🇳🇵Un automne au Népal 🇳🇵

De Kathmandu aux montagnes du Langtang, en passant par les lacs sacrés de Gosainkund ; de Pokhara à Chitwan en passant par Lumbini, c'est parti pour une aventure inoubliable en famille.
Du 13 septembre au 17 décembre 2022
96 jours
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16 ans après, nous voici de retour au Népal, pays qui nous a tant marqué lors de nos passages précédents, en 2003 (cliquez-ici pour lire le carnet) puis en 2006 (cliquez-ici pour lire le carnet).

Cette fois-ci, nous avons prévu d'y rester au moins 3 mois, avec les enfants pour qui l'expérience est totalement nouvelle. Nous espérons qu'ils tomberont, eux aussi, amoureux de ce fabuleux pays.

Un voyage de 24h depuis Istanbul nous emmène donc à Kathmandu, la porte d'entrée de la plupart des voyageurs/touristes qui débarquent ici. Direction Thamel, le quartier des hôtels et guesthouse bons marchés, au cœur de la capitale.

Nous avions trouvé Rome pas très propre, Istanbul sale, alors que dire de Kathmandu... Ce n'est sûrement pas pire qu'il y a 16 ans, cependant la population de la ville ayant doublé, ça ne doit rien arranger... Une fois qu'on met ce gros inconvénient de côté (malheureusement les habitants vivent "là dedans"), qu'on a récupéré du voyage, et qu'on a ouvert un peu ses chakras, alors on peut s'attendre à ce que la magie opère...

Pour allumer l'étincelle, nous prenons la direction de Swayambhunath, un complexe de temples vénérés par les hindous et les bouddhistes sur une colline boisée à l'extérieur du centre ville. De nombreux fidèles s'y pressent pour faire des prières, des offrandes, flâner, se faire prendre en photo dans un décor mirifique. Il y a aussi des mendiants, des chiens errants, et une grosse colonie de macaques dont les deux activités principales sont de chiper de la nourriture aux visiteurs et de se chamailler. Si vous avez de la nourriture en main, ils peuvent se montrer agressifs pour récupérer leur dû, autrement il n'y a pas grand chose à craindre.

Avant d'arriver au temple, il faut gravir quelques marches :

Autant de chiens errants dans Kathmandu que de chats dans Istanbul

Bien entendu, les enfants étaient plus impatients de voir les singes 🐵🐒 que les temples, mais j'aurais été pareil au même âge !

Nous passons pas mal de temps à tenter de les photographier et ce n'est pas une mince affaire car ils sont très mobiles. Quand on les ignore, ils nous ignorent, mais quand on les cherche, soit ils déguerpissent (les jeunes) soit....

Accroché à sa mère comme d'autres à leurs parents
C'est bon la tétouille

Nous profitons du lieu qui s'étend sur plusieurs petites places. Tout d'abord le Stupa, le monument le plus emblématique du site, datant du 5ème siècle.

Un rayon de soleil au bon moment !

Son architecture répond à quelques règles, chaque région ayant développé son propre style : Le dôme blanc représente l'univers ; les 4 paires d'yeux sur les faces du cube, la sagesse et la compassion ; le nez en forme de spirale symbolise le Nirvana ; le troisième oeil, la clairvoyance ; les 13 pinacles concentriques représentent les étapes que toute personne doit passer pour atteindre le Nirvana ;

On tourne autour du Stupa dans le sens des aiguilles d'une montre et on fait tourner les moulins de prières avec sa main droite

Une petite visite du site en vidéo :

Plus loin sur la colline, on arrive à un bassin rempli d'eau, de carpes et de pièces. En son centre, une statue et une urne dans laquelle il s'agit de jeter une pièce. La bonne fortune sourira à ceux qui parviennent à viser juste !

De nombreuses personnes viennent se faire prendre en photo, alors je demande aussi à les prendre en photo :

Nous déambulons ainsi sur le site pendant plusieurs heures, contemplatifs de toutes ces scènes de vie. Nous mangeons dans la seule gargote. Vraiment très sommaire, entourée d'un grillage jusqu'au toit, nous comprenons que c'est pour être protégés des singes 😁.

De magnifiques moulins de prières
Aucun respect pour les monuments religieux

En redescendant du complexe nous nous arrêtons devant un grand bassin dans lequel une vingtaine de singes s'amusent comme s'amuseraient des gamins dans une piscine : ils montent sur des barrières pour sauter dans l'eau, s'éclaboussent. Les plus téméraires montent dans un arbre pour avoir plus de hauteur pour "plonger". Ils font carrément des figures ! Soudain une averse éclate, nous sommes encore en période de mousson. Nous trouvons refuge sous un porche. Les singes, bien que trempés, ont la même idée. Nous nous retrouvons alors à partager ce maigre espace avec quelques macaques.

Séance de cohabitation pacifique 🐒😁
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Namaste ! 🙏

Aujourd'hui, une petite note sur les impressions de Maxime sur ses premiers jours au Népal :

Les odeurs sont très différentes de l'Europe, parfois on sent l'encens, d'autres fois la pollution des voitures, les ordures, ou bien les odeurs de curry quand les gens cuisinent.

Les odeurs d'encens

Les gens sont différents, ils ont une peau plus sombre, beaucoup ont les yeux bridés, ils sont moins grands qu'en France et toujours fins, les femmes sont habillées avec de grands tissus très colorés. Les hommes comme les femmes portent des bijoux.

Tirtha kumari, nous avons mangé dans la maison de son fils Ramesh

Dans Thamel, ça circule dans tous les sens, petits taxis, scooters, motos, vélos charette, piétons, tout le monde se croise en se frôlant, il faut bien faire attention. Les taxis et les scooters passent leur temps à klaxonner.

Circulation népalaise

Les singes sont très agiles, ils font du toboggan sur la rampe de l'escalier qui menait au temple. Ils sautent d'arbres en arbres et se chamaillent, mais aussi se reposent et s'enlèvent les puces deux à deux. Les petits sont trop mignons et jouent beaucoup dans les arbres ou dans les drapeaux de prières.

Il y a un grand bazar de fils électriques. Ils pendent de partout sur les poteaux. Je ne sais comment ils font pour s'y retrouver avec tous ces nœuds.

La monnaie népalaise est la roupie. Avec 1 euro, on récupère 125 roupies, du coup mes parents ont l'impression d'être riches 😂. Les billets de banque sont très jolis, avec des animaux qu'on n'a pas l'habitude de voir. Ce sont les animaux emblématiques du Népal. Pour commencer, le roi de la jungle sur le billet de 1000 (8 euros), l'éléphant d'Asie 🐘. Sur celui de 100, il y a une maman rhinocéros 🦏 et son petit. Et mon préféré (50 roupies), celui de la panthère des neiges. Je rêve d'en voir une en vrai dans l'Himalaya !

Sur le billet de 20, on peut voir le cerf 🦌du Népal (Barasingha). L'emblème du billet de 10, est l'antilope (Krishnasar), une espèce qui a failli disparaître. Pour le billet de 5, le Yack.

Et pour finir, le tigre 🐯🐅 sur le billet de 500.

Sinon, je me suis fait une nouvelle coupe de cheveux, vous en pensez quoi ?

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Depuis Swayambhunath, nous prenons un triporteur public (tuktuk) pour nous rendre au Dubar Square (place royale) de Kathmandu.

4 au début, 13 à la fin ☺️

De nombreux temples sont érigés et beaucoup d'entre eux ont été détruits ou très abîmés lors d'un important séisme qui a touché le pays en 2015. Certains temples n'ont pas encore été reconstruits, faute de moyens probablement.

Durbar Square de Kathmandu

Lorsque nous arrivons sur place, des centaines de personnes sont rassemblées. Des groupes de percussions enchaînent les morceaux dans un bruit assourdissant. Des soldats de la garde royale veillent. Des gens défilent dans un sens, puis dans un autre.

Le festival Kumāri Jātrā bat son plein, et la foule attend l'apparition de Trishna Shakya, 8 ans, la déesse Royale vivante du Népal : La Kumãri.

La foule attend le passage de la Kumãri. En blanc, l'ancien palais royal

La tradition de la Kumãri remonte au 18ème siècle. Une des explications mythologiques est la suivante : Le roi avait pris l'habitude de jouer aux dés chaque nuit 🌃 avec la déesse Taleju. Ayant pris ombrage qu'une nuit il lui ait fait des avances (elle est bien naïve 😁), la déesse dit au roi qu'elle ne réapparaitrait que sous la forme d'une jeune fille prépubère. Ainsi le roi se mit à chercher "l'élue" en question. En plus d'avoir un thème astral favorable, et d'appartenir à une caste bien précise, la jeune fille est examinée sous toutes les coutures. Entre autres, elle doit avoir la nuque comme une conque ( coquillage 🐚 ), la voie douce et claire d'un canard 🦆 ou encore le fémur d'une biche. Les petites filles répondant à tous ces critères, sont alors mises à l'épreuve. Elles assistent aux massacres d'animaux de la fête annuelle de Dahsain. La seule qui n'est pas épouvantée est forcément l'incarnation de la déesse.

La Kumãri ainsi désignée quitte sa famille pour vivre dans le kumari ghar, une bâtisse historique donnant sur Dubar Square. Surprotégée, elle ne doit pas saigner ni marcher par terre en dehors de sa demeure, elle vit recluse et ne sort que pour les 13 festivals annuels du Népal. Elle est vénérée par les bouddhistes et hindouistes, et les dignitaires du royaume viennent se faire bénir. Lors de ses premières menstruations, elle perd tous ces pouvoirs et doit être remplacée.

Mais attention, elle va bientôt arriver...

Au fond, à gauche, le kumari ghar. Poussez vous ! Faites de la place pour la Kumãri !

Voici le chariot !

Il faut jouer des coudes pour espérer prendre une photo de la déesse...

Trishna Shakya, Kumãri depuis 2017

Une vidéo pour l'ambiance :

Et pendant ce temps-là, dans l'ancien palais royal, jouxtant la place envahie par la foule, dans un calme contrastant avec la ferveur de l'extérieur, je tombe sur cette fille qui pose 😂.

Bref, revenons à notre défilé. Le chariot part dans les rues de Thamel :

Le chariot de la Kumãri

Il passe devant cette statue particulièrement fascinante.👹 Le rituel se répète plusieurs jours durant fin août/début septembre.

Statue Swet Bairab, représentant Bhairava, l'avatar terrifiant de Shiva

Une petite fille, enfermée pendant 10 ans ! Mais que fait la protection de l'enfance me direz-vous ? C'est quand même pire que de faire voyager son fils tout seul dans un bus !

D'autant plus que pour les anciennes Kumãri, le retour à l'anonymat est assez difficile. Elle doivent réintégrer le monde réel, alors qu'elles ont vécu dans une prison dorée pendant la majeure partie de leur enfance. De surcroît, si jamais elles se marient, une croyance persiste comme quoi leur époux décèderait au bout de 2 ans !

Depuis le début des années 2000, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour que cette tradition évolue. Ainsi, la Kumãri reçoit aujourd'hui une éducation, ce qui lui permet de reprendre une scolarité normale.


Pour aller plus loin, vous pouvez lire cet article (en anglais) en cliquant ici ✅.

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Après Swayambunath, direction Bodhanath !

Pour nos premiers jours a Katmandou, nous avions élu domicile dans Thamel, quartier souvent choisi par les voyageurs car on y trouve de tout, plus précisément tout ce qui peut manquer pour partir en trek. Ainsi nous avons trouvé les petites pièces qui nous manquaient : un bonnet pour Solène, des gants pour Maxime Solène et moi. Nous sommes maintenant parés.

Dans les boutiques de Thamel

En revanche ce quartier est particulièrement dense, bruyant et pollué, et la vigilance est de mise quand on marche dans les rues, entre le ballet des scooters , motos, voitures, et tous engins roulants !

Nous choisissons donc de nous installer dans un lieu bien plus calme pour les jours suivants, à la "Shechen Guesthouse", (merci @Béné pour la recommandation), à côté du monastère bouddhiste Shechen Gompa. Ce monastère serait la résidence principale de Matthieu Ricard mais nous ne l'avons pas croisé !

Le temple principal du monastère

En terme de calme, cette fois nous sommes servis: quand j'ouvre la porte de la chambre, je suis assourdie par le bruit du marteau piqueur, 2 ouvriers travaillent à 2 mètres de notre fenêtre. Restons Zen 🙏! Ce n'est pas grave, je vais fermer la fenêtre. Hé bien non ce n'est pas possible! Ils ont branché leur marteau piqueur dans notre chambre et le fil passe par la fenêtre !!! Restons zen 😂!

Ce petit incident bruyant ne durera pas (trop) longtemps.

Les dortoirs des moines

Quant à Bodhanath, nous y passons et repassons, matin, après midi, et soir. Nous tournons autour de cet immense Stupa, tout comme les nombreux moines et pèlerins présents ici. Je reconnais les tabliers traditionnels tibétains sur quelques vieilles dames, elles ont du faire un long chemin jusqu'ici...

Les fidèles font tourner les moulins à prières, brûlent de petites bougies. Certains sont absorbés, d'autres prient en téléphonant.

Des moines officient dans les différents temples autour; entre 2 prières, l'atmosphère est bien détendue, ils ont l'air de s'amuser.

Et quasiment où que l'on soit, les yeux du Stupa nous observent.

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Ancienne cité royale, Bakthapur a dominé économiquement, politiquement et culturellement la vallée de Kathmandu pendant 400 ans entre les 12ème et 16ème siècles. Le cœur de la vieille ville a bien été préservé, bien qu'il soit envahi par les motos et scooters. Ici aussi de nombreux bâtiments portent les stigmates du tremblement de terre de 2015.

Lorsque nous arrivons sur Dubar Square en cette fin d'après midi, nous avons la chance de tomber sur cette petite fanfare bien sympathique.

La fanfare


Bien qu'assez touristique (nous n'en avons pas vu beaucoup, mais les nombreuses échoppes d'artisanat en témoignent), c'est un vrai plaisir de déambuler dans les rues, à la découverte des temples disséminés un peu partout. En se levant tôt, on peut observer les habitants réaliser leurs rituels avant de commencer leur journée. De multiples offrandes (riz, pétales, poudres...) sont déposées sur les statues, les gens se signent devant les représentations des dieux et déesses.

Les offrandes 

De nombreux bassins (pokhari) parsèment la ville. A l'époque ils servaient de réservoir d'eau potable, mais aussi de bains publics, et de lieu pour accomplir les rituels religieux. Aujourd'hui, plus personne ne s'y baigne, les eaux troubles et sales étant envahies d'une sorte d'algue verte. On se demande comment les carpes survivent, sûrement grâce au riz et autre nourriture que les habitants viennent leur jeter. De manière générale, la qualité de l'eau est un vrai problème dans tout le pays. Les rivières (qui descendent de l'Himalaya, à la base ça fait plutôt rêver !) sont très polluées, chargées de plastique et servant malheureusement souvent de décharge. Certains Népalais s'en émeuvent, mais cela semble insoluble à résoudre tant la tâche est immense.

Nous sommes restés trois jours sur place, ce qui a permis de voir les variations d'ambiance et de lumières en fonction des heures de la journée.

Fin d'après midi ensoleillée sur Dubar Square
Fin d'après midi, après une averse
En pleine journée
Fin de journée

Les habitants vivent vraiment avec et au milieu des temples qui sont des espaces de sociabilisation. Lieu de rdv des jeunes amoureux, des joueurs de cartes ou bien aire de jeux pour enfants.

Lors d'une partie de cache-cache

Bakthapur est également réputée pour ses poteries. Il y a une place dans la ville dédiée à cet artisanat. L'un des produits phare est la tirelire, la vraie, celle qu'on casse pour récupérer ses économies !

Les poteries sont séchées au soleil ☀️ avant d'être plongée dans un émail liquide pour coloration

On peut aussi trouver un couturier dans la rue et faire réparer son tee-shirt en direct pour 80 centimes d'euros, ou encore s'acheter un caleçon pour 2€.

Avec une machine à coudre à pédales

Après 8 jours de visites dans la vallée nous avons maintenant hâte de partir en montagne. Au programme des réjouissances, au moins 1 mois de randonnée à travers les massifs de l'Helambu, du Langtang et du Ganesh Himal. Nous essaierons de maintenir le rythme au niveau de la parution des articles, mais cela dépendra aussi des connexions internet que nous pourrons trouver. Jusqu'à maintenant, il y a le WiFi absolument partout (hôtels, restaurants...).

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Accroc comme vous êtes à notre blog, je suis sûr que vous attendiez ce message avec impatience ! C'est que le WiFi n'a pas encore conquis toutes les montagnes du Népal ! Ou alors, lorsque il y a du WiFi, la connection est dépendante de la météo.☺️

A 15km au nord-est de Kathmandu, nous voici à Sundarijal (1400m), lieu de départ de notre longue randonnée au Népal. Au préalable, nous nous sommes déchargés de 6/7kg d'affaires que nous avons laissé à l'hôtel de Kathmandu.

Concernant l'itinéraire, nous remonterons tout d'abord plein Nord, dans la région de l'Helambu, ce qui nous fera gagner lentement mais sûrement, chaque jour, de l'altitude. Arrivés vers 3000m, il faudra penser à nous acclimater tranquillement, avant de franchir un col à 4600m qui nous permettra de rejoindre le Langtang.

