Voici 11 jours que nous étions au sommet !!!! C’est comme un rêve, et nous avons encore du mal à réaliser.
Même pour Michel et moi qui avions déjà réalisé le sommet, il est difficile « d’accepter » l’idée qu’après des jours et des heures de souffrance, nous étions à près de 8900m d’altitude 😉
Que s’est-il passé ces derniers jours?
Lundi 09.05
Comme convenu, après la Puja, voir étape 20 😉, nous préparons nos sacs pour un départ dans la nuit en direction du camp 1 – 6100m, avec la remontée dans l’IceFall (cascade de glace)
Réveil à 23h30 et p’tit dej à minuit – le porridge a tout de même du mal à passer ☹😒.
Après un tour autour du monument dont nous nous sommes servis pour la Puja et avoir jeté quelques grains de riz pour demander protection à Sagarmatha, nous voilà partis pour 7-8heures de montée (pas loin de 800m de dénivelé) dans l’Ice Fall, qui a tout de même fait 43 morts par la chute de séracs ou chutes dans les crevasses.
Ça va être une très longue montée dans la nuit, le froid, l’angoisse d’une chute, la marche sur les échelles qui apporte encore plus de risque, …
6h du matin, au moment d’une courte pause, nous assistons à l’effondrement d’un sérac de la taille d’un immeuble de deux étages - impressionnant !!
Même nos sherpas ont été impressionnés - ils se sont jetés sur la corde pour s’assurer 😊
8heures plus tard (et 13km plus loin), nous arrivons au camp 1, camp de transition où il n’y a rien (nous allons manger un repas lyophilisé 😊 et une soupe de pates – à 6000m, c’est divin 😉) et qui sert uniquement à se reposer avant de rejoindre le C2 le lendemain.
Mardi 10.05
P’tit dej à 6h30, cornflake et muesli (mélangés 😊) et c’est le départ à 8h30.
S’agissant de la combe ouest, c’est un endroit très encaissé – coincé entre l’Everest et le Nuptse, très ensoleillé, sans vent. Il va donc falloir faire très attention aux coups de soleil.
Protection vestimentaire obligatoire + crème avec indice 50+. On pourrait presque jouer dans un cirque, il nous manque le nez rouge 😉
Sur un parcours assez plat, nous rejoignons le C2 – 6465m, sous un soleil de plomb. 4km et 400m+.
De là, on aperçoit notre prochain défi : la face du Lhotse et le camp 3 au milieu, bien exposé.
Je pense que ça ne va pas être une partie de plaisir, d’autant que l’altitude augmente progressivement et que l’on va monter à 7100m, et ce sans oxygène ☹
Même si l’on est haut, ce camp permet de bien se reposer, avec – merci GLACIER HIMALAYA – de vraies tentes, de la place, une tente mess et – bravo le cuisinier – de vrais plats, très bons 😊
Un petit nettoyage, avec de l’eau chaude 😉. Ça fait du bien au moral. L’hygiène est importante, et plus particulièrement bichonner les pieds 😀, afin de s’assurer notamment que l’on n’ait pas d’ampoules ou d’irritations, ce qui pourrait devenir vite problématique, surtout à ces altitudes.
Mercredi 11.05
Départ, au soleil vers 11h30, pour la troisième et avant-dernière partie de notre summit push
Jusqu’à la rimaye, tout va bien. Ça monte progressivement, nos sacs font 12-14kg (vivres de course, boisson, vêtements pour plus haut, combinaison, frontale, …)
Et puis la rimaye est là, et on passe dans un autre univers 😯
C’est la face du Lhotse. C’est raide – pente à plus de 50°. Nous sommes à 7000m, sans Ox. Il fait chaud, le sac est lourd. Une partie de la montée se fait sur glace vive (bleue), extrêmement glissante. Pas de faute de crampons autorisée 😉
C’est l’horreur!
Finalement, nous mettrons 4h30 pour faire les 11km et les 500m+ qui nous séparaient du C3.
Encore une fois, c’est un camp de passage, histoire de se reposer. Il n’y a rien.
