OrphanAid Africa

3 mois au Ghana avec l'association OrphanAid Africa
Du 1er janvier au 15 avril 2006
104 jours
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Pas de round d'observation. A peine la porte passée, 1 puis 2, puis 3 gamins se jettent sur nous! Un dans chaque bras, un sur chaque genou, nous ne savons plus où donner de la tête.

Les plus grands sont encore à l'école, seuls les plus petits nous accueillent. De 6 mois à 8 ans, ils sont une douzaine a ne pas être scolarisés. Trop jeunes, handicapés physiques, déficience mentale, voire les 2, c'est un peu la cour des miracles... Mais tout cela semble si naturel, cet endroit respire tellement la joie de vivre que nous n'avons aucun mal à débarquer au milieu de ce brouhaha! Petit à petit on apprend leur histoire, pourquoi ils sont à l'orphelinat, évidemment ce n'est pas joyeux mais ils ont tellement d'amour à donner et à recevoir que c'est câlin sur câlin, sourire sur sourire, la vie l'emporte par KO sur la tristesse et le désespoir.

L'orphelinat est situé à 1 heure de route de la capitale Accra. Anyenyah est un petit village comme vous pourriez en voir dans les documentaires sur le plus profond de l'Afrique, nous exagérons à peine. Pas d'eau courante, pas d'électricité, les maisons ou cases sont faites de torchis, les toits d'herbe séchée et le sol en terre battue. Des panneaux solaires ont été installés à l'orphelinat, ce qui permet d'avoir de la lumière pendant la nuit et cela permet donc aux grands de terminer leurs devoirs... car à 6h30 il fait nuit noire!

Les douches sont prises en plein air à l'aide d'un seau, la lessive se fait de la même manière. Les aliments sont frais ou séchés, ou bien encore en conserve car il n'y a évidemment pas de réfrigérateur... et pourtant on rêve parfois d'eau fraîche! La température oscille entre 27 et 33 degrés.

Nous mangeons la même chose que les enfants et que toute l'équipe (mais avec une fourchette!). Les préparations sont à base de riz, pâtes, igname, poisson, poulet et épices. Jusqu'à maintenant nous avons trouvé ça bon, à part un plat traditionnel nommé le "Banku" qu'Anne-Laure n'a vraiment pas réussi à apprécier!

Nous redécouvrons le vrai goût des fruits, qui est tout simplement extraordinaire. Bananes, pastèques, ananas, pommes, tout est excellent, juteux et tellement sucré ! On en salive ne serait-ce que de l'écrire...

Nous sommes logés à l'extérieur de l'orphelinat, dans un autre village plus important nommé Agomeda et situé à environ 7 km. Nous dormons dans des chambres de 4, assez rustiques mais c'est tellement naturel ici... Le système de la "douche" et des "toilettes" est le même qu'à l'orphelinat. C'est tellement agréable de prendre une douche en plein air!

Une partie de la population étant musulmane dans le village où nous habitons, nous sommes réveillés tous les matins vers 4h30 par les appels à la prière en provenance de la mosquée. Le premier jour on a eu envie d'étrangler celui qui osait nous faire ça, mais de toute façon les gens vivent avec le soleil et à 6 heures du matin tout le monde s'active comme en pleine journée!

Les habitants sont vraiment sympathiques, la bonne humeur règne. Nous sommes régulièrement accueillis par des "You're all welcome" ou bien l'équivalent local "Akwabo", auquel on répond "Akwaba"!

C'est vraiment facile d'engager la conversation, avec petits et grands.

Maintenant que vous avez fait connaissance avec le Ghana, bougez votre popotin au rythme du djumbé et des chants des enfants :

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Après l'orphelinat, nos premières impressions sur le Ghana. Tout d'abord la nature est magnifique. Tout est très vert, c'est un vrai plaisir d'être sur la route et de contempler le paysage. Les herbes hautes, les bananiers, les cocotiers cohabitent dans la plus grande harmonie. En fin de journée les couleurs sont particulièrement belles.

Ensuite les gens sont tellement gentils et souriants... Ils sont très croyants et c'en devient parfois comique pour nous car toutes les échoppes ont des noms profondément religieux comme "Shalom Peace" ou bien "Jésus is a Lord - Beauty saloon", on en passe et des meilleures.

A l'orphelinat un moment est d'ailleurs consacré à la prière, tous les soirs après le dîner, c'est à dire vers 18h. C'est un moment très gai où nous nous asseyons tous en rond, et chacun y va de sa propre prière (ils ne nous ont pas encore demande la notre, ouf !), sur fond de tam tam puis de chants. (Les chrétiens sont en majorité pentecôtistes ici).

La musique occupe une place importante dans la vie de tous les jours, où que l'on passe on perçoit toujours un fond musical et il en faut peu pour que tout le monde se mette a danser! Bref vous l'aurez compris ici la bonne humeur est de mise.

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Dimanche, jour du seigneur.

Le pasteur en costume cravate a fait le déplacement avec son "équipe" jusqu'au village de Ayenya.

L'église est improvisée sous un grand arbre qui fait également office d'école, de place de village... Une table sert d'hôtel, deux rangées de bancs délimitent une allée centrale, les femmes d'un coté, les hommes de l'autre. Le seul objet de culte se trouve être une corbeille en bois permettant de récolter les donations des fidèles.

Les chants s'enchaînent, rythmés par le tambour, les claps dans les mains, les "Amen!". La messe dure 4 heures mais les villageois vont et viennent à leur guise.

