Carnet de voyage

Aux détours des lacs italiens

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Voyage en couple en fourgon aménagé, en Italie du nord, à la découverte les lacs.
Septembre 2024
3 semaines
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Huit heures de route sont prévues pour atteindre les lacs du nord de l’Italie. Nous allons couper le trajet en deux, en nous arrêtant sur les rives du lac de Serre Ponçon, où nous trouvons un bel emplacement faisant face à la petite ville de Savines le Lac.

 Lac de Serres-Ponçon
 Savines le lac

Le vent souffle fort en cette fin d’après-midi. Il frise avec insistance la surface du lac. Nous poussons tout de même une petite promenade jusqu’au village. Pour cela, nous devons suivre le pont qui enjambe la Durance, n’en finissant pas de relier ses deux rives. Savines le lac, hésite entre une petite station balnéaire de bord de lac, et une station préalpine. Sa récente construction, suite à la création du lac, efface tout charme, pour ne laisser qu’un attrait touristique oscillant entre départ de randonnée et base nautique.

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Le lendemain, en fin de matinée, nous entamons notre itinéraire du jour, qui doit nous mener vers Turin, Milan, avant de bifurquer vers la région des lacs.

Après la traversée de Briançon, la route s’élève, pour offrir de fabuleux paysages. Derrière nous, d’étroites gorges où s’insinuent rivières bruyantes. Face à nous, les sommets alpins dentellent l’horizon de leurs sommets vertigineux, pour certains, tapissés d’une neige éternelle. La descente vers les vallées italiennes se fait agréablement dans un décors de haute montagne, où le vert domine la palette de couleurs des alpages.

Deux heures d’une route et d’autoroute monotones, et nous voici dans un tout autre environnement. Tout à coup, tout semble plus apaisé. Une circulation espacée, de belles maisons de bords de routes encadrées de charmants jardins, et de clôtures entretenues. La région des lacs s’ouvre à nous.

Le premier de notre périple, sera le lac d’Orta, avec sur ses rives, le village d’Orta San Giulio.

Le lac d'Orta et l'ile de San Giulio 

Nous sommes au milieu de l’après-midi, il fait particulièrement chaud. Nous profitons de cette belle fin de journée pour descendre au village. De magnifiques villas aux terrasses en surplomb exposent leurs balcons fleuris. Doucement, le sentier pittoresque nous amène vers les bords du lac. Miroir d’une eau assoupie, ce dernier reflète sans trouble les couleurs ocres des façades des demeures et palais, à l’opulente architecture.

Les belles villas qui bordent le lac 

Nous passons devant l’étonnante Villa Crespi. Son style architectural résolument mauresque, impose à la vue, le goût orientaliste exacerbé du propriétaire de l’époque. Aujourd’hui transformée en hôtel de luxe, la villa étire son minaret et déploie sa façade cubique à la vue des promeneurs. La finesse des décors, le dessin des encadrures de fenêtres, le jeu de couleurs des fresques murales, tout ceci apporte un charme anachronique indéniable.

 La villa Crespi

Au pied de la villa débute le chemin de promenade menant au village. Fait de petits galets polis par le temps, il descend prestement vers les eaux du lac, s’ouvrant de temps à autres sur pontons et minuscules plages, où de rares baigneuses profitent de la douce chaleur. De petits bateaux à moteur attendent patiemment, installés côte à côte, dansant au rythme des clapotis. D’autres dorment à l’abri dans les garages à bateaux privés des villas.

Le chemin poursuit se circonvolution pour nous déposer sur la piazza Motta, où règne une belle animation. C’est d’ici que partent les bateaux omnibus qui relient le village à la petite île Isola San Giulio. Le ballet des petite vedettes est rythmé toutes les quinze minutes. Il emporte ou déverse sur le quai, les touristes et les habitants venant du village situé de l’autre côté du lac. Restaurants, bars, pizzerias et gelateria envahissent l’espace public. S’y pressent, une armée de visiteurs dégustant des glaces en cornets ou installés devant un Apérol spritz. Des chaises des terrasses ou des bancs publics, les regards sont tournés vers le lac, personnage central de cette comédie italienne qui se répète jour après jour, inlassablement.