Aujourd'hui, l'étape est courte, mais très raide. Moins de 4km pour 650 m de dénivelé. Nous entrons dans le parc national de Shivapuri Nagarjun, dans lequel nous passerons les 2 prochains jours (1000 roupies l'entrée par adulte). Le départ se fait sur un sentier bétonné longeant un tuyau d'approvisionnement d'eau. Nous remontons la rivière Bagmati, sacrée pour les hindous car ses eaux finissent dans le Gange. Nous sommes contents de voir qu'elle est nettement plus propre que lorsqu'elle passe à Pashupatinath, un site sacré de Kathmandu.

Nous apprécions de marcher en forêt ! Avec un air plus pur que dans la vallée. En nous élevant, nous rencontrons les premières rizières, des papillons, des buffles et des biquettes.

Nous arrivons en fin de matinée à Mulkarta et prenons nos quartiers dans une petite maison de thé au confort rudimentaire mais bien tenue par une famille qui possède également une dizaine de chèvres 🐐, des poules 🐔, et un buffle🐂. Toilettes à l'extérieur, douche avec un sceau, back to the basics !

Un lézard 🦎 punk

Côté connection, c'est une drôle de surprise. Les gens vivent ici de manière vraiment spartiate, sans eau chaude, dans un confort assez sommaire, en revanche, ils ont internet, le WiFi et la TV connectée à Netflix. C'est ainsi que le soir, en attendant le repas, nous nous retrouvons à regarder un documentaire animalier de la BBC...

La vallée de Kathmandu depuis Mulkarta
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La première partie de la journée consiste à traverser le parc national sur 6kms à une altitude comprise entre 2000 et 2400m. En France, nous serions dans les alpages, avec éventuellement quelques passages en forêt de résineux 🌲. Ici, c'est dans une jungle dense, moite et humide que nous allons évoluer. La liste des animaux potentiellement observables est longue et variée : ours 🐻 bruns, panthères🐆, pangolins (le fameux !), serpents 🐍, chauve-souris 🦇, des dizaines d'espèces d'oiseaux 🐦, etc... Et des sangsues 🤢

Au bout de 200m, un check point militaire👮, il faut montrer les billets. Ensuite, nous nous retrouvons seuls dans la forêt... Le ciel est chargé de nuages ☁️ gris, il fait assez sombre.

Un sentier bien marqué dans une jungle bien dense

Première alerte, donnée par Maxime, une queue de serpent 🐍 qui disparaît bien vite dans les herbes. Très rapidement, un peu plus loin, nous tombons sur un beau spécimen de plus d'un mètre qui s'échappe si lentement que nous pouvons immortaliser l'événement.


Le serpent vivant ! 

Nous essayons de ne pas faire de bruit, mais je suis partagé entre l'excitation d'une potentielle rencontre, et la crainte de voir d'un peu trop près une panthère ou un ours, sachant que la probabilité est infime. Mais la faible visibilité, à savoir qu'on ne voit pas plus loin que quelques mètres, génère une ambiance particulière.

Nous avançons lentement, Solène n'est pas en forme, et de plus elle est stressée par les insectes et sangsues (une lui est tombée sur la main...).

Les bruits inhabituels sont nombreux, des sortes de cigales "chantent", parfois des oiseaux se mettent à faire pas mal de bruit, ne sachant si c'est à cause de nous ou d'un autre prédateur plus gros qui approche. Nous devons régulièrement nous inspecter pour vérifier les sangsues sur les pantalons (ou mes mollets car j'ai eu la bonne idée de marcher en short...). Petites, on les retire assez facilement.

Tout à coup, ça remue énormément au niveau de la cime des arbres, le temps d'identifier que ce sont des singes, ils sont déjà tous partis.

Nous passons un petit col, point culminant du jour et basculons sur un autre versant qui me semble plus accueillant.

Au col, matérialisé par les drapeaux de prières

La végétation s'éclaircit un peu et nous descendons vers Chisapani.

La jungle népalaise

Quelques papillons :

En arrivant au village, nous tombons sur ce bâtiment, encore un stigmate de 2015.

Alors ? On passe à gauche ou à droite ?

Alors que nous sommes au milieu de l'étape initialement prévue, nous décidons, vu la fatigue de Solène, de nous arrêter là, en espérant que l'après midi de repos nous permettra de reprendre la route demain.

Et nous faisons bien, car des averses rythment la fin de la journée, laissant entrevoir, lorsque les nuages se déchirent, de magnifiques paysages. De belles promesses pour les prochaines semaines.

Coucher de soleil sur les sommets du Langtang
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Pour cette troisième journée, ce devrait être plus facile. Fini la jungle et place aux chemins de randonnée. En cette fin de mousson le temps est brumeux, nous avons acheté trois parapluies ☂️ à Kathmandu et nous les gardons à portée de mains. Nous démarrons par une piste de 4x4 et rapidement je trouve un raccourci qui part sur la droite. Le sentier est bétonné, avec des marches, et nous descendons rapidement 100m de dénivelé. Soudain, le béton disparaît et laisse place à un sentier d'herbes folles détrempé des pluies de la veille. Je m'y engage, et quelques secondes plus tard j'entends "des sangsues, des sangsues, c'est plein de sangsues !" Le quart d'heure qui suit, c'est panique à bord.

Une sangsue, c'est pas dangereux, mais c'est dégoûtant 🤢

C'est Anne-Laure qui ramasse le plus pendant cet épisode. Et nous ne savons toujours pas comment 2 parmi les plus grosses que nous avons vues, se retrouvent sous son aisselle droite ! Je me retrouve avec l'aide de Maxime et d'un Opinel à essayer de les retirer, mais elles sont particulièrement coriaces et gluantes... Après avoir fait don d'un peu de notre sang à la nature, nous décidons, le moral dans les chaussettes, de rebrousser chemin, de remonter les marches descendues, et de retourner sur la piste...


Heureusement, le reste de la journée est plus calme ! 😂

Nous trouvons des pistes mais aussi d'autres sentiers plus accueillants.

Parfois, les nuages se dispersent un peu et nous pouvons admirer les cultures en terrasse typiques de la région.

Nous atteignons un premier hameau, en bas de la vallée. Je le trouve misérable. Les gens semblent être très pauvres et vivre dans des conditions d'hygiène difficiles. Un petit garçon a les jambes recouvertes de boutons et de plaques. Nous passons devant des chevreaux, seule image réjouissante.

400m de dénivelé et nous arrivons à Chipling, hameau de quelques maisons, des paysans qui vivent de leur bétail (poules, chèvres 🐐 et des buffles), des cultures en terrasse dans des pentes bien inclinées. Nous négocions le prix de la chambre avant de voir l'état de propreté des salles de bains. C'est une erreur que nous ne referons plus 😁. Par contre les lits sont vraiment super confortables ce qui nous permet de passer une très bonne nuit réparatrice de ces trois premières journées de randonnée. Le démarrage a en effet été un peu difficile. S'habituer au poids des sacs, prendre le rythme en montagne, se lever tôt et se préparer rapidement, etc... Surtout que Solène a démarré avec les sinus et les bronches encombrés par la pollution de Kathmandu.

Une belle chenille rencontrée en chemin
En montant vers Chipling
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Il a plu toute la nuit 🌃... Au matin à 6h, il pleut encore et c'est complètement bouché. On se dit qu'on va avoir du mal à partir, d'autant que nous avons 9km à faire aujourd'hui... Et puis d'un coup, comme par magie, la pluie cesse et les nuages se déchirent. Finalement, après un bon petit déj (chapati, miel, thé noir avec bcp de sucre, et patates réchauffées de la veille), nous décollons à 8h15 les batteries bien chargées.

Nous sommes tous en forme, et Solène va de mieux en mieux. Nous attaquons donc la première montée le moral au beau fixe, malgré la brume, qui donne une ambiance mystique.

Et puis d'un coup, le soleil ☀️ apparaît et le paysage se dévoile.

Un petit Stupa nous rappelle que nous sommes bien au Népal.

Une belle descente facile nous amène au village de Gul Bhanjyang.

village de Gul Bhanjyang

Après avoir vu des centaines de petits vers de terre le long du chemin, nous rencontrons le big boss (au moins 40cm !).

Nous faisons une pause "Tcha", le fameux thé noir.

La pause et l'intérieur de la cuisine. On met les chaussettes par dessus les pantalons à cause des sangsues

Encore une belle montée avant d'arriver à l'objectif du jour, Kutumsang. Les paysages deviennent un peu plus alpins, bien que nous soyons seulement autour de 2500m.

Voilà, nous sommes arrivés, à bientôt pour le J5 dans l'Helambu.

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Hier soir, nous avons passé un super moment avec les enfants de la Guesthouse Mountain View. Séance de dessin, écriture, mimes d'animaux, chants népalais.

Sange Sherpa, 10 ans

Nous quittons cette sympathique famille, dans la brume matinale, en direction de Mangingoth 3285m), 900m plus haut et 6,5km plus loin. Une belle montée sèche qui doit nous amener vers des altitudes qui vont commencer à compter. Au début, ça va...

Mais rapidement, nous devons sortir les parapluies. Cela alterne entre le crachin breton et les giboulées de mars. On passe la barre des 3000m sous une accalmie.

3000m, ça se fête ☺️

Nous faisons le dos rond et marchons sous nos abris portatifs en rêvant au soleil que nous n'avons pas vu depuis 3 jours. Jusqu'à maintenant, nous avions de la chance, nous marchions le matin et il pleuvait l'après midi !

Nous pressons le pas, car il n'y a pas d'abri où s'arrêter. Maxime accuse le coup. Il n'y a plus de village maintenant, seulement des refuges qui jalonnent l'itinéraire pour rejoindre le Langtang.

L'arrivée au lodge sonne comme une récompense. Un abri en montagne, ça n'a pas de prix ! Nous sommes accueillis par la sœur de la famille du lodge de Kutumsang. On se réchauffe autour du poêle allumé pour nous, on boit du thé, on fait sécher les affaires autour du feu 🔥.

On discute avec la famille. Nous apprenons que leur fils aîné étudie au MIT (USA). Il a décroché une bourse après avoir été le meilleur élève en physique du Népal en 2019 ! Un parcours extraordinaire, quand on voit d'où est parti ce jeune homme, ça fait plaisir !

Un rayon de soleil découvre un peu le paysage, le coin est vraiment magnifique.


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Hier soir nous avons, comme chaque jour, vraiment bien mangé. La femme de Pemba Lama (le gérant du lodge) avait ramassé des champignons dans la forêt. Mélangés avec les pommes de terre sautées, c'est excellent !

Pour les parents (nous), le dal bhat, plat national servi sur un petit plateau : riz, soupe de lentilles, pommes de terre au curry avec les champignons, pickles bien épicés.

Ce matin au réveil, c'est la bonne surprise, le temps est magnifique. Nous apercevons les montagnes que nous allons devoir franchir pour rejoindre la vallée du Langtang.

Derrière les crêtes, les lacs de Goisainkund

Nous sommes gonflés à bloc après une super nuit. Et on dort beaucoup, car dîner à 18h30, coucher à 19h30, lever à 6h30 (tous les jours depuis le début du trek).

Du ciel bleu !

Nous démarrons à 8h, la journée s'annonce assez facile, avec des passages en crête qui devraient nous offrir de beaux paysages.

Mais les dieux du Népal ont d'autres chats à fouetter, et la brume envahit rapidement les environs.

Passage en forêt, on y croyait encore.....

Nous rejoignons donc Thadepati sans rien voir, alors que nous aurions pu apercevoir l'Everest ! C'est véritablement la première journée où je suis dépité de ne rien voir.

Dans la brume

Nous sommes entrés dans le Parc National du Langtang. Et les lieux sont habités par un charmant petit animal, le Panda Roux, bien plus petit que son cousin chinois 🐼. Comme lui, il se nourrit de bambous qui poussent à foison dans les forêts. En danger d'extinction et un peu farouche, vous aurez plus de chance de l'apercevoir au zoo de la Tête d'Or (Lyon)...

Nous nous sommes rattrapés avec des perdrix, des huppes fasciés, des pikas (sorte de grosse souris sans queue) et une magnifique cigale que voici (oui car les autres, j'ai pas réussi à les prendre en photo…) :

Cigale népalaise

Nous prenons un thé à Thadepati, puis repartons pour les derniers kilomètres vers Gopte, toujours dans la brume. Nous enchaînons des marches et des marches, en pensant aux népalais qui ont taillé ce chemin dans des conditions impensables.

Ça descend, puis ça remonte

Nous trouvons le moyen de nous prendre la pluie les derniers 500m et trouvons avec bonheur refuge dans le lodge Mendu, autour d'un poêle bien chaud.

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Ce matin, le temps n'est pas très engageant...

Lodge de Gopte

Nous partons en espérant ne pas prendre la pluie. Nous n'avons que 4 km à faire pour rejoindre Phedi, mais avec 600d+ et 300d-. Avec nos sacs sur le dos (nous sommes pratiquement les seuls à faire le trek sans guide et sans porteur), nous n'avançons pas très vite, moins vite que je ne l'avais imaginé. De plus, depuis 2 jours, nous avons passé la barre des 3000, et Maxime a du mal à s'acclimater. Il a mal à la tête et doit marcher doucement. Au contraire, Solène pète la forme et se retrouve à marcher devant avec moi.

Une bonne partie du chemin est empierrée, avec de nombreuses marches. C'est plus fatiguant que de marcher sur un sentier et surtout moins naturel, on est moins en contact avec la terre, les racines...

Après 3h d'efforts nous arrivons à Phedi. Ce lodge, à 3730m d'altitude, est le dernier avant le col de Laurebina (4600m), passage obligé pour rejoindre les lacs de Goisainkund puis la vallée du Langtang. Une fois le col passé, nous devons redescendre jusqu'à Laurebina à 3900m, pour nous éviter de dormir trop haut en altitude et éviter le plus possible le MAM (mal aiguë des montagnes). Ce qui nous fait une étape de 10km. Je vous avoue que ça fait plusieurs jours que je gamberge sur le passage de ce col. Le mal de tête de Maxime n'est pas de nature à me rassurer... Nous nous concertons avec Anne-Laure, il s'agit de la jouer fine sur les prochains jours, nous ne sommes qu'au début de l'aventure !

Première décision (plutôt une confirmation), qui était prévue sur notre plan de marche, un jour de repos/acclimatation à Phedi. Deuxième décision, celle de louer les services d'un porteur pour nous décharger de 15/16kg sur la montée au col. Nous finirons ensuite seuls sur la partie descendante. Cela devrait nous permettre d'économiser pas mal d'énergie et de passer cette étape clé sans trop de problèmes...

Au courant de ces interrogations, les enfants nous surprennent vraiment. Ils ont le sourire toute la journée, ne se plaignent de rien, malgré des journées pas toujours simples. Ils nous aident et nous donnent de l'énergie par leur attitude ultra positive 🥰.

La suite au prochain épisode....

Ciel se dégageant en soirée
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Nuit étoilée avec un orage depuis Phedi

Aujourd'hui, journée de repos et d'acclimatation à Phedi. Nous nous levons avec un temps magnifique, pour la première fois depuis notre départ, nous allons en bénéficier jusqu'à 11h30 !

Les "chambres" du lodge

Je négocie les services du gérant du lodge, c'est lui qui va nous accompagner demain dans la montée au col. J'en profite pour avoir une petite remise sur les chambres, nous restons 2 nuits !

Nous partons sans nos sacs à dos en direction du Laurebina pass, et quand on ne porte rien, tout est beaucoup plus facile ! Je monte avec Maxime et son mal de tête jusque 4050m, pendant que les filles continuent tranquillement jusqu'à 4220m. Nouveau record battu, ça vaut bien une photo.

La barre des 4000 !

Nous prenons le soleil ☀️ comme des lézards, avant de redescendre tranquillement.

Un peu de lessive et de toilette, puis école, le reste de la journée passe tranquillement.

Un rayon de soleil, vite on en profite !

Les nuages vont et viennent, ce qui fait de beaux paysages tout de même !

Demain, on va mettre toute notre énergie pour passer ce col et redescendre sur Laurebina. Lever 5h30, départ 6h30, nous espérons basculer sur l'autre versant vers 10h, ce qui nous laisserait le temps de finir la journée avant l'arrivée éventuelle de la pluie dans l'après midi. La météo semble s'améliorer, j'espère que la tendance se confirmera...

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J'ai passé ma plus mauvaise nuit depuis le début du voyage. Je gamberge pour ce col, alors que nous en sommes cent fois capables. J'espère juste que Maxime tiendra le coup et que son mal de tête sera supportable. On a essayé de faire la meilleure acclimatation possible, mais, comme pour son père, la barre des 4000 semble difficile à passer. En revanche, les filles n'ont absolument aucun symptôme. La veille, le gérant du lodge nous a dit que finalement ce serait son aide cuisto qui nous accompagnerait au col. Nous avons demandé son âge, il nous a répondu 18 ans et nous avons tous rigolé... On n'a pas été vérifier ses papiers, mais on s'apprête sûrement à faire travailler un gamin en le chargeant de 15 bons kg sur le dos...

La préparation psychologique a été intense et nous sommes bien au fait que la journée risque d'être un peu difficile.

Réveil à 5h30, le temps est splendide. Après avoir chacun pris un Doliprane (ça fluidifie le sang, soulage le mal de tête et au pire des cas fait office de placebo...) nous décollons à 6h30.

Solène est surmotivée et nous ouvre la marche. Comme nous avons reconnu une partie de l'itinéraire la veille, nous avons des points de repère : la cabane bleue (200m de dénivelé), la tente abandonnée (300m), le lodge en construction (500m)...

Avec Purpa, notre Sherpa du jour

Maxime serre les dents et reste concentré pendant toute la montée. Régulièrement, nous faisons une petite pause : eau, raisins secs... Nous montons bien plus vite que prévu et attaquons la dernière partie du col avec optimisme !