Le pasteur avec l'aide de Jésus a des remèdes contre tous les maux de la vie quotidienne et les maladies incurables. Aimez vous les uns les autres, mais surtout aimez Jésus et soyez de bons chrétiens.

Tout nous paraissait plutôt "normal" jusqu'au moment où le pasteur rassemble autour de lui tous les fidèles en rangs serrés et commença des incantations frénétiques en touchant tour a tour les têtes autour de lui. Le "Hollyspirit" (Saint Esprit) est censé pénétrer les corps et combattre les mauvais esprits qui les habitent.

C'est à croire que ce dimanche 6 à 7 personnes de l'assemblée étaient possédées par le démon. Tour à tour elles sont rentrées en TRANSE, implorant Jésus, criant, gesticulant, se roulant par terre. Quatre personnes n'étaient pas de trop pour maîtriser les plus énergiques d'entres elles.

Nous n'étions pas préparés à ce genre de scène et Anne-Laure sous le choc a préféré quitter le spectacle (mais elle est revenue 5 minutes plus tard, car possédée comme elle est, le Hollyspirit avait du boulot...). Vivement dimanche prochain !

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Nos journées s'organisent petit à petit à l'orphelinat. Nous passons l'essentiel de notre temps avec les petits et les 4 handicapés, Pierre se sentant particulièrement à l'aise avec ces derniers, tiens comme c'est bizarre... Pâte à modeler, bulles de savons (merci Bernadette), coloriage, mais aussi essuyage de pipi par terre ou sur nos tee-shirt, douches, savonnage, parties de ballons (enfin faut le dire vite...).

Nous essayons de faire progresser les handicapes à la marche, de les faire tenir assis sur une chaise, nous les massons pour les décrisper. Leur envie est telle que certains progrès sont déjà visibles, dans 3 mois on les inscrit au marathon !!!

Comme vous avez pu le constater (nous avons lu vos derniers commentaires, merci infiniment) sur les photos, les petites sont particulièrement craquantes et en profitent pour obtenir ce qu'elles veulent. Certaines commencent tout juste à parler, dans 3 mois elles passent leur bac... Nous nous sommes déjà bien attaches a tous les enfants après seulement 10 jours, on imagine déjà l'état dans lequel nous serons le jour du départ...

Mais que ferions-nous sans toutes les Mamas ?!!

Les Mamas, les piliers de l'orphelinat 

Mama Mary en charge des tous petits, Mama Rose en charge des handicapés et toutes les autres qui participent a la bonne humeur et au bon fonctionnement général. Nous avons déjà essuyé plusieurs crises de rire tous ensemble et ce n'est pas près de s'arrêter!

La fin de la journée avec les petits est annoncée par l'arrivée du van (souvent en panne) qui ramène les plus grands de l'école vers 17 heures. Les petits se précipitent au portail pour accueillir cette nouvelle vague d'énergie.

Après 10 jours intenses, nous voici ce soir en "week-end" (jeudi et vendredi). Nous vous écrivons depuis Cap Coast et la connexion est trop lente pour télécharger de nouvelles photos et les chants de la messe. Tout ceci sera posté dans un prochain message depuis Accra où il y a des cafés Internet plus rapides.

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27/01/2006

A l'heure où le rôle positif de la colonisation est débattu dans notre cher pays, il est bon de se souvenir de quelques points historiques.

Cape Coast, 150 km à l'Ouest d'Accra, fut la plaque tournante du commerce triangulaire de 1500 à 1850. Cette capitale de l'esclavagisme fut occupée d'abord par les portugais (des 1472) puis par les hollandais et les anglais. Les français n'étaient pas en reste et s'étaient installés dans les pays voisins.

Des bateaux chargés de pacotilles, d'armes et d'alcool partaient des grands ports européens et échangeaient ces marchandises sur les cotes africaines à différents chefs locaux, qui leur livraient en échange les prisonniers de leurs guerres tribales. Les navires repartaient alors bondes d'esclaves vers les Amériques. En 3 siècles ce sont plus de 50 millions de personnes qui ont ainsi été déportées. Des fortins furent construits tout le long de la cote africaine pour organiser et protéger ce trafic très lucratif.

Cap Coast 

Nous avons visité l'un des rares fortins encore debout et malgré la chaleur ambiante cette expérience nous a glacé le sang.

Le fort a été spécifiquement conçu pour la traite des esclaves. Des caves compartimentées, sans lumière ni aération pouvaient refermer jusqu'à 1000 hommes et 500 femmes dans des conditions inhumaines. Les prisonniers rebelles étaient littéralement enchaînés.

Maladies, violences physiques et sexuelles, promiscuité, la moitié de ces malheureux n'atteignait pas l'autre coté de l'Atlantique. Cette forme primitive d'esclavagisme est aujourd'hui révolue, mais les européens auront laissé quelques marques indélébiles à Cape Coast.

Même si nous ne sommes en rien responsables de ces atrocités nous ne pouvions nous empêcher de nous sentir un peu coupables...

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27/01/2006

Notre première expérience de "Transe africaine" s'est avérée être une bonne introduction aux croyances locales...!

Mercredi matin nous avons accompagné Evelyne, notre adorable cuisinière (qui pourrait aussi être top modèle !), au marché où elle se rend une fois par semaine pour acheter la nourriture de l'orphelinat. C'est une sorte de "Rungis" local, immense lieu d'échange au cœur de la capitale.

