, on a la meilleur vue possible sur la ville.

On gare Grizzly au pied de chez lui et on s'installe au 7ème étage. Nos prochains jours sont donc partagés entre balades à pied ou à vélo à la découverte des différents quartiers de la ville, explorations culinaires, rencontre de gens du monde entier immigrées à Ottawa - qui décident d'ailleurs d'organiser un anniversaire surprise à Clément, qui se voit chanter "Joyeux anniversaire" dans pas moins de 6 langues différentes, observation du soleil qui se couche sur le lac... La belle vie !

Quand vient l'heure de partir, c'est encore une fois avec un pincement au coeur que nous disons au revoir à tous nos nouveaux amis et à la palpitante Toronto. On repart pour de nouvelles aventures vers l'est, à la découverte du parc des Thousand Islands.

On quitte la ville pour retrouver la nature totale. On passe quelques nuits au calme aux abords du fleuve Saint Laurent avant de pénétrer dans le parc naturel des Thousand Islands/Mille îles. Ce parc est LA destination pour les Canadiens de l'est car elle offre des paysages et températures très plaisants : une eau bleu turquoise, des plages de sable...

Bon, il faut avouer qu'au milieu de la faune très riche qu'on est heureux de rencontrer se cache une espèce un peu moins désirée...les midges. C'est une espèce de mouche/moustique minuscule mais très vorace qui sort de l'hiver pour accompagner tous les campeurs et campeuses canadiens... Pour essayer de profiter des températures plus douces à bord de Grizzly, on s'installe dans la nature canadienne et nous l'équipons tant bien que mal de moustiquaires.

Au milieu du parc, on découvre la petite ville mignonne de Kingston, puis nous montons à bord de différents petits bateaux pour aller se balader sur certaines de ces milliers d'îles au charme pittoresque malgré le temps gris (et aux messages politiques plus ou moins consensuels...). Comme vous pouvez le voir, même certaines des îles les plus minuscules ont été aménagées...

On reprend la route et nous traversons enfin une frontière très symbolique pour nous : nous venons d'arriver au Québec. On réalise le chemin parcouru, les aventures vécues et notre position sur la carte. Wahou, on y est !! Quel symbole d'arriver au Québec, et de retrouver la langue française. Psychologiquement ça nous rapproche du retour, tout en douceur. On ressent qu'on est plus proches de l'arrivée que du départ, alors on savoure encore différemment la suite de nos aventures. Et rien de mieux que d'entamer la découverte du Québec par une première visite rapide de Montréal. On passe une nuit en dehors de la ville avant d'entrer dans le vif du sujet.

On gare Grizzly et on se balade dans les rues des différents quartiers. On apprivoise la vie québécoise, l'accent, les expressions et la facilité dans l'échange avec les gens. C'est coloré, vivant et très branché, on adore et on s'y sent tout de suite très bien ! Il faut savoir que l'été à Montréal rime avec festival alors bien sûr, on a la chance de tomber sur un festival de graff auquel on se rend avec nos copines québécoises Val et Émilie, rencontrées en 2019 sur un trek dans un canyon au Pérou... On est très heureux de se retrouver et après une bonne poutine, on se rend au festival. Le principe : un thème et un outil imposé, et les 2 artistes graffent sur scène en direct. Incroyable ! Et à la fin du temps imparti, le public vote pour son préféré.

Le lendemain matin, nous avons rendez-vous à Laval, ville mitoyenne de Montréal pour découvrir une initiative que l'on attendait depuis longtemps : les fermes Lufa. Eh oui, pour tout vous dire, on en a présenté un exposé à la fac en 2015, alors on était obligés d'aller les voir en vrai. Les fermes Lufa c'est des fermes installées sur les toits de bâtiments industriels. Le concept de base était de s'installer sur les toits des supermarchés pour les approvisionner en direct et contrer l'importation massive de légumes depuis le Mexique et la Californie (quand on y était ils étaient sur le point de dévoiler leur prochain projet : une ferme Lufa sur le toit d'un Walmart). C'est une sacrée révolution ! En plus de prendre forme dans des espaces inutilisés et de les isoler, elles fonctionnent en complémentarité avec leur environnement : des cultures hors sol, qui utilisent la chaleur des bâtiments du dessous pour pousser tout en diminuant la nécessité de chauffer pour ces bâtiments. Elles permettent de ramener de la nature en ville, et de s'approvisionner en légumes frais ultra-locaux (de qualité et à un coût abordable) pour les habitants de Montréal. Leur proposition : ils travaillent avec de nombreux producteurs et productrices locaux, et forment des paniers qu'ils complètent avec leurs produits. Ce principe est d'autant plus intelligent au Québec puisque l'hiver les cultures sont impossibles, ce qui permet par exemple aux fermes Lufa de proposer des salades locales et à un prix moindre toute l'année.

On ne s'attarde pas car nous comptons revenir passer du temps à Montréal à la toute fin du voyage. D'ici là, nous avons rendez-vous avec les copaines Teddy et Ophélie, rencontrés un soir sur un parking dans les Rocheuses, qui vivent dans la ville de Québec. Et nous avons également rendez-vous avec la région de la Gaspésie. Ça y est, nous sommes dans un contre la montre car il ne nous reste qu'un petit mois avant la date du grand retour...

C'est parti, à nous le Québec !