La fin du col en vidéo 

Au bout de 2h30, nous voici au sommet, 4610m ! Il est 9h et nous avons toute la journée devant nous pour profiter des lacs de Goisainkund puis redescendre sur Laurebina (3950m). Nous découvrons des paysages éblouissants, comme nous n'en avons jamais vu depuis nos 8 jours de marche précédents. Nous remercions et payons Purpa, reprenons nos sacs respectifs.

Au col de Laurebina, 4600m
En toile de fond, quelques 8000 comme le Manaslu ou les Annapurnas

Une descente tranquille nous emmène vers le lac principal, légendaire dans la mythologie hindouiste, puisqu'il aurait été créé par Shiva.

Le lac sacré

Arrivés au lac, l'ambiance change complètement par rapport à nos derniers jours. Nous retrouvons pas mal de monde, notamment des népalais pour qui un pèlerinage au lac, en cette période de fête (Dhasein), est populaire. Nous croisons également beaucoup d'Israéliens (c'est une période de vacances en Israël et le Népal est depuis longtemps une de leurs destinations favorites). Nous déjeunons au lac (4385m), c'est l'endroit le plus cher jusqu'à maintenant... Maxime ayant de nouveau mal à la tête nous poursuivons notre descente vers 3950m.

Au lodge Morning View, Chiring nous accueille avec un grand sourire. Nous y rencontrons son oncle avec qui nous passons un super moment au coin du poêle, lui buvant l'alcool de riz local et nous le black tea.

Soulagé que nous ayons passé sans encombre cette étape je suis maintenant confiant pour la suite des événements😊.

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Ce matin nous remontons sur quelques centaines de mètres pour admirer le paysage.

Le Langtang Lirung (7220m)

Un pika peu farouche se laisse prendre en photo :

Pika

5km faciles doivent nous emmener à Chandambari. Nous prenons notre temps, de nouveau en forêt.

Ce hameau est le plus important depuis un moment. Il y a même une fabrique de fromage de lait de Yack. En bon français en mal de tome des Bauges, Beaufort, Comté, Abondance, nous nous précipitons, après un bel orage, acheter notre goûter (Miam !).

Depuis le début je me trimbale un téléobjectif de 800g, il est temps d'en profiter :

La vue depuis le village est pas mal non plus !

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Depuis le passage du col de Laurebina à 4600m, nous ne faisons que descendre. Aujourd'hui encore, nous allons perdre 800m dans la journée, pour aller dormir à Thulo Syabru (2500m), chez la sœur de la cousine du frère de l'oncle... Depuis Kutumsang, nous allons de lodge en lodge sur la recommandation de la veille et restons ainsi dans la même famille 😂. Pour ceux qui se demandent ce que nous mangeons, voici l'exemple le plus représentatif : le Dal Bhat ! Du riz, soupe de lentilles, curry, pickles, une galette craquante, un peu de verdure, le tout servi à volonté.

Le fameux Dal Bhat

Voici la famille qui nous a accueilli hier soir, c'est la maman qui a préparé les excellents plats en photo ci-dessus.

Au Sherpa Lodge

La descente se passe tranquillement, en forêt. Pas de stress, on prend notre temps.

Nous croisons notre premier animal qui ressemble à un Yack. C'est un croisement entre une vache et un Yack. Les cornes, la queue en crinière, font penser au yack, le poil ras à une vache.

Dans la forêt, nous croisons des népalais qui montent au village. A chaque fois, les questions tournent autour de la famille, et des beaux enfants souriants que nous avons. Lorsqu'on dit qu'on vient de Sundarijal, dans la banlieue de Kathmandu, ils sont impressionnés, ça commence à faire loin !

Rencontres en forêt

Nous arrivons à Thulo Syabru, village installé sur une crête.

A l'entrée du village, on devine le monastère, bâtiment carré avec un toit jaune

C'est notre porte d'entrée pour rejoindre la vallée du Langtang. Nous prévoyons d'y rester deux nuits pour recharger les batteries, nous avons besoin d'une journée de "repos".

Nous croisons cette dame qui a bien voulu que je lui tire le portrait, les anciens par ici ont vraiment le visage buriné et marqué par leurs années de labeur.

Le village est un belvédère qui permet d'observer, quand le temps le permet, le Ganesh Himal.

Le Ganesh Himal au petit matin
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Après une journée de repos (lessive, école, un peu d'Internet...), nous quittons notre hôte bien sympathique. Elle s'est prise d'affection pour les enfants et leur offre à chacun un petit bracelet. Elle leur avait aussi préparé un "Dal Bhat frites" la veille au soir, et a vraiment pris soin de nous quatre.

Ses petits chats ont bien occupé les enfants !

Le sentier commence par descendre tout en bas du village (il s'étend sur 300m de dénivelé). Il faut faire attention pour croiser les vaches 🐮🐄.

Nous passons devant une maison et un chiot tout mignon vient nous faire la fête.

Et maintenant, Solène veut un chiot....

Après cet intermède, nous poursuivons vers un pont suspendu, le premier depuis que nous sommes partis 😊.

Nous continuons la descente, jusqu'à la rivière Langtang Khola, connue mondialement pour son goût sucré et pétillant, à moins que je ne confonde avec une autre boisson. Sur le chemin, quelques sangsues nous aggripent, histoire de bien faire stresser Anne-Laure...

A partir de cet endroit, nous entrons dans le territoire des Langurs, de grands singes au pelage blanc avec une face noire.

La descente vers Langtang Khola

Nous espérons les rencontrer, mais ils sont assez farouches, rien à voir avec les macaques de Kathmandu. Dans la forêt dense, nous ouvrons les yeux et sommes réceptifs à tous les sons qui pourraient trahir leur présence. Lorsque nous faisons une petite pause, j'en vois un traverser furtivement le sentier ! Vite, ils doivent être ici ! Ils sont généralement en groupes de plusieurs dizaines d'individus. Maxime voit des branches bouger à la cime des arbres, puis plus rien. Malheureusement, ce sera notre seule expérience de la journée avec le primate.

Nous traversons un deuxième pont, plus petit, et filons à bonne allure vers notre objectif du jour : Lama Hôtel, le nom d'un lieu dit avec plusieurs lodges.

Je vous mets ici une photo de la cuisine particulièrement bien soignée du refuge dans lequel nous avons déjeuné en cours de route (Rimche).

Cuisine au feu de bois

Nous avons atterri sur la bonne recommandation de la dame de la veille : nous sommes dans le lodge de son frère ! Très sympathique aussi, il nous fait part de ses émotions, il vient juste de revenir de Kathmandu où sa femme a donné naissance à leur 2ème enfant, un petit garçon de 17 jours !

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L'itinéraire suivi depuis le départ 

J14. Il a plu une bonne partie de la nuit. Nous partons sous les parapluies, Anne-Laure et Solène en ayant chacune un, nous nous partageons le troisième avec Maxime. C'est un exercice spécifique, car il faut non seulement marcher au même rythme, mais aussi chercher en permanence le meilleur passage pour être à deux de front sur le chemin. Il faut souvent faire des "concessions", prendre une marche plus haute, mettre le pied dans une flaque, s'assurer que le parapluie nous couvre bien, etc. Au début, tout va bien, mais après 2 heures, je commence à avoir bien mal au dos et j'ai les jambes coupées. Maxime, qui a dû faire un effort pour suivre le rythme, accuse aussi un coup de pompe. Le temps est gris, il n'y a pas de singes à chercher, pas de paysage à admirer, on fait le dos rond et on s'avance cahin-caha, les chaussures faisant floc floc dans un mélange d'eau et de gadoue. Le Dal Bhat du midi nous requinque bien et nous finissons l'étape en bien meilleure forme que nous ne l'avions commencée. Dal Bhat power !!! Nous arrivons à Thangsyap assez tôt dans l'après-midi et décidons de nous arrêter là pour aujourd'hui. Les parapluies ayant bien joué leur rôle, nous ne sommes pas si humides que ça.

Les lodges népalais sont pratiquement tous construits sur le même modèle. Un "dining room" attenant à la cuisine, de 20 à 30 m2, est vitré tout autour. Des banquettes et des tables sont disposées en U autour d'un poêle central de manière à ce que les convives mangent dos aux vitres, se faisant mutuellement face. La région étant habitée par beaucoup de descendants de tibétains (certains ayant fui l'invasion chinoise, d'autres peuplant la vallée depuis beaucoup plus longtemps) un portrait du Dalaï Lama trône le plus souvent au milieu d'un petit autel devant lequel une prière est donnée chaque matin (de l'encens est brûlé, et une bougie est allumée pour la journée).

Dining room
L'autel bouddhiste

Un autre bâtiment abrite les chambres, basiques (2 lits, une fenêtre), avec parfois une salle de bain attenante (private bathroom). Nous avons l'impression que les népalais se sont mis ces dernières années une certaine pression pour généraliser des chambres avec salle de bain attenante, avec WC à l'occidentale, douche (peut être poussés par les agences de trekking). Cela n'étant pas dans leur culture, il me semble qu'ils ont du mal à entretenir ce type d'équipement. A contrario, lorsque la chambre est basique, les toilettes à la turque et la douche sur le palier, c'est en meilleur état et plus propre (c'est notre expérience, à ne pas généraliser).

J15. Il a plu toute la nuit. Et pour la première fois, il pleut des cordes le matin, le midi, l'après midi... Nous décidons de rester au lodge, nous aviserons demain si le temps est meilleur. Nous occupons notre temps, entre un peu d'école, quelques photos d'oiseaux, l'écriture du blog, des parties endiablées de 8 américain ou de Président.

Des petits groupes de trekkeurs arrivent parfois au lodge, tout dégoulinants, ils se réchauffent autour du poêle, prennent un thé et repartent se bagarrer avec les éléments... Ce qui permet de faire des rencontres : Un jordanien, un couple d'indiens, un groupe d'allemands...

Nous mesurons et apprécions le luxe avec lequel nous progressons : LE TEMPS ! Contrairement à la plupart des randonneurs, qui sont obligés par un planning précis, un avion à reprendre, nous n'avons aucune contrainte. C'est le déluge aujourd'hui ? Tant pis, à l'école de la patience, nous verrons demain inch'Allah !

Plus tard dans la journée, nous apprenons que le torrent 1km plus loin, habituellement facile à passer, déborde et qu'il faut se mouiller jusqu'aux genoux dans un fort courant pour passer... Une famille d'américains vient de faire demi-tour de peur de se faire emporter... Au sec, bien à l'abri près du feu, nous nous félicitons d'être restés prudemment bien au chaud.

En fin de journée, la pluie cesse et nous laisse entrevoir un mince espoir pour demain. A condition qu'il ne pleuve pas de la nuit et que le niveau du torrent baisse significativement, nous pourrons poursuivre notre chemin vers Kyanjing Gompa, le pays des Yacks et des sommets enneigés dont nous rêvons chaque nuit...

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Ce matin, je pars en éclaireur reconnaitre l'état du torrent que nous devons traverser. Le temps s'est nettement amélioré, mais l'incertitude demeure sur le niveau d'eau et la force du courant. Arrivé sur place, je constate avec soulagement qu'il est largement possible de passer. Je jette quelques grosses pierres pour faciliter le passage, puis je retourne vite au lodge, aujourd'hui nous allons avancer !

Pour assurer le coup, le cuisto du lodge, Pasang, nous accompagne gentiment jusqu'au guet afin de nous aider. Une fois sur place, je passe une première fois poser mon sac sur l'autre berge, puis fais de même pour chacun des autres sacs. Notre Sherpa du jour attrape ensuite Maxime dans ses bras et traverse le torrent avec une facilité déconcertante 😁 ! Ce petit bonhomme, de la taille d'Anne-Laure, revient et passe Solène avec la même aisance. Je peux vous dire qu'avec Anne-Laure on n'en menait pas large !

Nous reprenons notre chemin, maintenant, tout devrait bien aller... Jusqu'à la prochaine péripétie...

Les kms défilent comme jamais, le chemin est facile et peu pentu. Nous faisons 5,5 km en deux heures, notre record 😂! Après un arrêt pour recharger les batteries, nous repartons et finalement atteignons Kyanjing Gompa (3850m), le dernier village de la vallée après 10 km en 4h. C'était encore complètement inespéré hier soir !

Nous prenons nos quartiers dans le Sherpa Lodge, et y retrouvons avec grand plaisir Christine, une française retraitée, amoureuse du Népal, qui fait le même itinéraire que nous accompagnée de ses deux anges gardiens. Nous nous précipitons ensuite à la fromagerie pour acheter 1kg de tomme de Nack (la femelle du Yack) !

Le soir nous assistons à la traite des "vaches". Ce sont en réalité des croisements entre Yacks et vaches (des "dzos").

Le monastère de Kyanjing Gompa
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A Kyanjing Gompa, le Yack est roi. Il peuple les pâturages, mais aussi le village. C'est bien simple, il y a des Yacks partout. Nous n'avons pas tout à fait saisi le mode de fonctionnement, car personne ne semble les garder, les surveiller. Donc nous ne savons pas comment font les népalais pour ramener les femelles qui doivent passer à la traite. Le village étant à 3850m, les Yacks vaquent dans un immense périmètre et un important dénivelé (jusque 5000m, parfois plus).

Autour de Kyanjing Gompa, il y a de multiples randonnées permettant d'aller admirer la vue sur les sommets environnants depuis de beaux belvédères. Le plus fréquenté, c'est le Kyanjing Ri, une belle colline bien raide culminant à 4560m.

Le temps tourne assez vite et nous atteignons le premier point de vue à 4300m dans le grésille.

Anne Laure et Solène redescendent, pendant que je continue plus haut avec Maxime.

En route pour le Kyanjing Ri

La météo s'améliore et nous permet d'atteindre seuls le "sommet". Nous avons la chance de pouvoir observer des Thars, sortes de chèvres sauvages, très apprécié du léopard des neiges.

Himalayan Thar

De nouveau un pika, on se demande comment ce petit rongeur fait pour survivre ici... Et aussi un groupe de perdrix.

Pika et Perdrix

Au sommet, un petit rayon de soleil bien agréable :

Au sommet du Kyanjing Ri 

Sur la descente, on croise pas mal de Yacks. Ils sont très impressionnants et parfois nous font des séquences d'intimidation, faisant mine de nous charger si on s'avance trop, mais en vérité ils sont assez peureux. Il suffit de ramasser un petit caillou et de leur lancer en criant "tchoooo" ! Et ils détalent comme des lapins... 😂 Bon... Faut être sûr de son coup !

L'après-midi, nous partons nous balader aux alentours du village. L'occasion de profiter des environs tranquillement.

Kyanjing Gompa sous un rayon de soleil ☀️

Et pour les grands parents qui peuvent s'inquiéter un tout petit peu, la preuve que les enfants sont en pleine forme 😊

Pour finir (décidément, je ne pensais pas avoir autant de choses à écrire...), les sommets environnants, magnifiquement éclairés par la lune 🌙.

Le pic enneigé du Langtang Lirung (7200m) à gauche
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Ce matin, nous partons en direction du Tangbu Pass. Il faut slalomer entre les vaches/yacks. Les petits oiseaux nous accompagnent.

Situé versant nord, il nous faut redescendre une centaine de mètres, traverser la rivière Langtang Khola, puis pénétrer dans une magnifique forêt d'altitude. La forêt est parcourue de petits ruisseaux. Des arbres couverts de lichen, des arbustes, des fougères, des fleurs... La biodiversité semble très forte.

Nous perdons le chemin et coupons en travers, on se croirait seuls au monde dans une forêt vierge. On se prend à rêver de croiser un ours, un panda roux, un langur au détour d'un arbre.

En face, le glacier Langtang se découvre dans des variations de lumières induites par la valse des nuages.

Glacier Langtang

Nous quittons la forêt et débouchons sur une crête, une prairie habituellement foulée par les yacks, mais aujourd'hui ils ont préféré un autre pâturage.

Mais où allons nous ?

Les tons d'automne s'installent doucement en ce début octobre.

Au col, nous apercevons la vallée du Langtang qui s'étire encore sur 20/30kms, jusqu'au Tibet.

Une chenille a trouvé le moyen de se retrouver là. Je suis, comme à chaque fois, impressionné par la résilience de la vie animale et végétale dans ces environnements aussi exigeants...

Nous empruntons le même itinéraire au retour. Et dans la forêt, nous faisons une drôle de rencontre, je ne savais pas que des Trolls peuplaient ces coins reculés de l'Hymalaya...

De drôles de Trolls habillés en Quechua...
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Dernier jour à Kyanjing Gompa. Nous profitons d'une éclaircie pour remonter au "Lower Kyanjing Ri" afin d'admirer une dernière fois la vue.

Lever de ☀️ sur le de Langtang Lirung

460m de dénivelé sur 1,2km, c'est raide !

Brownie a trouvé un copain Koala 🐨, c'est la mascotte d'un couple de belges qui fait le tour du monde à vélo. 15 mois pour arriver à Kathmandu, ils en prévoient au moins autant pour rentrer chez eux... De quoi donner des idées à Maxime et Solène 😂!

Brownie et Ernest

De retour au village, nous prenons la direction du bas de la vallée, sans avoir oublié de racheter un morceau de fromage de Nak.

Préparation du lait dans la fromagerie

Comme pour nous dire au revoir, nous croisons une multitude de Yacks sur le chemin.

