Article rédigé par Pierre-Antoine et Maxime
Avec ce périple préparatoire en Haute Tarentaise et Haute Maurienne, nous venons de mettre un pied dans notre grand voyage. Préparatoire pour tester le matériel acheté, pour s'habituer aux sacs à dos de randonnée pour les enfants, pour marcher quelques jours d'affilée en montagne, avant de partir pour la traversée de l'Europe du Sud (en train, en bateau, en bus), puis le Népal, où nous passerons l'automne 2022.
Nous voilà donc au parking du lieu dit "La Savonne", sur les hauteurs de Sainte Foy Tarentaise. Sur les bons conseils de Matthieu L, nous partons pour une petite boucle de 3 jours de randonnée en autonomie complète (c'est à dire que nous portons nos tentes et notre nourriture) qui nous fera passer par de nombreux lacs, avec une petite incursion en Italie. Malgré l'altitude (le parking se situe à 1800m), comme partout en France, il fait chaud, et les pâturages habituellement si verdoyants souffrent de la sécheresse. Par contre, contrairement à beaucoup d'endroits en montagne actuellement, nous trouverons de l'eau dans de multiples ruisseaux.
L'itinéraire de notre boucle en Haute Tarentaise Après avoir bien entassé tout notre barda dans les sacs à dos (6 kg pour les enfants, beaucoup plus pour les parents...), nous attaquons la montée au lac du Retour par un très joli sentier le long d'un cours d'eau. Marmottes, grenouilles, chenilles multicolores et myrtilles sauvages seront les principales attractions de cette première après-midi de marche tranquille.
Lac du Retour (2390m) et au fond le col du même nom par lequel nous sommes arrivés Arrivés au lac, lieu de notre premier bivouac, nous montons les tentes dans un coin idyllique et nous empressons d'explorer les environs. Comme nous avons 2 tentes, nous répartissons l'équipe de la manière suivante : les enfants d'un côté, et les parents de l'autre !
Bivouac de rêve Autour de ce lac particulièrement poissonneux, deux pêcheurs et un couple de randonneurs sont également installés. Un peu plus tard, un berger, accompagné de ses centaines de brebis et de ses 4 chiens (dont 2 patous) prend place sur les pentes herbeuses au dessus du lac.
Après une soupe lyophilisée maison et de succulentes pâtes au pesto (bien meilleures qu'à la maison dixit les enfants), nous rejoignons un promontoire pour admirer le coucher du soleil (pour mieux s'en rendre compte, il est préférable de regarder les photos depuis un PC au lieu d'un smartphone !).
Variation de lumières au coucher de soleil depuis le lac du Retour Il est maintenant l'heure d'aller s'emmitoufler dans son duvet ! Vers 21h30 la pénombre est déjà bien installée, et Anne-Laure est la dernière à passer un coup d’œil à l'extérieur avant de zipper le toit de tente jusqu'au lendemain matin. Cette histoire somme toute banale aurait pu s'arrêter là. Mais parfois, à quelques secondes près, l'invraisemblable peut surgir...
Car Anne-Laure, en fermant le zippe m'interpelle : "Dis donc, c'est un chien qui nous observe là ?". Piqué par la curiosité, j'ouvre mon côté et passe la tête à l'extérieur : "C'est un chien qui ressemble bien à un loup...? Éclaire le avec ta frontale !" Je me dépêche de sortir l'appareil photo et sors pour immortaliser l'animal, qui bien curieux nous fixe à 5 mètres à peine de distance. Dans la pénombre, l'excitation, et la précipitation, je n'arrive pas à faire les bons réglages, ce qui rend le portrait de notre mystérieux visiteur bien flou :
Le mystérieux visiteur du soir Voulant me rapprocher pour faire un meilleur cliché, l'animal disparaît dans les profondeurs de la nuit... S'ensuit un débat de non spécialistes sur cette rencontre inattendue. "Il a l'air bien maigre pour un loup..." "Est-ce que ce serait un des chiens du berger qui divaguait dans les parages ?" "II ne ressemble pas tant que ça à un chien..." "Il était bien proche de nous pour un loup..."
Les enfants n'ayant pas assisté à la scène, mais nous entendant discuter, nous demandent alors "de quoi vous parlez ?" "Qu'est-ce qu'il y a dehors ?". On leur explique rapidement la situation, puis tout le monde se couche. Installé de nouveau dans notre tente, Anne-Laure est prise d'un léger doute et avec toute la prudence qu'une louve témoignerait à ses louveteaux, me propose de changer la répartition des tentes en mettant un adulte avec un enfant. Ravi de l'idée de dormir avec son père, Maxime se précipite en dehors de la tente au moment même où les bruits sourds d'une course rapide nous font lever la tête : La bête était revenue ! Nous assistons tous les quatre alors à une scène incroyable : le "loup" se couche dans l'herbe, s'étire, reste là à nous observer, pendant que je demande à Anne-Laure de bien l'éclairer avec sa frontale, cette fois-ci je ne vais pas le rater ! Mais non, la deuxième série de photos n'est pas meilleure...
Lors de la deuxième visite En me rapprochant une nouvelle fois, le "loup" s'enfuit en direction du troupeau de brebis. Après cette rencontre incroyable, nous avons du mal à reprendre nos esprits et retournons difficilement nous coucher. Lampe frontale à portée de main, réglages de l'appareil faits, je reste en éveil, persuadé que selon le dicton, l'animal reviendra une troisième fois. Une heure plus tard, pensant entendre de nouveau des pas, je sors en quatrième vitesse de la tente, mais balayant l'obscurité avec ma lampe, je ne trouve rien. Plus tard, vers 3h du matin, ce sont les chiens du berger que j'entends aboyer de longues minutes.
Au réveil, le doute étant présent sur la nature de l'animal, Anne-Laure et Maxime décident d'aller voir le berger. N'ayant aucun chien similaire, il nous confirme immédiatement que c'était bien un loup et qu'une meute est présente sur le secteur. Il n'a subi aucune perte pendant la nuit, je pense que ses chiens ont bien éloigné le rôdeur. Car si cette rencontre était assez magique pour nous, ce n'est pas le cas des bergers qui ont du mal, malgré les Patous, à protéger leurs troupeaux.
Pour Maxime en tout cas, cela restera à ce jour la meilleure nuit de sa vie ! "Awouh Awouh Awouuuh !"