Carnet de voyage

Everest 2018 - Versant Nord

31 étapes
184 commentaires
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yetmi
Une expédition sur le sommet le plus haut du monde à 8850m.
Du 8 avril au 26 mai 2018
7 semaines
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Mon projet Everest 2018 avance à grand pas. Plus que 2 mois avant le départ qui est le 8 Avril 2018.

Comme vous pouvez l’imaginer, il me faut jongler avec le travail – très prenant 😀, l’entrainement : 5 à 7heures d'entrainement par semaine pour varier les plaisirs : natation, VTT, course à pied orienté trail, renforcement musculaire et dénivelé - normalement en montagne mais j’habite un peu loin, alors c’est escaliers et côtes.

Et enfin l’organisation en tant que tel, contrôles médicaux, test d’effort, financement, assurances, matériel à prévoir, …..

Ainsi, je vous propose de participer à cette aventure, dans le confort de l’oxygène que nous avons à notre altitude 😀.

Je vous enverrai un autre message avant le départ pour vous tenir au courant et ensuite j’essaierai de communiquer régulièrement avec ma femme pour qu’elle puisse vous faire passer des infos au fur et à mesure de l’ascension.

Everest 2018 – Le Projet

Du 09 Avril 2018 au 02 Juin 2018

Mon objectif est de gravir la plus haute montagne de notre planète qui culmine à 8850m.

L’expédition se déroule sur 55 jours afin de préparer le corps à la très haute altitude, au manque d’oxygène et à la baisse de la pression atmosphérique.

L’ascension se fera par la face Nord. Plus longue, plus sujette aux vents (donc plus froide), mais moins exposée aux risques objectifs tels que les avalanches, chutes de pierres, chutes de séracs, ...

D’autre part, cette voie est moins pratiquée; donc normalement moins embouteillée !

La voie se situe sur le versant Tibétain de l'Everest.


Du camp de base à 5 200m, nous remontons le glacier « le Rongbuk » le long de la "Miracle Highway", jusqu'au camp de base avancé à 6 450m.

Du camp de base avancé, nous grimpons la face du col Nord de l'Everest où se situe le camp 1 à 7 050m.

Ensuite, pendant environ une quinzaine de jours, on enchaine les montées, descentes et nuits aux camps d’altitude : #1 à 7 050m et #2 à 7 700m, afin de ‘forcer’ notre corps à produire un grand nombre de globules rouges pour compenser le manque d’oxygène.

Puis l’acclimatation terminée, on redescend au camp de base à 5 200m pour nous reposer et attendre la « fenêtre météo » qui, si elle vient, sera très courte – de 1 à 10 jours.

A partir de là, nous remontons vers :

· Le camp de base avancé à 6 400m

· Le camp 1 sur le col Nord à 7 050m

· Puis nous suivons l'arête nord jusqu'au camp 2 à 7 700m.

· Du camp 2 ; nous montons en traversé vers la droite jusqu'au camp 3 à 8 300m. Il n'y a pas d'emplacements corrects pour les tentes, à cet endroit la pente est d’environ 30°.

· Du camp 3, départ vers 22h30 pour gravir en 4 à 5 heures les 200m raides qui permettent de rejoindre l'arête NE.

De la jonction avec l'arête jusqu'au sommet, il y a environ 1.5 km. C'est là que se concentrent les difficultés avec les 3 ressauts: le premier vers 8500m (PD, II). Le 2e à 8 610m, le plus dur. D’abord une première section de larges blocs, puis une pente courte mais raide qui mène à la dalle. Enfin, le 3e ressaut se situe vers 8 700m, plus facile et plus court (III, 10 m).

· De là, nous suivons le triangle neigeux pour passer dans la face nord (50 à 60 degrés), et rejoindre à nouveau l'arête jusqu'au sommet à 8 850m.

Les 550m de dénivelé depuis le camp 3 jusqu’au sommet nous prendrons entre 10 à 12 heures.

Pour comparaison, je réalise ce dénivelé dans les Alpes en moins d’une heure 😉.

Après ½ heure à 1 heure au sommet, selon les conditions météo, ce sera la longue descente vers le camp 2, le camp 1 ou le camp de base avancé en fonction de mon état de fatigue.

En tout, ce sera 24 à 30heures de marche entre le départ du camp 3 et le retour au camp 2 ou 1.

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Un petit aperçu du trajet que nous allons suivre lors de l'ascension, si la fenêtre météo se présente à nous.

Ce sont les aléas de la haute montagne 😀

Ma préparation physique continue, un mixte de natation, course à pied à différentes vitesses, marche avec 15-22kg sur le dos et du renforcement musculaire, soit environ 6 à 8 heures par semaine.

Pour ceux qui veulent avoir un aperçu des aller-retours que nous allons enchainer pour l'acclimatation, voici une animation prise sur YouTube qui va vous permettre de bien comprendre pourquoi l'acclimatation va prendre 5 semaines 😀:https://youtu.be/RIU4N8tY3zw :

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Une animation bien faite qui utilise Google Earth, qui va vous permettre de voyager tranquillement dans votre fauteuil de 5200m à 8850m d'altitude.

Attention, pensez à respirer 😀

A quelques jours de mon départ, la pression monte au fur et à mesure que les jours passent et que la date du départ approche, fixé au 8 Avril.

L'entrainement se passe bien, le coach sportif avec qui je travaille, me fait transpirer des litres de sueur N'hésitez pas à allez voir sa page :https://www.facebook.com/johncoach69/?fref=ts

Je profite également de ce message pour vous présenter quelques uns de mes sponsors qui me suivent dans ce projet en plus de vous tous qui attendez des nouvelles fraiches

- Tout d'abord, la société EVEN PRO, organisateur de salons industriels avec laquelle je travaille.

Plus d'infos : http://www.even-pro.com

- La société SOLI EVENT, société de communication qui fait un travail remarquable dans l'agencement des stands et notamment des miens quand nous travaillons ensemble : https://www.soliexpo.com

- Parmi les sociétés qui m'accompagnent, je voudrais également vous présenter la start-up INO - Fruits & Algues : https://www.boisson-bio-algues.com qui fait un super travail en proposant des jus à base d'algues dans une approche Énergétique - Équilibre - Bien-être.

Enfin, je voudrais mentionner dans ce post mon médecin, Camille DURAND-ERHART, basée à Chazay d'Azergues qui fait un suivi médical sérieux et très rigoureux.

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Départ demain !!

Devinette : Comment faire rentrer tout ça dans un sac de 110 litres ?

On ne peut pas 😀

Mais ça rentre dans deux sacs.








Ouf, j’ai réussi à tout casser.

Même ma pharmacie 😉, en espérant que l’on n’ai pas à s’en servir :-)








Afin que vous puissiez me suivre facilement, j’ai créé un blog sur le site : MyAtlas.com, dont voici le lien.

https://www.myatlas.com/StephaneMARC/everest-2018-versant-nord

N’hésitez pas à aller voir de temps en temps.

Je tacherai de le mettre à jour au fur et à mesure, en fonction de ma connexion à internet

Au camp de base à 5300m, ça devrait aller. Après, ce sera problématique 😉

De là à ce que nous ayons une connexion au sommet de l’Everest MDR

Bonne lecture et bon voyage

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Arrivé Lundi 9 Avril, après un voyage sans encombre où l'on a pu se reposer. On prend des forces avant de rentrer dans le dur :-)

Le survol de Katmandou nous a permis de prendre conscience du niveau de qualité de l’air de cette ville, mélange de pollution et de poussières :-) en suspension.