Les tentes sont accrochées à la paroi, sur des terrasses creusées au préalable. Nous sommes deux par tentes – au moins on se tient chaud 😉
Au menu ….. lyophilisé 😊 Pour Michel : riz, pour moi : Poulet Pates Champignons, un délice 😊
« La nuit » va se passer avec l’oxygène, afin d’économiser nos forces.
Jeudi 12.05
1h du mat, des sherpas viennent du camp de base pour « apporter » à manger et amener des produits pour le C4
-9°C dans la tente
4h30, réveil !!
Un lyophilisé de riz avalé, il faut s’habiller, ranger ses affaires et notamment son sac de couchage dans son sac de compression et tout ça :
· À deux dans la tente
· À 7100m
· Avec le masque à oxygène.
Sacré challenge !!!
Et c’est reparti, direction le C4 à 8000m.
Au-delà de l’altitude, c’est une très très très longue montée, où nous allons mettre pas loin de 8heures pour rejoindre notre prochain camp, avec 900m+ à une vitesse moyenne de …. 0,7km/h 😉 un truc de dingue et parcourir 5,4km, dans un mixte, qui conjugue neige, roche (notamment la Bande Jaune) et glace bleue.
Autant dire, que si l’on n’est pas à l’aise dans l’utilisation des crampons, on a potentiellement un gros problème.☹
Le Col Sud : 8000m, 14h
On a souvent vu cet endroit dans des films et "récemment" dans le film EVEREST de 2015.
Je confirme, l’homme n’est pas fait pour vivre ici 😉
Du vent en permanence : 30km/h, plus en rafales : 100-120km/h, un température la journée, par beau temps de -20°C.
On se pose dans nos tentes, histoire de se reposer, boire un peu et manger.
Toute l’équipe française est arrivée, sauf Yves qui nous suit et est, pour l’instant au C2.
19heures : c’est riz lyophilisé, mais ça a du mal à passer – avec l’altitude, l’appétit diminue.
On enfile notre baudrier, remettons nos bottes et nous sortons de la tente pour pouvoir mettre les crampons.
Le vent et le froid nous accueillent. Mais qu’est-ce que l’on fait là !!!!
20h15, c’est le départ : -30°C, avec le facteur vent, je n’ose pas regarder, mais c’est froid.
Face à nous, la face sud de l’Everest, longue, très très longue.
Le pas est lent, le souffle court.
On s’enferme progressivement dans sa bulle, à l’écoute de son souffle et de ses sensations : mes doigts ? mes orteils ?
Je les sens, ils bougent. Ok, je continue.
Un pas après l’autre.
Le jumar, cette poignée qui nous permet de nous « hisser », est bien pratique et facile à utiliser, …. avec des gants.
Mais quand il fait -40°C, avec du vent, il est très vite nécessaire d’avoir des moufles et forcément, ça devient compliqué – la moufle ne rentre pas dans la poignée. C’est difficile de changer régulièrement - le gant droit par la moufle, gant que l’on va mettre au chaud dans la combinaison pour quelques instants, échanger la moufle gauche par le gant gauche et le gant droit par la moufle droite - j’espère que vous avez suivi 😉
2h, le Balcony
Après un très long mixte de roche et neige, avec pleins de cordes dans tous les sens, nous voilà au Balcony, une sorte de longue arête qui va nous amener au sommet sud, à 8760m
5h, le soleil commence à poindre et …. je vois la pyramide de l’Everest par la projection du soleil sur la montagne et l’ombre apparait sur les nuages.
C’était l’un de mes regrets, où en 2018, je n’avais pas réussi à prendre cette magnifique photo car je n’avais plus de piles ☹
5h45, Sommet Sud
On voit le Ressaut Hillary, un peu de monde devant moi. Je suis extenué.
Encore au moins 1h30 pour atteindre le sommet.
C’est loin et proche à la fois, vu ce que j’ai déjà parcouru.
Michel est quelque part derrière, avec Dolma,
Adrien, Arnaud et Jonathan ne sont pas très loin devant.