Une fois les courses terminées, elle a tenu à nous conter la rumeur qui circulait dans tout le marché : une des jeunes femmes dont le travail est de porter sur la tête les courses les plus lourdes pour les autres à eu la mauvaise idée de se baisser pour ramasser de l'argent qui ne lui appartenait pas. Immédiatement elle a été punie car elle s'est transformée en ... poulet! La rumeur dit aussi que les témoins de la scène ont emmené le poulet fautif au commissariat!!!

Donc, nous dit Evelyne, ne ramassez surtout pas d'argent par terre car vous pourriez être transformé en poulet!

On la fait répéter plusieurs fois et lorsqu'on est sûr d'avoir bien compris cette folle histoire, on essaie de lui dire que c'est impossible d'être d'une minute à l'autre un humain puis un poulet... Ce à quoi elle nous répond très sérieusement, le regard noir : " This happens in GHANA"!

Et ajoute pour nous convaincre que cette fille a été transformée en poulet, mais qu'il est tout aussi possible d'être change en yam (Igname - légume local)!

Evidemment elle ne l'a jamais vu de ses propres yeux mais d'autres l'ont vu donc... c'est possible!

Le lendemain nous avons profité de notre jour "off" pour aller nous balader dans une forêt tropicale : il s'agit du parc National de Kakum, réserve de 607 km² qui abrite des éléphants, des singes et beaucoup d'autres espèces. Mais il est malheureusement très rare d'avoir la chance de les apercevoir pendant la journée. L'attraction touristique de ce parc est un système de ponts suspendus, fabriqués à l'aide de cordes et de bois, qui permet de dominer la forêt et d'avoir (en plus des sensations fortes pour certains!) des points de vue panoramiques.

Ce système est haut d'environ 40m et long de 350m, suspendu entre 7 arbres autour desquels une "plateforme panoramique" est disposée.

Après cette ballade originale, on redescend avec notre guide Prince pour une ballade en forêt. Il nous vante les vertus médicinales de tous les arbres : l'un d'eux guérit le cancer du sein, l'autre l'asthme, etc... Avant de se quitter, il nous dit de bien le suivre jusqu'à la sortie, car si on avait le malheur de se perdre dans la forêt, on risquerait de rencontrer des ... lutins!

Notre guide et les passerelles du parc de Kakum 

Ceux-ci nous appelleraient et nous guideraient jusqu'à eux grâce au son de leurs tambours. On pourrait jouer avec eux, au ballon par exemple, mais ils resteraient invisibles. On ne verrait que leur ballon aller et venir de l'un à l'autre. Puis ils nous proposeraient une banane. Si on décidait de la manger ils nous laisseraient repartir. Mais si on ne la mangeait pas, ils nous perdraient dans la forêt et nous y laisseraient mourir!

C'est arrivé au papa de notre guide, et il est reste ainsi 16 ans dans la forêt. Quand il en est sorti il est devenu ... herboriste!!!

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Les araignées sont nos amis. Surtout lorsque nous allons aux toilettes (enfin ce qui nous sert de toilettes...). A chaque fois que nous nous y rendons, il fait nuit noire. La lampe frontale nous indique le chemin. Un cabanon est installé au dessus d'une fosse soi-disant "septique". Dès la porte passée (enfin, ce qui sert de porte, vous connaissez la chanson maintenant...) nous inspectons les recoins avec la lampe.

Chaque jour nous révèle une surprise différente (c'est ça qui est génial !). Il y a trois jours, un rat se baladait dans la fosse, avant hier une araignée grosse comme la main était immobile sur les planches. Hier nous avons eu le droit à un énorme mille patte d'au moins 15 cm de long, mais il y a aussi des blattes et des insectes non répertoriés dans l'encyclopédie de Buffon. La prochaine fois j'emporte l'appareil photo aux toilettes, promis.

Pour la douche, même topo à 2 m des toilettes (je vous laisse imaginer les odeurs, impossible à mettre en ligne). Mais là ce sont plutôt des crapauds et des escargots géants (minimum de la taille d'une orange) qui nous attendent.

A l'orphelinat, il y a aussi pas mal de gros lézards de couleur bleu, orange, rouge, de 30 cm environ. Ils font des pompes à l'arrêt (sûrement pour se ventiler) et courent en roulant du cul.

L'autre soir, nous avons également assisté à un balai tournoyant d'une vingtaine de chauve-souris, très sympa.

Les routes sont bordées de termitières de 2 à 3 m de haut.

Ces derniers jours il a vraiment fait chaud et ça nous a pas mal fatigué. 35 degrés à l'ombre et 45 degrés en plein soleil... Alors ? Qui veut venir nous voir ?

Nous avons fait le calcul, notre consommation d'eau est vraiment minimale :

· 8 L pour la douche

· 3 L pour boire

· 4 L pour la lessive

· 2 L pour la vaisselle

... Ce qui nous fait moins de 20 L par jour et par personne, chiffre à comparer avec les 150 à 200 L en France et les 400 L aux USA... encore une nouvelle piste de réflexion...!

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Mercredi matin, la fête bât son plein dans le petit village de Ayenyah. Les trotros quittent la route principale pour déposer des vagues entières d'invités. Les femmes ont revêtu leur plus belle robe rouge et noire, les hommes leur toge traditionnelle. Les chants s'élèvent depuis le fond du village sur les rythmes frénétiques des djumbés, c'est plus qu'il n'en faut pour éveiller notre curiosité... Nous décidons de nous rapprocher timidement de la fête !