Quelques km plus loin, le temps tourne à la brume, puis à la pluie, nous décidons de nous arrêter dans un lodge à Langtang Gompa. Nous tombons chez une famille adorable. La maman fait d'excellentes pâtisseries, rien de tel pour se requinquer pendant qu'au dehors la pluie redouble. Gâteau au chocolat et Apple pie, un délice ! Nous restons pour la nuit, et partageons un bon moment avec la petite nièce, Jenny, 6 ans, en vacances. Dessins, parties de morpions, puissance 4...

Le lendemain matin, départ sous le soleil

Nous fêtons aujourd'hui nos 20 jours en montagne🎂🍾. 20 jours sans une voiture. 20 jours et 5 douches ultra appréciées (finalement c'est pas si mal !). 20 jours à manger du riz, des pâtes ou des patates accompagnés de légumes frais🌶️🥬🥔🧄 et cuisinés (pas un gramme de viande).

140km et 11500m de d+, avec à peu près autant de d- ⛰️.

Zéro ampoule💡, zéro bobo🩹, zéro bière 🍺...

200 parties 🃏 de 8 américain et autant de Trou du c...

2140 "Namaste !"

2098 de "Attention ça glisse !"

20 jours sans info déprimante sur la guerre en Ukraine🇺🇦, les pénuries d'essence⛽ ou les états d'âmes de Killian Mbappe⚽ (il faudrait qu'il vienne faire un tour par ici ...!)

20 jours et toujours les mêmes tee-shirts 😂 !

20 jours et toujours motivés pour continuer (pour l'instant...), tiendrons-nous 20 jours de plus ? 😁

Merci pour vos commentaires et encouragements, ils font partie du voyage😘.

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Sous un grand soleil, nous poursuivons notre descente de la vallée du Langtang. Ça fait du bien de découvrir cet endroit sous un jour différent, avec les sommets découverts !

Nous retraversons le torrent qui avait tant posé de problèmes aux randonneurs il y a quelques jours. Aujourd'hui, son franchissement est une simple formalité.

Comme à l'aller, nous rentrons de nouveau dans la zone où il est possible d'apercevoir les Langurs. Emportés par notre élan, nous ouvrons la marche avec Solène et ratons un groupe à quelques mètres seulement du sentier. Heureusement, Maxime est attentif et nous rattrape en courant : " Langurs ! Langurs !".

Les singes sont là, tout près. Ils font une razzia sur des arbres chargés de grappes de baies rouges. Leur estomac spécifique leur permet d'ingérer de la nourriture qui serait toxique pour d'autres animaux.

Ils sont vénérés par les hindous, comme représentant du dieu-singe Hanuman.

Ici dans la région, les paysans népalais doivent régulièrement les faire déguerpir, car ils viennent se servir dans les cultures.

Ils sont assez craintifs, et s'éloignent dès que nous tentons de nous approcher un peu.

Nous passons un bon moment à les observer, puis reprenons notre route, car nous avons 15 kms à faire aujourd'hui...

A l'affût

Nous nous arrêtons à Lama Hotel pour le déjeuner. Nous rencontrons un israélien qui remonte la vallée avec son fils. Il nous apprend qu'il a été évacué par hélicoptère, comme des dizaines d'autres trekkeurs qui se sont fait prendre dans une tempête (neige et fortes précipitations), dans les vallées de la Tsum, du Manaslu et des Annapurnas... Des morceaux entier de sentier ont été emportés et les cols sont maintenant fermés à cause de l'épaisse couche de neige... Cela relativise nos petits désagréments météo, et explique pourquoi nous croisons autant de randonneurs qui montent aujourd'hui. Les agences se sont rabattues sur le Langtang, la région la moins touchée.

Nous finissons cette grosse journée de descente à Sherpagaon, après 15km, 1100d-, 400d+. C'est un hameau en balcon, avec une vue bien dégagée, juste en face de Thulo Syabru (où nous sommes passés il y a une semaine environ).

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Nous voilà sortis de la vallée du Langtang. Depuis Sherpagaon, nous décidons de partir sur le "Tamang Heritage Trail". C'est un circuit à la frontière tibétaine, en zone de moyenne montagne, et traversant des villages ruraux, qui ne vivent pas du tourisme, mais d'agriculture vivrière. Cela devrait nous changer de la Vallée du Langtang, où il n'y a pas ou plus de village en tant que tel, mais uniquement une succession de lodges accueillant les trekkeurs du monde entier venant admirer des paysages grandioses.

Sherpagaon

Nous descendons donc vers Kangjing par un beau sentier en balcon qui nous offre de belles vues.

Vue sur Thulo Syabru (photo de gauche)

De gros lézards 🦎 se prélassent sur des roches au soleil.

A Kangjing, nous choisissons par hasard la Guest House "Mother's Home". L'accueil est très bien, la nourriture bonne, la chambre propre, mais je me demande pourquoi construire un bâtiment aussi peu respecteux des habitations traditionnelles... Cela ressemble à un immeuble qu'on pourrait voir en Chine ou à Katmandou... Ça fait pas trop "héritage tamang"... Vous me direz qu'on était pas obligé d'y aller et vous aurez raison !

Le lendemain matin, nous mettons le cap sur le village suivant, à une heure et demie de marche environ : Briddim, nous allons y poser nos valises pour 3 nuits, car je suis "victime" d'un bon coup de pompe. Mais le village et le lodge valent le coup.

Vue depuis le jardin

C'est une famille qui tient ce lieu "paradisiaque", Tenzing et Sylvia, les deux enfants seront de bons compagnons pour Maxime et Solène. Les parties de "billard népalais" s'enchaînent.

Nous en profitons pour visiter le village. Il y a de belles maisons en bois, les gens vivent principalement d'agriculture, quelques uns du tourisme. Comme il n'y a pas d'école, la population est vieillissante et baisse au fil des ans. La jeunesse du Népal rêve d'Europe, d'Amérique où d'Australie. Beaucoup de népalais font vivre leur famille en allant faire les manœuvres sur les chantiers au Quatar, en Malaisie... Ou en trouvant des contrats temporaires en France, comme ce père de famille qui passe tous ses étés au refuge de la Dent Parrachée en Vanoise.

La plus belle maison du village

Nous trouvons un petit moulin (pour produire de la farine), entraîné par l'eau d'un ruisseau.

Les papillons butinent les fleurs.

Anne Laure tape la discute.

Un matin nous partons en balade avec Dawa et ses enfants. Nous montons jusqu'à l'ancien Gompa (temple), vieux d'environ 300 ans selon ses dires.

Récemment, une donation venue d'Inde a permis de lancer un chantier de construction d'un nouveau monastère, bien plus grand. 10 millions de roupies, soit 80 000 euros, une sacrée somme pour un village comme celui-ci.

Construction du nouveau monastère en pierres de taille

Quand je vois l'état général du village (200 habitants max), la difficulté qu'ont les habitants à vivre de leurs cultures, je m'interroge sur l'intérêt de telles dépenses. Est-ce bien la priorité ? C'est un constat qu'on peut faire dans bien des villages de la région.

A la mode tibétaine
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Après avoir profité de 2 belles journées de pause a Briddim, notre prochaine étape est Thuman. Nous discutons du chemin du lendemain lorsque je realise que c'est bien demain que ma copine Stéphanie arrive à Syabru Besi. C'est un gros village un peu plus bas, la plupart des voyageurs vers le Langtang arrivent par cette bourgade.

Je me dis qu'on est vraiment proches, on a du temps, ca serait dommage de se rater. Ni une ni deux, Pierre vérifie la carte, échange au sujet du chemin à emprunter avec notre hôte, et c'est décidé, nous irons à Syabru Besi demain, Thuman attendra après demain.

Arrive l'heure du départ, nos hôtes nous honorent de belles écharpes blanches et nous souhaitent bonne route. Leurs enfants dorment encore, dommage, Maxime et Solène auraient aimé dire au revoir à Sylvia et Tenzing, après les belles parties de jeu d'hier.

Au départ de Briddim.

On ne trouve pas le chemin qui coupe à travers bois. Tant pis, on nous avait prévenus, il est peu emprunté et recouvert par les herbes hautes. Nous prenons la piste et quelques raccourcis.

Poivre Timur récolté dans la forêt

6,5 km plus loin et 840 mètres plus bas , nous arrivons à Syabru Besi. Maxime et Solène marchent à un très bon rythme et la descente s'est faite rapidement. Nous réalisons que cela fait longtemps que nous n'avons pas vu "la ville"! Le fond de vallée est occupé par des camions qui manoeuvrent autour de gros chantiers, cette poussière ne nous avait pas manqué !

Syabru Besi

En revanche, nous profitons des avantages de "la ville" : je file me laver les cheveux dans la belle salle de bains de l'hôtel et Pierre va chez le coiffeur! J'achète des pommes et des bananes car on ne trouve plus de fruits en altitude, et on fait une provision de Kit Kat et de Snickers ! On se fait la réflexion qu'on ne mange quasiment jamais cela en France, mais ici les repas se limitent au plat principal, pas de petit dessert sucré après le curry. Au bout d'un moment, ça manque !

Puis Stephanie arrive avec ses compagnons de voyage, Coralie et Jano. Leur voyage commence tout juste, ils partent demain pour la vallée du Langtang où nous avons passé quelques jours.

On passe l'après-midi à discuter. On étale les cartes sur la table, on s'échange les bons plans, on discute beaucoup du Népal que Coralie connait bien pour y avoir travaillé 2 ans il y a quelques années.

Les copains nous font goûter de super bons biscuits apéritifs, à base de lentilles soufflées ou de pommes de terre émincées et bien épicées.

On boit du café ou du Masala Tea, puis des bières ! Ça faisait quelque temps qu'on n'avait pas bu de bière avec Pierre! Il faut dire que le prix augmente en fonction de l'altitude, ce qui est logique puisque tout est monté à dos d'hommes ou de mules dans les villages non accessibles par la route. Nous n'avons donc pas inscrit cette dépense dans notre budget quotidien de voyage au long cours !

L'après-midi et la soirée ont filé vite, on a passé un très bon moment.

On prolonge encore le lendemain matin, petit déjeuner tous ensemble avant de partir les uns vers le Langtang, les autres (nous) vers le Tamang Héritage Trail, direction Thuman cette fois-ci.

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Revigorés par notre bonne soirée sur Syabru, nous partons de bon matin vers Thumann, un petit village Tamang cerné par les cultures en terrasse. Après 30mn, nous quittons la "route" qui mène au Tibet pour une piste facile zigzaguant et s'élevant à travers champs.

Parfois le sentier passe au plus près des habitations, et nous découvrons des installations très sommaires, sans eau courante, des sols en terre battue, un foyer au feu de bois... Les gens vivent dans des conditions vraiment précaires.

Au fond, les pics enneigés du Tibet

Lorsque nous arrivons à Thumann, nous trouvons le village quasi désert. Certaines Guest Houses semblent fermées. Après plusieurs tentatives, un adolescent nous ouvre la porte de chez lui. Ses parents, comme tous les adultes, sont dans les champs, c'est la moisson du riz ! Il passe un coup de fil à sa mère, car oui les gens n'ont rien chez eux, mais le portable est bien répandu. De retour des champs, elle va pouvoir nous préparer un Dal Bhat.

Nous ne serons pas déçus : il est excellent! La dame nous précise que le riz, légèrement brun, est local. En effet, il y en a qui sèche au soleil juste en bas de sa maison. Je suis impressionnée car quasiment tout ce qui compose ce Dal Bhat est produit par leurs soins (ou plutôt par leurs efforts en plein soleil ☀️) : les pois rouges ajoutés dans la soupe de lentilles, les pommes de terre, les épinards, l'ail qui ne manque jamais ici, et enfin un petit légume vert qui ressemble vaguement a un cornichon et que nous n'avons pas en France.

Dommage , on a englouti tout le plat sans prendre de photo!

Les champs de riz. En jaune ceux prêts à être moissonnés.

Notre maison d'hôte, accrochée à la pente :

Nous faisons un petit tour à pieds dans le village, accroché sur une pente assez raide, aussi les maisons sont rapprochées. Notre hôte nous explique que ce village aussi a été touché par le tremblement de terre de 2015, les habitants s'étaient réfugiés en haut du village et n'osaient plus rentrer dans leurs maisons ébranlées. Nous supposons que tous les toits en tôle bleue ont été la solution la plus rapide et la moins chère pour reconstruire, car les toits traditionnels étaient en bois. Il reste malgré tout quelques belles fenêtres en bois, typiques de l'architecture Newar, finement travaillées.

Et le lieu de rassemblement du village est la place du temple en construction (encore un !), les 3 générations sont là : depuis le plus jeune qui a pris un chiot pour son doudou, jusqu'aux petits vieux du village amusés des différentes scènes.

Quelques photos du village :

La maman et son fils, étudiant en business à Katmandou. Le "chapeau" de la mère est traditionnel, c'est elle qui l'a confectionné.

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De Thumann, nous prenons 850m de dénivelé en 3km pour rejoindre l'alpage de Nagtali, un belvédère à 3200m d'altitude, permettant d'admirer par beau temps, les sommets environnants.

Le Tibet depuis Thumann au petit matin

Dans la montée, nous sommes rejoints par la sœur de notre hôte de la veille. Elle nous servira de guide... Jusqu'à son Lodge 😁.

Nous croisons un groupe de Langurs se réchauffant au soleil à la cime des arbres.

Celui-ci se cache dans la forêt

Nous arrivons à Nagtali sous un grand soleil ☀️.

L'après midi, nous partons avec Maxime à la découverte d'une statue "Stupafiante"... Flambante neuve.

Sur le retour nous tombons sur ce dispositif d'écoute sismique. L'occasion de dire quelques mots sur le séisme qui a ravagé la région du Langtang et celle de Kathmandu en 2015. Avec plus de 8000 morts, 33000 blessés et des centaines de milliers d'habitations détruites ou fortement endommagées, le Népal a payé un lourd tribut. Le village de Langtang a notamment été rayé de la carte à cause d'une gigantesque avalanche provoquée par les secousses (7,9 sur l'échelle de Richter). C'est la raison pour laquelle la plupart des maisons en milieu rural sont équipées d'un toit bleu en tôle, moins cher, plus rapide à poser que les traditionnels toits en bois.

Il est impossible de prévoir un tremblement de terre, mais des chercheurs y travaillent

A peine remis de cette catastrophe, voici le Covid qui arrive en 2020... Deux saisons blanches niveau touristique qui n'ont pas aidé à la remise en route de l'économie, très dépendante des trekkeurs étrangers...

La nuit 🌃 est bien froide, au matin du J29, le givre a recouvert le sol.

Nous nous réfugions dans la cuisine pour le petit-déjeuner. C'est un endroit chaleureux. De façon générale, nous avons toujours été bienvenus dans les cuisines lorsque le feu du poêle de la salle commune n'était pas encore en route.

Omelette et chapati

Dehors il fait grand beau, et une marre permet de faire quelques jolies photos.

Avant de descendre sur Tatopani, nous grimpons au belvédère de Taruche, à 3720m. C'est la première fois que nous avons une vue aussi dégagée, quasiment à 360 degrés.

Retour au lodge, un bon Dal Bhat, et c'est parti pour la descente. Entre temps, le vent s'est levé, ça caille !

Bien emmitouflés

Avant d'arriver à Tatopani, nous traversons des campements, des sortes de cabanes, avec des toits en bâches. Quelques dizaines de mètres carrés ont été déboisés autour. Quand on vous disait que dans les villages c'est rudimentaire, que dire de ces gens qui vivent perdus dans la forêt... C'est véritablement de la survie... En voici un exemple, cette photo a été prise le lendemain :

Des gens vivent là dedans...

A Tatopani, nous filons dans la meilleure Guest House. Je ne sais pas si c'est en réaction à la traversée des campements... Yiga nous reçoit comme des princes, il est en admiration devant Maxime et Solène et leur offre à chacun un paquet de gâteaux ! Les chambres sont impeccables, décorées (c'est bien la première fois). Sa sœur, qui fait deux journées en une (elle travaille à la station hydroélectrique), cuisine remarquablement : nous avons eu droit à une tartinade de tomates, ail, oignons qui nous a transporté en Méditerranée. Nous passons un long moment à discuter avec Yiga, notamment des avantages et inconvénients des investissements chinois dans la vallée. Quatre centrales hydroélectriques sont en construction. Les chinois ont des concessions de 30 ans et c'est le Népal qui récupère ensuite la gestion des sites. Cela procure du travail, amène l'électricité, et des pistes. Ainsi, depuis peu, Tatopani est accessible en bus. Pour le côté rustique et authentique du Tamang Heritage Trail, il va falloir se dépêcher, car cela n'aura plus vraiment d'intérêt dans quelques temps....

Toujours bien couvert le matin
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Nimsdal, le meilleur alpiniste népalais

Depuis Tatopani, nous filons sur Gatlang, prochaine étape de notre périple en terres Tamang. Nous descendons tout d'abord sur Chilime en fond de vallée à travers les plantations de maïs.

En arrivant à Chilime, nous tombons sur ce gros chantier de centrale hydroélectrique (China Power).

De l'autre côté de la rivière, proche du village, les paysans s'activent à moissonner le riz. Ils nous interpellent de façon sympathique et nous demandent où nous allons. Le tableau est très beau, mais ces gens travaillent dans relâche, et en plein soleil.

Une fois que le riz est à maturité, les brins sont coupés. Le riz est ensuite battu pour détacher le grain du brin. Ensuite les grains sont séchés quelques jours avant d'être de nouveau battus pour séparer le grain de son enveloppe.

Récolte du riz 🍚

A midi, un Dal Bhat à 300 roupies (le moins cher depuis le départ, nous l'avons payé jusqu'à 800...), puis nous attaquons la montée sur Gatlang.

