Autour des Annapurnas

Nos premiers pas au Népal, pays qui nous a marqué par sa diversité, ses montagnes et le sourire de ses habitants.
Novembre 2003
4 semaines
1

Nous démarrons par une visite très touristique de Durbar Square (place de l’ancien palais royal), impressionnant par le nombre et l’envergure des temples bouddhistes et hindouistes. Nous avons ensuite marché jusqu’à Swayambhunath (également appelé "Monkey Temple"), d’où nous avons pu contempler l’étendue de la capitale, tout en visitant l’un des Stupa les plus « stupafiants » du pays (le Stupa est un monument en forme de dôme, blanc, surmonté d'une colonne pyramidale sur laquelle sont dessinés les yeux de Bouddha... dur à décrire, un peu kitsch mais extraordinaire sur place!). Quel comité d'accueil... des dizaines de macaques en liberté nous attendaient, nous n'étions pas très fiers au début car si les petits sont adorables, les mâles sont costauds et impressionnants, surtout lorsqu’ils retroussent les babines faisant apparaître des crocs pointus lorsque vous avez l’imprudence de vous approchez un peu trop près…

Pour rentrer sur Kathmandu, nous avons emprunté des petites rues sinueuses, très typiques, nous plongeant dans le cœur de la vie des népalais qui vivent dans la rue : rasage, toilette, lessive, abattoir (hmmmm!). Le soir nous atterrissons dans une gargotte où par crainte d'être malades nous commandons d'abord une seule assiette puis 2 puis 3 tellement c'était bon! Pour finir nous buvons un coup avec toute l'équipe (la Momo team) du bouiboui !

Mardi matin nous sommes partis pour Kirtipur (petit village médiéval à l'ouest de Kathmandu). Nous avons été surpris par l'authenticité de la vie des villageois et de leurs sourires, assistant encore une fois à des scènes de vie qui surprennent et ébahissent les petits occidentaux que nous sommes... Imaginez une doctoresse auscultant un à un les patients sur la place du village, des femmes faisant sécher le riz au soleil, recouvrant des rues entières d'une fine pellicule…

Direction Patan pour un autre Durbar Square (voir lundi !) pour encore et encore une multitude de somptueux temples richement décorés et recouverts de sculptures érotiques (ici ils ont 84 positions, ils ont encore des choses à apprendre...!). Le soir, direction notre charmante famille népalaise qui nous avait invités à dîner le dimanche (vous suivez?). Nous avons passé une soirée magique, pleine de bonne humeur, alternant les devoirs de mathématiques de l'aînée des 3 enfants (Sushma), partie de badminton avec le petit, discussions autour du cinéma népalais (le père travaille dans un cinéma) et les recettes de cuisine avec la maman. Comme toujours malgré quelques craintes, le repas népalais constitué de riz, lentilles, poulet, pickles, légumes au curry était excellent et ne nous a pas rendu malades. Nous devons les revoir la veille de notre retour pour passer une soirée en ville avec le jeune frère de la mère avec qui nous avons sympathisé.

Aujourd'hui mercredi, rien d'exceptionnel : location et checking du matos d'alpinisme en compagnie de notre futur guide Nawang. Une journée de dures négociations pour les achats du matériel manquant : crampons, lunettes, piolets, harnais, et surtout … bouteilles d'oxygène ;-)

On vous laisse, un bon petit resto népalais nous attend !

2

Les deux derniers jours ont été à la hauteur des premiers, voir plus.... Hier nous sommes allés à Boudhnat admirer le plus grand stupa du pays, 100 m de circonférence, impressionnant le bougre. C'est l'un des endroits où la communauté tibétaine du Népal a élu domicile. Taxi jusqu'à Sankhu (et non Sankoku, pour les fans de dragon ballZ) petit village de paysan, point de départ de notre longue rando de la journée. Nous avons rejoint un temple nommé Changu Narayan en traversant une rivière, des rizières cultivées en terrasse, ainsi qu'un petit village newar où l'accueil fut une fois de plus chaleureux. Nous sommes à ce moment là heureux d'être loin, très loin des bancs de touriste et de l'air pollué de Kathmandu. Arrivée Changu Narayan en début d'après midi, où nous assistons à une « techno party » d'une école népalaise en plein milieu du temple. Nous redescendons ensuite par une longue marche à travers la forêt, les champs, et les serpents (il était tout seul... et mort) jusqu'à Baktapur juste avant la tombée de la nuit. Tout au long du parcours, les enfants revenant de l'école se joignaient à nous pour un bout de chemin tout en nous posant des tas de questions (where are you from ?, where in France ? ah Paris..., how long time in Népal ? First time in Nepal ? How do you like Nepal? bref, difficile de faire des progrès en anglais...). Nous avons passe la nuit à Bhaktapur (comme son nom l'indique l'air y est pur et surtout sans voiture), couvre feu à huit heure et dodo bien mérité pour tout le monde. Aujourd'hui, lever tôt et ptit dej au dessus des toits de la ville (quelle vue !!) avant de passer la journée à visiter tous les recoins de la ville et à déambuler sur les par terre impeccables de briques rouge. Au menu : Encore un Durbar Square, des temples toujours plus hauts, des shivas toujours très en forme (à vous de comprendre). Retour ce soir en bus local express, arrêté et fouillé par les militaires armés jusqu'aux dents à la recherche de méchants terroristes maoïstes, heureusement on s'était bien "namascachés".