D’ailleurs, année après année de plus en plus de personnes se déplacent avec un masque sur le visage pour pouvoir respirer correctement.


Sitôt arrivé, nous avons droit à notre page d’écriture pour demander le visa chinois qui prend, s’il est accepté, deux jours.

Deux jours à attendre, en espérant que rien ne bloque, les chinois étant très pointilleux sur les ratures et la couleur du stylo utilisé – véridique.

Mardi, ce fut la « vérification «, vite fait bien faite, par notre guide de nos sacs et de notre équipement.

Ok, bon pour le service, sachant que nous seront limités à 40 kg de matériel pour le transport de nos sacs par les yaks entre le Camp de Base (BC) et le Camp de Base Avancé (ABC).

L’après-midi fut dédié à la visite du centre de Katmandou et plus particulièrement Thamel, quartier historique haut en couleur et en coups de klaxon entre les voitures et les motos)

Mercredi, 11heures, briefing avec le patron d’Asian Trekking et présentation de l’équipe.

De notre coté, sur les personnes prévoyant de faire le sommet :

- Michel VISO, Français 😀, 50ans qui a déjà réalisé l’Everest par le col Nord et avec qui j’ai déjà fait quelques sommets,

- Alyssa, Australienne, 21ans qui a déjà fait l’Everest par le Col Sud ainsi que le Manaslu et dont le métier est guide sur des treks.

Nous accompagne également, deux guides français (dont un médecin) ayant mis en place une société à Albertville nommée INTO THE WILD – tout un programme 😀, qui accompagnent un client américain de 77ans et qui projettent de rejoindre le col nord (7070m) : notre premier camp d’altitude.

Présentation de notre cook (cuisinier 😉) ainsi que notre guide – chef d’expédition.

Une série de questions/réponses nous permet de commencer à appréhender le déroulement des prochains 50 jours, dont je vous parlerais plus tard J et aborder la stratégie d’ascension, dans un premier temps pour l’acclimatation.

Enfin, intervient Ted ATKINS, ancien pilote d’hélicoptère dans la Royal Air Force, passionné de montagne et ayant déjà gravi quelques 8000.

Pour son propre besoin, il y a une quinzaine d’année, il développa un masque à oxygène, trouvant que le masque Russe communément utilisé sur les ascensions ne présentait pas toutes les garanties de sécurité, de fiabilité et de confort face au milieu où l’alpiniste évoluait.

Il créa ainsi son entreprise TOP OUT et mis sur le marché un nouveau type de masque et de bouteille, gagnant ainsi au passage 2 kg 😀

En détail, la bouteille ne pèse "plus que" 4 kg.

1200litres d'oxygène sous 300bars avec un volume de 4,3litres.

Ainsi, à un débit de 2l/min, cela nous permettra d'avoir une autonomie de 9heures par bouteille

Le briefing de Ted dura pratiquement une heure où il nous décrivit de manière très détaillée l’utilisation du masque, du détenteur et de la bouteille, et surtout les vérifications à effectuer sur le bon fonctionnement de l’appareil et quoi faire en cas de présence de glace sur les valves d’admission ou d’expiration par exemple.

Reste à savoir si à 8000m, il nous restera assez de neurones pour penser à tout ça 😉

Pour finir, Dawa Steven, patron d’Asian Trekking nous remet un tracker qui va vous permettre, en vous connectant sur le site suivant, de suivre notre progression très régulièrement et me permettra de lui envoyer des messages SMS ou Mails directement par connexion satellite.

https://share.garmin.com/mapshare/astrek/Map/MapSharePassword?url=astrek

Mot de passe : Astrek2018 (attention à la majuscule).

Sur la carte vont apparaître les différents trackers encours sur les différentes expé.

Notre tracker s’appelle tout simplement : Tibet Everest Tracker (couleur bleu ciel)

Nous sommes maintenant jeudi matin. Les sacs sont prêts, les bonhommes également.

5 jours de voitures nous attendent, tout d’abord pour rejoindre la frontière chinoise, puis deux haltes à 2800 et 4000m (TINGRI) pour commencer notre acclimatation (passive pour le moment) .

Nous devrions atteindre le BC à 5300m mercredi 18 Avril

A bientôt pour des nouvelles qui vont commencer à devenir de plus en plus fraiches 😉

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IMPRESSIONANT !!!!

Difficile de trouver le bon qualificatif pour décrire ce trajet de 134 km en 10h30 et une vitesse moyenne de 19km/h entre Katmandou et la frontière Nepalo-Chinoise où nous sommes arrivés à 22h00

Pourtant, tout avait bien commencé.

A Katmandou, un bus est venu nous chercher, avec l’équipe de Sherpa qui nous accompagne.

Sortir de cette ville ne fut pas une mince affaire car à toute heure de la journée – et de la nuit, la circulation est un calvaire, entre les bus, les motos et mobylettes et les voitures. Mais bon, nous étions sur le goudron.

Après quelques kilomètres (2-3 😀), nous trouvons un mixte de goudron et de terre. Et c’est parti pour 130km de piste.

Imaginez une piste en montagne où, en France, seuls les engins 4x4 peuvent passés. Et bien là, ce sont des bus, des motos, des tracteurs et des camions qui se croisent tant bien que mal sur ces pistes toute la journée et la nuit.

Bravo à notre chauffeur qui a dû à plusieurs reprises manœuvrer et reculer dans des conditions que l’on peut appeler périlleuses.

On notera également plusieurs arrêts à des postes de contrôles policier et une fouilles en règles de nos bagages à l’avant dernier poste où les policiers nous ont fait ouvrir et sortir nos 40 kg de matériel pour chercher nous ne savons quoi 😉.

Par contre, les paysages sont magnifiques.

Arrivé donc à la frontière, nous dormons à 1800m d’altitude à la frontière dans le village de RASUWA GHADHI. 10°C dehors et 15 dans la chambre - on a pas encore sorti le duvet 😀

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Il nous faut 1h30 pour passer le poste frontière de Rasuwa et se retrouver en Chine, après une fouille minutieuse de nos bagages.

L’aventure continue avec la seule voie d’accès à la prochaine ville par une route barrée pour cause de renouvellement de revêtement routier ?????

Et à priori, il y en a pour la journée, le temps que le produit sèche.

Notre officier de liaison trouve la solution en demandant un autre moyen de transport de l’autre coté des travaux et nous partons à pied en traversant cette zone avec nos sacs à dos.

Installation à l’hôtel et déjeuner et ensuite, en guise de promenade digestive, nous partons faire une petite ballade de 600m de dénivelé au dessus de la ville pour nous dérouiller les jambes après 5 jours d’inactivité mais surtout commencer à nous acclimater avant de rejoindre TINGRI à 4310m d’altitude.

Nous commençons à rencontrer d’autres groupes, les uns allant tenter l’ascension du CHO OYU (8202m) – un groupe d’Allemands, les autres (Américains, Anglais, Nouvelle-Zélande) allant, tout comme nous au camp de base de l’Everest, coté Nord.

A priori, nous devrions être 200 personnes à tenter le sommet cette année, contre 450 de l’autre coté.

A confirmer.

Au BC, nous devrions rencontrer également une expédition de Japonais et une autre de Russe.

Demain, c’est jour de repos. Nous verrons bien ce que nous ferons.

KYIRONG (Chine) ~~ 2828m ~~ 10°C

Pour ce deuxième jour, ce sera à nouveau du dénivelé avec 903m de grimpette et préparer notre corps à l’altitude plus élevée – Tingri est à 4310m.