Je repars, un peu tiré par mon sherpa 😊. C’est une vraie machine ce Chong bi 😊
7h40, deux heures pour atteindre le sommet, et je n’en ai pas eu conscience.
Bon, le passage du ressaut Hillary ce n’est pas un mince affaire. De la roche lisse, les crampons qui glissent sur la roche, beaucoup de monde – forcément, c’est technique, donc ça bouchonne, de la neige et de la glace, pleins de cordes de partout.
En bref, c’est compliqué.
Mais soudain, au détour de la courbe du sommet, un attroupement. Non, ce n’est pas une hallucination, c’est la fin du chemin – quoique, si l’on passe le sommet, on redescend en Chine vers le col Nord 😉 – voie par laquelle nous étions arrivés en 2018.
Grand moment d’émotion !!!!!
Enfin, ça y est.
11h30 d’efforts pour la montée. On reste calme, il y a encore la descente ☹
Il fait beau, un peu de vent, et un petit -30°C. C’est supportable non ?
Je me pose, j’ouvre mon sac, je profite.
Mon thermos a gelé, 13h que je n’ai rien bu ni mangé, mais bon, on verra ça plus tard.
J’immortalise le moment en prenant en photo ma montre qui, étonnamment, pour une fois, indique la bonne altitude 😊
Je profite du paysage, je discute avec Jonathan.
Je profite du moment présent 😀
Purée, j’ai refait le sommet !! C’est génial !!!!
Je prends quelques photos, je demande à Jonathan d’en prendre de moi et notamment avec Monsieur COSTAUD qui aura été notre mascotte tout au long de cette aventure – merci ma fifille 😊, les drapeaux et notamment celui de mon entreprise WERMA, la gourde isotherme 😊 et surtout notre nouveau produit – une colonne lumineuse, que mon directeur commercial m’avait proposé d’amener au sommet, sous une forme de challenge.
Challenge relevé et réussi 😉👍🏻
Michel n’est pas encore là.
8h20 c’est le départ, il nous reste un peu de chemin à parcourir 😉
8h30, je croise Michel, au niveau de la nouvelle station météo que les Chinois ont installé.
Il a l’air d’aller bien.
Je ne me sens pas de l’accompagner vers le sommet. Je le laisse continuer vers le bout du chemin.
40minutes plus tard, le Ressaut Hillary est passé et nous sommes au sommet Sud.
Mon sherpa me change la bouteille d’Ox.
9h20 le col Sud est visible en contre-bas
Il va me falloir encore 3h pour rejoindre ma tente.
Cela fait 16h que j’ai quitté ma tente, sans boire ni manger.
Je suis extenué mais bien, heureux, vivant.
Je m’endors d’un sommeil sans rêve, uniquement bercé par ma respiration dans le masque et surtout le vent qui souffle toujours.
Je suis réveillé par Michel, qui vient d’arriver.
A priori, tout va bien. Dendi nous apporte une mixture à base de chocolat chaud et de Porridge.
Nous avons surtout soif. Il nous fait passer du thé Noir. Trop bon.
Du fait de notre état de fatigue, nous décidons de rester dormir une deuxième nuit au C4.
En effet, redescendre au C2, nous amènerait à redescendre encore de -2600m après les -1000m du sommet au C4, et encore 5h d’efforts après les 16h déjà passées.
D’autant que, mauvaise nouvelle, le gros orteil gauche de Michel est noir. Il n’a pas aimé la combinaison chaussettes en Néoprène et le froid ☹.
La nuit va se passer presque normalement, en étant à 8000m, avec un vent type tempête, un masque à oxygène sur le nez et pour moi, une terreur soudaine en pleine nuit où je me réveille en panique – détresse respiratoire, comme si j’étouffais, alors que j’avais le masque sur le nez et la bouteille d’ox, à côté de moi à moitié remplie.
07h00, le 14 Mai.
Réveil , petit dej (mélange de cornflake et de muesli avec du lait chaud)
08h00, c’est le départ pour une longue descente vers le C2.