A peine arrivés, nous sommes entrainés au cœur de la danse par les doyennes du village. Les plus jeunes restent à l'extérieur du cercle, les anciens sont assis à l'écart et sirotent l'alcool local. Cette danse reste un mystère pour nous, l'enchaînement "ouverture/fermeture des épaules, cambrure du dos, je sors/je rentre mes fesses" est un peu compliqué à coordonner pour les rigides européens que nous sommes... Mais le ridicule ne tue pas et les habitants sont trop heureux de nous faire partager ce moment privilégié. En observant un peu mieux la scène, nous constatons qu'une sorte de tente a été dressée pour l'occasion et que chacun s'y presse. En explorateur intrépide, Pierre y risque un coup d’œil... et découvre un cercueil ouvert dans lequel repose le corps d'une femme ! Nous sommes à des funérailles ! Et oui, c'est ainsi que l'on fête les morts au Ghana, à chanter et à danser des jours et des nuits entières. Et il vaut mieux, car vu le nombre de décès dans la région (dont une bonne partie à mettre sur le dos du SIDA, mais aussi de la malaria) les gens passeraient leur temps à pleurer...

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Mama Lisa is amazing.

Elle a crée Orphelinats d'Afrique en 2002, et tout ce qui a été réalisé depuis nous laisse bouche bée.

A commencer par l'orphelinat tout à fait charmant dans lequel nous travaillons, conçu par Architectes sans Frontières, construit selon les méthodes traditionnelles, avec les compétences locales. En tant que bonne mère de famille, Mama Lisa ne néglige rien en ce qui concerne l'éveil de ses 38 petits protégés!

Le sport se pratique tous les samedi matin des 6h30. Deux ex-professionnels de football viennent bénévolement entraîner les équipes de l'orphelinat et du village voisin. Et le dernier événement sportif date de ce week-end, lorsque les gardes du corps du vice président (plutôt impressionnants d'ailleurs!) sont venus passer une partie de la journée de samedi à l'orphelinat, pour disputer des matchs de football et ... danser!!!

La musique a trouvé son créneau le dimanche après midi avec Rastaman! Il fait vibrer frénétiquement les djumbés des garçons au rythme de son sang (dixit Rastaman) pendant que les filles répètent leurs chorégraphies avec leur professeur de danse et de chant. Tout se transmet par tradition orale, alors les rythmes et les chants sont répètes jusqu'a ce que tout le monde connaisse sa "partition" par cœur, et gare à la colère de Rastaman en cas d'erreur!!!

Coté intellectuel une vraie bibliothèque est disponible à l'orphelinat. On y trouve des bouquins pour tous les âges, depuis ceux qu'on lit aux petits avant de dormir, en passant par les bouquins d'étude et les romans en français, anglais et espagnol.

Et dans la bibliothèque, luxe suprême, une télévision et un lecteur DVD! Même si l'utilisation en est stricte (la télévision n'est autorisée que les vendredi soir et samedi soir), Mama Lisa ne manque pas de leur fournir des reportages instructifs des que l'occasion se présente, les derniers en date étant des documentaires sur l'Apartheid suite à son voyage en Afrique du Sud.

Mais tout cela ne nourrit pas me direz vous! N'ayez crainte, les menus sont établis une semaine à l'avance pour les 3 repas, de façon à apporter le meilleur équilibre nutritionnel possible. Évidemment toutes les vitamines ne peuvent pas être au rendez vous comme dans nos contrées occidentales car certains fruits et légumes coûtent cher. Mais de généreuses donations locales aident régulièrement pour l'apport en fruits, et des compléments en vitamines sont donnes aux enfants tous les matins.

Et la santé dans tout ça?

Évidemment Mama Lisa y a pensé aussi. Un médecin cubain se rend bénévolement à l'orphelinat tous les vendredi, afin de suivre les enfants qui ne vont pas a l'école, c'est à dire les plus petits et les handicapés.

Les deux Mamas en charge de ces derniers ont même suivi un stage spécifique afin de savoir leur dispenser les massages nécessaires, en fonction de leur handicap. Ils ont d'ailleurs chacun leur paire de chaussures spéciales et d'attelles pour travailler la marche tous les jours.

Certains des enfants ont des besoins encore plus spécifiques car ils pressentent des formes d'autisme ou de troubles du langage. Pour ceux-la Mama Lisa a trouvé un système de "sponsoring" : une personne est garante (financièrement parlant) du suivi psychologique et spécifique régulier de l'enfant.

Tous les enfants ont une assurance personnelle (c'est rarissime ici vous vous en doutez!), et prochainement ils subiront tous un prélèvement sanguin afin de détecter de façon préventive leurs éventuelles carences ou maladies.

Et bien sur une pharmacie conséquente, principalement alimentée par les donations, est disponible sur place pour tous les petits et gros bobos!

En plus de tout cela, une vraie chaîne de volontaires est en place, tout au long de l'année, depuis les quatre coins du Monde ou presque! C'est une vraie chance pour les enfants, car en plus de l'amour, des jeux et de l'aide qu'on essaie tous d'apporter au quotidien, ils ont l'occasion de s'ouvrir à l'étranger et d'avoir un point de vue extérieur sur tant de sujets...

