Que de choses à vous raconter depuis ces 20 derniers jours, entre l'altitude et le froid des montagnes, et la moiteur et les frissons de la jungle GRRRR.... Nous n'avons pas le temps ici de tout vous narrer, mais nous allons quand même vous conter quelques petites anecdotes :
Mise en jambes tranquille les 6 premiers jours avec un temps magnifique et des sommets (vue d'en bas) somptueux, entourés de pics de 7 à 8000 mètres, on se sentait vraiment comme des petites fourmis (nous étions alors entre 1000 et 2500 m d'altitude).
Rencontre avec les Yacks sur les pentes du Pisang Peak, face à l'Annapurna Puis les choses sérieuses commencent avec la montée aux différents camps (de base et d'altitude du Pisang Peak, respectivement à 4300, 4600 et 5200 m) : Ça caille la haut, on se les gelait, même dans la tente enfouis dans nos triples épaisseurs de duvet, pas question de mettre le nez dehors après le couché du soleil, juste la zigounette de temps à autre pour évacuer le « black tea ». Nous avons tous eu chacun notre tour les symptômes du mal de l'altitude (nausée, mal au crâne, pas envie de manger...) qui se sont vite estompés pour Franck et Anne-Laure, mais pas pour Pierre qui a assisté bien malgré lui au départ de ses petits camarades à l'assaut final du Pisang Peak en pleine nuit, le cœur serré de ne pas pouvoir les suivre, se faisant un sang d'encre pour leur sécurité. Franck et Anne-Laure atteignirent 5800 m dans le froid et l'obscurité (ils avançaient à la frontale) sur les 6091 m après avoir traverse des névés, longés des crêtes vertigineuses, pendouillant au bout d'une corde... plutôt pas mal pour nos deux novices en escalade, perdus entre les nœuds, les jumards, les descendeurs, les harnais, les mousquetons...
Ils renoncèrent à la vue de la raideur de la paroi finale qui les attendait au petit matin. La descente fut plus rapide puisque nous redescendîmes (du ciel) en 5 heures ce que nous avions péniblement grimpés durant les trois jours précédents. Bonjour les courbatures aux cuisses et aux épaules (eh oui nous avions de gros sacs à dos) le lendemain matin !!!!!
Poursuite plus tranquille les deux jours suivants (qui parurent tout de même long à notre courageuse Anne-Laure tellement elle avait donné, donné, donné et encore donné....) avant la dernière difficulté du parcours : le délicat passage du Col mythique - Le Thorong Pass (où tout le monde ne passe pas) - à 5416 m. Pour augmenter la difficulté du challenge, nous décidons de surprendre le guide et les porteurs (qui doutaient de nos capacités après "l'échec" du Pisang Peak) en leur proposant de finir les deux dernières étapes en une seule journée de marche, dans le but de prendre du repos à Pokhara.
Départ de Throng Phedi 4400 m à 3h30 du mat, montée à 5416 en 3h30, accueilli par un vent à décorner des Yaks, et faire congeler les pieds de Laurette, qui croyait bien que, comme Maurice Herzog, on allait lui amputer les doigts de pied (remarque, notre guide Nawang pouvait toujours lui en refiler un car il a six orteils au pied gauche...). Après un feu de camp improvisé dans une cabane délabrée au col (allumé avec des bout de boite d'emballage de medoc), nous répartîmes en entier le moral un peu meilleur pour une descente vertigineuse de 2600 m et 25 kms au total, soit plus de dix heures de marche. En arrivant, le guide et les porteurs nous ont avoué qu'on les avait bien fatigués !