Au cours de ces deux jours de découverte du lac d’Orta, nous avons flâné à travers le vieux village, empruntant d’étroites rues escarpées, à la découverte de coursives, de vieilles enseignes, de palais cachés, de façades jaunies par le temps.

Les ruelles d'Orta 
 Orta vu de l'ile de San Giulio

Bien entendu, nous sommes allés faire le tour de la Isola San Giulio, après avoir pris le bateau omnibus. Une petite heure de promenade, pour un petit bout de terre sur lequel repose de belles demeures, construites au ras de l’eau, et faisant face au village d’Orta, sur lequel on profite d’une belle vue.

L'ile San Giulio 
 Sur l'ile de San Giulio

Le site de Sacro Monte di Orta domine le village et le lac. Une montée assez ardue permet d’y accéder, à l’ombre des pins qui déposent leurs épines, tressant un fin tapis sous les pas des randonneurs. Construit à partir de 1590, le site est désormais classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est entièrement voué à la vie de Saint François d’Assise. S’y succèdent, vingt chapelles décorées de fresques et habitées de statues en terre cuite, grandeur nature. Outre les chapelles, on y rencontre un silence bienfaiteur, et un cadre propice à la réflexion. De plus, le belvédère de la première chapelle offre une vue unique sur le lac.

Le Sacro monte 
 L'ile de San Giulio vue du Sacro monte

Le mercredi, le village d’Orta San Giulio s’anime dès le matin. C’est jour de marché. Camelots, fromagers, maraîchers et vendeurs divers s’installent jusqu’en fin d’après-midi, sur la place centrale, dans un lieu idyllique. Comme sur tout marché, on y discute fort, on propose, on déguste, on achète. Nous nous laissons tenté par la dégustation du fromager, et repartons avec, dans notre sac, portions de parmigiano, pecorino et gorgonzola.

La journée s’étire, le ciel soudainement se pare de gris, accueillant de lourds nuages, prémisses d’une petite pluie annoncée. Les étals, un à un, replient leurs parasols. Il est temps pour nous de rejoindre notre fourgon. Ce soir, pâtes au parmesan truffé sont au menu.

Demain, nous reprenons la route pour les bords du lac majeur.

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Pour rejoindre Stresa, sur les rives du lac majeur, la jeune femme de l’office de tourisme d’Orta, nous invite à emprunter l’itinéraire qui traverse les collines surplombant les deux lacs. Nous optons donc pour cette solution, plutôt que de suivre les rives. Il est vrai que cette route, quoique un peu étroite, ne manque pas de charme. Elle oblige à une vitesse mesurée de par ses nombreux virages et épingles, mais offre de magnifiques points de vue. On traverse de paisibles villages. L’herbe des prairies est haute et grasse. Elle accueille moutons, chèvres et chevaux qui y paissent en pleine liberté, joues gonflées et mâchoires actives. C’est un paysage de moyenne montagne à pentes douces. Dans la redescente sur Stresa, le lac majeur apparaît au détour d’un virage en épingle. Imposant, il écrase tout autour de lui, et aspire les montagnes environnantes, qui semblent tremper dans ses eaux.

 Descente sur le lac majeur

Il est presque treize heures, le ciel est quelque peu embarrassé de nuages grisonnants.