Coco, le chiot du resto  

Il y a eu tellement de chantiers ces 2/3 dernières années, que la carte (Open Street Map, via l'application Open Runner) n'est pas à jour. Nous trouvons quand même le chemin, évident.

Montée vers Gatlang depuis Chilime

A l'arrivée à Gatlang, c'est la douche froide. On nous avait tellement vanté la beauté du village qu'on en attendait beaucoup. Les sentiers sont jonchés de déchets plastiques, le torrent ressemble à une décharge. Pour les petits passages entre les maisons, même chose. Certes, il y a quelques maisons en bois typiques historiques. Mais il faut voir dans quelles conditions vivent les gens qui y habitent... Les sols, en terre battue, poussière par temps sec, se transforment en marre de boue avec la pluie. Quel contraste avec les champs alentours !

Nous prenons nos quartiers dans une Guest House au sommet, un peu à l'écart. Nous avons prévu de passer 2 jours ici, avant d'enchaîner les deux grosses étapes suivantes vers la Ruby Valley. Lessive, douches, école, un beau programme en perspective 😆!

J31, nous partons en balade à Gatlang "du haut". Un lac sacré et une fromagerie nous attendent ! La fromagerie tout d'abord. En pleine activité, l'équipe s'attache à préparer le lait pour faire du beurre et du fromage. Le lait est chauffé (autour de 80 degrés celsius) puis passé dans une centrifugeuse. La partie "crémeuse", plus lourde, ira pour le beurre, alors que l'autre (le lait écrémé) se destinera au fromage. L'endroit doit jouir d'une certaine réputation, car 10 mottes de beurre sont en préparation pour expédition à Kathmandu (descendues à dos de femme dans un premier temps).

Fromagerie de Gatlang , à droite la centrifugeuse manuelle

Nous poursuivons vers le lac sacré (Parvati kunda). Et là, c'est le ravissement total. Un endroit magnifique, incroyablement paisible, coloré...

Parvati Kunda

Sur le chemin, nous rencontrons un groupe de copines de retour au village pour les vacances. Elles sont de corvée de feuilles. Vraiment sympathiques, nous passons un bon moment.

Corvée de feuilles

J32. Afin de gagner une bonne heure de marche sur l'étape difficile du lendemain, nous montons dormir à Gatlang du haut.

Une rencontre en chemin

La Guest House accueille également des ouvriers qui travaillent sur le chantier du nouveau monastère, encore plus grand que celui que nous avions vu à Briddim. Les choix "d'investissement" m'échappent, mais je n'ai sûrement pas toutes les clefs pour comprendre.

Monastère en construction

Nous tombons sur une famille adorable. Maxime y a trouvé une petite sœur d'adoption (Pema).

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Au revoir le Tamang Héritage Trail, et bonjour la Ruby Valley ! Depuis Gatlang, nous nous dirigeons plein ouest en direction du massif du Ganesh Himal. Comme son nom l'indique, la Ruby Valley est réputée pour sa concentration en pierres précieuses rouges. La première étape nous mène à Somdang. Pour y parvenir, 1100m d+, 500m d-, 11km et le passage d'un col à 3700m d'altitude.

A l'assaut du col

Le début de la montée est "facile". Nous sommes en forme, et ce matin nous avons petit déjeuné des chapatis au beurre de Yack, miam ! Nous partons sous un grand soleil ☀️. Nous traversons une forêt détruite par un incendie.

Tout se passe parfaitement jusqu'au moment où nous évitons un drame de justesse...

Passé ce moment compliqué, nous reprenons notre route et le paysage devient de plus en plus grandiose au fur et à mesure que nous nous élevons. La fin du col est très raide, mais nous sommes bientôt récompensés de nos efforts matinaux.

En toile de fond, le Langtang Lirung (7220m)

Au col :

Nous pouvons voir au loin le village de Gatlang Haut d'où nous sommes partis ce matin.

A gauche, Gatlang, à droite Gatlang Haut

Nous pique-niquons (chapati fromage!) face au col à passer le lendemain.

Au col, face au Pangsang pass

Une descente facile nous amène à Somdang (3250m). Quatre maisons, 2 lodges, une mine de zinc, pas un touriste, le sentiment d'être loin de tout. Il fait froid, mais nous sommes très bien accueillis, et le feu dans le poêle permet de passer tranquillement la soirée. C'est la fête de Tihar, et deux jeunes filles viennent initier une danse. Nous sommes conviés à assister à ce moment et acceptons avec joie, nous sommes ravis d'être là pendant une fête locale.

Bien malheureusement, je n'ai pas de vidéo lorsque nous dansons à notre tour, vous ne pourrez pas découvrir ce talent que nous cachons si bien...

Et en tous cas, quand on danse dehors de nuit, on n'a pas froid !

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Trop de stress au boulot ? Fermez les yeux et détendez-vous en écoutant paisiblement ce beau morceau mélodieux de musique traditionnelle.

Il fait bien froid ce matin au départ de Somdang...

Mais à peine sommes-nous partis que le soleil se montre, on enlève 2 couches d'un coup.

Nous montons à bonne allure vers le Pangsang pass, notre dernier col d'altitude (3850m). Il doit nous offrir un panorama exceptionnel avant une descente infernale de 1600m vers Labdung.

Le passage délicat d'un glissement de terrain ne gêne pas notre progression.

La piste emportée par un glissement de terrain

Maxime cherche et trouve des rubis sur le chemin, de quoi financer un an de voyage supplémentaire😅.

Au col, la vue est au rendez-vous. D'un côté, le Langtang Lirung (pour la dernière fois), de l'autre, le Ganesh Himal. Nous dégustons notre pique-nique, chapati et fromage de Yack conservé bien précieusement au fond du sac depuis Gatlang.

Pangsang pass

Nous entamons la descente, elle est bien technique, nous devons être attentifs à chaque pas pour déjouer les "pièges" tendus par les pierres, racines, ruisseaux... Il n'y a aucune partie "roulante". 1600m de descente (5 Tours Eiffel), c'est long. Le poids du sac vous entraîne, les genoux et chevilles encaissent les chocs...

Dans une forêt de rhododendrons qu'il faudra revenir voir en fleurs au printemps, Labdung se dévoile au loin. Il y a encore de la route...

Labdung au premier plan, Tipling au fond

Sur la fin, des Langurs nous font le plaisir de traverser le sentier devant nous, mais ils sont trop rapides pour que je puisse immortaliser l'instant.

Un sentier pas évident

Nous arrivons à Labdung (2200m) chez Dawa, en pleine réunion avec une dizaine d'autres personnes. C'est un rassemblement de fidèles chrétiens qui traitent des affaires de la paroisse. Nous apprenons que depuis des guérisons miraculeuses effectuées par un pasteur il y a 33 ans, les habitants des quelques villages alentours se sont convertis. Ce qui explique la présence de cette croix impressionnante plantée sur un sommet à 4100m que nous pouvons apercevoir depuis le village. Constituée de 5 éléments de 2m et 200kg chacun, elle a été transportée à dos d'hommes en pièces détachées jusque là haut (8 hommes pour chaque partie), un vrai chemin ... de croix !

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Le coup de la panne à la népalaise 😂:

Ganesh Himal au petit matin

Après deux grosses journées de marche, nous nous accordons une journée de récupération à Labdung. L'accueil de Dawa, ses très bons Dhal Bhat, son petit jardin, plus la fatigue accumulée, ont été autant d'éléments qui ont pesé dans la balance. Nous commençons à ressentir une certaine fatigue, physique, morale. Et le besoin de s'arrêter pour récupérer se fait sentir plus souvent. Labdung est l'endroit idéal pour recharger les batteries. Le village, plus étalé et moins dans la pente que les autres, mérite d'y passer une journée.

Séance lessive

Au niveau des Dal Bhat, nous pensons d'ailleurs publier le Guide Michelin sur le sujet. C'est bien simple, nous en mangeons 2 fois par jour, et sommes devenus des experts dans l'appréciation de chaque composant. L'épaisseur et la richesse de la soupe de lentilles (Dhal), la consistance du curry (pour avoir une bonne note la présence de pommes de terre est obligatoire 😁), la verdure, le croquant de la galette (papad), son prix (qui a varié du simple au quadruple) tout est scruté, analysé, comparé avec la plus grande objectivité à chaque repas...

Le Dhal Bhat de Dawa : 3 étoiles

Dawa nous propose gentiment de faire le tour du village.

Dawa Tamang

En 2018, le village a reçu l'aide d'une organisation britannique, pour construire des réservoirs d'eau, des toilettes et une arrivée d'eau pour chaque maison. Un sacré progrès dans ce village Tamang n'ayant aucune ressource monnayable, ce qui implique que les habitants ne gagnent pas ou très peu d'argent pour acheter des éléments de base comme le riz (non cultivé ici), l'huile, des biens de consommation pour leur maison, etc...

Une petite centrale hydraulique a également été installée, elle permet d'avoir la lumière et des prises pour recharger les téléphones. Mais le circuit de Dawa doit avoir quelques soucis, j'ai cramé mon chargeur de téléphone et flingué une batterie d'appareil photo...

L'eau ici n'est pas un problème, elle dévale de partout depuis les montagnes. Un système ingénieux a permis d'installer une petite scierie, dont toutes les machines sont entraînées uniquement par l'énergie hydraulique. Des systèmes similaires existaient dans nos vallées alpines, notamment dans le Haut-Bréda où il est possible de visiter aujourd'hui un musée sur le sujet.

Le moteur hydraulique permettant d'entraîner les machines

Nous poursuivons la visite et passons devant plusieurs maisons qui ont été construites selon des techniques anti-sismiques simples et applicables à la région et aux ressources des habitants. Des cadres en bois sont intégrés à intervalles réguliers dans les murs. Ces cadres jouent un rôle d'absorbeur/amortisseur de choc en cas de secousses.

Constructions anti-sismiques

Plus loin, nous passons devant l'église. Pas de chichi, on est loin des églises monumentales de Rome ! Dawa nous apprend qu'il est le pasteur de la paroisse.

Pour finir, il nous emmène dans sa serre. C'est là qu'il fait pousser piments, aubergines, tomates, salade, kiwis...

Un vrai coup de coeur ce petit village de Labdung !

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Nous quittons Dawa avec émotion ce matin, direction Borang.

Au départ de Labdung

Une étape facile, couverte en grande partie sur une piste pour 4x4, non carrossable par manque d'entretien, de maintenance. De nombreux glissements de terrain n'ont pas été "réparés". Du coup, nous comptons au moins 5 camions bloqués en amont, ils ne seront peut-être jamais plus utilisés... Ici c'est une pelleteuse qui a été écrasée par un éboulement, j'espère que le conducteur ne se trouvait pas à l'intérieur... Si vous connaissez l'émission "Les routes de l'impossible" sur France 5, il faut leur dire de venir tourner un épisode dans le coin !

En chemin, nous avons la chance de surprendre un groupe de 4 martres à gorge jaune. D'une grande agilité, elles font des bonds surprenants et filent en silence, peu impressionnées par notre présence.

Nous poursuivons notre progression dans des paysages qui sont maintenant notre quotidien. Toujours aussi beaux, mais on s'habitue !

Lorsque nous arrivons à Borang, après 4h de marche, c'est la fête dans le village. On célèbre Tihar dans tous le pays. C'est l'occasion de se rassembler en famille autour d'un bon repas. On se passe des colliers d'oeillets d'Inde autour du cou et on se peint des tikas sur le front. Nous passons devant une maison et nous faisons interpeler gentiment, et nous retrouvons 5mn plus tard attablés devant un Dhal Bhat au poulet, Fanta, colliers de fleurs autour du coup... Et tika sur le front. Même leur chien y a eu droit.

Nous rejoignons ensuite un "Lodge" dans le bas du village. A la vue des 5 chiots qui s'y trouvent, nous savons que nous n'irons pas chercher mieux ailleurs !

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Depuis Borang, nous plongeons vers les profondeurs de la vallée, pour toucher le fond depuis notre départ en montagne de Kathmandu. Je parle bien évidemment du point le plus bas en altitude, 1200m.

Un énième pont suspendu nous permet d'enjamber l'Akhu Khola, Khola voulant dire rivière en népalais. Puis un deuxième, Lappa Khola, dont la remontée le long de la gorge nous mènera au village éponyme (Lappagaon, gaon voulant dire village). Oui, vous pouvez le dire, on progresse dans la langue locale !

Un peu sérieux sur la photo, mais je crains de perdre mon téléphone depuis le pont ...

En arrivant à Lappa, c'est le ravissement, le village présentant les mêmes caractéristiques que Labdung : pas trop en pente, très agréable à visiter, plutôt propre et le must : pourvu d'un café qui fait du vrai café et d'une petite boulangerie (qui va malheureusement fermer faute de clients. Nous l'avons déjà dit, mais depuis que nous sommes dans cette région, nous n'avons pas croisé un "touriste". "Aventurier" serait d'ailleurs un terme plus approprié 😄!).

Lappa

De petits canaux conduisent l'eau, chaque maison élève son "buffalo", c'est plutôt bien entretenu, on a l'impression qu'ici c'est un peu moins la misère qu'ailleurs. Nous posons les sacs et partons visiter.

Ce couple descend son buffalo en "ville" pour le vendre

Vous commencez à être habitués, autour du village on trouve.... Des champs en terrasse... Bien-sûr !

Absolument tout ici est fait manuellement, il n'y a aucun engin agricole. Nous n'avons pas non plus vu l'utilisation d'engrais ou de pesticides, ni de matériel pour en répandre (mais nous ne sommes pas certains, car arrivant en période de récolte, ce n'est sûrement pas le moment de mettre des produits). Concernant les rizières, elles ne sont pas, il me semble, inondées. Le riz est cultivé selon un mode traditionnel (riziculture sèche, où le riz ne dispose que des eaux des pluies), au contraire des plaines du sud où la culture est intensive et les rizières inondées. D'ailleurs le riz ici ne représente qu'une toute petite partie des cultures, nous avons vu beaucoup plus de millet par exemple.

Champ de millet

Nous passons devant une maison en construction. Cinq ouvriers taillent au burin des pierres et les ajustent de manière à ce que l'ensemble tienne sans ciment. Il faut deux rangées de pierres pour l'épaisseur d'un mur, 40 à 50cm environ. Aucune isolation ne vient compléter la construction.

Des jeunes filles font les timides.

Nous passons en revue le cheptel du village :

Maxime, en berger avisé du Grésivaudan, bloque une chevrette qui se faisait la malle :

Tout allait si bien dans le meilleur des mondes qu'on s'apprêtait à passer une deuxième journée ici. Mais c'était sans compter la mauvaise nuit que nous avons passé. Entre les fumeurs qui se sont positionnés sous notre chambre, le barouf d'autres jusqu'à minuit, puis les rats qui ont pris le relai, à danser toute la nuit sur le toit de tôle ondulée... Nous décidons de poursuivre jusqu'à Khading le lendemain matin (J38 journée très cool), avant l'étape dantesque du J39. Mais cela fera l'objet de la prochaine note !

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Une longue journée nous attend. De la distance (12km), du dénivelé (1200d+ et 1200d-) et surtout les 2/3 de l'étape non renseignés sur aucune carte. Pourtant, nous savons que ça doit passer, qu'il y a un chemin qui doit nous mener à destination, en l'occurrence Yarsha. Renseignements pris chez notre hôte, une fois au col, le chemin est évident, il n'y a qu'à descendre ("no mistake possible = pas d'erreur possible"). Nous partons confiants, après plus de 30 jours en montagne, nous sommes conscients de ce que nous sommes capables de faire, reste juste à trouver un chemin, le bon.

Nous partons à l'heure prévue sous un grand soleil, direction un col à 3000m. Le sentier, en plus d'être pour l'instant sur la carte, est évident et empierré.

La montée au col

Juste avant d'arriver au col, nous sommes rattrapés par un népalais. On se dit que l'affaire est dans le sac, il va nous mettre sur la bonne voie pour la suite. D'autant plus qu'il n'y a pas 1 mais 3 chemins qui partent en descente dans des directions différentes... Mais il a l'air d'attendre de voir par où nous partons. Je vais le voir, il ne parle pas un mot d'anglais, mais je comprends qu'il va au même endroit que nous et que c'est bien la première fois qu'il passe par ici... On explore rapidement les trois départs de chemin. Je pense prendre celui de droite qui me semble un minimum aménagé avec quelques marches, des pierres posées, alors que les deux autres ressemblent à des sentiers de vaches... Le népalais ne semble pas convaincu et fini par me montrer une flèche dessinée dans la terre, ainsi qu'une autre "rayée" sur un bout de rocher ; toutes deux indiquent le chemin de gauche... Pour lui c'est évident, ces flèches montrent la direction de Yarsha. Il me fait comprendre qu'il part par là. Je n'ai que quelques secondes pour me décider et finalement je choisis que nous partirons avec lui, tout en étant très dubitatif... Il est 10h, en théorie il reste 9km, nous sommes larges...!

On s'engage derrière lui, à un rythme difficile à suivre pour Solène et Anne-Laure. Maxime se cale derrière notre nouvel ami, je m'intercale, afin de ne pas perdre de vue ni les filles ni Maxime, et on se met à faire l'accordéon dans la forêt. Plus loin, une nouvelle flèche rayée sur une pierre plate semble confirmer que nous suivons une piste balisée... Régulièrement, le népalais fait une petite pause permettant aux filles de recoller les wagons.