Un groupe qui se dirige vers le CHO OYU composé d’un Coréen du Sud, d’un niçois, d’un Allemand et d’un Andorran (Dominique) nous accompagne.

Franck est un habitué des expéditions à travers le monde et Dominique a déjà réalisé l’Everest par le coté Sud et le Makalu sans oxygène.

Pour leur tentative sur le CHO OYU, ce sera en autonomie et 70kg de matériel

Parti en groupe international, notre ami Allemand fait demi-tour devant la difficulté 😀 à l’approche d’un rochet qu’il nous fallait escalader.

3heures plus tard, nous sommes à 3700m.

Autant la montée fut tranquille avec tout de même la recherche du meilleur chemin (il n’y a pas de balisage au Tibet 😀) autant la descente fut express – 1h30 avec une directissime dans un vallon.

Seule Alyssa, l’Australienne n’a pas appréciée.

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Une journée dédiée au transport puisque nous avons parcouru pratiquement 200km sur une vraie route 😉

Nous avons tout de même mis 5h30 avec un passage de col à 5132m.

Les paysages sont fabuleux, je vous laisse en juger ;-)

A 5132m d'altitude

Tingri est restée la même ville du bout du monde telle que je l’avais connu en 2009.

A une différence prés, les chinois se sont mis à construire des bâtiments de partout et du coup, le décor Tibétain est tout doucement en train de s’estomper.

Michel nous a concocté le programme d’acclimatation jusqu’à 7500m qui devrait nous amener jusqu’au 5-6 Mai.

Ensuite, il nous faudra attendre la fenêtre météo.

Il fait 12°C dans la chambre. Michel a sorti le duvet.

Nous nous servons de la bouilloire pour faire chauffer de l’eau pour se laver un peu le visage et les pieds.

Le reste attendra. L’eau qui sort du robinet doit être aux alentours de 8°C :o)

C’est froid !!! surtout à une altitude de 4310m

Lundi 16 Avril : ce matin, il fait 8,7°C dans la chambre.

Une petite ballade sur les hauteurs de Tingri qui nous permet de grimper de 400m et ainsi nous préparer avant d'arriver au Base Camp à 5200m.

Plaine Tibétaine à 4300m. Au fond à gauche l'Everest caché par les nuages.

Je passe le clavier à Michel pour son billet d’humeur qu’il a composé la nuit dernière, sujet à une insomnie liée au décalage horaire J (+6heures par rapport à la France).

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Avant que Michel ne prenne la plume, je ne peux m'empêcher de partager avec vous ce paysage que je découvre pratiquement en même temps que vous 😀

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Mercredi, 18 avril 2018, 11h, heure Népalaise 😀

Le billet de Michel… et si je vous parlais Acclimatation.

Bon ok, ce n’est pas très sexy mais c’est d’actualité 😉

Bonjour à tous,

Eh oui, c’est enfin l’occasion pour moi de vous saluer et rassurer ceux qui me connaissent, tout va bien : les paysages sont magnifiques, les contacts humains sont souvent enrichissants, la nourriture est correcte, le sommeil est bon et surtout l’acclimatation se présente pas trop mal.

Je ne sais pas encore si j’interviendrai souvent sur le blog mais l’objectif à chaque fois sera de vous faire état d’un point qui me semble utile d’approfondir auprès de vous.

Une expédition et, plus généralement, la vie en altitude (on va dire à partir de 4000m), qui plus est dans des contrées aux langues, aux mœurs, aux habitudes, aux règles bien différentes des nôtres n’est pas un long fleuve tranquille 😀, loin s’en faut.

Un élément essentiel durant une expédition est l’acclimatation ; elle va monopoliser toute votre attention et ce pendant au moins 4 semaines… c’est un processus long, contraignant, exigeant et, in fine, aucune garantie que cela fonctionne. Faut pas déconner cela serait trop simple !

Pas d’acclimatation correcte, pas de sommet possible. Une bonne acclimatation, c’est aussi essentielle que d’avoir une bonne fenêtre météo pour le Summit push.

L’acclimatation a pour objectif de vous permettre d’être en altitude comme chez vous : ainsi, elle vous permettra non plus de vous alimenter péniblement mais de manger avec envie, non plus de vous mouvoir péniblement, le souffle court, mais de bouger avec grâce (attention, ce n'est tout de même pas un ballet 😉), de ne plus d’avoir l’esprit embrumé mais de penser clairement et sereinement etc.

Les ouvrages vous expliquant l’acclimatation et le processus permettant de s’acclimater sont nombreux en la matière et toute personne qui se lance dans une expédition se doit de connaître les règles fondamentales afin d’espérer avoir une bonne acclimatation : boire beaucoup, respecter des paliers, faire attention à l’hygiène etc. Cependant, deux aspects me semblent souvent peu évoqués et, pourtant, sont essentiels.

Bon puisque l’on est entre nous, je vous livre deux secrets afin de mettre toutes les chances de son côté et peut-être ainsi parvenir à une bonne acclimatation.

#1 Être bien dans sa tête, rester zen et serein autant que possible et en toutes circonstances, avant le départ et pendant toute la période d’acclimatation.

Ainsi avant le départ mettez tout en ordre et sur tous les plans : professionnel, administratif, familial, sentimental etc. rien, absolument rien, ne doit rester en suspens (ou volontairement) ! En outre, ne vous laisser pas parasiter par ceux qui tentent de vous culpabiliser ou qui ne comprennent pas ou que sais-je encore. NON ! Nous n’allons pas à l’Everest ni pour mourir ni pour fuir je ne sais quoi.

Malgré toutes les difficultés rencontrées, vous n’imaginez pas ce que ce type de voyage peut vous apporter 😀

Dites-vous que c’est un voyage rien que pour vous et qu’il est temps de ne penser qu’à vous (oui, je sais, c’est très égoïste mais c’est ainsi 😀). Il sera toujours temps, après l’expédition, d’avoir des discussions approfondies et philosophiques en la matière !

Pendant l’expédition, il faudra éviter, autant que possible d’être irrité, agacé, de s’emporter etc. et vous n’imaginez pas à quel point le quotidien d’une expédition est source de contrariété : absence d’information, informations contradictoires, non respect du programme etc.

Dites-vous que vous ne changerez pas les gens qui ont la gentillesse de vous accueillir et de vous encadrer alors il faut apprendre à faire avec 😀 : il faut payer la chambre alors que cela n’était pas prévu, payez et vous discuterez plus tard ; vous aviez programmé de vous laver au vu des informations communiquées et cela s’avère impossible et bien repoussez votre envie d’être enfin un peu propre etc.

Une expédition, c’est parfois l’école de la frustration et bien cela ne fait pas de mal à nos égos ! Ok ce n’est pas toujours très cool mais on s’en remettra 😀

En revanche et même si cela contrevient à la règle énoncée (rester serein en toutes circonstances) il faudra parfois se faire violence et aller au front : ainsi hier il nous a fallu être ferme avec notre sirdar et lui dire que notre programme d’acclimatation n’était pas compatible avec son programme et qu’il devait s’adapter ; il a fini par l’accepter mais ce fût source de stress bien inutile.

C’est alors que l’Everest s’est dévoilée à nous, majestueuse, magnifique, et qu’il s’en est suivi une nuit étoilée, d’une beauté indescriptible (ne vous impatientez pas, les photos viendront. Je vous ai parlé de frustration, je vous faire languir un peu 😀) et du coup ce matin tout était oublié.