A l’opposé de sa voisine Baveno, où nous passerons une nuit, Stresa n’hésite pas à étaler aux yeux des visiteurs, une certaine opulence. Sa magnifique promenade du front de lac essaime de majestueux hôtels de luxe, d’où surgissent de somptueuses décapotables rugissantes et pressées. Petite Riviera lacustre, Stresa aligne les villas, palais et jardins donnant sur l’étendue d’eau. Le moindre détail de décoration est pensé, résolument créé pour installer un chic de fin de dix-neuvième siècle. On y croise des dames chapeautées à la poursuite de petits chiens en laisse, une écharpe colorée négligemment jetée sur les épaules. Les journées semblent s’écouler au rythme des vaguelettes du lac venant mourir sur les galets. Cette belle promenade constitue l’intérêt principal de Stresa. Les ruelles intérieures ont perdu de leur charme, laissant place à des boutiques pour touristes, restaurants, et marchands de glace.

 Stresa
 La balade du front du lac

En fin de journée, nous nous déplaçons à quelques kilomètres, et faisons halte à Baveno. Charmant et paisible village. Nous trouvons place sur les hauteurs. La lumière du jour s’étiole. Les eaux du lac majeur s’assombrissent. Peu à peu, la découpe des îles Borromées disparaît dans une nuit épaisse et fraîche. Nous prenons le temps d’assister au spectacle à la terrasse d’un café, au design très viennois, tout en dégustant un succulent Aperol Spritz.

 Baveno
 Les îles Borromées

Au matin, le vent est toujours présent. La surface du lac majeur est troublée, agacée. Pourtant, déjà, les bateaux ont entamé leurs viens et venus, entre Baveno, Stresa et les îles Borromées. Ces îles, au nombre de quatre (trois seulement se visitent), sont la propriété de la famille Borromée, descendants de riches banquiers et marchands. Nous réservons nos billets pour le circuit des trois îles, et embarquons très vite, pour l’isola dei pescatori. C’est la plus petite des trois. Son intérêt principal est d’offrir de magnifiques vues sur Stresa et Baveno. Son tour est rapide, agréable, tranquille, surtout en cette saison, et en ce début de matinée. Les commerçants s’activent pour mettre en place leurs étals. L’arrière et les cuisines des très nombreux restaurants, résonnent d’une mélodie faite de casseroles que l’on heurtent, d’ordres donnés par les chefs, de rires des petites mains qui profitent d’une dernières cigarettes. Toute l’île semblent attendre le bateau de midi et ses visiteurs affamés.

Isola dei pescatori 
 Isola dei pescatori

L’île bella, qui doit son nom à Isabelle l’épouse du comte Carlo III Borromée, est le siège du Palazzo des Borromées, qui de temps à autre y élisent résidence. Le drapeau est alors hissé. Là encore, autour du palais et des superbes jardins, une véritable toile d’araignée de petites boutiques attendent de prendre les visiteurs dans leurs filets.

 Isola Bella
Isola Bella 
 Le palais des Borromées

La troisième île est l’île Madre. Ici, pas de boutiques, ni de "chinoiseries". Le palais et ses jardins occupent la totalité du rocher. A peine débarqué, la magie opère. La promenade s’étire au dessus des eaux du lac, s’enroulant avec délicatesse, grimpant jusqu’à la résidence par d’étroits sentiers de terre et de minuscules galets. C’est un enchantement floral et visuel. Rhododendrons, camélias, et bougainvilliers, rampent, grimpent, s’entrelacent, autour de massif de bananiers aux feuilles éclatées d’un vert de chlorophylle. Diverses essences d’eucalyptus, d’imposants magnolias, des cyprès démesurés, mangent le ciel. A leur pied, poules faisanes et paons picorent avec délectation les pelouses fraîchement tondues. Ce lieu est délicieusement séduisant. Une vague de romantisme montée des eaux du lac se dépose avec délicatesse, offrant à l’île une quiétude pleine de charme. Il nous aura fallu trois heures pour bien nous imprégner de cette atmosphère, et profiter de toutes les beautés mises en vitrine.

Le palais d'isola Madre et ses magnifiques jardins 

Le bateau de seize heures nous dépose à l’embarcadère de Baveno. Un peu plus tard, en début de soirée, nous faisons halte à Verbania.

