Difficile de rebondir après ces 7 semaines intenses passées avec les enfants. Mais l'arrivée de Lulu à l'orphelinat nous a fait tellement plaisir. Nous partons mais la relève est assurée pour quelques semaines et tous les enfants l'ont déjà adoptée. De retour à Bangkok il y a comme un grand vide. Il faut dire que de 25 où plus, nous nous retrouvons tous les deux... plongés dans la foule impersonnelle de touristes de Kao San Road. Toutes les Guest House affichent complet. Ça arrive, ça part, ça va, ça vient, c'est un ballet incessant 24 heures/24. A part la bouffe qui nous permet de nous changer de notre riz habituel le reste nous semble bien fade.
Mais nous avons encore 10 jours pour découvrir d'autres aspects de la Thaïlande, alors pas question de moisir ici ! Coté destinations, ce n'est pas le choix qui manque : les plages et îles paradisiaques du sud, les montagnes du nord, les cités historiques du centre...
Nous décidons de commencer par le Parc National de Kao Yai à 3 heures de route au nord-est de Bangkok, l'un des plus grands du pays. Ce parc est mondialement connu depuis que Leonardo y a embrassé la belle Virginie dans la scène (torride...) de la cascade du film La Plage. Faute d'y voir les deux stars nous espérons au moins apercevoir des éléphants sauvages, des singes, des hornbills (grands oiseaux au grand bec multicolore), et pourquoi pas le fameux (ou timide) tigre, on peut toujours rêver. Nous faisons du stop à l'entrée du parc et avons la chance d'être pris par un couple de touristes hollandais/grec un peu bizarre mais des plus sympathiques. La route grimpe en lacet dans des collines couvertes par une forêt tropicale dense qui souffre de la sécheresse. La fameuse cascade du film est quasiment réduite au goutte à goutte. Une horde de singes nous accueille au parking du premier point de vue. Hystérique, notre hollandaise leur balance toute la nourriture qui lui tombe sous la main pour les faire approcher (ce qu'il ne faut surtout pas faire en principe avec des animaux dits "sauvages"). Et comme elle trimbale un vrai garde-manger nous sommes rapidement cernés par une tribu de macaques visiblement plus habitués à se nourrir des offrandes des touristes et à fouiller dans les poubelles du parc que de chercher par eux-mêmes des fruits dans la forêt. Notre amie finit par comprendre qu'il faudrait faire un peu attention lorsqu'un mâle dominant lui arrache des mains une pastèque qu'elle découpait pour en faire la distribution équitable entre toute la famille! Et oui, c'est ça la loi de la jungle.
Lui c'est un jeune, donc encore timide.... Nous partons ensuite à pied seuls dans la forêt sur un petit chemin de 5 kms. Nous sursautons comme d'habitude à chaque bruit suspect, mais il s'avère n'être à chaque fois qu'une fausse alerte. Nous observons des singes dans des arbres (plus timides que les précédents), de beaux papillons et 2 couples de hornbill lorsque nous nous apprêtons à reprendre la route. Point d'éléphant et encore moins de tigre, ce n'est peut être pas plus mal d'ailleurs...
Un peu déçus par le parc et son aspect trop commercial, nous décidons de tracer la route à Nong Khai, sur les bords du Mékong, à la frontière avec le Laos. Nous remontons ce fleuve mythique déjà aperçu en Chine dans le Yunnan pendant quelques jours. En bus, en stop, en scooter, tous les moyens de transport sont bons à prendre. Nous prenons goût au scooter pour explorer les petites routes et pour la sensation de liberté que cela procure. Equipés de casques de chantier Playmobil, je me plais à balader Laurette (pour qui le fonctionnement de ce type d'engin reste une énigme) accrochée derrière moi sur des dizaines de kms.
Mais entêtés et définitivement attirés par la vie sauvage, nous choisissons de retenter notre chance dans un autre Parc National, le bien nomme Phu Kradung. Il est déjà bien moins accessible puisqu'il faut se grimper 1000 mètres de dénivelé à pied avant d'arriver sur un immense plateau culminant à 1300 mètres d'altitude. Le climat est plus tempéré que la fournaise qui règne dans le reste du pays à cette saison. Une partie du parc est le territoire des éléphants sauvages et nous avons bien l'intention d'y tenter une incursion pour tomber nez à trompe avec un pachyderme. Nous passons deux nuits dans le parc, sous la tente. La première est plutôt agitée. On se dit que des éléphants en furie auraient vite fait de débouler et de nous écrabouiller dans notre sommeil. Mais non, c'est un cerf qui nous réveille alors qu'il broute paisiblement à 10 mètres de nous (car en grand téméraire j'ai osé passer la tête à l'extérieur pour voir quel était l'agitateur). Une heure plus tard ce sont les chacals qui se répondent en cœur d'un bout à l'autre de la forêt...
Nous partons plus motivés que jamais le lendemain à l'aube. Il n'y a personne dans le parc à cette époque de l'année, les éléphants doivent donc être moins dérangés, donc moins méfiants. Mais la motivation n'a jamais fait apparaître un éléphant au détour du chemin. Et si nous trouvons bien quelques bouses ça et là (dont certaines d'une fraîcheur toute relative), des panneaux d'indication broyés par des éléphants qui ont du les prendre pour des grattoirs à récurer les peaux mortes, il faut se rendre à l'évidence, nous sommes maudits par les esprits de la forêt.
C'est finalement dans un des petits restos que compte le parc que nous apercevrons le plus de bêtes. Enfin, "apercevoir" est un bien faible mot quand vous avez des biches et un sanglier qui viennent vous manger dans la main...
Pour finir, nous décidons de mettre le cap sur Chiang Mai. On nous a prévenus que c'était très touristique, donc nous ne sommes pas étonnés de voir autant de ... touristes. Mais ceci dit cette ville est très agréable et parsemée de temples bouddhistes qui sont plus animés que dans le reste du pays. Nous avons même la chance d'y être pour une fête annuelle, lors de laquelle les fidèles se retrouvent le soir en procession, autour des multiples lieux sacrés que compte la ville. Les bougies, les odeurs d'encens, le silence du recueillement malgré la foule nous font passer un bon moment au milieu de tous les pèlerins. Nous relouons un scooter pour deux jours et en profitons pour papillonner de monastères en stupas, puis pour faire un tour dans la campagne environnante où les belles courbes et pentes dans des paysages de montagnes verdoyantes me donnent l'impression de jouer à Gran Turismo en grandeur nature.
Pour combler notre frustration de n'avoir pu voir d'éléphant sauvage, nous nous arrêtons dans une ferme d'éléphants, domestiques cette fois-ci. Le parc ferme à 16h, mais les gentils propriétaires nous permettent de rester 1 heure de plus. Nous assistons donc en uniques spectateurs (et acteurs) à la mise en place d'un futur "spectacle" d'éléphants. Anne-Laure gagne un concours de lancer francs, alors que je fais une petite partie de Base-ball contre un pachyderme de bien 4 tonnes ! Elle est loin la jungle mais on s'est bien marré...!