Rester concentré sur le sommet (rester focus comme cela se dit fréquemment dans les expéditions) et s’émerveiller tous les jours des paysages qui nous entourent et de la chance que nous avons d’être là.

A suivre ..... 😉

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#2 Ne pas avoir peur de l’altitude, apprendre à apprivoiser cet univers où l’oxygène est rare. Cette intrusion dans cet univers à l’air raréfié demande un long apprentissage et c’est l’occasion d'apprendre sur soi. Vous ne serez serein là haut que si vous êtes à l’aise avec vous-même.

La vie et ces expéditions en particulier sont une très bonne opportunité de se découvrir. Je suis parfois impulsif et emporté (probable manifestation d’une peur) et cela n’est pas toujours compatible avec la haute altitude. Apprivoiser ses peurs, permet d’apprivoiser la peur que peut générer l’altitude. S’introduire en altitude, c’est être en introspection et c’est se confronter à ses peurs, et ce n’est pas un exercice facile 😀

Retenez que l’acclimatation n’est pas chose aisée et qu’elle est indispensable à la réussite d’un sommet. Nous passons nos journées à faire en sorte que l’acclimatation se déroule correctement et il y a des jours où cela n’est vraiment pas simple.

Petite ballade d'acclimatation sur les hauteurs : +500m et vue sur le camp de base

Parfois, je me dis qu’une ascension ressemble à un accouchement : l’acclimatation étant cette période de la grossesse où la femme n’est pas toujours bien : nausée, changement d’humeur etc. puis vient le travail (le Summit Push) et enfin l’accouchement (le sommet)… je vous laisse apprécier la comparaison et j’espère ne choquer personne en me permettant ce parallèle 😉

Un dernier point, l’acclimatation peut ne pas venir naturellement et ce malgré le respect de toutes les règles - nous ne sommes pas tous égaux en la matière (par exemple les sherpas n’ont pas besoin de cette période d’acclimatation, c’est physiologique) ! Il ne vous restera alors plus que deux possibilités : faire demi-tour et renoncer à monter plus en avant ou prendre des médicaments, dont le plus célèbre est un diurétique commençant par un D. et forcer ainsi la montée.

Le choix est personnel et dans les deux cas, cela n’est pas sans conséquences.

Pour l’instant notre acclimatation se déroule correctement avec, cependant, son lot de désagréments mais on fait avec 😀

Prochainement, nous vous transmettrons la composition de l’équipe d’Asian Trekking (composée de Népalais et de Tibétains) qui nous accompagnent et nous vous raconterons, photos à l’appui, la journée qui devrait se dérouler demain avec la montée de nos sacs par les Yaks à l’ABC.

Un grand merci pour vos commentaires de soutien et d’encouragement, que nous lisons avec grand plaisir.

N’hésitez pas à faire état de vos remarques, suggestions, questions et nous tenterons de vous apporter des réponses dans la mesure du possible.

A bientôt.

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Mercredi 18 Avril, ça commence fort -> on se repose 😀

Nous avons mal dormi, mal de tête pour tout les deux.

Quand on vous dit que l’acclimatation est importante ;-). Nous sommes montés en voiture en l’espace de 3heures de 900m de dénivelé et surtout de 4300 à 5200m

Témoin de l’adaptation de notre corps : la SpO², mesurant la saturation de notre sang en oxygène.

On utilise un petit appareil (un oxymetre) que l’on met au bout du doigt, ou des fois à l’oreille, notamment à l’hôpital.

Au niveau de la mer, nous avons environ 98% de saturation du sang en oxygène.

Plus on monte en altitude, plus l’oxygène diminue et c’est à ce moment que le corps met en œuvre des processus physiologiques qui vont permettre d’augmenter le nombre de globules rouges dans le sang pour compenser la diminution d’oxygène.

Ce matin, au réveil, à 5200m, nous avions 70%, d’où un effet un peu vaseux, maux de tête persistants et de la difficulté à se mouvoir.

Ce soir, après s’être reposé, le corps ayant également travaillé, nous avons retrouvé un niveau de l’ordre de 78%.

Demain matin, ça devrait aller encore mieux.

Ca serait tellement plus simple si l’on prenait notre dose d’EPO 😉

Pour cette première période d’acclimatation, ce sera une succession de montées aux altitudes suivantes : 5700m, 5900 et 6100m avec un jour de repos entre chaque.

Ensuite, vers le 25 Avril, nous monterons à l’ABC – Advanced Base Camp par le glacier du Rongbuk pour continuer notre acclimatation jusqu'à 7500m, par une succession d’aller-retour entre ABC et C1 pour dormir à C1 (7070m) et monter à 7500 qui est l’altitude du C2.

L’acclimatation sera terminée car pour le Summit Push, nous commencerons à prendre l’oxygène à partir du camp 1 en montant vers le camp 2.

L’acclimatation terminée, nous prévoyons de redescendre au BC (Camp de Base = 5200m) -> 22km sur le glacier du Rongbuk, afin de nous reposer car à l’altitude de l’ABC (6300m) il est impossible de retrouver des forces.

Lors de notre présence sur l’ABC je pourrais moins communiquer car je ne prendrais pas le PC – il n’y a rien pour recharger 😀. J’essaierai de faire des mises à jour mais à partir du téléphone – si j’ai du réseau 😀.

J’espère que vous ne nous en voudrez pas 😉

Nous avons pris nos marques au Base Camp, avec une équipe au complet.

Devinette : Qui sont les Tibétains (2), les Népalais (6) et les Français (2)?



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Jeudi 19 Avril,

-8°C dans la tente ce matin. Vivement que le soleil pointe son nez pour nous réchauffer (7h00)

Le petit dej’ englouti (nous avons encore faim à cette altitude 😀et c’est bon signe) il est temps de se préparer pour une petit ballade d’acclimatation sur les hauteurs du camp de base.

Objectif : 5700m soit +500m de dénivelé.

2heures plus tard, avec une allure d’escargot, nous parvenons à l’altitude fixée.

La forme est au rendez-vous. Si si, on vous confirme que c'est une allure plus qu'honorable à cette altitude 😀

Et Michel persiste à « siester » dés qu’il arrive quelque part ;-)

Et une directissime à la descente -> le repas nous attend 😉

Suivi d’une douche – il était temps – et du lavage de quelques affaires – il était temps également 😉

Nous sommes rejoint par le groupe que nous avions croisé à Katmandou – ils ont fait un crochet par Lhassa, composé de Pierre et Manu – guides Français – qui accompagnent Ron, un New-Yorkais, éminent Docteur et Chercheur sur les maladies pulmonaires, qui aura 77ans le 23 Avril.

Objectif pour lui : le col Nord à 7070m 😀

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Vendredi 20 Avril,

Journée de repos. Au programme : vous donner des nouvelles au travers du blog 😉, lecture, rangement, sieste pour Michel, continuer à s’hydrater (4-5 litres par jour) – l’air est très sec en altitude.

L’animation du jour : le transport d’une grosse partie de nos affaires pour établir l’ABC – Camp de Base Avancé transportée par des Yaks.

Emballé, c'est pesé .... et transporté 😀 à l'ABC

Pour vous la faire courte – c’est un processus qui aura duré tout de même trois heures – pesé, tractation, négociation, organisation des charges sur les Yaks

Tout cela est régi par les Tibétains qui n’hésitent pas à changer les règles.

Les règles au départ sont définies précisément et bizarrement elles deviennent floues au cours de la discussion.

Une partie de notre équipe les accompagne pour établir l’ABC que nous rejoindront normalement le 25 Avril.