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Publié le 16 septembre 2024

Après nous être installés à l’orée d’un petit parc, à l’écart de la ville, nous descendons en direction des bords du lac. Dans une ville, il suffit parfois de manquer une rue, de prendre à droite plutôt qu’à gauche, et l’on se retrouve vite bien plus loin que l’on imaginait. Et c’est exactement ce qui nous arrive, après avoir suivi les indications farfelues d’un habitant. Nous voici donc à la sortie de la ville, il nous reste à remonter toute la promenade qui longe le bord du lac, jusqu’aux premières villas de Verbania. Le trajet, au moins, est agréable. Nous avons la quasi totalité de la route pour nous, partagée avec joggers, marcheurs et cyclistes. Les eaux tourmentées à notre gauche. A notre droite, des parcs ombragés, envahis de grands arbres, et derrière, à l’abri des regards, de somptueuses villas, dont on devine les terrasses. Une bonne heure de marche.

 Les belles villas de Verbania

Nous voici enfin dans les jardins de la Villa Giulia. Une belle animation y règne. La jeunesse s’y retrouve. On rit librement, on parle fort, on trinque, le tout sur la musique d’un DJ, installé là, pour une quelconque occasion. Le perron de la villa s’écoule vers les eaux du lac, en une succession de terrasses à colonnes. L’intérieur est majestueux. Les murs et plafonds recouverts de fresques aux couleurs pastels, et de boiseries clinquantes. Une exposition de peintures est visible sur les trois étages. Elle réunit les œuvres d’artistes qui ne se sont jamais rencontrés. L’idée de l’exposition est de mettre les tableaux en voisinage, et d’imaginer quels auraient été les échanges verbaux des artistes. Après quelques minutes de déambulation picturale, nous reprenons notre marche. Derrière nous, le soleil plonge dans le lac, ultime baigneur de cette journée à la température devenue, tout à coup, bien fraîche.

 La villa Giulia
 Verbania, quartier Pallanza, centre ancien

La nuit s’est écoulée en toute tranquillité. A milieu de la matinée, nous nous dirigeons vers la villa Taranto. On ne peut quitter Verbania sans avoir visiter les Giardini della villa Taranto. Il nous faudra trois heures pleines pour venir à bout de ce jardin de seize hectares, créé en 1931 par un capitaine écossais, et recelant plus de vingt mille espèces. Un magnifique labyrinthe d’ensembles floraux. Les sens sont ici exacerbés. Les couleurs, les senteurs, un tableau en incessant mouvement au fur et à mesure de la promenade. Le chemin se dessine entre les arbres parfois plus que centenaires, parmi lesquels un châtaignier, vieux de plus de quatre cent ans. On se laisse délicieusement prendre au jeu de cette nature, tout à la fois luxuriante et délicate. Une petite pause café devant le bassin aux nénuphars, et la descente s’amorce toujours aussi riche de surprises et de beauté.

 Les jardins de la villa Taranto

Parvenus au lac, nous remontons dans la ville tout en admirant les palais et demeures qui s’y reflètent. Verbania conserve quelques traces d’une période fastueuse. Elles semblent pourtant s’effacer au fil des années, et bon nombre de palais paraissent, aujourd’hui, laissés pour compte. Le temps de rejoindre notre fourgon, et nous mettons le cap vers Cannobio, présenté comme la perle du lac majeur.

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La file discontinue de véhicules annonce la couleur. Nous ne serons pas seuls à Cannobio. Nous cherchons quelques temps un lieu pour nous garer. Un petit parking à l’arrière des maisons, bien au calme, fera l’affaire. D’autres vans, nous rejoindrons assez vite. De là, une quinzaine de minutes de marche pour parvenir au cœur du petit village.