Un dernier regard sur ce camp et nous attaquons le mixte roche-glace avec comme difficulté supplémentaire : le croisement des personnes qui montent.
Finalement, nous mettrons 8h pour descendre, avec une pose au C3 pour tenter de boire quelque chose.
Défilé de mode au C2 😀
15 mai : retour au camp de base
Première chose : une douche !!!!! Trop bon, je vous laisse imaginer l’odeur de ma combinaison dans laquelle je baigne depuis quelques jours 😊
Ensuite, c’est restauration et recherche d’une connexion wifi 😊, ce qui est compliqué puisque nous sommes environ une quinzaine à chercher à se connecter 😉
L’après-midi, Nathalie LAMOUREUX, journaliste au POINT et écrivaine : L’EVEREST A LA FOLIE (2014, Éditions GUERIN), vient nous rendre visite pour échanger sur notre expérience du sommet, et notamment pour comprendre le contexte du vol de 45 de nos bouteilles d’oxygène par SEVEN SUMMIT TREK au C4, mettant ainsi en danger notre propre expédition (pour info, DENDI va faire un véritable travail de chasse à 8000m d’altitude et va réussir à se « dépanner d’une vingtaine de bouteilles, nous permettant de continuer)
Dans l’après-midi, deux officiels du gouvernement du Népal nous rejoignent, pour entendre notre version des faits sur le vol des bouteilles.
En fin d’après-midi, l’un des dirigeants de l’agence SEVEN SUMMIT TREK débarque dans notre tente messe avec une dizaine de personne de son équipe afin de discuter avec nous et faire cesser la campagne « d’information » et de mauvaise pub qui est en train de se reprendre. En effet, nous avons commencé à communiquer sur les réseaux sociaux, et comme vous pouvez l’imaginez, ça va très vite 😉
D’autant que :
- Les japonais en ont déjà référé à leur ambassade.
- Arnaud, travaillant à l’OMS, est fonctionnaire international
- Et Dendi a porté plainte pour vol avec mise en danger de la vie d’autrui.
Ce soir, c’est menu de fête avec notamment des crevettes grillées – à 5400m 😉
Le 16 Mai : départ pas possible – le mauvais temps s’est installé sur Lukla et les avions et hélicoptères ne peuvent pas décoller. Seuls Michel et François réussiront à prendre un hélico pour évacuation sanitaire – direction Katmandou.
17 Mai : présent sur l’hélipad à 8 heures, avec les sacs et tout, ……. décollage à 12heures, direction Lukla.
La fatigue se fait sentir 😉.
Cela a été impressionnant de voir la rotation des hélicoptères - souvent 3 en même temps sur le camp de base.
Des nouvelles contradictoires d’Yves, qui est/était dans l’ascension finale mais aurait des soucis d’oxygène. Nous ne savons pas trop s’il est bloqué au ressaut Hillary ou au sommet Sud, ou bien s’il est déjà redescendu au C3 pour hélitreuillage.
À suivre.
Nuit à Lukla.
18 Mai
7heures du mat. Dendi arrive au lodge en nous demandant de nous préparer pour départ à 8 heures.
En effet, il a « travaillé » toute la nuit pour organiser l’évacuation de Yves et de Dawa, depuis le C2, et ils arrivent.
Arrivés à l’aéroport, nous embarquons avec Yves et Dawa, qui en effet semblent en mauvaise posture. Notamment, Dawa semble avoir deux doigts gelés. Direction l’hôpital de Katmandou.
Pour notre part, installation à l’hôtel où nous reprenons nos marques, barbier pour se faire beau 😊, quelques emplettes pour le retour, avancer le vol de 15 jours, ce qui n’a vraiment pas été une mince affaire, refaire les sacs et trier.
Soirée pour célébrer ce temps passé ensemble et revivre une partie des émotions que nous avons ressenties sur ce sommet mythique.
6 semaines d’aventures, en dehors de sa zone de confort, au bout de soi-même et surtout à se dépasser.