Samedi 21 Avril,

"Petite" ballade d'acclimatation de 14km entre 5200 et 5700 😀 sur le chemin qui nous mènera à l'ABC.

Et à l'arrivée, un repas bien mérité

TROP BON!!! Enfin de la viande 😉

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Mercredi 25 avril

Comme nous vous l’avions annoncé, nous partons cet après midi vers le camp intermédiaire à 5800m où nous allons dormir pour ensuite rejoindre demain le Camp de Base Avancé (ABC) à 6300m

Pour préparer cette « ballade » 😉, dimanche, nous nous sommes reposés : lecture, blog, sieste pour Michel 😀, et lundi nous sommes montés à 5842m.

Micro-siestes pour Michel

Hier, mardi c’était de nouveau repos (vous allez penser que l’on ne fait que se reposer ;-) mais l’acclimatation passive est également très importante). Cela permet de réduire considérablement le MAM, Mal Aigu des Montagnes, que l’on pourra développer ultérieurement.

Pour preuve de notre acclimatation, notre SpO² (voir plus haut, étape 12) est passée de 75% à 85%. Il est temps pour nous de passer à la deuxième phase de notre acclimatation.

Pour mémoire

Le lien Youtube qui va vous montrer, en animation, depuis le camp de base, l’évolution vers le sommet (que nous devrions atteindre vers le 18-25 Mai)

https://www.youtube.com/watch?v=gSEEitbGYeY&t=5s

Le lien GARMIN, qui va vous permettre, grâce au Tracker que j’ai sur moi, de suivre notre évolution et de savoir où nous sommes sur la montagne

https://share.garmin.com/mapshare/astrek/Map/MapSharePassword?url=astrek

Mot de passe : Astrek2018 (attention à la majuscule)

Notre tracker s’appelle tout simplement : Tibet Everest Tracker (couleur bleu ciel)

Ce matin, dame nature nous a fait une très belle surprise avec 10cm de neige poudreuse.

Je vous laisse juger 😀

Je vous donne rendez-vous vers le 8 Mai pour découvrir toutes les photos et les éléments marquants de cette deuxième phase.

A très bientôt.

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Samedi 5 Mai,

De retour au camp de base avec 2 jours d’avance. Le temps se gâtait en altitude, fort vent à plus de 80km/h.

Cela ne servait à rien de rester à 6300m à attendre une fenêtre météo.

24,7km plus loin, 1100m plus bas et 5h15 plus tard, nous revoilà au camp de base.

TROP BON !!!

La « douche » fut excellente, si l’on peut appeler douche le fait de mettre les pieds dans une gamelle et s’asperger de la tête au pied avec une tasse d’une eau à 25°C dans une tente battue aux quatre vents 😉 ;

Mais après 10 jours de lingettes, je peux vous assurer que cela fait du bien de se laver le corps, la tête et de se raser.

Un lavage tant physique que psychologique 😀


Parti donc le 25 Avril dans le froid et la neige, nous rejoignons le Camp de Base Intermédiaire à 5800m en toute fin d’après-midi.

Le soleil s’étant couché, la température était déjà polaire (-10°C) et ce fut avec grand plaisir que nous nous sommes engouffrés dans la tente à tout faire : Mess, cuisine et accessoirement couchette pour le cuisto tibetain.

Une soupe (toujours pas pour Michel – il me dit tenir ça de son enfance 😉), un repas vite fait bien fait et nous voila dans notre duvet à 19h30 et déjà -10°C dans la tente.

Le lendemain, soit le jeudi, après un p’tit dej rapidement prit, nous revoilà pour la seconde partie pour rejoindre l’ABC (Advanced Base Camp) -> 9km, 5h et +570m.

Plutôt qu’un grand discours, des photos 😀


Sur la longue moraine, avec les pénitents 

L’ABC est positionné SUR la moraine au pied du col Nord.

Dans la nuit de Vendredi : -18°C dans la tente, un petit -25 à l’extérieur. Autant dire que l’on évite de mettre le nez dehors autant que possible et que l’on trouve pleins d’astuces (faire pipi dans un bouteille dans la nuit, le brossage des dents attendra le lendemain lorsqu’il fera soleil, la toilette est réduite à sa plus simple expression, par exemple 😉)

Samedi matin, il neige.

Ma SpO² (voir plus haut, étape 12) est passée à 67% -> c’est normal. Le corps va enclencher un processus physiologique pour compenser cela (polyglobulie).

D’ici 10 jours, je devrais être remonté à 80-85% environ. A suivre.

Il faut oublier le rythme que l’on a à la maison : se brosser les dents, marcher, parler vite, boire une bonne gorgée d’eau, tout cela est source d’essoufflement -> je vous rappelle que nous sommes à 6300m 😉

On perd l’appétit, on mâche plus longuement 😀, on commence à faire des apnées du sommeil.

Ici, à l’ABC, se laver est un luxe. Une « gamelle « d’eau chaude pour se laver le visage et les mains.

Le reste, c’est avec les lingettes, quand elles ne sont pas gelées – même si dans la journée il fait 10°C, les lingettes après avoir passées la nuit à -15 ou -18 (dans la tente 😀) ont du mal à décongeler.

Quelques scènes de la vie courante 😀
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Samedi 28 Avril, journée découverte

Petit marche de +300m de dénivelé qui nous amène au pied du mythique Col Nord, au début de la partie visible du glacier, à la zone de dépôt – deposit zone (on y laisse les baudriers et les crampons afin d’éviter d’avoir à les ramener à la tente à chaque fois).

Au pied du Col Nord, où les Doudous font du tourisme.


Le Col Nord apparaît dans toute sa splendeur. Nous sommes sur le glacier, avec des pentes entre 30 et 60°.

Bientôt, ce sera notre tour de nous propulser (à allure escargot tout de même, il ne faut pas exagérer 😀) sur ces pentes en direction du Col Nord à 7065m.




Dimanche 29 Avril, c’est la Puja.

Génial !!!! Je n’ai pas tout compris à ce que psalmodiait le Lama, mais c’est tout de même impressionnant.

La Puja, est une parenthèse dans l’expédition.

Certains pensent même que c’est le vrai début de l’aventure.

La Puja vise à bénir notre matériel (chaussures, crampons, baudriers, piolet) et à demander à la déesse CHOMOLUNGMA (coté Tibétain), de nous octroyer ses faveurs et nous protéger pendant l’ascension, et plus si affinité 😀

Comme le dit Michel, on peut maintenant franchir les portes de l’Everest car nous sommes acceptés dans ces lieux. A nous d’en faire bon usage.

N’oubliez pas que nous sommes dans un lieu Mythique et Mystique ;-)

Comment réagit une biere à 6300m par 0°C? Réponse en image 😀

La Puja a durée 1heure.

Un point intéressant à noter, nous vous laisserons seul juge :

Au début de la Puja, le temps était très menaçant, très froid et très venteux.

1 heure après la fin de la Puja, le vent est tombé, le soleil est apparu et la température est devenue vraiment clémente. Photos à l’appui 😀


La nourriture est variée, chapeau le cuisto Népalais.

Au menu, la base tourne autour des pates, riz et patates 😀 agrémentés de (trop petits) morceaux de viandes ainsi que de crudités.

Hygiène à l’ABC

Devinette :

- Comment conserver les affaires dans la tente alors que la nuit il fait -18°C et la journée +30°C (lorsqu’il fait soleil)

- Comment boire durant la nuit – alors que la gourde et nous d’ailleurs sommes à la température de votre congélateur à la maison

- Imaginez que vous souhaitiez vous mettre de la crème hydratante sur le visage ou les mains avant de dormir (à -18°C 😀)

- Comment utiliser les lingettes ?