Alors bien sur, ces enfants sont là parce qu'ils ont un réel besoin et ils n'auront certainement jamais la chance de grandir dans une vraie famille. Mais à coté de cela ils ont tellement plus de chances de rester en bonne santé, de suivre des études, de s'ouvrir au monde que beaucoup d'autres enfants du Ghana...

Mais tout ceci n'était que la "routine" déjà en place. Nous n'avons pas encore aborde le chapitre des nombreux projets de Mama Lisa! Deux d'entre eux sont déjà avancés : il s'agit de la construction d'un terrain de jeux, ainsi que d'une petite piscine pour les handicapes dans l'orphelinat.

Mais ce sont des projets mineurs par rapport aux autres, en termes d'ampleur et d'investissement.

A commencer par le prochain orphelinat en construction, assez proche de l'existant mais beaucoup plus grand (200 places) avec une école intégrée, et des projets de "farming" pour être autosuffisant sur certains produits (œufs, légumes, ...).

Mama Lisa supporte aussi beaucoup d'autres orphelinats du Ghana, et tente de recenser les besoins existants en termes d'orphelinats, mais aussi en termes de scolarisation dans les villages reculés où l'école n'est pas accessible.

Elle est aussi impliquée dans beaucoup de projets de prévention contre le SIDA et de suivi de grossesse. En effet un des problèmes au Ghana est le taux de mortalité infantile d'une part, ainsi que le taux de mortalité des mères suite à l'accouchement...

Après tout ça, Mama Lisa a encore assez d'énergie pour jouer au football ou au handball avec ses petits protégés!

Alors, maintenant que vous avez la recette vous êtes prêt à adopter 38 enfants???

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23/02/2006

'"Les blancs ont toujours une montre mais ils n'ont jamais le temps." Proverbe africain

Swimming Pool

Le week-end est propice aux excursions avec les enfants. L'autre jour nous nous faisions une joie de les emmener à la piscine. La sortie était prévue depuis le début de la semaine et tout le monde était impatient (spécialement les handicapés car ils ont peu l'occasion de sortir). Nous émettons l'hypothèse d'appeler la veille pour confirmer mais on nous répond que ce n'est pas nécessaire.

Le samedi donc, vers 13h30 au lieu des 9h00 prévues, nous nous entassons à une vingtaine dans le van et nous voilà parti en direction d'un complexe hôtelier en mesure de nous accueillir. Arrive sur place, déception, la piscine est en maintenance et il est impossible de se baigner...

Déçus, nous rebroussons chemin à la recherche d'un plan de secours. Nous n'aurons pas à le chercher bien longtemps car le van s'immobilise sur le bas côté pour un problème mécanique. Le temps d'aller chercher de l'aide à la station service (qui par une chance inouïe se trouvait a 200 m), nous repartons vers Somanya à la recherche de glace et de boissons fraîches pour noyer le "chagrin" des enfants. Pas de glace ni de boisson, mais un nouvel arrêt à cause du moteur... un peu de sport, on pousse le van pour redémarrer.

Finalement nous sommes vraiment bien à l'orphelinat et du coup Mama Lisa a décidé d'y faire creuser une piscine !

Internet Comme vous avez pu le constater à la lecture de nos messages, il est relativement facile de se connecter au web dans les environs d'Accra.

Alors que certaines régions reculées de France (Gournay/Marne par exemple, voir le commentaire désespère de JPM) ne sont pas encore couvertes par l'ADSL, nous sommes parvenus à envoyer des emails avec des pièces jointes de 7 Mo !

Le "problème" ici est que la qualité de la connexion est très, mais alors très variable et aléatoire... Les coupures de courants arrivent généralement sans prévenir (il est alors extrêmement difficile de se faire rembourser son heure d'Internet payée à l'avance) et les vitesses de connexion varient d'un instant à l'autre (comme aujourd'hui, mon poste fonctionne presque bien quoique très lent alors que Ana à coté de moi mets 10 mn pour afficher une page... y en a qui sont pas doués...).

Public Transport

Pas de métro au Ghana, mais des trotros. Le trotro est une camionnette de fabrication japonaise dont l'état générale est a l'image de la connexion internet. Dans celui de ce matin par exemple, on pouvait voir la route défilée à travers les trous de rouille du plancher.

Pas d'horaire, pas d'arrêt de trotro, il suffit de se poster au bord de la route et ... d'attendre. Vous n'attendez généralement pas longtemps, mais parfois les trotros sont complets alors il faut en laisser passer plusieurs avant de monter. Un peu comme avec les rames de métro, sauf qu'au lieu d'être coincé à Châtelet les Halles, vous patientez à l'ombre d'un palmier avec vue sur une plantation de mangues !

Nous avons été agréablement surpris pas l'état général des routes qui est digne de nos chères nationales et départementales. La police est peu regardante, même si l'autre jour nous avons eu le droit à une réflexion parce que nous étions un peu trop dans la voiture.

L'auto-stop fonctionne incroyablement bien, surtout lorsque vous êtes un "ô brunie" (un blanc quoi...). Cela nous a permis de faire des rencontres bien sympathiques et de rouler en voiture climatisée !

Coming Next

Nous rédigeons cette note depuis Akosombo, sur les rives du lac Volta, où nous sommes en repérage pour organiser notre semaine de vacances (nous travaillons 6 jours/7 depuis 4 semaines, voilà pourquoi).