Cannobio allume ses lampions. Les visiteurs emplissent les terrasses, plaid sur les épaules, ou vestes boutonnées. Depuis l’après-midi, l’air est plutôt frais. Le fort vent qui traverse le lac ne fait qu’amplifier cette sensation de froid. Cela ne décourage pas les couples et familles venus en nombre pour dîner. Nous faisons quelques pas, et récupérons nos pizzas, commandées au passage. Un dernier petit tour, nous nous réfugions dans le fourgon, bien au chaud.

 Cannobio

Le lendemain, l’été est de retour. Un ciel d’un bleu de ciel au dessus de nous toute la journée. Il fera près de trente degrés en début d’après-midi. Cela ne peut mieux tomber puisque le dimanche à Cannobio, c’est jour de marché. La foule est présente, et bien présente. Les quais sont envahis de badauds, harangués par des vendeurs installés là depuis le petit matin. Ils sont prés de cent cinquante à avoir dressés étals. Chaussures, sacs, vêtements, ustensiles divers côtoient fromages, charcuteries, légumes ou fruits. Un arc en ciel de couleurs, un brouhaha enthousiaste. Le tout sous les regards des plus chanceux ayant pu trouver places en terrasses, et qui, déjà, se régalent de pizze et paste, sur un bon verre de vin blanc de pays. C’est une joyeuse cacophonie. On parle toutes les langues. Tout le monde se comprend, dès que l’on parle l’euro. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière suisse. Ici, les plaques minéralogiques à la croix blanche sur fond rouge sont presque majoritaires.

 Jour de marché à Cannobio

Dans une ruelle montante, un marchand de fromage envahi l’espace public, d’un large comptoir. Ils sont bien une centaine d’origines différentes, aux parfums et aux goûts fabuleux. On picore dans les petits dès de dégustation. Et ça y est, le poisson est ferré ! Rares, comme nous, sont ceux qui ne se laissent pas tenter par une tranche de celui-ci, et une tranche de celui-là, sans oublier celui du fonds, et celui de devant, oui là, devant ! Au bar d’en face, nous prenons un petit spritz sur le goût des fromages, accompagné d’une planche de charcuteries, offerte comme toujours, par la maison !

Il est presque quinze heures. Les allées se vident, les terrassent se remplissent. Les baigneurs étalent leur serviettes sur l’herbe près du lac, les persiennes se referment sans bruit. Le décor et les personnages se mettent en place, l’heure de la sieste est là. Instant que nous choisissons pour quitter le lac majeur, non sans avoir déambuler dans les charmantes ruelles pavées de Cannobio. Quasiment désertées, l’air y est agréablement frais. Les boutiques défilent avec leurs vitrines, apprêtées avec soin et goût. Les maisons aux façades colorées, penchent leurs balcons fleuris pour attirer les regards des passants. Cannobio est un charmant village de caractère. Ce charme qu’il délivre hors saison, car en plein été, le tsunami touristique doit faire pas mal de victimes.

 Balade dans les rues de Cannobio
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Publié le 18 septembre 2024

Pour atteindre le lac de Côme, nous suivons la route qui borde les rives du lac de Lugano. Un petit tour chez les voisins Helvètes, juste le temps de redescendre l’autre berge, et nous rejoignons le joli village de Menaggio.

Nous sommes dimanche, fin d’après-midi. Beaucoup de monde se presse sur la promenade du lac, les terrasses des caffe et ristorante sont prises d’assaut. La fin de semaine, Menaggio accueille une large population venue, de Lugano et de Côme, profiter de la douceur des journées de fin d’été.

 Menaggio

Un marché aux livres d’occasion est installé sur la grand place. L’harmonie locale se donne en concert devant un public enthousiaste, frappant des mains au rythme des succès du groupe Queen. We will rock you, et we are the champions résonnent entre les hauts murs de belles demeures qui encerclent la piazza. Des vespas rouges, militairement alignées, regardent avec nostalgie, la brume envelopper l’horizon, et tendre son drap léger au-dessus des eaux endormies. Peu à peu, le village s’assoupit, la musique se tait, è finita la commedia.