- Qu’en est-il du coca ou de la bière ?

- Vous avez sans doute déjà testé la durée de vie de vos accus en période hivernale (téléphone, appareil photo, …)

Pour les bières et le coca, la solution nous a été fournie par le cuisto qui plonge quelques dizaines de secondes la canette dans l’eau chaude.

Pour le reste, et hop, c’est dans le duvet 😉

Au moins, on est sur de pouvoir boire de l’eau tempérée dans la nuit.

Surprenant : le dentifrice à -20°C ne gèle pas. On peut se laver les dents :-D

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Bonjour,

Quelques nouvelles.

J'ai dû réduire drastiquement le nombre de photos car nous sommes confrontés à un problème de débit sur Internet au BC. Veuillez m'en excuser. Dés le rétablissement du débit, je vous en ferez passer plus.

(Mauvaise) Nouvelle du jour : nous sommes bloqués au BC encore 6 jours!!!!!! - Nous n'avons bientôt plus de livres à lire 😀 et les saucissons et les TUC sont restés à ABC

Les dernières nouvelles météo indiquent une accalmie des vents en altitudes vers le 20 Mai.

Ainsi , nous devrions partir le 16 du Camp de Base, et arriver au ABC le 17 Mai.

Ensuite (prévisions !!)

C1 : 7070m , le 18/05

C2 : 7700m , le 19/05

C3 : 8300m , le 20/05

Tentative au sommet : le 21/05 au matin - vers 4-5heures :-) -> si tout va bien.

Nous vous tiendrons bien entendu au courant.

Bonne journée à toutes et à tous

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Bonjour à tous,

Dimanche 13 Mai,

Comme nous vous l’avons indiqué, l’accalmie se confirme à partir du 11 Mai


Cela semble présager d’une fenêtre météo à court terme, d’autant que les autres expéditions ont déserté le BC.

Ainsi, nous avons décidé de ne pas attendre la date du 16 Mai pour monter.

Après discussion avec le cook pour la mise en place des modalités (arrêt au camp de base intermédiaire), notre Sirdar Michel 😀, qui avait décidé de partir aujourd’hui – serait-il impatient 😀? (Sagesse me précise Michel car il faut être dans le tempo) - consent à attendre le reste du groupe (Alyssa, l’Australienne et moi J). Nous partirons donc demain 13 Mai pour l’ABC.

Comme vous le savez, nous n’aurons pas de connexion (téléphone et internet) pour une dizaine de jours.

Vous pouvez cependant avoir un aperçu de notre progression grâce au module tracker de chez GARMIN

https://share.garmin.com/mapshare/astrek/Map/MapSharePassword?url=astrek

Mot de passe : Astrek2018 (attention à la majuscule)

Notre tracker s’appelle tout simplement : Tibet Everest Tracker (couleur bleu ciel)

A très bientôt pour de nouvelles aventures.

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Bonjour,

Et non, ce n'est pas Stéphane mais Christine. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis la femme de Steph.

Je vous retranscrits le dernier SMS reçu sur les prévisions de cette semaine décisive si la météo est au rendez-vous.

Hier lundi, après 4h30 de marche (au lieu de 6h15 la 1ère fois ; les globules rouges sont au top !) ils sont arrivés à l'ABC. Aujourd'hui, c'est repos et demain mercredi 16 départ pour le col nord.

Jeudi 17, dodo à C2 7.900m. Vendredi 18, arrivée prévue vers 12hrs à C3 8.300m et départ pour le sommet aux alentours de 22hrs ; terminus à 8.848m samedi 19 mai aux environs de 6hrs ( ~ 9hrs 45 pour nous) si le temps n'a pas changé bien sûr !!

Si un autre message arrive à me parvenir, je ne manquerai pas de vous le faire partager.

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Retranscription du SMS de Steph :

"Arrivé à C1 7.070m (col nord).

Journée éprouvante même si le fait de n’avoir mis « Que » 6hrs est bien, avec un sac de 16kgs.

Pour l’heure c’est installation dans la tente. Mon Sherpa fait de l’eau chaude et moi je prépare le sac pour demain car nous allons au C2 à 7.700m.

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Retranscription SMS :

" Aujourd’hui une très longue journée avec la bouteille d’Oxygène et à nouveau un sac à 16 kg.

Montée 700m (aujourd’hui c’est C2 à 7.714m ). On a vraiment l’impression que l’Ox ne sert à rien. Mais si je l’enlève ..(je n'ai pas la suite du texte).

Nous sommes dans la tente avec encore le masque en débit limité pour ne pas perdre trop de forces. Cette nuit on va dormir avec pour conserver des forces et avoir de la chaleur. Demain c’est à nouveau une longue journée..

Et donc demain c’est C3 vers 8.300m pour un repos Jusqu’à 22hrs et départ.. "

On voit que la fatigue et l'altitude font leurs effets ; les messages sont plus courts et plus confus.

N'hésitez pas à aller voir sur le tracker les 2 prochains jours, pour suivre leur évolution vers le sommet.

A très bientôt pour de prochaines nouvelles.




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Retranscription SMS Steph :

" Bien dormi avec l’oxygène. Maintenant à C3 8.186m.

Vraiment difficile de respirer et d’avancer. Départ vers 20hr pour le sommet, à peu près 10hr de montée "

La météo est avec eux, elle se maintient dans de bonne conditions de vent et de température (ça va ensemble) !

Pour les passionnés, les courageux ou les deux, à vos tracker cette nuit entre 1h30 et 2h30 heure locale pour suivre l'arrivée au sommet !!

A très bientôt.

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18/05 Retranscription SMS de Steph

"Pour l’instant, nous sommes à la tente et il fait relativement chaud.

Passang, mon Sherpa avec qui je dors, j’ai pas dit couché 😀 est assez sympa – ne parle pas beaucoup mais est efficace. Sa mission principale : chauffer de l’eau.

Le temps est super beau et clair. Si ça reste comme ça le sommet devrait être magnifique !

Ce matin, je suis monté avec la combi et juste un t-shirt technique sur moi.

Tout à l’heure, je pense que je vais monter de même avec en plus un pull. Tous ces vêtements que j’ai porté pour rien 😀"

Ils sont partis comme prévus vers 16hr (heure Française), ils leur restent 7hr (et quelques centaines de pas d'escargot) avant la récompense finale !

Bonne montée à vous, Messieurs !



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19/05

ILS SONT AU SOMMET !!!

Je viens d'avoir Steph au téléphone, je n'ai pas tout entendu à cause du vent.

Mais pour l'essentiel, Steph et Michel sont au sommet (8h20 heure Française 12h05 heure du Népal) Ils sont en forme. Le temps est splendide et la vue irréelle !

Ils doivent être en train d'entamer la descente pour le C1 (c'est se que je crois avoir entendu)

J'avoue que je ne comprends pas leur position par rapport au tracker (enfin celui du téléphone de ma fille) qui montre depuis 2h30 ce matin (et oui, j'ai veillé !) une redescente en cours !!!

Peut importe, les angoisses de la nuit sont effacées par ce coup de téléphone. Léane (la fille de Steph) et moi allons fêter ça en nous faisant une bonne infusion bien chaude avec des croquants aux amandes maison !! 😀 (on est de vraies dingues !!)

