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10 jours magiques chez le cousin Fred et sa femme Tomoko
Août 2006
10 jours
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Le budget de 30 euros/personne/jour a été respecté, nous sommes même bien en dessous, et ce malgré une dent cassée et une paire de lunette "perdue" en Mongolie et refaite à Hong Kong. C'est pourquoi nous pouvons nous payer le luxe d'aller visiter le cousin Fred au Japon, peut être notre unique chance de voir le pays du Soleil Levant. Une fois n'est pas coutume, nous prendrons l'avion, cela revenant moins cher que le bateau, moyen qui aurait plus été dans l'esprit du voyage.

Nous débarquons à l'aéroport de Tokyo-Narita. Fred nous y attend, direction le centre ville. Nous avons l'honneur et la chance d'être accueillis pour la soirée et la nuit dans une famille Japonaise, la famille de Yukiko.

Présentations dans les règles de l'art. Face à face, Yukiko nous présente ses parents et sa grande sœur Ikuko. Chacun s'incline respectueusement, les uns souhaitant la bienvenue, les autres remerciant pour l'hospitalité. Le dîner est une succession de petits plats, tous délicieux et raffinés. La maman ainsi qu'Ikuko ont du passer quelques heures dans la cuisine...Le tout est arrosé à la fois de Saké, bière japonaise et vin français, les trois verres étant remplis en permanence!

Après cette charmante introduction au Japon et cet accueil chaleureux, nous n'avons aucun mal à nous endormir sur le tatami, impatients de découvrir Tokyo le lendemain!

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Ce qui est frappant à Tokyo, c'est le calme ambiant. Cette ville, parmi les trois plus peuplées du monde, est presque silencieuse. Pas un bruit de klaxon, pas un mot plus haut que l'autre, pas de bousculade. Les gens se croisent dans un ballet incessant et bien huilé, dont chacun connait la chorégraphie. Vous voyez où je veux en venir ? Le Japon ?... tout le contraire de la Chine!

Dans le métro, interdiction de téléphoner. Cela n'empêche pas les usagers d'utiliser leur mobile. Rivés sur l'écran, ils rédigent leurs emails ou consultent internet. En matière de technologie, le Japon possède quelques années d'avance.


En ce qui concerne les toilettes, il faut le voir pour le croire. Se faire laver le postérieur par un ordinateur, "honnestly speaking, it's amazing !" Et comme ils ont pensé à tout, après le lavage, vient le séchage, "yes it's true !" Si c'est un peu surprenant au début, on y prend très vite goût...


En fin d'après-midi, nous arrivons aux abords du temple Asakusa. Nous croisons de bien mystérieuses personnes avec de gros papillons dans le dos... Elles sont enveloppées dans des draps colorés tellement serrés, qu'elles sont obligées de faire de tout petits pas pour avancer. Plus nous nous rapprochons du temple, et plus il y a de papillons dans la rue. Fred et Tomo nous expliquent que ce soir c'est feu d'artifice, alors tout le monde est sorti dehors revêtu de son yukata, l'habit traditionnel japonais.

Peu avant 19 heures, les rues sont pleines de tokyoïtes, attendant dans une ambiance bonne enfant le spectacle à venir.

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Nous filons doucement vers le Fujishan. Ce volcan de 3770 m d'altitude est le point culminant du Japon. Doucement, car les routes du pays sont encombrées. 120 millions d'habitants sur un territoire montagneux et plus petit que la France, ça demande quelques efforts pour vivre en communauté ! C'est peut être pour cette raison que les japonais sont si respectueux de l'espace vitale de leurs congénères.

Fred est au volant, il s'est remis de sa grosse fièvre des jours précédents. Tomo assure en tant que copilote et nous, derrière, apprécions de nous faire balader sans avoir à réfléchir à quoi que se soit au niveau de l'organisation. Le Japon aura vraiment été des vacances à l'intérieur de notre grand périple. Je repense au resto de sashimis d'hier soir et j'en ai l'eau à la bouche ! Combien y avait-il de sortes de poissons ? Pieuvre, thon, calamar...

"Voilà ! Nous sommes face au Fuji !" annonce Tomo après quelques heures de route.

"Où ça ?"

"Juste derrière le rideau de brume..."

Ainsi le majestueux Fuji s'était caché comme bien souvent à cette saison. Nous nous engageons quand même sur les flancs du volcan. Une route permet de monter à 2400 m, au point de départ des dizaines de randonneurs qui en font l'ascension chaque jour. Ici point de téléphérique, mais un raide sentier tracé dans un pierrier basaltique mène au sommet. En le voyant, je suis pris d'une envie irrésistible, presque frénétique, d'aller admirer la vue depuis le cratère, 1370 m plus haut...Fred me met la pression :"je connais quelqu'un qui l'a grimpé en 2 heures !