Nous arrivons à une sorte d'alpage, avec une cabane de berger. Personne pour nous renseigner, nous cherchons par où pourrait partir la suite du chemin... Plus de flèche... Le népalais me montre au loin une piste dans la montagne, elle semble aller dans la direction de Yarsha, cependant, pour la prendre il nous faut remonter un bon dénivelé, ce qui ne colle pas du tout avec les indications qu'on m'avait données... Maintenant que nous avons pris la décision de suivre notre ami, pas question de faire cavalier seul, il trouve un sentier, nous nous engageons derrière lui.

Vous remarquerez qu'il n'y a pas beaucoup de photos aujourd'hui, c'est que nous avions autre chose à faire...!

Le sentier continue à descendre, ce qui est logique pour aller à Yarsha, mais pas efficace pour rejoindre notre piste plus haut... A ce moment là, dans la tête, ça gamberge... Solène commence à nous demander si nous ne sommes pas perdus...

Nous traversons un ruisseau, remplissons les gourdes, et le sentier commence à remonter de manière bien raide dans la pente, puis semble se perdre dans la forêt... On tourne un peu en rond à chercher, je trouve un bout de chemin, puis le népalais un autre, et de fil en aiguille, nous arrivons après pas mal d'effort à rejoindre la fameuse piste...

C'est en même temps un grand soulagement mais aussi une belle inquiétude pour la suite. La piste va t'elle nous mener à bon port ? Est-elle praticable jusqu'au bout ? Cela ne colle tellement pas avec mes informations que le doute persiste. De plus, nous avons dépensé pas mal d'énergie et peu avancé.

Maintenant que le chemin est évident, il n'y a plus qu'à le suivre, on verra bien ! Nous avançons donc sur cette piste, qui pour le moment ne semble pas trop vouloir descendre. Elle longe la montagne en balcon dans la bonne direction, c'est déjà ça... Mais Yarsha se trouve sur l'autre versant, il faut donc traverser la rivière 1000m plus bas, puis remonter 300m jusqu'au village.

Plus loin, dans une épingle, nous apercevons notre but en contre-bas. P.... (Purée !) Ça fait encore une trotte ! Si on y arrive pas aujourd'hui, on trouvera bien une solution !

Plus loin encore, deux éboulements ayant emportés la piste nous mettent de nouveau à l'épreuve. Le passage est vraiment étroit et le faux pas interdit. Je passe poser mon sac de l'autre côté et revient pour donner la main à Solène qui passe l'obstacle sans broncher. Pour Maxime le chamois, ça passe tranquille !

En haut de la photo on devine les deux éboulements

Maintenant la piste descend vraiment fort, ça commence à sentir bon... Notre ami de circonstance qui nous a attendu l'essentiel de la journée nous distance pour de bon, mais nous sommes confiants.

Nous arrivons tout en bas et passons un premier pont suspendu. Nous sommes donc sur le bon versant et nous attendons à remonter vers Yarsha. Mais le relief accidenté de la montagne nous oblige à retraverser de nouveau la rivière, sauf que c'est un guet qui nous attend ! Une bonne vingtaine de mètres de large, un peu de courant... On se tâte à enlever ou non les chaussures... J'enlève les miennes et traverse une première fois en guise de repérage. Finalement c'est moins compliqué que je ne l'imaginais, il y a de grosses pierres plates posées au fond, on s'enfonce au genou mais le courant n'est pas trop fort. Je pose mon sac et revient aider Solène, pendant que Maxime et Anne-Laure font équipe.

Nous longeons de nouveau la rivière jusqu'à retrouver un pont, puis un chemin qui se trouve de nouveau sur ma carte et qui nous monte tout droit à Yarsha. Nous sommes fatigués mais heureux, nous prenons notre temps pour cette dernière ascension, rassurés et certains d'atteindre le village.

En arrivant à Yarsha
Yarsha

C'est finalement 14kms, 1500d+ et 1600d-, que nous avons réalisé en 9h, de loin l'étape la plus ardue. Les enfants ont été au top, impressionnants une fois de plus dans l'endurance et la sérénité.

Le profil de l'étape

Le récit de cette journée marquante aurait pu s'arrêter là, mais il aurait été incomplet.

Nous arrivons donc à Yarsha et mettons un peu de temps avant de trouver la seule maison qui accueille les rares voyageurs de passage. La femme nous emmène au grenier par une trappe et nous montre les 3 lits simples qui viennent d'être changés avec des draps propres. Les enfants en prendront chacun un, et nous nous partagerons le troisième, tête bêche, avec Anne Laure. L'espace est grand, ventilé (ouvert aux 4 vents). Comme tout grenier qui se respecte, des sacs de graines sont entreposés et des toiles d'araignées sont tissés dans les coins et recoins.

Couché de soleil

Un Dhal Bhat et nous ne tardons pas à nous coucher. Les enfants tombent comme des mouches pendant qu'avec Anne-Laure nous avons un peu de mal à trouver le sommeil. Puis à 21h précise, comme si un signal avait été donné, le bal des rats débute. A la vue des sacs de graines, j'aurais du m'en douter ! Les "crrr crrr crrr" des sacs en train d'être éventrés ne sont, de loin, pas les plus dérangeants. Non, ce sont les "Crouik Crouik" des rats qui se chamaillent, puis se coursent dans le grenier en se cognant contre les tôles "Bouing Bouing". Tout à coup c'est le calme plat, je pense que la fête est finie. Mais non, cela repart de plus belle. Je balaye la pièce avec ma frontale et découvre des rats se baladant sur les poutres ou bien déguerpissant dans un trou au passage du faisceau lumineux. Lorsque Anne-Laure me dit "quel raffut sur le toit !", je n'ose la contredire... Bref, autant vous dire que la nuit fût bien agitée ! 🐭🐀🐀🐀🐀

Yarsha au petit matin
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Un clip tourné dans le Disneyland de Pokhara :

Depuis Yarsha nous rejoignons en 1h le village de Kashi. Nous avions en tête de nous arrêter à J41 ou bien à J45, nous choisissons finalement de finir notre beau séjour en montagne en J41, avant de trop saturer physiquement et moralement. Un beau parcours dont nous pouvons être fiers (260km et 20 000d+). Quelle aventure d'avoir pu mener ce périple en famille, du début à la fin ! Les enfants nous ont épatés. Ils étaient prêts à continuer d'ailleurs, ce sont les parents qui flanchent !

Quand j'y repense, ce n'était pas gagné d'avance. Pour Maxime, j'avais peu de doutes, bien qu'autant de jours en montagne, il fallait le faire. Mais pour Solène, c'est carrément la révélation ! Elle a été hyper volontaire, a progressé en agilité au fil des jours et a relevé haut la main, comme son frère, toutes les étapes. Leur capacité d'adaptation nous a également étonnée. Nourriture, pluie, étape à rallonge, altitude, confort précaire, ils ont vraiment fait preuve d'un super état d'esprit et ne se sont jamais plaints de quoi que ce soit (et surtout pas du peu de douches 😊).

Je pense aussi à toutes ces familles népalaises qui nous ont hébergés, accueillis, toujours avec le sourire. Et qui nous ont préparé de succulents Dhal Bhat tous les jours, avec les moyens du bord ! Nous ne les remercierons jamais assez. Car si les conditions ont été parfois rudes pour nous, que dire de ces gens qui vivent dans ces contrées toute leur vie durant, une vie de labeur dans les champs. Nous n'étions que de passage ! Nous avons la chance d'avoir le choix.

L'accueil mémorable des népalais

Du village de Kashigaon où nous avons passé notre dernière nuit, nous rejoignons une piste "carrossable".

En descendant vers Kanibesi
Dernier pont suspendu

Par chance, nous n'attendons le bus que 15mn (il y en a 2 par jour). C'est parti pour un retour vers une autre civilisation. Mais avant d'arriver à Pokhara, notre prochaine destination, nous avons un bout de chemin.

Les bus 4 roues motrices

Nous rejoignons dans un premier temps Gorkha, une petite ville fondée par des guerriers du même nom en 1559 et pourvoyeuse de nombreux soldats qui servirent au sein de l'armée britannique. Ces soldats renommés mondialement pour leur bravoure sont associés à un couteau très répandu au Népal, le Khukuri. Il est utilisé dans les champs, et de nombreux hommes en montagne en portent un à la ceinture. Maxime adore ces beaux couteaux, il a prévu de revenir plus tard pour s'en acheter un 😊.

5h pour faire 65km, je vous laisse calculer la moyenne. Le chauffeur est très prudent, nous passons quelques guets, parfois ça patine un peu.

Le lendemain, nous rejoignons l'axe routier le plus emprunté du Népal, on se dit que les 110km vont être une formalité... 😂 Mais non, cette route est un vrai chantier, et comme elle est très empruntée, il y a parfois des bouchons. Résultat, 6h de route. Un petit échantillon sur une portion qui roulait bien :

Nous voici à Pokhara pour 5 jours farniente dans la deuxième plus grande ville du Népal.

Le parcours global à pied :

Le suivi des altitudes au jour le jour par les enfants, ici le cahier de Solène.

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Pour commencer, une ode au Machapucchare, une montagne sacrée visible depuis Pokhara. Elle serait, selon la légende, l'une des demeures de Shiva. Son ascencion est interdite.

Pokhara, 2ème ville du Népal. Pour les voyageurs, cette ville rime avec détente et loisirs. Après 40 jours en montagne, j'en rêve un peu, et en même temps j'ai peur d'être déçue... Pas envie de retrouver la pollution de Kathmandu, ni les klaxons des véhicules qui vous frôlent. Hé bien, je n'ai pas été déçue !

Nous débarquons tous les quatre dans le très touristique quartier de Lakeside, avec nos grosses chaussures et nos bâtons de randonnée. C'est propre, calme, les trottoirs ne sont pas défoncés. Des restaurants, des pubs, des publicités pour des massages, des magasins de trekking, de souvenirs... Maxime regarde autour de lui, sourit et nous dit "ça a l'air bien, ici!".

Arrivés à l'hôtel que nous avions repéré, je suis la première à la douche. Une vraie douche chaude! Oui, une vraie de vraie, je ne parle pas de la "bucket shower" qui nous a pourtant bien rendu service en montagne. J'avais oublié ce petit plaisir tellement facile chez nous.

Premier jour, nous le passons à profiter de la douceur des lieux, et des magasins pour racheter ce qui nous manque (par exemple, Pierre avait "cramé" 2 chargeurs en montagne - dont un Nikon pour l'appareil photo, et nous avons eu la chance énorme de trouver ici la bonne référence). Nous profitons aussi de l'offre de nourriture plus variée, et tombons même sur une crêperie française, avec des vraies galettes de sarrasin !

French crêperie ! 

Nous flânons au bord du lac. La vue de l'eau est apaisante, les sommets blancs qui le surplombent sont majestueux. On est amusés de voir qu'ici il y a un "Disneyland" avec une grande roue! Également une piste de rollers, un ciné en plein air, des parapentes qui tournoient au dessus du lac. Bref, une société du loisir que nous découvrons au Népal.

Une grande roue qui tourne très vite ! 

Rapidement, nous nous faisons tous les 4 la même reflexion : nous avons l'impression d'être en vacances en voyage. Ça alors ! 😆😊

Sur le lac Phewa, à la force des bras tu te propulseras.

A la pagode de la paix tu monteras. La vie de Bouddha tu réviseras. Devant le panorama, face à l'Annapurna, tu t'extasieras.

Annapurna et Machpuchare en toile de fond

Sur les bords de Lakeside tu déambuleras. Les reflets dans le lac tu immortaliseras.

La forêt tu traverseras et les papillons tu trouveras.

Tanaecia julii, the common earl
Abisara
Jamides celeno
Abisara
Ypthima huebneri
Appias lyncida
Ypthima baldus ou Ocellé à cinq points

Un bel oiseau tu rencontreras.

Martin-chasseur de Smyrne

Puis, le soleil se couchera.

Pagode de la paix ☮️🙏
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Nous prenons le bus depuis Pokhara pour nous rendre à Lumbini, dans le sud du Népal, à la frontière avec l'Inde. Le Teraï, cette grande région du sud du pays, est une immense plaine de basse altitude empiétant sur l'Inde. Les forêts subtropicales et les marécages qui la recouvraient autrefois ont été remplacés par des cultures. Subsistent deux parcs nationaux de 1000km carrés chacun, servant de refuges pour les grands mammifères tels que le tigre, l'éléphant, le rhinocéros, l'ours et des centaines d'autres espèces.

Sur la carte ci-dessous, on peut voir les principales régions où nous sommes passés. Langtang au nord de Kathmandu, Pokhara et le lac Phewa, Lumbini (en bas à gauche sur la carte), Royal Chitwan National Park.

Carte du centre du Népal

Lumbini donc, haut lieu de pèlerinage bouddhiste, puisque Siddhartha Gautama (qui deviendra Bouddha) y aurait vu le jour il y a environ 2600 ans. Je l'écris au conditionnel, car c'est un sujet de controverses, tant au niveau des dates, que du lieu exact. Le site actuel de Lumbini, reconnu par L'UNESCO, est donc considéré comme le lieu "officiel".

Un article intéressant de National Geographic que je vous recommande.

Le complexe qui se visite aujourd'hui est un grand parc rectangulaire de 4,8 km de long sur 1,6 de large, orienté nord-sud. Il abrite au sud la partie sacrée, à savoir le Temple Maya Devi, qui est érigé sur des vestiges anciens. Une pierre indiquant l'endroit exact de la naissance est protégée et vénérée en son centre. Des pèlerins du monde entier viennent s'y recueillir et déposer des offrandes (Nous avons croisé des indiens et des thaïlandais ce jour là).

Le temple Maya Devi

Une autre partie est dédiée aux monastères. De nombreux pays, principalement des pays disposants d'une communauté bouddhiste importante, ont construit un monastère selon leurs propres règles architecturales. Il est donc possible d'en faire le tour et de les visiter.

Pagode Birmane

Thaïlande

Thaïlande

Cambodge

Cambodge

Népal

Népal et son style Newar si caractéristique
Jardin français avec le temple de la Malaisie

La légende dit qu'à sa naissance, Siddhartha Gautama aurait fait 7 pas vers le Nord, puis aurait déclaré "Je ne renaitrai pas !", annonçant ainsi la fin de ses cycles de réincarnation. La statue ci-dessous symbolise l'événement en question :

Le complexe de Lumbini regorge d'arbres et d'arbustes de multiples essences, ce qui en fait un paradis pour les papillons. Un vrai régal pour les yeux. En voici quelques spécimens.

Papillo polytes ou Mormon commun ou Voilier Mormon

Et d'autres bêtes plus ou moins petites :

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Chitwan National Park. De retour 19 ans après notre première expérience. Après quelques recherches sur internet, nous choisissons d'aller dans un petit lodge familial dans le village de Meghauli, à l'opposé de la ville de Sauhara et de ses nombreux complexes touristiques.

Bishnu, sa femme et leurs deux enfants nous accueillent avec un grand sourire. Nous installons nos sacs dans une chambre rustique et basique dans un petit bungalow en torchis. Des moustiquaires pendent au dessus des lits, mais nous verrons moins de moustiques ici qu'à Kathmandu. Maxime et Solène adorent cette première expérience !

Le lodge est à l'extérieur du parc (il n'y a aucun lodge dans le parc, c'est interdit. Il est également interdit d'y passer la nuit), mais il y a de quoi se balader et tenter d'observer oiseaux et papillons. Rien que dans le jardin, il y a de quoi faire ! Nous partons donc avec Solène faire une petite exploration.

Geiko à l'entrée de la chambre

Dans le jardin en fleurs :

Hypolimnas bolina

Au bord d'une petite rivière, une vache 🐮 accompagnée d'un héron garde-bœuf, qui se nourrit des insectes et des petits vertébrés perturbés par les bovins.

Le long d'un ruisseau, un Martin pêcheur s'envole.

Plus loin, dans une clairière, 3 hornbill décollent et vont se poser dans un grand arbre. Ils sont bien cachés et craintifs, mais j'arrive à en prendre un en photo (de loin).

Calao pie - Anthracoceros albirostris

Retour dans le jardin du lodge. Un magnifique oiseau. Il s'agit du drongo à raquettes. Wikipédia : Il doit son nom aux deux "raquettes" qui semblent le poursuivre quand il vole et qu'on discerne bien, comme suspendues dans le prolongement de la queue, lorsqu'il est perché.

Drongo à raquettes

Juste à côté du Drongo, un groupe de quelques individus de Cratérope de brousse.

Cratérope de brousse

Ils doivent bien s'entendre car plus tard, j'en prendrai deux ensemble sur la même photo.

Drongo et Cratérope

Nous sommes vraiment ravis de cette première mise en bouche. Nous avons prévu de passer 4 jours sur place. Demain, je pars avec 2 autres personnes en randonnée à pied et pour la journée dans le Parc : le fameux "jungle walk". Nous serons accompagnés de deux guides experts en vie animale, avec l'objectif, nous en rêvons tous, de pouvoir observer le Tigre du Bengale 🐯🐅!

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6h30. 10mn de jeep, puis 5mn de marche, puis 5mn de pirogue et nous voilà dans le cœur de Chitwan. A peine avons-nous posé le pied sur la berge que Bishnu nous brieffe : "ici vous êtes sur le territoire des animaux, nous ne sommes que de passage. Mettez vos sens en alerte, votre odorat, votre ouïe. Il va falloir être attentifs et discrets. Nous devons être humble face à la nature."