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Retranscription SMS Steph :

" Après une journée de 40 heures dont 21h pour le sommet avec le retour à l’ABC 😀 me voici arrivé pour une journée de repos.

Demain c’est 25kms de descente pour retourner au BC puis le lendemain direction Kyrong (Chine) passage de la frontière et mercredi direction Katmandou."

C'est avec grand plaisir que j'ai retranscrits les SMS de Steph pour vous faire partager la suite de son aventure et pas la moindre ! Sauf évènement particulier, que je ne manquerai pas de vous transmettre, je repasse "le clavier" à Steph pour la suite de cette aventure.

Christine


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Bonjour à tous,

Avant de vous raconter la fin de notre périple, nous tenions à vous remercier pour votre soutien, vos commentaires et vos messages d’encouragement qui nous ont permis d’atteindre le sommet 😀

Merci également à ma femme qui a relayé mes messages que je lui ai envoyés du tracker et qui vous a permis de nous suivre jusqu’au sommet.

Je vous avais laissé au camp de base à 5300m car la fenêtre météo s’annonçait encore bonne pour les 5 jours à venir avec un ralentissement des vents au sommet (Jet Stream) de 80 à 40km/h.

Notre Sirdar est parti en avance avec les deux sherpas le 10 vers l’ABC pour préparer le summit push, notamment mise en place de l’oxygène sur les camps d’altitudes et installation des tentes.

Il nous avait demandé de venir les rejoindre à l’ABC pour le 16 mai, cela leur permettant de préparer les camps et nous laisser nous reposer 😀

A vrai dire, on piaffait d’impatience de partir.

Le BC commence d’ailleurs à se vider car les grosses Expé (Suisse, Chinoise et Russe) ont déjà, pour la plupart des grimpeurs, tenté ou réalisé le sommet.

Si bien que Michel, qui piaffait encore plus d’impatience que moi, a poussé pour partir le 13 Mai – je vous laisse imaginer la tête des Sherpas qui nous ont vu débarquer à l'ABC avec deux jours d’avance.

Après un jour de repos, et après avoir testé nos masques à oxygène, nous nous préparons.


Le 16 mai au matin, nos sacs sont prêts, nos chaussures d’altitudes sont à nos pieds.

Le sac fait environ 16kg. C’est lourd à 6300m!!!

6400m : arrivée au deposit. Nous nous équipons avec le baudrier et nos crampons que nous ne quitterons plus (sauf dans la tente 😉) jusqu'à notre retour à cet endroit.

Nous revoilà dans la montée du col Nord. Le temps est beau.

La montée est toujours autant raide (pentes à 60°) d’autant que le sac pèse pratiquement 8 kg de plus.

Mais bon, 3H30 pour atteindre le C1 au lieu de 4h45 la première fois.

Je pense pouvoir dire que l’acclimatation a bien fonctionné ;-)

Le pas est lent. Le souffle court. Nous arrivons au C1 à 14heures où la première chose que nous faisons est de faire fondre de la neige.

A part ça, pas grand-chose à faire.

Manger et boire pour reprendre des forces, écouter de la musique, prendre quelques photos pour partager et surtout garder en mémoire ces moments inoubliables.

18h30 le diner. Ce sera Bœuf Stroganoff, …. en lyophilisé 😀, complété par un Snicker pour les glucides (et pour la gourmandise surtout)

En préventif, un DIAMOX, complété par un Ibuprofène 400. Cela me permet de passer une bonne nuit à 7070m

Le sommet nous attend, 1500m plus haut

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Nous sommes au C1 à 7070m.

Le lendemain, thé et biscuits au p’tit dej. Mais où sont le porridge, les œufs et les céréales 😀

De même, afin d’optimiser le poids porté, ce sera : pas de brossage de dents. Eh oui, 100g c’est lourd !!! surtout si ce sont 100g +100g +…..


8h15 : mise en place du masque et ouverture de la bouteille d’oxygène, direction le camp2 à 7800m.

Cette langue de neige est vraiment difficile car on voit le bout avant le C2 mais on n’y arrive jamais.

C’est vraiment très dur !!! 5 heures pour faire 700m de deniv. On se traine.


Montée vers le Camp 2 à 7800m

Le camp 2 est, comment dire, en équilibre.

Les tentes sont montées sur des murets afin d’avoir une surface à peu près plane pour pouvoir dormir, notamment parce que la pente au camp 2 est de l’ordre de 40-50°.

Même rituel qu’au camp 1 à la différence prés que nous conservons le masque à oxygène, pour manger et pour dormir.

S’installer, faire fondre la neige, manger, boire – autant que possible pour se réhydrater. Pour ceux qui font du sport et pour les autres également : 2% d’eau en moins dans le corps, c’est 20% de capacité physique en moins !!

Et pour évacuer tout cela me direz vous : dans le confort du duvet et par -25°C dehors, autant dire que l’on évite d’allez dehors. Ce sera une gourde sacrifiée ou un autre contenant, que l’on vide ensuite.




Vendredi 18 Mai au matin.

Lever à 7heures, même rituel du p’tit dej.


On gagne du temps, nous dormons habillés avec notre combinaison de duvet dans notre duvet. Un vrai cocon 😀

Je confirme : l’oxygène à cette altitude est très utile.



Je tire d’ailleurs mon chapeau à tous ceux qui réalisent et tentent l’ascension sans OX.

C’est encore plus un défi que ce que nous sommes en train de réaliser.

Entre autre chose, l’oxygène va permettre de conserver une température « normale » du corps et de fait nous n’allons pas nous épuiser pour lutter contre le froid.

Il permet également de conserver une meilleure lucidité -> je n’ai pas vu d’éléphants rose, ni même bleus d’ailleurs ;-)

Nous remettons notre baudrier, nous rechaussons nos crampons et nous accrochons le Jumar à la corde.

Objectif : le C3 à 8260m.

5heures de marche plus tard et presque 500m plus haut, nous enlevons enfin nos crampons.

Mais je garde mon baudrier, ce sera ça de moins à remettre

La tente est en escalier, on est plus assis que couché.

Du coup, je ne sors ni mon matelas ni même mon duvet. Je suis bien dans ma combinaison en duvet.

Le départ est dans 7heures. A quoi bon. Cela demande trop d’effort.

Calme et détendu. Je discute avec mon sherpa, enfin je lui arrache quelques mots. On ne peut pas dire qu’il soit très prolixe, mais il est redoutablement efficace.

Je « m’allonge » assis, mon sherpa me donne de l’eau et je mange quelques biscuits.

L’astuce pour pouvoir manger avec le masque : une bouchée et on remet le masque, sinon on étouffe directement par le manque d’Ox 😀.

De même d’ailleurs pour boire. Une petite gorgée et on remet le masque. Autant oublier la méthode j’ouvre la bouche et je bois ½ litre directement. Impossible.

Je m’assoupi. Je pense que l’oxygène apporte une sorte d’état second.

Derniers moments de calme avant le depart
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18h30, c’est l’heure de mon lyophilisé 😀. Ce soir, ce sera Poulet/Riz – histoire d’avoir quelque chose de consistant mais également de digeste. Ca ferait désordre de vomir à 8500m.

20h00 : nous sortons de la tente, à la lueur de notre frontale.

Les crampons sont mis rapidement, enfin ¼ heure c’est un bon score à 8260m 😉

Et nous partons à 20h20 pour une longue montée.

Notre Sirdar avait prévu 10heures. Nous mettrons 8h30 pour arriver au sommet avec de nombreuses poses et un rythme qu’il a volontairement ralenti.