Bon, il est temps pour nous de vous quitter (on va pas passer nos journées sur Internet non plus), direction un ptit bar hippie, alcool, sex and drogue.... yahoo !!!!!!

Bises, et pas d'inquiétudes pour Nicole, nous sommes armés et tout ceci n'est que pure fiction.... en fait nous sommes bloqués depuis dimanche au dutty free de Roissy Charles de Gaule, sale temps sur Paris, hein ???

Les Nepalos

3

Que de choses à vous raconter depuis ces 20 derniers jours, entre l'altitude et le froid des montagnes, et la moiteur et les frissons de la jungle GRRRR.... Nous n'avons pas le temps ici de tout vous narrer, mais nous allons quand même vous conter quelques petites anecdotes :

Mise en jambes tranquille les 6 premiers jours avec un temps magnifique et des sommets (vue d'en bas) somptueux, entourés de pics de 7 à 8000 mètres, on se sentait vraiment comme des petites fourmis (nous étions alors entre 1000 et 2500 m d'altitude).

Rencontre avec les Yacks sur les pentes du Pisang Peak, face à l'Annapurna 

Puis les choses sérieuses commencent avec la montée aux différents camps (de base et d'altitude du Pisang Peak, respectivement à 4300, 4600 et 5200 m) : Ça caille la haut, on se les gelait, même dans la tente enfouis dans nos triples épaisseurs de duvet, pas question de mettre le nez dehors après le couché du soleil, juste la zigounette de temps à autre pour évacuer le « black tea ». Nous avons tous eu chacun notre tour les symptômes du mal de l'altitude (nausée, mal au crâne, pas envie de manger...) qui se sont vite estompés pour Franck et Anne-Laure, mais pas pour Pierre qui a assisté bien malgré lui au départ de ses petits camarades à l'assaut final du Pisang Peak en pleine nuit, le cœur serré de ne pas pouvoir les suivre, se faisant un sang d'encre pour leur sécurité. Franck et Anne-Laure atteignirent 5800 m dans le froid et l'obscurité (ils avançaient à la frontale) sur les 6091 m après avoir traverse des névés, longés des crêtes vertigineuses, pendouillant au bout d'une corde... plutôt pas mal pour nos deux novices en escalade, perdus entre les nœuds, les jumards, les descendeurs, les harnais, les mousquetons...

Ils renoncèrent à la vue de la raideur de la paroi finale qui les attendait au petit matin. La descente fut plus rapide puisque nous redescendîmes (du ciel) en 5 heures ce que nous avions péniblement grimpés durant les trois jours précédents. Bonjour les courbatures aux cuisses et aux épaules (eh oui nous avions de gros sacs à dos) le lendemain matin !!!!!

Poursuite plus tranquille les deux jours suivants (qui parurent tout de même long à notre courageuse Anne-Laure tellement elle avait donné, donné, donné et encore donné....) avant la dernière difficulté du parcours : le délicat passage du Col mythique - Le Thorong Pass (où tout le monde ne passe pas) - à 5416 m. Pour augmenter la difficulté du challenge, nous décidons de surprendre le guide et les porteurs (qui doutaient de nos capacités après "l'échec" du Pisang Peak) en leur proposant de finir les deux dernières étapes en une seule journée de marche, dans le but de prendre du repos à Pokhara.

Départ de Throng Phedi 4400 m à 3h30 du mat, montée à 5416 en 3h30, accueilli par un vent à décorner des Yaks, et faire congeler les pieds de Laurette, qui croyait bien que, comme Maurice Herzog, on allait lui amputer les doigts de pied (remarque, notre guide Nawang pouvait toujours lui en refiler un car il a six orteils au pied gauche...). Après un feu de camp improvisé dans une cabane délabrée au col (allumé avec des bout de boite d'emballage de medoc), nous répartîmes en entier le moral un peu meilleur pour une descente vertigineuse de 2600 m et 25 kms au total, soit plus de dix heures de marche. En arrivant, le guide et les porteurs nous ont avoué qu'on les avait bien fatigués !