Séance de briefing avant la rando

Humilité, ce sentiment s'impose immédiatement lorsque tu te retrouves à 5 comparses, et que pour tout moyen de défense tu disposes de deux bâtons en bambou... Sachant qu'un bâton n'a jamais empêché un rhinocéros 🦏 énervé de charger, tu comptes également sur ta capacité de courir dans la jungle et de grimper à un arbre en cas de problème... Mais Bishnu, notre guide, a ce don de te mettre en confiance, par le calme et la passion qu'il dégage pour son activité qu'il ne considère pas comme un métier. Il nous assure même que celui qui va le plus s'éclater pendant cette journée, c'est lui !

Brume matinale dans la jungle

Notre petite équipe commence sa progression et rapidement des indices apparaîssent. Des traces, puis des crottes, mais également des griffures sur un arbre, autant de signatures de la présence du tigre 🐯 dans les parages. Sympathique comme entrée en matière 😁 !

Le tigre est passé par là...

Nous arrivons à un point d'eau, une sorte de mare boueuse, lieu de passage des animaux pour se désaltérer. Nous sommes aux aguets, silencieux. Un groupe de chitals (cerfs axis, spotted deer en anglais) est là.

Chital mâle
Chital femelle et un jeune

Les chitals sont des milliers dans le parc national. C'est la nourriture favorite des tigres, qui consomment en moyenne 35kg de viande par semaine.

Nous reprenons notre marche. Je suis aux anges, ce sentiment est difficilement descriptible. Une certaine plénitude, et en même temps une tension, une concentration pour scruter le moindre mouvement, le moindre bruit de la forêt. Bishnu est dans son élément, il connaît le nom de tous les oiseaux que nous voyons (il y a 500 espèces d'oiseaux répertoriées dans Chitwan), il reconnaît leur chant. Lorsque nous sursautons à cause d'un bruit suspect, il nous rassure : "ce sont des feuilles qui tombent des arbres !" 😂

Ariadne ariadne

Tout à coup Bishnu s'arrête net. "It smells the tiger !" (Ça sent le tigre). Un tigre a uriné sur le bord du chemin et en effet l'odeur est particulière. Comme les coups de griffes sur les arbres, les crottes déposées ici et là, cela lui permet de marquer son territoire.

Nous arrivons à une rivière, assez large, mais peu profonde. En face, une éléphante domestique au travail accompagnée de son petit s'apprête à traverser.

Ils viennent droit sur nous, superbe rencontre. Le petit me fonce dessus pour me sentir, je suis obligé d'arrêter de filmer !

A notre tour, nous retirons nos chaussures et traversons la rivière.

En arrivant sur l'autre rive, de nouvelles traces de tigre... C'est à ce moment là, alors que nous sommes pieds nus sur un banc de sable, que Bishnu nous prévient qu'il y a un rhino caché dans les herbes hautes à une trentaine de mètres devant nous. "Soyez prêt à courir au cas ou..." Et m..... C'est pas le moment, j'ai pas remis mes pompes ! On trottine en silence et crapahutons sur un promontoire, idéal pour observer la plaine. Effectivement, les hautes herbes bougent et de temps en temps on entend les respirations du rhino. On en aperçoit le bout d'une oreille, mais pas plus.

La matinée est bien avancée. Bishnu nous emmène à une sorte de belvédère pour le pique-nique. Depuis la jungle, une ouverture dans la forêt nous offre un panorama sur une grande partie de la rivière, ainsi que sur une plaine d'herbes hautes. Il semblerait que cela soit un lieu de passage pour les animaux. Nous nous installons en silence devant cet écran géant et attendons patiemment la suite des évènements...

Planqués, à l'affût
Voyez-vous quelque chose sur cette photo ?

A demain pour la suite de la journée ! Le tigre surgira t'il des hautes herbes ? Serons-nous chargés par un rhino ? Le suspense est à son comble ! 😅

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Cela fait bien une heure que nous sommes installés. Pique-nique frugal, riz, banane 🍌. Rien à signaler, mais le panorama est extraordinaire. C'est sûr, avec un rhino ou un tigre en plus, ça aurait de la gueule ! Mais nous sommes à la merci de la nature. On ne contrôle rien, on observe, on attend, on espère. Petit frémissement lorsqu'un "hog deer" (cerf cochon) apparaît sur la droite.

Hog deer

C'est aussi un mets apprécié du tigre, si nous pouvions assister à une partie de chasse ! Imaginez, là, un tigre bondissant des herbes et coursant le cerf juste devant nous ! Et bien non, rien... En même temps, les tigres chassent plutôt la nuit...

Mais notre patience toute relative est bientôt récompensée car un rhinocéros surgit presque en face de nous et traverse la rivière !

Nous sommes comme des fous !

Par contre, le rhino prend sur la droite une fois qu'il a traversé la rivière... Nous ne le voyons plus, mais il se rapproche de nous... Après un petit moment nous commençons à entendre des feuilles qui bruissent, des branches qui bougent... Il se rapproche, nous sommes sur le qui-vive. Mais finalement il ne viendra pas jusqu'à nous.

Nous reprenons l'affût. Les minutes passent, puis bingo, une mère et son petit surgissent. Ils avancent lentement, la mère humant l'air à la recherche d'informations, tendant les oreilles. Les rhino ayant une mauvaise vue, ils ont développé d'autres sens.

Puis ils traversent.

Et s'éloignent.

Il est temps de prendre le chemin du retour. Nous quittons notre poste d'observation et reprenons notre marche dans la forêt. Bishnu pense qu'il est encore possible de voir un tigre.

Toujours aux aguets, entourés par nos guides, nous croisons un groupe de Langurs. Nous en avions déjà rencontré à la montagne, mais ils étaient beaucoup plus velus, climat oblige !

Nous retraversons la rivière et croisons de nouveau les éléphants et leurs mahuts qui ont fini leur journée.

C'est l'heure du bain !

Puis, la mère et son petit.

Nous nous engageons sur un sentier sablonneux entouré d'herbes hautes. La visibilité est réduite. On peut surprendre un animal de très près, ce qui n'est pas souhaitable, car sa réaction peut-être imprévisible.

Tout à coup, à deux mètres de nous sur la gauche, un vacarme de tous les diables ! Nous n'avons pas le temps de réagir, nous sommes figés sur place et regardons trois oies s'envoler ! Le hollandais du groupe a vu son rythme cardiaque passer de 80 à 200 😅 !

Nous reprenons nos esprits en rigolant et pénétrons de nouveau dans la forêt. Direction le point d'eau du matin. La randonnée touche à sa fin, c'est un peu le spot de la dernière chance...

Pas de tigre, mais une maman rinho et son petit qui barbottent dans la mare boueuse, à une vingtaine de mètres.

La mère nous voyant arriver, se retourne, nous fixant. Son petit se fige, attendant les instructions. Un face à face s'engage. Nous restons immobiles, conscients de vivre un moment à part. Les minutes passent. Ce n'est que lorsque nous décidons de partir, à l'opposé des rhinocéros, que la mère choisit de quitter les lieux.

Cette journée aura été mémorable. Un grand merci à Bishnu et à mes compagnons pour cette incroyable randonnée !

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Le lendemain du jungle walk, nous partons en famille faire une balade aux alentours du lodge. La rivière Rapti qui fait office de frontière naturelle avec le parc de Chitwan se trouve tout près. Elle abrite deux types de crocodiliens : le gavial du Gange avec un museau fin et allongé bien caractéristique, et le crocodile des marais qui ressemble plus au crocodile"habituel".

En chemin nous croisons des habitants, toujours très sympathiques. Nous voyant en extase devant quelques jeunes biquettes, une dame vient en mettre une dans les bras de Solène.

Les chèvres sauvages de la jungle népalaise 

Plus loin, ce sont des paysans qui travaillent dans les rizières qui viennent d'être moissonnées.

On croise aussi de magnifiques papillons 🦋.

Danaus genutia - Common Tiger, Indian Monarch ou encore Orange Tiger
Ypthima baldus - Ocellé à cinq points
Junonia almana - Peacock Pansy
Papillo polytes ou Mormon commun ou Voilier Mormon
Appias lyncida
Parantica aglea

Nous visitons un petit temple. Il y a une tour de guet. En y montant, un paon s'envole, la photo est moyenne, mais je la met quand même. Un paon en vol vu de dessus, c'est pas tous les jours !

Paon mâle

En chemin, des capucins damiers bullent sur des fils électriques.

capucins damiers

Nous arrivons au bord de la rivière Rapti. Plusieurs gavials prennent le soleil sur des bancs de sable. Ils sont assez loin.

Gavial du Gange 

Sur la berge, un petit oiseau.

Nymphée fuligineuse

Il est temps de rentrer, cet après-midi nous avons prévu un tour en jeep. Ce qui ne nous empêche pas de trouver cette belle grenouille.

Grenouille inconnue 

Après le déjeuner, nous partons en jeep dans ce qu'on appelle la forêt communautaire. C'est une forêt qui communique avec le parc national mais qui n'en fait pas partie. Elle est à disposition des villageois qui viennent, à leurs risques et périls, y chercher du bois, des herbes, plantes, utiles à leur quotidien. La jeep est aménagée de manière à emmener jusque 9 personnes sur la plateforme arrière. On est surélevé par rapport à un piéton, ce qui facilite l'observation. En revanche, la voiture fait du bruit, ce qui dérange les animaux.

Pendant 30 mn, on ne voit rien du tout, on commence à douter de l'intérêt d'un tel tour... Puis finalement la chance nous sourit et nous en prenons plein les mirettes.

Martin pêcheur dégustant son poisson

Des chitals, pleins de chitals.

Un impressionnant marabout chevelu, qui semble tout droit sorti de la préhistoire !

Lesser adjudant - marabout chevelu 

Et puis, bien-sûr, des rhinocéros 🦏🦏🦏. Lorsque nous identifions des animaux, la voiture s'arrête et coupe le moteur pour vraiment profiter du moment et éviter de trop déranger.

Plus loin un aigle 🦅 posé dans un arbre (creasted eagle). Cette espèce se nourrit de serpents.

Avec ou sans la crête, c'est selon

Les enfants et Anne-Laure ont vraiment apprécié. Et tout le monde s'est pris au jeu de chercher et d'identifier les animaux (1 point pour le chital, 25 points pour un rhino, 100 le tigre 😊). Suite à une longue discussion, nous déciderons de refaire un tour en jeep le lendemain plutôt que d'aller faire une rando dans la jungle en famille.

Pour finir cette belle journée, une petite leçon de danse népalaise !

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Note : les noms d'oiseaux et d'animaux en général ont été trouvés grâce à l'application "Lens" de Google. Cette application compare la photo soumise (par exemple un oiseau) avec d'autres photos du web et cherche des similitudes. Cela fonctionne de mieux en mieux, mais il se peut qu'il y ait des erreurs. Aussi, n'hésitez pas à corriger si jamais vous en trouvez une !

Dernière journée chez Bishnu. Je retourne avec Maxime faire un tour le long de la petite rivière qui passe derrière le lodge et qui se jette dans la Rapti. Nous sommes en bordure de parc et de nombreux oiseaux peuvent être observés.

Nous trouvons deux cormorans prenant le soleil.

Puis trois vanneaux indiens.

Vanneau indien

Plus loin, une mésange indienne.

Shama à croupion blanc ou Merle Shama.

En vol, un chevalier cul blanc.

Puis un crabier chevelu dérangé par notre venue.

Le soir, Bishnu nous emmène tous voir le couché de soleil à la confluence de la Rapti et de la Gandaki, qui prend sa source dans le Mustang, au nord des Annapurnas. L'endroit est photogénique, populaire aussi des népalais.

La brume, les rivières, la forêt, tout cela confère une ambiance bien mystérieuse.

Des oies de Sibérie en hivernage au Népal (elles passent l'été.... en Sibérie) transpercent le ciel.

Ainsi se referme notre livre de la jungle. Nous sommes vraiment émus de partir, nous avons passé de supers moments dans la forêt mais aussi avec la famille de Bishnu. Un vrai coup de cœur !

Les impressions de Maxime : "j'ai aimé voir des animaux que je n'avais encore jamais vu, comme les rhino, les gavials, les chitals, les nombreux oiseaux. J'ai bien aimé chercher les animaux lors du safari en jeep. Je ne pensais pas qu'un rhinocéros pouvait être aussi gros. On a pu jouer avec les enfants de Bishnu. Je voudrais aller en rando dans la jungle pour voir le tigre. J'ai fait un dessin de tigre que j'ai offert à Bishnu."

For Bishnu and family, I will come back to see the Tiger !

Les impressions de Solène : "On a dormi sous des moustiquaires, ça faisait comme une cabane. J'ai bien aimé voir les animaux comme les rhinocéros. Les biches sont trop belles, je suis triste qu'elles se fassent manger par le tigre. Il pourrait devenir végétarien comme maman. Il y avait une grande balançoire en bambou dans le village. On en a fait avec Maxime, mais ça faisait mal aux fesses car on s'asseyait sur la corde. On a joué avec les enfants de Bishnu, c'était sympa."

Les balançoires népalaises
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Après un rapide passage à Kathmandu, nous prenons la direction de Namoboudha, à 40 km à l'Est dans la vallée. Nous prenons un bus de ville, de 32 places assises. Le bus se remplit, se remplit, pour atteindre un maximum de 66 personnes, plus 3 accrochées à l'extérieur 😅 !

Pour le deuxième bus, encore plus fort, le chauffeur conduit sur une petite route de montagne avec un bébé dans les bras 😁 !

Perché sur une colline, le site offre de belles vues sur les environs, et l'air y est nettement plus respirable qu'à la capitale. Je n'avais jamais entendu parler de cet endroit, et pourtant : c'est l'un des plus importants lieux de pèlerinage bouddhiste au Népal, avec Swayambunath, Boddanath, et Lumbini.

C'est là que nous retrouvons avec grand plaisir Béné, Jérôme et leurs deux enfants Titouan et Sonam. Ils reviennent tout juste d'un trek au sud de l'Everest. En France, nous sommes presque voisins, mais c'est au Kirghizistan, il y a 16 ans que nous nous sommes rencontrés avec Béné ! Quelques bières pour fêter ça ! Pendant que les enfants disparaissent jouer au " balai ball" avec leurs copains !

Le lendemain est consacré à la visite des lieux. Je trouve l'environnement très beau : c'est vallonné, entouré de rizières en terrasses , et de sommets enneigés au loin. Paisible et serein. Parfait pour un lieu de recueillement.

Selon la religion bouddhiste, Il y a 6000 ans, un Prince nommé Ngindui Tsherpo se promenait sur cette colline. Il vint en aide à une tigresse et à ses cinq tigreaux affamés en leur offrant son corps à manger. La scène est représentée plusieurs fois sur le site.

Le prince offrant son corps aux tigres

Ce prince se réincarnera 3400 ans plus tard à Lumbini en la personne de Siddhartha Gautama, le futur Bouddha...

Bouddha reviendra lui-même sur ce site avec des disciples.

Une partie de la colline est littéralement recouverte de drapeaux de prières. Ils sont achetés par les pèlerins qui viennent ensuite les tendre entre les arbres. Nous n'en avons jamais vu autant !

Les enfants passent un bon moment à s'amuser avec les drapeaux, le but du jeu étant de raccrocher dans les arbres ceux qui étaient tombés par terre.

Nous passons vraiment un bon moment tous ensemble à Namoboudha. Merci @ Béné et @Jérôme de nous avoir donné rendez-vous ici 🙏

Dans le jardin de l'hôtel, on croise de nombreux oiseaux, ça devient une habitude ces photos !

Mésange à joues jaunes
Bulbul à joues blanches
Bulbul à joues blanches
Bulbul à joues blanches

Après ces retrouvailles, il est temps pour nous de retourner faire un tour en montagne, pour profiter une dernière fois des magnifiques vues sur les sommets enneigés.

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Depuis Pokhara, au lever du soleil, on admirait souvent le Machapucchare depuis le toit de l'hôtel.

Machapucchare depuis Pokhara

L'envie nous a pris d'aller le voir de plus près, histoire d'en prendre plein les yeux avant de quitter le Népal pour de nouvelles aventures.

30 minutes de taxi plus tard, nous sommes à Phedi, point de départ de notre randonnée de 9 jours, 64km et 5300d+. Quelques enchaînements de marches bien raides nous propulsent au village de Dhampus, sur une crête offrant un magnifique panorama sur le sud des Annapurnas.

Nous progressons tranquillement jusqu'à Australian Camp, notre étape du jour. Nous y trouvons plusieurs lodges colorés agrémentés de jardins fleuris. Les chambres sont nickels, avec douche chaude, un niveau de confort que nous avions peu rencontré en montagne jusque là.

Australian Camp

Quelques vautours nous frôlent, majestueux planeurs à la recherche d'une carcasse à dépecer.

Le Machapucchare ne présente déjà plus exactement la même face, il commence à dévoiler son double sommet si caractéristique.

Le lendemain matin il fait bien frais, alors que nous ne sommes qu'à 2000m d'altitude...

L'ambiance est brumeuse, le paysage ne se dévoile qu'en début d'après-midi. Devant nous, l'Annapurna sud et ses 7200m.

Annapurna Sud et Hiunchuli

Nous arrivons à Landruk, petit village propret, encore très fleuri, les œillets d'Inde poussent dans tous les jardins.

La Guest House est même illuminée la nuit ! Incredible ! Nous sommes les seuls clients, alors la patronne est aux petits soins, nous dégustons une tarte aux pommes pour le goûter.

Décorations de Noël dans l'Annapurna
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Ce matin, direction Gandruk, le village en face de Landruk. Une descente jusqu'à la rivière, puis une remontée bien raide.

