Sur la route de l'Amitié, entre Lhassa et Kathmandu, il y a un petit détour qu'il ne faut pas manquer, celui du Camp de Base de l'Everest (EBC). Le seul problème, c'est que cet endroit unique est la chasse gardée des agences de 4x4 qui proposent depuis Lhassa des tarifs bien trop élevés. Aussi, depuis 3 jours, nous enchaînons stop et transports publics, et ce n'est pas chose facile au Tibet. Tout d'abord parce que les bus publics n'acceptent pas toujours les étrangers, et ensuite, le stop étant officiellement "interdit", les chauffeurs de camions ont quelques réticences à prendre les auto-stoppeurs vu les sanctions qu'ils encourent. Ainsi, nous avons enchaîné entre Samye et Shigatse : un premier bus, puis un premier stop dans un van, un deuxième, puis un tracteur, et enfin un bus de touristes chinois tout heureux de nous emmener pdt quelques heures (ils étaient morts de rire de nous voir à l'arrière du tracteur...)... Tout ça pour 9 heures de trajet et 200 kms environ...
Nous sommes également restes bloqués une journée à Shigatse (2ème ville du Tibet quand même, et lieu de résidence du Panchen Lama), faute de pouvoir trouver des transports pour New Tingri, la destination suivante. Cet heureux contretemps nous a permis d'assister à une grande fête religieuse dans le monastère : la danse des masques, une cérémonie colorée qui a lieu 3 jours par an et qui rassemble tous les moines de Shigatse ainsi que des milliers de pèlerins.
Nous faisons ce jour là connaissance de Bronwen et Bradley, un couple Sud africaine/australien résidant en Chine. Ils veulent se rendre à Kathmandu et ils voyagent comme nous ! Notre petite équipe ne se quittera plus jusqu'au Népal. Bradley parle couramment chinois ; cela nous permet de demander à un intermédiaire de nous acheter (moyennant commission...) des billets pour le bus public qui part à New Tingri le lendemain matin. Nous y arrivons après 8 heures de routes et de pistes chaotiques, au milieu de paysages grandioses :
Le camp de base n'est plus qu'à 3 heures de piste, mais il nous faut trouver un moyen d'y aller. Nous n'avons pas à chercher trop longtemps, un chauffeur de camion se présente spontanément. Ses tarifs sont exorbitants (17 euros/personne), mais nous n'avons pas le choix : nous sautons sur l'occasion ! Il nous explique son plan pour passer sans encombre les différents "barrages" et nous décollons vers 17h15, une heure un peu tardive pour prendre la route du camp de base... Ne voulant pas que les habitants voient son petit manège au risque de se faire dénoncer, nous marchons tout d'abord 30 minutes, puis il nous cueille sur le bord de la route.
Peu avant le contrôle d'entrée du Parc National, il nous pose, nous passons le contrôle à pied ("Vous montez à pied à cette heure la ? - Oui, oui Monsieur..."), puis il nous reprend plus loin dans le creux d'un virage. Au fur et à mesure que les virages en épingle défilent, nous nous élevons lentement. Le temps est magnifique, et le soleil couchant frappe d'une lumière horizontale les versants des montagnes qui s'illuminent.
Depuis la benne du camion, nous sommes littéralement subjugués par les paysages extraordinaires qui s'offrent à nous. Le camion passe un col à 5200m et nous le découvrons enfin, au loin : l'EVEREST ! Nous jubilons comme des gamins !
Nous ressautons vite dans la benne, car il reste encore pas mal de route. La nuit tombe, la température aussi et nous arrivons à moitié congelés et morts de faim à 22h30 au monastère de Rongbu pour y passer la nuit. L'accueil glacial n'est pas des plus sympathiques. L'endroit est complètement dénaturé par le tourisme, il ne faut pas venir ici pour rencontrer la culture tibétaine, mais bien pour y voir l'Everest... Demain, 2 à 3 heures de marche nous mèneront au pied du géant mythique, mais pour l'instant, il est temps de se rassasier avec une soupe de nouilles puis d'aller se réchauffer dans le sac de couchage...