4

Samedi 22 novembre 2003, 19h. Altitude 4300m, sur les flans du Pisang Peak, massif de l’Annapurna. Température – 10°C. Le soleil a plongé derrière les montagnes depuis environ 1 heure et la température avec. Nous venons de finir un repas préparé par Dicke, le cuistot de l’équipe. Je n’ai pratiquement rien avalé car j’ai le mal de l’altitude. Mal à la tête, estomac serré, fatigue, les premiers symptômes sont apparus dans l’après-midi en montant. Je me suis réfugié dans mon duvet au chaud, en espérant que le repos sera bénéfique pour la journée du lendemain. Les népalais, au contraire, sont frais comme des gardons. Ils ont fait un feu avec du bois et des bouses de yack ramassés autour du camp. Depuis la tente je les entends rire et discuter.

Soudain, une explosion rompt la tranquillité ambiante. Le bruit est tel que le silence qui suit en est inquiétant… Mais que s’est t-il passé ? Nous sommes attaqués au mortier par les maoïstes? Les porteurs ont monté des bouteilles de gaz, je crains le pire. Quand je me décide à sortir de la tente je découvre un spectacle hallucinant…. Le camp est parsemé de braises rougeoyantes, il y en a partout dans un périmètre d’une vingtaine de mètres. Rapidement chacun vérifie que tout le monde est là et que personne n’est blessé. Voyant que c’est le cas nous nous précipitons alors à retirer les braises ayant atterri sur les tentes et à piétiner celles qui sont au sol. Puis, s’apercevant que tout danger est écarté, les népalais sont pris d’un fou rire en même temps qu’ils comprennent ce qui est arrivé : Voulant réchauffer une boite d’ananas, ils ont déposé la conserve au milieu du foyer sans même prendre la peine d’y faire un trou… Bien sur, celle-ci a littéralement explosé avec la chaleur.

Le pauvre Rinima Sherpa avait posé son tapis de sol un peu trop près du feu et vous pouvez admirer le résultat ci-dessous !!!

5

Après un passage d'une journée au bord du lac de Pokhara (somptueux) - pas de mail ce jour la car connexion était trop lente - nous primes la direction du parc National de Chitwan pour un séjour dans la jungle à la recherche du TIGER!!!

Première tentative : Départ au petit matin en pirogue, pagayant au ras de l'eau et des crocodiles dans une brume épaisse et mystique, laissant seulement filtrer quelques bruits d'animaux plus ou moins intriguant. Nous sommes débarqués au milieu de la jungle et partons armés de simples bâtons pour une marche de trois heures. A peine descendu de notre frêle esquif, notre guide nous montre une belle empreinte fraîche de... du TIGER !!!! « depuis combien de temps est-il passé ? - une heure environ… » nous répond calmement Santa.

Nous étions peu rassurés (surtout cette flipette de Franck) et le moindre bruit nous faisait sursauter et serrer les fesses. Découverte des oiseaux, de quelques singes chahutant dans les branches, marchant de plus en plus rassurés dans cette forêt dense. Quand soudain ..... Un GRRRRRR caverneux tout proche nous glace le sang. Les visages de Santa et de notre accompagnateur se figent… Il s'en est suivi un sprint à travers les lianes et les plantes carnivores dans la direction opposée. Nous nous arrêtons en Inde pour reprendre notre souffle et demander au guide quel était l'auteur de ce bruit. « Ce doit être un tigre ou un éléphant sauvage » nous répond-il. Une chose est sûre, nous ne sommes pas retournés vérifier !

Le retour au lodge est plus tranquille, nous avons déjà en tête notre safari à dos d'éléphant de l'après-midi. En effet, celui-ci fut fructueux. Nous avons pu observer de près et en toute sécurité cette fois-ci des sangliers, des biches, cerfs, crocodiles et 7 rhinocéros unicorne dont 2 petits accompagnés de leur mère. Quelle bonne expérience, de surplomber la vie de la faune du haut de ce pachyderme tranquille et attachant (quand il est domestique évidemment…). Le lendemain, nous visitons une "maternité" pour éléphant, dans laquelle nous avons eu l'immense plaisir de jouer avec un bébé de 200 kilos âgé seulement d'un mois et demi, et seulement pour nous, les photos parleront d'elles mêmes. S'en suivit un moment inoubliable : une baignade dans la rivière avec nos deux éléphants du safari de la veille, le but du jeu étant de rester en équilibre sur le dos de l'éléphant pendant que ce mammifère de cinq tonnes se roule dans l'eau en nous douchant avec sa trompe.... sensation indescriptible. Après-midi relax à l'arrière d'un jeep, armés de jumelles et d'appareils photos pour immortaliser quelques oiseaux multicolores, crocos faisant la crêpe au soleil et rhinos pataugeant dans les marécages.

Nous sommes aujourd'hui de retour à Kathmandu (What to do in Kathmandu ? Don't worry chicken curry !!) Et oui, c'est bientôt la fin, nous retournons samedi soir chez notre famille "d'accueil" pour un thé et une soirée népalaise avec le grand frère.

Les Népalos plus pour longtemps en vadrouille...