La fanfare locale en concert 
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Le lendemain matin, conseillés par la charmante ragazza de l’office de tourisme, nous optons pour une visite des deux villages voisins par le bateau.

Nous embarquons vers midi, via Bellagio. Quinze petites minutes de traversée et nous voilà, débarquant sur un quai bondé. Il y a ceux qui descendent (ils sont nombreux), ils y a ceux qui attendent pour monter (Ils sont tout aussi nombreux), et il y a ceux qui sont là et visitent (ils sont encore plus nombreux). Bellagio pourrait être, et est, sans aucun doute, un charmant village avec ses venelles étroites qui montent à l’assaut des hauteurs, ses villas qui rivalisent de beautés et de couleurs, son décor de petit village de pêcheurs. Oui, sans doute. Mais, cet indicible charme, cette magie devant laquelle Stendhal et Flaubert ne cessaient de s’extasier, s’estompe devant cette foule dense, bigarrée, pressée, et surtout aveugle de la poésie et du romantisme du lieu. Pourtant, en faisant abstraction de tout cela, des restaurants et innombrables boutiques, le village livre ses secrets d’alcôve, ses vues imprenables sur le lac, ses recoins agréables, ses jardins abrités, ses balcons fleuris, et tout un florilège de petites attentions laissées là par les habitants, juste pour faire joli. Une douce mélodie de jours tranquilles souffle dans les ruelles. Un passé romantique, transformé aujourd’hui en une commedia dell’arte moderne.

Bellagio 
Le mémorial JJ Kennedy érigé en mémoire de la visite du président américain à Bellagio en 1963, quelques mois avant son assassinat
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Nous quittons Bellagio par le bateau de quinze heures, après un délicieux plat de spaghetti au curry, et une non moins délicieuse assiette de penne au saumon, pour le prochain village : Varenna.

 Varenna à flanc de montagne

Plus grand que son voisin Bellagio, il offre une atmosphère beaucoup plus détendue, propice à de belles promenades parfaitement aménagées le long des berges. Du milieu du lac, Varenna affiche l’arc en ciel des couleurs pastels des façades de ses maisons, qui superposent leurs étages. Les volets à persiennes semblent observer le ballets des bateaux, en un regard paisible et conciliant. Le débarcadère, au doux accent art nouveau, accueille sereinement les visiteurs. Pris par ces volutes de quiétude, ils prennent le temps de regarder, de s’asseoir sur un banc, de jouer avec les canards, de s’amuser d’un rien, de flâner. Ici à Varenna, le temps fait une pause et s’offre.

 Varenna colorée

Nous arpentons des ruelles montantes et descendantes, passons sous des porches, jusqu’à atteindre les jardins de la villa Monastero. Là, encore, le spectacle est unique. Le jardin est installé sur une bande de terre inclinée vers le lac, d’une longueur de deux kilomètres, sur à peine trente mètres de large. Les eaux du lac viennent se frotter au pied de belles balustrades. Les silhouettes des statues s’y reflètent, et les grands arbres osent y tremper leurs basses branches. Le lieu exprime un infini romantisme. Nous y croisons de nombreux nouveaux mariés, venus poser, et déposer de doux serments.

 Les ruelles montantes et descendantes
 Les jardins de la villa Monastero

Le temps d’une nouvelle traversée, et nous voici revenus à Menaggio.

La température baisse, mais l’atmosphère n’en est pas moins agréable. Nous prenons place à une terrasse, où s’invectivent, joyeusement, habitués, jeunes et serveurs. La rue est animée. Les passants se saluent. Les commerçants plient boutique devant les derniers clients. C’est la valse de la fin de journée.

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Publié le 21 septembre 2024

Avant de parvenir au lac d’Iseo, nous nous accordons une petite parenthèse dans la ville de Bergame.

Bergame 

Nous y arrivons sous un soleil voilé, en fin de matinée. Nous nous installons juste sous les remparts de la ville haute, que nous visiterons tout au long de l’après-midi.

