La ville la plus haute du monde, à 4070 mètres, est des plus triste sous la pluie, malgré son cœur colonial de pierres blanches ! Son Cerro Rico ne fournit plus autant de minerai d'argent qu'aux XVI et XVII siècles, mais on y a répertorié 80 minerais différents dont, principalement du zinc et de l'étain. Exploitées par la couronne d'Espagne, les mines d'argent de Potosi ont tué des millions d'indigènes. En un siècle, il semblerait qu'il y ait eu 9 millions de morts, soit 246 morts par jour ! Autant dire : un génocide.
La ville fait partie, aujourd'hui, selon l'UNESCO, de la liste du patrimoine mondial en danger, à cause justement de sa mine, dégradée.
On ne passe pas à Potosi sans visiter sa mine ! Notre guide, Maria, est intarissable. Après nous avoir aidé à nous habiller, elle nous emmène à un marché un peu particulier.
Passage au marché des mineurs pour leur acheter des petits cadeaux : feuilles de coca et leurs bâtons de "Sucre parfumé vanille", cigarettes, sodas, alcool à 90°à offrir au "Tio", le diable de la mine... Et puis bâtons de dynamite, mèches...Tout ceci, ce n'est pas vraiment pour le "Tio", mais pour les mineurs eux-mêmes ! Les feuilles de coca sont de toute façon, mâchées par la majorité de la population, afin de supporter l'altitude, tout en travaillant dur. C'est donc tout à fait naturel que les mineurs en aient besoin. Mais l'alcool à 90°, est vraiment bu par eux, à l'intérieur de la mine ! Les bâtons de dynamite sont achetés par les touristes pour avoir le droit à une démonstration en bonne et dûe forme, une fois à l'intérieur ! Alors, pour tout vous dire, nous n'avons rien acheté du tout ! Un peu choqués ! Et nous sommes entrés...
Hommage rendu aux mineurs, sur les murs de Potosi ! Sombre mais beau. La réalité est plus sombre encore. L'entrée, encombrée de conduites et de câbles, ne nous inspire pas. Trois mètres et nous sommes dans l'obscurité totale, hormis la lumière de nos lampes frontales, de l'eau au dessus des chevilles, courbés, sans masques, nous respirons les poussières minérales : réjouissant cocktail d'arsenic, amiante, silice, vapeurs d'acétylène et d'explosifs... Je cherche à me protéger avec mon foulard, et à ne pas glisser sur les pseudos rails dédiés aux wagonnets. En même temps l'air se raréfie !
Des gouttes de soufre liquide suinte des boyaux. Ma combinaison en est couverte. Et le comble, il fait tellement chaud que j'ai de la buée sur mes lunettes que je suis obligée d'enlever ! Donc, si vous voulez vous éclater, vous, les myopes, mettez vos lentilles avant l'enfouissement ! Vous ne raterez rien ! Quand à moi, je me cogne partout, tellement, que j'ai peur de perdre mon casque.
Petit slalom entre les coulées de soufre et d'arseniate... Dérapage semi-controlé pour laisser passer un wagonnet poussé par un mineur...!!!
La sécurité n'est pas de mise, les conditions d'exploitation sont désastreuses car dans les années 90, la COMIBOL, société gérée par l'état, s'est retirée. Plusieurs mines ont été fermées. Les habitants se sont regroupés en coopératives et gèrent les mines comme ils peuvent, ils perçoivent un salaire de misère.
Nous en ressortons, une heure après, un peu ébranlés par tout ce que nous avons vu, entendu, respiré, ressenti, appris, attristés pour ces hommes. Avec une obsession : vite...!!! Prendre une douche !!! Pour nous en remettre, nous visitons la magnifique église baroque de Potosi, sur les toits de laquelle la vue est splendide !
Puis nous prenons le bus pour Uyuini, petite ville à partir de laquelle se font tous les départs vers le désert de sel (Salar de sal de Uyuini).