Nous prendrons le 6 mars un ferry depuis le sud du lac jusqu'a Yeji, environ 200 kms plus au nord. Nous redescendrons ensuite par l'intérieur des terres, entre le lac et la frontière togolaise, il parait que c'est très sympa. Mais patience, nous vous en dirons plus prochainement.

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27/02/2006

Un médecin cubain vient bénévolement ausculter les enfants chaque vendredi. Il a été envoyé par son gouvernement au Ghana comme 240 de ses confrères dans le cadre d'un accord signé en les deux pays.

2 ans en Afrique, 1 jour de repos par semaine, 1 mois de break après un an sur place et comme quasiment tous les cubains 30 dollars de salaire mensuel... Merci Fidel ! Lors de son jour de repos, il est obligé d'indiquer à son supérieur l'endroit qu'il part visiter. Avec 1 jour de libre par semaine et 1 dollar/jour il ne peut aller bien loin de toute façon... D'autant plus que comme il est blanc, il est classe dans la catégorie ''oh bruni'' et donc on ne lui fait pas de cadeau sur les prix...

Bon, évitons de trop noircir le tableau. Il a quand même eu la possibilité de venir avec sa femme, médecin elle aussi. Mais l'Etat a préféré garder leur fille pour le cas ou ils auraient eu la bonne idée de ne pas rentrer !

Lui a l'air heureux comme ça et est très fier de son pays. L'éducation, la santé sont gratuites pour tous, et tous les cubains (je dis bien tous) ont la possibilité, si leur niveau le permet, de poursuivre de longues études. Les produits alimentaires de bases sont également quasi gratuits.

Mais là s'arrête le miracle cubain. Impossible pour eux de voyager ou de s'acheter une voiture. Ils sont espionnés en permanence et rappelés à l'ordre lorsqu'ils essayent de s'ouvrir au monde extérieur. Pour leur en donner un aperçu, le gouvernement les envoie au Ghana ou en Bolivie, cela leur donne l'impression de ne pas être si mal lotis que ça... Et finalement on se dit qu'on a bien de la chance d'être nés en France.

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03/03/2006

From Auntie Ana :

Je prends mon rôle d'infirmière à cœur ! Je cours après les malades à chaque fin de repas pour m'assurer qu'ils prennent bien leurs médicaments car il faut souvent les rappeler à l'ordre. Par contre les enfants n'hésitent pas à venir me trouver pour montrer chaque jour un nouveau bobo à soigner...

En tant que bonne infirmière, je me suis décidée à accompagner Gifty à l'hôpital. Elle doit s'y rendre tous les deux jours pour soigner une vilaine blessure à la jambe. Un jour ou elle était sortie de l'orphelinat alors qu'elle n'en avait pas le droit, elle s'amuse avec une amie à courir après une biquette, mais finit par tomber et se blesser à la jambe. De peur d'être punie, elle ne dit rien à personne et laisse la plaie sans soin.

Lorsque quelques jours après quelqu'un finit par découvrir la blessure et décide de l'emmener à l'hôpital, le mal est déjà profond et le docteur nous a confié récemment qu'il avait eu peur de ne devoir amputer la jambe de la petite. La pauvre Gifty est restée plus d'un mois a l'hôpital, accompagnée d'une des Mama pour veiller sur elle jour et nuit. A force de soins, la jambe est sauvée et Gifty est revenue à l'orphelinat, mais doit se rendre tous les deux jours à l'hôpital pour se faire désinfecter et panser sa plaie. Une heure d'attente dehors sur un banc et c'est notre tour. Nous poussons une porte voilée d'un rideau et nous voilà directement dans la salle "d'opérations" ! Quelle n'est pas ma surprise lorsque l'infirmière (la vraie) enlève le bandage de Gifty... L'os est apparent et un trou d'une dizaine de cm de long apparaît, je vous passe les détails, un vrai cours de médecine ! L'infirmière désinfecte tranquillement la plaie à vif dans la chaleur ambiante sans que Gifty ne geigne la moindre plainte. Elle repart clopin clopin sur ces béquilles le sourire aux lèvres.

Autant dire que je suis sidérée par cette scène, mais si je ne laisse rien paraître.

Avant de partir, je fais un petit tour dans l'hôpital ou une centaines de personnes s'entassent dans 2 salles d'attentes ouvertes sur l'extérieur et attendent patiemment pour une consultation. En me frayant un passage parmi les malades, je ne peux m'empêcher de me demander avec quelles maladies je vais repartir...

Pour soigner tout ce monde, seulement 2 médecins ! Notre fameux cubain... et sa femme. Ils voient environs 140 patients par jour, alors évidemment le diagnostic doit être rapide et se trouve être 99% du temps malaria, anémie, fièvre typhoïde ou hépatite. Dans tous les cas c'est à prendre au sérieux. Mais malgré tout personne ne se plaint jamais, ce qui n'est pas forcement bon, car ils arrivent parfois un peu trop tard à l'hôpital...

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On voulait voir du pays ? On a été servi ; sortir des sentiers battus ? On n'a pas été déçu.

Depuis la ville d'Akosombo, nous avons pris le ferry pour rejoindre le nord du lac Volta. Sur le bateau, pas de cabine, alors comme tous les autres nous avons dormi sur le pont. Un vieux bout de mousse dégotté dans un recoin fit office de paillasse improvisée.

Voulant éviter la ville peu accueillante de Yeji (dixit notre guide de poche), nous débarquons 18 heures plus tard à Kete Krachi. Nous espérons trouver un transport qui nous emmènera le jour même à Bimbilla plus au Nord, malheureusement le bus est déjà parti et il est impossible de quitter la ville, pas même en stop. Apres un court moment de déception nous prenons nos quartiers dans le seul hôtel de la ville.