Un chemin en forme de serpentin, pavé de minuscules galets, permet de grimper jusqu’à la porte San Agostino. Après quinze minutes d’une marche soutenue, nous franchissons l’imposante porte, ouvrant accès à la citadelle.

La porte San Agostino 

Passé la jolie place du marché, nous parvenons au cœur de la citadelle : la piazza vecchia. Une délicieuse place médiévale occupée en son centre par une belle fontaine offerte à la ville en 1780 et, tout autour, harmonieusement répartis, de petits guéridons et chaises, où les visiteurs se délectent d’énormes gelati et de pâtisseries. Là, sont rassemblés les principaux monuments de la ville. Le palazzo della ragione, posé là pour faire paravent entre la partie religieuse et la partie publique de la place. Au premier étage de ce palais, on peut admirer une immense salle, sa charpente hors normes et les fines fresques murales. Depuis le douzième siècle, la torre civica surveille la place de toute sa hauteur. Sa cloche, la plus grosse de Lombardie, fait résonner cent coups, tous les jours à 22heures, en rappel du couvre feu instauré au moyen âge. La partie religieuse se compose du Duomo, la cathédrale, à la façade toute blanche, et dont la construction aura demandée deux siècles. La basilique di santa maria maggiore et la capella colleoni complètent cet imposant ensemble architectural.

 La piazza vecchia
La piazza vecchia vue du palazzo della raggione 
 Il duomo
 L'ensemble religieux du cœur de Bergame et son palazzio

Pour accéder au castello san Viglio, nous empruntons un funiculaire à crémaillères qui s’accroche à la colline et vous y dépose cinq minutes plus tard. De là, la vue est magnifique donnant, tout à la fois, sur les villes haute et basse.

La ville haute et la ville basse 

A l’arrière de la cour, on découvre avec plaisir les sublimes villas, sur les versants de collines, verts de jardins et de vignes.

Les belles villas à flancs de collines 

La promenade dans Bergame haute est une douce plongée dans le moyen âge, et la période renaissance. Les ruelles bondissent de place en place, les jardins se font discrets derrière de hautes grille, les fontaines chantent sur le devant des maisons. Avant de retrouver notre logis, nous repassons par la piazza vecchia, pour prendre le temps tout simplement. Celui d’un dernier regard sur l’harmonie de la place, celui de goûter à l’atmosphère souple qui y règne, et celui de déguster un petit plat de pâtes.

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Au petit matin, nous laissons Bergame derrière nous, pour atteindre rapidement le petit lac d’Iseo.

Lac d'Iseo

Rien à voir avec le Majeur ou le lac de Côme, ses dimensions sont beaucoup plus humbles, ses villages beaucoup plus modestes, mais le décor reste aussi enchanteur.

Les falaises dévalent jusqu’à se noyer dans les eaux sombres de cette tâche d’eau. Le spectacle est magnifique par sa simplicité. Un bijou dans son écrin, quelque peu à l’écart des grandes migrations touristiques. Les abords du lac offrent un espace temps pour le repos des yeux et de l’âme. On peut faire étape à Sarnico, où sont installés les chantiers des célèbres et luxueux bateaux Riva, ou à Riva di solto, pour admirer, en perspective, les sommets enneigés des Alpes.

Riva di Solto

Nous empruntons la route qui suit les découpes du lac, ponctuée de nombreux tunnels, pour arriver dans le charmant bourg de Lovere.

All you need is Lovere !

Il est presque treize heures. A la terrasse d’une Trattoria de la place centrale, donnant vue sur la promenade, habitués et touristes font la pause déjeuner. De nombreux collégiens attendent bruyamment leur autocar. La cloche de la chiesa décompte ses treize coups. A l’embarcadère, on espère le prochain bateau. Nous trouvons place à un guéridon, pour déguster les traditionnels casoncelli alla bergamasca (pâtes farcies de viande, fromage et raisins secs, accompagnés de petits lardons et feuilles de sauge), un vrai délice (bien huilé, bien gras, mais bien bon !).