Gandruk, peuplé par les Gurung comme le reste de la région, est (ou plutôt fut) un village typique de la culture et de l'architecture de cette ethnie. Il y a encore quelques maisons de ce type, dans un petit quartier un peu à l'écart et il est agréable de s'y perdre.

Toits en ardoise et cadres de fenêtres en bois sculpté

Par contre, depuis qu'une piste carrossable relie cet ancien havre de paix à Pokhara, la vie des habitants a du bien changer ! Le hasard a voulu que nous y arrivions un vendredi, veille de weekend. Malgré le nombre conséquent d'hôtels et de guest house, nous en avons visité 5 ou 6 avant de trouver une chambre de libre. Et impossible de négocier le prix 😅 !

La destination est devenue très populaire auprès des étudiants népalais, qui viennent en bus depuis Kathmandu, Pokhara, Lumbini pour y faire la fête, et réaliser un nombre incroyable de Tik Tok en tenue traditionnelle, qu'ils louent dans les hôtels.

Tik Tok en costume traditionnel

Pour nous, c'est un spectacle inédit ! Nous croisons des citadins, qui n'ont probablement, pour la plupart, jamais marché en montagne. A la nuit tombante, les enceintes sont de sortie et tout le monde danse sur les terrasses dans une ambiance bon enfant. A 22h extinction des feux jusqu'au lendemain qui est consacré à la réalisation des vidéos avec un magnifique paysage en toile de fond. Comme ici par exemple :

ICI

Ou ici : lien

Ou là : lien

Le jour suivant, nous trouvons une guest house à l'écart, tenue par un couple adorable.

Notre guest house du deuxième jour

Nous partons visiter une autre partie du village, il y a un petit musée. Une fois sur place, j'ai l'impression d'être au Mont St Michel jour de grande affluence 😵‍💫 ! La vie des habitants doit être totalement bouleversée. Et la plupart, n'ayant pas d'hôtel ou de restaurant, n'en tire que des désagréments. Ils sont même obligés de bloquer l'accès à leurs cours et jardins, autrement les touristes viennent chez eux. C'est la première fois que nous croisons des locaux qui n'ont pas l'air enchantés de nous voir et qui nous demandent de faire demi-tour dans une ruelle car "il n'y a rien à voir".

Le vieux Gandruk, à l'écart des hôtels

Il est temps de poursuivre notre route, vers Deurali, notre prochain point de chute.

Une étape couverte en grande partie en forêt.

Nous rencontrons ce monsieur qui coupe des bambous grâce à son Khukuri, pour tresser des doko, le panier népalais qui fait office de sac de portage.

Préparation du bambou

Le doko :

On rencontre aussi des compagnons avec qui nous partageons un bout de chemin.

Nous avons passé l'après midi avec ce chien 🐕

A Deurali, les températures chutent, du fait de l'exposition, de l'altitude (3140m) et de l'arrivée de l'hiver (nous sommes le 27/11). On additionne les couches pour le dîner avant de filer tout droit dans les sacs de couchage ! Subharatri ! (Bonne nuit en népalais).

Dhal Bhat Power 24 hours !
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Ce matin nous montons au Mulde peak, un belvédère sur les Annapurnas sud et le Daulaghiri, qui avec ses 8167m (on trouve aussi 8172m sur certaines cartes, je ne suis pas monté pour vérifier !) est le septième plus haut sommet du monde.

Un très beau sentier sur lequel nous sommes seuls au monde. Il faut se dépêcher, car la brume commence à remonter la vallée.

Le Machapucchare, encore lui !

Au sommet, le panorama est bien là !

Daulaghiri
Annapurna Sud, Hiunchuli et Machapucchare
Le Machapucchare, toujours

Une descente sur Dobato pour le déjeuner, puis une heure de marche pour rejoindre Bayeli, un lodge seul au milieu des alpages de Yacks. Au petit matin, la vue sur le Daulaghiri est imprenable.

Nous rendons visite aux jeunes yacks.

Il est temps de partir, une descente vertigineuse sur Swanta nous attend.

C'est sauvage, on en prend plein les yeux. Et on retrouve la chaleur. Les rizières se détachent devant les sommets enneigés, c'est magnifique. Endroit parfait pour la pause déjeuner !

Avec le Daulaghiri en toile de fond

L'après-midi nous remontons sur Gorepani et retrouvons pas mal de monde. Les gens ne viennent pas pour faire la fête (contrairement à Gandruk), mais pour monter voir le lever du soleil au point de vue de Poonhill.

En montant à Gorepani

Ce que nous faisons le lendemain. C'est la première fois que nous devons payer pour accéder à une colline ! Il y a même des pancartes expliquant qu'il est interdit de monter son thermos de thé (car ils vendent du thé au sommet...). Bref, on est loin de notre petit lodge isolé d'hier soir !

La vue vaut quand même l'aller retour et les 300m de dénivelé qui vont avec.

Les vues depuis Poonhill

Direction Ullieri pour notre dernière nuit en montagne. On profite de chaque instant, sachant que notre séjour népalais touche bientôt à sa fin. Nous mesurons la chance que nous avons, le chemin parcouru, les rencontres, ces paysages extraordinaires, ce pays unique et ses habitants vraiment attachants qui auront été aux petits soins pour nous.

En descendant vers Ullieri
Lever du soleil depuis Ullieri
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Écrit par Maxime et Anne-Laure.

Le dernier jour de notre trek dans les Annapurnas, à Ullieri, un guide présent dans notre guesthouse nous a expliqué avec beaucoup de passion la signification du drapeau népalais.🇳🇵

Voici ce qu'il nous a expliqué:

Il est très différent des autres ! C'est le seul drapeau qui n'est pas rectangulaire. 🇳🇵

Ses 2 triangles symbolisent les montagnes de l'Himalaya, mais aussi les 2 religions principales, qui cohabitent très bien : l'hindouisme et le bouddhisme. Par exemple, les bouddhistes vont prier aussi les dieux hindous, et inversement. 🇳🇵

Sur le drapeau, on peut voir la 🌙 dans le triangle du haut, et le ☀️ dans le triangle du bas.

Ces 2 symboles signifient que le Népal existera tant que la lune🌃 et le soleil🌇 brilleront dans le ciel.

Maintenant, le rouge sur le drapeau: c'est la couleur du sang, cela représente la bravoure des népalais et de leurs fameux soldats Gurkhas💂.

Et pour finir, le liseré bleu sur le contour du drapeau: l'honnêteté et la gentillesse des népalais, qui délimite le rouge, c'est à dire le sang qu'ils sont prêts à verser pour leur pays.

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La quête du tigre ou l'appel de la forêt. Nous voici de retour à Chitwan pour passer nos 15 derniers jours au Népal.

Article de Maxime

J'étais tellement motivé pour voir le tigre, que j'ai réussi à convaincre maman de me laisser partir en "jungle walk" avec papa.

Nous partons donc avec Papa, Bishnu et Raj, tout d'abord en jeep, puis en pirogue, pour entrer dans le Parc national. La brume est tellement épaisse que l'ambiance est mystique.

Pirogue dans la brume

Arrivés sur la berge, nous constatons que le tigre est passé avant nous.

Nous marchons à la queuleuleu sur une piste sablonneuse qui nous mène dans la forêt.

Nous y rencontrons des chitals, des macaques et quelques oiseaux. Les chitals et les macaques s'entendent bien, les singes prévenant les cerfs de l'arrivée d'un danger.

Chitals et macaques

Après plusieurs km, nous arrivons à une rivière. Nous la traversons une première fois et découvrons des dizaines d'empreintes de tigre, de rhino, de cerfs et même d'éléphants sur les berges.

La traversée
Sur les berges

Nous retraversons plusieurs fois la rivière, marchons pieds nus dans le sable mais aussi dans les 💩 de rhinocéros 😵‍💫. Je suis Bishnu comme son ombre.

On trouve un poste d'observation à l'ombre des fougères et des arbres, et j'en profite pour faire un petit somme car la marche dans la rivière à contre-courant m'a bien fatigué.

Je suis réveillé par un bruit dans les arbres, mais c'est juste Raj qui est monté pour scruter l'horizon !

Il repère au loin un dos de rhino.

Un Rhino au loin

Après avoir mangé nous retraversons la rivière et empruntons des chemins d'animaux pour la longer.

En chemin, on observe des oiseaux. Dont 3 grands calao (great hornbill) que nous n'arrivons pas à prendre en photo.

Cigogne noire
Oies de Sibérie
Vanneau pie

On s'installe à un nouveau poste et on guette le tigre. On attend, on attend, on attend...

On attend, on attend...

On attend...

Et puis...

Tarier pie

... rien, le soleil se couche, il est l'heure de rentrer...

Nous sommes bien déçus de ne pas voir le tigre, mais c'était quand même une belle expérience parce qu'on était à la même hauteur que les animaux. J'ai promis à Bishnu que je reviendrai voir le tigre !

On vous met quand même ici deux belles photos de tigre, prises par notre guide Bishnu pendant que nous étions au Népal.

Le 11 Nov 2022
Décembre 2022
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Écrit par Solène et Pierre-Antoine

Dans la plupart des cours d'eau de Chitwan, on peut trouver, observer des crocodiles. Y compris à l'extérieur du parc. Les habitants doivent se partager l'espace avec de drôles de bestioles équipées de grandes dents pas très amicales.

Femmes faisant la lessive en face d'un crocodile

En y regardant de plus près, il y a deux espèces qui cohabitent ici : Le gavial du Gange avec un long museau fin et étroit, et le crocodile des marais, qui ressemble plus à..... un crocodile 🐊 😁.

Le gavial mesure jusqu'à 6m pour les mâles adultes. Il mange exclusivement du poisson qu'il chasse à l'aide de ses dents acérées.

Gavial du Gange

Il n'est pas dangereux pour l'homme et se montre même assez craintif. C'est un excellent nageur, par contre, ses pattes n'arrivent pas à le soutenir sur la terre ferme, si bien qu'il est obligé de ramper.

Gavial du Gange

Le gavial du Gange est aujourd'hui en danger d'extinction. Malgré le fait qu'il soit sacré pour les indous, il est chassé pour la qualité de sa peau. Au Népal, un programme de réintroduction est en cours, il y en a actuellement 300 dans les rivières de Chitwan (mais seulement 3 mâles reproducteurs...). On a pu en observer une dizaine lors de notre séjour.

Crocodiles des marais

Légèrement moins long, le crocodile des marais est plus gros que le gavial. Concernant son régime alimentaire, c'est bien simple, il mange tout ce qu'il peut attraper ! Y compris des biches, des vaches, ou des humains peu attentifs....

Pirogue passant devant un crocodile des marais

Il est facile de les observer, la journée ils se reposent au soleil sur les berges.

Solène a particulièrement apprécié le tour en pirogue, on pouvait les voir de très près !

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Nous avons visité une association qui travaille pour améliorer les conditions de vie des éléphants en captivité au Népal et qui fait la promotion de méthodes responsables pour s'en occuper correctement. Évidemment, leur souhait est de voir tous les éléphants dans la nature à l'état sauvage, mais il est impossible de réintroduire dans la jungle des éléphants ayant vécu en captivité. Étant conditionnés par la présence de l'homme, ils sortent régulièrement de la forêt et viennent se servir dans les récoltes.

L'ONG a été créée par une française (Floriane) et un canadien (Michael) en 2014. Ci-après, la vidéo présentant, en anglais, leur action.

On nous a expliqué en détail la vie des éléphants captifs et les raisons pour lesquelles il est traumatisant pour eux d'emmener des touristes sur leur dos. Car derrière ces deux heures de promenade se cache une réalité assez sordide, bien qu'elle s'étale en partie aux yeux des visiteurs. Après avoir nié ou ne pas avoir voulu regarder les choses en face (nous y compris), la majorité des touristes occidentaux boycottent cette activité, mais elle est encore très populaire auprès des indiens, des chinois et des népalais.

Tout d'abord, la partie visible. Les éléphants captifs, lorsqu'ils ne sont pas en train de travailler avec des touristes sur leur dos, sont enchaînés seuls à deux ou trois pieds sans aucune possibilité de se mouvoir. Ils ne peuvent pas s'allonger (en principe ils dorment allongé), ni se dégourdir. Ils peuvent se retrouver empêtrés dans leurs excréments (ce qui leur cause des infections), et n'ont aucune interaction avec leurs congénères. Les éléphants sont des animaux extrêmement sociaux, et ce manque de lien provoque chez eux des dépressions.

Ensuite, la partie moins visible, mais tout aussi alarmante. Les éléphants sont dressés avec violence, on leur apprend lorsqu'ils sont tout jeunes à craindre l'homme en les frappant avec des barres de fer. C'est clairement en train de changer, mais cette pratique perdure encore. Il y a les mauvais traitements donc, mais aussi le manque de soins, le manque de nourriture (ils ont besoin en moyenne de 150kg de végétaux par jour), etc.

Aussi, plusieurs associations s'attachent aujourd'hui à faire changer les choses, mais les habitudes et traditions ont la vie dure, et le safari à dos d'éléphant est un business lucratif (il faut savoir aussi qu'un éléphant en âge de travailler se négocie autour de 100 000 euros !).

Il est proposé aux propriétaires d'éléphants, par exemple, de les garder dans un enclos, sans les enchaîner. Cela coûte plus cher (cela prend notamment plus de place, et il faut construire des enclos solides).

Une autre proposition est de cesser les safaris à dos d'éléphant. En effet, un éléphant est extrêmement puissant en "poussée", il peut facilement déraciner un arbre par exemple, mais beaucoup moins en "portage". Le fait de porter des touristes sur leur dos à longueur de journée leur cause des traumatismes irréversibles. A la place, il est maintenant possible de faire des balades en forêt en marchant à côté des éléphants.

C'est ce que nous avons fait suite à la visite d'une deuxième association qui a récupéré 8 éléphants et qui lutte pour s'en occuper, car cela coûte très cher. Chaque éléphant a son "Mahout" (le cornac, celui qui s'en occupe et qui le "conduit", qui passe sa vie à ses côtés) qu'il faut payer. Plus l'espace pour les enclos, la nourriture, etc. Le fait de payer pour faire une marche leur permet de les aider un peu à financer leur action. Nous voici donc en compagnie de Champakali et Sitakali, deux éléphantes de 6 et 55 ans. En guise de petit déjeuner, elles ont droit à une belle salade de fruits et de légumes.

Puis nous partons nous promener. Autant on nous demande de ne pas approcher Sitakali, car elle peut se montrer agressive (elle a été exploitée pendant 35 ans), autant avec Champakali nous pouvons interagir. N'ayant pas été traumatisée par les hommes, elle en a une bonne image et vient régulièrement nous voir.

Champakali avec deux enfants heureux

Ce moment dans la forêt est d'une grande plénitude. Le but n'est pas d'avaler les km, mais d'aller au rythme des pachydermes, qui en profitent pour manger feuilles, racines, branches de divers arbres et plantes que leur offre la forêt. Les Mahouts sont là, très proches et complices de leur éléphants.

De retour au camp, nous passons plusieurs heures en leur compagnie, à leur confectionner des boules de foin dans lesquelles nous mettons du riz (krouchi). Les éléphants en raffolent.

Vous l'avez compris, cette rencontre avec les éléphants aura été un véritable coup de cœur pour toute la famille. Nous avons trouvé ces mastodontes de 4 tonnes très attachants, et avons été touchés par leurs difficiles conditions de captivité ainsi que par toutes ces personnes qui tentent de faire bouger les lignes.

Pour aller plus loin, un article très fouillé sur les éléphants et l'industrie touristique à Chitwan : ICI.

Éléphant et son Mahout
Selfie avec Champakali
Selfie avec Champakali
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Pour ce dernier article sur le Népal, nous vous partageons une sélection de nos meilleures photos de Chitwan (non encore publiées). Cet endroit est incroyablement riche et chaque balade, à pied, en vélo, en pirogue, en jeep fut l'occasion d'avoir une réelle proximité avec la vie sauvage.

Pour l'aspect technique, j'utilise un réflex numérique Nikon D500 et un objectif macro Sigma 150mm (équivalent 275mm capteur plein format), ce qui me permet de recadrer les photos et de pouvoir les présenter sur le web avec une qualité acceptable.

On commence par quelques oiseaux saisis en vol :

Grande Aigrette
Aigrette garzette
Guêpier
Martinet
Cigogne noire
Martin-pêcheur pie
Oies de Sibérie
Oies de Sibérie

Des rapaces diurnes et nocturnes :

Épervier besra
Épervier besra
Chevêche brame
Chevêche brame
Aigle serpentaire bacha
Chevêchette de jungle
Chouette Effraie

Des cervidés (3 espèces différentes) :

Cerf cochon
Chital
Chital
Sambar
Sambar
Chital

Des rhinocéros unicornes :

Des paysages envoûtants :

En jaune, les champs de moutarde

Des petits oiseaux, pour finir :

Drongo
Pie griech schach
Pie-grièche schach
Rollier indien
Étourneaux pie
Martin pêcheur de Smyrne
Shama dayal
Bergeronnette indienne
Guêpier
Loriot à capuchon noir
Martin pêcheur de Smyrne
Grand Coucal
Martin forestier

Ainsi s'achève notre "Automne au Népal 🇳🇵", merci de nous avoir suivis pendant ces 100 jours (avec une cinquantaine d'articles, on n'a pas chômé 😅). Nous espérons que vous avez pris plaisir à lire nos péripéties. Nous remercions chaleureusement les assidus rédactrices et rédacteurs de commentaires, toujours bienveillants. Pour les autres, c'est le moment de se manifester ou de se taire à jamais 😂 !

A bientôt pour de nouvelles aventures en Thaïlande !