La première chose qu’on nous dit en arrivant à NW, c’est « Welcome home ». Et à ce moment-là, c’est impossible de se représenter à quel point c’est vrai !
Dans un espace et un temps qui vivent sous d’autres règles ; tout se transforme en permanence, tout est plus rapide et plus intense. Au bout de quelques jours, on est dépossédé de son sommeil et son sens commun et on a l’impression d’être dans le désert depuis des mois, des années …
Truffé de termes anglais pompeux « dust, shade, shift, build, strike, lead, team, kitchen, gate, meeting, self-reliance, gift, … » qui rentrent dans le vocabulaire courant (de quoi enchanter les fans des acronymes), l’environnement change du tout au tout entre le jour et la nuit, le vent terrible qui soulève la dust ou te laisse cuire au milieu de la playa tant que le soleil est là, sauf s’il est remplacé par les storm qui métamorphosent le site en marécages mouvants boueux digne de SPA cauchemardesques.
Et puis bien sûr, y a de la drogue, du sexe à tout va (qui s’accompagne du consent), des activités surréalistes à longueur de jour et de nuit, des soirées électro, des installations artistiques, des barrios décorés et vivants comme des mini-univers, …
Mais le plus fort dans tout ça, ce sont les rencontres humaines et la déflagration d’émotions qui explosent en permanence. Tout est plus extrême !
Il faut avouer qu’après avoir passé une journée quasi entière sur la route en changeant de covoiturages plusieurs fois, j’étais content d’atteindre la gate et d’aller balancer mes affaires au barrio.
Le Baby Bloomers, pour les nouveaux venus à NW, où tout est de rose et d’une tendre mièvrerie érotique, avec un toit-terrasse classe et des peluches de félins dignes. Tout ça couvert de dust (de toute façon, la dust c’est comme de la flotte, ça s’infiltre et ça squatte chaque millimètre-carré disponible !)
En guise de bienvenue à NW, j’ai eu juste le temps de monter ma tente, avaler un demi-verre du cocktail d’ouverture du barrio, dire bonjour à quelques personnes (dernier arrivé sur le tard …) avant qu’on me propose « On va à une orgie, tu viens ? »
La nuit de NW t’offre ses merveilles de sons avec les barrios de la Red Zone. Et puis le ciel change ses couleurs pour t’indiquer qu’il est temps d’aller pioncer.
Ça pose les bases !
Le sommeil, tu l’oublies !
Au mieux, à 9h, la tente se prend pour un four sur thermostat 8 … Peu importe que tu te sois couché 2 heures avant. C’est le rythme « normal » qui va s’installer sur la semaine.
Pour manger, ça va, franchement. Pour l’hygiène, c’est plus complexe. Chaque jour la douche était cassée/réparée. Donc, la plupart du temps, tu fais ta toilette à 2 en devenant douche et étant douché.
Pour ma part, j’alternais entre les moments de massage (qui est quand même le but principal de ces expéditions estivales !) et les workshops en eux-mêmes. Sans compter les temps de visites plus simples du site.
NW, c’est composé de barrios en périphérie et de la désertique playa centrale où sont quelques installes artistiques. Tu salues les gens, tu leur proposes des hugs (ou des cunnis, selon l’heure) et des fois ils te font des gifts (ou des cunnis, selon l’heure et l’appareil anatomique dont tu disposes).
Tout n’est pas hyper-sexualisé en permanence, mais c’est quand même bien présent. Le point principal, c’est que ça se passe sous le consent, quel que soit l’état de défonce. La nudité fait le relais avec les costumes bariolés, la sobriété avec l'altération. Mais TOUJOURS du respect.
Parce que NW propose aussi des journées à thèmes.
Non content d’avoir un florilège de workshops tous plus délirants les uns que les autres (le mien était une séance de massage thaï qui a eu du succès … avec l’inévitable blague du happy end !), il y a aussi 2 journées "spéciales". S’il y en avait d’autres, elles m’ont échappé.
Kitten Wednesday. Plutôt mignon.
Acid Friday. Plutôt hardcore !
En gros, chaque jour et nuit passés seraient des moments mémorables et inattendus de la vie du quotidien. Là, c’est la même chose, mais plusieurs fois d’affilée, en mode presque banal !
Le Acid Friday, c’est l’acmé. L’ambiance générale augmente encore d’un cran pour aller libérer davantage de folie. Dans un environnement comme celui-là, c’est impossible de le décrire avec des mots.
Tout est plus intense et les inhibitions sont mises à rude épreuve. Les amitiés et les rapports humains deviennent très vite très forts.
Chacun vit le NW comme il veut (et comme il peut, aussi), il n’y a d’obligations sur rien. Excepté son autosuffisance et de respecter les principes. Mais ce n’est pas un lieu consensuel. Bien sûr, il y a une ouverture omniprésente, ceux.lles qui viennent là sont dans un certain état d’esprit, mais c’est très loin de la vie hippie !
On s’attache vite, amicalement ou affectivement, on s’attache vite et avec différentes personnes, et comme on est à fleur de peau tout le temps, c’est la machine à laver émotionnelle. Paraît que ça s’atténue avec le temps. Toujours, sur une première participation, c’est assez fou !
Besoin de temps pour s’en remettre et sortir du rollercoaster émotionnel avant d’enchaîner !