Les Casoncelli alla Bergamasca et le traditionnel Tiramisu
Lovere

Afin de digérer parfaitement, nous nous accordons une visite dans le haut du village. Quelques pas suffisent pour que le charme agisse. Les ruelles transpirent une vie humble, familiale, authentique. Les maisons rivalisent de couleurs sur trois, quatre étages. Les plantes dégringolent des balcons, laissant parfois la place au linge de la lessive du jour. Des boutiques, aux enseignes d’un autre temps, s’échappent conversations animées, ou parfums de gourmandises, alors que sur de petites places, les femmes rassemblées papotent avec excès en riant aux éclats. Charmante bourgade semblant presque ignorer son lac, Lovere se profite avec douceur.

Balade dans le village de Lovere

Nous terminons notre halte par la promenade du front de lac. Juste quelques pas pour goûter à la sincérité du site qui crie son allegria à la face des montagnes.

Quelques minutes plus tard, après avoir fait l’entier tour du lac, perdus dans la circulation et le tintamarre de Brescia, nous regrettons amèrement la romantisme apaisant d’Iseo.


En fin de journée, nous entrevoyons les eaux du lac de Garde, en nous installant à Sirmione, où nous allons passer la nuit.

Lac de Garde
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Publié le 23 septembre 2024

Pour peu que l’on soit gardois, ou que l’on ait eu l’occasion de s’y rendre, on pense tout de suite à Aigues-Mortes, lorsque l’on parvient au pied de l’enceinte du village de Sirmione.

La cité fortifiée de Sirmione 

Entourée par les eaux turquoises du lac de garde, la petite cité fortifiée, en exprime l’image jumelée. Les murailles à la pierre crayeuse s’élèvent au dessus de l’eau, mettant un point final à la presqu’île, longue de quatre kilomètres. Une fois franchis porte fortifiée et pont levis, le bourg s’éclate en diverses ruelles étroites, en succession de fraîches placettes, et divers témoignages d’un passé médiéval. Nous sommes en milieu de semaine, au beau milieu du mois de septembre, et pourtant… Pourtant, une foule compacte, bruyante, glaces en main, se presse à chaque détour de rue. C’en est étouffant.

Sirmione est une étape incontournable pour qui rend visite au lac de Garde. Heureusement, la promenade sur les hauteurs en décourage beaucoup, et nous nous retrouvons dans un parc agréable, où règne un rassurant silence. De magnifiques villas, ceintes de jardins travaillés, occupent la colline. L’une d’entre elles, à la façade jaune, fût le lieu de résidence de la cantatrice Maria Callas. Nous prenons le temps de retrouver une pleine sérénité, profitant de petits sentiers arborés, au fil de sculptures, et de massifs fleuris.

Maison de Maria Callas 
 Le lac de Garde

La fin de soirée se profile. Un dernier bain de foule plutôt que l’eau du lac, et nous quittons Sirmione afin de nous rendre un peu plus haut, à Torri del Benaco, projetant d'y passer la nuit.

Malheureusement, dans ce village rien n’est fait pour accueillir les fourgons aménagés. Mieux, tout est fait pour ne pas les accueillir. Interdiction d’accès, barres de limitation de hauteur, limitation de temps de stationnement, limitation de longueur de véhicules. Bref, impossible pour nous de nous arrêter dans ce village, qui paraissait superbe. L’unique solution, alors que la nuit tombe, est de nous réfugier sur les hauteurs, à quelques six kilomètres.

Le lendemain matin, après multiples recherches, force est de constater que le lac de Garde n’est pas fait pour les véhicules tels que le nôtre, à moins d’élire domicile dans les rares campings existants. Le lac de Garde ne voulant pas de nous, nous le laissons derrière nous.