Nous pensons avec Michel qu’il avait réellement mal analysé notre niveau d’acclimatation et que nous aurions pu faire le sommet en 7h30.

La nuit se passe avec un peu un sentiment d’irréel. C’est bien moi? Je suis en train de gravir les dernières pentes pour atteindre le toit du monde. Je suis bien.

Pourquoi le sirdar s’arrête tout le temps, pourquoi marche t’il aussi doucement ?

Rétrospectivement, c’est assez surprenant tout ce qui nous passe par l’esprit.

Le pas est lent, le souffle est correct, le rythme cardiaque pour moi est aux alentours de 110pulsation/min.

Nous atteignons l’arête vers 8 500 m. La neige est plus dure et nous sommes très exposés au vent. Impossible de s’arrêter pour manger ou boire dans ces conditions. Nous passons le premier ressaut

Celui-ci (First Step) est une courte escalade sur des gros blocs (PD, II). Ensuite la traversée continue vers la droite, le long de l’arête étroite. Le 2e ressaut (8 610 m) est la section la plus dure de la voie. La partie du bas est constituée à nouveau de gros blocs (III) que je grimpe comme je peux en utilisant mes mains, les genoux et les coudes. Ensuite une courte et raide goulotte mène à la fameuse échelle de la 2e partie.


Cette échelle a été mise ici lors de la première par les Chinois en 1960. Elle permet de franchir la dalle en 5+. Monter le long de l’échelle est relativement facile mais la traversée au dessus de l’échelle est technique et exposée. J’enlève le masque à oxygène plusieurs fois pour essayer de voir les prises de pieds et de mains. La corde fixe est inutile et mal placée, pendant en contre bas.

Passer le 2e ressaut a fait du bien mentalement. De là il reste environ 2 heures jusqu’au sommet de l'Everest.


Comme prévu, nous changeons nos bouteilles d’oxygène. La première n’est pas vide mais il y a peu d’endroit sur l’arête où l’on peut changer. Au dessus, le 3e ressaut est plus facile (II) et plus court (10 m).

Le sommet se profile, le soleil également.


Et tout d’un coup, plus rien au dessus de nous.

We did it – nous l’avons fait. Nous voilà sur le toit du monde.

Le vent est fort : 40km/h, 60 en rafale, -60°C

5 photos plus tard mon téléphone n’a plus de batterie – alors que je l’avais gardé au chaud dans ma combinaison.

Même histoire avec les batteries de mon appareil photo que j’avais gardé dans mon slip.

Chaque accu va me permettre de réaliser 4-5 photos. C’est la cata!

Il faut tout de même dire que même ma gourde que je gardais dans ma combinaison est gelée.

Impressionnant !!!

Nos amis Sherpa font également quelques photos et nous voila reparti.

En tout et pour tout, nous serons restés au sommet 1/4heure.Trop déçu.

En 2014, Michel y était resté 1 heure.

Et c’est la longue redescente vers C3 et plus tard vers ABC.

Le jour est levé. Nous découvrons tout ce que nous avons gravi pendant ces 8heures.

Vraiment impressionnant mais tellement beau.




Le vent souffle toujours.

Après la descente du deuxième ressaut, je veux enlever mon masque et je perds mes lunettes.

Heureusement, j’ai mon masque de ski dans mon sac.

Plus tard vers 8500m, j’ai le souffle court, je n’arrive plus à avancer. En gros je suis en apnée 😀

Je demande à mon sherpa de regarder ma bouteille d’ox. Je suis à plat.

Le changement de bouteille est rapidement réalisé.

Et là, je prends conscience de toute la difficulté de monter sans oxygène.

Un coup de vent malheureux « m’arrache » mon gant que j’ai enlevé.

Il s’envole et atterri 3m plus loin.

Cas de conscience : est-ce que je me détache de la corde fixe pour le récupérer ou bien….?

J’ai retenu la solution la plus sage. J’en rachèterai une autre paire 😀

Camp 3 : 8260, 9heures du matin.

Nous faisons une halte pour boire, manger et se reposer.

Nous en profitons pour refaire nos sacs et récupérer le matériel que nous n’avons pas utilisé.

Après une petite sieste, c’est le départ.

Je suis seul. Mon sherpa fini de plier la tente, Michel partira plus tard ainsi qu’Alyssa avec le Sirdar.

2000m de descente pour rejoindre ABC et quelques kilomètres.

Ce seront les kilomètres les plus longs de ma vie.

Je comprends mieux pourquoi l’on dit que les accidents arrivent à la descente ;

Durant toute la montée, nous fonctionnons avec une sorte de stress et de tension (dont on n’a pas ou à peine conscience) et une fois le sommet réalisé, toute cette tension se relâche.

On m’avait dit que le mental y était pour beaucoup. Je confirme.

Voir l’ABC 2000m plus bas casse vraiment le moral.

Tout seul au milieu de la montagne, on se demande comment l'on va faire pour atteindre cet ABC qui est si loin.

Et puis assez naturellement, je vais découper la descente en me disant que je marche une demi-heure puis je m’arrête pour manger ou boire un coup.

9heures plus tard, il est 17heures, me voilà à l’ABC.

L’ascension et la redescente (du C3 à l’ABC) auront durée 21heures et la « journée » aura durée au total 40heures.


La récompense suprême : une bière qui descend directement dans le gosier 😀

Michel me rejoint vers 20h30, il était parti du C3 plus tard que moi.

Le lendemain c’est rest day – journée de repos avant d’attaquer, pour la dernière fois, la longue descente du Glacier du Rongbuk.

Là encore, une journée très difficile. La tension est redescendue, le sommet a été réalisé, l’effort fourni précédemment a été conséquent.


Et ainsi, au lieu de 5h15 pour descendre la première fois, nous allons mettre 6heures pour faire les 25km. Mais où est notre acclimatation? 😀

On tire à la courte paille qui va prendre la « douche » en premier.

7 jours que l’on transpire dans nos vêtements. Je vous passe les détails.

Quel plaisir immense de s’arroser avec la cruche. J’ai appris à me laver avec 3 litres d’eau.

Tient, ça me donne une idée. Il faudrait que j’envoie ma fille en expé pour lui apprendre à se doucher avec « un peu » moins d’eau 😀



Le retour à Katmandou fut rapide. Chapeau à ASIAN TREKKING qui dans la même journée a su organiser notre retour du BC à 5300m à Katmandou : 1300m et à traverser la frontière chinoise en moins d’1/2heure. Record battu 😉

Dans la foulée, nous avons réussi à avancer notre vol d’une semaine.

Je vous laisse imaginer la joie de nos familles à l’annonce de notre retour anticipé.

Par contre, la semaine suivant notre retour a été également assez difficile. Autant Michel que moi nous avons subi le contre coup du retour avec une grande fatigue qui va durer jusqu’au Vendredi.

C’est assez impressionnant de voir comment le corps peut résister à un stress ou une tension pendant des semaines (6 au total) et une fois que notre expé a été finie, celui-ci s’est complètement relâché.

Mais bon, je vous rassure, nous nous sommes remis et nous parlons déjà des prochains sommets, Mont-Blanc à court terme et DENALI (Amérique du Nord – Alaska) pour l’année prochaine.

Je sais, nous sommes incorrigibles 😀

Pour le mot de la fin, je dirais que ce fut un voyage au bout de nous-mêmes.

À bientôt pour de nouvelles aventures !!

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Merci à Michel pour son amitié, nos échanges tout au long de ses longues journées et longues soirées loin de nos familles et ses conseils avisés et expérimentés 😀