Pas un seul "O'brunie" dans les parages, nous sommes ravis, d'autant plus que l'accueil des gens est encore une fois chaleureux. Nous profitons de l'après-midi pour se balader sur les berges du lac. Des gens y pêchent, y font leur lessive, sous le regard de quelques rapaces qui terrorisent bien malgré eux Anne-Laure.

De crainte de rater notre seule chance de quitter Kete Krachi, nous sommes les premiers le lendemain matin à la station de bus. S'en suivent 5 heures de piste poussiéreuse et cahoteuse a trente entasses dans un vieux Mercedes passe partout. Entre les chèvres, les nids de poule à éviter, le bac du Volta à attendre, les kilomètres défilent lentement. Le chauffeur est prudent (pour une fois) et adroit, c'est rassurant.

Nous arrivons vers 13h30 à Hohoe, et avons juste le temps de sauter dans un tro-tro pour l'étape suivante; 1 heure et une panne plus loin, nous voilà dans le charmant village de Liati Wote.

150 kilomètres parcourus dans la journée, nous sommes bien loin des belles routes d'Accra. Nous voilà bel et bien au fin fond du Ghana!

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Question de référentiel

"Il y a 3 vérités : La tienne, la mienne et la vérité." Proverbe africain

"Tu vois, je suis plus grand que mon ami. Maintenant, s'il monte sur son vélo, il est plus haut que moi, mais je reste le plus grand." Et bien pour les montagnes ghanéennes, c'est le même principe...

L'Est du pays abrite une petite chaîne de montagnes qui délimite la frontière avec le Togo. L'une d'elle, le Mont Afadjato, est le point culminant du Ghana (885 m). A son pied, se trouve le ravissant petit village de Liati Wote. Des allemands y ont développé des projets d'écotourisme il y a quelques années, c'est pourquoi ici vous pouvez manger des champignons de culture, ou bien déguster un miel délicieux. Au passage, ils ont du inculquer aux habitants leur conception de la propreté, car (et pour la première fois au Ghana) pas un papier ou plastique ne traîne à Liati. Il y a une poubelle tous les 50 m, c'est incroyable !

Le lendemain de notre arrivée, tôt le matin, nous entreprenons les 2 heures "d'ascension" qui doivent nous mener au sommet. Le sentier est raide mais bien entretenu, la végétation luxuriante (comme d'habitude pourrait-on dire). Au bout d'une heure et quart, nous atteignons un premier pic qui nous permet d'avoir un beau panorama sur toute la région et une partie du lac Volta, à 15/20 km vers l'Ouest. Pour atteindre le sommet final, il nous faut redescendre sur une petite crête, la longer, puis remonter un peu plus loin. C'est ici que les choses se compliquent : 50 m plus loin, le chemin qui semble y mener se sépare en deux. Coté gauche, une descente vertigineuse qui ne peut nous mener vers les hauteurs, coté droit, le chemin s'avère rapidement impraticable, la végétation étant trop dense... Nous tournons en rond 30 mn, puis décidons de redescendre au village pour demander la route. Pierre est furax, il n'a pu faire "son sommet" (comme d'habitude pourrait-on dire...).

En bas, nous croisons Kofi, le responsable de la Guest House où nous avons élu domicile.

"Comment on fait pour monter là haut ?" lui demande t'on.

"Ben tu suis le sentier, la montagne est juste devant toi.

- Celle-là tu veux dire ?

- ah non, celle-ci." Et il nous montre le premier sommet que nous avions atteint.

"Mais comment ce pic peut-il être le point culminant du Ghana, alors que la montagne juste derrière est plus élevée ?" demande Pierre dubitatif.

"Parce qu'il a été mesuré depuis le niveau de la mer, il est donc bien plus grand que la montagne derrière, posée sur la crête, qui n'a été mesurée elle que depuis le bas de la vallée..."

C'est ainsi que le pauvre Mont Aduadu, sûrement le plus élevé du pays (flirtant avec les 1000 m), n'a pas toute la reconnaissance qu'il mériterait ! Nous profitons de l'après midi pour rejoindre une petite cascade. Papillons et fleurs multicolores au rdv le long du chemin.

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Togoland

German Togoland, c'est le nom qui avait été donne entre 1898 et 1918 au présent Togo et à la région de la Volta qui appartient aujourd'hui au Ghana. A l'issue de la première Guerre Mondiale, les allemands se firent expulser du coin, le Togo revenant aux Français, la Volta aux Anglais. C'est ce qui explique la présence de plusieurs projets de développement pilotés par nos chers voisins d'outre Rhin en Volta.

Plutôt que d'emprunter un chemin exclusivement tracé pour les touristes à la conquête du point soi-disant culminant du pays, nous décidons de rejoindre Kuma Bala, premier village togolais après la frontière. La végétation est encore humide de la pluie torrentielle de la veille, si bien qu'après 30 minutes de marche nous sommes trempés. Le chemin est nettement plus agréable que les pentes escarpées qui mènent à l'Afadjato.