Je fourre mon GoreTex dans mon sac à dos, prends 2 petites bouteilles d'eau et part comme un fou... Trop vite... Rapidement j'ai le souffle court. La gueule béante, je ventile au maximum, mais impossible de faire baisser le rythme cardiaque. Les yeux rivés sur l'heure et l'altimètre, je m'arrache. Étant parti à 14 heures, il faut absolument que j'arrive là haut avant 16 heures, question d'honneur ! Je suis content de faire ce "petit" test physique, histoire de voir où j'en suis. 15h40 j'atteins le sommet dans un état de lucidité relatif. Je domine une mer de nuages et au loin j'aperçois le Pacifique. Le cratère, large et profond, est impressionnant. Ça valait bien la peine de faire quelques efforts pour monter !

3

6h du matin, le cousin Fred se met en quête de réserver un bon emplacement au bord de la rivière. 6h ça n'est pas un peu tôt, me direz-vous? Oui mais 350 000 personnes sont attendues ce soir ... C'est qu'au Japon il y a une saison de plus qu'en France : celle des feux d'artifice ! Ainsi nous avons eu la chance de voir le ciel de Tokyo s'embraser à notre arrivée, et nous nous apprêtons maintenant à vivre l'événement d'Ashikaga. L'emplacement réservé, préoccupons nous maintenant du pique nique : yakitori (brochettes de poulet grille), anguille séchée, noodles, beignets aux haricots rouge, mais surtout ... beaucoup de bières japonaises (Sapporo, Kirin, Asahi, toutes très bonnes) et du vin ... français!

Au feu d'artifice, la tradition n'est pas laissée pour compte. A l'appartement, les filles réquisitionnent une chambre qui fait office de coulisses car il est temps de revêtir le traditionnel "Yukata". C'est ainsi qu'en observant Tomoko et Yukiko à l’œuvre, j'assiste à l'enseignement des méthodes méticuleuses qui permettent, ruban après ruban, pli après pli, de fixer cet harmonieux ensemble. Tissé de coton, rehaussé d'une large ceinture à la taille et d'un nœud dans le dos appelé "papillon", il couvre entièrement et étroitement le corps, forçant les femmes à faire de petits pas. Puis c'est à mon tour de retenir ma respiration pendant que Yukiko tourne autour de moi pour dompter le tissu capricieux, tandis que Tomoko se débat toujours avec son papillon! Pour les garçons, comme d'habitude c'est beaucoup plus simple : ils enfilent en 30 secondes leur "benje", pyjama japonais traditionnel. Dernière touche, nous chaussons nos tongues en bois et nous voilà bel et bien parés pour le fameux Hanabi!

Arrivés sur la berge, conformément aux prédictions de nos hôtes, des centaines de yukatas et papillons multicolores sont déjà installés, attendant paisiblement les premières fusées. Au coucher du soleil, la magie opère. Sous les pétarades assourdissantes, le ciel complètement dégagé s'illumine de millions d'éclats rouges, verts, jaunes, bleus ... et 20 000 fusées nous font cadeau de fleurs et de bouquets, d'artifices multicolores, et même de petits cœurs ! Pendant plus de deux heures, ce spectacle éclatant de mille feux allume des lumières dans les yeux des petits et des grands. Des cris, des applaudissements s'élèvent depuis la foule à chaque nouvelle démonstration, toujours plus impressionnante et colorée.

Au bouquet final, le cousin Fred est rond comme un ballon... Il pique un roupillon sur le gazon, pendant que nous finissons la soirée (et les bières!) au clair de lune.

Lorsque nous décidons de rentrer, la berge est quasiment déserte. Pas un papier ne traîne, chacun a plié bagages proprement. Comme dirait un certain JPM : "le Japon, c'est le pays de la Qualité!"

4

"Honestly speaking" comme dirait le cousin, nous ne remercierons jamais assez Fred et sa femme Tomoko pour leur accueil et le temps passé ensemble à découvrir le Japon; sa collègue Yukiko ainsi que ses parents, pour nous avoir hébergés à Tokyo et nous avoir introduits dés le premier soir autour d'une table japonaise.

And " frankly speaking", notre bref aperçu du Japon n'aurait jamais été aussi coloré et japonais sans cette joyeuse équipe. Et les lamens, makis, sushis, sashimis, yakitoris, n'en ont eu que plus de goût!

Alors à tous nous souhaitons encore leur dire : "Arigatoo gozaimasu"!!!