Nous traversons de petites plantations disséminées dans la forêt. Nous croisons des paysans Togolais qui se rendent dans leurs champs côté Ghanéen. Ils nous disent bonjour en Français ("Bonne arrivée!"), ne manquent pas de nous renseigner sur le chemin à suivre, et de nous proposer les fruits de leurs récoltes (bananes, avocats). En fait, de nombreuses familles vivent de part et d'autre de la frontière, une frontière que les gens franchissent à leur guise, le sentiment d'appartenance régionale nous paraissant ici nettement plus important que la nationalité. Si les uns apprennent le français à l'école, les autres l'anglais, tout le monde se comprend grâce au dialecte local (sauf nous...!).

Après une heure au Togo, nous rebroussons chemin pour rentrer au pays. Sur le retour nous en profitons pour rejoindre un petit sommet, pour le plaisir du panorama sur le lac Volta, et pour la plus grande joie de Pierre-Antoine!

Nous quittons le soir même, non sans un pincement de cœur, le petit village de Liati Wote, pour rejoindre Tafi Atome, un sanctuaire de singes.

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Vivre une expérience de volontariat, ça fait forcement réfléchir, et d'autant plus lorsque "par hasard" pendant cette période on est amené à lire un livre qui traite de développement. (Sam, je cite mes sources : Le développement a t'il un avenir ?, ATTAC, édition mille et une nuit, 2004).

Depuis 1960 les assemblées de l'ONU proclament des engagements en faveur du développement, ceux-ci ayant pour but de faire reculer la pauvreté a l'échelle de la planète. En 2006, force est de constater que l'objectif n'a pas été atteint (chiffres sortis des rapports du PNUD - Programme des Nations Unies pour un Développement) :

1) La pauvreté ne recule pas

Sur 6 milliards d'habitants, 2.8 milliards vivent avec moins de 2 dollars/jour, soient près de 50% de la population mondiale.

2) Les inégalités s'accroissent

En 1960 l'écart entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres s'inscrivait dans un rapport de 1 à 30, il était en 2004 de 1 à 80... Ce constat est également valable pour les pays dits développés. La croissance économique profite essentiellement aux plus riches. Aux USA en 1979, le revenu de 1% des familles les plus riches étaient 10 fois supérieurs aux revenus de la famille médiane. En 1997, il était 23 fois supérieur.

3) L'Etat de la planète sur le plan environnemental se dégrade en corrélation avec le développement industriel du XXème siècle

Les ressources énergétiques d'origine fossile s'épuisent. 25, 50, 100 ans ? Les analystes ne sont pas d'accord entre eux, mais il est certain que le pétrole viendra à manquer dans un avenir proche, sans pour autant que soit mis en oeuvre un véritable programme de substitution. Pour le reste, la liste est longue et déjà connue : détérioration de la qualité de l'eau, de l'air, réchauffement climatique...

Le mirage du développement

Mirage, car il est tout simplement impossible pour l'ensemble des habitants du monde d'espérer un jour atteindre le niveau de vie moyen d'un occidental, il faudrait les ressources de 4 à 6 planètes terre pour cela ! A moins que les pays développés ne réduisent considérablement leur train de vie... Comme ils n'en ont aucunement l'intention, les efforts fournis par les pays riches pour aider les pays pauvres sont dérisoires : 51 milliards de dollars d'aide publique mondiale au développement en 2002 alors que le seul budget militaire des USA avoisine les 400 milliards de dollars la même année...

Renoncer au développement ?

Cela parait inconcevable du point de vue des sociétés occidentales. En 1 siècle les progrès ont été considérables et personne ne se verrait vivre aujourd'hui comme vivaient nos grands parents. Le problème est, qu'à l'échelle de la planète, le développement n'a profité finalement qu'à un très petit nombre d'individus et qu'à l'intérieur même des sociétés occidentales il a été (est toujours) inéquitablement réparti.

Alors que faire ?

C'est bien ce que je me (vous) demande. Vu le chemin choisi, il n'y a pas de place pour tout le monde en première classe et il vaut mieux être prêt à marcher sur la tête de son voisin pour monter dans le train. Le monde d'aujourd'hui (et sûrement d'hier aussi) s'apparente à la loi de la sélection naturelle. Mais les des sont pipés. Car si les occidentaux malades ont la possibilité d'acheter au moins un billet en seconde, les paysans africains en bonne santé n'ont pas accès au quai...

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La Citrouille est sur les ondes Ghanéennes !!!

Thomas, animateur sur Radio Universe (radio universitaire), nous a aujourd'hui "interviewés" sur Orphanage Africa et notre expérience de volontaires au Ghana pendant presque une demi-heure.

Nous étions ravis de nous trouver dans un studio d'enregistrement radio, même si le nombre d'auditeurs est légèrement inférieur à Tout le Monde en Parle...

Si vous aviez capté nos ondes vous auriez pu téléphoner pour jouer avec nous : "Pourquoi la drogue est-elle interdite en prison?" Attention il faut faire des jeux de mots! -> Réponse dans le prochain numéro!

Vendredi dernier nous avons également emmené 6 de nos petits protégés à l'école française d'Accra pour passer la journée dans une classe de maternelle moyenne section. Ils étaient tout simplement émerveillés par tous les jeux qui s'offraient à eux et leur bonheur était communicatif. Au programme en une matinée : pâte à modeler, sable, vélo, diapositives, peinture, sport en salle, goûter et recrées... bien plus que ce qu'on fait en une semaine à l'orphelinat!

De plus l'accueil de la maîtresse Nathalie et de ses assistantes était particulièrement chaleureux et la journée restera mémorable pour nos bambins et nous!!!